L'opéra de Tim (Fabian & Noa)

Mon petit frère me manque. J’ai du mal à gérer cette sensation. C’est sans aucun doute la raison pour laquelle, depuis le départ de ma mère, de sa compagne et évidemment de Lenny, je côtoies d’avantage un couple d’amis qui a un fils. Il est bien plus vieux que Lenny mais il est adorable. De mon point de vue bien sûr. Pour son père, c’est un petit diable qui s’excite trop sur des sujets étranges pour son âge, un peu trop sensible pour ce qui est artistique et pas assez pour le sport. Dave est un joueur de cricket qui espère que son bambin suive sa trace comme lui-même l’a fait à la suite de son paternel. Même s’il suit son papa sans rechigner sur un terrain de sport, ses goûts sont clairement ailleurs. Mes amis ne craignent pas de me confier Tim. Ils ont eu l’occasion de me voir en compagnie de mon petit frère, ils en ont déduis que je suis une personne de confiance. C’est vrai que Tim est malin pour un gamin de sept ans avec des attirances très marquées. Quand nous sommes ensemble, ses demandes sont claires, aller au musée, assister aux répétitions publiques du conservatoire de musique et de danse. Je soupçonne Dave de n’avoir jamais mis les pieds dans ces endroits, ce qui n’enlève rien a ses qualités d’homme et de père.

Nous finissons généralement nos sorties devant une boisson, comme aujourd’hui. Je glisse un regard rapide à l’heure qui s’affiche sur mon portable. J’ai promis à sa mère de le ramener à 17h. Il nous reste un peu de temps. Quand je relève la tête, je remarque qu’il fixe quelqu’un.
— Tim, ça ne se fait pas de regarder les gens comme ça.
— C’est le comédien qui a joué Roméo à l’opéra.
Tim dans tous ses états. Pas convaincue, je vérifie tout de même si le visage de l’homme me dit quelque chose. Je suis à peu près certaine qu’il n’est pas ténor, qu’il n’a pas tenu le rôle de Roméo lors de je ne sais quelle représentation et que l’enfant n’a jamais assisté à un opéra.
— Tu confonds.
Perte de temps que de tenter de le raisonner. Il a déjà les pieds par terre, sa serviette en papier à la main.
— Je vais lui demander un autographe.
— Non, Tim !
Je le rattrape à la volée. Je croise son regard malheureux... Pffff !
— On ne va pas l’importuner.
— Pourquoi ? Les stars aiment signer.
On ne peut pas dire qu’il soit à quémander jouets et autres gâteries par caprice, il veut une signature sur une serviette en papier ! Je soupire.
— Tu ne bouges pas. Je vais demander.
Il s’assoit avec un immense sourire. Comment résister. Je récupère la serviette et me dirige vers l’homme assit à la table voisine. J’y vais au culot !
— Bonjour. Excusez-moi de vous dérangez. Tim, j’ai un petit signe de la main pour indiquer l’enfant de mes amis, est persuadé que vous êtes la star qu’il imagine et souhaiterait un autographe.
L’opération est délicate. Rien ne dit que cet homme est sympa et ne va pas nous jeter comme de la merde.
— Ce serait vraiment très gentil de votre part, si vous signiez sa serviette... Euh... Vous pouvez ajouter votre numéro de téléphone, cela me permettra de vous remercier un peu mieux, enfin, je ne sais pas trop, mais déjà merci.
Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un gamin !

Je suis posé à une table à un café. Les représentations dans le monde entier ne sont pas encore commencées et je n'ai qu'une envie c'est de dormir jusqu'aux prochaines répétitions que nous avons commencés en Septembre de l'année dernière, nous allons commencer notre tournage dans le monde entier en Mai et autant dire simplement que je suis hyper stressé comme chaque année. C'est toujours un moment hyper stressant pour moi que de me dire que je vais devoir de nouveau passer mes patins et danser sur la glace.

Et là alors que je songe à cela le serveur du café où je suis vient vers moi et me donne ma commande à savoir un smoothie pêche/abricot accompagné d'un cookie grand format au Nutella. Je le remercie tandis qu'il s'éloigne et qu'il me laisse l'addition au passage.

