un poème jamais ne valut un dîner ~ odessa

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Un poème jamais ne valut un dînerC'est le grand soir. Je frétillais d'impatience en attendant que la nuit tombe enfin pour retrouver ma belle. Je lui avais proposé d'aller dîner en tête à tête dans le courant de l'après-midi. Les choses se sont mal passées avec le père de Roméo et je me suis dis que ça pourrait lui changer les idées. J'imagine qu'il faudra aborder le sujet pendant le repas et de toutes manières il faudra bien briser la glace à un moment ou à un autre, alors autant le faire maintenant. Je n'ai pas encore pris mes repères en ville, alors j'avais passé une bonne heure de ma journée à chercher LE restaurant idéal pour faire plaisir à Odessa. Ce soir on fête tout de même quelque chose, alors je ne voulais pas baisser les bras et l'inviter à manger indien, ou thaï ou quoi que ce soit d'autre, non. J'ai essayé de bien faire les choses, chacune à son rythme, et j'avais trouvé un restaurant gastronomique en plein centre-ville. J'espérais lui faire plaisir et que l'on finisse la soirée sans prise de tête. Vingt-heures sonnent, elle ne devrait plus traîner. La température est tombée en flèche en moins d'une semaine et je préfère aller attendre à l'intérieur. C'est un chouette restaurant, au toit incliné et vitré, comme une vieille usine, et aux tables plongées dans l'intimité sous des porches. La lumière n'est pas trop vive, ni trop faible, c'est... c'est comme une espèce de cocon. Ça va plaire à Odessa. On prend mon manteau, on m'indique la table que j'avais réservée et je m'installe. Je demande un verre d'eau pour patienter, puis je profite d'être encore seule pour réfléchir à la façon dont les choses ont bien pu se dérouler avec le père du petit. Je suis assez inquiète à l'idée d'en parler, je sais que les choses s'annoncent mal et je me dis que si Odessa lui a parlé de moi, ça ne fera qu'envenimer les choses. Pour nous, mais aussi uniquement pour moi. Il va probablement vouloir m'évincer pour récupérer son enfant. Ou alors il ne veut simplement pas faire le test, et dans ce cas, je ne vois pas vraiment quelle solution se présente encore à nous. Je suis consciente que les ennuis ne font vraiment que de commencer et je me retrouve plus ou moins à court d'idées pour tout arranger. Peut-être simplement parce que ce sont des problèmes qui ne me regardent pas. Peu importe comment se déroulent les choses, se sera toujours son fils avant d'être le miens. Je regarde l'heure sur mon téléphone, impatiente de voir ma fiancée, et aperçoit rapidement mon reflet. J'ai essayé de me faire présentable, plus que d'habitude. Odessa me voit plus souvent avec des pulls en tout genres, mais rarement en robe, maquillée au détail près. Elle risque d'être étonnée en me voyant, mais ce soir, tout compte. Je la vois entrer dans le restaurant, et je découvre les dents dans un sourire en me levant pour l'accueillir à bras ouverts. Enfin. « Salut ma puce. Je suis heureuse de te voir. » Je viens me coller contre elle et l'embrasse tendrement.© 2981 12289 0

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De mauvaise humeur, c'est le moins qu'on puisse dire. on pourrait même pousser plus, je suis a bout de nerf. Pourtant la journée avait si bien commencé. Comme quoi il ne faut pas grand chose pour tout changer. Enfin, je crois que cette engueulade avec Roman, le père de mon fils était un peu plus que pas grand chose. J'essaye de ne plus y penser, mais je n'y arrive pas. Comment je pourrais en même temps. Je suis venue pour avoir l'aide de Roman, tout ce que j'obtiens c'est de me prendre la tête avec lui comme jamais je ne me suis prise la tête avec quelqu'un. Et il fallait que ce soit avec la seule personne susceptible de m'aider à soigner mon petit bout. Parfois je m’insupporte. Heureusement je connais une personne capable de supporte beaucoup venant de moi. Ma belle Elsa, ma toute fraîche fiancée. C'est pour ça que je suis en train de la rejoindre au restaurant pour une soirée en tête à tête. Je ne sais même plus quand on est allez au restaurant pour la dernière fois. Avec Roméo et tout ce qu'il s'est passé notre couple a eu moins de temps. C'est le moment de se rattraper. Pourtant je sais que la conversation vas tourner autour du sujet qui prend toute notre vie en ce moment. J'ai déjà dit à Elsa que ça c'était mal passé entre Roman et moi, après tout on ne se cache rien. Je suis un peu nerveuse quand je prend la route pour la rejoindre. je sors de l’hôpital, j'ai passé un long moment avec mon petit garçon pour me calmer un peu. En vain, le voir m'a cruellement rappelé que je n'avais pas le luxe de me brouiller avec Roman, je le mettais en danger. J'allais devoir ravaler ma fierté. En attendant j'allais me rassurer un peu après de ma belle rousse. De ma magnifique rousse même. en rentrant dans le restaurant je fus aussitôt stupéfaite, je n'avais pas l'habitude de la voir ainsi. Enfin en robe quoi, ce n'était pas trop son style. Je me sentis ridicule moi. Je n'avais même pas pris la peine de retoucher mon maquillage. Et vu l'après midi que j'avais passé, j'en aurais bien eu besoin, j'avais une mine affreuse. A côté de ma compagne j'avais encore plus l'impression de sortir du lit après une sieste d'une semaine. Je vais quand même dans ses bras et lui rend tendrement son baiser. Je me blottie de plus belle contre elle, après cette journée pleine d'émotion ça me fait du bien. J'attends un moment avant de me reculer doucement et la détailler des pieds à la tête « Tu es vraiment splendide ma chérie » Elle l'est tous les jours, soyons clair mais elle a clairement fait énormément d'effort ce soir. Je rougis face à ce constat, ce n'est clairement pas mon cas, pourtant je dis que je veux tout faire pour que mon couple aille mieux, je devrais en faire un peu plus pour lui prouver. Je murmure alors « Je suis désolé, j'ai une mine affreuse moi »

