Family is everything # Lukas, Noa et Parker

Aujourd'hui, pas d'école et pas de cours à l'université en parallèle, donc j'avais la journée devant moi. Bien sûr, la matinée avait été consacrée à une grasse matinée bien méritée, puis j'avais décidé de sortir un peu, histoire de ne pas rester devant un écran. Après être passé à la librairie du centre ville pour récupérer des bouquins que j'avais commandé, je pris le premier bus pour me ramener chez moi. Le paysage défilait lentement devant mes yeux, magnifique. Je crois que jamais je ne pourrais m'en lasser. C'était aussi l'intérêt des transports en commun... Pas besoin de conduire, il était plus facile d'observer l'extérieur. Les minutes passaient et alors que le bus se rapprochait de la rue dans laquelle la famille Lane habitait, je me rappelais de cette rencontre inattendue d'il y avait deux jours. Si on m'avait dit un jour que je reverrai Vickie, jamais je n'y aurais cru. Parce que je pensais qu'elle était perdue à  jamais... Je lâchais un profond soupire avant de me lever d'un bond. Un peu plus et je ratais mon arrêt! La rue était calme alors que je m'approchais de la maison, de nouveau dans mes pensées. Je n'arrivais pas à me dire que c'était réel. Pour l'instant, je n'en avais parlé à personne, pas même à Noa. Parce que je sentais bien ce qu'elle allait me dire. Que je ne devrais pas m'attacher à nouveau à elle. Que je ferai mieux de l'oublier. Bien sûr, elle cherchait à me protéger, je ne pouvais pas lui en vouloir... La clé dans la serrure, j'entrais dans la maison apparemment vide. Pas de bruits. Je grimaçais, presque effrayé par un monde de solitude trop oppressant. Alors je fis ce qui m'aidait à me sentir mieux: je branchais la Wii à la télévision du salon, bien décidé à me changer les idées sur un bon vieux Mario Kart 8. Les jeux en réseaux étaient certes mes favoris, mais de temps en temps, j'aimais revenir aux basiques, un retour aux sources un peu vintage mais efficace pour voir la vie en bleue.

Bien installé sur le fauteuil, je me concentrais sur la piste, dépassant avec habilité tous les autres joueurs. Il y avait ça de bien avec les joueurs créés par ordinateur: j'avais tellement l'habitude que je pouvais pratiquement prévoir leurs manoeuvres. Toutefois, ça restait fun. Alors que j'allais entamer ma dixième partie, un bruit de porte se fit entendre. Jeu en pause. Face à moi, Lukas, à qui j'offris un beau sourire. "Hey, Lukas! Tu vas bien?" Par habitude, je vins vers elle pour lui offrir une étreinte courte mais sincère. Je savais bien qu'elle n'osait pas encore trop s'imposer dans la maison, je lui avais pourtant dit déjà plusieurs fois qu'elle était la bienvenue. Elle comptait beaucoup pour ma mère, notre maison était sa maison désormais. D'ailleurs, mon coeur comptait encore beaucoup de places pour de futures personnes de la famille. Toujours. Alors que je la laissais se servir à boire, je lui lançais un regard pétillant avant de lui demander l'air de rien: "Dis, tu as quelque chose de prévu, là, maintenant? Parce que je suis sûr que je peux te mettre la paté à Mario... A moins que tu ne t'en sentes pas capable bien sûr!" Petite pique lancée. J'affichais un sourire amusé et mine de rien, je m'avançais vers le canapé, conscient qu'elle ne tarderait pas à me rejoindre. Après tout, c'était de son honneur dont il était question! Même si on ne parlait que de jeux vidéos bien sûr...

