contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
▽ “D'une confidence à une indiscrétion, il n'y a qu'une distance de l'oreille à la bouche.”
« Mick, tu dois t'en sortir seul ! C'est juste un après-midi. Tu peux tenir le temps de six heures ? » J'eus un sourire devant mon collègue qui commençait déjà à paniquer. J'eus un petit soupir : j'avais pris exprès ces heures pour pouvoir les passer chez Mégara, en compagnie de ma nièce Gilly. L'adorable gamine comblait totalement le tonton gâteux que j'étais devenu, à tel point que Lucia se voyait déjà maman. Cette pensée lui fit retenir une grimace. Ces derniers temps, on ne pouvait pas dire que ses fiançailles se passaient sous le meilleur des angles. Il évitait Lucia, pour bien des raisons, et chaque matin, il doutait, de lui-même, de leur engagement, de sa future femme. « Mais si on a des soucis sur les prototypes ? Ou sur les calculs ? Imagine que le réacteur holographique ne- » « Mick, ça va aller. Ce n'est qu'un après-midi. » Le blond hocha la tête, en retenant ses arguments. J'étais pourtant certain qu'ils sauraient tous s'occuper. Les prototypes du gestionnaires de réalité holographique donnaient bien assez de fil à retordre pour les laisser sans rien à faire. Je déguerpis aussi rapidement que possible, avant que l'on puisse me refuser ces heures de joie avec Gilly et Még, ces heures tant méritées.
Dans ma belle voiture de sport rutilante, payée avec ma dernière augmentation, je n'étais guère discret, mais c'était ce que Palmer Technologies voulait : que ses employés reflètent le luxe et la bonhomie. J'aurai préféré une bonne vieille voiture, mais on y pouvait rien. Je me garais devant chez Még et pris les menus cadeaux que j'amenais. Comme des présents, des excuses pour mes absences en tant que tonton. Leurs chocolats favoris à toutes les deux, des milkshakes, quelques jouets pour Gilly et une écharpe qu'avait toujours voulu Mégara. Je sortis de la voiture, claquais la porte et entrais sans ménagement dans la maison. C'était un peu mon chez moi, à moi aussi ; peu importe où était Még, mais c'était aussi ma maison ; l'inverse était tout aussi vrai. D'où le fait que nous ayons chacun la clé de l'autre. Gilly devait peut-être dormir, alors je posais les cadeaux sur la table de la cuisine et m'approchais du salon. « Még- » Je m'arrêtai en plein élan. Je me cachais rapidement derrière un meuble de la cuisine, parce que j'avais entendu du bruit.
Tel un espion, je passais discrètement ma tête sur le côté. C'était Anna - la nounou rousse, plutôt jolie, qui parlait au téléphone. Je n'aurais jamais dû faire ça, mais je ne pu m'empêcher d'écouter aux portes. A dire vrai, comme elle se croyait seule, elle n'essayait pas d'être discrète. Et je n'en perdis pas une miette.
Ce que je savais d'elle me venait de Mégara. Je l'avais rapidement entrevue, quand je venais voir Gilly. Elle était arrivée sans personne, avait emménagé chez son frère, apparemment. D'après Mégara, sa vie sentimentale était le chaos total. Je songeais à Lucia, qui pensait que tout allait bien. Je frissonnais - les souvenirs de cette nuit où je l'avais trompée me revenaient, de plus en plus horribles. Dire que je ne me souvenais de rien aurait été un mensonge, mais je dois dire que c'était assez flou. Etais-je un monstre, un fiancé si horrible, pour avoir trompé la femme que j'aimais ? Mais l'aimais-je réellement ? Ces questions me torturaient, et je me préoccupais uniquement de la conversation de Anna, concentré sur ses mots.
Les murs ont des oreilles... sinon ce sont les oncles des guimauves qui écoutent aux portes! pparker & mjwatson
La journée a pourtant bien commencée, je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je me suis rendue chez Megara (parce que même si c'est ma patronne j'ose pas l'appeler mademoiselle Bradbury- d'ailleurs, mademoiselle, on en parle ? Elle habite avec le gars, ont un enfant, mais elle est célibataire et ce n'est pas une séparation en bon terme. C'est à rien n'y comprendre. Bon, j'ai pas rencontré le père non plus, mais je m'égare...!) pour s'occuper de Gilly. Mon dieu, comment j'aime cette enfant, elle est un ange. Tout ce que je voudrais dans une petite fille, elle l'a... sauf les yeux verts. Et les bouclettes brunes. Ouais, ce sont mes enfants qui auront ces traits particuliers, enfin, si j'en ai (et le si est un groooos si). Je n'ai toujours pas revu Liam depuis que nous nous sommes foncés dedans devant la supérette, mais nous nous échangeons des sms et des courriels. Je voulais pas lui laisser mon numéro, mais je l'ai fait malgré moi en échappant mon cahier (limite c'est mon cerveau, car j'y notais touuuuut). Sur la couverture intérieure se trouvent mes identifiants et bah... voilà, il m'a retrouvé. J'avoue que comme ça, il sonne un peu comme un psychopathe, mais c'est moi la fautive en ce qui concerne l'échec de notre relation. Il est trop bien pour moi, il mérite mieux qu'une rousse qui ne peut pas parler ouvertement de ses sentiments, et encore là il parcourt le globe pour venir me rejoindre. Mon coeur se serre suite à cette pensée, il devrait tourner la page, retourner à Belfast, rencontrer une jolie femme, se marier... Avoir la vie qu'il mérite, avec des enfants (pas roux) qui courent partout. Ouais, il devrait passer à autre chose, j'en suis convaincue, même cette pensée brise mon coeur déjà en miettes.
