J'ai cru voir un revenant !(Ft. Aoline & Kenny)

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Maintenant qu'il s'étaient retrouvés et qu'Aoline était sortie de l'hôpital, les deux Sandersen passaient pratiquement tout le reste de leur temps libre ensemble. Ils en avaient des choses à rattraper, à se raconter. Malgré le temps, malgré la distance et le silence, leur complicité restait entières, intacte, ou presque. Il y avait encore des choses qu'Evan cachait à sa petite soeur. Un exemple tout simple : la drogue ou encore la prostitution. Elle n'avait pas forcément besoin de savoir tout ça maintenant. Ni même un jour d'ailleurs... Il ne voyait pas comment mettre ce sujet sur la table. Pour le moment, ils se cantonnaient aux amours éventuels du jeune homme. Et ça ne le dérangeait pas. Aoline essayait de deviner quel type d'homme ou de femme lui correspondrait au mieux. Et ça ne tournait pas autour du physique mais bien de la personnalité. Ils passaient parfois du temps à observer les gens, assis en terrasse d'un café, ou sur le banc d'un parc. Et en étudiant leur attitude et leur façon d'être, ils discutaient de la compatibilité potentielle de caractère avec Evan. Ce qui, in fine, n'était pas si simple que ça. Le jeune directeur avait placé la barre un peu haute. Il accordait beaucoup (trop) d'importance aux sentiments et par conséquent, il se faisait souvent avoir. Le coeur est facile à berner. Il existait des gens capables de comprendre comment il fonctionnait et mieux disposés à abuser de la situation pour le manipuler. Il comptait au moins six anciennes relations comme ça. Aoline apportait une forme de troisième regard, elle réfléchissait avec sa tête et cela l'aidait beaucoup à se forger. Certes, c'était le monde à l'envers puisque normalement, vu son âge plus important, il aurait du être lui-même dans ce rôle.

En ce samedi après-midi, ils se baladaient, dans le centre commercial. Aujourd'hui, le mot d'ordre, c'était un petit relooking pour Evan, non pas pour son travail mais pour son temps libre justement. En effet, quand on regardait sa garde-robe, tout était très inégal. Il possédait des costards impeccables mais le reste de ses affaires, ce qu'il mettait pour traîner chez lui ou sortir en dehors du travail, était dans un état minable. Jeans troués, délavés, t-shirts et pulls dans le même état. Et là, ça n'était pas une question d'argent. Il devait encore une bonne somme à cause de ses impayés mais peu à peu il remontait la pente et ils disposait d'un très bon salaire. Il s'agissait plus de flemme et de manque de motivation. Il ne savait pas quoi mettre, ni si ça lui irait, lui conviendrait. Une fois encore, Aoline joua le rôle de bonne conseillère. A la place des survêtements, elle lui conseilla des jeans, à la coupe régulière, c'est à dire pas trop près du corps. Pour le haut, elle trouva que la marinière lui allait bien, qu'il pouvait opter pour de jolies couleurs, le bleu clair, le rose, le jaune pâle, le blanc. Elle lui déconseilla le vert, car ça ne mettait pas ses yeux en valeur. Quand ils sortirent de la boutique, Evan avait les bras bien chargés. Elle était même allé jusqu'à lui conseiller des chaussettes. Elle n'avait, en revanche, pas réussi à lui faire changer sa paire de converse, usée et largement amorties. Là-dessus, elle se butait à un mur. Ses chaussures, c'était sacré. On ne pourrait pas lui faire troquer son confort pour des pompes neuves, dures et pas agréables. Déjà que dans ses chaussures de villes, il était malheureux, au point de se balader pieds nus dans l'hôtel !

Ils avançaient au milieu de la foule, en discutant de parfums et de soins pour la barbe. Evan ne pouvait s'empêcher de penser que sa soeur essayait de le remettre sur le marché amoureux en soignant son apparence. C'est vrai qu'il en avait besoin. Sans être moche à regarder, il faisait peu d'efforts. Il utilisait un parfum lambda, même pas une vrai marque, qui outre le fait de sentir comme le dentifrice, ne tenait pas longtemps (et heureusement !). Quant à sa barbe, le fait de la laisser pousser pendant trois jours lui allait mieux que le rasage de près. Ca lui donnait un air plus âgé, plus mûr, qui cassait ce visage de gamin qu'il pouvait avoir. A un moment, plongé dans ce qu'il disait, il cessa de regarder devant lui. Juste quelques secondes. Boum. Il percuta quelqu'un violemment. Si brutablement d'ailleurs, qu'il fut déséquilibré et manqua tomber par terre.

