contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
« Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake
Auteur
Message
Invité
Invité
ONGLET 1
ONGLET 2
Sujet: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Jeu 15 Nov - 20:15
« Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. »
Aujourd’hui je ne travaillais pas. D’où la fausse bonne idée d’inviter Stew et Karen pour un repas entre amis. Cela faisait un sacré bout de temps que je n’avais pas revu le couple, avec lequel le rire était constamment de la partie. Et cela faisait un bien fou. J’avais décidé de cuisiner japonais pour une fois – cela nous changerait des éternelles pizzas. J’avais bien sûr pris le soin en amont de leur envoyer un petit texto pour savoir s’ils aimaient cela, ce à quoi ils me répondirent par la positive. J’étais donc allé chercher chez un petit traiteur asiatique en bas de chez moi des feuilles d’algue nori, du riz à sushi, des concombres, du saumon, et tout un tas d’autres ingrédients qui me permettraient de faire ma petite tambouille. Je m’afférais ainsi à rouler mes sushis, et les conservais au frais. Une fois tout cela prêt, je m’occupais à dresser la table, de manière on ne peut plus simpliste. Non pas que je ne désire pas faire de l’effet, mais cela les gênait d’être reçus en grandes pompes, ce que je comprenais entièrement. J’avais fait le choix de les inviter un midi, Stew travaillant aux urgences pédiatriques le soir en ce moment, tout comme moi. Karen, en revanche, était enceinte jusqu’aux yeux et avait dû arrêter son travail depuis un mois et demi. Nous n’avions donc pas d’autres choix pour nous voir, et cela m’arrangeait : ainsi je pourrai me coucher si tôt que cela en deviendrait indécent. J’étais épuisé en ce moment. Le cancer me bouffait plus que de raison, même si je refusais pourtant de l’admettre.
Les mains appuyées sur le rebord du lavabo, je lâchai un profond soupir. Mon teint était pâle comme la mort et des cernes contournaient mes yeux d’une couleur bleue nuit. Tout à coup, j’entendis sonner à la porte. Je passai une main sur mon visage et me redressai, arborant un sourire dont je vérifiais dans le miroir s’il sentait la véracité. Mouais, on pouvait faire mieux, mais cela passerait. Ça devait passer… Je me dirigeai vers la porte d’entrée du studio moderne que j’ouvris, devant le visage illuminait de mes amis. Tous deux me prirent dans leur bras avec joie, et me tapotèrent le dos dans un geste fait d’une complicité sans faille.
« Salut mon vieux, comment vas-tu ? »
« Et bien écoute : pas mal du tout, et vous deux ? »
« Ça pousse. Comme tu peux le voir je ressemble de plus en plus à un tonneau. » Ria Karen.
« Arrête, tu es magnifique. » Lui dis-je avec sincérité.
Il n’y avait rien de plus beau à mes yeux qu’une femme qui est enceinte. Son visage était lumineux, ses formes voluptueuses révélaient toute sa féminité. Alors oui, elle était vraiment belle. D’un air faussement jaloux sur le visage, Stew passa son bras protecteur autour des épaules de sa dulcinée, et me répondit :
« Hé, c’est ma femme, vu ? »
J’éclatais franchement de rire, avant que soudainement celui-ci ne devienne une toux sèche et hautement irritative. Je ne pouvais plus m’arrêter. La main sur le thorax, j’essayais de me calmer en reprenant mon souffle devenu sifflant, ne jetant aucun regard sur mes invités pour le coup devenus très inquiets.
« Excusez-moi, je dois couver quelque chose. Promis je ne m’approche plus de toi, Karen. » Lui dis-je en riant difficilement, comme si de rien n’était.
Sauf que je savais pertinemment que je leur mentais. Tout en ignorant que eux, ils savaient… La suite de la réception se déroula sans encombre. Le repas également, jusqu’à ce que j’ouvre la porte-fenêtre qui menait au balcon. Nous nous installâmes là et je sortis un paquet de cigarettes, avant que Stew n’échange un regard entendu avec sa femme et ne pose sa main sur le paquet pour m’empêcher de poursuivre mon geste. Je l’interrogeai du regard, ce à quoi il répondit :
« Fumer n’est pas la solution, Mike. Tu vois bien où cela te mène. »
« Qu’est-ce que tu veux dire ? Je vais très bien. » Mentais-je.
« Tu vas bien et tu tousses comme ça ? Arrête, tu es médecin et je le suis aussi. Tu peux fermer les yeux si ça te chante mais tu ne pourras pas me berner moi. Je sais pour ton cancer Michael. Mais toi, que fais-tu pour le combattre ? »
Merde… Qu’est-ce que je pouvais bien répondre à cela ? Je savais qu’il visait juste, et mentir n’était pas ma tasse de thé. Nier, à la rigueur, mais pas mentir, non.
« Tu as passé des examens ? »
« Oui. Mais on s’en fout, sérieusement ! »
« Alors ? »
Nouveau soupir.
« Alors c’est pas brillant… »
A cela, mon ami ajouta que si je voulais survivre, il fallait que je prenne les devants sur ma maladie. Facile à dire. Je lui expliquais – ou plutôt il comprenait dans mes non-dits – que je ne faisais rien de ce qu’il fallait faire pour lutter. La vérité c’est que je me sentais seul au monde, mais là où je réalisais à ce point que je l’étais fut quand je déclarais :
« Par qui veux-tu que je sois entouré de toute façon ? Je n’ai plus personne, plus aucune famille… »
« Tu nous as nous. Et… Attends, bouge-pas. » Me dit-il en sortant son portable de la poche arrière de son jean.
