hit me baby one more time → lucas

Un jour comme un autre à ceci près que pour une fois, Noomi s’était décidée à sortir. Pas très loin et elle n’avait pas non plus l’intention de s’éterniser mais elle était en manque de caféine et elle n’avait pas envie de son banal café sortant du percolateur, merci bien. Alors pas le choix, il avait fallu se cacher derrière sa paire de lunettes de soleil et affronter la lumière du jour pour aller jusqu’au Starbucks. Si ça ne tenait qu’à elle, les jours où Sarah n’était pas là, elle resterait terrée au fond de son lit jusqu’à ce que la nuit tombe. Le seul moment où elle retrouvait un peu d’énergie. Et la plupart du temps c’était surtout parce qu’elle devait aller bosser. Enfin bref, la blonde avait pris ses clefs, son chien, sa mustang et était descendue au Starbucks le plus proche. Bien sûr, Hades ne pouvait pas entrer aussi attendrait-il sagement dans la voiture qu’elle lui ramène un peu de crème fouettée.

Elle faillit rebrousser chemin en voyant le monde qu’il y avait. D’accord, il y a toujours du monde dans cette chaîne de cafés mais là, c’était un peu trop. Surtout si tôt dans la journée. Elle voulait bien être sociable mais pas avant une certaine heure. Mais bon, tant pis ; elle n’avait pas non plus envie d’être sortie pour rien alors maintenant qu’elle était là, elle y resterait. C’est d’un pas traînant qu’elle se mit dans la file d’attente. Et qu’elle se mit à critiquer tous ces pauvres connards qui demandaient des boissons compliquées au lait de soja sans sucre mais avec du caramel et décaféiné. Qu’ils demandent donc un verre de flotte, ça ira plus vite ! Tandis qu’elle regardait ailleurs pour s’empêcher d’étriper la personne devant elle qui n’avançait pas, son regard croisa vite fait celui d’un jeune homme. Elle n’y aurait sans doute pas prêté attention s’il ne s’était pas tout à coup fait si insistant au point qu’elle le recroise à nouveau. Qu’est-ce que c’était encore que ce gars ? On ne lui avait manifestement pas appris que ça ne se faisait pas de dévisager les gens dans la rue.

Quoi qu’il en soit, c’était à son tour de passer commande alors elle mit ça de côté quelques instants. Avant qu’une idée lui traverse l’esprit. Peut-être l’avait-il reconnue, lui. Alors qu’elle non. Même pas du genre que sa tête lui disait vaguement quelque chose mais qu’elle ne parvenait pas à la remettre ; il n’évoquait rien du tout chez elle. Mais elle savait d’expérience que ça ne voulait rien dire. Depuis son accident de voiture, c’était le genre de choses qui arrivait si pas régulièrement un peu plus qu’avant. Noomi récupéra son frappuccino et se décida à aller le voir.

« Hé, salut. J’ai remarqué que vous m’observiez depuis un moment alors peut-être qu’on se connaît ? »

Comme d’habitude, elle agissait sur un coup de tête mais au moins ne lui avait-elle pas demandé quel était son problème comme elle avait initialement prévu de le faire.

Fut un temps où Noomi trouvait ça délicat d’aborder les gens pour leur demander s’ils se connaissaient. Car, au cas où vous penseriez que c’est la première fois que ça lui arrive, détrompez-vous. Alors à force, elle avait fini par s’y habituer et ça ne lui posait plus le moindre problème. Enfin, peut-être un peu quand la déception se lisait sur leurs visages – parce que c’était toujours le cas, les gens n’aiment pas être oubliés, c’est un fait -, mais il suffisait de passer outre. Le jeune homme qui la matait dans la file d’attente sembla passer par plusieurs stades. D’abord le déni : c’était impossible qu’elle ne se rappelle pas de lui, elle devait le charrier, après tout, ils avaient quand même passé toute une soirée ensemble. Puis la colère, lorsqu’il comprit qu’elle ne plaisantait pas. C’est ça, un peu comme les différentes phases du deuil. Celui des patients et non pas des proches, évidemment. Mais en beaucoup moins brutal et c’était tant mieux. La blonde haussa les épaules et secoua la tête avant de tirer la chaise qui se trouvait en face de lui.

« Je peux ? »

Enfin bref, le moment était venu d’investiguer. Ils avaient passé une soirée ensemble, c’est ce qu’il venait de dire mais ça pouvait signifier n’importe quoi, ça. Il la tutoyait aussi. Peut-être l’avait-elle croisé à une vraie soirée. Une de celles où elle se faisait rare en ce moment. Ou alors dans un bar. Oui, curieusement, c’était bien plus probable. Sinon, il y avait une troisième option.

« T’es sûr que c’était bien moi ? »

Ça, en revanche, ça serait bien la première fois qu’on la confondait avec quelqu’un d’autre. Mais ce sont des choses qui arrivent et l’erreur est humaine. En fait, elle espérait vraiment que ce soit ça parce que sinon, elle craignait un peu le pire. Noomi savait pertinemment qu’elle ressentait parfois ce besoin de ne pas rester seule et que dans ces moments-là, elle avait tendance à faire n’importe quoi avec qui voudrait, ne serait-ce que pour avoir cette sensation de chaleur quand sa peau se frottait à celle de quelqu’un d’autre, quand d’autres mains parcouraient son corps. Bref, tout ça pour dire que ça, ça serait plutôt gênant comme situations ; aussi préféra-t-elle se convaincre que ça n’avait rien à voir.