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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
oct. 2024
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.


une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun
c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés

elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
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 Dessine-moi un mouton | Lison.

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MessageSujet: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyMar 1 Jan - 23:13

Aller à la faculté à l’âge adulte n’est pas une chose facile. Surtout pour quelqu’un qui a à peine fini le lycée il y a une bonne grosse décennie de cela. Pour ne pas dire une décennie et demie presque. Je n’ai jamais été très doué en cours au point de quadrupler ma dernière année. C’est à force d’aller en tutorat et surtout grâce à Heaven que j’ai réussi à obtenir mon diplôme. Et ça n’a pas été une chose facile. D’autant plus que je venais de perdre tragiquement ma mère. Je m’étais retrouvé à la rue… Bref ! Que des mauvais souvenirs de cette période là de ma vie. Je ne veux plus y penser. Je ne veux plus retourner à New York.

En débarquant à Island Bay quelques temps après, étant un passionné de musique depuis ma plus tendre enfance, j’ai réussi à percer dans ce milieu en devenant dj. J’ai très vite appris les ficelles du métier. Pourtant cela n’a jamais été mon chemin de prédilection. Adorant dessiner et les enfants, j’ai toujours voulu devenir illustrateur pour des livres jeunesse. Mais pour cela, je dois refaire des cours. Je ne peux pas me lancer à l’aveuglette dans cette aventure qui me coûtera cher si je démissionne du Magic Event. Je me retrouverai sans emploi. En septembre, j’ai tenté de m’inscrire à la faculté pour suivre des cours d’arts. En jonglant entre ça et mon boulot c’était chaud. J’ai loupé plusieurs cours sans jamais réussir à les rattraper. J’aurai pu pourtant demander à mon coloc Sven qui enseigne cette matière. Mais étant un mec droit, je refuse de passer par des pistons pour obtenir ce que je veux. Je veux travailler de moi-même et pouvoir me dire que si je réussis, c’est grâce aux efforts que j’ai fournis pour y arriver. Dans le cas contraire, les doutes demeureront dans mon esprit. Comme tous les autres étudiants, j’ai passé mes partiels. Les résultats furent sans appel : c’est l’échec total ! Même pas de rattrapages ! Je décide donc d’arrêter toute cette mascarade et me penche à trouver un autre moyen pour arriver à mes fins. La voie professionnelle m’irait mieux. Je cherche donc une personne pouvant me donner des cours de dessin. Je cherche un illustrateur professionnel et je tombe sur l’annonce qui me convient. Une certaine Lison, illustratrice en freelance si j’ai bien compris. On se donne rendez-vous chez moi pour le tout premier cours.

En attendant la miss, je prépare une cafetière de café. Pendant que le breuvage passe, je dépose mon porte folio avec plusieurs de mes esquisses sur la table du salon. Dedans, on y trouve un peu de tout, aussi bien des portraits – dont celui de ma petite amie – que des natures mortes… Perfectionniste dans l’âme, je tente de reproduire chaque détail que je vois. On sonne. Je vais ouvrir de ce pas. Elle se présente. C’est bien ma professeure particulière. « Je suis Spencer. Ton élève… » Dis je en souriant timidement. C’est ironique car elle parait plus jeune que moi. « Viens t’asseoir sur le canapé. Je t’ai préparé quelques esquisses que j’ai faite pour te montrer un peu comment je dessine. » Je vais chercher la cafetière et deux tasses. « Tu veux du café ? J’ai aussi du lait et du sucre si tu veux… » Je ne m’arrête pas de bouger ou de parler. Stressé moi ? Non ! Pas du tout ! Quoique…
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyMer 2 Jan - 1:14

dessine-moi un moutonSpencer et Lison
J’entre-ouvre la porte de ma chambre improvisée et glisse ma tête dans l’encadrure afin de m’assurer que Bonnie et Clyde sont déjà partis, puis je redirige mon attention vers le bureau, dans la pièce, sur lequel un petit carnivore, du moins sur le papier, a élu domicile. Je soupire et m’accroupis afin d’être vaguement à sa hauteur, puis je m’adresse lentement à lui. « Cousteau ? Tu es sûre de ne pas vouloir goûter ? » Les yeux de la petite boule de poil sont rivés vers quelques croquettes que j’ai laissées là dans l’espoir qu’elle les mange, mais rien n’y fait. « Bon, c’est pas si grave. On réessayera tout à l’heure. » Un coup d’œil sur l’horloge suffit à me faire rater un battement alors j’attrape mon sac à dos, un espèce de fourre-tout qui me colle à la peau depuis des années et qui, pourtant, semble à peine sorti de l’usine textile de laquelle il doit provenir. J’y plonge rapidement mon matériel de travail – l’heure qui tourne oblige – et griffonne une liste de courses sur un petit post-it trouvé plus loin. Ziiiiiiiiiip ! Je referme mon sac, et me voilà fin prête.