Après avoir couché Gilly pour sa sieste de l'après-midi, je m'installe au salon pour prendre mon courage à deux mains et téléphoner à Liam. Je vais lui fixer rendez-vous pour qu'il me remette mon cahier et qu'on se dise nos derniers mots avant qu'il ne retourne en Irlande, je suis prête. Du moins, j'espère l'être. Après trois tonalités, le répondeur prend l'appel à ma place. « Hey, c'est Anna...» Ok, le répondeur c'est pas l'idéal, mais au moins je sais que je flancherai pas en entendant le son de sa voix « Je t'appelais pour que... l'on se voit. J'ai beau me dire que tu vas rentrer bientôt à Belfast, enfin je crois, j'en sais rien, mais pour le moment je n'arrête pas de penser au fait que tu es en ville. » Pause, ma voix tremble. Déjà? Clairement j'ai surestimé ma force émotionnelle. «Faudrait aussi que tu me rendes mon cahier, à l'intérieur j'ai une nouvelle recette de brownies à tester!» Petit rire nerveux, tu dévies involontairement du sujet et tu parles trop, comme à chaque fois que tu es nerveuse. «Elle est avec du lait condensé, et comme t'es intolérant au lactose, je voulais essayer quelque chose de nouveau, enfin maintenant t'es là, mais si tu en veux je ne la ferai pas.» FOCUS ANNA, TU RACONTES N'IMPORTE QUOI. «Enfin, bref, je m'égare terriblement. Je voulais qu'on se rencontre, juste toi et moi, pas en plein milieu de la rue. Le plus tôt possible sera le mieux. Je te souhaite une bonne journée, tu me manques...» Aussi tôt que je viens de prononcer ces mots, je raccroche. Non, non, je viens pas de lui dire ça?! Au moins j'ai pas dit 'je t'aime' mais quand même, fallait pas! Frustrée contre moi-même, je me lève du sofa et du même geste, je passe une main sur mon visage et dans mes cheveux pour reprendre mes esprits. Tellement fâchée de ma maladresse, je laisse mon portable dans le salon pour aller vers la cuisine pour me faire un thé. C'est alors que je vois un brun que je ne pense pas vraiment connaître même s'il n'a pas l'air totalement inconnu. « Ahhh! » j'hurle de surprise avant de me raviser. Faut pas oublier Gilly qui dort! Heureusement, je replace aussitôt Hadès (les parents de cette famille ont vraiment trouvé des prénoms uniques à leur progéniture!), le frère de Meg. « Nah, mais tu... vous m'avez fait peur! Un peu plus et je réveillais Gilly ! Aussi, pourquoi vous n'avez pas toqué à la porte avant au lieu de rentrer directement, j'aurais pu avoir des talents de ninja et vous sauter dessus par pour mon autodéfense, ça aurait été dangereux! J'aurais pu être très bonne et vous faire mal! » Mes gestes sont saccadés alors que j'ouvre le placard pour sortir les sachets de thé et là, ça me percute. « Depuis... Depuis quand êtes-vous là? » Parce que comme je viens de terminer mon appel pour Liam il y a quelques secondes à peine, il y a de bonne chance qu'Hadès ait tout entendu...
▽ “D'une confidence à une indiscrétion, il n'y a qu'une distance de l'oreille à la bouche.”
Je connaissais vaguement Anna, de loin, comme un oncle un peu trop absent peut connaître la nourrice de sa nièce. Elle s'occupait parfaitement de Gilly, et la petite semblait l'adorer. Je m'étais amusé à poser des questions à l'enfant, pour voir si la nourrice était si bien que ça, mais je n'avais rien à lui reprocher - et puis Még semblait bien l'aimer. Je n'avais donc aucun avis à émettre, et pour tout dire, je m'en fichais un peu. Mais ça, c'était avant de me cacher, dos contre un mur, entre le meuble et l'entrebâillement de la porte, pour écouter sa conversation téléphonique. C'était mal, je le savais bien, mais j'étais à des années lumières de songer à ma nièce ou à Mick, qui devait galérer. J'eus la présence d'esprit de mettre mon téléphone sur vibreur - n'aurait plus manqué qu'il sonne alors qu'elle était en pleine conversation ! Je me sentais un peu comme James Bond, et c'était même plutôt rigolo. Mais j'avais comme un tiraillement dans l'estomac, en prenant doucement en compte les paroles de la jeune femme. « Hey, c'est Anna... Je t'appelais pour que... l'on se voit. J'ai beau me dire que tu vas rentrer bientôt à Belfast, enfin je crois, j'en sais rien, mais pour le moment je n'arrête pas de penser au fait que tu es en ville. » Elle a la voix qui tremble un peu. L'émotion, peut-être. Ce genre de sentiment que je crois ne plus ressentir pour Lucia. C'est à mon tour d'avoir la gorge serrée - j'avais espéré voir Mégara pour une autre raison que lui offrir des chocolats. J'avais besoin de ma soeur, pour m'épancher avec elle, mais je ne pouvais décemment pas l'obliger à être là à la seconde pour moi.
« Faudrait aussi que tu me rendes mon cahier, à l'intérieur j'ai une nouvelle recette de brownies à tester ! Elle est avec du lait condensé, et comme t'es intolérant au lactose, je voulais essayer quelque chose de nouveau, enfin maintenant t'es là, mais si tu en veux je ne la ferai pas.» C'est vrai qu'on m'a parlé de ses talents de cuisinière. Je réalise que je n'ai pas mangé depuis la veille au soir, hormis environ trois litres de café. Mes paupières sont lourdes, et je me promet une bonne nuit de sommeil et un repas à faire exploser mon estomac. On me fait trop souvent la remarque que je me néglige - ma mère ose même me dire, en riant, que si je continue avec cette allure d'épouvantail, je vais faire fuir Lucia. Une pensée pernicieuse s'infiltre en moi : si seulement ça suffisait. Depuis combien de temps je la fuis ? Depuis quelques mois. Depuis le soir où j'ai échappé à mes chaînes de fiancé et que je l'ai trompé. La honte me coupe le souffle quand je l'embrasse, et nous n'avons pas eu d'intimité depuis. Elle prend ça bien - elle pense que je veux me réserver pour le mariage. Elle me prend pour quoi ? Une bonne soeur ? Je retiens un soupir et me concentre d'avantage.
« Enfin, bref, je m'égare terriblement. Je voulais qu'on se rencontre, juste toi et moi, pas en plein milieu de la rue. Le plus tôt possible sera le mieux. Je te souhaite une bonne journée, tu me manques... » Je ferme les yeux, en comprenant le vide qu'elle doit ressentir sans l'éprouver. Je sens, malgré moi, un certaine empathie envers elle. Elle aurait donc revu son fiancé ? Celui qu'elle a laissé tomber derrière elle ? C'est compliqué, ce genre de choses ; est-ce que ça le serait aussi, si je m'enfuyais de la maison ? Mais Lucia n'a pas la même aisance financière que moi, si je la mettais dans l'embarras ? Elle a toujours son prêt étudiant à payer et- Un cri me fait sursauter, et par réflexe, je fais un bond en arrière. J'écarquille les yeux - tout à mes pensées, Anna est arrivée et elle me regarde, d'un air terrifié. Ca peut se comprendre.
« Nah, mais tu... vous m'avez fait peur! Un peu plus et je réveillais Gilly ! Aussi, pourquoi vous n'avez pas toqué à la porte avant au lieu de rentrer directement, j'aurais pu avoir des talents de ninja et vous sauter dessus par pour mon autodéfense, ça aurait été dangereux! J'aurais pu être très bonne et vous faire mal ! » Je fais un petit sourire penaud, le genre de sourire désarmant, un peu enfantin, et passe ma main dans mes cheveux. J'ai un peu le coeur qui bat à quinze mille à l'heure, et pas uniquement à cause de la surprise qu'elle vient de me faire. J'ai jamais su mentir. « Désolé, j'ai pris un congé de façon surprise pour voir Gilly et Mégara. J'espérais tomber sur elle. Mais ne vous inquiétez pas, je ne pense pas que vous m'auriez fait grand mal » que j'avance avec un sourire peut-être un peu trop sûr de moi. D'un autre côté, menue comme elle est, je pense que je pourrais la maîtriser. Mais pourquoi je pense à ça ?! Je la regarde chercher quelque chose, et la question tombe, comme un couperet. Je me hérisse, avec une grimace équivoque.