C'est à ce moment-là qu'une jeune femme vient vers moi en me saluant puis en désignant un gosse à la table d'à côté qui me sourit largement. Elle m'explique que ce gosse est persuadé que je suis une star et qu'il souhaite un autographe, je rigole aussitôt tout en scrutant la jeune femme qui ne semble avoir aucune idée de qui je suis comparé à ce gosse. Elle me dit que je serai gentil si je voulais bien signer sa serviette et que je lui laisse mon numéro pour qu'elle me remercie, je ricane aussitôt.

« Waouh... C'est bien rare que ça m'arrive ce genre de choses. Après tout je suis seulement patineur artistique. » Dis-je amusé tout en commençant à signer la serviette. « Vous ne me connaissez pas, je me trompe ? » Je demande en souriant à la jolie brune. « Enfin voilà donc pour Tim, j'espère que les prochaines représentations au mois de Mai lui plairont. » J'ajoute d'un ton joyeux... « Quant au numéro si vous voulez venez avec le gamin à ma table et vous pourrez me remercier maintenant. » Je propose gaiment. « Je ne donne pas mon numéro facilement, comme vous pouvez vous en douter quand on commence à être célèbre on évite de donner son numéro comme ça. » Je précise en me pinçant la lèvre...

La réponse de l’homme me laisse perplexe. Se peut-il que Tim avait raison, que cet inconnu pour moi soit réellement une célébrité. Je secoue la tête quand il me fait la remarque que je ne le connais pas.
— Non... Désolée.
Un patineur artistique... un ballet sur glace ? Un ballet tout court... Roméo et Juliette de Prokofiev ! Et moi j’ai pensé au Roméo et Juliette de Gounod. Tim, tu m’as induite en erreur mon grand ! Je me souviens maintenant qu’il est allé voir un spectacle et qu’on en avait discuté après coup.
— Et bien, il semble que vous ayez un grand fan en la personne de ce gamin alors en mai, il va rappeler à tout le monde qu’elle sorti est incontournable.
Je comprends qu’il ne me donne pas son numéro de téléphone. J’ai abusé peut-être un peu. Cependant, il nous invite à sa table. Je regarde du côté du petit qui, de loin, ne perd pas une miette de notre échange.
— Merci pour l’invitation, vous allez faire un heureux. Je vais le chercher.
Je rejoints le petit bonhomme. J’ai à peine fini de lui expliquer pour l’invitation, qu’il a déjà bondi sur le sol et gambade vers son étoile.
— Tim ! Ta veste !
Inutile, il est déjà parti. Je récupère ses affaires et les miennes ainsi que nos deux boissons et rejoins ces messieurs qui sont déjà en train de faire connaissance. Je m’assoie en leur compagnie. Je parviens à glisser un mot.
— Encore merci de nous donner de votre temps.

Ce n'est pas rare que des fans me sautent dessus. Même si je suis seulement patineur artistique et pas un acteur ou un chanteur il n'en reste pas moins que j'ai quand même mon petit succès. Surtout que dans les tournées de Holiday on Ice j'ai toujours des rôles importants pour nos spectacles par conséquent je suis très souvent mis en avant lors des tournées.

Mais la fille face à moi ne sait pas qui je suis et s'en excuse, je me contente simplement de lui sourire comme pour lui confirmer que ce n'est pas grave du tout et je n'ajoute rien de plus. J'imagine que mon sourire est suffisant pour lui exprimer mon ressenti à ce propos. Elle me dit alors que le petit à la table d'à côté est un grand fan et qu'en Mai il va rappeler à tout le monde qu'il faut aller voir le concert, je ricane alors.

« C'est bien qu'à son âge il se passionne comme ça pour quelque chose comme le patinage. Moi quand j'avais son âge ça me passionnait déjà. » Je dis en souriant.

Elle me demande alors mon numéro mais je refuse de lui donner pour l'instant et je lui propose à la place de rester à ma table avec le petit et elle accepte en me remerciant poliment. Elle va donc chercher le gamin qui court ensuite dans ma direction en me tapant la discussion pendant que la fille rassemble ses affaires.

« Je serai Roméo pour la prochaine tournée. » Je dis au gamin qui m'interroge sur la prochaine tournée mondiale.