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Un poème jamais ne valut un dînerJe souris lorsqu'elle me complimente. Ce sont des petits détails mignons qui ont parfois tendance à se perdre dans la mêlée dans laquelle on vit en ce moment. J'incline la tête pour la remercie, et parce que je me sens légèrement gênée, qu'on se l'avoue. Elle s'excuse alors de ne pas s'être apprêtée pour ce soir. Je la serre un peu plus fort contre moi et lui chuchote à mon tour « Ce n'est rien. On aura qu'à tirer les rideaux. Je la recoiffe gentiment et regarde un instant son visage en le prenant entre mes deux mains. Superbe. » Je dépose un baiser sur ses lèvres et file m'asseoir à ma place. Je prends une gorgée de mon verre d'eau pour lui faire remarquer que je ne bois pas d'alcool, malgré le fait qu'il y ai des raisons de boire ce soir. Je joins mes mains sur mes jambes et la regarde, simplement. Je pense qu'en faisant abstraction de certains points, on pourrait bien passer une magnifique soirée. La plus belle qu'on ai passée depuis des lustres. J'essaye de me remémorer la dernière fois que nous sommes allées au restaurant. Je me demande si ce n'était pas pour l'anniversaire de Roméo, avant qu'il ne tombe malade. C'est dire. « Je ne voulais pas trop en faire, mais je ne voulais pas non plus t'emmener manger jap'. J'espère que le cadre te plaît. ». La table est située dans un renfoncement du mur, permettant au petit couple d'être isolé tout en restant cependant en contact avec la salle. Je lui souris gaiement puis arrive le serveur qui nous propose de boire quelque chose avant le repas. Je jette un regard à Odessa pour la laisser choisir puis enchaîne en demandant pour une espèce de cocktail sans alcool. Une fois celui-ci parti, je regarde ma chérie. « Alors. » Je marque un temps avant d'enchaîner, puis prend une grande inspiration. « Est-ce qu'on commence par les bonnes ou les mauvaises nouvelles ? » Je la fixe droit dans les yeux, parce que mine de rien, les nouvelles se font attendre. Elle comprendra cependant sûrement que j'ai des nouvelles à apporter aussi et que, puisque les siennes sont mauvaises, les miennes sont bonnes. Je ne cherche pas à la mettre mal à l'aise, surtout pas ce soir, mais je crève d'envie de savoir ce qui s'est dit et ce qui va se passer pour nous pour les jours voir les semaines à venir. Je ne devrais peut-être pas autant insister, je sais que ça ne va pas me plaire ; ce que je ne sais pas encore, c'est à quel point. Après un instant d'hésitation, j'entre-ouvre la bouche et finit par dire « Tu sais quoi ? Attendons un peu pour les mauvaises nouvelles. » Je prends une gorgée de mon verre d'eau, espérant qu'elle soit d'accord avec moi. © 2981 12289 0

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Je ne réagit même pas devant sa petite blague avec les rideaux, je ne suis pas vraiment d'humeur. En temps normal j'aurais fait mine de bouder, mais je n'ai pas envie avec ma belle. Je la laisse toucher ma coiffure. Je la sers brièvement contre moi, profitant de sa présence qui me calme un peu. Pas beaucoup, je ne peux pas me faire à l'idée que j'ai bousillé ma seule chance de sauver Roméo. Je m'installe en silence à table écoutant ma belle me raconter qu'elle a choisit ce restaurant car elle voulait mieux que les sushis. Je hoche simplement la tête, ce restaurant me convient très bien. En fait tant qu'on mange dehors ça me vas, Elsa cuisine très bien, manger à la maison ne me dérange pas en général mais là j'ai vraiment besoin de me changer les idées. Alors je remercie silencieusement ma jolie Elsa de m'avoir aidé à me changer les idées. Un minimum en tout cas. Je termine de m'installer quand ma belle attaque sur le sujet qui nous intéresse. Elle veut savoir ce qu'il s'est passé, je m'en doutais, je pensais simplement avoir au moins le temps de commander avant de me lancer dans l'explication du désastre. Je joue nerveusement avec ma fourchette, une façon comme une autre d'éviter de discuter. Mais je ne pourrais pas le faire éternellement « Une catastrophe » Voilà le résumé parfait de cette rencontre. Elsa continue son interrogatoire. Elle me demande alors si je vais commencer par les bonnes ou les mauvaises nouvelles. Je ne peux pas vraiment le faire. Je n'ai pas de bonne nouvelle à lui annoncer. J'ai beau cherché, il n'y en a pas. Roman et moi nous sommes engueulé. Roméo s'est même réveillé pendant quelques secondes. On pourrait penser que c'était une bonne nouvelle, mais ce n'est pas le cas. Il avait tellement mal, j'ai du lui donner de la morphine pour qu'il s'endorme de nouveau et qu'il ne souffre plus. Je ne sais pas comment le dire à Elsa. Comment lui annoncer que toute mes nouvelles sont plus catastrophique les unes que les autres. Je ne sais pas, alors je préfère ne rien lui dire. Ma fourchette continue de danser entre mes doigts et je fuit le regard de ma fiancée. Heureusement, je crois qu'elle comprend. Elle chasse l'annonce des mauvaises nouvelle. Enfin, elle les remets à plus tard. Mon silence lui répond un moment avant que je finisse par dire « Je n'ai pas de bonne nouvelle Elsa ... » A quoi bon mentir. Je n'ai rien de joyeux à lui apprendre alors je demande « Et toi? » On ne sait jamais, un miracle est possible de son côté, peut être qu'elle a gagné au loto ou je ne sais pas moi, on peut toujours rêver.