« Depuis... Depuis quand êtes-vous là? » « Depuis trop longtemps pour le confort de notre sociabilisation, je pense. » Je lui lance un regard, et je hausse une épaule, déjà vaincu - je n'ai jamais su être méchant ou rude avec les jolies filles. Et puis, cette nounou s'occupe si bien de Gilly. « C'est ma faute, et vous n'avez pas à vous sentir embarrassée. Vous n'avez rien dit qui offense votre honneur, et ... navré de dire ça, mais je vous trouve courageuse d'affronter ce jeune homme à nouveau. » Je m'assois lourdement sur une chaise, mais c'est mon tour de ne pas tenir en place. « Nous n'avons pas été présentés en bonne et due forme, je crois » je réalise. Je secoue la tête. « Laissez moi m'occuper du thé, je vous rejoins dans le salon. Si vous désirez me mettre un bonne claque en travers du museau, ça pourra se faire. Je m'appelle Hadès, mes amis me surnomment Pan, et je suis le frère de Mégara. » Peut-être aurait-il fallu d'autres circonstances pour me lier d'amitié avec Anna. Mais je veux au moins faire l'effort de lui expliquer pourquoi j'ai écouté aux portes.
Quelques minutes plus tard, je reviens avec les tasses d'eau fumante, le thé, quelques gâteaux. Je me sens plus calme, et m'installe dans le salon comme j'ai l'habitude de le faire. Sauf que ce n'est pas Mégara en face de moi, mais une jolie rousse à l'air ... furieux ? abattu ? songeur ? « On raconte sur vous que vous avez fui votre vie. Que vous êtes arrivée ici pour un nouveau départ. » Je n'ai pris de gants. « Je n'ai pas encore parler de la raison pour laquelle cette histoire m'intéresse à Mégara. Je ne peux donc rien vous dire, ou elle risque d'être vexée. Mais ... Sachez que j'aimerai que vous me racontiez votre histoire. Pourquoi vous avez fait cela. » Quelques secondes après, je l'observe le plus sincèrement du monde, mes grands yeux marrons dans les siens. « Je ne vous jugerai pas. Je vous le promet. »
J'espère qu'elle a envie de parler à quelqu'un, et que, elle, ne me juge pas comme un psychopathe en furie écoutant aux portes de toutes les filles. Mais je ne peux pas lui avouer que j'ai envie de faire comme elle. Que ma future femme ne m'évoque plus rien que la lassitude. Je tiens ma tasse entre mes mains, et j'observe le thé circuler en volutes sombres dans l'eau claire. Je me sens presque abattu : Lucia, c'est plus de dix ans de ma vie. C'est peut-être ça, le hic. L'amour s'est fané, étiolé. Mais comment je peux avoir le courage de l'annoncer à tous ? Ma mère rêve d'avoir de nouveaux petits enfants, quand Lucia ne cesse de m'envoyer des signaux peu discrets à coups de " tu t'occupes si bien de Gilly ". Je ravale mon autoapitoiement, et me tourne vers Anna, en durcissant mon coeur à mes problèmes.
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Mon coeur se serre: il a tout entendu. Même si ma conversation n'était pas compromettante du genre coquine (je n'ose même pas imaginer cette situation tellement elle me mettrait mal à l'aise), je ne peux m'empêcher d'avoir la boule au ventre. Au moins, je n'ai pas utilisé mes techniques d'auto-défense inexistante pour lui foutre un coup bien placé... Parce que oui, Jesse et Dougie m'ont montré quoi faire en cas d'agression ou truc du genre, c'est à dire courir le plus vite que je peux pour m'enfuir, ce qui n'aurait été d'aucun secours pour le moment. Si l'invité (parce que je ne peux pas dire intrus) aurait été un cambrioleur, j'me serais débattue jusqu'à la fin pour protéger Gilly. Bon, pas la peine de faire un scénario dramatique, tout va bien, hormis le fait qu'il a tout entendu. « C'est ma faute, et vous n'avez pas à vous sentir embarrassée. Vous n'avez rien dit qui offense votre honneur, et ... navré de dire ça, mais je vous trouve courageuse d'affronter ce jeune homme à nouveau. » Gênée, je baisse la tête. Je ne sais pas quoi répondre, parler de mes sentiments: je ne connais pas ça. C'est d'ailleurs pourquoi je suis arrivée à Island Bay après avoir tout plaqué. Il n'y à qu'a mon frère à qui j'ai déballé mon sac une fois sur le pas de sa porte, mais j'étais trop fatiguée par le voyagement pour avoir un peu de retenue. Nous en n'avons jamais reparlé, mais je sais que toute mon histoire c'est un peu l'ombre au tableau. En même temps, la courageuse c'est pas moi dans l'histoire, c'est mon...ex. « Écoutez, je...» mais pas le temps de continuer, parce que lui poursuit encore. « Nous n'avons pas été présentés en bonne et due forme, je crois. » Dubitative, je réalise qu'il a raison. « Laissez moi m'occuper du thé, je vous rejoins dans le salon. Si vous désirez me mettre un bonne claque en travers du museau, ça pourra se faire. Je m'appelle Hadès, mes amis me surnomment Pan, et je suis le frère de Mégara. » Le voilà qui se lève de sa chaise et toujours confuse, je ne trouve rien mieux de lui répondre : « Je sais. Enfin, enchantée, moi c'est Anna, mais bon vous le saviez déjà. Et pour la claque, ça va, je voudrais pas vous abîmer. » La nervosité m'a toujours fait déparler, rien de nouveau. Quand il se propose pour préparer le thé, je me dirige vers le salon sans un mot de plus le temps de reprendre mes esprits parce que je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'il va falloir que je parle. Mon crédo c'est : garde tout pour toi et endure, et même si ça vient de me gâcher la vie et que je sais que c'est mauvais pour moi, je ne suis pas capable de simplement m'ouvrir à quelqu'un. Même avec un ex psychologue (ok pour les enfants, mais j'suis encore un enfant), la résistance persiste. En même temps, je suis assez bonne pour cacher ce que je ressens, l'habitude sûrement. Les minutes passent et je suis seule avec mes pensées. Mon esprit roule tellement que je n'ai pas le temps de trouver quoi dire, qu'Hadès me rejoint déjà dans le salon, deux tasses fumantes dans ses mains. Il serait difficile pour lui de décrire dans quel état je me trouve lorsque mes yeux se posent sur lui, puisque je ne saurais le décrire moi-même. « On raconte sur vous que vous avez fui votre vie. Que vous êtes arrivée ici pour un nouveau départ. » Ok, là je suis assez surprise. Je dépose ma tasse sur un sous-verre sur la table basse et relève un sourcil. « On peut dire ça comme ça » J'aurais cru que sa soeur aurait parlé de moi comme la femme qui se perd en jouant à pokémon go, non pas comme celle qui prend un nouveau départ ou fui quelque chose. En fait, j'ai juste paniqué et pris refuge chez Dougie... « Je n'ai pas encore parler de la raison pour laquelle cette histoire m'intéresse à Mégara. Je ne peux donc rien vous dire, ou elle risque d'être vexée. Mais ... Sachez que j'aimerai que vous me racontiez votre