j'peux avoir un autographe, steplait bro? | leclanpowell

Diiiiiiis, tu m'aimes hen? Ça te dérange pas si je reste, disons... pour toujours?
big bro & baby sis

Il te manque une seule signature. UNE SEULE. Ça fait des semaines que tu te promènes de sites internet en sites, en passant par un nombre incroyable de bureaux à Wellington pour compléter ton dossier d'application pour un visa. N'étant pas étudiante, tu dois faire une demande de visa de travail. Ensuite, t'es pas résidente non plus alors tu as dû trouver le formulaire exact pour prouver que t'es pas une sdf qui crèche sur un banc, parce que pas question de faire un changement d'adresse officiel pour mettre celle de ton frère... Sinon tout est parfait, Margareth (la responsable que t'harcèles de courriel depuis des semaines) te l'a assuré maintes et maintes fois, juste une confirmation d'adresse et le tout sera analysé en quelques jours. C'est elle qui t'a donné le formulaire de parrainage, ou un truc du genre. Faut dire que tu l'as vu la dernière fois et que tu n'as pas vraiment apporté d'importance au document parce que quelques heures avant tu es foncée, littéralement, dans Liam. L'homme que tu aimes. Ton ancien fiancé. Lui qui devait être à Belfast a parcouru le globe pour venir te rejoindre. Tu a pleuré, ri, été fâchée. Bref, après t'étais un mess pendant des jours, tellement qu'au final tu as dis à personne qu'il était en ville. En gardant ça secret, tu pourrais sûrement te convaincre qu'il n'est pas vraiment là. Enfin, il t'a téléphoné il y a quelques jours, puisqu'il a trouvé ton cahier et que sur la page couverture, tu as noté tes informations à l'intérieur, dont ton numéro et ton adresse pour qu'on te le rende si jamais tu le perds. Voilà, plus de moyens de le fuir, il sait où tu habites et comment te joindre. Bref, aujourd'hui tu t'es levée de bonne humeur et après une matinée à lire sur la plage avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel, tu rentres à l'appart et y trouves Dougie à la table de cuisine. Ses doigts pianotent à un rythme effrayant sur le clavier de son ordinateur et il ne te salue pas dès que tu rentres. Il est hyper concentré en fait... c'est parfait! Tu lances un faible bonjour avant de te diriger vers ta chambre (anciennement son bureau, ouais disons qu'il a dû bouger son espace de travail le frère depuis que t'es arrivée). Après quelques secondes de recherche, tu sors le formulaire de parrainage-ou-je-sais-pas-quoi de ton sac, enfin, celui qu'il doit signer à tout prix! C'est le moment de le lui glisser subtilement, qu'il appose sa signature et voilà, visa en poche! Ton plan est sans faille. Bon, maintenant faut que t'aies l'air de rien. Confiante, tu retournes dans la cuisine et pose le papier sur la table, tout près de ton frère, en prenant bien soin de le plier pas qu'il n'y porte trop attention. « Hey Doug, tu pourrais me signer ça step? » Tu restes vagues, il est tellement concentré qu'il te demandera sûrement pas de détails. Mine de rien, tu ouvres le frigo pour te servir un verre de jus d'orange puis tu t'appuis sur le comptoir pour lui faire face le temps qu'il signe ton formulaire. Tu sens presque ton visa du bout des doigts.

Diiiiiiis, tu m'aimes hen? Ça te dérange pas si je reste, disons... pour toujours?
big bro & baby sis