- Pardon ! Excusez-moi, je ne vous avais pas vu !

Ses yeux se posèrent alors sur l'homme qui se dressait devant lui. Il était plus grand, plus musclé aussi. A côté, Evan avait l'air d'une crevette. Quand il vit son visage, il blêmit soudainement et laissa échapper un cri de surprise. Un silence de mort tomba alors. Tout le monde les regarda, quelque peu inquiet. Puis les gens repartirent à leurs occupations, certains continuaient d'observer, intrigués par ce spectacle peu familier.

- P... P... P-p-p-p-p-p-p... Paul ??? Tu...

Comment était-ce possible ??? Paul était mort... et enterré... CE ne pouvait pas être lui. Il sentit un mouvement de la part de celui qu'il prenait, sur le moment pour son frère aîné. Il s'interposa aussitôt entre lui et Aoline. C'était insensé ! Et la ressemblance était frappante. Sur le coup de l'émotion, Evan ne réflechissait plus trop. Il était prêt à croire à la résurrection de son aîné, même si c'était complètement absurde. Il tenta de se donner une assurance, même si en vérité, il était terrifié.

- Tu ne la toucheras pas... plus jamais... pas tant que je serais vivant...

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Spoiler:

Une semaine s'était écoulée depuis la lecture de cette lettre m'annonçant le mensonge lié à ma naissance ! Sept jours où je me faisais de nombreux nœuds au cerveau afin de comprendre pourquoi on m'avait fait ça ; pour quelles raisons ma ''mère'' si je pouvais encore l’appeler comme ça m'avait volé à mes géniteurs ? Quelle personne seine d'esprit était capable d'un tel acte ? Pour l'instant, je n'avais pas les réponses aux nombreuses questions que je me posais et de toute façon je n'avais pas envie d’affronter celui et celle qui s'étaient joués de moi pendant plus de trente deux ans..... Heureusement que plusieurs milliers de kilomètres s'étaient installés entre nous depuis mon départ de Moscou pour la Nouvelle Zélande.... Dans un élan de colère, son numéro avait été bloqué sur mon téléphone portable, mes réseaux sociaux quant à eux étaient en quarantaine de façon à ce qu'on ne puisse pas me contacter.... Oui encore une fois tout était dans l'excès mais qu'on se mette à ma place quelques secondes avant de juger..... Ma colère avait trouvé refuge dans la boxe... Incapable de mettre des mots sur cette sombre révélation, les coups contre le sac de sable s'avéraient beaucoup plus efficace.... Quant à Caïn, il n'était pour l'instant pas au courant de ce qui venait de me tomber sur le coin de la tête... Le morceau de papier chiffonné de son côté avait été caché dans mon tiroir à sous vêtements de façon à ce que personne ne tombe dessus.... Bien que lu en long et en large à plusieurs reprises, je n'avais pas trouvé la force de jeter ce courrier à la poubelle....

Heureusement ma bonne étoile semblait vouloir rattraper ce fichu coup du destin en m’offrant plusieurs jours de récupération en cette première semaine de l'année.... En réalité, j'avais accumulé beaucoup trop d'heures depuis mon arrivée à l'hôpital et la cadre du service avait imposé les temps de repos afin que le personnel ne soit pas tenté de se faire des semaines à rallonge pendant les beaux jours..... Et c'était bien mieux comme ça.... Vu l'état psychique actuel, il était préférable de ne s'occuper d'aucuns patients au risque de se tromper dans les dosages et de faire une grave erreur médicale.... En tant qu'interne, on pouvait d'or et déjà risquer très gros...

C'est en quittant le cours de boxe pour me rendre dans un grand magasin de marque pour offrir une nouvelle cravate à Gallagher pour notre anniversaire de rencontre qu'on me bouscula...

''Ce n'est pas grave...'' Bien que le choc fût un poil violent et que l'Iphone X reçu à Noël manqua de s'éclater sur le bitume il n'y avait pas mort d'homme.... Je ne regardais pas où j'allais et visiblement l'autre homme non plus.... Aucune raison de s'emporter... M’apprêtant à continuer mon chemin en direction du centre commercial, l'inconnu accompagné de celle qui était probablement sa petite-amie ne semblait pas l'entendre de cette oreille...

