En roue libre (Chelsea & Noa)

ONGLET 1 ONGLET 2

Je vais tuer un homme. Depuis le temps que je pense à ce face à face, je ne l’ai jamais vraiment formuler ainsi. Pourtant, techniquement ce que j’ai fait jusque là m’amène vers cette fatalité. Cela me fait horreur. Parce que je ne sais pas si c’est d’appuyer sur la détente du pistolet ou de ne pas le faire qui me terrifie le plus. Je n’arrête pas de tourner cela dans ma tête depuis que Jake s’est joint à ma recherche des monstres qui ont tué mon ami et m’ont kidnappée. Pourquoi est-ce qu’avec le temps tout ne s’est pas effacé ?

Pourquoi est-ce que ce soir, je ne suis pas rentrée chez moi me prendre une bonne douche et me caler devant la télé avec des paquets chips pour me tenir compagnie ? Pourquoi est-ce que nuit après nuit je traine à rouler en voiture jusqu’à l’épuisement ? Ça tourne vraiment pas rond dans ma tête. Pourquoi est-ce que je suis venue là avec ma BMW, que je l’ai stationnée dans cette rue, que je suis allée marcher en pleine nuit dans ce parc qui sert de toilette pour chiens. Pourquoi ? Pour qu’une bande de connards me pique une roue de ma voiture et la laisse sur cale !!!! Meeerdeeeuhh !!!

Faut pas me demander pourquoi au lieu de téléphoner à l’assistance pour qu’un dépanneur vienne à cinq heures du mat’ me récupérer, je me suis écroulée sur la banquette arrière de la voiture, à pleurer, à avoir froid, à cauchemarder quand la moindre bribe de sommeil tentait une approche. Mon réveil, si on peut appeler ça un réveil ! Un zombie a meilleure allure que moi. Je sais même pas comment j’ai réussi à mettre un pied hors de la voiture. Je suis sûre qu’il reste plus aucune roue maintenant, qu’ils ont démonté le capot, pris le moteur et les rétroviseurs. Si j’en avais la force, je me mettrais à rire. Sauf que là, j’ai froid, je tremble, la tête me tourne et je ne trouve aucune prise sur la carrosserie pour m'agripper. Je sais que je glisse contre elle. Je sais que mes jambes ne me portent plus. Je sais que mon corps vient de rencontrer le trottoir. Je sais que je vais mal. Blackout.

ONGLET 1 ONGLET 2

en roue libre
feat. @Noa Lane

Comme bien trop souvent, la jeune femme sortait de l’hôpital à des heures plus que tardives en espérant qu’un restaurant soit encore ouvert. En effet, après parfois plusieurs nuits de garde, elle n’avait qu’une envie : manger un repas tout prêt et plonger dans son lit, c’était le cas cette nuit-là.

À moitié endormie, Chelsea avait passé les portes d’un restaurant japonais, le dernier encore ouvert à l’heure qu’il est, et, bien que sur le point de fermer, elle était parvenue à les convaincre de prendre quand même ma commande en leurs promettant un gros pourboire.

N’ayant pas plus vraiment la tête à réfléchir, elle avait uniquement demandé ce qui pouvait être préparé rapidement sans même prêter attention au menu. La jeune femme se retrouvait ainsi, une vingtaine de minutes plus tard, avec une boîte contenant un bento au poulet et au riz avec une salade, des raviolis, une bouteille d’eau et une paire de baguettes.

Enfin, elle allait pouvoir prendre le chemin du retour en laissant plus qu’assez pour payer le triple de ce qu’elle avait reçu, ce qui était loin de déplaire au chef du restaurant. Sans perdre un instant, elle retrouvait la fraîcheur de l’air extérieur et les rues assombries, mais, lorsqu’elle rejoignait le bord de la grande route, elle pouvait apercevoir une voiture dont la portière arrière était encore ouverte ainsi qu’une jeune femme par terre, aux pieds de celle-ci.

Si d’habitude elle était le genre de personne à éviter les situations comme celle qui se présentait à elle, ce soir, elle n’avait plus la force de lutter contre l’envie de lui venir en aide. C’est vrai qu’elle ne connaissait pas vraiment cette jeune femme, mais peu importe, elle était bien décidée à s’approcher d’elle.

Lorsque Chelsea se trouva assez proche pour pouvoir l’atteindre, le fait qu’elle n’avait pas de veste par cette température l’étonnait déjà bien plus que de la retrouver dehors en pleine nuit. Elle posa sa main sur le bras de la petite brune, il était plus que froid.

— Hey… Tout va bien ? demanda-t-elle calmement en espérant qu’elle ouvrirait les yeux, bien que la réponse était pour le moins évidente.