Et ce fut lorsqu’il demanda à parler à une certaine Blake Blackwood que je paniquais. Oh oui, je savais très bien de qui il s’agissait, pour travailler dans le même hôpital qu’elle. Je ne l’avais encore jamais vue, mais je savais qu’elle était psychiatre.
« Arrête, je ne veux pas voir de psy ! »
J’avais beau le supplier comme un gamin de quatre ans, Stew n’entendait rien à ma demande. Ce fut après avoir raccroché qu’il m’informa qu’il avait réussi à obtenir un rendez-vous avec elle demain après-midi. Et je ne l’en remerciais pas…
La journée se termina sur un ton plus froid. Et ce fut lorsque je m’éveillais le lendemain matin que je ressentis un nœud à mon estomac. J’avais le trac, rien de moins. Jamais je n’avais fréquenté de thérapeute, pas même à la mort tragique de mes parents ou quand je picolais à tout bout de champ autrefois. Aujourd’hui, j’avais réussi à prohiber l’alcool de mon existence, mais la clope, elle, demeurait. Alors je m’habillai et sortis de chez moi pour être suffisamment à l’avance à ce rendez-vous qui ne m’enchantait absolument pas. Je pris le bus quelques minutes plus tard pour arriver à l’hôpital. Je pris la direction de sa salle d’attente, et m’y installais, en triturant mes doigts sous le coup du stress.
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Jeu 15 Nov - 21:22
Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison
Blake & Michael
La pièce était simple. Sur le côté droit, il y avait un bureau sur lequel traînait des papiers, des dossiers psychiatriques et des cadres photos vides. Derrière le bureau, une large bibliothèque contenait des livres sur différents troubles mentaux, tels que la schizophrénie. Sur le côté gauche, il y avait un sofa sur lequel je pouvais m'asseoir, afin de me reposer ou de lire un livre, lors d'une pause. Les murs blancs étaient couverts de tableaux divers et d'étagères remplies d'objets.
Mon cabinet se trouvait près de l'aile psychiatrique. Toutes les personnes entrant dans le service passaient devant mon cabinet. Parfois, des infirmières venaient frapper à ma porte pour me signaler qu'un patient avait besoin d'aide ou qu'ils avaient besoin d'une séance. Le reste du temps, il n'y avait que des patients extérieurs à l'hôpital qui pénétraient dans cette pièce, afin de bénéficier d'une consultation psychiatrique avec moi.
À l'intérieur de l'hôpital, tout le monde s'agitait. Les infirmières courraient d'un bout à l'autre de l'établissement, afin d'apporter de l'aide à tous les patients dans le besoin, assistant les médecins du mieux qu'elles le pouvaient. Les chirurgiens, eux, se trouvaient dans les différentes salles d'opération, sauvant la vie d'une dizaine de personnes. Je venais juste de revenir du service psychiatrique, ayant rendu une petite visite aux patients qui avaient les troubles mentaux les plus graves ou les plus avancés ; certains ayant fait une crise plus ou moins importante. J'avais parlé avec eux pendant toute la matinée, leur offrant une consultation chacun, afin de les aider.
Depuix dix minutes, j'étais revenue dans mon cabinet, attendant qu'une personne ait besoin de mon aide, tout en étant assise sur ma chaise de bureau. Je lisais le dossier de l'un de mes nouveaux patients qui venait d'être admis au service psychiatrique, essayant d'en retenir les points les plus fondamentales ; ceux qui pourraient m'aider à savoir ce que mon patient avait. J'étais occupée, lorsque le téléphone fixe, posé sur mon bureau, se mit à sonner. Visiblement, quelqu'un voulait prendre rendez-vous avec moi.
Fermant le dossier que je lisais, je décrochais le téléphone. J'eus la surprise de constater que mon interlocuteur se trouvait être quelqu'un que j'avais croisé plusieurs fois dans les couloirs, un certain Stew. Je ne comprenais pas pourquoi ce dernier m'appeler. Ce n'est que quelques secondes plus tard que tout s'éclaira. Il voulait prendre rendez-vous pour un ami à lui qui, d'après ce qu'il me disait, semblait être dans le déni, après avoir appris son cancer. C'était tout à fait dans mes qualifications, même si j'avais davantage l'habitude de traiter des patients qui avaient un trouble mental. Je lui dis alors de patienter quelques secondes, afin de consulter mon agenda professionnel et de fixer un rendez-vous. Après avoir vérifié les jours où j'étais libre et les lui avoir signalé, il décréta que le lendemain était parfait, avant de raccrocher. Le rendez-vous venait d'être convenu. Nous nous étions mis d'accord sur le fait que je verrais son ami, nommé Michael, le lendemain après-midi.
Le lendemain, je ne travaillais pas ; du moins, que l'après-midi. J'avais pû bénéficié d'une matinée de repos, n'ayant rien de prévu. Aucune consultation, aucun patient à soigner. J'avais passé la matinée chez moi, afin de me reposer. J'avais eu le temps de relire l'un de mes livres préférés, puis de sortir boire un thé en ville. Puis, midi était arrivée et j'avais été mangé dans un petit bistrot ; un endroit coquet où je me rendais plutôt souvent. J'avais pris le temps de savourer mon repas, vu que la consultation n'allait avoir lieu que deux heures plus tard. Malheureusement pour moi, le temps passa rapidement et bientôt, je fus de retour à l'hôpital, ne voulant pas être en retard. Cela n'aurait pas été professionnel, ce qui n'était vraiment pas mon genre.