Enlevant tes lunettes de soleil, cette silhouette ne t'est pas inconnue. Une impression de déjà vu, le genre de sentiment que tu n'apprécies guère. Secouant la tête, tu as rêvé, une fois de plus. Quel est le pourcentage pour que ce mec soit là ? Zero. Tu perds les pédales, la fatigue te fait délirer. Remettant tes lunettes et avançant vers le hall, tapant le code, tu rentres machinalement chez toi. La journée n'a pas été fructueuse. Un repas avec Jade, d'habitude ça se passe bien, mais là tu as senti un froid. Elle était étrange, à la fois absente et présente. Tu as sans doute rêvé, mais bon tu espères qu'il n'y a rien. Elle te le dirait s'il y avait quelque chose. Vous n'êtes pas du genre à vous cachez des trucs. Il existe une vraie relation entre vous, une relation professionnelle baser sur la confiance et la sincérité. Depuis le début, elle est sincère avec toi et inversement. C'est peut-être ça qui te chagrine. Que tu sentes un froid et qu'elle ne te dise rien. Tu ne vas pas épiloguer là dessus toute la journée, elle finira bien par te dire s'il y a quelque chose qui ne va pas. Pour l'heure, tu rentres te reposer, profiter de tes amies et peut-être de ta chérie. Tu souris rien qu'en pensant à ce terme « chérie » ou tu as quelqu'un dans ta vie. Elle est particulière à tes yeux. Elle est différente et pour l'instant ça se passe bien. Bien sûr que la dernière fois se fut un peu … chaotique, mais vous en aviez besoin. La discussion est la base d'un couple, c'est ce qu'on arrête pas de te dire. Tu essaies d'appliquer ces précieux conseils, vous vous êtes ouverts. Et tu as éprouvé une sorte de jalousie. Pourquoi ? T'en sais rien, mais t'aimes pas l'idée qu'on puisse interférer dans votre bonheur. Apparemment ses parents ont décidé d'un avenir pour elle. Bon il faut vraiment que tu arrêtes de penser à ce genre de chose. Lui envoyant un petit sms, elle doit bosser à cette heure, mais bon la connaissant, tu sais qu'elle ne tardera pas à te répondre. Elle te l'a prouvé à mainte reprise. Ce qui t'amuse. Tu imagines déjà sa bouille en recevant ton sms, ses petites mimiques. Voilà t'es foutu ! T'as l'air d'un idiot tout droit sortie d'une comédie romantique. Pourtant l'amour, tu n'en es pas encore loin, mais tu t'en rapproches, du moins c'est la suite logique. En attendant, la suite logique est chez toi, dans ton canapé avec Chris et une série. Du moins c'est ce qui est prévu. « C'est moi » dis-tu machinalement. Penny vient te saluer, heureusement qu'elle est là. Ta fidèle amie depuis un moment. La première femme de ta vie, celle qui doit partager sa place dans le lit. Bon dans ton cœur, elle y a encore toute sa place. Déposant tes clefs, pas de réaction. Étrange. « Ah tu tombes bien j'allais sortir. » Pardon ? Tu fronces les sourcils, c'était prévu que vous passiez la soirée ensemble. Là tu es perdu. Il sort ? Sans toi ? Pourquoi ? Comment ? Mais non. Tu as envie de passer la soirée avec ton meilleur ami. Une soirée entre mec, c'est ce qui est prévu, pas autre chose. Alors oui ça te plaît pas qu'il te dise ça. « Fais pas cette tête mon poussin, je me rattraperai cette nuit ! » M'ouais et bah pour l'instant tu n'es pas heureux de son départ impromptu ! Ce n'était pas prévu. « Y a un mec qui est venu pour voir Anna, un gars un peu comme toi, accent perché et bouclé bien frisée ! » Tu relèves les yeux, ton regard est un peu plus méfiant, voir dur. Un mec est venu pour Anna ? Oh non ! Tu n'as donc pas rêvé ! Tu aurais aimé. Ça fulmine en toi, t'aimes pas ça ! « Bon je te laisse digérer la nouvelle et promis je me rattrape cette nuit. » Petite frappe sur les fesses et voilà qu'il te laisse en plan ! Il ne perd rien pour attendre ! Non, vraiment tu l'auras la prochaine fois !

« Hey Doug, tu pourrais me signer ça step? » Elle te sort de tes pensées, tu étais bien trop concentré sur ton inspiration pour remarquer son entrée. Il faut dire que tu as préféré t'absorber dans ton écriture, plutôt que ruminer tout cette journée. Une journée de merde. Tu as horreur de ce genre de journée. T'as juste envie d'un truc : qu'elle se finisse le plus vite. Relevant les yeux vers Anna. Elle semble, joyeuse et fraîche. Craquant tes doigts. Tu ne prêtes pas attention à son papier. Du moins, pour le moment, tu vois à sa tête que ce n'est pas rien. Ce n'est pas juste un truc. Il y a anguille sous roche. La preuve avec la « personne » qui est venue pour la voir. Tu sais parfaitement qui il est ! Et t'aimes pas ça. Absolument pas. « Bonne journée ? » dis-tu en te servant une tasse de café. Ta drogue, ça te fait tenir et tu en as grandement besoin. Tu restes calme, comme ci de rien n'était, n'en pensant pas moi. « Alors tu as besoin de ma signature pourquoi ? » Tu finis par poser tes yeux sur ce bout de papier. Attendant bien sûr des explications de sa part. Tu la connais, quand elle veut un truc, elle ne démord pas, c'est de famille. Buvant une gorgée, tu parcours rapidement le document. Demande de visa, preuve de domicile … Un plus, un. Tu commences à comprendre où elle veut en venir. « Visa ? » finis-tu par dire en bloquant ton regard dans le sien. Tu es calme, rien ne transperce. Tu es à la fois content, mais tout aussi partagé par les événements de la journée …