histoire. Pourquoi vous avez fait cela. » Là, il pique mon attention. Il a envie de savoir mes motivations, mais parce que ça le concerne lui ? A-t-il envie de tout plaquer, lui aussi ? Je réalise que depuis que j'ai mis les pieds ici, on s'est très peu intéressé à moi, mon histoire. Certainement, Dougie me l'a demandé, Chris aussi, de même qu'Ellie, mais c'était assez en surface, surtout pour être formel. Personne n'a fait de mon arrivée l'évènement du siècle, on m'a demandé puis c'était tout. « Je ne vous jugerai pas. Je vous le promet.» ajoute-t-il après mon silence qui persiste. Parler de moi, voilà un truc que je ne fais pas souvent. « Disons que ma vie à Belfast ne me convenait plus. » Ouais, faudrait que je développe, mais pas besoin de rentrer dans les détails. « Toute ma vie j'ai cru qu'une certaine voie était la meilleure pour moi et je n'ai jamais exploré les autres options et ce, sur beaucoup trop d'aspects de ma vie. » Mes études, mes relations... J'ai toujours agis comme si je n'avais qu'un seul choix possible: vétérinaire, Liam, voilà. « Je ne suis pas du genre à m'ouvrir aux gens, alors j'avoue que le fait que vous ayez entendu ma conversation, ça me gêne, parce que c'est moi la fautive dans l'histoire. Lui n'a rien fait, il est trop parfait même, mais...» Ouais, je deviens trop personnelle. « Quand j'ai réalisé que j'étais malheureuse, je me disais que ça passerait, que j'aimerais sûrement ça plus tard, que l'envie viendrait avec le temps. Si tout le monde approuvait mes gestes, ils avaient sûrement raison. Après tout, ils me connaissent si bien. Seulement, après des années, rien n'allait plus, rien ne me convenait. Je me sentais prisonnière de ma propre vie alors j'ai déçu tout le monde et je suis partie comme une voleuse, sans avertir personne. » Au final, je lui aurai raconté toute mon histoire, sans que je le sache. Son intérêt envers ma personne aura suffit à me laisser aller un peu, juste assez pour que j'ouvre les valves de mes secrets.
▽ “D'une confidence à une indiscrétion, il n'y a qu'une distance de l'oreille à la bouche.”
« Je sais. Enfin, enchantée, moi c'est Anna, mais bon vous le saviez déjà. Et pour la claque, ça va, je voudrais pas vous abîmer. » J'espère que je ne me ridiculise pas à me présenter comme ça, comme un cheveu sur la soupe. Mais il y a cette espèce de point d'honneur à faire dans les règles certaines choses. Comme me présenter de moi-même. Au moins, elle m'obéit : je la vois disparaître dans le salon. Au moins, ça nous donnera quelques instants pour reprendre nos esprits, pour nous calmer. L'odeur du thé qui infuse m'aide à m'apaiser. Le plateau entre nous comme une offrande, nous sommes installés face à face. J'essaye de ne pas trop l'observer, sinon ce serait impoli, mais mon regard au grands yeux bruns ne peut s'empêcher de se poser sur elle. Je ne la juge absolument pas, surtout pas sur les racontars qu'on m'a dit. Palmer Technologies et moi-même aimons être au courant des petites histoires. Je la vois soudainement surprise par ma phrase brusque. Peut-être aurais-je du enrober mes mots d'un peu de douceur. « On peut dire ça comme ça. »
Je ne voulais pas vraiment attiser sa curiosité. Juste lui dire la vérité. Elle aurait pu savoir - que j'étais à deux doigts de tout claquer à mon tour. Peut-être l'a t-elle déjà deviné. J'ai des images persistantes d'une Lucia en pleurs dans la tête ; comment peut-on avoir assez de courage pour tout plaquer du jour au lendemain ? D'un autre côté ce que je voudrais délaisser, ce n'est que ma partie sentimentale. J'aime mon boulot, j'aime ma famille, j'aime cette ville. Alors, presque égoïstement, je m'accroche à sa réponse. « Disons que ma vie à Belfast ne me convenait plus. » Je manque d'éclater de rire - c'est plutôt concis et net comme réponse. C'est presque absurde - je m'attendais à quoi ? Bien sûr, que sa vie ne lui plaisait plus. Mais elle continue, et je pourrais presque la remercier mille fois de mettre de mots sur ses sentiments, à tel point qu'ils font un écho douloureux avec moi. « Toute ma vie j'ai cru qu'une certaine voie était la meilleure pour moi et je n'ai jamais exploré les autres options et ce, sur beaucoup trop d'aspects de ma vie.» Explorer d'autres options. Avoir le choix de décider, ne pas être enchaîné. « Je ne suis pas du genre à m'ouvrir aux gens, alors j'avoue que le fait que vous ayez entendu ma conversation, ça me gêne, parce que c'est moi la fautive dans l'histoire. Lui n'a rien fait, il est trop parfait même, mais.. » Je retiens mes mots : trop parfait, au point d'en être douloureux. C'était comme si la vie rêvée n'était pas à notre forme, n'épousait pas nos propres besoins. Elle se rejetait la faute sur elle-même, et j'avais envie de la prendre dans mes bras, de lui dire qu'elle n'était pas fautive d'avoir choisi le bonheur, le dépaysement, et que si elle avait blessé d'autres personnes, ils s'en remettraient si ils comprenaient que cela avait été vital pour elle. Je me retiens, difficilement, en comprenant si fort sa culpabilité. « Quand j'ai réalisé que j'étais malheureuse, je me disais que ça passerait, que j'aimerais sûrement ça plus tard, que l'envie viendrait avec le temps. Si tout le monde approuvait mes gestes, ils avaient sûrement raison. Après tout, ils me connaissent si bien. Seulement, après des années, rien n'allait plus, rien ne me convenait. Je me sentais prisonnière de ma propre vie alors j'ai déçu tout le monde et je suis partie comme une voleuse, sans avertir personne. »
Je me tais, en digérant chaque information comme si c'était mon histoire. Nos deux passés se chevauchent presque comme deux trames invisibles, et ça me donne le frisson. Je reprend la parole, parce que à la fois c'est ce qu'elle attend de moi, et en même temps, je dois dire un mot. « Vous êtes partie pour votre propre survie. Cette belle existence que tout le monde voulait pour vous, elle vous étouffait, elle ne correspondait pas à la forme de votre personnalité. En quoi s'échapper d'une telle prison serait néfaste, quand votre bonheur est en jeu ? » Je relève mes yeux que j'avais baissé en l'écoutant, et j'ai un petit sourire en coin. Pardon Meg, mais je pense que Anna a deviné. Pardon de lui dire avant toi. « Croyez-le ou non, je comprend parfaitement votre disposition à fuir en laissant tout derrière vous. Cette impression de ne parfois pas être à sa place, et le fardeau des questions, à se demander si c'est moi qui ne suis pas normal de ne pas aimer cette vie parfaite, cette personne parfaite. » Je secoue la tête, pour me sortir de ces émotions trop gluantes, trop niaises. C'est de l'autoapitoiement.
