I will follow you in the dark || ft. Roman

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I will follow you into the dark

Les études. Un mot qui ressortait, d’ordinaire, par les trous de nez de Logan. Elle avait tellement entendu ses parents « exiger » plus d’efforts de sa part. Et ils étaient encore plus rudes avec Laurel, du temps où elle était au lycée. Ceci dit, la jeune femme était plutôt contente de se rendre à l’université, ces derniers temps. Bien qu’elle ait pris ses affaires pour s’extirper du courroux parental, elle n’en demeurait pas moins toujours leur dernier enfant. Autrement dit : elle était devenue aussi fragile qu’un morceau de verre à leurs yeux. Une situation d’autant plus pénible que la jeune adulte recevait plusieurs texto par jour de sa mère, ainsi que de nombreux appels durant la semaine. Logan, elle, ne se sentait pas de tenir le rôle de « bouée de sauvetage ». Elle avait déjà trop à s’inquiéter de son propre chagrin pour porter en prime celui de sa mère. Hélas, elle n’était pas du genre à tenir tête ou à affirmer ses sentiments. C’est pourquoi, non sans agacement dissimulé, elle prenait le temps de lui répondre sans relâche, espérant que ça finisse par se dissiper.

Quoiqu’il en soit, après une journée bien chargée, Logan rejoignit la colocation en fin d’après-midi. Cependant, elle n’avait pas le temps de s’y attarder : elle cherchait du travail. Ainsi donc, elle enfila une tenue vestimentaire plus appropriée et s’extirpa de sa chambre, curriculum vitae sous le bras, pour postuler dans les différentes entreprises de la petite ville. Il faut dire que les opportunités ne manquaient pas forcément, mais la stabilité de l’emploi était moins assurée. Logan rêvait de décrocher un contrat à durée indéterminée ou au moins un pourcentage avec des horaires fixes. Hélas, tout ce qu’elle trouvait était ingrat, autant en salaire qu’en heures à effectuer. Toutefois, elle ne perdait pas espoir : elle finirait par y arriver. Il suffisait d’y mettre une bonne volonté !

En rentrant à l’appartement, en début de soirée, la jeune femme était lessivée. Au point où elle ne remarqua même pas que personne ne semblait vivre dans les lieux. Tout ce qui l’intéressait, sur le moment, était de prendre une bonne douche et de grignoter avant de se remettre à étudier convenablement. C’est donc d’un pas las qu’elle se dirigea dans sa chambre, prit ses affaires et s’enferma à double tour dans la salle de bain. Elle n’en sortit qu’au bout de presque une heure, les cheveux encore humides et attachés à l’arrache, vêtue d’un jogging peu élégant mais confortable. Autrement dit : le confort avant tout ! Ce n’est que lorsqu’elle plongea sa tête dans le réfrigérateur de la cuisine qu’elle entendit un bruit sourd, provenant d’une des chambres. Il ne lui fallut pas plus de temps pour se précipiter dans le couloir et remarquer, avec surprise, qu’il s’agissait sans doute de la seule pièce fermée : la chambre de Roman.

Le cœur tambourinant dans sa poitrine à l’idée qu’il se soit blessé, elle se précipita en toute hâte et frappa à la porte, espérant attirer son attention. « Roman ? Roman t’es là ? Tu vas bien ? » Mais le silence régna. Inquiète de ne pas l’entendre, Logan se mordit la lèvre inférieure et prit une profonde inspiration. « Je vais entrer. » Elle n’aimait pas pénétrer dans des lieux où elle n’était pas invitée. Surtout lorsqu’il s’agissait de Roman. Elle essayait de le laisser respirer au maximum. Alors, elle l’alerta de son entrée, au cas où il serait dans une mauvaise posture. Après tout, Logan était capable d’imaginer le meilleur comme le pire. Prenant son courage à deux mains, elle finit par se rendre dans la pièce « interdite ». Le spectacle qu’elle vit lui donna des sueurs froides. « Oh… » Souffla-t-elle, les yeux écarquillées.