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Il n'a pas seulement l'air occupé le frère, il a aussi l'air... Tu sais pas trop, il a pas l'air content. Pour ton petit plan initial «signe-moi-ça-sans-regarder» on repassera. Pourtant, il avait l'air super concentré, tu pensais vraiment que ça passerait comme du beurre, genre... T'as pas pensé à un plan b du tout au cas où il te pose des questions? Mais non, c'est bien toi ça: mal anticiper les choses. Déjà, ton frère se lève pour se servir une autre tasse de café alors que normalement quand il est dans sa lancée d'inspiration il ne fait qu'hocher la tête quand tu lui parles. 'Dougie, j'ai vu des aliens!' 'Humm humm'. Bref, vous voyez le genre. Pour le moment, il semble s'intéresser un peu plus à ta personne que d'habitude, parce que les derniers jours c'était surtout « Anna! Laisse pas trainer ta serviette toute mouillée sur le carrelage de la salle de bain! » (oui, t'es coupable). « Bonne journée ? » Te demande-t-il une fois debout. Oh, toi, mis à part ce petit stress au ventre qui prend de plus en plus d'ampleur, tout va bien. « Mais oui, j'ai passé la matinée à lire sur la plage. D'ailleurs, j'ai terminé le roman, je vais te le redonner dès que je le trouverai dans mon sac. » Ton sac, c'est ta folie, il contient ta vie et est assez grand pour que tu t'y caches en cas de besoin. « Toi, ça va bien ? » Il répond par un petit hum sans te donner de détail. Ouais, il a pas l'air d'avoir la journée du siècle le frère. « Alors tu as besoin de ma signature pourquoi ? » Il s'empare du papier et tu ne trouve que weuigfhbj à débiter. Tu ne lui as même pas fait part du fait que tu voulais un visa, mais pourquoi ?? Faut dire que t'es assez dans le néant depuis l'arrivée de Liam, mais en même temps ça te frappe: pourquoi t'as rien dit à ton frère ? C'est pas le maire de la ville, si tu veux rester c'est ton droit, pourquoi s'opposerait-il? Tu te sens tout de suite bête d'avoir gardé cette intention secrète, mais au fond de toi tu te dis qu'après t'avoir eu dans les pattes pendant près de deux mois, il en aura peut-être assez de t'avoir à proximité. Depuis quelques mois, ta confiance en toi est au plus bas, au point même que tu as peur d'être de trop dans ta propre famille. Ça, sûrement pas, mais tu as as l'impression de semer le chaos partout où tu passes. « Visa ? » Honteuse, tu baisse la tête avant de passer une main dans tes cheveux. Tu as le sentiment de prendre la mauvaise décision, comme d'habitude. Tu as toujours l'impression de faire les mauvais choix. « Ouais... Je veux dire, je compte pas rester dns ton bureau pour toujours, alors avec un visa je pourrais me trouver un travail et éventuellement, partir. » Pourquoi t'es nerveuse ? « Je compte pas retourner en Irlande, je veux dire... Mis à part papa et Jesse, personne ne m'attends là-bas. » Surtout avec Liam ici, t'as officiellement plus rien en Irlande, même si t'as plus Liam parce que t'es pas avec lui. Ughh, ta vie est si compliquée, pourquoi rien n'est simple ? Faudrait peut-être qu'enfin tu comprennes que tu peux parler de tes problèmes, parce qu'en plus du visa, t'as pas dit non plus que son ancien beau-frère est en ville.