J’ai la chance d’avoir un bon coup de crayon et une imagination plutôt poussée lorsqu’il s’agit de dessiner, et je dois à ces petits plus les divers paiements qui, la plupart du temps, passent sans soucis auprès de ma banque à la fin du mois et qui me permettent de vivre plutôt que de survivre. Malheureusement, il va me falloir de grosses rentrées d’argent si je veux espérer avoir enfin un chez moi où je suis sûre de ne déranger personne si ce n’est ma nouvelle copine, Cousteau. Du coup, ayant appris sur le tas et sans jamais fréquenter d’école en ce qui concerne l’art de manière générale, je me suis trouvée plutôt embêtée lorsque j’ai été obligée de proposer des cours particuliers, faute d’avoir autre chose à me mettre sous la dent au centre. Rédiger l’annonce n’avait pas été chose difficile en soit, puisque ça ressemblait à un truc du genre :

Illustratrice indépendante donne un peu de son temps pour améliorer votre technique, travailler la mise en couleur et autres points importants qui ne dépendent que de vous pour 10 dollars de l’heure.

S’en suivait un numéro de téléphone ainsi qu’une adresse mail pour me contacter, ainsi qu’une petite griffe : une espèce de smiley pour me dédouaner de ce sentiment de « J’ai besoin de ces dix dollars » que j’avais en écrivant l’annonce. Le plus pénible aura encore été de déposer mes annonces dans les quelques commerces du quartier et, étrangement, à la fac. Même si y aller pour la toute première fois pour simplement déposer des annonces m’avait pas mal sapé le moral. Enfin, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour avoir mon tout premier rendez-vous de fixé et la foi, enfin, à l’idée de voir un jour apparaître ne serait-ce que dix dollars.

Je frappe avec incertitude tout de même à la porte de mon élève et patiente sagement, une main dans la poche ventrale de mon sweat à capuche, et l’autre tendue le long de mon corps mais que je relève pour saluer mon interlocuteur alors que la porte s’ouvre. « Salut ! Lison, j’suis là pour le cours. » Je réponds à son sourire par un autre et me faufile entre lui et la porte lorsqu’il m’invite à entrer. Je prends quelques instants pour découvrir l’intérieur de son chez-lui, ça peut peut-être me donner une idée de son caractère, puis lâche mon sac au pied du fauteuil lorsqu’il m’invite à aller m’asseoir sur celui-ci. Alors qu’il mentionne les esquisses préparées pour que je puisse y jeter un œil, les étudier un petit peu, j’attrape ces dernières et les consulte longuement. Si je m’attendais à ce que le malaise soit présent pendant notre séance, je n’imaginais pas qu’il le serait à ce point et de cette manière. En tournant les pages, j’aperçois un portrait Ô combien précis de ma petite sœur, Magdalena. Je n’en regarde pas plus et repose délicatement les multiples esquisses sur la table, tout en hochant négativement la tête alors qu’il me propose un café. « C’est gentil. Tu as de l’eau ? » Qu’est-ce que fout Mag dans ce carnet ? Que je sache, et comme tout le reste de la famille, elle n’a jamais eu la patience de poser comme modèle pour quelques dessins, alors pour autant détailler un portrait, il doit la fréquenter souvent. Je pose mes fesses sur le bord du canapé et sort mon matériel de mon sac d’une main tout en envoyant un SMS de l’autre. Je finis par m’exclamer, alors que Spencer est dans la pièce d’à côté : « Est-ce que tu veux commencer tout de suite ? »
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyMer 2 Jan - 17:14

Pendant que je reviens avec le café, je vois Lison admirer mes œuvres. Enfin si je peux appeler mes esquisses des œuvres. Pour le moment, je ne me considère que comme un simple amateur et non un artiste confirmé. Je pose les deux tasses et la cafetière sur la table basse. Lison préfère de l’eau. « D’accord, je vais te chercher ça tout de suite. » Je retourne dans la cuisine pour aller chercher une bouteille d’eau minérale et une autre de lait dans le frigo. Sur le chemin du retour, je chope la boîte de sucres en morceaux, une petite cuillère et un verre. Je reviens m’asseoir à côté de mon invitée. Je lui sers son verre alors qu’elle s’est arrêtée sur le portrait de Magdalena. « Elle est belle. Tu ne trouves pas ? » J’ai mon petit sourire béat et les yeux qui brillent en parlant d’elle. « Je ne parle pas du dessin mais de la fille dessus. » Je ne cherche pas à me dévaloriser. C’est juste que je me sens incapable de faire ressortir toute la beauté de ma dulcinée à travers un dessin. Que ce soit cette esquisse ou une autre d’ailleurs. « C’est ma petite amie. » Et avant que ma prof ne rajoute quoique ce soit, je me sens obligé de m’expliquer. « Je n’ai pas encore de photo d’elle. Alors j’ai fait ce portrait pour pouvoir l’admirer quand elle n’est pas là. » Moi amoureux vous dites ? Non !!! Juste un petit peu beaucoup passionnément à la folie… Bon okay j’arrête !

