mon prince, vous ne serez jamais roi. (charmant)

charmant nicholson

lower your expectations babe, it’s just a name.

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ un. quand il était petit, dans la bouche des autres, le prénom charmant sonnait toujours comme une moquerie. conséquence : à l’adolescence, il a pris l’habitude de se faire appeler par son nom de famille et ça lui est resté en grandissant. et puisque l’être humain ne saurait faire sans fénéantise, nicholson s’est vu raccourcir en nicky au cours des années. en ce qui concerne l’échelle du charisme, on n’est encore loin du sommet, mais il a fini par s’y habituer. deux. bien loin du cliché avec lequel il a le déplaisir de partager son nom, charmant est en réalité bien plus proche du crapaud que du prince en armure blanche. son pire vice – et croyez-moi, il les cumule – est sa cupidité d’harpagon. il aime l’argent, il aime le luxe, il se complait et se prélasse dans la superficialité de toutes choses. ce n’est pas tant le paraître que la sensation de conquérir qu’il affectionne tellement. stendhal, en son temps le disait déjà : « ce n’est pas tant d’être riche qui fait le bonheur, c’est de le devenir. » trois. c’est vrai que c’est avec justesse, à la limite permanente de l’échec que charmant a traversé son parcours scolaire et bien qu’il n’ait jamais été le plus doué en maths, il est une équation que même lui ne connait que trop bien. paresse + morale changeante + vénalité = escroquerie. rien n’est jamais plus facile que de cueillir le fruit que d’autres ont durement fait pousser. cette tendance à la truanderie n’est malheureusement rien de nouveau pour nicky. c’est qu’il a toujours eu les mains sales, le vilain garçon. déjà enfant, il vendait – malgré les avertissement répétés de la directrice – des fausses cartes magic : the gathering dans la cour de récré en échange de bonbons, de snacks et autres plaisirs que pourraient vouloir un garçonnet de dix ans. à cet âge-là et même en grandissant, il lui suffisait d’un peu d’imagination, d’une certaine aisance à raconter des conneries avec un visage sérieux et voilà : tout lui tombait déjà tout cuit dans le bec. et si en vieillissant, la majorité laisse derrière elle sa malice d’enfant, charmant, lui, s’y est accroché et pire encore, elle a grandi avec lui. pas assez courageux cependant pour se frotter au vrai monde du crime, il se contente d’infractions mineures, de petits délits et autres quelques écarts de conduite. un danny ocean du pleutre, en somme. quatre. charmant est un homme, ce qui fait de lui deux choses : un montre de fierté et un monstre de luxure. d’une part, il n’est pas du genre à accepter les mains tendues ; persuadé d’être toujours suffisant au moindre de ses besoins – sauf peut-être quelque uns qu’il préfère satisfaire à deux – , persuadé de ne jamais avoir tort. et même lorsqu’il réalise sa faiblesse ou son erreur, il avalerait sa langue avant de l’avouer. il ne nie pas être un sale type, au contraire, il le porte parfois comme un badge ; néanmoins, même conscient de ses pratiques pour le moins douteuse, il est loin d’être volontaire à être le premier à dévoiler ses torts. d’autre part, charmant est un amoureux de toute forme d’attention, mais plus particulièrement de celle que lui donne la gente féminine. il ne supporte que très mal la solitude et saute d’une relation à la suivante, avide du contact d’autrui. certainement que cette habitude cache une très évidente peur de l’engament et même une insécurité intérieure, mais charmant est partisan d’une façon très particulière de gérer ce genre d’afflictions : ne jamais en parler et espérer que ça disparaisse tout seul. cinq. de tous les pèches capitaux, la colère est sans doute le seul dont nicky ne témoigne aucun signe. comment le pourrait-il ? rien ne lui semble jamais assez sérieux pour le mettre en rogne. son immaturité n’est certainement plus à prouver, et même si c’est vrai qu’elle lui donne un côté léger, amusant, elle fait surtout de lui un adulte incapable de prendre ses responsabilités. tout est bon pour rire, et si ce n’est pas drôle, soyez certains qu’il trouvera le moyen d’en faire une blague. la vérité, c’est que charmant vieillit et charmant a peur d’avoir trente ans. trente ans et c’est la fin de la vingtaine, c’est la vraie vie des grands, celle qui semblait tellement lointaine, il y a peu de temps encore. la vérité, c’est que charmant s’accroche à sa puérilité, parce que c’est tout ce qui lui reste pour combattre son appréhension. il est conscient qu’il n’est pas comme les autres de son âge, ceux qui ont déjà commencé à se construire une carrière, une famille, un vrai truc. lui, il n’a que ses escroqueries minables et ses envies de roi. et la seule chose qu’il ne souhaite définitivement pas entendre, c’est le grincement assourdissant de l’avenir qui lui murmure qu’il est temps d’arrêter les conneries et de grandir. six. personne n’est plus à convaincre que charmant n’a rien d’un prince, c’est vrai. néanmoins et malgré leur discrétion, il lui est tout de même quelques qualités donnant l’envie de peut-être, embrasser le crapaud. déjà et c’est tout à son honneur, charmant est drôle. probablement la raison pour laquelle un type comme lui parvient à toujours se trouver une copine. tout le monde connait le dicton, après tout. il a beau être beaucoup de choses qu’il ne devrait pas être, il a cette capacité de faire s’arrêter le temps, de donner à son entourage l’impression