we wish you a merry christmas (odessa)

Le mois de décembre est l’un des favoris de la plupart des habitants qui peuplent cette terre : qu’ils soient religieux ou non, ils aiment presque tous s’offrir des cadeaux le vingt-cinq. Seuls les adorateurs du Grinch et ceux qui ont pour habitude de passer le réveillon sans personne avec eux n’apprécient pas cette fête. Leo, lui, il a toujours adoré ça : il n’aimait pas spécialement les repas de famille qui durent une éternité, ni même offrir des cadeaux à son épouse qui doivent à chaque fois lui plaire plus que ceux de l’année précédente. Non, il n’est pas le plus généreux des hommes et bien qu’il aime l’intégralité des Bailey, il ne ressent pas le besoin de se retrouver avec eux autour d’une bûche à déguster. Ce qu’il aime, c’est toute l’ambiance qui s’installe en un seul mois et qui disparaît à la fin de celui-ci pour repointer le bout de son nez qu’une année plus tard. L’engouement autour de Noël est éphémère, peut-être que c’est pour ça qu’il aime autant ça : parce que ce n’est qu’une fois de temps en temps et qu’il n’a pas le temps de se lasser. Et dans cette période, il est également très content de la vie qu’il mène : de ne pas avoir d’enfants. Il n’imagine pas devoir subir cette épreuve de la lettre au père Noël, des jouets choisis dans tout les sens qui représentent le porte-monnaie qui saigne. Et puis Leo, c’est un grand gamin : il n’aurait pas pu tenir énormément d’années avant de cracher le morceau, eh non gamin, le père Noël n’existe pas, c’est juste papa qui se déguise et qui crève de chaud chaque année ! Bref, heureusement qu’ils n’ont jamais songé à avoir d’enfants, avec Brooke.

Il a travaillé ce matin : c’est pourquoi il porte l’un de ses éternels costumes. Il a cependant une broche accrochée à la poste de sa veste en forme de sapin, un petit objet qui met rapidement dans l’ambiance. Les bureaux de l’agence sont eux aussi décorés de rouge et de vert, un sapin orne la plupart des bureaux des agents. Les clients se sentent rapidement à l’aise grâce à ça, Décembre est un bon mois pour le marché de l’immobilier. Cependant, il n’a pas envie de se perdre sous une tonne de paperasse à longueur de journée, il a envie de profiter de l’univers qui s’est installé à Island Bay et dans ses horizons. C’est vrai qu’il n’y a pas la magie de New-York, ici, l’hiver est loin d’eux et la neige n’est pas prête de tomber. Mais visiblement, ça ne pose pas de problèmes aux habitants d’ici qui ont l’air d’apprécier le beau temps mêlé au grand habitant du pôle nord. Ça lui paraît contradictoire mais soit, il ne retournera pas aux États-Unis seulement pour les fêtes. Il a décidé d’aller faire un tour au marché de Noël, pas dans l’idée de trouver un cadeau aux personnes qu’il fréquente, non, il veut simplement se balader. Ce n’est qu’après quelques minutes à marcher entre les chalets qu’il voit un stand qui lui a l’air pas mal appétissant, au loin : ils vendent des chocolats. Et Leo est un grand gourmand. Bien que les boîtes semblent être faite pour offrir, il n’hésitera pas à en ouvrir une pour en dévorer le contenu. Néanmoins, il y a un problème : quand il arrive à la hauteur du chalet, il ne reste plus qu’une boîte et la femme devant lui a l’air d’avoir envie d’acheter. Si je vous fais les yeux doux, il y a moyen qu’on s’arrange ? Demande-t-il à l’inconnue, il n’a pas peur de parler aux personnes qu’il ne connaît pas, la preuve est là.