Pendant que je lui raconte ma vie, je me prépare mon petit café au lait. Ou plutôt mon lait au café comme aiment me charrier mes colocataires. Je ne comprends pas pourquoi. Je dois mettre environ un tiers de café et le reste de lait – sans parler de mes deux morceaux de sucre –. Cela reste un café au lait pour moi. Bon enfin soit ! Je vois la Miss sur son téléphone portable. Evidemment ! « Ma copine est toujours sur son GSM aussi. Elle ne sait pas vivre sans son jumeau ! » J’hausse les épaules et commence à boire ma tasse avant de la reposer. « Je reviens. » Je file rapidement dans ma chambre pour récupérer les cours que j’ai suivi et les montrer à la Miss.

Lison me demande si je veux commencer tout de suite. Je sors de l’autre pièce et reviens vers elle. Elle a toujours le portrait de Mag dans la main. « Oui bien entendu. Tu as déjà repéré plein de défauts à rectifier je parie. » Je récupère le portrait et montre au niveau des yeux. « Je n’ai pas assez accentué au niveau du regard. Tu ne trouves pas ? »
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyMer 2 Jan - 20:24

dessine-moi un moutonSpencer et Lison
Spencer me sort de mes pensées en posant le verre d’eau juste devant moi, sur la table. Je le remercie d’un petit sourire, prends une gorgée et repose le contenant tout aussi calmement. Mon élève brise le silence en prononçant des mots que je ne voulait pas entendre. Mais pour le coup, comment le contredire ? « Bien sûr qu’elle est belle. T’as un bon coup de crayon, et… un sacré sens du détail. » Je crois être beaucoup trop attendrie par le portrait de ma petite sœur pour m’emporter tout de suite et incendier Spencer. Ça viendra probablement, mais pas maintenant. Si Magnus était au courant de ce qui est en train de se passer ici, je n’ose même pas imaginer à quel point il serait remonté. J’en ai eu des échos mais, à titre personnel, je n’ai jamais vu mon frère s’emporter et j’ai beau avoir pour réputation d’être la colérique de la famille, je ne suis pas sûre d’avoir envie de le tenter sur ce point. Toujours avec l’esquisse en mains, je m’enfonce dans le fond du fauteuil et continue de la regarder en silence, tandis que mon hôte m’explique qu’il s’agit de sa petite amie, qu’il a fait ce portrait parce qu’il n’a pas de photos d’elle. Je trouve ça un peu flippant, mais bon, j’imagine que c’est mieux que d’aller voler des photos d’elle dans ses tiroirs. Je n’ai pas envie qu’il se pose de questions maintenant, même si je suis un peu dépassée par ce qui se passe sous mes yeux j’ai besoin de cet argent.

Je le regarde un bref instant préparer son café et, toujours papier en main, j’attrape mon téléphone et en profite pour répondre à Magdalena. J’en avais presque oublié que la petite Cousteau ne veut pas se nourrir depuis que c’est moi qui m’en occupe. Je devais passer lui racheter une brique de lait ce soir, me disant que ça pourrait compenser son manque d’appétit le temps qu’elle se décide, alors je vérifie que la liste est toujours dans ma poche. Spencer lève les yeux vers moi et m’interpelle à propos de cette manie d’être fixée sur mon téléphone, argumentant avec le fait que sa copine, ma sœur donc, est elle aussi constamment sur son téléphone, qu’elle ne sait pas vivre sans son jumeau. Oh, mon bonhomme, tu ne sais pas encore à quel point. « Désolée, je demandais un service à ma sœur. Je ne vais pas le garder avec moi pendant le cours, rassures-toi. J’imagine qu’ils doivent être très proches ? » J’attrape mon verre en même temps que Spencer, qui, en fin de compte, décide de repasser par sa chambre. Il n’a pas l’air de vivre seul, la décoration et les goûts de manière générale sont beaucoup trop éclectiques : une colocation, peut-être ? Je hausse la voix, afin de me faire comprendre clairement depuis le salon. « Tu vis avec du monde ? Ça a l’air plutôt grand pour une seule personne. » Il finit par revenir et dépose devant moi les différents cours qu’il a, j’imagine, suivis à la fac. Je jette un coup d’œil intéressé, non pas pour me faire une idée de son niveau parce que ce que j’ai devant moi ne me permettrais probablement pas de le savoir, mais histoire de comprendre un peu ce qu’on peut bien étudier quand on a l’opportunité d’aller jusqu’à l’université. Je préfère l’avertir tout de suite quant à mes compétences, alors je le regarde en secouant le portrait. « Tu sais, je préfère être claire… ça représente pas grand-chose pour moi, tout ça. J’ai appris sur le tas, comment on dit… autodidacte ? » Ça sonne mieux qu’un "en plus de me cracher ta chance de pouvoir aller à la fac au visage tu m’emmerdes avec ta paperasse".