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Les gardes ne se finissent jamais trop tard, afin de laisser le temps aux autres pompiers de s'installer avant une éventuelle intervention. Cela permet aussi à ceux qui quittent la caserne de se retrouver un peu plus tard et de se décontracter ensemble. Mais ce ne sont pas les plans de Roman. Sa soirée, il va la passer seul. Il en a besoin, surtout après ce qu'il a appris aujourd'hui. Sur la route qui le mène à la colocation, le jeune homme s'arrête dans une petite épicerie. Il en ressort avec plusieurs bouteilles d'alcool. Ce n'est pas ce que son foie souhaite, mais il s'en fiche royalement. La tête baissée, recouverte d'une capuche, il avance rapidement dans les rues d'Island Bay. Il ne souhaite qu'une chose : arriver vite chez lui et se renfermer dans sa chambre. L'avantage d'habiter en centre-ville, c'est qu'il y a tout à proximité de l'appartement et après quelques minutes dans un bus, il se retrouve enfin chez lui. Sans s'intéresser à la présence de ses colocataires, il fonce dans la seule pièce qui est uniquement à lui dans l'appartement. Pendant plusieurs heures, il enchaîne les gorgées d'alcool, allongé sur son lit. Parfois il pleure, parfois il crie. Cela ne semble déranger personne, il ne doit y avoir personne d'autres dans le logement. Dans un nouvel élan de colère, Roman attrape le cadre le plus proche de lui et le balance contre le mur d'en face. Peu de temps après, il entend quelqu'un derrière la porte. « Roman ? Roman t'es là ? Tu vas bien ? » Finalement, il n’était pas seul et s’il l’avait su, il aurait été plus discret. « Je vais entrer. » Dit-elle doucement. Il ne dit rien, il se relève simplement et passe sa main sur son visage pour essuyer toute trace de son craquage. La porte s’ouvre et Roman pose son regard sur la jeune femme. « Oh… » En rentrant, il a envoyé valsé beaucoup de choses dans sa chambre. Alors c’est plutôt le bordel ici. « Logan.. » Souffle-t-il. S’il avait pu, il lui aurait évité cette scène. Il s’était promis de la protéger, d’être fort face à elle. Mais là, il est clairement en position de faiblesse. « Tu ne devais pas voir ça. » Roman aurait tout rangé une fois la nuit passée, mais le cadre explosé contre le mur a été la goutte d’eau en trop. D’un signe de la main, il invite la jeune femme à entrer. Si Laurel était encore là, elle aurait été la première à qui il aurait parlé de cette histoire, mais malheureusement, elle n’est plus là pour ça. Et après elle, Logan est la seconde personne de qui il est proche. « Quand elle est partie, elle était enceinte. » Lâche-t-il comme ça, comme une bombe. Avant de se rendre compte qu’il manque quelques informations, que Logan va avoir besoin de plus de choses pour comprendre. « Odessa était enceinte. Je suis papa. » Roman a beau le dire à voix haute, ça reste toujours irréel. Il est le père d’un enfant de cinq ans et pourtant, il ne connaît rien de lui, il sait juste qu’il est malade et qu’il a besoin d’un don pour s’en sortir.