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Un poème jamais ne valut un dînerJe ne sais même pas quoi lui répondre. Plus le temps passe auprès d’Odessa et plus je me dis que la soirée va être longue et éprouvante. D’après ses dires, la rencontre a été une catastrophe. Elle me dit ensuite qu’elle n’a pas de bonnes nouvelles et me demande si, par hasard, j’en ai. Bien sûr que j’en ai, mais est-ce que ça vaut vraiment la peine d’en parler maintenant qu’on en est là ? Je ne sais même pas si j’en ai encore envie. Je me dis que ça ne servirai plus à grand-chose. J’entre-ouvre la bouche avant de me raviser et baisse simplement la tête un instant, à la fois attristée et déçue. J’avais voulu bien faire mais maintenant je me dis que ce n’était peut-être pas le bon soir. Je joint mes mains sur le bord de la table puis la regarde jouer avec ses couverts en silence. J’attends. Je ne sais pas quoi, mais j’attends. Plus le temps passe et plus ce silence m’effraye. Je prends parfois de grandes inspirations lorsque je suis anxieuse, alors ne pour ne pas avoir à faire une scène, ce soir, au beau milieu du restaurant, je finis par vider mon sac. « L’hôpital me garde. Je vais pouvoir prendre soin de Roméo. C’est ma bonne nouvelle. » Et pourtant, même maintenant, ça ne me fais rien ; on a laissé partir la magie du moment, et nous voilà murées dans notre tristesse, et probablement condamnées à passer une soirée pleine de larmes. Je renifle, comme si les larmes me remontaient aux yeux, puis je détourne un instant la tête vers la salle, histoire de ne pas infliger ce moment de faiblesse à Odessa ; je préférerais autant aller m'isoler pour ça. Je ne veux plus m'aventurer sur cette rencontre avec le père ; plus j'y pense, et plus je me dis que les choses vont mal se terminer, parce que plus personne ne contrôle quoi que ce soit. J'essuie mes quelques larmes mêlées de maquillage du bout des doigts, puis souffle un coup. « On peut rentrer, si tu préfères, tu sais. Je ne t'en voudrais pas. » Je m'énerve, toute seule dans ma tête, à ne pas trouver les mots justes, à ne pas savoir quoi faire, comment réagir, et mes mains se crispent rien que d'y penser. Je patiente encore, aussi calmement que la situation et mon anxiété me le permettent, et j'essaye de penser à Roméo. Je demande alors à ma belle dans un chuchotement « Le petit, il était là quand ça a mal tourné ? » Par pitié. Par pitié, dis-moi que non, il n'a pas besoin de tout ça. D'extérieur, j'essaye de faire bonne figure, ou du moins de recoller les morceaux, mais au fond de moi, toutes ces questions me font partir en vrille. © 2981 12289 0

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Je viens de pourrir la soirée, j'en prend pleinement conscience quand Elsa change de mine avec mes réponses. Et moi qui voulait penser à autre chose ce soir, moi qui voulait remettre notre couple sur les bons rails. C'est loin d'être gagné. J'ai l'impression que notre couple vas droit dans le mur. Je ne sais plus quoi faire. Alors j'essaye vraiment de faire des efforts. Car j'aime Elsa, vraiment. Je suis juste incapable de lui montrer convenablement et tout ce qu'il se passe avec Roméo ne laisse que peu de temps pour notre couple. Même ce soir, alors que nous sommes ensemble, le sujet revient. C'est normal, évidemment, c'est notre fils. Mais vu ce qu'il s'est passé avec Roman ce n'est pas la meilleure des choses. Les nouvelles d'Elsa sont meilleures que les miennes. Elle est prise à l'hopital. Je suis heureuse pour elle, je sais que traîner toute la journée à la maison commençait à lui peser. et elle verras plus souvent Roméo, le petit seras content et moi aussi. Je vais pouvoir croiser ma belle quand je passerait du temps avec mon petit bout. Pourtant quand elle m'annonce ça, j'ai l'impression qu'elle s'en moque. Et ça me fait mal. Alors j'essaye de laisser ma déprime du moment pour être joyeuse pour deux « C'est Roméo qui vas être content ! » Bon je ne sais pas vraiment s'il est assez réveillé pour se rendre compte de combien de fois il voit Elsa, mais ce n'est pas grave. J'ai envie de redonner le sourire a ma jolie Elsa. Mais ça ne suffit pas. Je vois qu'elle a les larmes aux yeux. Je me relève pour venir la prendre dans mes bras tout doucement. Je ne veux pas la voir dans cet état, ce n'était pas ce qui était prévu pour la soirée. On devait se remonter dans le moral. Passer un bon moment. Elle propose de rentrer. Ce n'est pas ce que je veux mais je vois qu'elle est en détresse. Alors si c'est ce qu'elle désire elle, je veux bien remettre cette journée à plus tard. Je l'embrasse tout doucement avant de murmurer « J'aimerais rester mais si toi tu le veux, je m'en moque un peu. L'important c'est que tu te sente bien » C'est comme pour Roméo, ce qui compte pour moi c'est son bien être. Et en parlant de bien être, Elsa se questionne sur celui de notre petit garçon. Je grimace à la question car ce n'est pas très bon. « Il s'est un peu réveillé ... mais je ne crois pas qu'il ai compris, il avait mal. J'ai du lui injecter une dose de morphine » Je détestait ces jours là. Ceux où la douleur prenait entièrement mon fils, me privant de moment important avec lui. Je retourne m'asseoir à ma place et prend la main d'Elsa par dessus la table. Mon doigt se met à caresser la bague de ma confrérie que je lui ai confié en tant que bague de fiançailles « Ecoute, si on profitait du repas et qu'on parle de tout ça après. J'ai vraiment envie de passer du temps tranquille avec toi »

