Un midi sur la plage - Vesper

Samedi midi, le temps était toujours très mitigé – pour ne pas dire merdique-, il regardait par la fenêtre en se demandant à quel point il allait faire pourri et frais aujourd’hui.  Il serait bien sorti faire un tour mais il n’avait pas non plus envie de se prendre des averses sur la tronche. Ceci dit, rester enfermé à la maison, n’était pas non plus une bonne solution. Après manger, il prit donc son vélo pour se diriger directement vers la plage… Oui, parce temps incertain et pas forcément bon, c’était un poil stupide ou idiot, mais il s’en fichait, il avait juste envie de prendre l’air,  pourquoi pas se tremper les pieds, ou juste courir un peu sur le sable. Le choix était large finalement. Il déposa son vélo contre un lampadaire, l’attacha avec un anti-vol et se dirigea tranquillement sur la plage, avec le vent, il faisait frais, si bien qu’il ferma un peu plus sa veste pour ne pas attraper froid.  Les pieds dans l’eau, ça ne serait pas pour aujourd’hui, il opta donc pour le jogging. Cela permettrait d’évacuer pas mal de choses, notamment du stress, et ne plus penser à grand-chose pendant au moins la demi-heure à venir.  

Cela devait faire vingt bonnes minutes qu’il trottait sur la plage lorsqu’une silhouette qu’il connaissait bien ne tarda pas à apparaitre devant lui, il s’arrêta donc tranquillement à sa hauteur, tout en se demandant s’il faisait bien d’aller vers elle. Peut-être qu’elle voulait être seule, tranquille et que c’était pour ça qu’elle était venue ici ? Peut-être qu’elle se promenait juste ; un peu comme lui. Nouvelle hésitation, avant de se dire finalement que dans le pire des cas, elle pourrait toujours l’envoyer balader si elle préférait ne pas voir sa tronche. Elle était grande, elle pouvait faire ça sans qu’il ne le prenne mal ! Malgré tout, il réfléchissait à une façon pas trop intrusive de l’aborder juste au cas où il ne tombe pas au bon moment… ou alors plutôt que de réfléchir, il devait y aller spontanément et aviser après. C’était bien aussi, de ne pas trop se prendre la tête pour le moindre petit détail. Il s’était donc avancé jusqu’à elle, un léger sourire aux lèvres.

« Hey, salut Vesper, ça va bien ? » Simple pour commencer. « Tu viens te promener dans le frais toi aussi ?»

C’est sûr qu’elle n’était pas là pour cueillir des marguerites en même temps ! Il préféra ne rien ajouter d’autres pour le moment. Même s’il avait souvent tendance à oublier leur grande différence d’âge vu qu’ils s’entendaient bien, il préférait quand même ne pas passer simplement pour le jeune écervelé trop plein d’énergie.

Parmi les différences notables que l’on peut trouver entre la Nouvelle-Zélande et à peu près tous les pays où Vesper a vécu jusqu’ici, il y a bien entendu le climat. Il lui avait déjà fallu un certain temps pour s’adapter au climat de San Francisco où il pouvait carrément faire froid en comparaison du Texas mais c’était encore loin de ce qu’elle connaît actuellement à Island Bay. Non seulement il ne fait clairement pas chaud pour un mois de juin mais en plus du reste, il pleut. Pas une petite pluie fine qui a tôt fait de sécher une fois que le soleil revient après. Non, le genre de pluie qui vous transperce les os. La blonde doute un peu de s’éterniser une fois que le rhumatisme se serait installé. Ce qui arriverait tôt ou tard, c’est un fait, malheureusement. Mais bon, il faut souligner le fait que ce matin, il ne pleut pas. Et quoi de mieux pour fêter ça qu’un peu de sport sur la plage ? Ce n’est pas que ça lui fait particulièrement envie puisque le sable doit être tout humide et froid mais elle n’a pas envie de se rendre à la salle de sport aujourd’hui, elle a plutôt envie de s’aérer un peu.