Mais évidemment il le sait déjà et cherche à en savoir plus et c'est à ce moment précis que la fille revient vers nous en me remerciant pour le temps que je leur accorde, je lui souris largement tout en la scrutant longuement.

« Je vous en prie le plaisir est pour moi. » Je dis d'une voix douce. « Fabian Jones. Roméo dans la prochaine tournée de Holiday on Ice. » Je me présente donc à la fille tout en tendant ma main dans sa direction...

Le charmant patineur se présente en me tendant la main. Je la serre en souriant. A mon tour de lui donner mon nom.
— Noa Lane.
Je jette un oeil à Tim qui semble baigner dans un océan de bonheur. J'adore sa bouille quand il est comme ça, en admiration totale. Si un jour, j’ai un enfant, j’aimerai qu’il lui ressemble. Je reprends pensive.
— Le rôle de Roméo dans un ballet sur glace. Je reconnais que cela ne fait pas du tout partie de mes centres d'intérêt. Tim, lui, est au fait de tout ce qui se passe d'artistique. Je le savais adepte de théâtre, de peinture, de musique classique, mais pas de patinage.
Je laisse échapper un petit rire.
— Ce gamin m'étonnera toujours.
J'ai ramené nos boissons avec nos vêtements. Je pousse la sienne vers le fils de mes amis.
— Je travaille pour le magazine Vogue. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas journaliste ni mannequin. Je travaille dans l’administratif. Je ne sais pas s’il y a eu des articles sur les tournées d’Holiday on Ice, mais je me tiendrais un courant désormais.
Je n’ai en effet aucune idée s’ils traitent ce genre de sujet, cependant l’homme qui est devant moi ne dénoterais pas à côté des modèles masculins qui posent dans les pages du magazine, surtout en tenu de patineur, il doit faire son effet.
— Les répétitions ne doivent pas manquer pour que tout soit parfait. Et... avant d’être pro, vous avez fait des compétitions ?
Si je suis installé à la table d’un champion olympique vaut-en le savoir. Et là je me demande s'il existe une passerelle entre joueurs de hockey sur glace et le spectacle. Je suis sportive mais s’il a des disciplines qui me passent loin au-dessus de la tête ce sont les sports mécaniques, sur neige et sur glace.  

Elle n'a aucune idée de qui je suis et j'avoue que ça me fait plaisir parce que même si mes fans sont géniaux, pour certains du moins, il n'en reste pas moins que j'aime aussi lorsqu'on ne me reconnait pas. C'est toujours plaisant de faire connaissance avec une personne dont on ignore tout et qui ignore tout de nous par la même occasion.

Noa se présente donc à moi et je lui souris tout en serrant sa main un moment. Puis elle me parle du petit avec qui elle était à table tout à l'heure apparemment le petit est passionné par tout ce qui touche à l'art ce que je trouve chouette. On va dire que ça change des jeunes d'aujourd'hui qui passent leur temps devant la télévision ou sur des jeux.

« Je trouve ça génial qu'à son âge il se passionne pour l'art. J'étais comme lui quand j'avais son âge donc ... Je ne peux qu'approuver sa passion. » Je dis en souriant.

Elle part alors un moment le temps de chercher le petit et leurs affaires ainsi que boisson et revient ensuite vers moi tandis que Tim fait connaissance avec moi. Je profite d'une pause avec l'enfant pour demander à la jeune femme ce qu'elle fait dans la vie et elle m'apprend bosser pour Vogue, je souris alors en acquiesçant.

« Et que faites vous exactement comme métier ? L'administratif correspond à quoi ? » Je demande curieux tout en reportant mon attention sur le gamin qui me questionne sur la prochaine tournée, je souris ravi de voir qu'il est impatient mais je ne réponds pas à ses nombreuses questions.

Le petit semble attristé de voir que je ne peux pas répondre à ses nombreuses questions mais la fille semble beaucoup plus compréhensive. Je lui souris tandis qu'elle me demande si j'ai fait de la compet avant d'être dans la danse et les spectacles je secoue alors la tête.