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Un poème jamais ne valut un dînerLe serveur dépose les boissons ainsi que la carte des menus. Je repousse mon verre du bout des doigts et soupire un bon coup. En effet, Roméo seras sûrement ravi de me voir en blouse blanche. Je ne pourrais plus compter sur l'effet de surprise mais au moins je pourrais réagir en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire au moindre problème. Ça soulagera sûrement Odessa d'un poids, mais je sais qu'elle s'attend aussi à être mise au courant de tout ce qui pourra se dire sur le pronostic vital du petit et le moindre secret à ce sujet la mettrait en rage. Parfois, je me dis qu'une partie de notre complicité est due au fait que je veillais déjà sur Roméo lorsque l'on s'est rencontrées. J'ai toujours veillé à être franche avec elle vis-à-vis de la santé de son enfant, et à par quelques rares exceptions, je me suis tenue à ce principe. Elle se lève et me prend dans ses bras, alors étant en détresse, je la serre fort contre moi et, après quelques instants, je fais mine de ronronner. Elle m'embrasse, je lui rends ce baiser, et me propose de rentrer si ça ne va vraiment pas. Elle, elle voudrait rester. « Alors on reste. Il n'y a pas de soucis. » Je souris tant bien que mal à ma douce, puis lève mon verre pour trinquer avec elle. Si elle est partante pour essayer de réparer les dégâts, alors je le suis aussi, et de toutes manières je me suis donnée assez de mal pour que cette soirée se passe bien pour qu'on laisse tout tomber à l'eau comme ça. Elle m'explique que Roméo s'est réveillé, mais qu'elle a eu besoin de lui donner de la morphine. Je lâche une espèce de râle en roulant des yeux. Depuis qu'elle a compris comment ça fonctionnait, c'est à dire très tôt puisque toujours auprès du petit, Odessa a pris la mauvaise habitude d'augmenter sa dose de morphine lorsque Roméo avait mal. « Chérie... tu ne devrais pas faire ça, tu le sais. Ce n'est pas une solution durable. » Bien sûr, je conçois que voir son enfant souffrir est difficile, mais on ne peut pas continuellement le soulager en le droguant. Je caresse la main d'Odessa, pour lui faire comprendre que je ne la juge pas. « Je vais prendre soin de lui. Je te le promets. ». Enfin. Elle a raison, on devrait garder ça pour plus tard et profiter de nous retrouver avant que d'autres mauvaises nouvelles ne viennent nous troubler. Je souffle un grand coup le temps de reprendre mes esprits pour de bon. Allez, on a une soirée à sauver. Sur un ton ironique, je lui dis à mi-voix « Je suis désolée, mais je n'aurai probablement plus le temps de te préparer un repas tous les midis. En revanche, on pourra peut-être s'arranger pour aller manger ensemble. Qu'est-ce que tu en penses ? »© 2981 12289 0

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Je sens Elsa qui me rend mon étreinte et je sais que c'est ce dont elle avait besoin. Il se passe tellement de chose dans nos vies, je ne veux pas qu'elle se sente dépassé et qu'elle se laisse submerger par tout ce qu'on peut vivre. Je ne veux pas la voir triste ce soir. Notre vie est assez triste tout les jours. Alors on ne peut pas pleurer ce soir. On doit être bien ce soir. C'est bien qu'elle travaille de nouveau, c'est encore mieux qu'elle le fasse à l'hopital. Je sais que j'aurais toutes les informations qu'il faut sur mon petit garçon. En France, Elsa ne m'as jamais rien caché. Et je sais que ce seras pareil ici. De toute façon je ne lui pardonnerait pas si elle me cachait quelques chose sur mon fils. C'est trop important pour moi. Si j'apprenais qu'elle me cache une information essentielle, je ne pourrais jamais lui pardonner et encore moins lui faire de nouveau confiance. Je sais que je lui en demande peut être beaucoup. Elle est médecin, c'est son boulot, elle ne devrait pas avoir à tout le temps me dire la vérité. Elle a l'habitude et je sais bien qu'elle ne dit pas toujours tout aux autres parents. Parfois je suis injuste quand je lui demande de tout me dire. Mais c'est Roméo. Je ne suis pas raisonnable quand on parle de mon petit garçon. On ne peut pas me le reprocher. Je suis simplement une maman. Je veux que mon fils soit guérit. Qu'il ne souffre pas. Je sais d'ailleurs que je fais des bêtises. Elsa me le rappelle quand je lui raconte que j'ai encore injecté de la morphine à Roméo. Je voulais juste qu'il dorme, qu'il ne ressente plus cette douleur qui fait pleurer mon petit ange. 0ui je sais que le droguer n'aide pas, au contraire, plus je le fait, plus il risque de devenir accroc. Mais je ne peux pas rester sans rien faire quand mon petit bout gémit de douleur « Il avait vraiment mal Elsa » Et je ne pouvais pas rester sans rien faire. Alors oui je m'en veux un peu mais au fond je sais que si c'était à refaire, je recommencerait. Je hoche doucement la tête quand elle me promet de prendre soin de lui « Je te fais confiance, comme toujours » Personne ne prend plus soin de mon petit garçon que ma fiancée. Mais on change de sujet, on repart sur son boulot. Je prend un faux air outrée quand elle me dit qu'elle ne pourras pas cuisiner. « Mais je vais mourir de faim! Comment peut tu me faire ça ? » Mais je l'embrasse bien vite pour lui prouver que je me moque bien qu'elle ne cuisine plus autant. De toute façon je ne mange plus si souvent à la maison, je me suis même habitué à la nourriture affreuse de l'hopital, c'est bien un truc qui ne change pas entre la France et la Nouvelle-Zélande. Je m'écarte avant de lui répondre « Je vais aussi me remettre à la cuisine, après tout c'est toi qui bosse à moi de mettre la main à la pâte » Bon on sait toute les deux que ça vas être un désastre, je ne suis pas doué du tout derrière les fourneaux. Mais ce n'est pas grave, c'est l'intention qui compte. En attendant j'ai envie de parler d'un truc joyeux « Alors ma belle, tu l'imagine comment ce mariage ? »

