l'histoire de ma vie
Des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace
Doucement mes petits yeux s'ouvrent. Il se promènent dans la pièce et puis je me met à pleurer en voyant que mon jumeau n'est pas là. Je veux qu'il revienne immédiatement. Mais évidemment je suis encore bien trop petite pour l'exprimer. Alors mes petits poumons s'emplissent d'air et je me met à hurler, encore et encore, sans défaillir. Je veux que mon frère me revienne. Je déteste quand je ne le vois pas, quand il n'est pas tout contre moi. J'ai l'impression qu'il me manque quelques choses. Alors la petite fille de six mois que je suis continue de hurler et bientôt un hurlement me répond en echo. Je reconnaîtrait ces pleurs à des centaines de mètre, c'est lui, Magnus n'est pas si loin. Mais je ne le vois toujours pas alors je continue de pleurer, devenant toute rouge tant cette frustration de ne pas le voir prend le pas sur tous le reste. Heureusement pour moi, ma grande sœur finit par arriver, tenant Magnus d et son biberon. Si tôt que les deux petits yeux de Mag croisent les miens, mes hurlement cessent. Mon chagrin s'envole et voilà que je m'agite pour moi aussi boire.
« Magnus ! » En riant je regarde mon jumeau qui se tourne vers moi et je tape dans mes mains alors que le reste de ma fratrie me regarde. je viens de prononcer mon premier mot et je crois que personne n'ai surpris que ce soit le prénom de mon frère qui sort de ma bouche. De toute façon je ne pouvais pas sortir maman comme la majorité des enfants. Maman est un fantôme en fait, je ne la vois quasiment jamais. Quand à papa et bien lui ce n'est pas quasiment, il est partit. Je l'ai vu quand j'étais toute petite, mai je ne m'en souviens absolument plus. De toute façon il n'y a qu'une seule personne qui compte dans mon univers, c'est l'autre bout de moi même. Magnus, mon jumeau. Frère qui est d'ailleurs en train de me rejoindre, pour mon plus grand plaisir. Quand il arrive enfin à coté de moi je lui fait un câlin maladroit et répète
« Magnus »Il est tard, pourtant personne n'est encore venu nous récupérer à l'école. je vois bien que notre professeur est agacée. Elle nous regarde, discute avec sa collègue et puis souffle. C'est loin d'être la première fois et ce ne seras sûrement pas la dernière que ma mère nous oublie. L'école finit par appeler mais personne ne répond à la maison. L'agacement monte d'un cran. Moi je préfère câliner mon jumeau. Franchement tant qu'il est là, je me moque bien que maman nous oublie. De toute manière je sais bien que c'est ce qu'elle souhaite, oublier la cause du départ de son homme. Finalement c'est Ariane qui arrive, comme toujours. Notre grande sœur s'excuse auprès de notre maîtresse, tout en sachant que demain ce seras exactement la même chose. Notre grande soeur fait mine d'ignorer les regard noirs de ces femmes et vient nous aider à enfiler nos manteau. Ma petite main vient ensuite prendre celle de ma soeur et on rentre enfin. Maman est bien à la maison, en train de comater sur le canapé. Ivre morte sans aucun doute. Alors Ariane continue à jouer son rôle. Comme depuis toujours c'est elle qui prend soin de nous.
