it could be worse ► charlie

Une conférence. Un départ pour l'Australie. Juste pour quelques jours. Le temps de cette grande conférence. Le médical, ça lui tient à coeur. Et il n'hésite pas à faire des kilomètres et des kilomètres pour s'y rendre. Parfois, comme dans ce cas, et bien, il est ... assez proche de chez lui. Parfois, il doit traverser plusieurs océans pour aller où il souhaite. L'avion, ça ne lui fait pas peur. Non. Combien de fois il l'a pris ? Combien de miles il a fait ? Rayan ne les compte plus. Et il ne compte pas s'arrêter. Pas avant un moment. Pas avant un long moment à dire vrai. Non. "Et c'est sur cette note légère que notre conférence annuelle se termine. A l'année prochaine chers confrères !" Et c'est le brouhaha. Tous les médecins finissent par se lever. Rayan regarde sa montre. C'est le moment de rejoindre l'aéroport. Il doit attraper son vol. Après avoir récupéré sa valise à la consigne, il saute dans le premier taxi. Un coup d'oeil rapide vers le ciel. C'est pas beau. C'est pas beau du temps. L'air est carrément menaçant. Il se pince les lèvres. Il ne veut pas y penser mais avec la faute à pas de chance, si ça tourne à la tempête, ils vont clouer les avions au sol. Et ça, ça l'embêterait. Carrément. Parce que retrouver une chambre d'hôtel, si jamais il doit rester plus longtemps, ça va être mission impossible. Non. Tout va bien se passer. Les avions vont pouvoir décoller. Il n'a pas à s'inquiéter. Si ?

Arrivé à l'aéroport, il va pour s'enregistrer. Seulement, ce qu'il craignait se produit. "Non ... Vous plaisantez ..." Il soupire et secoue la tête. "Nous sommes sincèrement désolés. Mais avec la tempête qui approche, nous ne voulons prendre aucun risque." Il roule des yeux et soupire. A nouveau. Tous les vols sont retardés. Ou annulés. Et celui de Rayan, oui, c'est un annulé. La poisse. Tout ça parce que le couloir aérien passe directement par la tempête et que y'a pas moyen de le contourner. Il passe une main dans ses cheveux. L'hôtesse lui annonce qu'il y aura un vol sous 24 à 48 heures. Pas avant. Il prend une lente inspiration. S'éloigne. De toute manière, il ne peut pas faire grand chose de plus. Voilà pourquoi, une bonne demi-heure plus tard, il se retrouve dans l'hôtel où il était. Le truc, c'est qu'entre temps, il n'y a plus de chambre de disponible. Il n'a pas été assez rapide.  Et voilà Rayan bloqué dans cet hôtel, sans de disponible pour le moment. Ca fait plus d'une heure qu'il est assis au bar de l'hôtel et qu'il sirote un verre. Ou deux. En fait, il est à son troisième et il devrait vraiment arrêter. Il passe une main dans ses cheveux. Boire, ça l'évite de penser. Quand il est occupé, quand il a des choses à faire, il s'en fout. Il ne pense pas à Lorena. Il ne pense pas aux conversations qu'ils ont pu avoir. La dernière en date ? Quand il lui a appris qu'il avait couché avec une fille. Elle a pas apprécié. Pas vraiment. En même temps, lui, est-ce qu'il a apprécié qu'elle embrasse Alex ? Hein ? En fait, il ne sait pas plus réellement quoi faire avec Lorena. Au fond, il l'aime. Toujours. Il a toujours cette petite flamme. Cette étincelle. Mais il doit se faire une raison : c'est perdu d'avance. A quoi bon espérer ? Ca va lui faire du mal plus qu'autre chose. Oui. Une voix le tire de ses pensées. Une voix qu'il connaît. Qu'il a déjà entendu. Il se tourne. "Charlie ?" Oui, oui. C'est bien elle. Il l'a rencontrée il y a de cela quelques mois. Il avait besoin d'un plus un pour une soirée. C'était pas forcément son style. Mais bon, quand t'as pas le choix et que tu veux pas te retrouver ridicule, tu t'adaptes. "Quelle coïncidence. Comment tu vas ?"