« Jamais de compet non. A vrai dire quand j'avais seize ans j'ai tourné en tant que remplaçant pour Holiday on Ice suite à un accident qu'un acteur a pu avoir et en fait à la suite de ce remplacement ils ont décidés de me garder. Mon ex petite-amie a rejoint la troupe quand nous étions un peu plus âgés et vers nos dix-huit ans nous nous sommes installés ici. » Je dis en souriant.

Mais ma Lucie n'est plus là maintenant mais ça je n'ai pas besoin de le préciser à Noa je pense que ça casserait l'ambiance et ce n'est pas du tout ce que je veux...

Je me demande si je ne vais pas revenir à mentionner mon ancien travail, être à la réception clientèle de la boutique d’une toiletteuse pour chien, beaucoup moins intrigant que celui que je fais actuellement. Les gens savent ce qu’est le toilettage d’un chien et qu’il y a quelqu’un qui répond au téléphone, récupère et redonne le toutou, encaisse la note du travail fait. Basique. Hormis quand on aime le contact direct avec les gens, râleurs compris, ou être une amie inconditionnelle de nos compagnons à quatre pattes, c’est un boulot dont on a vite fait le tour. Les habitudes de mesdames et messieurs les propriétaires, je les ai vite assimilées, tout comme j’ai vite compris quelle bestiole méritait un câlin pour sa gentillesse. D’autres montraient une agressivité marquée, à tenir à distance ! J’ai bien aimé ce job entre deux autres pour sa simplicité et les échanges directs. J’ai engrangé quelques anecdotes cocasses par la même occasion. Tout comme je devais expliquer le boulot d’assistante de production quand j’étais à Prime TV, assistante attachée de presse fait partie des métiers peu connus par ceux qui ne trainent pas dans ce domaine. Ouais, assistante encore.

— Je m’occupe essentiellement de ce qu’on dit sur le magazine Vogue, sur les articles publiés, s’ils sont appréciés. Il m’arrive de travailler sur des communiqués de presse, sur du relationnel avec des blogueurs. Des choses de ce genre.

Je lui souris en retenant un rire, parce que oui assistante, c’est aussi...

— Il m’arrive d’aider là où il y a besoin, ça peut être très divers. Quand j’ai embauché chez Vogue, mon méga boulot de la semaine a été de faire venir l’agent de maintenance de la machine à café.

Et puis pourquoi retenir un rire, je le lâche parce que cette épopée de la machine rebelle m’a permis de me lier avec Helsie, ma meilleure amie sur mon lieu de travail, en cours de le devenir aussi en dehors. Le patineur m’explique son parcours à Holiday on ice. Je retiens le ex. Gentil comme il le parait, j’opte pour le fait qu’il s’en est débarrassée parce qu’elle lui pourrissait la vie.

— C’est sympa pour vous cet accident, moins pour l’autre personne. Mais quand une opportunité se présente, il faut la saisir. Sans vous avoir vu sur la glace, je sais que vous êtes en excellent patineur, pour qu’un simple remplacement vous permette de garder la place.

Il m’a signalé s’être installé ici, voilà qui attise ma curiosité.

— Wellington est un chouette ville. Vous êtes originaire d’où si ce n’est pas indiscret ?

La belle me parle de son métier et je m'y intéresse immédiatement n'en connaissant pas le fond du tout et quand elle m'explique de quoi il s'agit je souris en acquiesçant. Je ne connais pas spécialement mais je visualise déjà un petit peu mieux ce qu'elle entend par tout ceci.

« Je vois. » Dis-je aussitôt en souriant. « J'ai une personne de mon entourage qui bosse dans ce milieu, je crois que vous êtes collègues. Helsie ça vous parle ? » Je demande en souriant.

Helsie... Drôle d'histoire encore. Juste une fille flippé de la vie que j'ai rencontré il y a de cela quelques temps et qui me plaît de plus en plus. Un exploit pour ainsi dire car depuis ma tragique histoire avec ma Lucie j'évite de m'attacher à quiconque de peur de perdre la personne comme j'ai perdu ma Lucie. Elle est morte d'une sclérose-en-plaques autant dire simplement que ce n'est pas facile du tout à gérer. Et ça traumatise aussi.

« Merci pour vos compliments. Je pense être effectivement assez bon sans vouloir me vanter. » Dis-je en rougissant. « Je suis le patineur préféré des fans et en plus de ça je suis l'acteur principal cette année donc je suppose que mon talent n'est plus à chercher. » Dis-je timidement.