Elle s’est donc levée aux aurores, a enfilé ses baskets et est descendue sur la plage. Comme prévu, il ne faisait pas vraiment chaud alors elle avait bien fait d’enfiler également son coupe-vent. La dernière fois qu’elle a regardé sa montre, il devait être pas loin de neuf heures mais maintenant, rien qu’à la position du soleil dans le ciel que midi arrivait. Ah oui, déjà. Bon, elle décide de faire encore quelques mètres au bord de l’eau avant de rentrer se préparer quelque chose à manger parce que c’est pas tout ça mais elle commence à avoir faim. C’est alors qu’elle voit une autre silhouette se dessiner au loin. Tiens, c’est marrant, elle n’a pas rencontré grand-monde depuis ce matin. Et c’est qu’elle fonce droit sur elle, en plus… La texane sert le poing, toute prête à le coller dans le visage de cette personne si elle s’approche un peu trop près. C’est qu’elle ne connaît pas tant de monde que ça en Nouvelle-Zélande non plus, alors on ne sait jamais. Ce qu’elle sait en revanche, c’est que ce n’est pas un fan : les cascadeurs n’en ont que très rarement.

Ce n’est qu’en reconnaissant le visage amical d’Esteban qu’elle le desserre. Ça serait vraiment très con d’amocher une gueule d’ange pareille, ça, c’est sûr.

« Salut Esteban ! Super et toi ? »

Puis elle sourit à sa question. Dans le froid serait plus correct, à son avis.

« C’est ça, autant profiter de la plage tant qu’il fait un peu plus sec. Mais pour tout te dire, je commence sérieusement à avoir la dalle. Tu connais un endroit sympa pas loin d’ici ? »

Comme ça il peut se joindre à elle s’il le souhaite.

Est-ce qu’il hallucinait ou bien est-ce qu’il avait manqué de se prendre un pain dans la tronche ? Ceci dit, ça aurait peut-être été bien fait pour sa poire, il n’avait qu’à pas aller aussi vite vers elle, avec les fous qu’il y a dans ce monde, il pouvait bien comprendre que le premier réflexe c’était de vouloir se protéger ! Heureusement pour lui, soit elle l’avait reconnue, soit elle voulait lui laisser le bénéfice du doute. En tout cas, il ne se laissa pas intimider par cela et préféra simplement la saluer, tout en lui faisant un petit sourire en coin.

« Ca va, ça va ! Pourquoi est-ce que cela n’irait pas ? Enfin, tant qu’on ne se prend pas la pluie sur nos tronches et que l’on ne finit pas malade …. »

Ouais, par ce que c’était toujours quelque chose de possible ça, la pluie, tomber malade et forcément, ne serait-ce que rentrer chez soi trempé jusqu’aux os, il y avait d quoi avoir les nerfs, être agacé et donc ne plus aller super bien. En attendant, malgré quelques soucis sur lesquels il ne voulait pas s’étaler, cela allait plutôt bien ! Il n’allait quand même pas être pessimiste, non, il était plutôt du genre à essayer de voir le verre à moitié plein que vide, et même quand ça n’allait pas, il préférait faire semblant que tout roulait. Il trouvait ça beaucoup plus simple de cette manière.
A sa nouvelle question, il haussa un sourcil un peu perplexe. Oui bien sûr qu’il connaissait des coins sympas, c’était quoi cette question ? Bon, après ce n’était pas dit que cela lui plairait, ses propositions, il décida d’ailleurs de la chambrer un peu sur le sujet. Il fit d’abord semblant de réfléchir, avant de prendre son air innocent qui lui donnait, pour cette occasion précise, un air plus taquin, gamin et espiègle qu’autre chose.

« Ouais, ouais, je connais bien des lieux… mais c’est plus es trucs de jeunes, tu vois. Je ne suis pas certain que ce soit trop ton kiffe. Après, y’a un restau sympa, mais c’est plus les vieux qui s’y retrouvent, j’sais que ce n’est dans pas trop longtemps pour toi mais quand même.» Grand sourire, au point de montrer ses dents, il eut un petit rire avant de reprendre, un peu plus sérieusement « Non, en vrai, il y en a plusieurs de sympas, tout dépend ce que tu veux manger. Tu me suis et tu me diras tout ça en avançant ! »

Il plaisantait sur son âge, elle savait qu’il n’en avait rien à faire, ce n’était qu’un chiffre pour lui ! Ce qui comptait c’est ce qu’on avait dans la tête, la mentalité en quelque sorte. Plaçant ses mains dans ses poches, il commença à s’avancer vers le bord de la plage, là où le béton prenait de nouveau place.