Le fait de la trouver à côté de cette voiture à moitié ouverte lui donnait la déduction qu’elle lui appartenait, bien qu’elle ne pût en être sûre, elle n’hésita pas à aider la brune à se lever et à l’installer sur l’un des sièges arrière, et c’est tout naturellement que Chelsea s’installait sur celui d’à côté en fermant la portière derrière elle.

Évidemment, la température était glaciale, mais elle choisissait tout de même de retirer sa veste pour la poser sur la jeune femme, comme si c’était une couverture, qui en avait bien plus besoin qu’elle à cet instant précis. Elle n’avait plus qu’à attendre qu’elle ouvre les yeux, et lorsque ce fut le cas, un léger sourire réconfortant se dessinait sur les lèvres de Chelsea.

— J’espère que c’est ta voiture, sinon je pourrais finir en prison, ce n’était sûrement pas le moment de plaisanter et la jeune femme n’en avait très probablement pas la force, mais c’était clairement la vérité. Tiens, tu devrais manger un peu, proposa-t-elle.

Elle lui offrait sans hésiter son repas qu’elle sortait de son sachet. Commençant par poser la boîte de bento et de raviolis sur les genoux de la jeune femme, la bouteille d’eau à côté d’elle et finissait par lui tendre enfin les baguettes qui étaient comprises avec le tout.

C’est vrai que Chelsea n’allait, du coup, peut-être pas manger ce soir, mais c’était pour la bonne cause.

ONGLET 1 ONGLET 2

Je crois que je me suis agrippée à quelqu’un qui semblait vouloir veiller sur moi. Un peu de chaleur retrouver sous une veste. Une voix qui rassure, qui plaisante en passant. Petit à petit, je reviens à la réalité. Ou pas. La plus étrange des réalités. Mais ces derniers temps je commence à me faire aux évènements et rencontres surprenantes. Bizarre oui, parce que je me trouve avec un diner à disposition. Je pense avoir le même regard halluciné qu’Alice découvrant le Chapelier prenant le thé. Je voyage entre contes pour enfants et BD de mutants pour ados. Le dernier tremblement de terre qui a secoué la ville à ouvert une faille spatio-temporelle, parce que comment aurait-elle su autrement que j’adore la cuisine japonaise. La situation ne prête pas tout à fait à un pique nique dans ma voiture et pourtant, on en est là. — Oui c’est ma voiture et euh... chouette idée le repas. Je ne sais pas si je dois remercier ou si dans cinq minutes elle me sort l’addition. Offert semble-t-il, Alors je commence à piquer d’un bord et de l’autre puis lui tends les baguettes pour qu’elle profite aussi du diner. — Je n’ai pas de chandelles. Il faut se contenter de la lumière des portables et de celle de la lampe à dynamo que je conserve toujours dans la boite à gants. Je n’ai pas envie de vider la batterie en allumant le plafonnier. Les lampadaires de la rue chassent quelques ombres, en ajoutent aussi. C’est à ce moment-là que mes sens se mettent en alerte. Un camion de dépannage s’arrête à une dizaine de mètres. — Je n’ai pas appelé l’assistance. Est-ce que c’est toi ? Il me semble que si elle avait dû contacter quelqu’un, c’était une ambulance ou la police si elle m’avait imaginée victime d’une agression. — C’est louche. Les voleurs de la roue de ma voiture viennent prendre le reste de ma caisse en remorquage ? — Bouge pas. Dommage, je n’ai pas mon Glock sur moi, mais j’ai une caisse à outils basique dans le coffre de ma BMW, une habitude prise avec ma Mustang qui a besoin parfois d’un rafistolage imprévu. Je sors du véhicule pour récupérer le seul truc qui peut faire de l’effet : un marteau. Je n’ai plus qu’à l’agiter avec la même dextérité que Thor. Me glissant dans la peau du personnage, j’attends qu’ils partent apeurer par mon attitude. Bon, ça ne marche pas. Les phares de la dépanneuse continuent de m’éblouir et le véhicule ne montre aucune intention de s'éloigner.

ONGLET 1 ONGLET 2

en roue libre
feat. @Noa Lane

La jeune femme riait doucement. Il faut dire qu’elle était soulagée de savoir qu’elle n’était pas vraiment rentrée par effraction dans la voiture d’un inconnu et qu’elle n’allait pas finir sa vie dans une prison de super-vilains telle Harley Quinn. Bon, c’est vrai, elle était clairement en train de s’imaginer le pire jusqu’ici, bien qu’une prison comme celle-ci n’existait pas, c’était la première image qui lui venait en tête quand elle pensait finir derrière les barreaux.

— Me voilà rassurée… répondit-elle avant d’attraper délicatement les baguettes que la brune lui tendait.