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Un poème jamais ne valut un dînerLes choses ont l'air d'aller mieux. Pour moi, au moins ; elle m'annonce qu'elle risque de mourir de faim sans mes petits plats et s’apitoie sur son sort. Je lui tire la langue. « Avec un peu de chance tu trouveras de quoi tenir quelques mois dans les placards. Avec un peu de chance. » Je ne suis pas réellement fana de conserves et je pense que l'appart' regorge plus souvent de produits frais que de quoi que ce soit d'autres. Ça va sûrement changer, maintenant que je n'ai plus trop le temps pour ça mais je trouverai bien un moment pour me rattraper dans la semaine. Et puis, de toutes manières, elle ne sera probablement pas plus chez nous que d'habitude. Je sens au contraire qu'on va manger en petit comité tous les jours. « Où alors... on aura qu'à partager les soupes mutantes de l'hôpital. » Je ne mange jamais dans l'hôpital. Du moins, rien qui puissent provenir de ses cuisines ; je me souviens de mes premiers jours de travail à Lyon, j'avais finis par attraper la nausée et rien que d'y penser, ça me donne encore des frissons. C'est alors qu'elle annonce qu'elle se remettra sans doute à la cuisine. Je joint les mains au dessus de la table comme pour démarrer une prière, puis m'exclame « Hallelujah ! Je suis prête à manger le plus cramé des risottos si ça me permet d'éviter les immondices qu'on sert là-bas. » Je ris un bon coup, et je finis par penser que ce n'est peut-être pas le meilleur endroit pour parler des tortures gastronomiques que nous inflige l'hôpital. Odessa l'a bien compris aussi, et elle aborde le sujet du mariage. Elle me demande comment je me le représente, et je repose doucement les bras sur la table avant de tendrement lui sourire. « Ça me touche que tu m'en parles, tu sais ? » Je mime un baiser depuis ma place. Je sais qu'elle attend quelque chose de vrai et, qui au fond, ne sera pas si spontané que ça, alors je fais une croix sur une nouvelle touche d'humour. Mon plan d'aller à la mairie à dos de licorne tombe encore à l'eau ! Je m'abstiens de ricaner, puis, calmement, je lui détaille l'idée que je m'en fais. « Je voiiiis... je vois, je vois, je vois... quelque chose comme des couleurs harmonieuses, une touche de famille, un soupçon de "enfin, ce mariage se faisait attendre" et une bonne grosse pincée d'amour. Ce n'est pas du sel, alors je ne t'en voudrais pas si tu mets trop d'amour. Je m'imagine déjà te voir à l'autel, dans la plus belle robe que l'on ai jamais vue. Et toi, alors ? Tu auras sûrement des idées plus terre à terre. » Je pose ma main sur la sienne et attend patiemment sa réponse en lui adressant un regard plein d'affection.© 2981 12289 0