« Tu travailles sur quoi en ce moment ? »

Parce ce que oui, ce genre d’informations, était toujours quelque chose d’intéressant à avoir !

Pourquoi ça n’irait pas ? Oh mais il pourrait y avoir un million de raisons à ça, bien sûr. Cela dit, ce n’est pas Vesper qui va se mettre à les énumérer. Si tout roule dans la vie d’Esteban alors c’est parfait et elle en est ravie. C’est assez rare de trouver quelqu’un de cet âge pour qui c’est le cas. Non, en fait, réflexion faite, c’est plutôt rare de trouver quelqu’un de cet âge qui n’a pas envie de se plaindre quel que soit le motif. Et j’vous vois venir, ce n’est pas une remarque de vieux con, juste une simple constatation. Donc au lieu de faire une quelconque réflexion, la texane hoche la tête avec un petit sourire entendu. Puis, vu le temps qu’il fait, ils en viennent à parler de la pluie et du beau temps. Surtout de la pluie d’ailleurs parce que c’est de circonstance. C’est vrai que ça serait dommage qu’ils se fassent doucher et qu’ils attrapent la crève. Quoique, Vesper aurait une bonne raison de se faire cajoler comme ça, elle aime bien ça.

« Oui tant qu’à faire, j’aimerais autant éviter si possible. »

Mais uniquement à cause du boulot, en fait. Mais en soi, ce n’est pas un peu de pluie qui va lui faire peur, d’autant qu’elle est plutôt bien équipée et qu’elle n’a pas oublié de prendre sa dose de vitamines ce matin. Bref, il répond ensuite à sa question en la taquinant. Sur leur différence d’âge évidemment, le sujet favori des jeunes. Ce qui n’a jamais dérangé la blonde outre mesure. Elle a l’âge qu’elle a avec l’expérience qui va avec mais ça n’empêche pas sa mère de la traiter comme une ado tout ça parce qu’elle, contrairement à sa sœur, n’a pas encore d’enfants. Mais c’est un autre sujet sur lequel elle n’a jamais que très peu envie de s’épancher, bizarrement. Pour en revenir à Esteban, il lui répond qu’il connaît soit des restos trop hype pour les jeunes comme lui sisi t’as vu ou bien des restos pour le troisième âge. Et il prend bien la peine de souligner vers quelle catégorie elle se dirige. Vesper ne bronche pas, se contentant de sourire jusqu’à ce qu’il dise qu’il plaisantait. Alors elle acquiesce à sa proposition et lui emboîte le pas.

« J’ai pas d’envie particulière, n’importe quoi fera l’affaire tant que c'est comestible. »

Puis elle cale son pas sur le sien, ce qui lui permet de pouvoir passer un bras autour de ses épaules.

« T’es au courant que si tu continues à me traiter de fossile, j’peux tout à fait te botter les fesses, pas vrai ? »

Le tout servi avec un sourire resplendissant parce qu’elle aussi, elle plaisante, évidemment. C’est alors qu’il lui demande sur quoi elle travaille en ce moment. Normal que ça l’intéresse, lui qui fait des études là-dedans. Enfin, dans le cinéma, pas dans les cascades, évidemment.

« Je suis sur un petit film en ce moment. Y en a pas mal dans le coin. Mais bon, j’attends toujours le retour de Peter Jackson. Et toi ? T’es sur un projet intéressant ? »

Il eut un petit sourire, la plupart des gens (comme eux) préféraient ne pas se mouiller pour pas être malade après, en soit, il n’avait rien contre la pluie si ce n’est qu’elle était froide et détruisait souvent sa coiffure… et qu’il bouclait un peu trop après à son gout. Au moins, sur ce point-là encore, ils étaient sur la même longueur d’onde ! Ils avaient ensuite vite changé de sujet, lui essayant de blaguer un peu sur l’âge de la femme ; le plus dur était probablement de ne pas se montrer blessant, des fois il savait qu’il pouvait se montrer un peu maladroit. Heureusement, elle avait un assez bon sens de l’humour, assez fort, et elle se contenta de sourire avant de le suivre.