L'hôpital était un endroit où je passais beaucoup de temps ; peut-être pas autant que les médecins, mais en tout cas, on me voyait souvent traîner dans mon bureau. D'ailleurs, après avoir parcouru les services pour m'y rendre, c'était là où je me trouvais. La pièce n'avait pas changé d'un iota ; chaque chose étant toujours à sa place comme à l'accoutumée.
M'asseyant sur le sofa, je me mis à patienter, tout en observant mon bureau. J'attendais que les minutes passent, puis à quatorze heures, après avoir consulté mon téléphone, j'avais quitté le confort de mon sofa pour aller accueillir ce fameux Michael Greystone.
Quittant mon bureau, je n'eus que quelques mètres à parcourir pour me rendre à la salle d'attente. Puis, avec un grand sourire, je pénétrais dans la salle. Celle-ci était vide à l'exception d'un homme qui était assis sur l'une des chaises. Cela devait probablement être l'homme avec qui j'avais rendez-vous, puisqu'il n'y avait personne d'autre dans la pièce, alors je me mis à m'approcher légèrement, tout en détaillant l'inconnu qui se trouvait devant moi. Nous travaillions dans le même hôpital et pourtant, je ne l'avais jamais croisé. C'était chose faite, à présent.
« Monsieur Greystone, Michael Greystone ? C'est à vous. » Dis-je sans perdre mon sourire.
Sourire au travail était une habitude que je n'avais jamais perdu. Il paraissait que ça aidait les patients et puis, j'étais une personne qui adorait sourire.
Dernière édition par Blake Blackwood le Dim 18 Nov - 16:59, édité 1 fois
Invité
Invité
ONGLET 1
ONGLET 2
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Dim 18 Nov - 16:51
« Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. »
La voix de la psychiatre me parvint, alors que je fixai le sol d’un air absent. Je soufflai pour me donner du courage, et levai les yeux vers elle, découvrant alors une femme superbe. Je sentis mon cœur s’emballer légèrement, me mettant à râler intérieurement : moi qui étais déjà bien timide avec les femmes, si elles étaient aussi ravissantes qu’elle ça n’allait pas être simple de lui parler… Un beau sourire était dessiné sur son visage, que j’essayais de fuir du regard pour ne pas avoir l’air d’un imbécile. Je pénétrai dans son bureau que l’on pourrait qualifier de bazar organisé. Partout étaient posés des livres et des bibelots divers et variés. Elle me proposa de m’assoir, et je m’exécutai sans un mot, muré dans un silence parfait. Mon regard était attiré par des photographies de New York et, puisqu’elle m’invitait à parler, je lui demandais :
« Vous êtes new-yorkaise ? Je le suis également. » Lui dis-je.
Nouveau silence. Qu’est-ce que je devais faire, moi ? Parler, oui, mais de quoi ? Par où commencer ? Et puis je n’avais franchement aucun avis de parler de mon cancer. Il faudrait me tirer les vers du nez.
« Vous savez, il n’y a pas grand-chose à dire sur moi… Je suis médecin aux urgences dans cet hôpital, j’y passe beaucoup de temps et… voilà. Je suis navré, je gaspille votre temps pour rien. » M’excusai-je, embarrassé, en croisant les doigts que je fixai.
Quelle idée de vouloir me faire consulter un psychiatre, non mais franchement ? Ça n’était pas ça qui allait me faire arrêter la clope. Rien ne pourrait y parvenir. Quant à accepter mon cancer… j’étais certain que c’était une erreur médicale, une vilaine toux qui se faisait injustement inquiétante. Tout ce bazar allait passer. Cela devait passer…
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Dim 18 Nov - 17:22
Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison
Blake & Michael
Son regard était fuyant comme si mon patient n'osait pas me regarder. Pourtant, je n'avais pas l'air intimidante ; du moins, c'était ce dont j'étais certaine. Je ne comprenais donc pas la raison pour laquelle ce jeune homme préférait fuir mon regard. Mais ce n'était pas une chose dont je me formalisais, préférant me concentrer sur la consultation. Nous rentrâmes alors dans mon bureau et pendant que je prenais place sur ma chaise, sortant un nouveau dossier, je l'invitais à s'asseoir. Il valait mieux qu'il soit à l'aise et puis, je n'allais quand même le forcer à rester debout. Ça aurait été contraire à mon éthique, car premièrement, ce n'étais pas professionnellement et que secondement, Michael était censé avoir un cancer ; cancer dont il était censé venir parler avec moi.
Pendant que je l'observais en silence, son regard examinait la pièce. Il était beau garçon, c'était certain. Néanmoins, il semblait muré dans son silence et j'attendais qu'il parle. Après tout, c'était lui que je devais aider, pas l'inverse. Il était le " patient ", j'étais la psychiatre, même si contrairement à mon habitude, cet inconnu était celui qui commençait la conversation. Il me pose une question toute simple, légèrement personnelle, mais c'était un bon début.
« En effet, je suis new-yorkaise et comme vous pouvez le voir sur les photographies, extrêmement fière de l'être. » Répondis-je en fixant les photographies dont il était question.
Je n'aimais pas parler de moi, mais en l'occurrence, avouer d'où l'on vient n'est pas vraiment un secret, surtout quand on est fier de sa ville d'origine. De plus, si ça pouvait l'aider à me parler, la consultation se passerait bien. Puis, il continua à parler, ce qui me facilitait la tâche. Je n'aurais pas à lui tirer les vers du nez ; du moins, je pensais que ce ne serait pas le cas. Mais d'après ses propos, je pouvais deviner que lui faire parler de sa maladie ne serait pas chose aisée, surtout quand le patient en question était plus intéressé par le fait d'observer ses mains plutôt que de dialoguer avec la personne qui pouvait l'aider.