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Le drame est évité, pas de scène de couple ce soir. En tout cas pas pour le moment, pas dans ce restaurant plein de monde. On ne vas pas mentir, j'en suis soulagée, je n'avais pas envie de me retrouver sous les feux des projecteurs. Si dispute il doit y avoir, on seras mieux à la maison. Et je sais qu'il y aura une dispute, Roman veut reconnaître Roméo et je sais que si je laisse faire, Elsa ne pourras pas adopter mon fils. C'est pourtant la seule solution pour que Roman accepte de faire ce test. Mais je n'ai pas envie d'en parler maintenant, de toute façon elle le sauras assez vite. maintenant qu'elle vas passer plus de temps à l’hôpital, elle vas croiser mon ex un jour ou l'autre et ça je n'ai pas hâte que ça arrive. je connais la jalousie maladive de ma belle rousse, je sens déjà que ça vas mal passer, quand bien même je ne ressent plus rien pour Roman. Heureusement la discussion dévie sur tout autre chose, enfin on reste dans le domaine hospitalier, mais juste pour la nourriture. Je ris doucement quand elle dit que je trouverais de quoi manger dans nos placard. Elle sait aussi bien que moi que c'est faux. Elsa déteste tout ce qui est conserve et pour ma part avec mon régime alimentaire, ce n'est pas l'idéal. C'est fou le nombre de chose dans lesquels on peut trouver de la viande alors qu'il n'y a pas lieu d'être. « Si j'utilise ta technique, tu me retrouve morte dans trois jours ma belle » Je prends un sourire taquin « Mais c'est peut être ton but? » Quand à son autre solution, je ne la trouve pas mieux. Partager les repas de l’hôpital, déjà quand étant seule sur un plateau, j'avais encore souvent très faim, je n'imagine pas en partageant « Pas touche à ma soupe aux légumes inconnus! » J'en ai déjà vu de belle depuis que je suis passé végétarienne, mais ce que me sert l’hôpital, c'est du jamais vu de mémoire d'être humain. Alors la dernière solution est celle que j'ai proposé à mi-voix. Que je me remette à la cuisine, chose que j'ai abandonné depuis que nous sommes ensembles car Elsa est bien plus douée que moi. « Hey je crame pas toujours tout ! Des fois je fais des truc pas assez cuit aussi ! » Une chose est certaine, je ne ferais jamais de concours d'art culinaire. Heureusement ce n'est pas ce qui est prévu pour les prochains moi. Non c'est plus un mariage et c'est de ça que je veux parler ce soir. Alors je lui demande sa vision de notre mariage. grave erreur, voilà qu'elle s'emballe, un peu, beaucoup, beaucoup trop. Je l'écoute soudain effrayée. je n'ai définitivement pas la même vision de cet événement qu'elle. Quand elle me retourne la question je suis mal à l'aise. Je me mordille la lèvre. je ne veux pas la décevoir mais j'ai peur d'un trop gros mariage. Ma main se remet à caresser son anneau « Moi je pensais à un mariage intime, toi, moi et les personnes les plus importantes pour nous » je ne parle pas de famille car je doute sérieusement que mes parents sautent de joie à l'idée de ce mariage, tout comme le père d'Elsa, que je n'ai jamais rencontré d'ailleurs. « Et bien sur ce seras toi la plus belle en robe. Et le plus beau en costume ce seras mon petit bout adoré » Évidemment je veux que Roméo soit de la partie, c'est bien pour ça que je n'évoque pas la question de la date, j'ai bien conscience que ça risque de ne pas être pour tout de suite. « Je veux que ce soit en France évidemment. Tu sais dans la petite mairie du vieux Lyon trop mignonne »

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Un poème jamais ne valut un dînerJe l'écoute attentivement parler, alors qu'elle m'explique sa conception de ce mariage. J'ai entre-temps vissée ma tête dans le creux de ma main gauche, et un petit sourire moqueur me titille le coin des lèvres. Je ne m'en cache pas, puis adresse un clin d’œil à ma douce alors qu'elle parle. « J'avais cette même mairie en tête, ne t'en fais pas. Et ce sera un mariage simple et raffiné, en petit comité. » Cette mairie est dans un beau petit coin, et tranquille en plus de ça. Je vois bien qu'elle était gênée après que j'ai répondu à sa question. Tant mieux, c'était l'effet recherché ; tout comme Odessa, je n'aime pas les choses trop grandioses, et surtout pas lorsque je fais partie intégrante des acteurs principaux. Alors ce mariage sera célébré dans un cercle très fermé mais qui nous est très cher, et nous ne serons que trois à le célébrer s'il le faut. J'imagine que ses parents ne seront pas là et ça m'enlève un poids, à vrai dire ; ça n'a jamais marché entre nous. Je comprends pourquoi, c'est évident, alors je n'aborde jamais le sujet. L'atmosphère est plus détendue, maintenant, mais une espèce de boule au ventre persiste à me garder dans une zone d'inconfort. J'ai peut-être un peu trop de choses sur la conscience, en ce moment, et il faudrait que je pense à m'en décharger. Le fait de reprendre le travail joue aussi ; Odessa n'aura sûrement pas les mêmes attentes venant de moi, et j'aurai certainement à faire des choix qui ne lui plairont pas, mais j'ai aussi besoin de ce travail. Et d'être plus souvent auprès de Roméo. Je pense beaucoup à la façon dont les choses se passeraient si j'étais amenée à me retrouver nez à nez avec le père alors qu'il lui rend visite. Je n'ai pas envie de mentir, que ce soit à lui ou à moi-même, et je suis horrifiée à l'idée qu'Odessa puisse être là aussi le jour J. Plus tard, Elsa, profites de la soirée. Je dois avoir l'air ailleurs, alors je cligne grandement des yeux, comme si je venais de voir passer un fantôme, pour reprendre mes esprits. « Excuses-moi, j'étais... perdue dans mes pensées. » Avec tout ce qui arrive en ce moment, mes troubles de l'attention sont de plus en plus présents et j'ai vraiment du mal à garder le fil. Je ne m'en excuse généralement pas, je n'y suis pour rien, mais ce soir c'est différent. Je sais qu'Odessa voudrait que je sois attentive et que c'est un moment important pour elle. Et pour moi aussi, d'ailleurs. Inutile que je lui explique pourquoi cette absence, on en a assez parlé pour l'instant et je ne voudrais pas qu'elle s'en retrouve forcée de me donner des explications sur cette rencontre avec le père alors que nous n'avons même pas encore les couverts en mains. Il faut que je trouve quelque chose pour ne pas avoir droit à une espèce d'interrogatoire, alors je prends une gorgée de mon cocktail et murmure à ma belle que je pourrais bien passer le plat et la dévorer toute crue en souriant.© 2981 12289 0

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Un poème jamais ne valut un dîner