d’avoir vingt ans à nouveau. son attitude légère, son sourire insolent, ses remarques osées l’air pince-sans-rire, son ridicule manque de tact ; tout autant de choses qui le rendent toutefois attrayant. ou au moins tolérable. et s’il ne sait vous faire rire, alors peut-être qu’il pourra vous impressionner. des grands discours, il en connait plein. l’éloquence est la meilleure amie d’un escroc – ça et le talent pour les mensonges. il saurait se sortir de n’importe quelle situation avec des phrases alambiquées et des sourires couverts de miel. notre nicky est doté d’un certain charisme, donc. je ne lui ferai pas l’affront de parler de charme. sept. tout aussi plaisant qu’il sache se rendre, il existe une personne qui n’a jamais été bien sensible à sa finesse : fairy nicholson, nicky deuxième du nom, sœur chère et tendre. il ne partage avec elle aucun liens du sang, juste un nom, une jeunesse et par le plus grand des hasards la même date de naissance. fairy, tout comme charmant, est issue de l’adoption et appelons le destin ou hasard, elle est née le même jour exactement que son frère. avant même de se connaître, ils étaient déjà liés et c’est peut-être ce qui explique leur relation fusionnelle durant leur enfance et adolescence. à vrai dire, ils étaient tous les deux un duo de petits délinquants en herbe, profitant de la naïveté de leur parents pour faire le mur chaque soir et aller créer des problèmes. aujourd’hui néanmoins, ce qui était n’est plus. fairy a grandi et a laissé son passé derrière elle ; contrairement à charmant qui le traîne comme un boulet. aussi, leur relation a fini par s’égrainer. auparavant toujours égaux devant chaque situation, fairy a fini par prendre les devants et dans son ascension, elle ne s’est pas encombrée d’un frère incapable de tirer un trait sur ses souvenirs des années 2000. huit. contre toutes attentes, charmant et toutes ses mauvaises habitudes ne sont pas le fruit de son éducation, bien au contraire. ses parents, en tant que tuteurs et modèles ne sauraient être plus exemplaires. hilda et horacio nicholson, respectivement âgés de soixante et cinquante-neuf ans, en couple depuis quarante-quatre ans, mariés depuis trente-sept ; un parfait parangon d’une paire assortie à la perfection. tous deux de nature altruiste, ils ont fait le vœu à leur mariage, si un jour, ils venaient à avoir des enfants, de les adopter et d’ainsi donner à des bébés dans le besoin une nouvelle vie. sept ans plus tard, ils ramenaient charmant du pays-bas. sept mois après leur fils, ils ramenaient une fille à la maison. fidèles à leur promesse, les parents nicholson firent en sorte que leur progéniture ne manque jamais de rien. en somme, ils élevèrent charmant et fairy de manière tout à fait convenable, dans un foyer ordinaire et selon une routine ordinaire, mais jamais mauvaise. le genre de parents qu’on voit dans les films et qui nous font penser « ah j’aimerai bien qu’ils soient mes parents », le genre de parents qui font des gâteaux après l’école, qui ne ratent jamais une représentation musicale ou un match de tennis, le genre de parents un poil bohème à en juger par le nom de leurs enfants mais le genre de parents parfaits quand même. et pourtant, charmant ne le reflète que très peu. il avait le modèle idéal juste les yeux, mais la vérité, c’est que charmant s’ennuyait. dans ses souvenirs, ses parents ne faisaient jamais rien de palpitant, ils vivaient une vie de personnages secondaires dans leur propre vie, propet en tout point, certes, mais si peu passionnants. et c’est peut-être ça qui l’a rendu un peu cinglé, nicky. il veut pas finir comme ses vieux, si satisfaits dans leur lassitude, attendant avec un sourire qu’il soit l’heure de dire au revoir. c’est pas la vie qu’il veut et il serait temps qu’il la trouve cette vie qu’il désire. neuf. en dehors de ses petites escroqueries en tout genre, charmant est brand manager en freelance. c’est pour faire plaisir à ses parents et parce qu’il supposait que c’était la norme, qu’il est allée à l’université pour décrocher son diplôme en markéting. un travail d’hercule pour nicky, qui, loin d’être bête ou même inculte, n’est que très peu passionné par l’approche académique de l’apprentissage. s’il travaille en freelance, ce n’est pas vraiment son choix mais plutôt le résultat d’un licenciement récent. il travaillait avec une entreprise qui a eu vite fait de lui dire bye-bye. depuis, il a jugé meilleur de bosser au cas par cas, pour différentes compagnies. ca lui permet d’être toujours terrible à son job, mais ça ne laisse pas assez de temps à ses employeurs pour s’en rendre compte. ce n’est pas qu’il est incompétent, pourtant. c’est plutôt qu’il ne souhaite pas se fouler dans un travail de bureau. ça ou sa peur paralysante de l’échec qui le force à ne jamais faire de son mieux afin de pouvoir rationaliser en cas d’insuccès, qui sait ? dix. finalement, charmant c’est rien qu’un autre de ces adultes de peter pan, terrifié par l’avenir, donc focalisé sur ce qu’ils étaient dans le passé. aussi grand qu’il apparaisse, il se sait à un moment charnière de sa vie, entre le grand bain de la vie d’adulte et le petit bassin de son adolescence. il a beau être immature, il n’est pas complètement délirant, il se rend bien compte que son style de vie actuel n’est pas viable sur le long terme. mais ignorer ses problèmes est tellement plus simple que les confronter. alors il fait l’autruche, ne voulait ni ne sachant comment grandir.