Tout doucement je prend dans mes mains cette petite boule de poil qui frémit. Le chaton entrouvre ses petits yeux et pousse un miaulement pitoyable. Je regarde autour de moi mais il n'y a aucune trace de la mère ou du reste de la portée. Ce pauvre petit semble avoir été abandonné là, dans cette ruelle toute pourrie entre deux poubelle. Il ne me semble pas bien grand, pas en âge d'être séparé de sa mère. je ne peux pas le laisser là. Alors tout doucement je le dépose au fond de ma poche pour qu'il soit bien au chaud et je file vers la maison. Je rentre en coup de vent et file dans ma chambre, que je partage avec mon frère évidemment mais aussi avec la plus proche de mes soeurs. Tout doucement je sors la boule de poil et la pose sur mon lit. Il tremble toujours autant alors je l'entoure de peluche. Ma soeur rentre dans la chambre. J'essaye de cacher mon petit protégé mais c'est peine perdue. Le chaton miaule affamé. Ariane me pousse doucement pour regarder et elle soupire en voyant la petite boule de poil
« Encore? » Je hoche tout doucement la tête. Elle le regarde un moment avant de me le mettre dans les bras
« Garde la au chaud » Et ma sœur sort. Je câline le chaton un bon bout de temps jusqu'au moment ou ma sœur arrive avec de quoi nourrir le pauvre chaton, je ne pose aucune question sur comment elle a put acheter ça, maman n'aurait jamais donné d'argent pour autre chose que ses bouteilles. Au fond je sais qu'il ne vaut mieux pas demander. Du haut de mes huit ans je sais que ma soeur ne fait pas toujours tout dans les rangs. Alors je ne dis rien et prépare le biberon de la boule de poil. Le chaton boit sous le regard de ma grande soeur. Je sais qu'elle en a marre que je ramène toutes les bestioles que je trouve.
L'ambulance part dans la nuit. Je la fixe en silence jusqu’au moment où elle se retrouve hors de portée. Ma main sert celle de mon jumeau alors que les policiers nous regardent, nous les pauvres gosses de cette pauvre alcoolique. Oh ils ne disent rien évidemment mais je vois bien dans leur regard qu'ils sont presque dégoûtés. Une des policières approche, tend sa main mais je refuse de l'attraper et recule serrant encore plus fort celle de Magnus. Ariane se place entre nous et cette femme
« Je m'occupe de mes frères et soeurs pas de soucis » Je vois que la policière semble hésiter mais Ariane fait plus que ses vingt deux ans et puis il est tard. La femme semble ne pas avoir très envie de s'embêter avec les services sociaux à une heure tardive, encore moins pour des cas sociaux. C'est ainsi que ma soeur se retrouve à gérer quatre enfant encore mineur enfin officiellement. Car officieusement elle le fait depuis des années maintenant elle a toujours été bien plus une mère que la femme qui m'a mise au monde. Je suis presque heureuse que maman ai eu ce malaise, avec Ariane seulement c'est bien plus calme, on est presque une vraie famille.
Une nouvelle fois je regarde le mail que je viens de recevoir. Comme pour être certaine que j'ai bien lu mais oui c'est le cas. Je n'osais pas y croire. J'avais réussit. Alors ça vraiment c'était un petit miracle bon ok ce n'était pas du premier coup mais le résultat était le même. Moi la gamine pas douée en cour avait réussit à obtenir le diplôme que je voulais depuis toute gamine. Enfin j'étais soigneuse, je pouvais faire le boulot de mes rêves. Il fallait que j'annonce la bonne nouvelles à mes proches. A Magnus en premier et pour faire bonne mesure je lui sautait dans les bras en poussant des cris de joie. Mon frère aussi avait réussit ses études, journaliste, j'étais tellement fière de mon frère. Je veux aussi l'annoncer à ma soeur mais son portable ne répond pas. Je sais qu'elle doit bientôt accouché, je commence à m’affoler, comme il n'y avait pas de père au tableau, je lui avais promis d'être avec elle à ce moment là. Mais Ariane ne répond pas peu importe comment j'insiste et quand je vérifie a la maternité, il n'y a aucune trace de ma grande soeur. Ariane est introuvable, le bonheur retombe, laissant place à l"inquiétude.