''Pardon ?!'' Paul ?! J'avais beau regarder autour de moi ce garçon aux converses plus qu'abimées semblait me prendre pour quelqu'un d'autre.... Le regard de ce dernier avait quelque chose de flippant... ''Vous devez faire erreur... Je..'' Il se passait quoi là ? Ce mec débarquait-il de l'HP le plus proche ? ''Va falloir te calmer... Vous faites erreur sur la personne.... Faudrait peut-être tenir ton mec'' ajoutais-je (pour l'instant) calmement à la demoiselle qui elle aussi semblait être sous le choc. En tant que ''professionnel'' de santé ma réaction aurait pu être totalement différente mais pas aujourd'hui.... Pas avec tout ce qui se passait...

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Spoiler:

❝ J’ai cru voir un revenant ! ❞
Kenny & Harry & Aoline

Tandis qu’Evan se change en cabine, je fouille dans les rayons. J’ai déjà quelques idées bien précises à lui proposer et cela rend parfois difficile de faire avec ce que l’on trouve. Je garde l’esprit ouvert et sélectionne plusieurs pièces qui je pense lui iront à merveille. Nous changeons bien rapidement de boutique et tandis que j’essaie de le convaincre de changer de paires de chaussures, je réalise ce qu’il se passe. Depuis ma sortie de l’hôpital, et que nous nous sommes retrouvés, nous passons presque tout notre temps libre ensemble. Nous nous créons de nouveaux souvenirs aussi souvent que possible. Je crois que j’ai encore cette peur de le perdre, qu’il ne disparaisse à nouveau. Je pense que je serais incapable de le supporter. Nous avons beaucoup discuté mais il nous reste du chemin à parcourir. Il est clair que nous avons tous les deux vécus beaucoup de choses, difficiles certainement. Et nous n’avons pas encore abordé ces sujets délicats. J’ai omis des détails, des passages de ma vie et j’ai la sensation qu’il a fait de même. Mon passé ne me fait plus honte, ni ma chute vertigineuse d’ailleurs. J’en parle bien plus facilement et partage mes expériences avec d’autres dans des associations et groupes de parole. Pourtant, lorsqu’il s’agit de mon frère, je me bloque. J’ai l’impression de revenir des mois en arrière avec cette angoisse de décevoir. Comme avec Kenzo, avant que je ne lui dise toute la vérité. Bien sûr, Evan est déjà au courant de mon histoire avec Paul, il en a été le témoin. C’est de la suite dont il ignore tout. J’espère arriver à tout lui dire, à me confier et à ne plus garder aucun secret entre nous. Plus jamais. Je chasse ces pensées de ma tête et me concentre sur cette journée. Nous passons un excellent moment, hors de question que je me pourrisse tout ça. Nous continuons sur les parfums et autres soins. Après tout, je me suis donnée pour mission de lui trouver son âme sœur. Il mérite largement d’être heureux et il a de quoi plaire. Avant Kenzo, je ne savais pas ce que c’était d’être aimée de cette manière. A présent, je ne m’imagine pas avancer sans lui. Evan aussi y a droit. Comme n’importe qui. Alors que nous discutons, mon frère percute violemment un passant. Il parvient à rester sur ses pieds mais c’était moins une. Il s’excuse platement tandis que je le scrute du regard, soucieuse qu’il se soit blessé. Heureusement il n’a rien. Je capte alors le regard terrifié de mon aîné. Je tourne la tête et me retrouve figée. Aucun son ne semble vouloir sortir et mon frère en perd ses mots. C’est impossible, non pas après tout ça. Pas après toutes ces années. Ma colère prend le dessus sur ma peur. Mes poings se serrent. Evan s’exprime pour nous deux et je dois rassembler tout mon courage pour ne pas me jeter sur Paul. Je sais qu’il ne peut pas être là, mais tout raisonnement logique me quitte. Il finit par répondre et j’ai presque envie de rire à ses propos. « C’est pas mon petit ami, mais mon frère. Tu devrais le savoir Paul » Je réalise qu’il a perdu son accent britannique. Je fais un pas en avant mais Evan me tire vers lui. Son côté protecteur n’est jamais très loin. « Comment peux-tu être en vie ? » C’est à ne rien n’y comprendre. Je ferme les yeux, tandis que mon frère me tient toujours près de lui. Dans quel univers parallèle avons-nous atterri ?