Je ne suis pas du genre à me vanter donc lui dire ça tout d'un coup autant dire simplement que c'est très gênant pour moi ça fait limite penser que je me la pète ou que je suis un peu trop fier. Alors fier je suis mais je déteste me la péter je trouve ça déplacé et déplaisant pour les autres. Donc j'évite en tout temps pour ne pas passer pour le gars imbus de sa personne.

« Je suis américain, né à San Diego et j'y ai vécu jusqu'à mon emménagement ici. C'est effectivement un bel endroit. J'y vis depuis dix ans désormais et j'y suis plutôt heureux. » Je réponds à la belle brune. « Et vous, d'où venez vous ? » Je demande curieux d'en savoir plus à son sujet...

Voilà qu’un prénom surgit au milieu de notre conversation. Helsie !  Est-ce vraiment possible que nous connaissions la même personne ? J’essaie de me rappeler si quelqu’un d’autre à ce prénom sur mon lieu de travail, mais je ne trouve pas. Cependant, je ne connais pas tout le monde, entre les journalistes, les administratifs et même le service d’entretien, impossible de connaitre tout le monde, alors... Je vais avoir la réponse rapidement.

— Il y a en effet une personne qui se prénomme Helsie. Elle s’occupe de la rubrique culinaire du magazine. Si c’est elle, il est évident que le monde est petit !

Il reconnait être bon patineur, mais la façon dont il l’admet, il semble se retenir de le clamer haut et fort. Il a rougi ! J’ai pas rêvé ? Un humble excellent patineur acteur principal du spectacle. Je souris. Je crois que les têtes d’affiche, sans être outrageusement orgueilleux, se montrent plus éloquent sur leurs compétences. Cela rejoint par ailleurs le fait qu’il nous ait invités, Tim et moi, à sa table. Il fait parti des gens trop gentils.

Un américain en Nouvelle-Zélande. Bien. San Diego... hum... côte ouest...

— Il y a un musée du surf là-bas.

Ma géographie tient surtout compte de ce genre de détail sportif. Musée mais surtout les vagues californiennes. Sinon, au bout de dix ans, on peut le considérer comme néo-zélandais d’adoption surtout si l’endroit lui plait et qu’il y est heureux.

Tim nous observe en train de discuter. Il a terminé sa boisson. Il est poli mais la curiosité finit par l’emporter et il demande comment est San Diego, le temps, l'océan, les gens. Au moins, ça m’évitera de poser la question. Je me permets cependant de répondre à celle de Fabian avant qu’il ne se lance dans des explications pour contenter le gamin.

— Je suis née tout au nord. Auckland. Ma famille a bougé un peu avant d’atterrir ici. Je n’ai pas envie de repartir. J’ai trouvé mes marques ici et un chouette boulot.

Lorsque la belle brune face à moi me parle de son travail je ne peux m'empêcher de penser à Helsie étant donné que je sais qu'elle bosse elle aussi chez Vogue et j'admets que ça m'amuse. Je lui demande donc si elle la connait et elle me répond que oui en me disant dans quelle rubrique elle travaille et j'acquiesce aussitôt amusé par l'information.

« C'est bien elle. » Je réponds avec un sourire. « Nous sommes de très bons amis c'est une femme de qualité. » J'ajoute d'un ton joyeux.

Nous parlons ensuite de mes origines ainsi que de ma ville natale et aussitôt la belle me dit qu'il y a un musée du surf là-bas et je ne peux m'empêcher de rire en acquiesçant parce qu'effectivement c'est le cas même si personnellement je ne suis pas un grand fan de surf je suis quand même au courant des divers monuments que nous avons dans ma ville.

« Oui tout à fait mais je ne l'ai jamais visité. Comme vous l'avez compris je suis un homme de la glace. Du coup le surf je ne pratique pas vraiment. » Je réponds sur un ton léger.

A ce moment-ci l'enfant m'interroge sur ma ville, me demandant comment est le climat, les gens, l'océan, la ville et je souris tandis que Noa répond à ma question me disant donc d'où elle vient et pour le coup elle n'est pas d'aussi loin que moi. Juste un peu plus haut sur la carte de la Néo-Zélande.