Je quitte mon service à presque 21 h. Passer mon temps au poste était déjà une habitude du temps de mon mariage heureux mais depuis que je vis dans la pool house de mon amante, c’est encore pire. Parker a des heures incroyables elle aussi et je me plais clairement à ne pas avoir à essuyer une remontrance en rentrant chez moi trop tard. Je suis un bon élément paraît-il, mais aussi trop turbulent pour être exemplaire. Comme à l’école, c’est ça qui est marrant, je suis dans le travail comme j’étais ado, une calamité. Les mises à pied ont simplement remplacé les renvois, rien de plus. Parker le sait, je n’ai jamais été un exemple de tenue, de discipline et encore moins de docilité. Mais ça semble lui plaire. Les choses n’ont pas franchement changées au fond, depuis l’époque où je l’ai connue.Si je vis sous le toit de la femme que je fréquente, je ne le fais qu’à moitié et pudiquement. Parker émet quelques réserves à me faire obtenir mes quartiers dans la maison, ce que je comprends totalement. Kenzo et Noa, ses enfants, vivent ici eux aussi et imposer une tierce personne au milieu de leur cocon prendra du temps. Je n’ai aucun problème avec ça. J’adore ses enfants, on a d’ailleurs pleins de choses en communs. Que ce soient les jeux vidéo avec Kenzo ou le comportement que j’adoptais ado, avec Noa.Il est tard et je passe par la maison pour entrer dans la pool house. J’ai une faim de loup ! J’évite de passer par le fast food en rentrant. Je me comporte comme une ado, je le sais, Parker me le fait assez remarquer ! Alors je vais être adulte et me faire à manger moi-même… Mais vu comme le contenu du frigo m’inspire, je crois que je ne vais rien faire du tout, et me ranger à une tranche de jambon et un paquet de gâteaux. Super équilibré, je sais. En même temps si j’étais un cordon bleu, ça se saurait, et ça ne s’est jamais su. Conclusion, on fait avec les moyens du bord. Je croise mon beau-fils dans sa propre cuisine. "Hey, Lukas! Tu vas bien?" « Salut mon grand. T’as diné ? » Je l’étreins et l’embrasse sur le front. Il est grand, mais tellement gentil et tellement affectueux que je ne peux l’appeler autrement. Et puis je suis sûre qu’au fond il adore ça. "Dis, tu as quelque chose de prévu, là, maintenant? Parce que je suis sûr que je peux te mettre la paté à Mario... A moins que tu ne t'en sentes pas capable bien sûr!" Je referme le frigo et lui lance un regard. « T’es en train de me défier là ? » Je souris, amusée, et prête à relever le défi, je ne suis pas beaucoup plus mature qu’une ado quand on parle de franchir ses propres limites, le défi, j’adore ça. Il a l’air de l’avoir compris tout de suite ! « OK, t’as gagné, pousse toi. » Je grimpe sur le canapé et lui fait passer une manette. Mon assiette abandonnée sur le comptoir sans que je n’ai encore eu l’occasion d’y toucher, et qui ne sera finalement plus qu’un lointain souvenir. Le jeu me rend dingue, je ne peux m’en décrocher, c’est presque une addiction. Kenzo lance le jeu, et j’opte pour Todd, le petit champignon. Je me charge de choisir également mon véhicule, et nous pouvons commencer la partie, endiablée d’ailleurs. A cet instant précis, j’ai 15 ans. « Y a une carapace qui te cherche. » Lançais-je sérieusement mais pour autant sur le ton de la plaisanterie. Le petit premier ne va pas le rester longtemps…