Je n’ai pas vraiment envie de lui rendre ce portrait, comme s’il s’agissait réellement de ma petite sœur devant moi et que je ne voulais pas la partager avec lui. Avec un inconnu. Alors je vais droit au but et propose à Spencer de commencer tout de suite, ce qu’il accepte sans hésiter. Il pense cependant que j’ai déjà des défauts à rectifier sur ses travaux en me prenant le cahier des mains. Il pointe son doigt vers les yeux de Magdalena et me demande s’il n’y a pas un problème au niveau du regard. Je souffle du nez ; si c’est comme ça qu’elle le regarde, il a vraiment tout gagné celui-là. « Je crois qu’elle a un œil plus grand que l’autre, en fait. Tu permets ? » J’en profite pour lui reprendre le cahier des mains et continue de lui faire la conversation en étudiant un peu plus en détails le portrait. « Alors, tu as besoin de revoir des points en particulier ? » J’ai l’air fine, comme ça, à donner des cours de dessin pour dix dollars de l’heure au petit copain de ma sœur.
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyMer 9 Jan - 22:03

Je ne peux pas m’empêcher de parler de ma petite amie. Je suis tellement fier d’être enfin avec une fille, que cette dernière en devient ma priorité absolue à tout instant. Si jamais Magdalena a besoin de moi, cela quelque soit l’heure du jour ou de la nuit, j’accours la voir. Je suis fou d’elle. Au point d’avoir réalisé effectivement ce portrait. Je peux au moins admirer ma chérie lorsqu’elle n’est pas là. Elle est si jolie… « D’après ce qu’elle m’a dit oui. Je ne l’ai pas encore rencontré personnellement. Je ne peux pas me faire ma propre opinion. Je sais juste qu’ils sont très proches tous les deux. Bon après ils sont jumeaux. Et à ce qu’on dit, les jumeaux entretiennent entre eux des liens bien particuliers. J’imagine donc que pour Magdalena et son frère, cela doit être pareil. »

Je m’éclipse brièvement le temps de récupérer quelques affaires dans ma chambre. J’entends Lison me demander si je vis avec du monde. Que l’appartement lui semble grand pour une seule personne. Je reviens vers elle tout en lui répondant par la même occasion. « Ah oui… Oui ! On est cinq à habiter ici. Je vis en colocation. Là tu ne vois pas les autres car ils sont tous dehors à leurs occupations. » Je ne cherche pas à approfondir le sujet. Nous n’étions pas ici pour discuter des autres colocataires.

J’étais venu rapporter les cours que j’ai suivi à la fac pour les montrer à ma professeure particulière. Celle-ci me rembarre direct me faisant comprendre que ce n’était pas sa tasse de thé. « J’ai voulu tenter les études supérieures afin d’en apprendre plus sur la théorie. Mais au final ça m’a plus embrouillé l’esprit qu’autre chose. Je préfère me consacrer à la pratique. » Lui expliquais-je calmement.

Lison se met à rectifier le portrait de ma petite amie. Je la laisse faire sans rien dire. Je l’observe tout simplement. Elle me demande ce que j’aimerais revoir. « Bonne question… » Bah en fait je ne sais pas. Je n’en ai aucune idée. Je ne me rends pas compte de mes talents de dessinateur. Ce que je fais n’est jamais parfait. « Tu en penses quoi toi ? » En fait, j’ignore si j’ai réellement besoin de cours ou pas. « Comment tu as fait pour devenir illustratrice ? »
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyVen 11 Jan - 13:56

dessine-moi un moutonSpencer et Lison
Mon karma est très très très mauvais. J’ai peut-être jeté un sac en toile rempli de chatons dans une rivière dans une vie antérieure, qui sait ? Me voilà partie pour deux heures de cours avec le petit ami de ma sœur dont j’ignorais l’existence. Et en plus de ça, il est fou d’elle au point de partager quelques détails de leurs relations avec moi. J’avais encore un doute jusque-là, je ne voulais pas accepter que l’on puisse penser à la même fille tous les deux. Ça ne pouvait être qu’une coïncidence. Mais lorsque Spencer argumente à propos de la relation fusionnelle que Magdalena – c’est d’ailleurs la première fois qu’il cite son nom – entretient avec son frère, Magnus, je ne peux plus y échapper. Fort heureusement, il n’a pas encore rencontré mon frère cadet ; je crois bien qu’il s’emporterait et lui ferait vite comprendre qu’il n’a rien à faire à moins de dix mètres de notre sœur. Putain, je paierais cher pour voir ça, quand même ! Je renifle discrètement avant d’enchaîner. « C’est le cas dans une fratrie de manière générale, j’crois. Je sors d’une famille nombreuse, alors je peux comprendre. T’as des frères et sœurs ? » J’imagine que non ; il a l’air surpris à l’idée que les jumeaux puissent être aussi proches. Et pourtant, il ne sait pas à quel point.