« Je suis persuadée que vous avez d'autres choses à dire sur vous, surtout que je savais déjà quel était votre métier. Vous ne gaspillez pas mon temps. Au contraire, du temps, j'en ai à revendre. Et comme mon métier est d'en apprendre plus, je compte bien vous faire parler. » M'exclamai-je avec un petit sourire.
J'étais décidée à le faire parler, même si cela devait me prendre du temps. Après tout, c'était mon métier et je n'abandonnais jamais avant d'avoir des réponses, des résultats concluants. J'étais têtue à juste titre et j'avais espoir de l'être assez pour parvenir à faire parler ce jeune homme.
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Mar 20 Nov - 9:56
« Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. »
Une chose était sûre : ça n’était pas en tournant autour du pot que j’allais pouvoir me sortir de ce pétrin. Mon regard se posa un instant sur l’horloge suspendue au mur. Ça faisait à peine cinq minutes que j’étais là, assis sur ce divan, psychologiquement à la merci de cette femme. Bon, le mot est certainement fort, mais j’étais suffisamment angoissé pour ressentir les choses sous cet angle. Lâchant un soupir, je décidais finalement d’abdiquer.
« Bon, je suppose que c’est de ce foutu cancer dont je dois vous parler… »
Non, tu crois… ? En clair, cela méritait un peu plus de précisions.
« Vous savez, ce… ce n’est pas grand-chose. Je vais suivre un traitement et puis c’est tout. Enfin… me connaissant je ne vais pas être trop rigoureux là-dessus. Je vois tous les jours des cas qui sont pires que le mien, alors… »
Alors ça n’était pas une excuse, mais la réalité était surtout que je me contrefichais de la santé ou de la maladie. De la vie ou de la mort. Malgré mon métier j’avais une existence des plus pitoyables : des amis qui se comptent sur les doigts d’une main, plus aucune famille et une dépression qui avait pris forme très tôt et qui s’était développée avec le temps. Et avec ça je n’avais pas fumé une seule cigarette depuis ce matin, sensation de manque se laissant dès lors ressentir par un tremblement des mains et une difficulté à tenir en place.
« En tout cas, si vous avez deux ou trois astuces pour arrêter la clope, je suis preneur. » Lui dis-je sans trop y croire.
Elle n’était pas tabacologue, et de mon côté j’avais fuis tous les sujets qui tiennent de près ou de loin à l’arrêt de la cigarette, ne me sentant pas prêt à stopper ce rituel mortifère. Je n’étais pas plus prêt aujourd’hui, mais au moins je donnais le change…
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Jeu 22 Nov - 22:41
Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison
Blake & Michael
Les minutes me passeraient longues, trop longues. Mon nouveau patient observait la pièce, n'étant pas vraiment décidé à parler. Quant à moi, je l'observais, cherchant à l'analyser comme j'avais l'habitude de le faire avec mes autres patients. J'étais une personne très observatrice ; une qualité qui m'était vraiment utile dans mon travail. C'était primordial d'avoir une certaine capacité d'observation lorsque l'on était psychiatre. C'était pareil pour les psychologues, même si leur travail différait du mien. Au bout d'un moment, il fini par se remettre à parler, comprenant qu'il devait parler de son cancer.
« En effet, Monsieur Greystone, c'est à cause de ça que nous sommes ici, alors il faut qu'on en parle. »
Apportant des précisions, le médecin essaya de m'embobiner en me faisant croire que ce n'était rien, mais c'était tout le contraire. Un cancer n'était pas une chose qu'il fallait prendre à la légère, jamais. Cette maladie vous pourrissait la vie, pouvant entraîner la mort, alors il était impératif de suivre un traitement.
« Bizarrement, je ne vous crois pas. Si vous êtes là, c'est pour une bonne raison et si votre ami m'a appelé, c'est qu'il y a urgence et qu'en l'occurence, vous avez besoin d'aide. Ça tombe bien, puisque je suis là pour ça, mais je ne pourrais pas vous aider, si vous n'êtes pas honnête avec moi. Je me doute que vous n'avez pas l'intention de suivre un traitement, sinon vous ne chercheriez pas à m'amadouer en me disant ce que je veux entendre. Sauf que ça ne marche pas sur moi. Je suis psychiatre, donc j'ai l'habitude d'entendre des mensonges. Néanmoins, je finis toujours par arriver à mes fins, alors ce que vous essayez de faire ne sert à rien. » Lui expliquais-je avec fermeté, tout en le regardant dans les yeux.
Il avait l'air du genre têtu. Malheureusement pour lui, je l'étais encore plus.
« Chaque vie compte ; la vôtre, également. Il y a toujours pire dans le monde, mais ça ne veut pas dire que l'on ne doit pas penser à soi. » Lui dis-je de manière plus amicale, avec moins de fermeté.
Visiblement, il fumait, car il avait tous les dignes de l'homme qui n'avait pas fumé depuis un petit moment. Mon hypothèse fut confirmée lorsqu'il me demande si j'avais des méthodes, afin de l'aider à arrêter de fumer.
« Malheureusement pour vous, je ne suis pas tabacologue, alors je ne peux pas vous aider de ce côté-là. Et puis, je suis persuadée que même si je vous donnais le nom d'un praticien que je connais, vous ne vous y rendriez pas. Au vue de vos tremblements, vous êtes un grand fumeur et probablement, pas prêt à arrêter. C'est bien essayé, mais le mensonge n'est pas vraiment votre fort. »
J'avais assez d'expérience pour ne pas me laisser avoir par de tels discours, surtout lorsque l'on ne fait pas d'efforts pour paraître convaincant. Alors, je commençais à m'impatienter, ayant l'impression de perdre mon temps. Néanmoins, j'étais tenace et je n'abandonnerais pas de sitôt, même si les mensonges de mon patient me faisait perdre patience.