Elle était affamée, toutes ces heures passées à l’hôpital lui ont donné tellement faim qu’elle ne savait pas comment elle avait pu ne pas hésiter à donner son repas. C’est clair qu’elle était loin d’être une héroïne, mais ça allait de soi.
Elle mangeait quelques bouts et ça lui faisait un bien fou de reprendre enfin des forces. Tant pis pour les chandelles, elles pouvaient faire sans. Néanmoins, bien qu’elle appréciait son repas, elle se retrouvait très vite éblouie par les phares d’une voiture.

— Je n’ai appelé personne… elle se retrouvait encore une fois dans une situation pour le moins étrange, c’était presque devenue une habitude ces derniers jours.

Elle avait à peine eu le temps de répondre à la jeune femme que celle-ci mettait déjà un pied dehors pour fouiller dans son coffre. Après un instant d’hésitation, elle décida d’en faire de même juste pour s’assurer qu’elle n’avait pas besoin d’aide.
Un coup d’œil en direction de la camionnette dont personne ne sortait, les phares l’empêchait de distinguer qui que ce soit au volant. Enfin, un coup d’œil en direction de la brune à qui elle était venue en aide.
Un marteau ? Mais qu’est-ce qu’elle fait ?
Elle l’observait attentivement agiter son objet dans tous les sens. Évidemment, ce n’était pas vraiment le moment de rigoler, mais cette façon dont la jeune femme — dont elle ne connaissait même pas le prénom — brandissait son marteau lui donnait automatiquement un fou-rire presque incontrôlable. Remarquant que l’autre véhicule n’avait pas bougé d’un pouce, une idée autre lui venait en tête.

— Attends, on est près d’un parc. Il y a peut-être des loups là-dedans.

C’était probablement loin d’être la meilleure déduction qu’elle avait pu avoir, mais si elle parvenait à lui faire croire au conducteur de la camionnette, c’était peut-être gagné. Et puis, quitte à être ridicule avec sa supposition, autant l’être jusqu’au bout. Elle s’éloignait des phares du véhicule pour passer dans l’ombre et, sans retenue, hurler à pleins poumons comme un loup.
Dommage que la pleine lune n’était pas présente, cela aurait sûrement donné plus de réalisme à son imitation mais cela ne l’empêchait pas de s’en donner à cœur joie.

repère staff pour comptage de points
merci de ne pas retirer /!\

ONGLET 1 ONGLET 2

La situation a tellement dégénéré, que je m’attends à voir débarquer une armée d’extraterrestres pourchassés par les Gardiens de la galaxie, bébé Groot au milieu dansant sur de la musique soul. Le hurlement du loup dans la rue de Wellington a pour effet d’attirer des chiens errants. Je suis surprise que la ville possède une telle horde trainant entre les poubelles et le parc voisin. Voilà qui impressionne. Beaucoup. Enormément. Un doute s’installe en moi tout à coup. Est-ce le cri de mon acolyte qui avait vraiment alerté la meute ou est-ce l’arôme de notre repas qui attend patiemment notre retour pour qu’on l’achève définitivement ? Je me pose la question quand je repère une petit roquet à la couleur indéterminée pénétrer dans ma voiture dont nous avons laissé les portières arrières ouvertes. Pas question de se faire voler de la sorte. Je bondis sur la banquette et d’une main agile je chope juste devant son museau le ravioli qu’il s’apprête à croquer. Sans perdre une seconde, je le glisse dans ma bouche et préviens la femme qui m’a offert ce festin, sans prendre le temps d’avaler. — Ils font touch nous monger. Nous, pas nous, notre diner, ils vont dévorer notre pique-nique japonais. Notre repas... Vraiment...? Les grognements sourds et réguliers qui parviennent de plusieurs côtés font monter une nouvelle inquiétude. Les chiens errants préfèrent peut-être la chair fraiche aux ordures ménagères. Evitant de recracher ma bouchée sous l’angoisse naissante, j’avale en espérant ne pas m’étouffer au passage. La bestiole poilue en profite pour tremper sa langue dans le wasabi. Le coup de chance absolu ! Surpris par le goût, il quitte l’habitacle de mon véhicule en poussant des bruits informes entrecoupés d’éternuements. Je claque la portière derrière lui. Je me décale pour laisser de la place en prenant soin de ne pas renverser la bouteille d’eau. — Reste pas dehors. Ces chiens ont les crocs. Non, je ne suis pas ce genre de personne qui abandonne sa compagne d’infortune à la voracité des bêtes sauvages pour sauver sa peau. A peine rescapées d’un péril, que la première source de problème se manifeste de nouveau par des appels de phares. Pendant un moment, j’avais oublié la camionnette.

repère staff pour comptage de points
merci de ne pas retirer /!\

ONGLET 1 ONGLET 2