« C'est à ce jeune homme que vous avez fui, que vous parliez au téléphone ? Je suppose que fuir n'a pas annihilé vos sentiments. Mais est-ce réellement l'amour qui parle, et non le besoin de ne plus être seule, ou le désir de quelqu'un que vous n'aurez pas à apprendre à connaître ? » Je la regarde, franchement. C'est extrêmement personnel ce que je lui demande, alors j'ajoute en levant les mains comme pour dire " je viens en paix " : « Vous n'êtes pas obligée de répondre. Je suis peut-être un peu trop curieux. » J'ajoute avec un sourire un peu plus grande : « Je ne retire pas mon jugement. Vous avez été courageuse de vous extirper d'une vie qui ne vous convenait plus, et de repartir à zéro. » Je finis mon thé, dont l'eau est à température parfaite. Le sucre contenu me donne des forces, comme si je me préparais à un combat. Je suppose qu'elle va me poser des questions ; aurais-je le courage de lui répondre ? De lui dire la vérité, avant Meg ? On verra. Elle s'est après tout confiée à moi ; je serai le dernier des rustres de ne pas faire de même, non ?
Les murs ont des oreilles... sinon ce sont les oncles des guimauves qui écoutent aux portes! pparker & mjwatson
Moi qui m'attendais à un fort jugement de sa part, je suis assez surprise de lire dans son regard une curiosité insoupçonnée. Il est vrai que nous sommes de purs inconnus et malgré tout, il semble intéressé par mes propos. Après mes aveux, je m'attendais à ressentir de la culpabilité, ce que je ressens toujours après m'être confiée à quelqu'un, mais ce n'est pas le cas. Cette boule au ventre s'allège et la présence d'Hadès m'apaise, même si c'est la dernière chose à laquelle je m'attendais. Lorsque j'ai vidé mon sac à mon frère, il m'a écouté sans rien dire, sachant probablement que comme j'ai une grosse tête de mule, ses suggestions n'apporteraient pas de solution à mon problème. Il a écouté et c'est tout, comme d'habitude. Là, c'est différent, on dirait que mon interlocuteur me challenge dans mes réflexions, cherchant à me faire voir ma fuite sous un angle autre que celui que j'aborde depuis mon départ. Aussi, il ne me contredis pas: il comprend. « Vous êtes partie pour votre propre survie. Cette belle existence que tout le monde voulait pour vous, elle vous étouffait, elle ne correspondait pas à la forme de votre personnalité. En quoi s'échapper d'une telle prison serait néfaste, quand votre bonheur est en jeu ? » C'est la première personne à valider mon désir de me mettre en avant, geste égoïste que je n'osais pas faire dans mon ancienne vie. « Les termes employés sont assez... extrêmes, mais je crois qu'ils sont justes. Le moment de mon départ, je l'ai repoussé jusqu'à la dernière seconde. Je savais que si je restais, j'allais m'effondrer et j'aimais mieux que ça arrive loin de tous ceux que je décevrais. » C'est vrai que papa m'a eu au téléphone quelques jours après mon arrivée et il avait l'air inquiet, même fâché. Sa petite princesse qui fuit au bout du monde rejoindre l'enfant rebelle. Il n'a pas eu besoin de me dire clairement que je le décevais, son ton de voix était suffisant pour me le faire comprendre. Depuis, je suis l'autre déserteur du clan Powell... « Ce que je trouve difficile, c'est que je n'ai pas encore trouvé 'le bonheur' ici. Je veux dire, tout ce qui m'oppressait a disparu, mais je reste en terre inconnue avec seulement mon grand frère comme support, le coeur en miette et l'impression d'être de trop. » Je glisse encore sur le terrain des confessions, mais c'est plus fort que moi. Cette discussion est libératrice, c'est ce que j'attendais depuis trop d'années déjà et pour une fois, je ne sens pas que je dérange mon interlocuteur, puisque j'ai l'impression que lui aussi pourra retirer quelque chose de cette conversation. « Croyez-le ou non, je comprends parfaitement votre disposition à fuir en laissant tout derrière vous. Cette impression de ne parfois pas être à sa place, et le fardeau des questions, à se demander si c'est moi qui ne suis pas normal de ne pas aimer cette vie parfaite, cette personne parfaite. » Mes yeux de relèvent pour croiser les siens. Est-ce possible que j'aille un autre vivant la même chose que moi ? « C'est exactement ça! » je m'exclame un peu trop vivement avant de placer ma main sur ma bouche. « On a l'impression que la seule chose qui cloche dans cette vie qui fait tant envie aux autres, c'est nous. On cherche à s'adapter, mais tout ce que l'on ressent c'est cette culpabilité de ne pas savoir apprécier ce que l'on a devant nous. » Un petit modèle de vie parfaite que n'importe qui envierait, sauf moi.