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Le désordre. C’est le premier mot qui est apparu dans l’esprit de la jeune femme, tandis qu’elle se tenait dans l’encadrement de la porte de la chambre de Roman. Il y régnait un amas d’objets, dont certains paraissaient fissurés, cassés ou même annihilés. Pourtant, dans le cœur de Logan, un autre mot vint lui fracasser le visage : le désespoir. C’est ce sentiment qui régnait dans cette pièce sombre. En un battement de cils, elle aperçut les cadavres de bouteilles d’alcool qui jonchaient le sol. Son nez se retroussa légèrement, entre tristesse et mépris. La surprise était violente pour elle. A en juger par l’état de la pièce, il s’était déroulé ici une scène sinistre. La question qui résonnait en elle était « Pourquoi ? ». Sans doute le saurait-elle, tôt ou tard. Ceci dit, elle était déconfite de constater que Roman avait, visiblement, abusé de boissons alcoolisées et mis à mal la plupart de ses affaires. Ce dernier s’excusa presque, à sa façon, en lui murmurant qu’elle n’aurait pas dû voir cette tragédie de mauvais film. Logan posa son regard sur son ancien voisin, devenu son colocataire, et haussa fébrilement les épaules. « Je… Ca ne fait rien. » Faux. Elle aurait eu envie de lui crier dessus, de lui demander quelle sordide idée lui était passée par la tête pour en venir à réaliser un tel bordel. Mais surtout, elle ne supportait pas de retrouver, ici-même, des souvenirs douloureux d’un passé qu’elle souhaitait enterrer à jamais. A travers cet incident, elle revivait son enfance, son adolescence, sa vie jusqu’à présent. Logan retrouvait son père, ivre mort, à tenir des propos incohérents tout en étant doté de mauvaise foi et d’une violence exacerbée. Heureusement, elle savait Roman plus doux – la plupart du temps. Il ne lui ferait jamais de mal. Elle en était totalement convaincue. Aussi, il lui proposa d’entrer d’un geste de la main. Sans résistance, elle s’exécuta et referma la porte derrière elle. Il était inutile que les autres membres de la colocation soient au courant de ce qui se déroulait en ces lieux. En s’approchant plus près de lui, elle remarque qu’il a sans doute dû pleurer. En tous cas, ses yeux sont rougis. Elle ne l’avait presque jamais vu ainsi. Presque… car il y avait eu l’accident de Laurel. Cependant, elle ne souhaitait pas repenser à son aînée maintenant. Elle avait mieux à faire : s’occuper de lui. Sans demander son avis, elle prit place à ses côtés et s’assied vers lui. C’est alors qu’il lance un début de bombe. Logan est abasourdie et ne comprend pas de qui il parle. « Q…quoi ? Qui ? » Balbutie-t-elle dans l’espoir d’obtenir de plus amples informations. Visiblement, il parlait d’une grossesse et d’une fille qui avait disparu de la circulation. Aurait-il eu une aventure avec Laurel ? Non, c’était impossible. Mais, sur le moment, c’est ce qui vint à l’esprit de la jeune étudiante. Fort heureusement, Roman leva bien vite le voile du mystère. Il ne s’agissait pas de Laurel, mais d’Odessa. Sa petite-amie d’il y a plusieurs années – et dont Logan avait été très jalouse en secret. Venant de recevoir une gifle en pleine tête, la brune ne trouva pas les mots pour s’exprimer. « Oh… » Souffla-t-elle, penaude, en regardant désormais le sol de la chambre. Puis, comme dans un mouvement mécanique, elle se redressa sur ses deux jambes et prit la direction du cadre photo, lancé quelques instants plus tôt contre le mur. « C’est… une sacrée nouvelle. » Ce fut tout ce qu’elle trouva à dire. Logan devait se remettre de ses propres émotions avant de pouvoir consoler son ancien voisin. Elle n’était pas objective le moins du monde. Son cœur était lacéré à nouveau : Roman avait un enfant avec une autre. Il ne serait jamais vraiment sien. Elle était persuadée que cet amour platonique le resterait jusqu’à la fin. Pourtant, cela lui faisait toujours affreusement mal de savoir qu’elle n’était pas assez bien pour lui. Pouvait-elle lui en vouloir ? Elle n’avait rien de particulier. Logan ne s’aimait pas. Comment un homme pourrait-il la désirer, ne serait-ce qu’un peu ? Quoiqu’il en soit, elle s’abaissa pour ramasser les premiers morceaux de verre, afin de les mettre dans une poubelle. Lui tournant le dos, sans oser le regarder – de peur qu’il remarque sa tristesse – elle tentait de redevenir l’amie dont il avait besoin. « Tu l’as appris quand ? Comment ? » Finit-elle par demander. Sur le coup, tandis qu’elle essayait d’arranger la pièce, elle aurait été tentée de prendre une bière à son tour. Mais elle ne serait bonne à rien si elle buvait à son tour, n’est-ce pas ? Elle garda cependant cette tentation dans un coin de son esprit. « Peut-être plus tard » se disait-elle avec mélancolie.