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Fixant ton regard sur un mot au hasard, ne te souciant pas de son regard. Tu sais qu'elle est là. Tu la connais, elle a forcément une idée en tête, mais tu as dit que tu restais calme. Zen. Tu peux le faire. Ce n'est rien et puis après tout ce n'est peut-être pas ce que tu penses ? Oui, mais là la coïncidence est plus qu'énorme. Un petit frisé, style un mouton, se pointant CHEZ toi et réclamant ta sœur. Non, la coïncidence n'existe pas dans ce cas là. Tu ne sais pas ce qui t'énerves le plus, l'attitude de Jade au repas ou le fait qu'Anna te mente. Sûrement un mélange de tout, cette journée est tout sauf « bonne ». Elle est clairement cauchemardesque ! Vivement la fin que tu puisses te coucher. Quoique non. Chris a prévu de se rattraper, est-ce que tu auras la force de l'attendre ? Pas sûr. Lui aussi t'a laissé tomber. T'as juste envie de bouder, ouais comme un enfant de cinq ans ! De temps en temps ça ne fait pas de mal de retomber en enfance et puis ce n'est pas vraiment de ta faute, tout le monde te lâche. Les gens ont décidé de s'unir contre toi aujourd'hui. Tu n'aurais pas dû répondre au réveil, il aurait dû sonner encore et encore ou juste ne pas sonner. Ceci aurait été une bonne idée. Peut-être que toute cette journée n'aurait pas eu lieu. Enfin pour l'heure, tu as beau te retourner le cerveau, elle est bien là et tu ne peux rien changer. Tant pis. « Mais oui, j'ai passé la matinée à lire sur la plage. D'ailleurs, j'ai terminé le roman, je vais te le redonner dès que je le trouverai dans mon sac. » Apparemment elle continue. Soufflant et versant ton café. C'est rien. Rien du tout. Quels sont les pourcentages pour qu'elle soit au courant ? 100. C'est ça le problème. Tu sais bien qu'elle te cache un truc. Tu la connais la frangine. Elle pense t'avoir aussi facilement et t'aimes pas ça. « Toi, ça va bien ? » Si ça va ? Tu as envie de lui dire que non ça ne va pas, que cette journée t'exaspère au plus au point ! Que t'en as marre des gens qui ne disent rien. Oui, c'est l'hôpital qui se fout de la charité, mais là on ne parle pas de toi, mais d'eux ! Ce qui est tout à fait différent, toi tu as dû mal à parler de tes sentiments, pas des choses de ta vie. Là, elle pourrait très bien te dire que son mouton a débarqué en ville et ses plans. Oui parce qu'elle a forcément des plans. C'est d'Anna qu'on parle, elle ne sait pas ne rien faire, ce n'est pas dans ses gênes. T'en sais quelque chose. Rien faire ne fait pas partie de tes fonctions. Tu n'es pas du genre comater devant une émission de télé réalité débile, oui elles sont débiles. Tu ne vois pas l'intérêt de regarder des gens enfermer dans une boîte ou de courir après une chimère. Il t'arrive de te poser devant la télé, parce que tu n'es pas si ancestral que ça, mais ce n'est pas dans les mêmes intentions. Faire la larve, ce n'est pas dans tes fonctions, pourtant parfois ça te ferait pas de mal. Sauf que tu supportes pas, tu as l'impression de glander sur le dos des gens. Horreur. Oui, bon au cas où on l'aurait toujours pas compris : tu n'es pas de bon poil. Et le couperet tombe. Elle a besoin de toi pour un visa. Elle détourne le regard et l'idée de t'en parler avant c'était en option ou bien ? Zen, soyons zen. L'idée qu'elle s'installe ici, ne te déplaît pas, au contraire si elle peut repartir sur de bonnes bases t'en es heureux. Juste que tu as l'impression d'être pris pour acquis, pire d'être un con dans tout ça. Tu aides les gens et résultat ? Nothing. Ça lui aurait coûté quoi de te parler de ses plans ? Trop de son temps apparemment, elle préfère en parler à son mouton. Oh lui, vaut mieux pas que tu le recroises. « Ouais... Je veux dire, je compte pas rester dans ton bureau pour toujours, alors avec un visa je pourrais me trouver un travail et éventuellement, partir. » C'était trop dur à expliquer avant ? Tu n'oses même pas la regarder. « Je compte pas retourner en Irlande, je veux dire... Mis à part papa et Jesse, personne ne m'attends là-bas. » Ton sang ne fait qu'un tour. C'est du foutage de gueule ou quoi ? Il faut que tu restes calme. Limite à ce moment précis, il te faudrait un tranquillisant. Le genre qu'on donne aux bêtes lorsqu'elles sont énervées. Voilà que tu te compares soit à un poney soit à un ours. Tu ne sais pas quel cliché est mieux. Aucun ? Seulement c'est vrai, là il te faudrait un truc pour te calmer. Ne parlons pas du café, tu viens de laver d'une traite. « Personne qui t'attend ? » dis-tu en relevant un sourcil. C'est que tu ferais presque une imitation de Sherlock. On se calme Dougie, il ne faut pas faire toute une affaire de ça. « Et pourquoi tu m'as rien dit avant ? J'te fais peur à ce point ou alors tu t'es dit que comme je suis trop bon, je suis forcément trop con, donc j'allais signer ... » Modère tes propos. C'est à Anna que tu parles, ce n'est pas n'importe qui. « Et tu comptes faire quoi ? J'te connais tu as forcément un plan ou pardon je devrais dire : vous avez déjà un plan ? » Tu bloques ton regard dans le sien ! C'est sorti tout seul ! Et là tu as l'impression d'être ton père … Super vive la nouvelle comparaison. Toi qui voulais éviter de t'énerver, c'est foutu.