« C'est à ce jeune homme que vous avez fui, que vous parliez au téléphone ? Je suppose que fuir n'a pas annihilé vos sentiments. Mais est-ce réellement l'amour qui parle, et non le besoin de ne plus être seule, ou le désir de quelqu'un que vous n'aurez pas à apprendre à connaître ? » Je lève un sourcil face à cette idée que je trouve un peu saugrenue. Moi, peur d'être seule ? Je prends une gorgée de mon thé avant de répondre, mais le voilà qui continue : « Vous n'êtes pas obligée de répondre. Je suis peut-être un peu trop curieux. » Je souris face à son geste, il est vrai que sa théorie pourrait fonctionner, si ce n'était pas du fait que chaque parcelle de mon être était toujours amoureuse de Liam. « Non, je vois d'où vous venez avec cette idée » je commence en posant ma tasse sur ma cuisse, relevant les yeux au passage comme pour ramasser mes idées. « En ce qui concerne ma relation avec Liam, c'est son nom, je suis toujours amoureuse de lui. » Juste mettre des mots clairs sur mes sentiments me tordent le coeur, mais je continue mon récit. « Je sais que c'est le bon pour moi, celui qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans une vie et qui vous fait perdre la tête. Seulement, je pense que lui mérite mieux qu'une femme comme moi, qui ne sait pas parler de ses sentiments ni dire quand les choses vont trop vite. Normalement, nous aurions dû nous marier d'ici la fin de l'année, mais... » Les mots se perdent dans ma gorge et ma voix se fait plus aigüe. Je continue mon récit seulement parce que je sais que je ne suis pas capable de me confier aujourd'hui, jamais je ne le ferai. Je resterai la même Anna qui a déçu tout le monde à Belfast et je refuse. « Il mérite mieux qu'une femme qui prend ses jambes à son lorsque les choses ne vont pas comment elle le souhaite, vous comprenez ? » Mes derniers mots sont rauques et ma gorge me fait mal, j'ai envie de pleurer mais je ne le ferai pas. Je déteste que quelqu'un me voit pleurer, depuis la mort de maman je pense que seul mon frère m'a vu pleurer et encore, lors de rares occasions. Heureusement pour moi, je n'ai pas à élaborer encore sur le sujet, je pense que Pan a compris. « Je ne retire pas mon jugement. Vous avez été courageuse de vous extirper d'une vie qui ne vous convenait plus, et de repartir à zéro. » « Merci, ça me touche. Vous êtes le premier à réellement me comprendre, si je peux me permettre » j'ajoute, la gorge encore légèrement nouée. Un silence s'installe, mais rien de désagréable, j'ai besoin d'un moment pour faire le tri dans mes pensées et lorsque je sens que le risque de larmes est parti, c'est moi qui relance la conversation. « Et vous, que voudriez-vous fuir ? » Je prends une autre gorgée de mon thé avant de continuer. « Je vois bien que mon histoire vous intéresse puisque vous vous y reconnaissez, mais vous ne semblez pas avoir franchit le pas. » Enfin, c'est ce qu'il vient de me dire il y a quelques instants, mais ses motivations sont restées assez vagues. « Maintenant c'est moi qui fait ma curieuse, je comprendrais que vous ne vouliez pas partagez vos ... sentiments avec moi. » Je ne suis que la nounou de Gilly après tout.
▽ “D'une confidence à une indiscrétion, il n'y a qu'une distance de l'oreille à la bouche.”
Bien malgré moi, voûté sur mon propre corps comme si je voulais voir de mes propres yeux, au plus près, la réalité de ce qui se passai, je me sentais soudain connecté à Anna. Parce que nous avions des expériences ou des émotions communes, à mon sens. Tout comme un deuil ou une perte rapproche, de tels échos l'un chez l'autre ne pouvait pas nous faire prendre des routes différentes. Je ne savais pas exprimer de mots sur mes pensées. « Les termes employés sont assez... extrêmes, mais je crois qu'ils sont justes. Le moment de mon départ, je l'ai repoussé jusqu'à la dernière seconde. Je savais que si je restais, j'allais m'effondrer et j'aimais mieux que ça arrive loin de tous ceux que je décevrais. » Peut-être la peur, l'orgueil qui nous pousse à éviter que ceux qui nous aiment nous voient souffrir. Mais chaque être a une limite ; une fois franchie, soit on se redresse, on impose nos propres frontières, soit on s'effondre, on se calcine soi-même. « Ce que je trouve difficile, c'est que je n'ai pas encore trouvé 'le bonheur' ici. Je veux dire, tout ce qui m'oppressait a disparu, mais je reste en terre inconnue avec seulement mon grand frère comme support, le coeur en miette et l'impression d'être de trop. » Je restai un instant silencieux ; les frères et les soeurs restaient la famille la plus soudée que notre génération devait connaître. C'était vers eux qu'on se tournait en cas de problème. J'étais étrangement, bizarrement heureux qu'elle ait pu trouver du réconfort auprès de son frère, bien que je ne les connaisse pas ni l'un ni l'autre - bon Anna un peu plus, mais je ne savais pas grand chose d'elle. J'émis finalement mon avis, en m'avançant peut-être un peu trop. Mais j'étais prêt à prendre ce risque. « C'est exactement ça ! » J'eus un sourire en la voyant, presque théâtralement, porter la main à sa bouche. « On a l'impression que la seule chose qui cloche dans cette vie qui fait tant envie aux autres, c'est nous. On cherche à s'adapter, mais tout ce que l'on ressent c'est cette culpabilité de ne pas savoir apprécier ce que l'on a devant nous. » J'en voulais à ce modèle de vie. Il ne convenait pas à tout le monde, et pourtant par peur du regard des autres, on essayait de s'y conformer, quitte à être malheureux. En quoi être normal rimait avec bonheur ? Chaque personne était différente, et n'avait pas besoin d'être suivie par les regards conformistes de ceux que la société jugeait apte.
En tout cas, la curiosité poussait toujours mes questions. J'espérais ne pas être devenu impoli avec mes interrogations. « Non, je vois d'où vous venez avec cette idée. En ce qui concerne ma relation avec Liam, c'est son nom, je suis toujours amoureuse de lui. Je sais que c'est le bon pour moi, celui qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans une vie et qui vous fait perdre la tête. Seulement, je pense que lui mérite mieux qu'une femme comme moi, qui ne sait pas parler de ses sentiments ni dire quand les choses vont trop vite. Normalement, nous aurions dû nous marier d'ici la fin de l'année, mais... » J'attendis presque cérémonieusement ; je ne voulais pas la brusquer. J'imaginais facilement son désarroi face au mariage qui survenait, trop rapidement, comme dans une tempête, et les gens autour qui parlaient de cela avec enthousiasme, alors que l'on se sentait prendre une distance douloureuse avec ce qui nous entourait. « Il mérite mieux qu'une femme qui prend ses jambes à son lorsque les choses ne vont pas comment elle le souhaite, vous comprenez ? » Je penchais la tête sur le côté, réfléchissant réellement à sa question, puis la secouant négativement. « Je comprend que vous puissiez penser ça, mais vous avez tord. Vous n'êtes pas apte à juger de qui il mérite l'amour. Si il vous a choisie, si il continue de vous choisir, c'est qu'il a décidé que vous étiez le mieux pour lui. C'est qu'il trouve chez vous le bonheur qui lui manque. » J'eus un léger rire étouffé. « Pardon, je deviens mièvre, ce n'est pas dans mes habitudes. » Ni de parler d'amour, de fiançailles gâchées et de fuite. Surtout pas d'envie de fuite.
En tout cas, elle avait l'air réconfortée par mes paroles. « Merci, ça me touche. Vous êtes le premier à réellement me comprendre, si je peux me permettre » et il y avait une pointe de fierté stupide qui grandissait en moi, en me disant que je comprenais cette femme de bien des façons, qui aurait pu rendre jaloux n'importe qui, mais pourtant il n'y avait pas l'attirance d'un homme pour une femme, ou d'un être à un autre. Je la comprenais simplement. « Et vous, que voudriez-vous fuir ? » Je tressaillis à sa question, pourtant légitime. « Je vois bien que mon histoire vous intéresse puisque vous vous y reconnaissez, mais vous ne semblez pas avoir franchit le pas. » Je déglutis. Je m'étais trop dévoilé, et j'avais tellement envie de me confier. Car, si je pouvais la comprendre, l'inverse était vrai aussi non ? « Maintenant c'est moi qui fait ma curieuse, je comprendrais que vous ne vouliez pas partagez vos ... sentiments avec moi. » Bizarrement, ce fus ce respect pour ma vie personnelle qui me poussa à me lancer.