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Depuis l'accident de Laurel, Roman a déjà craqué. Il a déjà fini ivre mort et puis, il s'est battu aussi. Mais il avait conscience qu'il ne pouvait pas faire cela indéfiniment. Alors il y a quelques jours, il a pris la décision de se calmer, pour lui, mais aussi pour Logan. Il sait que ce genre de choses ne lui plaît pas. Roman est jeune et malgré cette perte, il a de nombreuses choses à vivre encore. Il ne doit pas se laisser mourir, pas à son âge. Il va lui arriver d'autres choses et s'il continue de la sorte, il va passer à côté. Mais cette nouvelle lui est tombée dessus et il a mist de côté ses bonnes résolutions. « Je… Ca ne fait rien. » Il sait très bien qu'il est dans un état pitoyable, qu'il a un peu trop abusé de l'alcool qu'il a acheté et qu'il a retourné toute sa chambre. C'était son échappatoire, sa façon à lui de se défouler et il comptait ranger tout cela avant que quelqu'un ne voit les dégâts. Mais Logan est arrivée un peu trop tôt, alors Roman se sent obligé de s'excuser. Puis, sans attendre trop, il lâche la bombe. La raison de son état. « Q…quoi ? Qui ? » Elle est confuse et Roman ne peut pas lui en vouloir. Alors rapidement, il enchaîne, il donne plus de détails. « Oh… » C'est une réaction comme une autre, c'est d'ailleurs la réaction qu'il a eue lorsque Odessa lui a dit. Même si après ça, la colère a rapidement pris le dessus dans la conversation. « C'est… une sacrée nouvelle. » Une nouvelle qui change beaucoup de choses. Roman a raté cinq ans de la vie de son fils, comment peut-il rattraper cela ? Il n'est même pas sûr de pouvoir y arriver. Tout cela à cause d'Odessa. Elle a joué à l'égoïste et elle est partie sans même demander au jeune homme ce qu'il aurait fait. Si elle l'avait fait, peut-être qu'ils seraient encore ensemble aujourd'hui, à la tête d'une belle petite famille. « Tu l'as appris quand ? Comment ? » « Tout à l'heure. Elle est venue à la caserne. » Elle savait où venir. Quand ils étaient ensemble, il était déjà en formation pour devenir pompier, alors ce n’était pas difficile de le trouver avec cet élément. Le seul risque qu’elle avait, c’était qu’il soit parti dans une autre ville. « Son.. notre fils est malade et elle voudrait que je fasse un test pour savoir si je suis compatible avec lui. » Elle ne voulait savoir que ça, que Roman aille bien ou non, elle n’en avait rien a faire. « Elle n’a pas eu besoin de moi pendant six ans, mais voilà que maintenant.. » Odessa n’a eu aucune pitié à partir sans rien lui dire, le laissant seul du jour au lendemain. Il en a souffert pendant plusieurs mois. Quelque chose que Logan ignore peut-être, mais que sa sœur, Laurel, savait parfaitement. « C’est vraiment n’importe quoi. » Souffle-t-il en passant l’une de ses mains dans ses cheveux. « Elle s’attend à ce que je rampe devant elle. » Et pourtant, c’est loin d’être ce qu’il veut. A l’époque, Roman était amoureux et la jeune femme lui a brisé le coeur. Depuis, aucune femme n’a réussi à le rendre amoureux de nouveau. Comme par réflexe, il attrape la bouteille qui se trouve la plus près et en boit une nouvelle gorgée. « Tu ferais quoi à ma place ? » Laurel n’est plus là pour lui venir en aide, mais il y a toujours Logan. Elle n’a jamais occupé ce rôle pour Roman, pourtant, il est certain qu’elle sera parfaite, qu’elle saura lui dire ce qu’il faut. Les deux sœurs étaient différentes sur certains points, mais sur d’autres elles se ressemblaient. Il n’y a plus qu’à espérer qu’en terme d’aide pour le jeune homme, elles se ressemblent. Et puis que Logan aura les épaules pour encaisser. « Je ne sais pas quoi faire. » Il tourne sa tête vers sa table de chevet pour y trouver une photographie de Laurel et lui. Ce cadre n’était pas loin de valser, à la place de l’autre et ça, il ne se le serait jamais pardonné.