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Ven 23 Nov - 13:54
« Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. »
Je devais passablement l’agacer avec mes non-dits et mes trop nombreux silences. Si j’étais ici c’était pour parler dans le but qu’elle m’aide. Oui, mais à quoi si ça n’est à accepter mon cancer ? Je n’avais donc pas trente-six solutions…
« Vous avez raison, je vous demande pardon… » Abdiquai-je.
Quant à savoir si j’étais prêt à arrêter de fumer, je ne le savais honnêtement pas. C’était une habitude acquise depuis trop longtemps, une addiction ancrée en moi, qui me collait à la peau. Ça n’était pas par manque de courage, du moins je ne crois pas. De la bravoure j’en avais, le tout était de savoir pourquoi j’avais besoin de la nicotine à ce point, et qui sait : peut-être pourrait-elle m’aider, si elle me supporter encore. Je lâchai un soupir et cessai de fixer des yeux mes mains tremblantes pour déclarer :
« OK, je vais tout vous dire. J’ai commencé à fumer à l’âge de onze ans, et très vite c’est devenu une drogue. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai commencé, peut-être pour faire le kéké à l’école. J’aimais le geste, le goût et le calme que ça me procurer, moi qui suis un grand anxieux par nature. A cette époque-là je consommais un paquet par semaine, pas plus, faute de moyen essentiellement et parce que je n’en éprouvais pas le besoin. La mort de mes parents n’était pas prétexte à fumer, je pouvais m’en passer. Là où les choses sont allées plus loin c’est en intégrant la fac de médecine. Je travaillais d’arrache-pied à ce moment-là, entre les cours le jour et mon travail dans un fast food la nuit pour que je puisse me payer une piole d’étudiant ainsi que mes études. Là je suis vite passé à un paquet par jour, puis à deux pour faire face au stress qui était omniprésent. »
Je fis une pause, ayant quelque peu du mal à parler. Mais je sentais que je devais poursuivre.
« C’était ça ou les scarifications que je me faisais, mais j’ai préféré fumer toujours plus. C’était un moyen pour moi de me détruire bien plus encore. Quant à savoir si je suis prêt à aller voir un tabacologue, je ne sais pas si j’y arriver. Rien que l’idée d’arrêter ou de réduire m’angoisse et m’incite à vouloir fumer une nouvelle cigarette. La vérité c’est que je ne sais pas comment m’en sortir. Je suppose que me retrouver en couple pourrait m’aider à prendre soin de moi, mais je ne vois honnêtement pas qui pourrait vouloir de moi… »
Des opportunités j’aurais pu en avoir, mais je fuyais toujours de peur de me prendre dans la face un « tu n’es pas assez bien pour moi » ou d’autres paroles blessantes et humiliantes qui me rabaisseraient encore plus. Je n’avais pas besoin que l’on me réduise à l’état de sous-fifre, je le faisais déjà très bien moi-même.
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Ven 23 Nov - 21:07
Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison
Blake & Michael
Certes, j'étais agacée et cela se voyait probablement. Je n'aimais pas que l'on me mente ou que l'on me fasse perdre mon temps. C'était encore pire quand la personne qui faisait ça était l'un de mes patients. Heureusement pour moi, le jeune homme décida d'abdiquer, face à ma détermination. Il était vrai que je savais être tenace.
« J'accepte vos excuses, Monsieur Greystone. Mais il faut que vous compreniez que me faire perdre mon temps, ne vous fera pas avancer. » Lui expliquais-je après qu'il se soit excusé.
Un silence suivi mes paroles. Quelques instants plus tard, il soupira, avant de se remettre à parler. Visiblement, mon discours avait eu l'effet estompé et ça, ça me faisait plaisir. C'était une petite victoire, je le concevais, mais c'était toujours bien d'être victorieux dans la vie, surtout face à des patients aussi têtus que Michael Greystone. Il avait arrêté de fixer ses mains et ça, c'était une légère avancée.
J'écoutais ce qu'il me racontait avec attention comme je le faisais avec tous mes autres patients. Lorsqu'ils partageaient leurs histoires, il ne fallait pas les interrompre, afin de ne pas les brusquer, car cela pouvait les braquer ; une chose que tout psychiatre ou psychologique voulait éviter. Une fois qu'un patient se braquait, il était difficile de faire en sorte de le faire parler à nouveau et le lien patient-médecin s'en retrouvait briser. Je ne souhaitais pas que cela arrive avec Michael, car j'avais eu du mal à le faire parler, qu'il était réticent à l'idée de venir et que nous n'avions pas encore créé ce lien de confiance entre patient et médecin ; un lien très important, surtout dans le domaine psychiatrique.
Michael me raconta pourquoi il a commencé à fumer et que ses parents étaient morts. Il n'avait donc probablement plus de famille. Il avait, aussi, fini par me dire qu'il avait eu mal à payer des études et qu'il avait bossé d'arrache-pied pour devenir médecin. Ce que je constatais, c'est que mon patient avait eu de la détermination, mais ce qu'il me confia qu'il s'était scarifié, ce qui était préoccupant. Cela témoignait d'un besoin d'auto-destruction ; accepter son cancer n'était alors pas le seul problème de mon patient. Il allait falloir que je règle ça. J'allais l'aider à s'en sortir, ne pas le laisser se détruire à petit feu. C'était mon travail en tant que psychiatre et comme son histoire m'avait touché, en tant qu'être humain.