Alors qu’il repasse rapidement chercher des bricoles dans sa chambre, j’en profite pour étudier un peu plus l’espace qui m’entoure. Je suis curieuse de nature, mais alors maintenant que je sais tout ça je vais probablement devenir intrusive à en crever : je ressens le besoin de tout savoir de lui, comme s’il pouvait représenter une menace. Alors qu’il revient dans le salon, il m’explique vivre en colocation. Cinq personnes, pas mal. Je me demande si elle est déjà venue ici, tiens. En attendant, je n’insiste pas : je vois bien que Spencer préfère se concentrer sur la raison de ma présence ici aujourd’hui, et c’est peut-être mieux comme ça. J’ai plus qu’à grappiller quelques informations au compte-goûte tout en veillant à ne pas me cramer. « C’est cool, en tout cas. Ça doit être chaleureux. » Et hop, changeons subtilement de sujet. J’étudie un instant les cours qu’il dépose sur la table, mais ne nous voilons pas la face : moi-même je n’y comprends rien, je n’ai jamais été faite pour les études en général et rien que l’idée d’aller à l’université me fait frissonner. Alors je le précise à Spencer, qui me réponds avoir été embrouillé par la théorie. Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un rire, ce même genre de rires que ma petite sœur, et d’ajouter : « T’as raison. C’est pas la théorie qui vas t’apprendre à tenir un pinceau. » Et j’en suis l’exemple idéal ; je n’ai suivi aucun cours de théorie, personne ne m’a jamais appris à faire ça de telle manière, et pourtant c’est mon boulot aujourd’hui. « Il suffit d’un bon coup de crayon, de quelques idées et de faire jouer des relations. J’crois qu’un diplôme sert juste à justifier qu’on te paye plus cher. » J’ignore s’il compte en faire un boulot à plein temps, mais selon les clients le salaire est plutôt honnête. C’est peut-être pas du luxe, mais on en est pas non plus à se demander ce qu’on va bien pouvoir manger à la fin du mois. Enfin, pour quelqu’un qui paye pas de loyer.

J’observe le portrait de Magdalena et j’ai un peu de mal à poser le regard sur autre chose. Spencer, assis à côté de moi, ne sait pas vraiment quels sujets il aimerait aborder aujourd’hui et préfère de ce fait me demander mon avis. « On peut travailler un peu la couleur. Ça te dit ? » J’ouvre ma trousse et sors quelques extras de mon sac avant de brusquement m’arrêter. « Tu as du matériel, au fait ? J’aurai du te demander avant, ça paraît pas toujours abordable. » J’ai probablement de quoi nous permettre de continuer dans des conditions à peu près bonnes, mais c’est d’autant mieux s’il est déjà équipé. Il finit par me demander comment j’ai bien pu devenir illustratrice. Ne tournons pas autour du pot, sinon ça va vite m’emmerder. « J’ai… fait pas mal de conneries, quand j’étais plus jeune. Disons que c’est comme ça que je me rattrapais. »  
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyDim 13 Jan - 14:23

Nous parlions du lien fusionnel qui unit ma petite amie à son frère jumeau. Lison m’apprend appartenir à une famille nombreuse. « Tu as de la chance. J’aurai aimé en avoir. Mais non… Du côté de ma mère je suis fils unique. Après j’ai peut-être des frères et sœurs ici à Island Bay. Pour tout t’avouer, avec Joy on attend les résultats des tests de génétique. » Je ne sais pas pourquoi je lui raconte ma vie comme ça. Cette fille m’inspire confiance. Et puis je n’ai rien à cacher. Ce n’est pas une honte de découvrir avoir des liens de parenté avec des inconnus. Je ne connaissais pas mon père. Et si les prises de sang s’avèrent positives, je n’en aurais jamais l’occasion étant donné qu’il est mort. Enfin soit ! C’est la vie…

Vivre en colocation a ses avantages. Déjà nous sommes à plusieurs à payer le loyer et les charges. Ce qui n’est pas négligeable lorsque l’on ne roule pas sur l’or. Mais cela a aussi ses inconvénients. Pour une personne introvertie comme moi à la base, c’est assez dur de trouver sa place au sein du groupe. Les autres sont tous plus jeunes. Peut-être est-ce la différence de génération qui joue. Nous venons tous d’un milieu différent. Le besoin d’isolement me manque par moment. Jusqu’à présent je n’ai pas encore ramené Magdalena à cause de ça. J’attends patiemment un soir où personne ne sera là. Pour être rien que tous les deux. « Ça l’est ! » Cool et chaleureux comme le dit si bien Lison.