Les services d'une sugar baby ... Ouais. Rayan s'était retrouvé un peu coincé pour le coup. Et il n'avait pas hésité à faire appel à la jeune femme. A ses services. Une soirée ... qu'il n'est sans doute pas près d'oublier d'ailleurs. Ils ont passé un bon moment. Quand bien même Rayan n'est pas du genre à payer pour ce genre de choses, là, s'il n'avait pas été accompagné, alors qu'il l'était la fois précédente, ça aurait ... foutu un peu la merde. Après, oui, il aurait pu dire, simplement, qu'il s'était séparé de sa compagne. Et que c'était mieux de venir seul. Mais il n'avait pas envie de s'expliquer. Il n'avait pas envie de faire ça. Non. Est-ce que c'était une meilleure idée de venir avec une autre femme que la fois d'avant ? Pas forcément. Mais il l'a fait. Charlie a été merveilleuse dans ce rôle, c'est certain. Mais revenons-en à ce qui nous intéresse. Il a reconnu sa voix. Elle se rapproche de lui. Elle joue un peu des coudes pour ... Et bien, pour le rejoindre. Pas facile. Pas facile du tout d'ailleurs. Il sourit alors qu'elle s'installe. "Ouais, c'est un peu l'horreur." Il hoche la tête. "La faute à cette foutue tempête." Il pourrait être dans l'avion. Là. Pas très loin ... Pas très loin du moment où ... il serait en train d'atterrir. Il aurait presque pu être chez lui. Mais c'est pas le cas. "Elle nous a joué un sale tour." Un très sale tour d'ailleurs. Et dire qu'il a rendu sa chambre. En même temps, c'était pas prévu qu'il reste plus longuement. C'est comme ça. La faute à pas de chance. Il porte le liquide ambré à ses lèvres. C'est le deuxième bourbon qu'il s'enfile. Il sait que la nuit va être longue. D'autant plus qu'il pourra pas vraiment dormir. A moins de squatter un de ces fauteuils qui ont l'air d'être confortables. Il verra bien. Il sait pas trop ce qu'il va faire. "J'ai pas trop le choix." répond-il dans un sourire. "Ce matin, en allant à ma conférence, j'pensais que ce soir, j'rentrerais chez moi. J'ai rendu ma chambre." Il pousse un soupir ennuyé. "Et comme y'a plus rien de libre, c'est un peu ... La galère." Carrément. Oui. Mais bon, hein, c'est pas comme s'il avait le choix. Oui. Il doit ... Et bien, il doit prendre son mal en patience. Peut-être qu'il y aura un désistement. Il a des doutes à ce sujet mais bon. Il a pas réellement le choix de toute manière. "En tout cas, t'as l'air d'aller bien. T'es rayonnante." Il a un hochement de la tête à son égard.

Rayan a un haussement des épaules tout en regardant Charlie. "En fait, j'en sais trop rien." Du tout. "J'suis pas très monsieur météo. C'est pas vraiment mon domaine d'expertise." Non. Si on lui parle de cerveau, là, par contre, c'est autre chose. Si on lui parle des dernières interventions neurologiques, là, oui, il pourrait s'y intéresser. Et pas qu'un peu. Mais la météo. Il ne dire pas que c'est quelque chose de stupide. Ou bien d'inutile. Mais c'est pas son domaine d'expertise. Et il n'en a pas envie. "De ce que j'ai entendu dire, la météo devait pas être géniale. Mais pas au point que ça merdouille autant. A la base, les avions devaient pouvoir décoller." Et au final, ce n'est pas le cas. Alors oui, c'est la loose. La loose parce que comme beaucoup, il n'a plus de chambre. Et il doit ... Et bien, disons que c'est un peu la merde pour lui. Et comme bien d'autres d'ailleurs. En tout cas, Rayan lui avoue qu'il n'a pas été prévoyant pour le coup. Comme tous les autres. Enfin, pas comme tout le monde. La preuve. Charlie, elle, elle a encore la chance d'avoir sa chambre. Il secoue la tête légèrement tout en le regardant. "Ne remue pas le couteau dans la plaie." Il sait qu'elle le nargue. C'est un fait. Mais c'est pénible de voir ... et bien, de voir qu'elle a eu l'intelligence, elle, de ne pas rendre sa chambre tout de suite. En même temps, comment aurait-il pu savoir que ça allait autant dégénérer ? Ouais, bon, il aurait pu se contenter de passer un coup de fil à l'hôtel. De dire que c'était bon. Qu'on pouvait faire la chambre. Mais bon. "En tout cas, t'as été maligne pour le coup." Carrément maligne. Il pourrait essayer de la convaincre de lui filer sa chambre. Mais en tant que gentleman, il n'en fera rien. Non. Tant pis. De toute manière, hein, il sait qu'il ne va pas beaucoup dormir. Il dormira une fois qu'il sera rentré. Pas trop le choix.

Quoi qu'il en soit, même si ... Et bien, même s'il aurait pouvoir la voir dans d'autres circonstances, oui, il constate qu'elle semble aller plutôt bien. Et ça, c'est important. Vraiment important. "Même si c'est la merde, faut pas se laisser abattre." Il secoue la tête. Et il le sait. C'est pas génial. C'est clairement pas génial. Mais qu'importe. Il n'est pas là pour s'apitoyer sur son sort ou quoi que ce soit dans le genre. Charlie est curieuse. Elle cherche à savoir ce qu'il va faire. "J'en sais trop rien." Rester au bar. Et siroter quelques verres. Avant de se poser dans un de leurs fauteuils et d'attendre. Sans doute qu'il piquera du nez. Ou pas. Il n'en sait trop rien. Il va bien voir. Il redresse la tête quelque peut tandis que ... Et bien, tandis qu'elle lui avoue qu'elle a de la place dans sa chambre. Et qu'il pourra squatter son canapé. "C'est une invitation miss Barrow ?" Il penche la tête sur le côté. Elle lui tend la main en tout cas. Il a un hochement de la tête tandis qu'il termine son verre. "J'serais stupide de laisser passer un canapé." Carrément même. Ca sera plus confortable que ... et bien, que l'un des fauteuils sur lequel il lorgne. Il pourrait s'allonger. Elle lui propose, d'ailleurs, de laisser le bar. Et qu'ils montent dans sa chambre. Rayan termine son verre et finit par se lever après avoir payé ses consommations. "J'te suis." Il a un hochement de la tête. "Et si on vide le mini-bar, le moins que j'puisse faire, c'est de payer les consommations." Parce qu'il sait que Charlie, elle ne roule pas sur l'or non plus. Contrairement à lui qui ne manque de rien. Et qui ne manquera sans doute jamais de rien d'ailleurs. Enfin, bien sûr, il peut se tromper. Mais il ne voit pas ce qui pourrait faire que sa fortune s'envole. Non. Ca n'arrivera pas. C'est certain.

Autant accepter la proposition. Oui. Parce que ... Et bien, parce que dormir sur un fauteuil, c'est loin d'être agréable. Un canapé, c'est quand même mieux. Bien mieux. Et puis, il a besoin un peu de repos. Oui. Ca lui fera pas de mal. Et passer du temps avec Charlie, c'est chouette après tout. Elle est sympa. Il l'apprécie. C'est certain. Donc, pourquoi pas après tout. "Oh, et bien, si c'est un très bon canapé, oui, je ne vais pas refuser." Rayan secoue la tête. Ainsi donc, il la suit. Ils se lèvent. Direction la chambre de Charlie. L'ascenseur. Il aurait presque pu dire que le tour est joué. Seulement, l'ascenseur est bondé. C'est la merde quand même. Ils sont un peu serrés. Mais qu'importe. Ce n'est pas comme s'ils en ont pour des heures et des heures après tout. Non. D'ici à quelques minutes, les portes de l'ascenseur s'ouvriront à nouveau. Ils pourront sortir. Ils auront un peu d'air. Ils pourront respirer. Voilà tout. Les portes s'ouvrent. A quelques reprises. Pour laisser sortir des clients de l'hôtel. "Carrément oui." Il hoche la tête. "A croire que tout le monde s'est donné rendez-vous, ou presque, dans l'ascenseur." C'est probablement le cas d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, ils sont un peu plus libres. Libres de leurs mouvements. Et rapidement, ils sont devant la porte de la chambre de Charlie. Elle l'ouvre et ils rentrent dans la chambre. Il hoche la tête. "Belle chambre." Aussi belle que celle qu'il avait loué d'ailleurs. Oui. Elle lui propose de s'installer. Pendant qu'elle se change. Il ôte sa veste. Depose sa valise dans un coin. Et s'asseoit sur le canapé. Il penche la tête sur le côté. "Ouais, pas mal." Il sera bien. Oui. Du moins, il le pense. Il aura peut-être quelques courbatures. Mais qu'importe. De toute manière, c'est bien mieux qu'il se pose sur un canapé plutôt que dans un fauteuil. Peut-être qu'il ne dormira pas vraiment. Mais peu lui importe. Au moins, il pourra se reposer un peu. C'est pas plus mal, non ? Elle revient, finalement, après s'être changée. Il aurait eu un jogging ou des choses dans le genre, ouais, il en aurait fait de même. Seulement, il n'a pris que des costumes pour assister aux conférences. Et comme le soir, il allait manger avec les collègues, oui, il n'a pas vraiment ... Non, il n'a pas vraiment de tenue simple. Charlie lui propose de l'écouter. Si jamais il en éprouve le besoin. "Tu veux vraiment qu'on parle de ma semaine ?" Il penche la tête sur le côté. "C'était le congrès de la médecine. On parle souvent des nouvelles recherches et des nouveaux instruments ou médicaments qui peuvent sauver la vie de certains patients." Il hoche la tête. Il adore ce genre de conférence. Ces grandes rencontres. Parce que ça lui permet d'échanger avec d'autres médecins. Le plus de vies ils peuvent sauver, le mieux c'est. "Mais j'vais pas rentrer dans les détails. Parce que je ne suis pas certains que tu aimerais les connaître." Non. Après tout, elle n'est pas médecin. Il sait très bien que ... Et bien, qu'il pourrait parler, encore et encore, sans pour autant qu'elle arrive à comprendre tout ce qu'il pourrait lui dire. Et quand à ce qui le chagrine, il n'est pas certain que ça soit une bonne idée de lui parler de ce qui l'embête. C'est personnel après tout. "Et toi alors ? Que faisais-tu dans le coin ?" finit-il par lui demander.

Il s'est posé dans le canapé. Ouais. Il y sera bien. Il y sera vraiment bien. Et puis, c'est quand même mieux que le fauteuil et évitera, ainsi, un sacré torticolis. Il en a déjà eu. Mais c'est jamais bien bon. Et avoir un problème aux cervicales avec son boulot, et bien, c'est pas ... génial. Non. Après, bien sûr, il n'est pas non plus non stop au dessus d'une table d'opération, à jouer avec les cerveaux de ses patients. Mais bon. Autant s'éviter, à son retour sur Wellington, un torticolis qui pourrait mettre du temps à guérir. Charlie revient assez rapidement, après s'être changée. Et elle est prête à parler de tout ce qu'il veut. Alors, il commence par sa semaine. Cette conférence médicale. Mais n'entre pas vraiment dans les détails. Il ne le veut pas. Il ne veut pas l'inonder avec tout un tas de termes qui pourraient lui passer au dessus de la tête. Il aurait pu en discuter avec Lorena, si elle avait été avec lui. A la base, il aurait bien aimé lui proposer, d'ailleurs, de venir à la conférence avec eux. S'ils avaient encore été en couple. Ils en auraient profité pour roucouler un peu. Sauf que ça fait un moment qu'ils ne sont plus ensemble. Et il va devoir passer à autre chose. Ca serait temps, ouais. Enfin, c'est pas le moment de penser à cela. Non. Charlie lui annonce qu'elle est là simplement en temps que touriste. "Oh, c'est bien parfois de jouer les touristes." Il a un sourire. "J'ai fait ça aussi, y'a quelques années en arrière." Il hoche la tête. "J'ai fait pas mal l'Asie. Des coins sympas. Comme des coins un peu dangereux." Il ne s'y est pas trop attardé d'ailleurs. Mais quand il était dans son moment d'exil, ouais, il est vrai qu'il a apprécié. Pouvoir flâner dans la ville ou la compagne, sans pour autant ... avoir une épée de damoclès sur la tête. Quelqu'un qui ne compterait pas sur lui ou qui n'aurait pas besoin de soins. Il aimait bien. Ne pas faire grand chose de ses journées. Se contenter d'aller à la plage. Et de surfer un peu. Rayan regarde Charlie qui se lève et qui va chercher les petites bouteilles du mini-bar. C'est pas avec ça qu'ils vont se saouler. Non. Elle en profite pour lui poser une question. Elle ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre d'ailleurs et répond, pour sa part, à la question qu'elle venait de poser. "Non. Pas que je sache." Il secoue la tête. "J'sais pas ce que ça m'ferait si jamais, un jour, j'voyais débarquer un gamin ou une gamine, comme ça. Et qui m'dirait que j'suis son père." Il dévisse un des bouchons d'une des petites bouteilles et porte le liquide ambré à ses lèvres. "J'sais pas non plus si j'en veux ou pas." Il secoue la tête. "J'sais pas si j'ai la fibre pour." Il reste pensif, juste quelques instants. "Et puis, faudrait que je trouve la compagne." Il pensait l'avoir fait. Il a merdé. Tout est à recommencer.

L'anglais a un hochement de la tête. "Ouais. Jeune et con comme on dit." Il passe une main dans les cheveux. "Faut dire qu'à cette période, c'était pas forcément génial dans ma vie. Donc, tout ce qui pouvait m'faire sentir vivant, j'le faisais. Même si c'était un peu dangereux." L'alcool, ça y allait. Les sensations fortes également. Le seul truc qu'il a pas tenté, c'est la poudre dans le nez. Et il n'essaiera pas. Il a des principes. Et puis, avec l'âge, il s'est un peu assagi. Enfin, il aime croire que c'est le cas. Même si... après la fin de sa relation avec Lorena, il aurait bien fait quelques conneries juste pour ... oublier l'interne. Et se sentir vivant à nouveau. Y'aurait pas eu la frangine dans les parages à ce moment là, peut-être bien qu'il aurait fait des conneries. Ou peut-être qu'il aurait tout claqué. Encore une fois. Qu'il serait parti. Comme il a l'habitude de faire. Mais là, il est resté. Comme s'il était investi d'une mission. Comme s'il pensait que ... Et bien, que cette fois-ci, la fuite n'est pas la meilleure des choses à faire. Est-ce qu'il pense, encore, que ça peut s'arranger avec Lorena ? Il devrait surtout arrêter de penser à elle et tourner la page. C'est pas en essayant de s'accrocher à quelque chose qui n'existe plus qu'il réussira à remonter la pente. Enfin.

La question des enfants ? Ouais. En fait, il ne sait pas s'il en veut. Il approche de la quarantaine, c'est certain. Est-ce qu'il aura le temps de s'occuper d'un mini lui ? Même s'il a une compagne charmante ? En fait, il s'est toujours concentré sur sa carrière. Il n'a jamais pensé à ce point. Et il n'est pas certain qu'il pourrait faire un bon père. Ou peut-être qu'il se sous-estime. Peut-être que ça se passerait bien. Ou peut-être que ça serait tout le contraire. En fait, c'est une question ... Il ne dira pas que ça l'intrigue. Mais disons que ... qu'il se demande s'il pourrait réellement avoir la fibre paternelle. "Et pas qu'un peu." Rayan a un hochement de la tête. "J'sais pas comment j'pourrais réagir si un de ces jours, j'ai une ancienne de mes conquêtes qui débarque sur le pas de ma porte avec un enfant." Il passe une main dans sa nuque. Est-ce que ça pourrait arriver ? Ouais. Surtout que ... Et bien, il a pu avoir quelques relations non protégées. Surtout quand il était à l'étranger. Enfin, en Asie surtout. Avec l'alcool. Le fait qu'il aimait bien faire la fête. Et vivre un peu dangereusement ... Ouais. Faudrait qu'il se prépare à l'idée. Juste au cas où. En tout cas, comme il le souligne si bien à Charlie, il ne sait pas vraiment si vraiment il aura la fibre paternelle. "C'est la question à un million je pense." Et la plupart du temps, on a la réponse devant le fait accompli. Ouais. Ils finissent par boire toutes les bouteilles du mini bar. Enfin, les mini bouteilles. "Quoi ? Déjà ? " Il est un peu déçu. "J'pensais que les bouteilles nous feraient plus longtemps." Dommage. "En même temps, c'est vrai que c'était un peu ... léger." Ils auraient carrément pu commander une bouteille. Une grande d'ailleurs. "On a déjà tout vidé ?" Trop rapide. Il finit par se lever, direction le mini-bar. Histoire de vérifier. "Ouais ... C'est foutu." Il hausse les épaules. "En fait, j'mangerais bien un bout. Pas toi ?" demande-t-il en se tournant vers elle.

Jeune et con. Un peu dingue. Un peu fou. Est-ce qu'il aimait cette vie ? Le fait qu'il avait l'impression, la sensation d'être en danger tout le temps, ou presque ? Non. C'était pas facile. Il regardait souvent par dessus son épaule. Il était souvent dans des coins un peu glauques. Dans des coins où ... il aurait pu s'faire poignarder sans que personne ne vienne l'aider. Sans que personne ne lève le petit doigt. Mais il en avait besoin. Il avait besoin de cette passade. Il avait besoin de ... Et bien, de vivre simplement. Oui. Clairement pas facile, mais il devait oublier Londres. Oublier les bonnes manières. Se perdre dans les méandres de la vie. Pour pouvoir s'en sortir. Et il y est parvenu. Peut-être que ça ne serait pas le cas s'il avait continué à mener une vie bien rangée. Peut-être qu'il serait toujours à Londres, dans les pattes de son père. A faire ce que le paternel voulait de lui. C'est à dire à reprendre les rênes de l'entreprise familiale. Enfin, passons. Ils ont terminé les mini bouteilles. Et c'est un scandale. Il dira pas qu'il pensait qu'ils en auraient pour toute la nuit. Mais descendre les bouteilles aussi rapidement ... "Moi j'trouve que c'est pas sérieux cette affaire." Il secoue la tête. "Ils pourraient en mettre un peu plus. J'suis sûr qu'ils arriveraient à se faire de l'argent facilement." Parce que bien sûr, hein, ces petites bouteilles ne sont pas gratuites. Ils vont devoir les payer une fois qu'ils auront libéré la chambre. Plus d'alcool, ça enjoint les clients à consommer un peu plus. Et se faire plus de revenus. Est-ce qu'il devrait leur suggérer l'idée ? Non. En tant que médecin, il se doit de rester sérieux. Et de penser au bien des clients de l'hôtel. En tout cas, il constate, amèrement, que le mini bar est vide. Charlie lui indique qu'il peut commander ce qu'il désire. "D'accord." Il attrape la carte. Histoire de voir ce qu'ils proposent. "Enfin, s'ils servent toujours à cette heure." Ca serait bien. Si c'est pas le cas, ils seront juste ... Bah, tant pis, ils mangeront pas. "J'espère bien ... Ils peuvent pas nous séquestrer indéfiniment ici." Il secoue la tête. "La tempête devrait passer rapidement." Enfin. Il l'espère. Manquerait plus que ça. pas qu'il est attendu. Mais bon, il a quand même un boulot. Des patients à voir. "Il fait pas froid. Un coussin et ça sera bien suffisant." Il n'a pas besoin de plus. De toute manière, même s'il est né avec une cuillère en or dans la bouche, il a dormi dans des endroits bien pires, et bien moins confortables. Rayan attrape le téléphone de la chambre histoire de savoir si les cuisines du restaurant sont toujours ouvertes. Apparemment, c'est le cas. Il commande deux salades de mignon de porc fumé et foie gras aux pommes et fruits secs avec des frites. On lui indique que ça sera prêt d'ici une dizaine de minutes. C'est léger. Ca sera pas lourd. Il aurait pu commander, aussi, un dessert. ou autre chose. Mais il a envie de dormir. Et il sait que s'il mange trop lourd le soir, il n'arrivera pas à dormir. Il finit par se tourner vers Charlie. "Ca sera prêt d'ici dix minutes." Plus qu'à attendre. "Ca te dérange si j'emprunte ta salle de bain ?" Histoire d'enlever son costume et de passer quelque chose d'un peu plus confortable quand même.

Rayan a un hochement de la tête. Il approuve aux dires de Charlie. Après, le risque, c'est pour ceux qui n'ont pas forcément les moyens. Ils risqueraient de ... Et bien, de prendre les bouteilles, et de les descendre, encore et encore. Sans pour autant avoir de quoi réellement de les payer. Rayan n'a jamais eu de problème d'argent. Il sait pas trop ce que c'est, d'ailleurs. Avoir du mal à joindre les deux bouts ou bien des petites choses dans le genre. C'est pas son cas. Non. Et sans doute que ça ne sera jamais le cas. Pas avec les richesses qu'il a accumulé avec le temps. Et de part son héritage. Mais passons. Quoi qu'il en soit, le médecin en profite pour squatter la salle de bain après l'accord de Charlie. Elle lui indique même qu'elle se chargera d'aller ouvrir pour le room service. Il en profite donc d'aller dans la salle de bain. Il se passe un peu d'eau sur le visage. Se rafraîchit rapidement. Ote son costume trois pièces pour quelque chose de plus confortable. C'est pas un pyjama. Un tee-shirt. Un jogging. Juste histoire d'être bien quoi. Et pour pouvoir dormir tranquillement. Il entend qu'on toque à la porte. "Charlie, tu peux aller voir ?" Mais il n'y a pas de réponse de la jeune femme. Malgré le fait qu'il l'ait interpellé à deux reprises. Alors, il se dépêche. Repasse par la chambre. Voit que cette dernière s'est assoupie et qu'elle est déjà partie dans les bras de Morphée. Un léger sourire et il va ouvrir la porte. C'est le room service. "Merci." Il donne un pourboire au groom et referme la porte. Bon, pas question de manger les deux plats. Si Charlie se réveille et qu'elle a un petit creux, elle pourra toujours manger la salade. Bon, manger les frites froides, ça sera pas génial. Mais bon. Il dîne. Seul. Enfin, pas si seule puisque Charlie est là mais elle dort. Après avoir dîné, il repousse le plateau repas un peu plus loin dans la pièce. Et il s'installe sur le canapé. L'oreille sous sa tête. Son téléphone entre les mains. A vérifier quelques petites choses. A espérer, également, que le temps sera clément au petit matin et qu'ils pourront tous rentrer. Pas qu'il n'ait pas bien là où il est. Mais il veut rentrer chez lui. Il a des choses à faire après tout. Des patients à voir. A ausculter. Et ce n'est pas en étant dans un pays étranger qu'il va pouvoir le faire. Non. Après une bonne demie heure à tourner sur le canapé, il finit, lui aussi, par s'endormir.