les rapides : charmant cuisine très bien. – il paye quelqu’un pour faire ses taxes et tout le tralala administratif. il ne sait pas le faire et n’est pas tenté d’apprendre. – il s’est cassé la clavicule quand il avait quatorze ans en sautant par la fenêtre pour faire le mur. – il s’est fait casser le nez quand il avait dix-neuf ans par un mec très mécontent de s’être fait vendre une fausse rolex au prix d’une vraie. – il n’est pas très sportif, voire pas du tout. le moment où il fait le plus d’exercices est probablement toutes ces fois où il est amené à courir pour sa vie. – ses parents lui ont demandé à lui et à sa sœur de trouver un job pendant leur adolescence et pendant leurs études pour leur apprendre le sens des responsabilités etc. entre ses dix-sept et ses vingt-deux ans, charmant a eu dix-huit jobs : sept démissions, onze renvois. environ un nouvel emploi tous les quatre mois. ça va sans dire qu’il n’est pas doué pour le long terme. – il est allergique aux chevaux, ce qui ne lui pose pas vraiment de problèmes puisqu’il les déteste. il s’est fait mordre quand il était petit et depuis il est rancunier contre toute l’espèce équine. – il a un casier judiciaire sur lequel ne figure rien de vraiment très grave : vandalisme, trouble de l’ordre public, ivresse sur la voie publique ; principalement des infractions commises quand il était plus jeune (il n’a pas vraiment arrêté, il est juste devenu plus doué à ne pas se faire attraper). il cumule aussi plusieurs heures de travaux d’intérêt général et a été arrêté pour avoir volé une voiture avec sa sœur quand ils avaient dix-sept ans. la voiture a été rendue et le propriétaire a décidé de ne pas porter plainte.