Alors, comme ça, Michael Greystone était célibataire. Ce n'était pas une chose que je voulais savoir, même si c'était un beau garçon. Néanmoins, ça pouvait m'être utile, car cela voulait dire que mon patient n'avait pas beaucoup de personnes sur qui il pouvait compter. Cela ne l'aidait donc pas à se sentir bien, à combattre ce besoin d'auto-destruction et à avoir envie d'arrêter de fumer, ainsi que de d'entamer un traitement contre son cancer.
« Vous savez, je pense que vous avez raison. Vous avez besoin de quelqu'un, d'une personne qui serait là pour vous aider. Cela vous permettrait de combattre cette solitude et vous donnait une raison de vous battre, car vous laissez mourir n'est pas la solution. Je refuse de vous laisser faire. Je ne veux pas avoir votre mort sur la conscience. Je ne suis pas comme ça. Je ne peux pas fermer les yeux. » Lui dis-je avec bienveillance. « Si je peux me permettre d'être honnête, je ne comprends pas comment vous pouvez être célibataire. Vous êtes un bel homme, très attirant. Normalement, vous devriez arriver à trouver facilement. Peut-être que si vous vous donniez la peine de chercher et d'ouvrir les yeux, vous rencontreriez une femme qui serait prête à vous aider, qui voudrait bien de vous. »
J'avais été honnête. Ce n'était pas très professionnel de dire à son patient qu'on le trouvait charmant, mais aujourd'hui, c'était pour la bonne cause. Ça pouvait l'aider et puis, ce n'était pas un mensonge. Peut-être qu'en lui disant ça, je lui avais remonté le moral ou lui avais redonné un minimum confiance en lui.
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Sam 24 Nov - 18:27
« Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. »
Visiblement elle ne semblait plus être irritée par mon comportement de déni. Nous étions donc tous les deux gagnants dans cette histoire : elle, elle pouvait faire son travail et moi je pouvais avancer sur le dur chemin de la guérison. Guérir d’un cancer, tout le monde le souhaite, mais faire les efforts pour y arriver, pour surpasser ses troubles obsessionnels et accepter en soi d’être malade, ça n’était pas là chose aisée. Pourtant, plus les secondes passaient, plus je parlais, et plus je ressentais en moi une sorte d’énergie étrange qui me poussait à vouloir aller plus loin.
Je lui confiais tous mes plus sombres secrets – enfin presque tous – du moins les plus importants, et j’appréciais qu’elle me regarde et m’écoute sans m’interrompre. Le faire m’aurait bloqué dans ma lancée. Je lui contais que je me sentais seul au monde en étant sans famille et pas particulièrement entouré d’amis. Je les avais quasiment tous perdus avec le temps, et il est difficile de s’en faire en travaillant au sein d’un hôpital où, je ne sais pourquoi, la compétitivité est de mise. Mrs. Blackwood m’avoua qu’elle partageait mon point de vue quant à la nécessité de posséder un réel entourage pour pouvoir avancer sur le chemin de la guérison. Elle ajouta que j’avais besoin de quelqu’un pour qui et avec qui me battre car me laisser mourir n’était pas la meilleure des solutions. A cela elle m’expliqua qu’il en allait de sa propre conscience, au-delà du médecin qu’elle était. Oui, mais qui allais-je trouver ? Je n’avais peut-être que peu d’amis mais ils m’étaient très chers et je savais que je pouvais compter sur eux. Oui, mais moi ce que je voulais c’était d’une personne partageant mon quotidien. Quelqu'un qui me donne une raison de me lever le matin, qui sache me booster et qui m’aime suffisamment pour savoir partager les coups bas avec moi.
Ce qu’elle me dit par la suite était tout sauf attendu. La psychiatre m’exposa son point de vue sur le fait que j’étais soi-disant un « bel homme, très attirant ». A cela elle ajouta que je devrais facilement trouver quelqu’un, ce qui m’étonna d’autant plus. Surtout venant d’une femme aussi belle qu’elle.
« Je… Je vous remercie, c’est agréable à entendre, même si je peine à le croire. Mais je vous fais confiance, je ne pense pas que vous me mentiriez, même sur ce point. Alors vous avez raison, je devrais peut-être chercher un peu plus et être sans doute moins exigeant, car il y a de cela aussi. J’ai toujours eu du mal à trouver quelqu’un car je place trop de critères. Le problème c’est que je serai tenté d’oser espérer une femme comme vous, mais je dois viser trop haut. »
Non, mais qu’est-ce que tu racontes, espèce d’andouille ?! Drague-la ouvertement aussi, pendant que tu y es !
« Excusez-moi, ça n’était pas ce que je voulais dire. Non pas que je ne le pense pas car vous êtes une très belle femme, mais c’était très déplacé de ma part. Décidément, je rate tout… »
J’espérais qu’elle ait une ouverture d’esprit suffisamment grande pour ne pas m’en vouloir et pour accepter ce compliment à sa juste valeur. Rêver d’une femme comme elle, c’était bien trop prétentieux. Elle était intelligente, altruiste, elle s’impliquait pour les autres et… elle était véritablement canon. Une chose qui ne m’aidait pas pour lui parler sans gêne. Non pas que j’aurais préféré un laideron, mais disons qu’une femme plus « classique », qui ne procure pas de convoitise aurait été bien plus accessible pour s’exprimer.
D’un autre côté j’essayais de m’apaiser en pensant qu’elle avait dû entendre mille fois ce que je venais de lui dire. J’étais pas le seul imbécile à passer par là, non ?