Nous parlons ensuite des cours que j’ai suivi à la fac. L’illustratrice est de mon avis vis-à-vis de la pratique. « Moui… Je suis d’accord avec toi. Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça en fait. C’est pour ça que j’arrête. » Au moins les choses étaient claires. « Les études supérieures ne sont pas faites pour moi. » J’ai tenté et je me suis rendu à l’évidence. J’écoute les conseils de la miss ainsi que son point de vue sur les diplômes par rapport au salaire. « T’as peut-être raison. Et encore je ne suis pas tout à fait convaincu. » Je gratouille mon nez qui me chatouille puis range mes classeurs hors de notre vue à tous les deux. Cela nous fait plus de place sur la table basse. On peut ainsi bosser tranquillement.

Lison me propose de travailler sur la couleur. Je remarque bien qu’elle ne lâche pas le portrait de ma petite amie. Mais je ne dis rien. « Ça marche. » Elle prépare son matériel et me demande si j’en ai. « Euh oui mais bon ce n’est pas du matos de professionnel je te préviens. » Je sors ma trousse de crayons de couleur trouvée dans la supérette du coin. Des crayons spécialement conçus pour les enfants de la maternelle. Je la regarde d’un air désolé. « Je t’avais prévenu. » Mais bon personnellement ça ne me dérangeait pas. Je n’ai pas les moyens pour acheter des fournitures haut de gamme de toute manière.
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyDim 13 Jan - 20:54

dessine-moi un moutonSpencer et Lison
De la chance, c’est sûr. En revanche, on a pas eu les parents derrière pour nous élever, alors certains d’entre-nous ont très vite dû apprendre à se débrouiller et à veiller sur les autres. Pour Spencer, c’est différent ; de ce que je comprends, il pourrait bientôt apprendre qu’une certaine Joy – je sais pas d’où elle sort mais qu’importe – pourrait bien être sa sœur. Je me surprends à grimacer à l’idée de découvrir un jour moi aussi que j’ai d’autres frères et sœurs aux quatre coins du monde. Je les aime bien, pas de doutes là-dessus, mais ça va commencer à suffire. Je porte une main à mon oreille gauche le temps de régler mon appareil auditif avant de répondre à mon élève. « C’est peut-être pas une mauvaise chose, si t’es enfant unique. Je sais pas vraiment ce que ça fait, mais en tout cas tu seras bien entouré. » Je me dis qu’il serait peut-être raisonnable de lui faire une petite confidence à mon tour, ce n’est pas le genre de sujet dont on aime habituellement parlé à la première venue. « Mon père s’est barré quand j’étais petite, et ma mère… ben, elle a jamais vraiment su prendre soin de nous. » Puis de fil en aiguille, nous discutons brièvement de l’appartement de Spencer ainsi que du fait qu’il vive en colocation. Moi, c’est différent ; je squatte un peu partout, sans jamais m’imposer, et j’ai de gros à priori sur la vie à plusieurs. Même si je ne sais pas vraiment ce que ça fait, je n’ai pas envie de me retrouver parquée, d’avoir à marcher sur les autres pour pouvoir attraper une babiole de l’autre côté de la cuisine. Je préfère le calme, ne rien devoir à qui que ce soit… une petite vie d’ermite, au fond.

Nous tombons d’accord en ce qui concerne les études : ce n’est pas fait pour nous – et même si c’était le cas, je n’aurai jamais eu les moyens d’y aller. J’étais trop occupée à fréquenter le commissariat à cette époque, je n’aurai jamais pu devenir une étudiante assidue. Il a beau être le mec caché de ma petite sœur, je suis bien obligée de lui donner un point pour le coup ; j’ai pas l’habitude de tomber sur des gens qui ne me jugent pas par rapport à mon cuisant échec scolaire. Je finis mon verre puis reprend le portrait de Magdalena avant de l’interroger. « Tu faisais quoi avant ? Si c’est pas indiscret. » Et même si ça l’est, j’en ai rien à foutre. J’ai bien l’intention d’en apprendre un maximum sur le petit Spencer. J’imagine que s’il a cherché à suivre des cours c’est parce qu’il n’est pas familier avec ce domaine. J’en profite pour lui demander s’il a le matériel adéquat pour travailler. J’ai de quoi combler les manques s’il le faut, je sais que ça peut coûter cher et je m’attendais à tomber sur quelqu’un qui n’a pas forcément les moyens. Surtout s’il n’est pas sûr de continuer dans cette voie. Bon, ça me fait quand même chier lorsqu’il me sort des crayons de couleur tout droit sortis d’un kit pour enfants. Je laisse échapper un rire puis fais rouler quelques feutres jusqu’à lui. « Effectivement, c’est pas très pro. T’inquiètes pas, tu vas utiliser ça. » Je regarde une dernière fois le portrait. « Ta copine, ça te dirait qu’on lui donne quelques couleurs ? Où n’importe lequel de tes dessins, si tu préfères. »
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyVen 18 Jan - 10:56