les indiscrétions sur le joueur

Code:

<pris>○ douglas booth</pris> charmant nicholson

Code: charmant

Code: nicholson

once upon a whatever

darling if you want love, lower your expectications a few
‘cause prince charming would never settle for you

— tu te souviens de ton premier amour?
il y a quelques jours, fairy a revu pour la première fois depuis des années son tout premier copain. ça l’a rendu nostalgique et ça l’a surtout rendu chiante. elle s’est mise à ressasser ses anciennes histoires en boucle et il n’a pas fallu longtemps avant qu’elle commence à m’encourager à faire pareil. mon premier amour? je me souvenais de la plupart des filles avec lesquels j’avais été. je me rappelais de leur nom, de l’odeur de leur shampooing, de la silhouette de leur dos quand elles finissaient par partir. des copines, j’en avais eu des tas et pourtant, à y penser comme ça, il n’y en avait aucune qui me sautait aux yeux comme mon premier amour. comme un amour, tout court.

blanche – 6 ans.
charmant ne rêvait jamais de harleem. il ne se demandait jamais non plus si harleem rêvait de lui. la silhouette de ce qu’aurait pu être sa vie, dans une version alternative de ce présent, ne venait jamais lui murmurer quelques mots doux pour le troubler à l’heure du coucher. il n’ignorait pas que ses parents étaient d’un sang étranger. pourtant, et même si la sixième année était l’âge des grands questionnements, pas une seule fois il ne s’était interrogé sur sa généalogie. non, décidemment, charmant ne rêvait jamais de harleem. à la place de sa hollande natale, il rêvait des razmockets, de mighty max ; mais surtout, il rêvait d’elle. blanche. sa toute première amoureuse. charmant ne parlait de blanche que deux fois par jour : lorsque le soleil était levé et lorsque le soleil était couché. il l’avait à la bouche encore plus souvent que des sucettes ou des bonbons. blanche était une fillette vraiment spéciale. en tant que personne, elle était une gamine de six ans banale : des cheveux de corbeau, une peau comme la neige, une obsession pour les pommes, bref sans grand intérêt et comme tous les enfants ; assez irritante. mais en tant que point sur la frise historique de la vie, elle était d’une importance capitale. elle symbolisait le début des premières fois. c’est à l’ère de blanche – ainsi fallait-il dorénavant se référer à cette période – que charmant connut son premier baiser, qu’il commit sa première escroquerie – un complot impliquant sa sœur et une douzaine de pogs – qu’il se cassa son premier os. l’ère de blanche était pleine d’évènements à marquer du numéro un. mais l’amour ne figurait nulle part sur la liste. aussi gaga qu’il s’était cru d’elle, n’avoir que six ans au moment des faits nullifiait par défaut tous réels sentiments.

arielle – 14 ans.
arielle avait seize ans, elle avait redoublé deux fois et c’était la plus belle fille de la classe de charmant. elle mangeait ses chewing-gums en faisant des grosses bulles qu’elle éclatait en maintenant le contact visuel. elle était impolie, insolente et elle donnait envie de mettre le feu aux poubelles. l’ère d’arielle, c’était l’âge d’or de la rébellion. charmant, alors âgé de quatorze ans ne pensait qu’à deux choses : le sexe et le chaos. cette fille-là était faite pour lui. c’est pendant l’ère d’arielle qu’il commença à se faire connaître comme un fouteur de trouble notoire dans son quartier. il ne resta avec elle que trois mois, mais il lui fallu beaucoup plus de temps pour se défaire de son influence anarchique. l’ère d’arielle rimait avec sorties en douce après le couvre-feu, fêtes au clair de lune dans le secret de groupes restreints, fénéantise scolaire, chute des résultats. il n’y avait pas un nuage dans le ciel de ceux qui connaissaient la nana aux cheveux roux et aux idées folles. oui, l’ère d’arielle était particulièrement précieuse. parce qu’outre la pagaille et les éclats de rire, elle était aussi synonyme de l’épanouissement de la fraternité nicholson. trois mois pour l’adolescente à la crinière enflammée, toute une vie pour la sœur adoptive. cette période marquait l’apogée de l’union entre charmant et fairy : on ne les voyait jamais l’un sans l’autre, on ne les imaginait pas comme deux êtres à part. partout où elle était, il suivait gaiement. tous les plans qu’il organisait, elle se jetait dedans. ainsi était donc l’ère d’arielle : rempli de l’insouciance et de l’impertinence du début de l’adolescence mais toujours pas d’amour à l’horizon. charmant adulait sa ravissante partenaire folâtre, mais il aurait été mensonge que de dire qu’il l’aimait. elle était en quelque sorte comme la reine du bal : prisée de tous à lumière des projecteurs ; mais une fois la musique éteinte et le jour levé, il aurait été chose curieuse que de l’inviter à danser.