Comme un gosse, je fis tourner ma tasse vide entre mes mains, comme pour y chercher les restes épars de la chaleur réconfortante. Ma voix se fit un peu déconnectée, ou peut-être cherchais-je mes émotions en moi-même. « Effectivement, j'aimerai fuir comme vous l'avez fait. Mais je n'en ai pas le courage. » Une respiration. Un courage qui m'abandonne, qui s'échappe de mes mains comme du sable, de l'eau. « Je suis fiancé moi aussi. A une amie du lycée. Cela fait plus de dix ans que nous sommes ensemble. » Tout déballer avait un écho de déchirure, comme une plaie que l'on ouvre pour mieux la désinfecter. C'était aussi douloureux que libérateur. « Je n'ai pas la force de la quitter, mais je rêve de partir. J'agis comme le pire des hommes, en prenant des distances, en prenant la moindre heure supplémentaire à mon travail. J'ai mes propres projets personnels qui prennent du temps, et ça devient des excuses. Elle est trop obnubilée par le mariage qui arrive pour remarquer que notre amour s'est fané. » J'avais eu des doutes. Je n'en avais plus - Lucia était une amie. Juste une amie, à présent. Je soupirai et passais ma main dans mes cheveux. « J'étais venu en parler à Megara. Elle est amie avec Lucia - ma fiancée. Je ne sais pas si elle comprendra, comme vous - ce carcan qui m'enserre, les besoins de ma famille et leurs projections sur ma propre vie, qui ne me conviennent plus. Je ne sais plus qui écouter, et quand je me choisis moi, je me sens égoïste et stupide, de vouloir rejeter ce qui fait tant envie à mes collègues et mes amis : une femme aimante et patiente. » Je soupire encore, et tente de me reprendre. « Je ne sais pas ce qu'il y avait dans le thé. Je ne suis pas aussi émotif habituellement. » Mais je n'ose pas dire que ça m'a fait un bien fou. Mon coeur bat la chamade, et je relève le regard vers elle. Est-ce qu'elle comprendra aussi ?
Les murs ont des oreilles... sinon ce sont les oncles des guimauves qui écoutent aux portes! pparker & mjwatson
Il m'écoute. Un geste simple, mais sincère qui suffit à apaiser cette tempête dans mon coeur, dans mon esprit. Je sais que les autres m'écoutent, mais comme ils le font surtout pour être au courant d mon état, je ne m'étale jamais en long et en large. Là, j'avais été piégé, placée au pied du mur. Mes confessions me permettent de faire de l'ordre dans mes idées, dans mes sentiments. Il est vrai que la parole libère, j'aurais dû écouter Liam lorsqu'il m'en parlait. Il avait un don pour trouver les mots: psychologue scolaire, il aidait les jeunes qui ne parlaient à personne. Oh, si seulement j'avais réussi à m'abandonner, parler des mes craintes et mon anxiété avant d'en arriver au pied du mur. C'est cette peur de décevoir qui m'a retenue et c'est son absence qui me donne l'opportunité de m'ouvrir à Hadès, homme que je connais même pas tant que ça au final. Pourtant, cette conversation est assez pour savoir qu'il est un homme bien et seulement apeuré et confus, comme moi. Nous ne sommes pas si différents, c'est tout ce que je sais pour le moment.
Sa réflexion quant à ma relation avec Liam me fait sourire. Ce ne sont pas les mots que j'avais besoin d'entendre, mais bien ceux que je voulais entendre, ceux qui nous promettent un futur, qui parlent d'amour contre vent et marées. Oh, si seulement je pouvais le croire. Je sais, je sens que Liam finira par réaliser que je ne suis pas celle qu'il lui faut, que je ne suis qu'une égoïste qui n'ose pas parler par peur de le décevoir. Il est trop parfait pour une handicapée sentimentale pour moi, j'imagine qu'il le remarquera à notre prochaine rencontre.
Vient alors le moment des confidences de la part de mon nouvel... allié, dans une vie qui bouge trop vite pour moi. « Effectivement, j'aimerai fuir comme vous l'avez fait. Mais je n'en ai pas le courage. » J'ai envie de l'interrompre, mais pour une fois, je garde mes réflexions pour moi. Il se confie et s'il est comme moi, ce que je pense, je sais que ce n'est pas un geste facile à poser. « Je suis fiancé moi aussi. A une amie du lycée. Cela fait plus de dix ans que nous sommes ensemble. » Son aveu me laisse surprise: Hadès serait-il la version féminine de mon être ? « Je n'ai pas la force de la quitter, mais je rêve de partir. J'agis comme le pire des hommes, en prenant des distances, en prenant la moindre heure supplémentaire à mon travail. J'ai mes propres projets personnels qui prennent du temps, et ça devient des excuses. Elle est trop obnubilée par le mariage qui arrive pour remarquer que notre amour s'est fané. » Un amour fané... Cette comparaison presque poétique me serre le coeur. Je me mords la lèvre et divague quelques secondes: mon amour pour Liam est-il fané, lui aussi? Lui semble toujours amoureux de moi, il vient quand même de parcourir le globe pour me retrouver. Je sais que pour ma part, même si je sais (je pense?) que l'imaginer avec une autre est la bonne chose à faire, je ne suis pas capable de prévoir à quel point cela me fera mal. Mon coeur est déjà en miettes, mais l'arrivée d'une telle nouvelle risque fortement de m'achever, littéralement, même si c'est pour le mieux. « J'étais venu en parler à Megara. Elle est amie avec Lucia - ma fiancée. Je ne sais pas si elle comprendra, comme vous - ce carcan qui m'enserre, les besoins de ma famille et leurs projections sur ma propre vie, qui ne me conviennent plus. Je ne sais plus qui écouter, et quand je me choisis moi, je me sens égoïste et stupide, de vouloir rejeter ce qui fait tant envie à mes collègues et mes amis : une femme aimante et patiente. » Le voilà qui soupire et tourne encore sa tasse dans ses mains, sûrement nerveux par les aveux qu'il vient de faire. . « Je ne sais pas ce qu'il y avait dans le thé. Je ne suis pas aussi émotif habituellement. » Sa remarque me fait sourire. Je pose ma tasse vide sur la table basse et joins mes mains devant mon visage avant de prendre la parole. Hadès a su trouver les liens avec moi, je me dois d'en faire de même avec lui. « Selon moi, elle doit savoir. » Je débute, mettant mes idées en place. « Si Lucia est une femme bonne et perspicace, elle doit se douter qu'il y a quelque chose de manquant dans votre relation. Un fiancé qui se cache dans son travail alors que le mariage arrive, il est impossible de passer à côté d'un tel comportement. » C'est vrai, dans mon ancien couple, Liam était tout ce qu'il y a de plus enthousiaste face au sujet de notre union, s'impliquant le plus possible dans sa préparation. « Si ça se trouve, elle est comme vous, elle sait qu'il n'y a plus cette étincelle , pardonnez-moi le terme, qui illuminait votre couple à ses débuts. C'est un peu ce qui m'est arrivé... J'avais beaucoup de mal avec ma vie professionnelle et j'étais certaine de mes sentiments pour Liam, alors je me suis impliquée à fond dans mon mariage pour m'évader. Lui aussi était très pris par les préparatifs et la planification. Je pensais que de tout donner dans quelque chose dont j'étais certaine du succès, soit ma relation, suffirait pour m'apporter le bonheur et le soulagement que je désirais. » Je souffle avant de poursuivre. « Malheureusement, j'avais tort. M'impliquer dans un autre projet m'a fait peur et il aurait été plus facile de simplement régler le premier encombre sur ma route au lieu d'essayer de le fuir. Si j'avais eu le courage de parler plus tôt, peut-être ne serait-je pas ici aujourd'hui, seule sur une île inconnue. Peut-être que ma famille ne serait toujours pas aussi furieuse et déçue de mon comportement, mais surtout, peut-être serait-je assez pour satisfaire l'homme que j'aime. » Mes confidences et mes questionnements me font mal, mais elles sont trop libératrices pour que je cesse. « Ne faites pas mes erreurs, s'il-vous plait. Ne laissez pas filer entre vos doigts tout ce qu'il y a de bien dans votre vie parce que votre mariage vous fait peur. Il n'est jamais trop tard pour changer les choses et je m'en suis rendue compte beaucoup trop tard. » Dans un geste que je souhaite platonique, ma main vient se poser sur celle de mon confident.