Malheureusement pour Leo, sa technique ne semble pas fonctionner : la femme a une bouille encore plus adorable à regarder, chez elle. Il suppose qu’elle parle de son fils, bien qu’elle lui semble assez jeune pour être maman ; peut-être un petit bout de quelques années ? Il se contente de faire une moue qui exprime sa déception lorsqu’elle sort son porte-monnaie. Il fallait bien que je tente le coup ! Qui ne tente rien n’a rien, après tout. C’est sur ces mots qu’elle lui propose malgré tout d’en prendre un et Leo n’hésite pas avant de se jeter sur l’un d’entre eux : ceux fourrés au praliné, les meilleurs de tous. Il n’en prend qu’un, il reste raisonnable. Eh bien, vu que vous avez été sages, je suppose que le père Noël va vous gâter. Ça le surprend lui-même de s’entendre prononcer une phrase comme celle-ci, qu’est-ce qu’il a mangé, ce matin ? Habituellement, il n’a rien d’un homme courtois et préfère passer son chemin plutôt que de discuter avec de parfaits inconnus. C’est la magie de Noël, dirons-nous. C’est pourquoi il ne peut pas s’empêcher de poursuivre en parlant de ce qu’il désire avoir pour cette fameuse fête, lui. Personnellement, j’espère qu’il emmènera quelques boîtes comme celle-ci, dans sa hôte. Et pourquoi pas une ou deux bouteille d’alcools, mon bar est vide depuis quelques temps. Et puis bon, si on doit réellement se faire une folie, je veux bien une nouvelle télévision. Mais je doute qu’il ait énormément de place, là-dedans. Et puis Leo a déjà un écran démesurément grand, chez lui. Mais il aime bien l’extravagance et il ne s’arrêtera pas tant qu’il ne sera pas capable de concurrencer le meilleur des cinémas de la ville. Il fronce les sourcils en regardant la femme en face de lui, se décalant de quelques pas pour libérer le chalet, bien qu’ils n’aient plus rien à vendre actuellement. Et vous, qu’est-ce que vous désirez ? Il ne sait même pas comment elle s’appelle et il lui pose une question comme celle-ci qui, selon les gens, peut être plutôt intime. Elle peut désirer des choses concernant sa vie privée qu’elle ne veut pas dévoiler, qui sait. Mais Leo n’a aucun tact et aucune envie de faire les choses à moitié : il va toujours droit au but, c’est sa devise, sa façon d’être. Tant pis si ça déplaît à beaucoup de personnes.

Il sourit en voyant la jeune femme mordre dans le chocolat et exprimer le plaisir que ça lui procure par un petit bruit. C’est vrai que parfois, le goût de quelque chose est tellement intense que l’on ne peut pas s’empêcher. Et faut dire que les chocolats de ce chalet sont excellents, la preuve en est : ils n’ont déjà plus rien à vendre, victimes de leur succès. Au moins une qui sait reconnaître mes talents. Sa tentative était bonne, elle le lui confirme. Peut-être qu’il réussira un jour à amadouer quelqu’un avec ces fameux yeux doux, en attendant, il ne peut qu’attendre qu’on lui donne l’opportunité de le faire. Car elle n’a même pas attendu qu’il essaye, elle a directement désigné son fils comme grand gagnant. C’est loin d’être équitable mais soit, il change rapidement de sujet pour parler de sa liste au père Noël, ce grand monsieur qui n’existe malheureusement pas. S’il était vraiment là pour apporter de la joie et des cadeaux dans tous les foyers du monde, il n’y aurait pas tant de malheur sur Terre. Il aurait toujours sa grande maison à New-York et sa femme serait actuellement en train de décorer leur sapin. Mais le monde est assez mal fait et il y a un père Noël à chaque coin de rue, assis dans un fauteuil de tous les magasins du monde. Et ces mecs-là, à part empocher le pognon de parents qui veulent absolument faire plaisir aux enfants, ils ne font rien de bien. C’est au tour de la jeune femme de lui faire sa liste, de lui dire ce qu’elle souhaite pour la fin du mois de Décembre et certainement l’année à venir. Elle a déjà plus d’ambition que lui : un chiot et un voyage. Ça serait bien de partir quelques temps, visiter un autre pays. Il n’y a pas pensé mais peut-être que l’idée finira par s’installer sérieusement dans un coin de sa tête pour grandir de plus en plus, qui sait. C’est ambitieux. Dit-il, alors qu’elle lui avoue finalement que le père Noël ne pourra pas exaucer le plus grand de ses vœux. Le blond fronce les sourcils avant de se racler la gorge, prêt à parler sur un ton bien plus grave. Mais si, dites-moi tout mon enfant ! Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Hohoho. Le fameux « hohoho » qui termine son imitation, le voilà devenu le père Noël. En beaucoup plus jeune, en beaucoup plus blond et en beaucoup moins barbu. Mais le père Noël quand même, il se dit qu’avec ce jeu d’acteur grandiose – ou pas – elle arrivera peut-être à se confier. Il n’est qu’un parfait inconnu, mais c’est aussi ça, la magie de Noël.