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Sam 24 Nov - 23:04
Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison
Blake & Michael
J'espèrais que mes compliments ne l'avaient pas troublé. Je n'avais fait preuve que d'honnêteté et même si ce n'était pas très professionnel, j'étais certaine que ça pouvait l'aider. Si ça ne marchait pas, tant pis, mais dans ce cas, j'espèrais juste que ça ne le ferait pas fuir. Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait des psychiatres complimentaient leurs patients, surtout sur leurs physiques. Ça ne posait pas de problèmes, non ?
Lorsqu'il se remit à parler, Monsieur Greystone commença sa phrase en bégayant ; un signe montrant que mes paroles l'avaient troublé. Heureusement, ce trouble s'effaça et il me parla normalement. Il était vrai que je n'étais pas du genre à mentir, surtout à un patient. La vérité était toujours préférable, même si elle pouvait s'avérer plus douloureuse qu'un mensonge. Nous étions enfin d'accord sur un point : il fallait qu'il abandonne sa solitude, afin de trouver quelqu'un qui pourrait l'aider. Mon patient m'avoue être exigent, ce que je trouvais normal. Il fallait avoir un minimum d'exigence pour ne se retrouver avec quelqu'un qui ne plaisait pas du tout ou qui n'était pas ce que vous imaginiez. Néanmoins, il ne valait mieux pas placer la barre trop haute, sinon on risquait de finir seul.
Soudain, ce fut le choc. Sa dernière phrase me prit par surprise. Il venait de dire qu'il aurait voulu une femme comme moi. J'étais choquée, car je ne m'attendais pas à ce qu'il me dise ça, surtout que je suis sa psychiatre. Dans un autre contexte, cela ne m'aurait pas dérangé, mais c'était déplacé de me dire ça au travail. Cela pouvait passer pour une tentative de drague. C'était la première fois qu'un patient osait me dire une chose pareille. J'étais flattée, bien entendu, car ce n'est pas tous les jours que l'on entend cela.
Michael continua à parler, semblant prendre conscience de ce qu'il venait de dire. Il s'excusa, puis me fit un compliment, pensant que j'étais une très belle femme. Décidément, je recevais une pluie de compliment, aujourd'hui. C'était flatteur, surtout venant d'un bel homme, mais je devais reprendre mes esprits, afin de lui répondre. Devais-je lui faire un sermon ou le remercier ? Je ne savais pas quoi faire, mais je devais choisir une solution très rapidement. J'optais alors pour ce qui me semblait le plus judicieux.
« Je vous remercie, Monsieur Greystone. C'est très flatteur de s'entendre complimenter ainsi. Habituellement, si ça m'était arrivé avec un autre patient, je l'aurais sermonné, mais dans le cas présent, je ne peux pas vous en vouloir, puisque je vous ai moi-même complimenté, même si l'intention était différente. » Lui répondis-je, avant d'avouer quelque chose. « Et puis, ce n'est pas tous les jours que je reçois de tels compliments, alors ça fait toujours plaisir, qu'importe la personne qui me complimente. »
Ce que je venais de dire était vrai. On me complimentait peu. De toute façon, je ne voyais pas qui aurait pû le faire. J'avais passé les derniers à me plonger dans le travail, afin d'oublier le passé et je commençais à peine à reprendre une ville nouvelle. Je me remettais à sortir, même si mes sorties étaient des plus banales : une petite dose de shopping, des balades nocturnes, des déjeuners dans un restaurant et des passages à la librairie. Rien qui ne pouvait amener quelqu'un à me complimenter. Il n'y avait personne dans ma vie, donc entendre des compliments à mon égard était la chose la plus rare du monde. Voilà pourquoi lorsque mon patient l'avait fait, je n'avais pas mal réagi. Un compliment, ça faisait toujours plaisir.
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Mar 27 Nov - 21:33
« Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. »
Visiblement, elle ne s’offusquait pas de mes remarques certes flatteuses, mais qu’elle pourrait considérer comme étant déplacées. J’avais peur qu’elle ne pense que je la draguais ouvertement, ce que je ne faisais pas. Du moins pas consciemment, et qui sait ce qui regorge dans mon inconscient… Elle seule pouvait le savoir, aussi je préférais me taire afin qu’elle ne lise pas en moi comme dans un livre ouvert. Soudain, j’entendis mon bipper se mettre à sonner. Aussitôt, je m’excusai :
« Je vous demande pardon, normalement j’étais libre aujourd’hui mais visiblement le devoir m’appelle. Cela ne vous ennuie pas si nous écourtons la séance ? »
J’éteignis l’appareil, et ajoutai :
« Je ne connais pas encore mon emploi du temps. Vous savez, tout comme moi, qu’il est très variable. Est-ce que l’on pourrait se revoir… autour d’un petit-déjeuner à l’hôpital, demain matin ? »
Etrangement, ces paroles sortirent tout naturellement de ma bouche. Pas de filtre fait de timidité, rien. Peut-être prendra-t-elle cela comme étant un rencard, mais ça n’en était pas tout-à-fait un. Disons une prise de rendez-vous améliorée. Plus agréable et moins formelle que dans son bureau.
« C’est moi qui offre le café. » Plaisantais-je sincèrement en un sourire complice.