▽ “D'une confidence à une indiscrétion, il n'y a qu'une distance de l'oreille à la bouche.”
J'ai l'impression d'être dans une bulle confortable. C'est dingue - j'avais voulu jouer aux curieux, et au final, je m'étais retrouvé à en dire autant sur moi qu'Anna sur elle. Cela ne faisait pas de nous des amis, mais il y avait quelque chose sans doute. Je devinais les prémices d'un lien qui se révélerait fort, car si les autres compatissaient ou réconfortaient, nous, nous comprenions. Et de la compréhension, de l'expérience partagée, nait un lien indissoluble. Les mots sortaient tout seuls de ma bouche, sans que j'ai besoin de me forcer. Depuis combien de mois, combien d'années n'avais-je pas allégé mon coeur comme ça ? Je songeais avec amertume que la femme qui aurait dû se tenir face à moi, cela aurait dû être Lucia. C'était à elle que j'aurai dû annoncer tout cela, hélas c'était à une quasi-inconnue que j'avouais mes péchés, mes désirs inavouables. Je finis par revenir à la réalité, et à prendre mes propres paroles avec cynisme. Les pirouettes, c'est ce que je connais mieux ; je déteste me la jouer sensible. Je suis bien plus discret que cela, d'habitude.
« Selon moi, elle doit savoir. » Je ne m'attendais pas à ces mots, mais je hoche la tête, l'invitant à continuer. « Si Lucia est une femme bonne et perspicace, elle doit se douter qu'il y a quelque chose de manquant dans votre relation. Un fiancé qui se cache dans son travail alors que le mariage arrive, il est impossible de passer à côté d'un tel comportement. » Je fais la moue : j'y réfléchie sérieusement, et je ne sais pas répondre à ça. Est-ce que Lucia sent vraiment que ce qu'on avait, ça n'est plus comme avant ? « Si elle sent quelque chose, elle le cache drôlement bien » que je maugréée, un peu gêné. color=#3399ff]« Si ça se trouve, elle est comme vous, elle sait qu'il n'y a plus cette étincelle , pardonnez-moi le terme, qui illuminait votre couple à ses débuts. C'est un peu ce qui m'est arrivé... J'avais beaucoup de mal avec ma vie professionnelle et j'étais certaine de mes sentiments pour Liam, alors je me suis impliquée à fond dans mon mariage pour m'évader. Lui aussi était très pris par les préparatifs et la planification. Je pensais que de tout donner dans quelque chose dont j'étais certaine du succès, soit ma relation, suffirait pour m'apporter le bonheur et le soulagement que je désirais. »[/color] J'imagine parfaitement ce petit bout de femme s'élancer, le coeur au vent, pour s'immerger totalement dans une tâche, oublieuse de ce qui l'entoure. « Malheureusement, j'avais tort. M'impliquer dans un autre projet m'a fait peur et il aurait été plus facile de simplement régler le premier encombre sur ma route au lieu d'essayer de le fuir. Si j'avais eu le courage de parler plus tôt, peut-être ne serait-je pas ici aujourd'hui, seule sur une île inconnue. Peut-être que ma famille ne serait toujours pas aussi furieuse et déçue de mon comportement, mais surtout, peut-être serait-je assez pour satisfaire l'homme que j'aime. » La voir douter d'elle, de tout ce qui faisait son monde, me donner envie de la serrer dans mes bras, dans ce moment de faiblesse partagée. « Ne faites pas mes erreurs, s'il-vous plait. Ne laissez pas filer entre vos doigts tout ce qu'il y a de bien dans votre vie parce que votre mariage vous fait peur. Il n'est jamais trop tard pour changer les choses et je m'en suis rendue compte beaucoup trop tard. » Plus que ses phrasés, son geste gonfle mon coeur d'une émotion étrange, comme si elle passait du baume sur mes blessures. Par réflexe, je serre doucement ses doigts, et mon sourire se fait bien plus doux. « Vous avez raison. Ce devrait être à elle que je dis tout cela. » Je me tais une seconde, puis ajoute, avec une sincérité non feinte : « Ne croyez pas que c'est parce que vous avez fait une erreur que tout est perdu. Il n'est jamais trop tard, vous venez de le dire vous même. Pourquoi ce qui est vrai pour moi ne le serait pas pour vous ? » Je refuse d'avoir la chance de m'expliquer avec Lucia sans qu'Anna puisse réaliser qu'elle n'a pas tout fichu en l'air.
J'étais sur le point de la serrer contre moi, dans un élan peut-être un peu machiste, quand un bruit dans l'allée me fit sursauter. Comme coupable, je m'éloignais d'Anna et me redressais. Avant que ma soeur n'entre, je souris à Anna et ajoutais : « Je pense que nous avons encore beaucoup à nous dire, Anna. » Et ces mots étaient une invitation à lever le voile sur son passé, sur son présent, sur tout ce qu'elle voulait. Une invite à une amitié.