Quand Odessa lui répond finalement, il se dit qu’il n’aurait peut-être pas dû insister : ce n’est pas un sujet joyeux, ce n’est pas dans l’esprit de Noël. Au contraire, ça doit même gâcher la fête de penser à des choses si négatives. Il comprend finalement pourquoi les chocolats seront mieux chez elle que dans son estomac : son fils a besoin de réconfort, il a besoin de vivre son innocence de petit garçon. Même à travers la maladie, bien qu’il ait sûrement plus de maturité que les autres ; eh oui, pas tous les enfants font des allers retours à l’hôpital pour se soigner. Il ne se risque pas à lui demander précisément le nom de sa maladie, ils ne sont pas suffisamment intimes pour ça et elle veut sûrement penser à autre chose, actuellement. Je suis désolé. C’est sûrement tout ce que l’on peut dire face aux injustices qu’il y a dans ce monde, non ? J’espère de tout cœur que ça s’arrangera pour lui et pour vous. Il est étrangement gentil avec elle, allez savoir pourquoi. Les deux se mettent naturellement à marcher côte à côte, comme s’ils avaient prévu de passer un petit moment ensemble. Pour le moment il n’y voit pas d’inconvénients : il apprécie sa compagnie, et puis c’est toujours mieux d’être accompagné pour les fêtes, même quand il ne s’agit que d’un marché. Ils s’approchent rapidement d’un stand de peluches et il voit la jeune femme fouiller dans celles-ci, sans trouver son bonheur. Il s’attendait à une réaction banale : un haussement d’épaules, un soupir et elle tourne les talons. Mais non, elle exprime sa colère au commerçant, qui ne sait pas vraiment quoi répondre face à tout ça. Le blond ne peut pas s’empêcher de sourire face à cette scène qu’il trouve à la fois attendrissante et humoristique, il ne pensait pas qu’une peluche de lion ou de tigre pouvait mettre quelqu’un dans cet état. Lui, il ne dit rien, il reste en retrait mais suit quand même la brune quand elle s’éloigne du chalet. Elle s’excuse pour son comportement, à vrai dire, il s’en fiche un peu. Quelque part, il arrive même à la comprendre. La pression doit pas être simple à gérer tous les jours. C’est pas grave, il s’en remettra. Reprenez un chocolat, ça va vous détendre. Il dit ça en s’approchant de l’un de ses chalets préférés : les chocolats et vins chauds. Vous voulez quelque chose ? C’est la maison qui offre. Et par « la maison », il parle de lui-même, parce que non, il ne travaille pas pour eux.

Il passe quelques secondes à se demander comment il aurait géré la pression, lui, s’il avait eu un enfant malade. Et puis il se rappelle que s’il avait été père, la mère aurait été Brooke… et même sans être malade, ce gosse aurait été un véritable enfer. Son caractère et celui de son épouse sont similaires : explosifs. Deux tornades qui écrasent tout dès qu’ils se mettent en colère, alors imaginez que l’on puisse combiner le tout en une seule personne. Mon dieu, non. C’est peut-être une bonne chose qu’ils se soient séparés avant qu’ils puissent imaginer un jour élever un gamin. Car même si ça avait été une adoption, grandir avec deux parents comme eux, ça aurait été un calvaire pour le gosse. Peut-être pire que la maladie que vit actuellement le fils d’Odessa, c’est pour dire. Après l’étape de la peluche, les deux divergent vers un vendeur de boissons chaudes. De quoi réconforter la jeune maman et s’asseoir quelques minutes, bizarrement, il se sent vraiment intéressé par elle et par ce qu’elle peut lui raconter. Mettez ça sur l’esprit de Noël parce que Leo est très loin d’être un homme avec qui on peut parler de la pluie et du beau temps, il s’en fiche complètement de ce que les autres vivent et ressentent. Si ça ne le concerne pas de près ou de loin ou si ce n’est pas pour se faire bien voir vis à vis de son travail, il ne s’investit pas. Il n’y a qu’avec Brooke qu’il a toujours montré un certain intérêt, sûrement pour que son mariage se déroule au mieux. Ça n’a pas été suffisant, malheureusement. Il demande un vin chaud et un chocolat au marchand et les deux vont s’installer. Naturellement, comme s’ils étaient deux vieux amis, elle se met à lui raconter une histoire qu’elle a vécu l’année passée. Ça le fait rire, parce qu’il imagine la scène : un cliché des soldes, deux femmes qui se jettent l’une sur l’autre pour le dernier article en stock. Il est cependant ravi de savoir qu’elle a gagné la bataille et que son cadeau a plus à sa compagne. Je vois qu’il ne faut pas trop vous chercher. Qu’il dit finalement, un sourire aux lèvres. Lui, il n’est pas du genre à s’en prendre aux autres quand il n’a pas ce qu’il veut. Parce qu’il a toujours ce qu’il veut, ben ouais, qui peut résister à Leo Bailey ? Personne, paraît-il. Du coup… Il est obligé de poser cette question, ça le titille. Vous avez adopté, avec votre compagne ? Ça lui paraît être la seule solution, jusqu’à preuve du contraire, deux femmes ne peuvent toujours pas procréer. Sinon à quoi serviraient les hommes ?