On parle de la famille. Des différences entre être enfant unique et avoir des frères et sœurs. Puis Lison me confie qu’elle n’a pas eu des parents exemplaires. « Je ne sais ce qui est pire entre le père qui abandonne ses enfants et celui qui ne s’en est jamais occupé. » Je fais référence là au mien. Il savait que j’existais. Et pourtant il n’a jamais cherché à me voir et à m’élever. Si les tests s’avèrent positifs, j’en apprendrais certainement plus à son sujet grâce à Joy, ma demi-sœur. Quand elle était venue me voir à l’agence, elle avait énoncé le fait qu’elle garde chez elle encore quelques cartons contenant des affaires de notre père. Ce dernier étant décédé dans un accident de voiture, elle a surement récupéré des babioles, des souvenirs et de la paperasse à lui. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a découvert l’infidélité de son père vis-à-vis de sa mère. Grâce à des lettres que ma mère lui avait envoyées et qu’il a conservé précieusement. Ce qui voulait surement dire qu’il tenait à maman. Mais de ce cas-là, pourquoi ne m’aimait-il pas ? Enfin… Pas assez pour être à mes côtés. Je ne demandais pas qu’il reste tout le temps là. Mais il aurait pu venir me voir une fois de temps en temps. Même si ce n’était qu’une fois par an. Bref ! Je ne le connaitrais jamais. Dans le fond ce n’est peut-être pas plus mal. Je n’en sais rien.

C’est drôle comme Lison a pas mal de points communs avec ma petite amie. Elles viennent toutes les deux d’une famille nombreuse. Leurs parents, qu’elles en aient ou pas, finalement ça ne change rien. Elles ont jusqu’au même rire ! Nous continuons de discuter sur divers sujets. «  Pourquoi ce que je faisais avant ? » Je lui souris avant de reprendre. «  Je travaille dans une boîte d’évènementiel. Je m’occupe de la partie sono. » Je cherche dans mes croquis celui que j’avais fait d’un mariage. Une fois je m’étais éclaté à reproduire sur papier un couple de jeunes mariés ouvrant le bal. La fille était enceinte jusqu’aux yeux. Je le montre à ma professeure. «  Là j’ai représenté des clients qu’on a eu il y a quelques mois. La jeune mariée était à un mois du terme quand ils se sont passé la bague au doigt. » Cette soirée que j’avais animé m’avait marqué. Car à la fin du bal d’ouverture, elle a cru qu’elle allait accoucher. Mais finalement on a réussi à finir la soirée et le petit Leo est né deux jours plus tard. «  J’aimerai bien changer de travail pour avoir des horaires plus normaux. Être présent le soir et le weekend. Surtout qu’avec ma petite amie, on envisage d'avoir un enfant. »

Lison me prête son matériel. «  Oui on peut bien sûr. Je n’ose jamais mettre de couleur sur les portraits. J’ai peur de les gâcher. » Les autres dessins me posent étrangement moins de problème.
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyDim 20 Jan - 16:26

dessine-moi un moutonSpencer et Lison
Je retire la main de mon oreille et souffle en attrapant mon verre d’eau. Je jette un regard à Spencer, je genre de regard compatissant vis-à-vis de sa situation familiale, puis me laisse retomber dans le fauteuil. « D’expérience, je te dirais que c’est plus difficile quand tu l’as connu. Même si c’est pas l’Amérique à la maison, tu t’attends pas à ce qu’il se tire sans prévenir du jour au lendemain. Et dans ta tête d’enfant, tu te dis que c’est que passager, encore une bête dispute, alors tu vas attendre sagement qu’il rentre, tous les soirs. Et tu seras déballé en allant au lit, parce qu’il est pas là. Encore une fois. » Je hausse les épaules, comme pour clôturer mon argumentation. J’espère ne pas avoir dit trop de conneries, qu’il pense que je me plains alors que c’est sûrement difficile aussi de grandir sans jamais avoir connu son père. On reste peut-être des enfants perdus, au final ; on doit vaguement avoir le même âge, et pourtant l’un est en colocation et en pleine reconversion, et l’autre donne des cours sans même savoir où elle va dormir le soir-même. C’est beau la famille.