« En tout cas je vous remercie pour ce rendez-vous. J’ai conscience de ne pas être un patient des plus simples et des plus entêtés, mais je vous promets qu’à partir de ce jour je vais essayer de réduire ma consommation en cigarettes. Je ne garantis pas le succès de cette œuvre, mais au moins je tenterai, c’est juré. »
Quand je promettais quelque chose, je m’y tenais toujours. La parole était pour moi quelque chose de cher, d’inestimable. Ainsi, quand on la confiait à une personne, ça n’était pas pour rien. On s’engageait, nous et notre honneur, et ça n’était pas que dalle, parbleu (pour rester poli) ! Je quittai alors le cabinet, non sans lâcher un discret soupir. Cette femme m’avait marquée. En quoi, je n’en sais rien. Enfin si, ça beauté, certes, mais également… oui, sa forte conviction était si grande qu’elle donnait l’envie de se battre. Elle n’avait pas beaucoup parlé, mais ce qu’elle avait physiquement exprimé parlait pour elle. Elle était assez froide, et pourtant si douce. Si souple, et pourtant si dure. C’était comme ça que j’aimais que l’on me parle. Qu’on me secoue. Et le pire dans tout cela ? C’est que ça marchait. Alors oui, j’allais la revoir, si elle le voulait bien. Oui, j’allais me battre, et vaincre ce foutue crabe. Il ne fallait pas laisser la maladie gagner le pas sur tout ce que je suis, et sur tout ce que j’ai construit si ardemment.
En tout cas, une chose était certaine : j’étais remotivé à bloc. Et ça n’était pas grâce à moi. Mais grâce à elle. En quelques minutes, elle m’avait reboosté, et ça n’était pas rien. Il en fallait pour y arriver, et elle y était parvenue.
Sujet: Re: « Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison. » Blake (#) Mer 28 Nov - 0:01
Qui se confie trop court le risque de se repentir avec raison
Blake & Michael
Finalement, la séance semblait avoir été globalement correcte. J'avais réussi à faire parler ce cher médecin, alors qu'il avait été réticent à l'idée de se parler. C'était une victoire, encore une. Toutefois, je ne savais pas si mes discours avaient eu un quelconque effet sur Monsieur Greystone et ça, je ne pourrais pas le savoir tout de suite. C'était quelque chose qui m'intéressait, car j'aimais savoir si j'avais été d'une quelconque utilité. Habituellement, je parvenais à le savoir plutôt facilement, mais avec ce patient, c'était plus dûr. Il ne me restait donc qu'à attendre. J'étais perdue dans mes pensées, lorsque son bipeur se mit à sonner, signalant que les urgences avaient besoin de lui. Me faire interrompre en plein rendez-vous n'était pas agréable, mais si c'était un médecin, je parvenais à comprendre pourquoi une séance devait s'écourter. Et là, c'était le cas. Il s'excusa alors, avant de me demander si l'on pouvait écouter la séance.
« Cela ne m'ennuie pas, Monsieur Greystone. Je ne vais quand même pas vous retenir ici, alors que vous pourriez passer les prochaines minutes à sauver la vie de quelqu'un. Je suis loin d'être sadique et je m'en voudrais si j'étais responsable de la mort de l'un de vos patients. De toute façon, je pense que nous avons assez parler pour cette séance. » Répondis-je avec un large sourire.
Mon patient éteignit l'appareil, avant de s'adresser à moi pour me demander s'il était possible que l'on se voit le lendemain, autour d'un petit déjeuner, avant de plaisanter en disant qu'il m'offrirait le café.
« Bien sûr. C'est tout à fait possible. Si c'est vous qui offrez, ça me va, même si je ne bois pas de café. Ce n'est pas vraiment mon truc. En tout cas, c'est très aimable de votre part. » Indiquais-je, sans perdre mon sourire.
Mon sourire témoignait de ma bonne humeur. Si mon patient souhaitait un autre rendez-vous, cela voulait dire que ses réserves n'étaient plus aussi présentes et qu'il acceptait mon aide. J'avais donc bien fait mon travail ; du moins, encore fallait-il que cela porte ses fruits. Michael ajouta qu'il me remerciait pour ce rendez-vous, puis me jura de réduire sa consommation de cigarettes. Cela me fit un certain choc. Je ne savais pas que mon discours pouvait être assez efficace pour donner envie, à un patient sceptique, d'arrêter de fumer autant qu'il le faisait.
« Tout le plaisir est pour moi. Vous en aviez besoin et ça fait partie de mon travail, alors vous n'avez pas à me remercier. C'est vrai que vous n'avez pas été facile à gérer au début, mais finalement, vous avez parlé et c'est la chose que je retiendrais de cette séance. Des patients difficiles, j'en vois quasiment tous les jours, mais c'est bien la première fois que l'un d'entre eux me promet quelque chose après seulement une séance. Néanmoins, j'apprécie le fait que vous ayez décider de prendre l'initiative de réduire votre consommation de tabac. J'espère que vous tiendrez votre parole, car pour moi, une promesse est sacrée. C'est quelque chose d'important. »
Sur ces mots, le médecin quitta mon cabinet, afin de régler l'urgence pour laquelle il avait été appelé. Je refermais le dossier quue je venais de créer sur Michael Greystone, avant de le ranger dans l'un des tiroirs de mon bureau. Cette séance avait été productive et j'avais hâte de me rendre à celle du lendemain. J'étais déterminée à l'aider, puisqu'il avait l'air d'avoir envie de se battre ; une chose que je pensais impossible, au début de la séance. C'était inespéré. J'étais fière de moi et j'espèrais que mon patient tiendrait sa promesse, car le tabac avait un énorme impact sur sa santé. Je me méfiais, même si son attitude m'avait inspiré confiance, à la fin du rendez-vous. Je n'aimais pas être déçu, surtout par mes patients, alors j'attendais de voir si cette promesse se concrétisait. J'avais bonne espoir que cela soit le cas. Après tout, j'avais bien réussi à le faire changer d'avis sur la nécessité de se battre ; du moins, c'est que je pensais avoir fait. Seul le temps pourrait m'aider à savoir si j'étais parvenue à faire mon travail correctement.