Les grands esprits se rencontrent de toute évidence . Elsa m'arrache un sourire tendre quand elle me dit qu'elle aussi voulait se marier dans cette jolie petite mairie. j’espère vraiment que ça pourras se faire, c'est la seule chose que je veux en fait. Lui dire oui dans cette ville où tout à commencé entre nous. la ville où nous serions encore si la maladie n'avait pas frappé. On serait peut être même plus que trois. je ne peux pas m'empêcher d'être triste en y repensant. il s'est passé tellement de chose cette année que beaucoup de mes projets ont été chassé d'un coup. Avant je voulais tellement un nouvel enfant, maintenant je ferais tout pour que celui que j'ai survive. Je sais aussi que ma vie ne seras plus jamais comme avant. Maintenant Roman sait qu'il est papa, il vas tout faire pour avoir sa place dans la vie de Roméo, c'est normal. Je le sais bien mais j'ai un peu de mal à me faire à l'idée. J'aimerais que notre vie redevienne celle d'avant. J'aimerais retourner à Lyon, bosser avec mes collègues relou et allez chercher Roméo à la maternelle, passer dans une boulangerie pour acheter un goûter et rejoindre Elsa au boulot. Mon regard se pose sur la jolie rousse tout aussi perdue que moi. ma main prend de nouveau la sienne et j'attends qu'elle atterrisse, ce qu'elle ne tarde pas à faire et heureusement pour moi. je lui sourit tendrement quand elle me dit qu'elle était dans ses pensées « T'en fais pas, j'y étais aussi. » Comme quoi on vas vraiment bien ensemble, toute les deux aussi facilement perdue dans nos rêverie. je me demande juste à quoi elle pensait mais je ne lui demande pas. si elle avait envie de me le confier, elle l'aurait fait. il faut aussi savoir laisser une part d'intimité à l'autre. Alors je ne lui demande rien, même si j'en meurs d'envie. je me contente de caresser sa main avec tendresse. Je la regarde boire, me demandant au passage si son verre est bien sans alcool, encore une chose que je ne lui demanderait pas. je vais boire à mon tour mais la phrase qu'elle me murmure à l'oreille me fait tout arrêter. Je lance un regard autour de nous, espérant que personne d'autre n'est pu entendre ce qu'elle vient de dire. heureusement non, nous sommes isolé et le serveur est trop loin. Je viens donc attraper sa lèvre inférieure et la mordille un instant avant de la relâcher pour répondre « Arrête de dire n'importe quoi ou bien je te kidnappe pour réclamer la suite dès maintenant »

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Un poème jamais ne valut un dînerSa façon de décrocher et la mienne sont différentes, même si on a je ne sais comment réussies à nous coordonner. Je suis comme ça depuis toute petite, j'avais à peu près le même âge que Roméo, je crois, d'ailleurs. J'ai du mal à me concentrer sur ce que je fais, le moindre son, le moindre mouvement, la moindre conversation me fait tourner la tête et c'est la principale raison pour laquelle j'ai du m'accrocher dans mes études. Ça, et parce que je me suis tenue une promesse à moi-même et à quelqu'un de très particulier des années auparavant. Je me demande ce qui pouvait bien se passer dans la tête d'Odessa ; cette femme est la seule qui arrive à me chambouler autant que mes troubles, j'ai envie de pouvoir la percer à jour à chaque instant, de m'incruster dans sa tête pour tout comprendre et pour savoir comment tout faire. Comment agir. Comment la rendre heureuse. Je lui adresse un sourire compatissant et imbibé de cette impression de "C'est pas grave" avant de prendre une nouvelle gorgée de mon cocktail. Une pensée me traverse la tête à cet instant et je me demande quel goût peut bien avoir l'alcool ; ça fait si longtemps, à tel point que je ne m'en souviens plus. Je ne dirai pas que ça me manque, au contraire, je ne pense pas que ça puisse me manquer un jour, ça m'a causé trop de soucis, à moi et à mon frère, et je finirai un jour par raconter ce passage de ma vie à Odessa. Je ne lui ai jamais réellement tout dit en ce qui concerne ma famille parce qu'il nous est arrivés pas mal de misères. Je regrette, d'ailleurs, de ne pas l'avoir fait plus tôt ; le contexte pour parler de ça n'est vraiment plus le bon, et je n'ai pas à en remettre une couche. Vraiment pas maintenant. J'évite les questionnements en lui sortant discrètement une nouvelle blague salace, ce qui ne manque pas de me faire rire ; ses réactions valent toujours le détour, elle est gênée et inspecte la pièce comme si elle était mouchetée de micros. Mais, à ma grande surprise, elle me répond, et quelle réponse ! Ce serait dommage de partir aussi vite, mais l'offre est alléchante. Je profite qu'elle soit encore penchée par dessus la table pour déposer un baiser sur ses lèvres puis je lui murmure « Arrêtes ton char, tu n'as pas besoin de me kidnapper. Il suffit de demander. Oh, et attention à ce que tu fais, la table d'en face nous regarde. » C'est faux, mais je sais qu'elle va se sentir idiote et je suis d'humeur à montrer que j'ai le dessus sur la situation. J'ouvre la carte laissée par le serveur et la pose comme un panneau sur le bord de la table. « Maintenant, tu peux faire ce que tu veux. » Mais si elle en a envie, il faudra le montrer ; je m'accoude sur la table et commence à regarder ce que peut bien nous proposer le chef tout en jetant quelques regards joueurs à Odessa, comme si il s'agissait d'un test. « Je mangerai bien un bout de viande, tiens. » Et me voilà affalée sur la moitié de la table, faisant mine de regarder ce qui peut bien m'intéresser au menu. J'essaye de me contenir pour ne pas rire, et ça s'avère vachement difficile, mais je tiens bon. « Je suis heureuse d'être là avec toi. » © 2981 12289 0