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Evan avait senti ses organes se liquéfier. Par rapport à lui, Kenny avait une corpulence beaucoup plus grande. Comme Paul... d'ailleurs, quand ils s'amusaient à se battre entre frères, pour le jeu, l'aîné gagnait toujours. Inutile de dire, que même s'il s'était interposé pour protéger sa soeur, une simple claque bien placée suffirait à l'envoyer au sol et à le mettre KO. Encore plus quand la baffe était donnée par un boxeur ! Les souvenirs de l'accident lui revinrent en tête. Ce jour là, Paul et lui s'était battus mais pas pour rigoler. Après deux coups de poing bien sentis, Evan avait été groggy. Sans l'intervention d'Aoline, il serait très probablement mort sous les coups de son frère. Un traumatisme qu'il n'avait jamais oublié et qui marquerait pour toujours son esprit. Il avait l'impression de revivre la scène et il ne parvenait pas à hurler à Aoline de s'enfuir. Elle voulait en découdre. Seulement, quelque chose clochait avec "Paul". Il avait l'air... différent... sa voix ne collait pas avec le souvenir qu'il en avait gardé. Il cru même déceler un accent étranger... Paul devait être un sacré bon acteur pour mimer une autre nationalité... à moins que ? Et si ça n'était pas Paul mais quelqu'un qui lui ressemblait ? Comprendre comment c'était possible relèverait de l'énigme absolue, mais Evan parut encore plus terrorisé alors que ses neurones se mettaient peu à peu en marche. Comme une horloge aux multiples engrenages, chaque serrure retrouva sa clé. Il maintint Aoline derrière lui et dans un souffle, il lâcha :

- Il ne peut pas l'être... Paul est mort. Il est enterré... ça ne peut pas être lui... Je suis désolé... vous... vous ressemblez comme deux gouttes d'eau à notre frère aîné... et... nous avons cru que...

Il laissa sa phrase en suspens. En fait, il n'avait pas besoin de la terminer pour qu'elle soit compréhensible. Il ne trouva pas utile d'en rajouter. Il continua néanmoins de fixe cet homme, et ça, c'était franchement dérangeant en plus d'être impoli. Il fronça les sourcils et finit par ajouter :

- C'est effrayant... cette ressemblance... c'est comme si vous étiez son...

Jumeau. Il ne le dit pas à voix haute, mais le pensa avec force. Et son regard se mit alors à briller, tandis que les rouages continuaient leur bonhomme de chemin. Bon sang ! Mais... se pourrait-il que cette personne soit leur frère enlevé à la maternité ? Evan se cramponna à Aoline tandis que le lumière se faisait peu à peu dans son esprit. Il commença à lui secouer le bras, fébrile.

- Tu... tu te rappelles de ce que racontaient maman et papa ? De la... maternité... et de la disparition... Je crois que...

Il agita son haut pour laisser passer l'air. Cette hypothèse était explosive. Et mieux valait éviter de la balancer comme ça, en plein visage. Surtout que si cet homme était leur frère volé, il ne devait probablement pas le savoir. L'heure était venue de prendre congé et de repartir chacun de son côté. Evan fut comme piqué avec de la caféine.

- Bon... vraiment désolé, il y a eu méprise. On ne va pas vous embêter plus longtemps. Encore une fois, je suis sincèrement désolé pour tout ça...

Il tira Aoline avec lui, pour reprendre leur marche. Mais sans le savoir sa réflexion avait planté les graines du doute et laissait entrevoir à Kenny des réponses potentielles à ses questions.

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Difficile de comprendre ce qui se passe sous mes yeux à cet instant... Mon regard se balade entre le jeune homme et la jeune femme sans que je parvienne à trouver de réponses.... Qui est Paul ? Qui ne devrait pas être en vie ? Est-ce qu'ils me confondent avec un médecin de l'hôpital ? Pourtant je n'ai pas le souvenir de mettre trompé de badge en enfilant ma blouse blanche depuis que je suis ici..... C'est curieux et ô combien malaisant.... Je ressens de la haine, je ressens de la peur à mon égard de la part de ses deux étrangers et c'est de plus en plus désagréable. La seule chose que j'arrive à comprendre c'est qu'ils sont tous deux de la même famille, frère et sœur plus exactement.