« Je vois. Vous n'avez pas fait une trotte énorme comme moi pour venir jusqu'ici du coup. » Je fais remarquer avec un sourire puis je me tourne vers Tim. « San Diego est une très grande ville très chaude, il fait rarement froid. L'hiver est assez chaud mais c'est la côte californienne des États-Unis donc rien d'étonnant vu que c'est à côté du désert voire même en plein désert pour certains endroits. L'océan est fascinant mais les requins beaucoup moins même si je n'en ai jamais rencontré. » Je dis en riant en disant ma dernière phrase.

Je suis sans doute cinglé de parler de requins devant un gamin mais je n'ai pas pu m'en empêcher mon côté perché sans aucun doute. Perché et un brin décalé...

Helsie et Fabian, amis ? Hum... il va falloir que je lui en touche deux mots quand on sera en tête à tête. Je n’ose pas lui en demander d’avantage à lui. Nous ne sommes que des étrangers et s’intéresser à ce qu’ils font quand ils sont tous les deux serait déplacé, même pire, indécent. Non non, les questions sera pour elle parce qu’entre nous deux l’amitié s’est installé et nous pouvons nous permettre quelques confidences.

Un « homme de glace », l’expression me fait sourire. Un « homme de glace » bien chaleureux en tout cas, parce que nous inviter à sa table, c’est réellement sympathique.

Evidemment entre Auckland et Wellington, il y a moins de route que depuis San Diego. Nous avons déménagé par la route. Fabian a pris un avion. Quoiqu’il a peut-être mis moins de temps que nous avec tous les arrêts que nous avons fait. Nous avons même dormi dans un hôtel en cours de voyage, c’est dire toute notre rapidité et surtout la délicatesse de ma mère de nous voir dormir dans un lit, mon frère et moi, et son sens protecteur, elle n’a pas voulu prendre de risque au volant en s’endormant malencontreusement. A cette époque, elle était la seule à avoir son permis de conduire, nous étions trop jeunes, encore des enfants.

— Sans aucun doute, moins de kilomètres, mais parfois, l’avion va bien plus vite qu’une voiture, malgré cela.

Je lui souris, je n’ai aucune idée du temps de vol.

Sa remarque me laisse perplexe... les requins...! Bien sûr, l’analogie se fait souvent pour ne pas dire tout le temps.

— Okay. Ouais, les surfeurs et les requins c’est une histoire...

Je n’ose pas la qualifier. Il y a Tim à côté de moi. Je ne peux pas dire “tragique”, encore moins “sanglante”.

— Presque “banale”.

Mais ça na rien de banal parce que ce n’est pas anodin de se faire bouffer un pied ou une main. Je ne veux surtout pas dramatiser quand un enfant écoute notre conversation. Je maudirais Fabian d’avoir prononcé ce mot si je ne me retenais pas.

— Et quel est l’animal le plus dangereux que vous ayez rencontré sur la patinoire ?

Je lui renvoie sa remarque, tout en sachant qu’il n’y a pas de bêtes féroces sur une surface glacée de façon artificielle dans un bâtiment avec des spectateurs dans les gradins. On n’est pas sur la banquise ni dans un cirque à valser avec des ours, enfin j’crois.

Vous discutez ensemble toi et la belle Noa, vous apprenez à vous connaître ainsi qu'à vous découvrir et tu la trouves tout à fait charmante. Elle connaît Helsie mais à l'heure d'aujourd'hui tu n'as pas trop envie de parler d'elle. Tu n'es plus sûr de la relation que tu as avec elle ni de l'impact qu'elle aura dans ton quotidien. Donc tu te contentes de parler avec elle de vos villes natales ce qui est très bien en soit "Sans aucun doute, moins de kilomètres, mais parfois, l’avion va bien plus vite qu’une voiture, malgré cela." Tu acquiesces aussitôt en souriant.

« Oh il y a eu beaucoup d'heures de route entre San Diego et Island Bay mais en l'espace d'une nuit j'étais arrivé. Y'a pire. » Tu dis en souriant.