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Un poème jamais ne valut un dîner

Cette soirée commence à devenir intéressante. Mais je sais que je ne pourrais pas faire vraiment ce que je désire ici. Il y a trop de monde ici. Je déteste quand les gens me regardent. Je ne suis pas gênée d'être avec une femme, j'ai appris depuis un moment que je me moque du regard des autres sur ça. Mais on vas dire que je n'aime pas les démonstrations d'affection en public. Sauf quand je suis ivre, mais je ne le ferrais pas ce soir, je ne vais pas boire seule et encore moins face à ma belle Elsa qui ne peut pas ingurgité d'alcool. J'imagine la super soirée qu'elle passerait en me regardant enchaîner les verres. Mais ce n'est pas ce qu'elle subit ce soir. Non au contraire, je préfère l'embrasser et mordre sa lèvre. Mais je m'arrête soudain quand elle me dit que la table face à nous nous observe. Je me recule un peu avant de jeter un œil sur la fameuse table, qui n'en a visiblement rien à faire de ce qu'on peut bien faire devant eux. Je donne un petit coup de pied sous la table « Vilaine menteuse ! » Je la regarde, elle est fière d'elle en plus. Je fait mine de la bouder. Mais ça ne dure pas longtemps. Elle pose la carte pour nous protéger des regards extérieur et me déclare que je peux faire ce que je veux « Je n'ai plus envie » Oh c'est faux et on le sait aussi bien l'une que l'autre mais je ne veux pas la laisser gagner à notre petit jeux. Madame aime avoir le dessus, la plupart du temps je la laisse faire car ça ne me dérange pas de la laisser mener la danse. Mais pas ce soir. Je caresse sa main en souriant avant de l'embrasser de nouveau. Puis je me tourne vers la carte avec elle. Je recherche quelques choses d'appétissant mais j'ai bien du mal à trouver. Une grimace m'échappe quand Elsa déclare vouloir prendre de la viande. « Tout ça pour que je ne puisse pas piocher dans ton assiette » Car oui, hors de question pour de toucher à une assiette avec de la viande et Elsa le sait très bien, je suis végétarienne depuis des années maintenant. Mon pied s'amuse à caresser doucement sa jambe sous la table et je viens susurrer à son oreille « De toute façon le seul bout de viande que je veux ce soir se trouve en face de moi » Je me recule doucement et replie la carte avant de faire signe au serveur « Je te dirais bien que c'est réciproque, mais à me chauffer comme ça tu m'as donné envie de passer très vite la case restaurant pour atterrir sur la case salon. Alors commandons vite ! » Et c'est ce que je fais, dès que le serveur se trouve face à nous je lui déclare qu'on se passeras d'entrée pour directement commander mon plat laissant le soin à ma belle rousse d'en faire de même.

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Un poème jamais ne valut un dînerÇa a au moins le mérite d'être clair ; je vais être son dîner pour la soirée. Toujours affalée derrière la carte, je pivote lentement vers Odessa. « Ce sera peut-être pour une prochaine fois car aux dernières nouvelles tu es végétarienne, ma jolie. » Elle replie la carte et appelle le serveur tout en m'expliquant qu'elle est pressée de passer à la suite, alors je laisse mes coudes glisser le long de la table pour me rasseoir normalement. Je laisse ma belle commander avant d'enchaîner avec, comme prévu, de la viande. Je retire l'une de mes chaussures et me mets à mon tour à caresser la jambe de ma compagne du bout du pied. Il va nous falloir faire preuve d'une grande concentration pour manger calmement, je sais qu'elle ne va pas s'arrêter maintenant ; j'ai voulu jouer, elle va me faire jouer, et ce probablement jusqu'à ce qu'on soit rentrées. « Je sens que tu vas m'en faire voir de toutes les couleurs, mais s'il te plaît ma belle, pas de coups en douce ou je te jure que je te cloue à la table avec ma fourchette. » A ce moment, je me sens un peu idiote : je me dis que c'est en lui partageant l'idée qu'il y a le plus de chances que ça se produise, et là, je commence vraiment à penser que le repas ne vas pas être de tout repos. Tout en continuant de caresser la sienne, je croise les jambes et jette à Odessa un regard très expressif comme j'en ai le secret, comme pour lui dire de ne pas me défier. On a déjà eu de nombreux moments d'égarements comme ça, lorsque l'on est toutes les deux, mais celui-ci est différent ; comme si on se retrouvait réellement pour la première fois depuis des mois, et ça me fait un bien fou. Mais je suis aussi nerveuse : je regarde brièvement mon index posé sur la table et qui tapote lentement celle-ci à un rythme lent mais continu. Je n'oublie pas pourquoi je voulais réconforter ma belle en l'invitant au restaurant ce soir et je n'oublie pas non plus que les nouvelles sont mauvaises, voir très mauvaises. J'espère qu'Odessa ne profite pas de la situation pour se défiler par rapport à tout ce qu'elle aurait à me dire. On parlera de tout ça dans la voiture. Je secoue la tête, et voilà comment provoquer une nouvelle absence de près d'une minute ; entre-temps, j'ai arrêté de tapoter du doigt, mais pas de caresser la jambe de ma compagne. Je fixe mes yeux sur elle quelques instants avant de fuir son regard car à la fois désolée de ces absences et de ne pas profiter à cents pour cents de cette soirée. « Désolée, j'arrête de penser à tout ça. On en parlera sur la route. » Au moins, maintenant, elle sait à quoi je pensais plus tôt dans la soirée.© 2981 12289 0

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