De part mon métier, on m'a pourtant à gérer les situations de stress, de colère, de tristesse notamment à l'annonce d'un décès auprès de la famille mais là je dois bien avouer que c'est très différent. De plus, on ne me connait pas pour être quelqu'un de violent où alors juste dans l'intimité surtout depuis que je suis avec Gallagher et que c'est excitant mais à coté de ça je ne sors que très rarement de mes gonds.... Je n'ai donc pas pour objectif de me battre avec le garçon mais je n'ai pas non plus envie d'en recevoir une de sa part ce qui vu son état et ce qui se passe dans ses yeux ne serait pas impossible... ''Je ne suis pas Paul.'' tentais-je de répondre une nouvelle fois à la demoiselle.

Finalement l'explication ne tarda pas à arriver.... Nous voilà sauvés.... Cette farce semble prendre fin.... L'homme aux converses venait d'admettre qu'ils venaient de faire erreur sur la personne... Mes poings se relâchèrent doucement... Plus aucune raison d'avoir peur... ''Ce n'est pas très grave.... Ca peut arriver...'' Mais quand même !

''Bonne journée..'' Inutile de rester là plus longtemps ! Mais ça s'était avant que l'un des deux ne reprenne la parole... Disparation ?! Vraiment ?!! Mon sang ne fit qu'un tour tout comme corps qui pivota à 180 degrés.... ''Attendez...'' Ca ne pouvait pas être possible ?! ''Je... Non.... C'est impossible...'' Et pourtant ! ''Je viens d'apprendre qu'on m'avait enlevé quand j'étais gosse que mes parents ne sont pas mes vrais parents.... Ca fait 32 ans que je vis dans le mensonge alors soit vous êtes complices avec ma mère et vous me faites une farce qui n'est absolument pas drôle soit je....'' Soit je ne sais pas ! Mon monde s'écroulait à nouveau comme après la lecture du courrier.

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❝ J’ai cru voir un revenant ! ❞
Kenny & Harry & Aoline

J’ai du mal à réfléchir, comme si mon cerveau s’était mis sur pause. Dans mes pires cauchemars je me retrouve confronter à lui, à Paul. Et pourtant devant lui aujourd’hui, je ne suis effrayée, pas après toutes ces années. C’est la colère qui prime. Elle prend doucement le dessus. Je ne suis pas quelqu’un de violent, bien au contraire, mais en cet instant, je ressens cette envie irrépressible de lui coller mon poing dans la figure. Bientôt, je me retrouve derrière Evan. Toujours à veiller sur moi. J’étais juste aveuglée par mes sentiments, toute logique m’ayant quittée. Mon frère reprend la parole et ses propos me surprennent. J’ai envie de lui dire, de lui faire comprendre, qu’il ouvre les yeux sur la personne qui se tient en face de nous. Je ne réfléchis plus. Paul fait ressortir le pire en moi. J’ai quelques difficultés à redescendre en pression. Et pourtant, lorsqu’Evan me secoue le bras, je m’éveille peu à peu. Je l’écoute attentivement, sans lâcher cet homme des yeux. On ne sait jamais. Son discours s’insinue en moi peu à peu en moi et tandis qu’il prend congés et me tire à sa suite, je digère toujours. Serait-ce possible ? Pourrait-il être le jumeau de notre aîné ? Celui qui a disparu, non celui qui a été kidnappé ? Heureusement, nous nous éloignons et nous aurons tout le temps de nous poser pour discuter de cet évènement malencontreux. Mais le destin en décide autrement. Je me dis qu’un jour, il va falloir que je règle mes comptes avec celui qui s’amuse à nous mettre des bâtons dans les roues. Il nous interpelle et Evan s’arrête net pour lui faire face. J’ai l’impression d’avoir la tête dans une bulle et d’être spectatrice de ma propre vie. Il y a encore quelques secondes, j’étais prête à envoyer cet inconnu à l’hôpital – enfin à essayer au vue de mon gabarie – et à présent, j’avais la tension d’une limace. Je prends tout de même sur moi. Mon frère a besoin que je sois là, présente à 100%. Je l’imite et me retourne. Nous écoutons les propos de cet inconnu, et plus il avance moins je me sens à l’aise. D’instinct, je saisis la main d’Evan. J’ai besoin de sentir qu’il est là. Une légère pression m’indique que nous sommes ensemble dans cette épreuve, quoi qu’il soit en train de se passer. Il n’est pas Paul, c’est la réalité. Et pourtant, je n’arrive pas à le regarder dans les yeux. Parce qu’ils sont jumeaux, ils sont identiques. Je ne remarque pas encore les légères différences entre les deux hommes. Mon esprit n’en est pas encore capable. Tout ce que je vois c’est la personne qui m’a fait souffrir pendant plusieurs années, celui que j’ai tué, qui a poussé Evan à partir, a provoqué ma chute. Je ferme les yeux quelques secondes. J’ai conscience que ce n’est pas juste envers cet homme. Il me faut quelques minutes avant de réaliser que mon frère m’a posé une question « Quoi ? » J’en oublie même les bonnes manières. Il me réitère sa demande et me propose que l’on aille s’asseoir dans un café pour éclaircir tout ça. Visiblement, ils ont discuté sans que je ne m’en rende compte. Il fait preuve de compassion et de recul dans cette situation, une situation extrêmement merdique, il faut l’avouer. Je me contente d’acquiescer. Si j’ouvre la bouche, j’ignore totalement ce qui va en sortir. C’est horrible pour Evan, je le laisse se débrouiller dans ce guêpier. Toujours main dans la main, nous arrivons à un café. Je m’installe rapidement. Un serveur prend immédiatement notre commande. Je n’arrive toujours pas à formuler quoique ce soit. Evan commande un chocolat pour moi, il me connait par cœur et sait pertinemment que je déteste le café. Il règne un silence pesant entre nous trois. Et je ne sais pas encore pourquoi, c’est ce moment précis que je choisis pour enfin m’exprimer « Vous lui ressemblez beaucoup » Comment expliquer à cet inconnu, à une personne qui n’a rien demandé et qui visiblement, vient d’apprendre que sa vie n’est qu’un mensonge, que l’on voit un violeur. Comment le lui dire ?