« Noa, on te retrouve chez Vince tout à l’heure ? » Je lève la tête pour voir mon amie sortir de la classe n’attendant même pas ma réponse. De toute façon, rares étaient les fois où je refusais d’aller à une fête. Alors, tout le monde assume ma présence sans que je le précise. Pourtant, l’envie d’y aller ne m’enchantait pas autant que toutes les autres fois. J’étais fatiguée et il y a des personnes que je ne préférais juste ne pas croiser ce soir. Je sors mon cellulaire pour avertir Vince que j’allais manquer sa soirée, mais que j’allais me reprendre une autre soirée, mais un message m’attendait déjà de sa part disant qu’il avait besoin de me voir immédiatement. J’appuie donc sur l’icône de téléphone situé à côté de son nom et une voix enjouée répond au bout du fil. « Vince ? » Des cris retentissent et je n’arrive qu’à capter quelques bouts de phrases qui ne s’adressaient probablement pas à moi. « Vince, t’es là ? » Un gros bruit se fait entendre et je décolle le téléphone de mon oreille de quelques centimètres et la voix de mon ami se fait finalement entendre « Noa ? Noa t’es où ? Pourquoi tu n’es pas encore arrivé ? » Je soupire relâchant l’inquiétude qui m’avait envahi à la suite de son message croyant qu’il s’agissait d’une urgence. « Putain Vince… J’avais cours jusqu’à huit heures aujourd’hui. »  Un silence s’installe avant qu’il ne l’interrompe. « Depuis quand ? » Je soupire à nouveau, ce gars n’a aucune mémoire lorsque vient le temps de fêter. « Depuis le début de la session. Maintenant, m’en veut pas trop, mais je ne suis pas d’humeur aujourd’hui, je crois que je vais juste aller récupérer le sommeil que je n’ai pas eu depuis… Trop longtemps. » « Ah nonnnnn… Viens au moins une heure et après je te laisse partir. » « Vince, je n’ai vraiment pas envie… » « Une heure et je te lâche. S’il-te-plaît, c’est quoi une fête sans toi ? Allez, je te vois tantôt, à toute. » Et juste comme ça, il raccroche, ne me laissant aucunement le choix de refuser cette proposition. J’embarque donc dans mon auto en essayant de me convaincre qu’une heure ce n’était pas si pire que cela.

Je régnais dans le silence le plus complet sur les routes qui menaient jusqu’à la maison. Cette situation contrastait toutes les fois où la musique de mon véhicule pouvait presque rendre ces passagers sourds. Or, je n’avais aucune envie d’écouter de la musique avec le mal de tête qui commençait à se propager. Je n’avais qu’une envie et c’était de manger de la crème glacé devant une série télé. Peut-être avec Kenzo, si l’envie lui prenait de m’accompagner. Je rentre subtilement dans l’entrée, je n’avais pas vu l’auto de ma mère. Ce qui signifiait qu’elle était probablement encore au travail. Cependant, des voix s’élevèrent dans le salon et je reconnais le rire de Kenzo. Je me dirige dans la cuisine pour prendre la chose désirée dans le congélateur avant de me diriger avec plusieurs cuillères dans le salon. « Y a une carapace qui te cherche. » Je reconnais la voix de Lukas avec qui, étonnement, je m’entendais plutôt bien. Faut avouer que je n’avais pas fait attention aux autres amies de ma mère, mais c’était différent avec elle. Celle-ci m’avait aidée à plusieurs reprises, dont cette fois au poste de police. Un sourire se forme sur mon visage à les voir crier pour atteindre la première place du jeu.  « C’est la fête par ici. » Rigolais-je avant de m’installer par terre près de Kenzo. Une «fête» que j'apprécierais peut-être plus que celle de Vince. « Ça va si je me joins à vous ? » J’ajoute plus pour la forme, car j’étais déjà bien installée sur le plancher avec mon pot de crème glacée. « J’ai amené du soutien, si jamais. » Dis-je en montrant le pot et les cuillères.

Une énième réunion avec des investisseurs, je suis fatiguée de devoir me battre avec cette horde d’hommes assoiffés qui ne me regardent pas dans les yeux mais dans mon décolleté. La plupart du temps, mes tenues près du corps et décolletées m’aident à obtenir ce que je veux. A mon âge, je n’ai pas à me plaindre de mes atouts et je ne vois pas pourquoi je ne m’en servirai pas. Mais il y a des jours comme aujourd’hui où j’ai l’impression de ne rien arriver à obtenir, ou du moins, pas ce que je voudrais. Je finis par m’emporter pendant la réunion, et c’est là que je capte leur attention. Je suis le dragon de cette entreprise, et je sais que sans ma poigne de fer, tout se serait déjà écroulé. La réunion se termine alors que j’ai obtenu gain de cause, comme dans 90% des cas. C’est un sourire fier qui arbore mon visage alors que je serre la main de chacun de mes collaborateurs qui quittent un à un la salle de réunion. Une fois le dernier parti, je me laisse tomber dans un fauteuil en soupirant. « Ils m’ont éreintée… » Pauline s’approche pour venir déposer ses mains sur mes épaules alors que j’ai les yeux fermés, et je ne me rends pas immédiatement compte de ce qu’il se passe, avant de prendre conscience. Je réouvre les yeux et me lève d’un seul coup avant de la regarder, sûrement pas comme je le devrais. Jusqu’à présent nous entretenions une relation ambigüe qui a trop souvent dérapé, au bureau, à l’hôtel ou même chez moi. Mais c’est fini. Maintenant que Lukas est de nouveau entrée dans ma vie, je ne peux pas laisser Pauline tout foutre en l’air. Ni moi d’ailleurs. « Ecoute Pauline il faut qu’on discute… » Je m’appuie sur la table alors que la jolie blonde reste immobile à un peu plus d’un mètre de là. « Tu te souviens du jour où tu m’as demandé si j’avais quelqu’un dans ma vie ? » Elle hoche la tête et je poursuis. « Je t’ai répondu non, mais la vérité c’est que oui. Je n’étais pas clairement avec elle mais c’est en train de changer, et je ne veux surtout pas tout foutre en l’air. Donc il faut qu’on arrête tout ça, ce jeu de séduction. Je suis ta patronne et le fait qu’on ait couché ensemble ne change rien. C’est compris ? » Je suis froide, je me dois de l’être pour qu’elle comprenne. Je sais qu’elle est douée pour la séduction et je ne compte pas tomber à nouveau dans ses filets. Je me suis faite avoir une fois, pas deux. « Tu peux rentrer chez toi, je n’ai plus besoin de toi ici ce soir. Profite de ta soirée. » Elle reste silencieuse et je passe près d’elle pour quitter la salle de réunion. Après une mince hésitation, je récupère mes affaires et quitte le bureau plus tôt que d’habitude dans l’optique de passer du temps avec mes enfants, et peut-être la nuit avec Lukas. elle dort encore dans la pool house et je n’arrive pas à trouver le bon moment pour en parler à mes enfants. J’ai peur de leur réaction, ils ne m’ont jamais connue avec personne, ne connaissent même pas leur père, alors je pense que ça peut être un peu le bordel pour eux que j’intègre dans notre famille une nouvelle personne. Et je ne sais pas non plus ce que va donner ma relation avec Lukas, sa séparation est tellement fraiche…
J’arrive à la maison et gare ma voiture dans l’allée, je remarque que Noa est là, ce qui est étonnant pour un vendredi soir. Je passe discrètement par la pool house voir si Lukas est là mais personne. Avec un poil de déception, je refais le tour pour entrer par la porte principale de la maison. « Je suis rentrée ! » J’entends des voix dans le salon. Je ne distingue pas réellement ce qui se dit mais vu la musique et les bruitages, ils sont en train de jouer à des jeux vidéos. J’ai besoin d’un verre de vin. Je file droit vers le frigo et en sors une bouteille de von blanc, je m’en sers un verre et finalement, je me dirige vers le salon. C’est alors que j’assiste à une scène complètement inattendue. Kenzo et Lukas sont assis dans le canapé, manette en main, et Noa par terre, un pot de glace entre les jambes. Je retire doucement mes talons, profitant qu’ils ne m’aient pas vue, et m’assieds sur une chaise près de la table de la salle à manger, le temps de les regarder tous les trois. Une émotion particulière s’empare de moi. De la joie, bien sûr, parce qu’ils sont sans équivoque les trois personnes les plus importantes de ma vie. Il manque Nathan, mais je sais qu’il fera bientôt partie de la famille, du moins, je l’espère. Ils s’échangent le pot de glace à chaque fin de course et le sourire figé sur mon visage ne s’en ira pas, je crois. Je suis comblée de les voir là tous les trois, s’entendant aussi bien. Serait-ce le signe qu’ils ont intégré Lukas à notre famille ? Je pose mon verre sur la table et m’avance vers le canapé, dans le dos de ce dernier, passant une main dans les cheveux de Kenzo avant de venir déposer un baiser sur la tempe de Lukas. « Il y a besoin d’un arbitre ? » Ils sont concentrés mais les sourires qui se lisent sur leur visage au moment où ils se rendent compte que je suis là, n’ont pas de prix. Je viens m’installer entre Lukas et Kenzo et je me penche pour déposer un baiser sur les cheveux de Noa, avant de lever les yeux sur l’écran. Ça va trop vite pour moi.

Spoiler:

Lukas est tombée dans mon piège. Bien décidé à ne pas jouer seul, j'avais simplement joué sur le fait qu'elle ne résistait pa sà un défi digne de ce nom. C'était aussi ça que j'aimais chez elle. Dans son boulot, elle était super sérieuse et ne transigeait pas avec la sécurité. Mais en dehors, elle ne se prenait pas au sérieux et savait se montrer extrèmement proche de Noa et moi. Parce qu'au fond, on avait tous ce côté enfantin, il restait plus ou moins développé selon la personne mais tout le monde l'avait. Alors que la jolie Lukas prenait place à mes côtés, je lui envoyais un sourire ravi. Todd pour elle, Luigi pour moi, nous voilà partis pour des parties de Mario kart du tonnerre. Et elle était plutôt douée! Concentré comme jamais, mon regard était fixé sur l'écran. Il était hors de question que je lâche mon titre de meilleur joueur de la famille. Il en allait de ma réputation. « Y a une carapace qui te cherche. » Je ricanais nerveusement, pas du tout perturbé par cette remarque. Alors que je négociais un virage difficile, je lançais, avec un sourire en coin: "Fais gaffe, je crois qu'ils ont prévu des pluies de banane..." J'explosais de rire quand le véhicule de Lukas faillit se prendre une carapace, mais me concentrais à nouveau alors qu'une fichue bombe faillit anéantir mes chances d'atteindre la première place.

La course se poursuivit, et bientôt, la porte d'entrée claqua, signe particulier qu'une personne venait d'entrer dans la maison. Il me suffit d'ailleurs d'entendre quelques pas pour savoir qu'il s'agissait de ma soeur jumelle, Noa. Je l'entendis passer dans la cuisine, avant de revenir vers nous, et sa seule présence suffit à me rendre plus heureux encore. « C’est la fête par ici. » Je la sentis s'installer à mes côtés. J'avais l'impression d'être revenu à ses soirées jeux que l'on faisait de temps en temps en famille. C'était devenu plus rare avec les années, mais c'était aussi cela qui me rendait si nostalgique. « Ça va si je me joins à vous ? » Je ris doucement, avant de lui offrir un clin d'oeil complice. « J’ai amené du soutien, si jamais. » Mais les yeux rivés sur la partie, je lui répondis à peine. Car on arrivait au moment tragique, celui de la fin, celui de l'arrivée. Et comme nous étions au coude à coude, c'en était d'autant plus intense. Pourtant, au dernier moment, je repassais en première position et prenait la première place au classement. "YAY! Merci Noa, tu m'as porté chance!" Je l'embrassais sur la joue, avant d'attraper une cuillère de glace comme bonne récompense... Lançant un regard triomphant à Lukas, je ne peux m'empêcher d'ajouter sur un ton taquin: "Je suppose que tu veux ta revanche? Promis, j'essaierai de ne pas être trop fort..." Ok, c'était de la gentille provocation, et là où j'étais d'ordinaire si doux et si naïf, je me montrai assez têtu et compétitif quand il s'agissait des jeux vidéos. Je n'aimais pas perdre à ces jeux que je connaissais par coeur. Me tournant vers Noa, j'ajoutais en mangeant une autre cuillère de glace: "Tu veux jouer? Sinon, tu peux être ma pom pom girl!" Décidément de bonne humeur, je commençais déjà à choisir mon personnage -cette fois, j'optais pour Mario- et mon véhicule. Une fois que les filles eurent décidées de ce qu'elles faisaient, la partie était lancée. L'ambiance était incroyable, juste magique, la preuve étant que je me sentais très bien. Et tout le monde savait que j'étais un bon indicateur pour ce genre de choses. Car un coeur si sensible comme le mien avait besoin d'être entouré pour se sentir protégé. Et tandis que le jeu se poursuit, une silhouette familière s'approcha de nous pour prendre place entre moi et Lukas. Je ne pouvais pas voir son visage, concentré, mais je sentais qu'elle était heureuse aussi de nous voir tous rassembler. Comme une famille. Parce que Lukas en faisait partie. J'espérais qu'après cette soirée, elle se sentirait définitivement comme chez elle dans la villa... Tout ce qui pouvait rendre heureuse ma mère était bienvenu. « Il y a besoin d’un arbitre ? » Je souris doucement. "Mmh peut-être que oui... Je crois que Lukas doit être surveillée, je la soupçonne de faire quelques effractions au code de la route!" Oui, c'était une très bonne soirée en perspective.

Il y a longtemps que je n’avais pas ressenti un moment de plénitude comme celui-ci. Le sentiment qu’il ne peut rien se passer pouvant briser cet instant. Je les regarde là tous les trois, un sourire aux lèvres, avant de les rejoindre en demandant s’ils ont besoin d’un arbitre. « Mmh peut-être que oui... Je crois que Lukas doit être surveillée, je la soupçonne de faire quelques effractions au code de la route! » Je ris en entendant Kenzo envoyer une pique à Lukas. L’ambiance est bonne visiblement. « Dit-il en zigzaguant ! Tiens, tu me diras comment c’est derrière ! » « Même un arbitre n’arriverait pas à les arrêter je crois. » Je ne suis pas vraiment ce qu’il peut se passer sur l’écran, je n’y ai jamais trop rien compris, ça ne va pas changer aujourd’hui. « Un partout, la balle au centre ! » Lukas lève les bras victorieuse, et d’après ce que je comprends, elle semble fière de gagner cette partie. « En fait c’est eux qui me gardent, et je trouve qu’ils s’en sortent pas trop mal. » Je tourne la tête vers Lukas en souriant largement. « Je vois ça, tant que tu restes sage ça va ! » Elle se lève et je la suis des yeux, supposant déjà qu’elle est partie pour aller se chercher à manger, pour changer. Je tourne finalement la tête vers Kenzo avec un sourire à la fois tendre au coin des lèvres, et je me penche vers lui pour murmurer. « Avoue, tu l’as laissé gagner pour pas qu’elle pique une crise ? » Je ris, complice avec lui, avant que Noa ne me tende la manette carrée. « Et maman, tu veux essayer ? » Mon regard jongle entre le morceau de plastique blanc jonché de touches et le regard de ma fille qui ne semble pas plaisanter. « Qu.. quoi ? Moi ? » Je cligne plusieurs fois des yeux, surprise qu’elle me propose de jouer. Plusieurs fois je suis restée à regarder mes enfants jouer à leurs jeux vidéos, mais jamais je n’aurai pensé pouvoir essayer de jouer. « Tu sais que ce n’est pas si difficile que ça, allez. » Je tourne la tête vers Kenzo qui semble me pousser pour que je dise oui. en règle générale, j’aurai dit non de suite, mais l’ambiance fait que je suis de bonne humeur, et que je ne vois pas pourquoi je répondrai par la négative. Lukas revient et s’assied par terre pour laisser la place à Noa et me fait passer le pot de glace. Je secoue la tête et ouvre la bouche pour qu’elle vienne y mettre directement la cuillère. Une fois la bouchée de glace avalée je soupire un peu. « Bon ok, je veux bien essayer mais vous vous foutez pas de moi ! Et j’ai besoin d’un bon coach ! » Noa vient s’asseoir à côté de moi pendant que je sens les doigts de Lukas glisser le long de mes mollets tendrement. Je crois que je ne pourrai pas me sentir mieux qu’en cet instant précis. Noa me montre comment tenir la manette, et Kenzo se charge de me dire à quoi servent les boutons. « Ola ola n’allez pas trop vite ! Je suis déjà perdue ! » Je ris et regarde l’écran alors que la course démarre. « C’est lequel pour avancer !? » C’est pas comme s’il venait de me le dire ! Je tourne la manette comme un volant puisque c’est ce qu’ils m’ont dit de faire, et je me prends au jeu, les yeux grands ouverts et rivés sur l’écran. « Quoi ? C’est quoi ça ? Pourquoi j’ai des bananes qui me suivent ? »

Feels like home. L'ambiance dans la maison était au beau fixe, et en entendant les conversations et les rires, n'importe qui aurait pu deviner qu'il s'agissait là d'une seule et unique famille. Une famille soudée, quoique différente des autres. Une famille que rien ne semblait pouvoir séparer. Le jeu vidéo avait été le catalyseur qui avait lancé cette soirée sous les meilleures hospices. Et j'étais terriblement heureux d'en être à l'origine... Alors que Lukas gagnait la deuxième partie, je posais la manette dans un sourire. La voix de ma mère résonna doucement à mon oreille. « Avoue, tu l’as laissé gagner pour pas qu’elle pique une crise ? » J'esquissais un sourire complice, lui répndant d'un simple clin d'oeil. Même si Lukas était un bon adversaire, j'avouais lui avoir laissé un peu plus de chances que dans la première partie... J'étais certainement trop gentil. Et heureusmement pour moi, j'avais toujours été bon joueur, surtout en famille. C'était autre chose sur mes jeux en ligne, mais cela, personne n'avait besoin de le savoir. « Et maman, tu veux essayer ? » Devant le regard désemparé de ma mère, je ne pus retenir un éclat de rire. Noa venait d'avoir l'idée du siècle! Je lançais un regard brillant à ma jumelle, lui indiquant par là-même que j'adorais son idée. « Qu.. quoi ? Moi ? » La pauvre, elle ne s'attendait pas du tout à ça. Il fallait dire que les jeux vidéos n'étaient pas tellement sa tasse de thé. « Tu sais que ce n’est pas si difficile que ça, allez. » Chacun y alla de ses encouragements: je lui lançais un regard encourageant, Noa semblait bien décidée à la faire céder et Lukas l'acheta avec de la glace. Dans tous les cas, elle ne pouvait que céder! « Bon ok, je veux bien essayer mais vous vous foutez pas de moi ! Et j’ai besoin d’un bon coach ! » Je me retournais pour la regarder en face. "Ne t'inquiète pas maman, tu vas voir, c'est super simple!" Je lui montrais alors les boutons sur la manette, expliquant tour à tour à quoi ils correspondaient. Cela me paraissait tellement simple que j'en oubliais que ma mère n'y connaissait rien du tout. « Ola ola n’allez pas trop vite ! Je suis déjà perdue ! » La course démarrait et j'étais mort de rire. Comment ne pas l'être devant l'air désespéré de notre apprentie gameuse? « C’est lequel pour avancer !? » Tandis que Noa lui répondait, je me concentrais sur la course, essayant tant bien que mal de servir de guide à notre jeune padawan de la course. Ouaip, j'étais présentement l'exemple à suivre. « Quoi ? C’est quoi ça ? Pourquoi j’ai des bananes qui me suivent ? » De nouveau, j'éclatais de rire avant de répondre: "Evite-les, sinon tu vas avoir des problèmes! Mais continue comme ça, tu te débrouilles très bien! Tu n'as qu'à t'imaginer au volant de ta voiture, ça devrait t'aider..." J'étais d'humeur taquin ce soir, et c'était d'autant plus ironique que dans l'histoire, j'étais le seul à ne pas avoir mon permis dans la vie réelle. M'enfin, un jeu était un jeu, et il n'y avait pas d'enjeu derrière, à part celui de s'amuser en famille.