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big bro & baby sis

Il y a un truc pas net. Oh, t'es quand même la personne la plus clueless sur terre, celle qui ne voit pas les signes du destin lorsqu'ils sont devant toi, celle que même avec une affiche qui clignote tu n'arrives pas à comprendre. Par contre là, tu sais que ton frère, il a pas que marché avec une roche dans sa chaussure pendant un moment pour avoir cette attitude. Vous avez été gosse ensemble, il a changé tes couches et il t'a même laissé lui faire des tresses une fois quand vous étiez encore trop jeunes pour comprendre comment. Il a pas le sourire et tu sais que tu dois y être pour quelque chose pour qu'il le laisse paraitre devant toi. Comment tu sais ? Tu te sens coupable, tu ne sais pas encore ce que tu as fais, mais tu sais que si ton frère en voulait à quelqu'un d'autre, il n'agirait pas de la sorte avec toi, sa petite soeur qui n'aurait rien à voir. Il est beaucoup plus mature que toi Dougie, il est capable de séparer ses émotions, toi t'en es incapable. La preuve ? Tu te sens coupable d'avoir fui, trahis ton fiancé, abandonné tes études. T'as honte, tu te renfermes et même si ton frère est là pour toi (il t'accueille depuis des semaines, pardi!) tu es incapable de lui parler de quoique ce soit. Il est de ta famille, il ne va pas te juger, mais pourtant tu ne parles pas. Faudrait que ça change, parce que la technique du silence, elle ne fonctionne plus du tout. Piteuse, tu regardes ton verre de jus d'orange bientôt vide, n'osant pas relever la tête. Ça passe pas crème ta petite cachotterie, mais en même temps, t'es bête d'avoir cru que t'avais une chance que la nouvelle coule comme de l'eau sur le dos d'un canard. Tes doigts jouent avec ton verre, faut que tu t'occupes sinon tu ne sais pas quelle bêtise tu vas sortir.« Personne qui t'attend ? » Il relève un sourcil. T'as chaud, tes mains sont moites. Vaut mieux que tu déposes ton verre sur le comptoir avant de faire une connerie, t'es si maladroite qu'avec le stress tu serais capable de le serrer trop fort et de l'éclater. Ça t'es déjà arrivé d'ailleurs: ton passé n'est pas si glorieux quand on y pense. Tu marmonnes une réponse, mais en fait tu ne sais pas si tu l'as vraiment dit ou si tu l'as juste pensé : « j'ai que toi maintenant...» Non, tu l'as seulement pensée, parce que c'est pas vrai. Tu n'as pas que ton frère: tu as des tas d'amis à Island Bay maintenant: il y a Ellie, Evie, Kenzo, Zola, Jill, James... tous ces gens qui t'ont donné une chance quand tu as posé le pied dans leur coin de pays. « Et pourquoi tu m'as rien dit avant ? J'te fais peur à ce point ou alors tu t'es dit que comme je suis trop bon, je suis forcément trop con, donc j'allais signer ... » Joker. Tu ne sais même pas la réponse à sa question, c'est vrai que tu aurais pu lui dire. C'est quoi, tu avais peur que ton propre frère qui t'héberge déjà te jette dehors ? « Je... Je sais pas pourquoi j'ai rien dit... » T'as chaud, tu te sens mal. Tu serres des dents et avec deux doigts tu pinces l'arrête de ton nez pour contrôler un peu tes émotions. « T'es pas con... T'es... » Tu commences, mais tu t'arrêtes, incapable de justifier de tes cachoteries. Dougie a tous les droits de se sentir trahi. « Et tu comptes faire quoi ? J'te connais tu as forcément un plan ou pardon je devrais dire : vous avez déjà un plan ? » Tes yeux s'écarquillent. Non, non, non. Impossible. Il ne peut pas savoir ? Brusquement, tu relèves la tête et ton regard croise le sien. Lui qui d'habitude te regarde avec attention, exaspération ou amusement ne semble pas du tout amusé pour le moment. Il est fâché et avec raison. Jamais tu ne t'es disputée avec Dougie, mais fallait bien que ce moment arrive un jour. « Comment tu sais ? » Apeurée, honteuse, coupable, tu décolles tes fesses de la tranche du comptoir et croise tes bras devant toi, espérant retrouver un semblant de réconfort.