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Evan avait des frissons sur tout le corps. Il se rendait compte que face à lui, il n'avait pas Paul, mais son frère jumeau, celui qui avait été enlevé à la naissance et qu'ils ne connaissaient pas. Ils savaient juste qu'il existait, rien de plus. Ce drame avait affecté leurs parents et expliquait l'attitude très protectrice qu'ils prenaient à leur égard, par le passé. Le jeune homme semblait troublé, vidé, comme si le ciel lui tombait sur la tête. Et Evan ne put ressentir que de la compassion pour lui, puisqu'il venait de découvrir que ses parents n'étaient pas ses vrais géniteurs, que sa vie s'était construite sur un mensonge. Rude. Il n'y avait rien de pire que d'apprendre tout cela adulte, car cela cassait la personnalité que l'on s'était construite, il fallait une grande force de caractère pour rester debout et ne pas sombrer. Maintenant que la lumière avait été faite, que faire ? Partir avec Aoline en laissant ce type là, en plan ? Pour sa soeur, cela aurait été le mieux. Il la sentait mal, très mal à l'aise. Et en même temps, ça restait logique ! Il ressemblait à Paul comme deux gouttes d'eau, c'était à s'y méprendre ! La preuve, ils étaient tombés dans le panneau tous les deux. Le raisonnement logique et pragmatique, ce fut Evan qui le fit le premier. Leur frère aîné était mort. Ils l'avaient vu, de leurs yeux. Et les morts ne peuvent revenir à la vie. Donc... C'était incroyable... digne des plus grands films de cinéma, voire même des plus grands forums RPG ! Face à eux, ils avaient très probablement leur autre frère... Ils n'allaient quand même pas partir maintenant et le laisser là, comme ça... sans prendre le temps de parler un peu.

- C'est dingue... je veux dire... personne dans notre famille ne pensait un jour te... retrouver... Mais... 32 ans... c'est l'âge qu'aurait eu Paul, lui aussi...

La peur et la colère avaient laissé la place à la fascination. Evan avait le don de s'émerveiller des choses et sa nature curieuse, extravertie, prenait le pas sur ses craintes et sur ses doutes. Il précisa, à toute fin utile :

- Et ce n'est pas une farce... nous ne connaissons pas ta mère, si c'était le cas, nous lui aurions fait un procès pour enlèvement... mais... écoute, ne restons pas là, dans le passage. Trouvons un endroit plus agréable pour... discuter... il y a un café là-bas, j'invite.