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Logan ne s’attendait pas à trouver une telle scène en entrant dans la chambre de Roman. Mais ce qui la frappa de plein fouet, ce fut les mots que le jeune homme avait eus plus tôt. Sans prendre de gant, il lui avait balancé la grande nouvelle : il était père. De son premier amour. Il aurait giflé Logan que ça ne l’aurait pas plus surprise ni plus blessée. Pourtant, elle devait être présente pour lui. Etant donné son état, il n’avait pas dû réagir au mieux à l’annonce de cet enfant-surprise. Cependant, Logan savait qu’il finirait par se ressaisir. Tôt ou tard, il cesserait d’être dévasté. Lui, il était un peu comme un volcan : il s’enflammait subitement, crachait sa colère et finissait par la laisser s’éteindre. Contrairement à lui, Logan était plutôt comme l’eau. Elle demeurait calme en apparence, mais les profondeurs de sa tristesse cachaient de lourds fardeaux. Jusqu’au jour où finissait par se transformer en tsunami et tout renverser sur son passage – ce qui n’était pas encore survenu. D’ailleurs, sa mère le lui avait reproché : ne devrait-elle pas pleurer comme un nouveau-né, en boule dans un coin de sa chambre, plutôt que de continuer « comme si rien ne s’était passé » ? Certainement que ce serait plus humain. Sauf que la brune n’y arrivait pas. Si elle se laissait aller… elle finirait par se noyer dans ses propres larmes. Et cela, elle ne le voulait pas.

Néanmoins, elle devait à présent gérer la situation avec Roman. Lui qui était si anéanti, elle devrait trouver les mots pour le rassurer – comme Laurel. Il lui expliqua alors que leur fils était malade et qu’il devait effectuer un test de compatibilité. C’était « la » raison pour laquelle Odessa venait frapper à sa porte après autant de temps de silence. Logan le regarda, triste, et replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Ca a dû être un sacré choc. » Elle ne pouvait qu’imaginer la scène. Apprendre une paternité tardive est déjà difficile. Mais en plus, découvrir qu’elle n’est apprise que par manque de choix devait être pénible au plus haut point. Sans compter que l’enfant en question n’avait pas la santé.

Elle écouta alors son ami lui raconter son sentiment profond. Il était en colère, à juste titre, contre Odessa. Sans doute était-ce là une des raisons pour lesquelles il s’était mis à s’enivrer, quitte à tout casser autour de lui. Elle le comprenait, bien sûr. Ceci dit, elle ne voulait pas renchérir là-dessus. C’était une histoire entre Roman et Odessa. Les sentiments de Logan ne devaient surtout pas intervenir. Ceci dit, il lui demanda son avis sur la situation. La jeune femme s’approcha alors de lui et, doucement, posa sa main sur la bouteille qu’il tenait fermement. « Déjà, j’arrêterais de boire. Ça ne résout rien. » Souffla-t-elle. Logan en avait une vague idée : combien de fois avait-elle vu sa mère, ivre morte, se plaindre sans aucune cohérence ? Cela n’avait pas arrangé les problèmes familiaux, bien au contraire. De plus, elle ne voulait pas voir Roman être malade. Alors, elle déposa la bouteille plus loin et elle prit place à ses côtés, s’asseyant vers le jeune homme. Elle regarda à son tour longuement la photographie de sa sœur et lui, l’un à côté de l’autre. Laurel lui manquait tellement… si bien qu’elle sentit les larmes lui monter aux yeux et sa gorge se nouer. « Dis-toi que ton fils n’y est pour rien, dans cette situation. Pense à lui. Tu pourrais vivre en sachant que tu n’as pas tout fait pour qu’il aille mieux ? Je suis sûre que non. Si tu ne fais pas ce test, tu t’en voudras éternellement. » Explique-t-elle en essayant d’être pragmatique, malgré les émotions. Dans le fond, elle préférerait qu’il s’éloigne d’Odessa. Parce qu’elle ne supporterait que trop mal de le voir retourner avec une autre. Jusqu’à présent, Logan encaissait les amourettes de Roman. Mais son premier amour… c’était une autre histoire. « Odessa aurait dû te le dire avant. Mais ce qui est fait est fait. Tu ne peux pas changer le passé… seulement avancer vers l’avenir. » Admit-elle, les yeux baissés. Puis, elle regarda enfin Roman et essaya de lui sourire, malgré son amertume. « Je crois que c’est ce que Laurel t’aurait dit… » Murmure-t-elle enfin, espérant que ses mots auraient plus de poids et paraîtraient comme plus sages aux yeux de Roman. Il avait l’habitude de suivre les conseils de Laurel, auparavant. Suivra-t-il ceux de Logan? Elle l'ignorait.