belle – 19 ans.
cette période n’aurait jamais du être ce qu’elle fut. belle était une jeune femme tout à fait correcte. elle aimait les livres et s’extasient de toutes choses ennuyeuses. elle aurait dû être le parfait rempart contre la folie de charmant. mais alors que l’ère de belle s’ouvrait au monde, il n’était plus aucune personne capable de stopper la cohue qui suivaient les nicholson à la trace. les flics du quartier les reconnaissaient de dos et les appelaient par leur prénom en patrouillant dans la rue. les voisins les maudissaient déjà sur des générations entières, les autres de leur âge les considéraient comme les chefs de la tribu. dans l’époque qui lui était dédiée, belle ne fit pas long feu. comme beaucoup d’autres en ces temps-là, elle se retrouva consumer par la véhémence de charmant et eut vite faite de mettre les voiles. mais puisqu’elle était la plus jolie des fréquentations de nicky à cette époque, il n’était que naturel d’avoir son nom à l’affiche. l’ère de belle sentait bon les sales coups et le manque de scrupules. fairy et charmant n’étaient jamais à court de mauvaises idées. une d’elles en particulier leur attira un lot de problèmes plus gros qu’à l’accoutumé. il y avait cette vieille voiture garée dans le parking au bout de la rue qui semblait ne jamais bouger de nuit comme de jour. un véhicule de cet âge était garanti de ne pas avoir d’alarme et fairy était persuadée de pouvoir l’« emprunter » le temps d’aller faire un tour et de la rendre le lendemain. une fois assise à l’arrière d’une voiture de police, charmant à ses côtés, elle réalisa, que peut-être, elle avait fait une erreur de jugement. bien heureusement, la punition n’alla pas plus loin qu’une nuit passée en cellule et quelques mugshots. vieil homme aimable, le propriétaire du bien volé puis rendu ne voyait pas l’intérêt de poursuivre en justice deux adolescents un peu idiots. plus de peur que de mal en somme. et de toute façon, qui de nos jours n’avaient jamais eu à enregistrer ses empruntes au poste de police ou à passer la nuit sur un banc en métal glacial sous le regard suspect d’une prostitué, d’un bagarreur alcoolisé et d’un potentiel sérial killer ? dans ce règne de l’extravagance, la détention provisoire ce n’était rien sinon glamour. conclusion de l’ère de belle : très peu de belle, beaucoup d’ennui et pas l’ombre d’un premier amour.

aurore – 24 ans.
l’ère d’aurore est un peu tabou pour charmant. ce n’est pas tant un secret qu’une chose qu’il n’est pas fier d’admettre. heureusement, ce fut une période très courte. et pour sa défense, lui, âgé de vingt-quatre ans à l’époque ne savait pas qu’elle n’avait que seize ans. les adolescentes de nos jours font de très bonnes menteuses.