Spencer fait mine de m’interroger lorsque je lui demande ce qu’il pouvait bien faire avant, mais il poursuit tout de même. Il gère le son dans une boîte d’événementiel. « Plutôt cool. On a peut-être des amis en commun, je connais quelques types qui aiment bien tout ça. Je lève le doigt vers mon appareil auditif en roulant des yeux. Bon, moi c’est différent. Je peux pas trop assister à tout ça. » J’attrape une nouvelle fois mon verre d’eau pour marquer un temps avant de m’expliquer sur les raisons de ce questionnement soudain. « Y’a pas beaucoup monde qui se décide à prendre des cours d’illustration aussi tard. Je pensais que t’étais en reconversion, un truc comme ça quoi. » Et je ne me trompais pas. Après m’avoir montré un croquis d’un mariage – ce qui me permet en même temps de remarquer que Spencer a certaines techniques pour représenter des scènes que je n’ai pas – il me parle de la grossesse de la mariée et, de fil en aiguille, de ses horaires de travail. J’aurai préféré ne pas en savoir la raison et prends un air soucieux lorsqu’il me parle de ce projet de fonder une famille avec sa petite amie. Je me contente alors de lui dire que c’est « Cool, vraiment. » en hochant la tête. Je repose le portrait de ma petite sœur et attrape un feutre que je fais nerveusement passer entre mes mains. Il m’autorise à porter une touche de couleur sur le portrait, mais je préfère détourner le regard un instant, zyeutant un peu dans l’appartement, et prendre une grande inspiration avant d’ajouter quelque chose. « Écoute, Spencer… T’as pas l’air méchant, je le vois bien, mais tout ça… Je tend la main vers le portrait de Magdalena pour illustrer mes propos. Tout ça, ça me met vraiment mal à l’aise. Et puis, t’as quand même un sacré coup de crayon, alors c’est peut-être préférable qu’on s’arrête là, tu crois pas ? » Je pensais vite m’énerver contre lui, mais en fin de compte, c’est vrai, je sais pas où me mettre. Ces histoires d’enfant et tout, ça fait beaucoup à assimiler en seulement quelques minutes et je sais pas si je serais capable de continuer la séance comme ça. J’attrape discrètement mon sac du bout des doigts, comme si j’étais prête à prendre la fuite d’un instant à l’autre.  
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MessageSujet: Re: Dessine-moi un mouton | Lison. (#)   Dessine-moi un mouton | Lison. EmptyLun 21 Jan - 15:36

J’écoute très attentivement le point de vue d’une fille qui a connu son père mais qui l’a abandonné. Je n’avais jamais pensé à ça auparavant. Mais comment lui dire que ma mère était une prostituée et qu’enfant, lorsque je regardais n’importe quel homme, je me demandais si c’était lui ou bien lui encore mon papa ? Maman n’a jamais voulu me parler de son passé. A tel point que j’ignorais qu’elle était originaire d’Island Bay. Je n’ai jamais eu honte de ce que faisait ma maman. Cependant je ne suis pas du genre à crier ça sur tous les toits. Il n’y a que Dean, mon ami d’enfance, qui l’a connu qui sait comment elle était. Et aussi Casey où j’avais brièvement de mon passé lors de notre correspondance. Ma propre compagne ne sait rien non plus. De ma vie à New York, Magdalena sait seulement que je suis parti à la suite de la mort tragique de ma mère. Les circonstances de ce drame lui demeurent inconnues. Et pour le moment c’était très bien comme ça. «  Oui je vois. Disons que notre différence, tu as toujours su qui était ton père. Alors que moi pendant des années je l’ignorais. » Je soupire. Je compatis à la douleur de la miss. Je la partage avec elle.

Je remarque que Lison touche régulièrement son oreille. Puis aperçois son appareil auditif. Curieux, j’aimerais bien parler avec elle de son handicap. Mais intimidé, je n’ose pas. Evidemment, je n’ai aucune appréhension sur les handicaps quel qu’ils soient. C’est juste que je ne sais pas trop comment aborder le sujet. C’est assez délicat. Elle en fait cependant allusion. Compréhensif, j’hoche simplement la tête en guise de réponse. «  Je me doute. » Pour revenir sur nos potentielles connaissances en commun «  on a nos habitués donc ce n’est pas impossible non plus. »

En parlant de ma reconversion, Lison me fait comprendre que je ne suis pas tout jeune. «  Je sais que je me fais vieux. Déjà à la fac, j’étais l’aîné de ma promotion. » J’hoche les épaules. Ça me met un coup au moral. On ne va pas en rajeunissant malheureusement. Raison de plus pour avoir un bébé rapidement avec Mag. Je veux le voir grandir avant qu’il ne soit trop tard. Etrangement, après avoir confessé mes projets de fonder une famille avec ma copine, Lison se met à réagir bizarrement. On était sur le point de travailler la couleur mais elle abandonne l’idée en me montrant le portrait de Mag. Prétextant que tout ça est trop pour elle. Je la regarde étonner. Je crois que j’ai loupé un épisode. Mais lequel ?  Elle me confirme ce que je savais depuis longtemps : que je n’ai pas réellement besoin de cours. J’ai juste mon propre style. Comme chaque artiste dans le fond. Elle veut qu’on arrête donc de se voir si j’ai bien compris. Pendant que je me lève et prends l’argent dans mon portefeuille pour payer les deux heures de cours à Lison, je vois qu’elle se lève également en prenant son sac. Je lui donne son dû et la laisse donc partir si précipitamment soit-il. Je me demande encore ce que j’ai pu dire ou faire qui l’a contrarié à ce point. Je lui enverrai un message plus tard afin de m’excuser auprès d’elle. Un jour je saurai peut-être la raison. Sinon tant pis !

Fini.
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