RP LIBRE - Être perdu

Arrivée à l’extérieur, je sentis l’air frais envahir mes poumons. Il devait faire environ dix degrés seulement, je fis satisfaite d’avoir pris le temps de prendre une veste de poil beige pour couvrir mes épaules toutes frêles, j’étais un peu du genre frileuse la plupart du temps. J’avais envie de quelque chose pour me remonter le moral, une sorte de confort instantané qui m’aiderait à oublier le mal que j’ai ressenti lorsque je retrouvai ces photos dans le fond de ma penderie où j’avais décidé de faire un grand ménage à mon grand regret. J’avais parfois de mauvaises idées et il était difficile pour moi de vivre avec ça.  Je m’étais au moins sauvée du poids de mon petit studio qui semblait me rappeler le peu dont j’étais capable d’accomplir, qui m’étouffait dans mes souvenirs. Je me rendis à l’endroit le plus proche, prête à me changer les idées d’une quelconque manière. Lorsque l’on a de la famille, c’est plus facile, vous avez un poids dans le cœur et vous allez voir vos parents ou vos frères et sœurs, mais lorsque vous faites le choix de poursuivre seul c’est un peu plus complexe. Je ne m’en veux aucunement pour cette décision par contre, autrement je serais dans un plus gros pétrin et probablement dans une plus grande douleur du même coup.

Je me rendis à l’arrêt d’autobus, un petit trajet avec la musique dans les oreilles était ce qui me réconfortait le plus à l’époque, lorsque je me sentais seule ou alors mal entourée. J’attendis à peine deux minutes que j’embarquai dans le bus, sans destination. J’écoutai quelques chansons qui me réconfortent, comme 1979 de Smashing Pumpkins et plusieurs autres. Mon trajet s’étira jusqu’à 1 heure puisque je m’endormis dans le fond du bus pendant environ une vingtaine de minutes. Je crois que j’étais épuisée mentalement de cette petite escapade dans mon passé. Je me réveillai en sursaut, je vis un homme inconnu, grand et costeau, qui se donna tout bonnement le droit de mettre sa main sur ma cuisse. Je me levai d’un coup sec, c’est ainsi qu’il m’empoigna le bras d’un geste rapide et fort. Paniquée, je fis sonner l’alarme pour débarquer le plus tôt possible, ce que je fis. Je ne pris même pas la peine de lui adressé ne serai-ce qu’un seul mot, j’avais encore mes écouteurs aux oreilles. Je ne voulais pas donner trop d’attention à ce genre de personne puisque c’est souvent ce qui les attire vers vous. Je repris seulement le contrôle de mon bras d’un geste aussi brusque que le sien, je lui lançai un regard de mépris du plus fin fond de mon cœur, puis je sortis à l’extérieur du bus, le pas rapide.

Malgré ma rapidité, je me sentais toujours suivie, je décidai d’entrer dans une supérette. Je ne savais même pas où j’étais, je m’en foutais éperdument, je tentais de retrouvé ma petite solitude, mais je ne semblais pas y parvenir, j’entendis le bruit de la cloche de la supérette retentir de nouveau, le même que lorsque je suis entrée. Alors le type m’avait probablement suivi. Je tentai de me perdre dans les allées, un peu inquiète de ce que cet homme me voulait. Je regardai autour de moi à la recherche d’un but, de quelque chose que je pouvais me mettre sous la main pour me défendre dans le pire des cas. N’importe quoi, un petit réconfort, une arme fatale, un…

Ce que j’eus en retour ce fut une collision avec quelqu’un.
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« Désolé, je ne vous avais pas vu. Je paierai les ch... »

Les mots retentirent dans ma tête quelques secondes, un peu comme un écho, lorsque vous criez en montagne. Je n’étais pourtant pas vraiment sonnée par la collision, mais il serait juste de dire que mon esprit était ailleurs, un peu en mode protection. Je n’avais pas vraiment aimé mon escapade dans le bus alors c’était dans ma priorité de trouver cet homme avant qu’il ne me trouve et lui faire la peur de sa vie. Je sais que ça semble insensé, je fais environ 1 mètre 65 centimètres donc mon physique n’est peut-être pas mon plus grand avantage, mais je savais être menaçante quand la situation l’impose.

Je regardai le sac de chips par terre, il avait littéralement explosé et il y en avait partout, un vrai gâchis. N’étant pas chez moi, je ne pouvais pas réellement y faire grand-chose, ce sont les employés qui doivent s’occuper de ça. Je rougis légèrement lorsque mon regard croisa le sien, c’était le genre de situation auquel j’étais souvent confronté. Je crois que mon nouvel interlocuteur remarqua rapidement que je n’étais pas réellement avec lui, enfin physiquement je n’avais pas bougé d’un poil, mais j’étais quand même loin dans mes pensées, puisqu’il interrompit carrément sa phrase, à laquelle je savais bien la suite, puis qui ne faisait pas de sens puisque je n’avais rien du tout sous la main, ou dans un panier, j’étais littéralement ici pour me cacher. C’est ainsi que ça me frappa, la stupidité de la chose, à quel point je devais avoir l’air… Sauvage et insécure. Je me retournai vers lui, nos regards se croisèrent un moment puis il me demanda si j’allais bien.  Je n’étais pourtant pas la seule coupable d’avoir été ailleurs un moment puisque juste après notre collision, je le vis enlever ses écouteurs pour s’excuser. Ah oui, lui au moins s’était excusé, c’est la moindre des choses Arielle… J’affichai un sourire jusqu’aux oreilles, je voulais avoir l’air en contrôle et ne pas avoir à expliquer que j’avais l’impression qu’un espèce de maniaque me suivait parce que j’aurais probablement l’air folle et le prochain aller simple pour l’hôpital psychiatrique allait m’être destiné. Ce n’était pas vraiment ce que je voulais, puis j’étais une personne civilisée et pleine de vie, je pouvais bien faire un petit effort. Je m’éclaircis la gorge.

« Si bien sûr, je suis vraiment désolée, je… »

Je vis alors que nous étions dans l’allée des biscuits et petits gâteaux. Je pris la première boîte qui me vint sous la main, puis je riais nerveusement.


« Je cherchais des… *regarde la boîte* biscuits aux pépites de chocolats ! Alors voilà, notre collision m’a fait ouvrir les yeux, inutile de me les offrir, ce devrait être moi qui vous offre un nouveau sac de chips. »

Je pris alors un sac avec le même logo, espérant pouvoir me faire pardonner en quelque sorte d’avoir eu cette rencontre avec ma maladresse. Cette situation me faisait presque oublier ma raison de ma venue ici, je me dis tout simplement que mon imagination m’avait probablement joué un tour, que l’homme du bus était sûrement resté dans le bus et que je m’inquiétais pour rien.

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