Mais tu n'es pas un grand fan d'avion, très ironique pour un mec comme toi qui doit voyager énormément par années pour les tournées de la troupe de patineurs dans laquelle tu es mais maintenant tu t'y es habitué mais c'est vrai que moins tu prends l'avion et mieux tu te portes.

Vous parlez soudainement de surf et tu rebondis sur les requins, tu t'en veux presque d'avoir abordé le sujet en te rappelant la présence du gamin à vos côtés mais ça pourrait être pire "Okay. Ouais, les surfeurs et les requins c’est une histoire..." Tu la fixes attendant qu'elle termine sa phrase et tu souris "Presque “banale”." Tu acquiesces aussitôt.

« Oui presque effectivement. » Tu réponds simplement décidant de ne pas parler davantage de ces animaux marins pour ne pas effrayer l'enfant près de vous.

Vous parlez alors de ton métier et la belle semble curieuse d'en savoir plus sur toi et sur ce que tu fais exactement "Et quel est l’animal le plus dangereux que vous ayez rencontré sur la patinoire ?" Tu ricanes aussitôt en entendant ses mots parce qu'en patinant tu n'as pas d'animaux avec toi mais ça elle doit s'en douter, tu l'espères pour elle sinon c'est qu'elle est vraiment stupide.

« L'homme est la créature la plus dangereuse avec laquelle j'ai pu patiner. » Tu réponds simplement en souriant. « Mais une année nous avions eu des otaries et divers animaux du genre sur la glace avec nous, c'était génial. » Tu ajoutes en souriant. « Ce sont des créatures a part. Assez méfiante et craintive je dois dire. Mais fort heureusement pour nous les patineurs nous ne dansons pas sur la glace avec des créatures dangereuses sinon on serait vraiment gênés vous vous en doutez. » Tu expliques à la belle brune.

Tu la scrutes alors longuement en souriant. Tu te doutes qu'elle devrait comprendre ton sous entendu concernant les hommes, à son âge elle devrait savoir ce genre de choses tandis que le môme près d'elle n'en comprendra rien sans doute. Pour les otaries sans doute que le gamin est au courant s'il a vu le spectacle mais pour l'instant il ne dit rien, il reste sage comme une image ce qui est plaisant...

Spoiler:

Ma question était étrange, savoir quels animaux il avait côtoyé sur la patinoire. Surtout bête dangereuse. La réponse est logique. Combien sa réponse me touche. L’homme bien sûr. Personnellement, j’en ai fait l’expérience. J'acquiesce d’un signe de tête. Au final, il a tout de même patiné avec des animaux. Des otaries.

— Je vois et je comprends. Je m’en doutais effectivement. On ne fait pas prendre de risque aux artistes.

Imaginé qu’un ours arrache une tête d’un coup de patte en plein spectacle, l’horreur indescriptible.

Nos boissons sont terminées depuis longtemps. La discussion était bien sympathique comme cet homme. L’heure a tourné. Je la vérifie d’ailleurs. Un rapide calcul pour savoir le temps qu'il faut pour rentrer et j'ai l'heure à laquelle Tim réintègrera son foyer. Il a suivi mon regard comprenant que notre après-midi ensemble prend le chemin de la fin et surtout cette rencontre incroyable avec Fabian va se terminer. Je pose ma main sur son épaule en voyant ses yeux briller, les larmes prêtes à couler. Je lui souris en lui prenant la main. Je me tourne vers Fabian.

— Nous allons devoir vous laisser. Je dois ramener Tim à sa mère.

J’engage l’enfant à récupérer ses affaires et surtout la précieuse serviette signée.

— Je vous remercie pour ces quelques minutes que vous nous avez accordées. C’était vraiment extrêmement gentil de votre part.

Tellement sympa, c’est le moins qu’on puisse dire ! Je fais signe au serveur qui passe à notre portée pour qu’il apporte la note de l’ensemble de ce qui a été consommé par lui et par nous.

— Je vous invite pour vous remerciez. Et ne dite pas non, c’est la moindre des choses.

Ça me parait en effet être le truc évident à faire parce que s’il n’avait pas été aussi ouvert à la rencontre, j’aurais probablement eu du mal à consoler Tim d’un rejet par son idole. C’est le genre de chose qui marque quand on est un enfant. Quand on est plus grand aussi mais on gère la situation différemment.

Spoiler: