Des vacances mouvementées (Noa)

Je ne me lie pas facilement avec mes collègues de travail. Je les trouve pour la plus part trop superficielles. Et puis, parler pendant des heures de maquillage, régimes et autres conneries du même genre, très peu pour moi. J’ai beau être journaliste au sein d’un magazine féminin, je ne m’intéresse pas à ce genre de choses. Dans ma rubrique, je suis contrainte et forcée de parler régime à toutes les sauces et très honnêtement, ça m’énerve au plus haut point, mais je me dois de faire avec. A dire vrai, ai-je vraiment le choix ? Mais, il y a quelques mois, alors que je revenais de vacances, j’ai fait la connaissance de Noa, fraichement arrivée dans l’équipe pendant mes congés. Notre rencontre a été plus originale, puisqu’elle est arrivée à temps pour m’empêcher de recevoir le contenu de la machine à café, qui venait de recracher son contenu presque sur mes chaussures. La machine était morte et la préposée au ménage avait cru intelligent de retirer le petit postit indiquant qu’elle était en panne. Il y a des gens qui ne sont pas très futé, n’est-ce pas ? Enfin bref. Nous avons sympathisé devant un café ; non agressif cette fois ; et nous sommes rapidement devenus amies. Or, il faut savoir, qu’au boulot comme dans ma vie privée, je ne me fais facilement d’amis, parce que je suis une personne très méfiante. Mais avec Noa, je ne suis pas méfiante, c’est comme si je la connaissais depuis toujours. Récemment, nous avons décidés de partir passer quelques jours dans un chalet à la montagne. Nous avons effectués une réservation en ligne dans un endroit charmant, avec pleins d’activités à la clé. Nous sommes parties de bonne heure ce matin. J’ai conduit un peu, mais comme je me suis tromper de direction à deux reprises, elle a fini par prendre le relais. « Je crois qu’il faut tourné à droite ! » dis-je soudain. « Ah non, à gauche. Saleté de GPS, il change tout le temps d’avis ! » repris-je, en cognant dessus du plat de la main, ce qui ne risque certainement pas d’arranger les choses. Mais, apparemment, il ne recalcule pas notre itinéraire, donc, c’est que c’était bien à gauche qu’il fallait tourner.

Quand Helsie m’a proposé quelques jours de vacances, je n’ai guère réfléchi plus de deux minutes pour dire oui. J’ai coché toutes les cases du formulaire qu’elle ne m’a pas mis devant le nez mais dans ma tête c’était, voyage : oui, dépaysement : oui, quelques jours cool : oui, village de vacances aux petits soins pour les touristes : oui. On a réussi à trouver le lieu parfait pour un prix raisonnable. Alors nous y voilà, sur la route, en direction de notre petit paradis. J’ai dit oui aussi parce qu’avec Helsie, on s’entend bien. Il est clair qu’entre nous, si l’une offre un café à l’autre, une pâtisserie, ou partage un repas commandé parce qu’il faut bouclé un boulot, aucune n’attend de contre partie, ne tient le moindre compte, tout est de bon coeur et amical. Nous sommes très loin du « Je t’offre une boite de chocolat mais tu m’arranges ce service en échange ».

Nous ne sommes peut-être pas les plus douées pour le sens de l’orientation, mais je pensais que ce village de vacances seraient mieux balisées. Je sens que nos différents demi-tours commencent à agacer ma compagne de voyage. J’ai pris le volant à mon tour pensant qu’elle se détendrait un peu en regardant le paysage, hors le seul truc qui pour l’instant accapare son attention c’est le GPS. A vrai dire, moi aussi. C’est vrai que j’apprécierais de m’installer au bar avec un cocktail pour profiter de la fin de la journée le plus agréablement possible. Gauche ? Droite ? J’ai beau faire attention, je ne vois pas par où je doit aller. Sauf si on abandonne le goudron pour prendre au travers des arbres qui nous entourent. Euh, je crois qu’en fait, nous sommes en train de chercher une route, alors que le GPS nous indique une chemin forestier. Au final, on aurait du prendre ma voiture, elle est plus costaud pour ce genre de... sentier. Même si ça m’embêterait, tout de même, de la rayer ma BMW en passant entre des branches, je crains que les amortisseurs de la sienne apprécient peu de prendre une voie cabossée. Il y en avait un là-bas. Est-ce qu’on tente ? Je suis à moitié convaincue, mais si on doit s’aventurer de la sorte mieux vaut le faire quand il fait encore jour.

Ma voiture n’est pas une poubelle, mais j’ai la même depuis que j’ai obtenu mon permis de conduire à l’âge de dix-huit ans, ça fait donc un petit moment ! Elle n’est donc pas très belle, elle a des gnons, mais du moment qu’elle me conduit d’un point A à un point B, quelle importance ? Elle roule, c’est tout ce qui compte, non ? Moi en tout cas, c’est tout ce que j’attends d’elle. Certes, le GPS que j’y ai fait installé n’est pas très performant et la radio marche une fois sur deux, mais, là encore, quelle importance ? Je n’ai pas acheté cette voiture pour frimer mais uniquement pour ne pas dépendre sans cesse des transports en commun ou de mon père ! Alors, je me fiche bien que mon poste de radio ne fonctionne pas, puisque de toute façon, je n’ai pas besoin d’écouter de la musique lorsque je vais travailler ou que je conduit Le Chat chez le vétérinaire. Enfin, tout ça pour dire que nous tournons en rond, mais je tente de rester calme. De toute façon, je ne suis pas le genre de personne à m’énerver pour un oui ou pour un non. Mais, je ne suis pas détendue pour autant à cause de ce satané GPS ! Du moins, je crois que c’est de sa faute, car, j’ai bien regardé l’itinéraire sur le site de location et rien de ce que nous avons pu voir jusque là n’y ressemble, de près ou de loin. Noa prend alors la parole pour dire que le GPS nous indique un chemin de forêt, alors que nous cherchons une route. En même temps, c’est ce que le site de location mentionnait, une route, pas un chemin forestier. Je fronce les sourcils. « Oui, sans doute. Cela dit, je ne pouvais pas le deviner, sur le site, ils ne parlaient pas de ce genre de chemin ! » dis-je piteusement. Si je l’avais su, j’aurais sans doute demander à mon père de me prêter son quatre quatre, parce que ma petite citadine ne faisait pas le poids. Elle allait être dégoulinante de boue, car il avait plu la veille au soir. Enfin, tant pi. Râler ne changerait rien à la situation, pas vrai ? « On peut toujours essayer ! » que je réponds quand mon amie me demande si je suis d’accord pour tenter le coup. De toute façon, nous n‘avons guère le choix. Mon GPS a beau me faire tourner en bourrique, il ne s’est encore jamais tromper, alors, j’imagine que ce n’est pas aujourd’hui qu’il me fera le coup !

Nous nous engageons dans le chemin que le GPS veut absolument nous faire prendre, cela doit signifier que c’est la bonne route. Je l’espère car piloter la voiture devient un tantinet délicat. J’évite les flaques d’eau que la terre n’a pas absorbées depuis la dernière pluie parce qu’il est impossible de savoir si elles cachent une ornière profonde qui nous clouerait sur place. Je zigzague. Flaques et branches se succèdent, chacune voulant à sa façon nous rendre cette portion de chemin pénible. Je trouve ça long. Un poil inquiétant. Le GPS indique si c’est encore loin ? Je n’ai pas envie de stopper au milieu de cette zone qui me semble de plus en plus hostile. Dis moi que les activités phares du village de vacances ne sont pas la chasse à l’ours ou le bûcheronnage ! Pour l’instant c’est l’impression que cela donne. Occupée à discuter, je me laisse surprendre par un nouveau caprice du chemin. A la sortie d’un virage, nous tombons nez à nez avec un tronc couché sur le sol, barrant à moitié le passage. Surprise, je braque à fond pour l’éviter. La voiture dérape sur la boue. Elle part à gauche dans les ronces pour revenir en travers sur la droite et pivote pour se remettre en ligne. Mes mains serrent tellement le volant que je suis sûre que je ne suis pour rien dans ce mouvement chaloupé. Par bonheur, la voiture n’a rien heurté. Ma température a fait un bond en hauteur, je sens des gouttes de sueur me couler dans le dos. Non mais... Je me suis faites une grosse frayeur ! Là je stresse à mort. Je n'ose pas regarder Helsie. Je m'en veux d'avoir dit de prendre ce sentier. Dans quoi nous nous sommes aventurées ? J’essaie de reprendre ma respiration, de garder mon attention la plus assidue sur les prochains mètres que nous allons franchir à la vitesse d’une tortue. Oh mais attends ! Regarde ! Je crois que je vois une clairière devant. On va dire un espace moins touffu en arbres et surtout arbres agencés à l’horizontal. Cabane ?

Noa s’engage dans le chemin de terre indiqué par le GPS et dont la voix féminine rappelle celle d’une prostituée sur le déclin ; c’est mon père qui le dit ! Oui, il a beaucoup d’humour. Comme je m’y attentais, le chemin n’est pas praticable. Nous sommes secouées dans tout les sens, comme le linge dans le tambour d’une machine pendant l’essorage. Il y a des trous, des flaques, de la boue. Ma pauvre voiture en voit des vertes et des pas mures. Une chance qu’elle ne soit pas flambant neuve et qu’elle est déjà quelques rayures. Enfin, ce n’est pas très grave, une rayure de plus ou de moins, quelle importance ? la voiture roule, et c’est le principal ! Mon amie me demande si c’est encore loin d’après le GPS. « Non. Environ dix minutes ! » répondis-je en scrutant l’appareil. Dix minutes, pour moi, ça n’est pas très long. Je n’aime pas cet endroit. Je suis plutôt trouillarde de nature, mais être au milieu de nulle part comme ça, ça me fait froid dans le dos. Ça me rappelle un film que j’ai vu il y a quelques jours sur Netflix et dans le quel un groupe de jeunes adultes emprunte un sentier de randonné interdit au public. Aucun n’en sort vivant, car un taré tueur d’humain habite dans les montagnes. Je ne sais vraiment pas pourquoi je pense à ce film en ce moment précis. J’imagine que ce chemin sinueux me le rappelle. Mais, je n’ai pas assez d’imagination pour me dire qu’un taré tueur d’humain traine dans les parages et attends le propice pour … Heu …Non, je ne dois pas penser à ça. J’ai le guide du village vacances dans les mains alors que mon amie me questionne sur les activités. « Du tout ! Il y a plusieurs terrains de tennis, un parcours de golf, un spa. Je crois même qu’ils proposent du yoga et du tir à l’arc. » répondis-je en suivant la route des yeux. Soudain, la voiture dérape et je pousse un cri strident. Pas besoin de répondre, je pense qu’à mon cri, elle a compris que moi aussi, j’avais eu une grosse frayeur. « Oui, c’est possible ! Le GPS indique que c’est à 500 mètres ! » que je réponds.

J’aurais préféré entendre cinquante mètres au lieu de cinq cents, mais c’est bon signe tout de même. La clairière, on y est. Ce que j’espérais être une cabane est un monticule de rondins coupés pour servir de bois de chauffe probablement. Il doit y avoir de quoi tenir un hiver complet sous la neige. Je tends le doigt vers les stères alignées. Ils ont du faire appel à un canadien pour empiler tout ça. Nos hivers sont pas si rigoureux. Nous, on habite en ville à trois pas de l’océan, le climat n’est pas exactement le même mais je n’ai jamais entendu dire que la Nouvelle-Zélande soit restée coincée six mois de temps sous deux mètres de neige ! Enfin, on est sûr de ne pas manquer. Le chemin repart dans le sous-bois. Cinq cent mètres. Encore de la caillasse, des racines, des ornières et enfin, oh miracle, une cabane apparait devant nous. Je crois qu’on a attend la maison du gardien. Victoire ! On a réussi. A nous les vacances de rêve que tout le monde nous envie déjà au bureau. Je stationne la voiture à proximité. Il n’y a plus qu’à aller se renseigner. Je descends sans plus attendre de la voiture, ras le bol de la route et des chemins, je suis pressée d’aller me poser dans une de ces villas du village de vacances. Je m’étire parce que mes muscles ont souffert durant ces derniers kilomètres. J’avance vers la porte de la cabane pour découvrir une feuille de papier accrochée à un clou. Zut, le gardien s’est absenté ? Je finis les quelques pas qui restent à faire pour avoir le nez devant le texte écrit à la main. Je commence à déchiffrer les signes qui sont sensés être des lettres de l’alphabet. Euh... Elsie... Je crois que... Y’a comme un problème... « Chère madame Mikaelson. La clé de la cabane est dans le pot de fleurs à droite de la porte. J’ai fait le plein de boites de conserve, de pâtes, de riz et de fruits secs. Vous ne manquerez de rien. Vous verrez, la maison est un parfait nid d’amour pour vous et votre compagne. Vous serez tranquille, personne ne vient ici, les chemins de randonnées passent tous au nord. Il y a du bois de couper si vous souhaitez allumer du feu dans la cheminée. C’est très romantique. Mon arthrite me dérange depuis quelques jours et je ne crois pas pouvoir repasser pour votre arrivée. Quand vous repartirez, posez la clé où vous l’avez trouvée. Merci et bon séjour. » Je regarde Elsie avec un air complètement déboussolé.

Je suis fatiguée et mes muscles sont tout endoloris. Pourtant, j'ai cessé de conduire depuis un bout de temps. Mais, le chemin est tellement rude que j'ai mal partout ! Mais, à l'évidence, nous arrivons enfin au bout de notre calvaire, puisque d'après les indications du GPS, nous sommes à 500 mètres de notre village vacances. D'ailleurs, j'ai à peine le temps de dire "ouf" que nous apercevons tout un stock de bois et une cabane plutôt vétuste, qui semble être la cabane du gardien. Il y a toujours une gardien dans ce genre d'endroit, n'est-ce pas ? "Tu as sans doute raison !" pouffais-je, à sa remarque.Je suis arrivée en Nouvelle-Zélande depuis longtemps maintenant et je n'ai jamais vu autant de neige qu'en France, ou j'allais faire du ski lorsque j'étais enfant. Je dois admettre qu'au début, ça me manquait, mais ça n'a pas durer longtemps. La mer et la plage ont vite pris une place à part dans mon cœur. Noa arrête la voiture et nous sortons rapidement du véhicule. Elle atteins la porte bien avant moi parce que je regarde autour de moi, tentant d’apercevoir la maison que j'ai pris soin de réserver. Mais, je ne vois rien. Ou je me suis fait avoir ; ce qui n'aurait rien de bien surprenant ; ou elles sont bien cachées. Je suis en train de me faire ces réflexions lorsque la voix de mon amie se fait entendre. J’accoure bien vite afin de constater le "problème" et je lis la petite pancarte accrocher sur la porte. En fait de pancarte, un vulgaire papier scotcher qui aurait pu s'envoler à la première bourrasque. Je constate alors qu'il n'y a pas de village vacance. Qu'il n'y en a sans doute jamais eut et que je suis tombée dans le panneau d'une publicité alléchante. Alléchante, mais bidon. "C'est quoi ce bordel ?" fais-je, d'une voix blanche. Tremblante, je retourne à la voiture et je sort les papiers que j'ai imprimé. "Regarde !" lui dis-je, en revenant auprès d'elle. Un simple coup d’œil sur le papier et elle verra par elle même que ce que j'ai réservé ne devrait pas ressembler à ça. S'il n'y avait pas le mot à mon intention, j'aurai pu croire que nous nous étions trompées de route, mais, pas d'erreur, nous sommes bien arrivé à notre lieu de villégiature. Et n plus, le propriétaire nous prends pour un couple de femmes ! C'est le bouquet !

A quel moment doit-on positiver ? Quand le mot annonce qu’il y a suffisamment de boites de conserve pour tenir un siège ? Quand le propriétaire vante les mérites d’un bon feu de bois ? Quand il annonce que la clé est dans le pot de fleurs ? Parce que je ne contesterai pas que la feuille montrant le bungalow de vacances, imprimée par Helsie, n’a rien à voir avec cette cabane de bûcheron. Je n’ai pas de doute sur le choix qu’elle a fait, on en avait discuté en regardant les photos sur internet.

Par contre, je lis et relis le document de réservation pour vérifier si nous avons loupé un détail. La description, elle, est passe-partout : habitation en bois, deux chambres, grande pièce à vivre, fournie meublée avec vaisselle et linge de maison. Okay. Le renvoi à la petite ligne tout en bas : photos non contractuelles, on trouve ça partout, c’est la protection basique contre le client qui râlerait parce qu’il n’y a pas le même nombre de bégonias sur l’image et dans le vrai pot de fleurs devant la cabane.  

Mais quand même, là on abuse sur le “non contractuel”, on est aux antipodes. Je sors mon portable pour contacter le loueur parce qu'on est dans l'inadmissible. Je compte lui demander sérieusement des explications. Sauf que bien sûr, pas de réseau. Est-ce que ton téléphone passe ? Pendant qu’Helsie vérifie de son côté, je cherche la clé. Exactement où le proprio a indiqué. Est-ce que je dois dire que de ce côté-là il est honnête ? Je m’en abstient. J’ai quand même le sourire parce qu’en montagne, le soir tombe trop vite. Je ne me vois pas repartir et me retrouver en pleine nuit à tourner au milieu de nulle part. Alors la clé, le sésame pour passer la nuit à l'abri. Confortablement ? Peut-être que l’intérieur sera à la hauteur de nos espérances. J’espère surtout un lit et qu’il n’a pas oublié la boite d’allumettes.

Je n'ai pas pris de vacances depuis des mois, depuis plus d'un an, pour être précise. Oh, j'y avais droit, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais disons, que je n'en avais pas envie. Mais, là, c'était devenue nécessaire. Et plutôt deux fois qu'une. Je pensais être heureuse, je pensais avoir enfin trouver quelqu'un qui me donne envie de me lever le matin et ce quelqu'un m'a laissée tombée. D'une façon tellement brutale que je l'ai pas vu arriver. J'ai été aveugler par la confiance que j'avais en lui. Et maintenant, je me retrouver toute seule comme une conne, et je ne peut même pas compter sur mon chat pour me réconforter. Mais, c'est terminé, on ne m'y reprendra plus. Les mecs, c'est finit. De l'histoire ancienne ! Ce sont tous des salopards de première catégorie, alors je ne veux plus en entendre parler. J'ai quelques amis, un travail que j'adore, j'ai mon père, je suis tout de même bien entourée, alors quelle bêtise je ferais que de me mettre en couple avec un con, qui me larguera à la prochaine pleine lune. Mais, j'ai tout de même besoin de passer quelques jours loin de Island Bay, ne serais-ce que pour me remettre de mes émotions et de l'indélicatesse de ce garçon. Mais, je ne m'attendais pas à ça et je ne sais pas quoi penser. j'ai réservé un bungalow en bois, certes, mais pas un chalet datant de Mathusalem et dont le toit me semble en piteux état. Ça explique sans doute la tonne de bois de chauffe au dehors. Comme l'a judicieusement signaler mon amie, nous ne sommes pas au Canada et pourtant, en cette seconde précision, c'est l'impression que ça donne. Noa me demande si mon téléphone passe. Je le sort de ma poche avant de regarder. "Du tout ! Je n'ai pas une seule barre de réseau!" pestais-je en le remettant brutalement dans ma poche. Le temps de faire ça et Noa à ouvert la porte. J'avance lentement vers la porte, je n'ose pas poser mes pieds à l'intérieur, mais je n'ai guerre le choix. Il fait frais dehors. "On y vas ?" que je demande, plus pour me donner du courage qu'autre chose, puis, après avoir respirer un grand coup, j'entre à l'intérieur. Ça sent mauvais, une odeur de renfermé, comme si l'endroit avait été inhabité depuis des années. C'est sombre aussi et j'ai beau tâter en long et en large sur le pourtour de la porte, je ne trouve pas d'interrupteur. "Tu as des allumettes ou un briquet ? J'ai l'impression que ce charmant monsieur à oublier de préciser qu'il fallait s'éclairer à la bougie !" plaisantais-je, à moitié. A dire vrai, je n'ai pas envie de rire, mais je crois bien que nous n'avons pas trop le choix que de le prendre à la rigolade.

Q’est-ce que je dois répondre ! La question me parait tellement... Bien sûr qu’on y va. Je ne m’imagine pas passer la nuit dans la voiture, alors c’est la seule chose à faire. Helsie passe en premier. A peine franchi le seuil, elle me demande un briquet. Elle a de la chance que je fume ! Mais bon, s’éclairer avec une flamme c’est juste pour une visite. Je sais que mon portable est plein et j’ai un chargeur externe par sécurité, alors je le mets en mode torche pour nous éclairer. Je me retrouve près d’elle pour balayer la pièce. Pas d’interrupteur, pas d’ampoule au plafond. On va le jouer femme des cavernes ! Il fait encore un peu jour dehors alors mon premier travail et d’ouvrir les volets des deux fenêtres. Je crois qu’Helsie est désespérée malgré l’humour qu’elle a tenté de mettre dans sa remarque. Regarde, il y a trois lampes à pétrole sur la table. Je prends la petite boite qui se trouve à côté et je l’agite devant elle. Et des allumettes. Les bougies c’est archaïque voyons. Avant de me réjouir de trop, je vérifie que les lampes ont du combustible. Je repère ensuite la cheminée avec deux rocking chair installés devant. C’est la partie cool de cette grande pièce à vivre. Des bancs autour de la table. Je cherche dans le coin cuisine et aperçoit un réchaud à gaz et un évier. Je ne fais pas de commentaire sur la possible absence d’eau courante. Je me réserve une visite plus précise de cette "cuisine", je confie mon portable à Helsie et la laisse découvrir les chambres. J’ouvre un placard. Bingo ! Les conserves. Je crie la bonne nouvelle à mon amie. Il n’a pas menti le monsieur, il y a ce qu’il faut en boites. Il manque juste un peu de diversité. J’ouvre le placard d’à côté. Ah il y a un paquet de café, des pâtes et du riz. Par sécurité je prends en main le café. L’emballage n’est pas ouvert. Je vérifie la date de péremption, c’est bon. Le propriétaire a bien fait les courses pour nous. Ce n’est pas ce qu’on avait rêvé, mais je suis certaine qu’il y a pire. On peut rêver. Je me remémore la liste des pièces inscrites sur le document... euh... pas de salle de bain... pas de wc ?  Non ! Où sont les toilettes ? Nature, je vous aime, mais le minimum, tout de même, c’est pas demander un grand luxe que d'avoir des toilettes. Quand on loue une maisonnette, c’est pour éviter de faire du camping sauvage.

Laissez moi vous dire une chose. C'est la première et la dernière fois que je réserve des vacances en ligne. Je pensais avoir fait les choses à la perfection. J'ai même conserver ma liste de contrôle. J'ai tout vérifier de A à Z. Et tout ça pourquoi ? Pour une vieille bicoque mal éclairée et qui sent le moisie ! Une chance, on nous à épargner l'odeur de pipi de chat. Ça, ça aurait été la goutte d'eau de trop, celle qui fait déborder le vase. Je tente de faire de l'humour en lui demandant si elle a un briquet car je ne trouve pas d’interrupteur. Je n'aime pas la cigarette, c'est néfaste, autant pour la santé que pour l’environnement, mais pour une fois, je remercie le Destin de m'avoir donner une amie fumeuse. Elle ouvre les volets et nous trouvons sur la table, trois lampes à pétrole. Je me mord la joue pour ne pas rire à sa remarque. "On peut dire que l'on vas littéralement se mettre au vert !" dis-je, toujours en plaisantant à demi. C'est certain que ce n'est pas l'endroit idéal pour bosser au calme. Si j'avais eu des articles à envoyer en vitesse à ma rédactrice en chef, j'aurais eu bien du mal à trouver du réseau. Il ne doit y avoir personne à des kilomètres à la ronde. Enfin, pas question de travailler, nous sommes en vacances. des vacances qui s'annoncent épique, car je ne m'attendais pas à faire un stage de survie en "presque" pleine nature, mais, j'imagine qu'on finira par en rire. Les lampes semblent avoir du combustible. Nous savons qu'il y a du bois pour se chauffer. Ça sent le renfermé, certes, mais la pièce est charmante. Je suis fan du rockingchair. Je me vois bien là dessus avec Le Chat sur les genoux. Puis, je me rappelle que Le Chat ne se laissera certainement pas faire. Je laisse Noa regarder dans les placards et je regarde les chambres. Il y en a deux. Elle me crie depuis la cuisine, qu'il y a bien de la nourriture dans les placards. "J'espère qu'on a de quoi faire cuire le tout ! Quoique, on peut faire des grillades avec tout le bois de chauffage !" ricanais-je. Dans ce genre de cas, l'humour est ma meilleure défense. Au moins, je ne me suis pas fait avoir sur toute la ligne. Après avoir inspecter les deux chambres, je revient dans la pièces principale. "Les chambres sont pas mal. Les deux lits ne sembles pas trop durs. Il y a des couvertures supplémentaires dans les placards. Une commode et une petite coiffeuse avec une bassine pour se débarbouiller. Et depuis le volet, j'ai aperçu une petit cabane supplémentaire à l'arrière du chalet. je suppose qu'il s'agit des toilettes et peut-être d'une douche. Mais je ne compte pas trop la dessus !" annonçais-je. Elle avait raison, il y avait pire. Il y avait mieux, c'est certain, mais pour se ressourcer, c'était l'idéal.

J’ai annoncé que les placards sont remplis de ravitaillement. Helsie s’enquiert s’il y a de quoi faire cuire les aliments. Il y a un réchaud à gaz. La bouteille semble être pleine. Il y a des casseroles, assiettes, couteaux, fourchettes, c’est bon tout ça à première vue. Par contre, le café, il faudra le faire à l’ancienne, faire chauffer de l’eau et le verser dessus. J’ai trouvé des filtres et un porte-filtre. C’est rudimentaire et complet à la fois. C’est en tout cas ma première impression en faisant ce petit tour de la cuisine. On a de quoi survivre tranquille. Mon amie revient avec le verdict concernant les chambres. Pareil, il y a tout le nécessaire en mode spartiate, mais c’est complet, nous pourrons dormir au chaud. Elle a même la bonne nouvelle, des toilettes en vue. J’ajoute par contre le point qui mérite maintenant notre attention. Il y a un évier avec un robinet, mais pas d’eau. Je suppose qu’il doit y avoir une pompe quelque part. Si tu dis qu’il y a une autre cabane, il y a peut-être effectivement ce qu’il manque ici, les wc, la douche et la pompe... Froncement de sourcils, une douche à l’eau froide, okay ! J’espère pour la pompe, parce que si c’est un puits, la corde, le seau... non, il y a des lampes à pétrole, c’est moderne ! Je suis sûre que c’est une pompe. Je suppose qu’il faudra la mettre en route quand on aura besoin d’eau, pas en continu. Je pose mes mains sur mes hanches en guise de petite victoire sur ce qui s'annonçait catastrophique au prime abord. C’est pas si mal. On décharge nos bagages ? On vérifie le cabanon ? On rentre du bois pour faire une flambée ce soir ? Dans tous les cas, j’ai trouvé le cadeau de bienvenue. J’ai un petit sourire joyeux, parce que c’est le truc attentionné, tout de même, qui mérite d’être signalé. Notre propriétaire nous a acheté une bouteille de vin, a fourni le tire-bouchon et a posé deux verres à côté avec une petite carte... Roulement de tambour... Et ce mot gentil : “Que votre amour dure toujours.” J’éclate de rire. C’est énorme mais aussi tellement mignon quand on y pense. Il est à fond le monsieur !

On a du bois de chauffage, on a de quoi tenir un siège niveau nourriture et même si pendant quelques jours nous allons très certainement devoir vivre comme des Amish ; ou presque ; ce n'est pas si moche tout compte fait. Ce qui est moche, c'est la façon dont je me suis fait bernée. Car, j'ai beau retourné la problématique dans tout les sens, je n'arrive pas à comprendre à quel moment exactement, tout à bien pu merder. Parce que, pour nous retrouver dans une telle situation, c'est bien que j'ai merder quelque part. Ce n'est pas possible autrement. Ou alors, j'ai clairement jouer de malchance, mais là encore, il n'est humaine pas possible d'avoir autant la poisse. Non, j'ai fais une connerie en réservant, en inscrivant les critères, ce genre de choses. Quand nous seront rentrés, je retournerais voir le site en long, en large et en travers pour essayer de comprendre ce que je fais. En attendant, voyons le bon côté de choses, nous sommes parties en vacances loin de toute civilisation, dans le but de nous reposer et visiblement, on a été pris au pied de la lettre. Quand mon amie m'indique le contenu des placards de la cuisine, je me dis que finalement, nous ne seront pas Amish pendant ces vacances. "Oh, pour le café, ça me rappellera mon enfance chez mes grands-parents !" répondis-je avec nostalgie. Ma grand-mère faisait le café de cette façon-là. Elle avait pourtant une cafetière "normale" mais elle préférait le faire à l'ancienne et finalement, elle n'avait pas tord, il est bien meilleur comme ça. Après avoir inspecté les chambres, je reviens dans la pièce principale. Maintenant que la lumière du jour à bien imprégner les lieux, je me rends compte que c'est propre et que passé la première impression, c'est plutôt beau. Finalement, je devrais pouvoir m'y plaire. "Elle est sans doute dans le cabanon !" dis-je, comme Noa évoquait la possible présence d'une pompe. Je ne voulais pas me montrer pessimiste en disant que c'était peut-être un puits. "Oui, allons-y !" dis-je, gaiement. peut-être plus gaiement que d'ordinaire, mais j'étais encore sous le choc de la découverte des lieux. Je m’apprêtais à sortir quand Noa parla d'un cadeau de bienvenue. Je m'arrêtais net avant de revenir près d'elle. "Ah ben ça alors !" dis-je, en pouffant de rire. L'homme avait vraiment penser à tout et là encore, je me demandais ce que j'avais bien pu dire pour se méprenne de la sorte. "Il s'est pas fichu de nous, c'est du bon !" ajoutais-je en regardant l'étiquette. Non pas que j'y connaissais grand chose en vin, mais celui-là n'était pas de la piquette.

Après tout, même si nous sommes au milieu de nulle part, nous ne sommes pas dans une grotte à grelotter dans le froid, l'humidité et sursauter au moindre bruit. Nous avons un toit, des lits, une cheminée, de la nourriture et une bouteille de vin. Rien de comparable avec ce que nous avions souhaité, mais il fallait reconnaitre que le dépaysement a son charme. Enfin, on verra demain matin si on a survécu en un seul morceau ! Puisque nous avons tout à disposition pour fêter notre arrivée, j’ouvre la bouteille et remplis à moitié les deux verres. Helsie a dit qu’il était bon, nous n’avons plus qu’à vérifier. Je lui tends une verre pour que nous trinquions. A nos vacances imprévues ! Je souris. Je veux prendre tout cela à la plaisanterie. Après tout nous sommes là pour nous détendre. Profitons-en.

Je passe mon bras sous celui d’Helsie pour l’entrainer dans la suite de l’exploration pour vérifier que les derniers bâtis derrière les arbres sont bien ceux que nous espérons, tant qu’il y a suffisamment de clarté pour le faire. Si nous nous aventurons en pleine nuit par là, il faudra faire attention à ne pas se prendre les pieds dans une branche morte tombée à terre. Plutôt prendre la lumière du portable que de s’affaler avec une lampe et mettre le feu. Ce serait une catastrophe ! Je n’ai aucune idée de l’heure à laquelle on va se retrouver dans le noir. La forêt masquera la lumière du jour avant que le soleil ne se couche. Si on veut finir la visite et notre installation, on n'a pas trop de temps à perdre. Bingo ! Le petit cabanon, ce sont les wc. Tout compte fait, les supers toilettes sèches écologiques sont un bien bel héritage de cet ancestral petit coin au fond du jardin. Des planches en bois en guise de banc avec un trou au milieu, posées au-dessus d’un caisson. Okay ! On va dire fonctionnel, après tout c'est surtout ce qu'on leur demande.

Il faut prendre les choses du bon côté. Je me suis faite avoir, ce n'est pas un village vacances, mais ce n'est pas sale. C'est rudimentaire, certes, et pendant quelques jours nous vivrons sans électricité, mais nous passerons la nuit au chaud et nous ne mourrons pas de faim. Le propriétaire nous ayant pris pour un couple, il nous à laisser une bouteille de vin. Je ne suis pas connaisseuse, mais c'est tout de même du bon alors nous décidons de trinquer. Je ne suis pas amateur d'alcool, ça me laisse toujours un arrière goût dans la bouche, alors je sais que ce verre sera le seul verre que je boirais. On à tendance à me qualifier de nana qui ne sait pas s'amuser sous prétexte que je ne bois pas, mais je ne vais tout de même pas me forcer à consommer de l'alcool si ce n'est pas mon truc, n'est-ce pas ? Enfin, dans le fond, je me fiche bien de ce que les gens peuvent penser de moi. Ce n'est pas ça qui me fera avancer. Je suis comme je suis, avec mes qualités et mes défauts et c'est à prendre ou à laisser, point barre. "A nos vacances !" répétais-je. Puis, bras dessus, bras dessous, nous allons voir à l'extérieur. Le cabanon contient bel et bien une toilette sèche. Un siège de commodité serait plus juste, mais qu'importe. Tant que nous ne devons pas aller faire nos besoin dans les bois alentours comme les animaux. De toute façon, il y a une bassine dans la chambre. Moi, il est hors de question que j'aille me balader dans les bois en chemise de nuit au beau milieu de la nuit pour aller pisser. Ça se fera dans la bassine s'il y a urgence et sinon, ça attendra le matin. Et à mon humble avis, je ne risque pas de dormir beaucoup, parce que je ne suis pas rassurée d'être au milieu de nul part, sans le moindre signe de civilisation à la ronde. "Je ne sais pas. Il est quel heure ?" que je demande. J'ai laissé mon téléphone dans le chalet et depuis toujours, je n'ai jamais de montre à mon poignet. Pourtant, j'en possède deux ou trois, mais je ne pense jamais à les mettre. "A tout hasard, je dirais d'ici une ou deux, mais je n'ai jamais fais de scoutisme alors je me trompe surement !" ajoutais-je en regardant le ciel.