Evan n'était pas sûr à 100% qu'il s'agisse vraiment de son frère, mais il en était pratiquement certain. Comme le jeune homme semblait encore sous le choc, il posa doucement sa main sur son épaule et l'invita à le suivre. On comprenait mieux pourquoi il était devenu directeur de l'hôtel. James, le chef du groupe et son meilleur ami, avait vu toute la force de caractère qui se cachait derrière son apparence fragile. Evan était capable de retrouver et conserver son sang froid, même dans des situations comme celle-là. Pour le coup, c'était lui qui jouait le rôle de l'aîné, aujourd'hui. Ils se rendirent dans un café, plutôt calme. Evan commanda pour lui et pour Aoline, parce qu'il la connaissait sur le bout des doigts et qu'il connaissait sa préférence pour le chocolat. Installés autour de la table, Evan ne put s'empêcher d'acquiescer lorsque Aoline appuya la ressemblance avec Paul. Depuis quelques instants, il le regardait lui aussi, scrutant chaque ligne, chaque trait de son visage. Ce n'était pas très poli, mais tout se bousculait dans sa tête et il se sentait fasciné, littéralement.

- Hum... sans vouloir être indiscret, quel est ton groupe sanguin ? C'est... tu sais... pour voir si ça concorde... et que... on ne fasse pas des illusions pour rien...

Evan essayait de ne pas se montrer trop intrusif. Il secoua la tête et s'excusa :

- Désolé... je crois qu'il faudrait peut-être commencer par les présentations... hum... Je m'appelle Evan, mais officiellement ici, c'est Harry... Et voici Aoline.

C'était mieux de commencer par les politesses, en fait.

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Oui ca ne pouvait être qu'une blague, qu'un canular organisé par une personne visiblement limitée d'esprit... Pourquoi prenait-on Kenny pour quelqu'un d'autre alors qu'il venait tout juste d'apprendre qu'on l'avait arraché à sa famille biologie... En tant que futur médecin, on lui avait toujours appris à réfléchir de façon logique, il n'y avait que très rarement de place pour le hasard.... Était-ce un simple mauvais concours de circonstance ? Difficile à dire.... Tout ça devenait de plus en plus gênant pour lui comme pour les autres et bizarrement quelque chose le poussait à croire qu'il n'était pas au bout de ses surprises....

Peut-être aussi qu'il n'avait pas envie d’affronter la vérité alors que cette dernière lui hurlait au visage..... Oui, les deux inconnus étaient ils réellement son frère et sa sœur ? Sa vie se retrouvait beaucoup trop chamboulée depuis quelques semaines ce qui expliquait pourquoi il se faisait de nombreux nœuds au cerveau...

''Je... Je demande qu'à vous croire c'est juste que ça fait beaucoup d'un seul coup...'' dit-il complètement déboussolé. ''Oui ok'' Autant aller se poser autour d'une boisson pour poursuivre cette conversation et éclaircir certaines zones d'ombres... La caméra cachée semble maintenant très loin derrière eux....

S'installant en face de celui et celle dont il ignorait encore l'identité, Antovska évitait de croiser leur regard se contentant de regarder ce qui se passer autour de lui, il se sentait observé, dévisagé, ce qui n'aidait pas forcément....

''Je comprends... Je suis médecin... Enfin futur médecin.... Je suis B +'' répondit-il du tac o tac ! De toute façon pourquoi tourner autour du pot ? Ca ne servait à rien.... Tout le monde avait envie de connaître la vérité alors même si la politesse n'était pas à proscrire ce n'était pas non plus le plus important.... Il haussa les yeux en entendant les deux prénoms du garçon, de son frère ? Pourquoi s’appelait il à la fois Evan et Harry ?! Sérieusement ca devenait de plus en plus louche... ''Kenny... Kenny Antovska.'' dit-il en posant enfin son regard sur ceux qui se tenaient devant lui.

''Et sans vouloir être indiscret à mon tour, il s'est passé quoi avec celui qui soit disant serait mon jumeau ? J'ai l'impression de vous faire peur en fait surtout à toi Aoline...'' précise t'il en regardant la demoiselle qui semble n'avoir qu'une seule vie : foutre le camp d'ici ''… et franchement c'est bizarre....'' Oui autant mettre les pieds dans le plat à son tour ! Il avait lui aussi droit à quelques explications après tout !

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