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« Ca a dû être un sacré choc. » C'est le moins que l'on puisse dire. Rien que revoir la jeune femme a été un choc. Alors ajouter à cela l'annonce d'une paternité, c'est le pompon. Autant dire que la nouvelle est plutôt mal passée et le jeune homme ne s'est pas privé pour le montrer à Odessa. À l'heure qu'il est, il est encore chamboulé de cette annonce : il y a quelques heures, il n'était qu'un pompier qui venait de perdre sa meilleure amie et qui rendait sa vie routinière pour pouvoir penser à autre chose qu'à ça, mais maintenant, il est le père d'un petit garçon de cinq ans. « Déjà, j'arrêterais de boire. Ça ne résout rien. » Il hoche la tête, comme un enfant pris sur le fait par ses parents. Logan est plus jeune que lui et pourtant, elle est déjà bien plus sage. Des trois voisins, elle était la plus jeune et pourtant, c'était celle qui semblait la plus mature. Mais c'est ce qui plaisait à Roman. Il savait qu'elle serait toujours là pour dire quand les choses allaient trop loin et puis, la pousser à dépasser ses limites, ça lui plaisait. Mais aujourd'hui, il n'est plus question de cela. La maturité a frappé une première fois Roman quand Laurel est décédé et qu'il s'est donné la mission de veiller sur Logan et puis une deuxième fois aujourd'hui, avec cet enfant caché. « Dis-toi que ton fils n'y est pour rien, dans cette situation. Pense à lui. Tu pourrais vivre en sachant que tu n'as pas tout fait pour qu'il aille mieux ? Je suis sûre que non. Si tu ne fais pas ce test, tu t'en voudras éternellement. » Dans le fond, elle n'a pas tort. Si Roman est pompier, ce n'est pas pour rien. Il a dans son sang cette vocation de venir en aide aux autres et il serait prêt à renier cela au péril de la vie de son fils ? Ça ne lui ressemblerait pas. Alors sa fierté, il va devoir la mettre de côté. Même s'il aura l'impression de ramper aux pieds d'Odessa. Et puis, comme l'a si bien dit Logan : le petit garçon n'y est pour rien. « Odessa aurait dû te le dire avant. Mais ce qui est fait est fait. Tu ne peux pas changer le passé… seulement avancer vers l'avenir. » Malheureusement, depuis cette annonce, Roman a dû mal à voir son avenir. Avant, tout était plus ou moins clair. Il se levait le matin, allait travailler et les soirs où il n'était pas à la caserne, il en profitait pour se détendre. Mais maintenant, il doit insérer un enfant de cinq ans dans sa vie et ce n'est pas aussi facile. Si Odessa lui avait dit la vérité il y a six ans, il aurait eu la grossesse pour se préparer et puis il aurait mûri à mesure que son fils aurait grandi. Mais là, il n'a pas le temps de se préparer. Il doit devenir père, père d'un enfant malade qui plus est. « Je crois que c'est ce que Laurel t'aurait dit… » Il soupire légèrement et un petit sourire se dessine sur ses lèvres. Roman se penche un peu vers la jeune femme et vient déposer sa tête sur son épaule. « Merci d'être là. » Dans le fond, hormis Logan, Roman n'a personne à qui se confier. Il pourrait y avoir ses parents, mais il a toujours eu une relation basique avec eux et ils n'ont jamais été les premiers à qui il allait parler. C'était Laurel qui endossait ce rôle et qui de mieux que Logan pour lui succéder ? « Je vais faire en sorte de ne plus me retrouver dans cet état et de ne plus mettre ma chambre sans dessus-dessous, pour toi. » Il sourit légèrement. Au fond, il veut faire plaisir à la jeune femme et si cela doit passer par une correction de son comportement, alors il le fera. Il se décale un peu sur le lit, pour se rapprocher d'elle et il passe son bras autour de ses épaules. « Tu sais, si tu as besoin d'aide, je suis là moi aussi. Laurel n'est plus là, mais moi si et nous devons nous soutenir. » Il essaye d'être là pour la jeune femme, mais avec sa propre peine, ce n'est pas toujours facile. Ayant peur qu'elle ne se confie pas à lui à cause de ça, il préfère mettre les choses au clair. « Alors peu importe ce qu'il se passe, tu peux venir me voir. » Il sourit de nouveau, elle a toujours eu le don de le faire sourire, et il vient déposer un baiser sur sa joue. « Tu as raison, je dois faire ce test ou je le regretterais après. »

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