Tout doucement j'attrape la petite fille dans mes bras. Elle est si petite que j'ai peur de la briser en deux en la serrant trop fort. Si petite c'est fou comme elle ressemble déjà à Ariane, ma sœur me manque. Je n'ai pas compris comment tout ça s'est déroulé, tout ce que j'ai en tête c'est la conséquence. Ariane est en prison pour quelques années. Et sa petite est là sans personne. La petite main accroche mon doigt et je souris tendrement. il est hors de question de laisser n'importe qui s'occuper de cette petite princesse. Ariane s'est occupé de moi pendant toute son enfance, il est temps que je lui rende. Quand l'assistante sociale me demande si je suis prête à prendre en charge ma nièce, je n'hésite pas. je vais m'occuper de cette petite fille aussi longtemps qu'il faudra. je sais que j'ai le reste de ma famille pour m'aider, mon jumeau surtout. On vit ensemble alors j'aurais toujours une autre paire de main pour me filer un coup de main. La petite s'endort contre moi et je souris avec tendresse, ma nièce est définitivement la petite fille la plus adorable du monde.
La main d'Aliénor serre la mienne de toute ses petites force, elle est toujours aussi impressionnée par ce grand bâtiment moche qu'est la prison. Je peux comprendre moi non plus je n'en mène pas large quand je viens voir ma sœur. Je tente comme je peux de la rassurer mais je sens qu'elle est a deux doigt de fondre en larme, je la connais par cœur. En temps normal on ne reste pas si longtemps devant, je m'empresse de franchir la porte des visiteurs. Mais pas cette fois. Trois ans qu'Ariane est là et c'est le grand jour, ma sœur vas enfin sortir. La petite main de ma nièce lâche la mienne et ce que je sentais arriver gros comme une maison se produit. un torrent de larme ravage les jolies petites joues d'Ali et je m'empresse de la soulever pour tenter un peu de la calmer. Les petites bras de l'enfant s'entourent autour de moi et je l'entends gémir
« Mamaglena » J'ai essayé de la raisonner des centaines de fois, je ne suis pas sa maman. Rien à faire. Elle a le caractère buté de sa famille, elle n'en démord pas, elle m'appelle ainsi. Je sais que ce n'est pas bien, ça vas rendre les choses encore pire. Mais qu'est ce que je pouvais faire? Je ne pouvais pas élever un enfant sans m'y attacher, ce serait inhumain. Ma main caresse avec tendresse les cheveux blond de ma petite nièce adorée. Je sens que ça la calme. les portes s'ouvrent soudain et je vois une silhouette émerger. Je me précipite vers ma sœur qui me prend dans ses bras avec joie. Trois ans que je la vois au parloir, je n'ai jamais pu la toucher alors ça fait tellement bien de la sentir contre moi. Je la laisse prendre Ali. je vois bien que ma chipie préférerait rester dans mes bras mais je l'encourage d'un grand sourire et elle finit par se détacher de moi.
Silencieuse, debout dans l'encadrement de cette porte je ne sais même plus depuis quand je suis là. Un bruit dans la chambre m'a pousser à ouvrir la porte. J'avais eu tellement d'espoir, en vain. Ce n'était évidemment pas Ali qui jouait tranquillement dans sa chambre. Mais mon gros filou de renard qui avait trouvé le moyen de rentrer pour dormir au chaud sur le lit de ma nièce. Cette pièce je n'y mettais plus les pieds, elle était trop vide, trop calme, trop silencieuse. Elle me rappelait combien Aliénor me manquait, qu'elle n'était plus à la maison. Évidement je la voyais souvent chez ma sœur mais ce n'était plus la même chose. Entre avoir cette petite fille tous les jours de toutes les semaine de tous les mois et la voir deux a trois fois par semaine pour quelques heures, il y avait un énorme écart. Un écart que j'arrivais de moins en moins à combler. Une part de moi avait envie de demander à ma soeur de me la rendre, je l'avait élevé pendant trois ans, c'était mon bébé. mais l'autre part de moi, la Mag raisonnable bien caché savait que je ne pouvais pas faire ça. Ariane est sa mère, quoi qu'il arrive je ne peut changer ça. Je dois apprendre à vivre avec. Réapprendre à ne plus être maman, jusqu'au jour ou enfin je trouverait la bonne personne pour construire ma propre famille.