cindy – 28 ans.
dans sa vie, charmant n’avait dit « je t’aime » qu’à quatre femmes. sa mère, évidemment. sa sœur, sans grande surprise, sailor moon, à laquelle il était entière dévoué et cindy. cindy était extraordinaire. quand elle se mettait à rire, le temps ralentissait pour profiter de sa beauté plus longtemps. elle pouvait converser de mozart et des influences étrangères sur l’architecture moderne comme une grande dame dans la journée et s’évanouir ivre morte sur le palier du mauvais appartement, le soir même. elle avait des passe-temps de grand-mère comme le tricot et le point de croix et à chaque fois qu’elle se concentrait pendant trop longtemps, elle se mordait l’intérieur de la joue et c’est pour ça qu’elle se plaignait toujours d’avoir des aphtes. l’ère de cindy était une période étrange dans la vie de charmant. aucune autre fille avant elle n’avait duré aussi longtemps au bras du crapaud de ses dames. aucune autres fille avant elle avait autant donner à charmant l’envie de changer, l’envie de grandir. et il aurait presque pu y parvenir. seulement voilà, le problème avec les cindy : les perfections du bout des ongles à la racine des cheveux, c’est qu’on ne se sent jamais assez bien pour elles. c’est qu’on finit toujours par tout gâcher avec elles. et s’il est vrai que charmant se plaisait à contourner les règles, il ne faisait pas exception à celle-ci. l’ère de cindy dura exactement 789 jours et se termina à l’annonce de la nouvelle année 2019, sous une pluie de larmes, de méprise et de champagne ; le tout sur un fond de feux d’artifices. tu ne commettras point d’adultère, disait la bible. certainement, lorsque dieu élabora à ce commandement, il n’avait pas anticipé ce très cher nicky. il n’était pas du genre volage pourtant. il changeait d’amour bien trop souvenant pour prendre la peine de commettre l’acte impie. mais quand il regardait dans les yeux de cindy, quand il la revoyait vêtue de sa robe bleue le soir de son anniversaire alors qu’il l’embrassa pour la première fois, à chaque fois qu’il pensait à elle ; il ne pouvait voir que le gouffre qui les séparait. elle, la princesse aux souliers de verre ; lui, le bouffon du roi. et puisqu’il n’avait jamais été honnête, puisqu’il ne pouvait se résoudre à la quitter, et probablement dans une pensée inconsciente, il se résolut à la faire partir. charmant était grand prince, il lui laissait l’honneur d’être celle à fermer la porte. par ailleurs, il n’y eut pas qu’une porte de fermer pendant l’ère de cindy. et aussi blessante que la première fut, ce n’était rien comparé à la seconde. comme à son habitude, fairy ne faisait pas les choses à moitié et sortait l’artillerie lourde. on disait que la plume était plus forte que l’épée, c’était vrai. surtout si cette plume servait à signer une lettre de licenciement. pendant quelques temps, charmant avait travaillé avec sa sœur en tant que brand manager pour son entreprise et pendant tout ce temps, pas une seule fois il ne s’était montré digne du job. comment aurait-il pu ? il travaillait pour sa famille. évidemment qu’il se sentait à l’abri du danger. bien sûr, c’était sans compter sur l’amour abject que les fratries se réservait entre elle. c’était pour le bien de tous et surtout de celui de charmant, répétait fairy. car il fallait bien que quelqu’un le pousse à réagir. la fin de l’ère de cindy marquait donc aussi la fin d’une autre époque : une épopée que personne n’aurait cru terminable : l’ère de fairy. cindy avait donc changer la vie de charmant de bien des façons. et plus il y réfléchissait, plus ça lui paraissait évident. il ne pouvait en être autrement : c’était elle, son premier amour.

maintenant que j’y pense, cindy m’avait dit un jour que son prénom n’était en réalité qu’un diminutif, mais elle n’avait jamais voulu me dire de quoi. je me suis souvenue de son expression embarrassée à chaque fois que je lui posais la question et ça m’a fait sourire. elle avait toujours peur que je trouve ça ridicule, malgré le fait que j’étais le dernier à pouvoir dire quoi que ce soit à propos d’un prénom un peu trop inspiré. mais bon, ça n’avait plus vraiment d’importance dorénavant, je suppose.
— charmant, je te parles. tu m’écoutes ?
la voix de fairy interrompt le flot de mes pensées. tant mieux. d’une expiration convaincue, je balaye le souvenir de mon ex de ma mémoire.
— ah, oui, pardon. tu disais ?
— je t’ai demandé si tu te souvenais de ton premier amour.
les volants bleus de la robe de cindy s’impriment le temps d’un un instant sur ma rétine. d’un air indifférent, je regarde ma sœur dans les yeux et je lui mens.
— non, pas vraiment.