« Ok, je vais donc t’en montrer deux, tu pourras choisir avec les menus.»

Ouais, comme ça c’était plus simple. Elle prendrait ce qu’elle préférait. Elle ne pourrait être que satisfaite, ou quelque chose comme ça en tout cas ! Rapidement, elle avait passé un bras de ses épaules et sa nouvelle phrase le fit rire, un peu. Bien sûr qu’elle en serait capable,  de lui foutre un coup de pied au derrière ! Il se passa une main dans les cheveux et réfléchit à ce qu’il pouvait bien répondre !

« Qui te dit que ça ne me tenterait pas ? Surtout que je suis certain que tu ne raterais pas la cible, tu es trop souple et adroite pur ça.» dit-il en plaisantant.

Après tout, ça pouvait être drôle d’une certaine manière en  tout cas. Il avait juste envie de la provoquer un petit peu, il se contenta donc de la regarder avec son air le plus angélique possible histoire de voir comment est-ce qu’elle allait réagir.

« Mais j’te traitais pas de fossile, juste que tu te rapprochais de la cinquantaine… et  après la période suivante c’est quasi le 3ème âge. Personnes très respectables ! » Soupir, sourire « T’inquiètes, tu as encore une bonne marge quand même…»

STOP. Esteban, on arrête dans cette voie là par ce qu’elle n’apportera rien de bon. Vraiment rien. Passer donc sur le boulot et les études semblait le meilleur compromis à faire histoire qu’il ne s’enfonce encore pas plus bêtement !

« T’es vraiment sérieuse ou Peter Jackson, ou tu essaies de me faire marcher par ce que tu sais que je vais forcément te croire ?!» Il se tut quelques instants avant de continuer « Pour ma part bientôt en vacances, je fais un nouveau stage pendant une ou deux semaines et puis… après je ne sais pas trop ce que je vais faire. Je verrai bien ! Peut-être que je verrai avec quelques amis pour en profiter pour faire une courte web-serie, ou un court métrage, juste comme ça pour passer le temps. Mais ça dépend des dispos de chacun, tu vois rien de bien exceptionnel !»

Il préférait dans un premier temps à se consacrer à ses études et après il verrait bien ce que lui offrirait le monde.

Voilà, elle choisirait en fonction du menu, c’est bien, ça. Vesper approuve d’un hochement de tête tandis que le jeune homme continue de la taquiner. La blonde arque un sourcil en l’entendant dire que ça pourrait lui plaire de se faire botter les fesses par elle. Elle en avait entendu des trucs délirants tout au long de sa vie mais ça, c’est une première en revanche. Même pour blaguer. Surtout pour blaguer d’ailleurs car il lui est arrivé de croiser des gars qui ne pensaient pas qu’une petite blonde dans son genre pouvait réellement leur faire la misère. Ceux-là ont rapidement déchanté. C’est qu’il faut bien leur montrer qui commande. Ou plutôt qui on ne commandera pas. Bref, elle lève les yeux au ciel et réplique :

« J’suis sûre que ça te plairait, oui. Ces jeunes, j’vous jure. »

Et elle ne s’attarde même pas sur le fait qu’elle ne manquerait pas sa cible car c’est évident, elle ne la manquait jamais. Puis, comme si ça ne suffisait pas comme ça, il faut qu’il en rajoute une couche. Ça la fait sourire de plus belle. Alors comme ça, il ne traitait pas de vieux fossile mais lui fait tout de même remarquer qu’elle approche tout doucement de la cinquantaine. Toujours dans l’exagération, celui-ci.

« A t’entendre, on dirait qu’on va m’enterrer demain. Ça va, j’en suis pas encore là. Puis tu verras, ça peut te sembler très loin pour le moment mais on y arrive vite à cet âge canonique qu’est quarante ans. »

Et certains – beaucoup – en moins meilleure forme qu’elle, soit dit en passant. La vérité c’est qu’on peut bien la railler tant qu’on veut à ce sujet, Vesper s’en moque, elle ne s’est jamais aussi bien sentie dans sa peau que c’est le cas maintenant. Avant ça, elle se trouvait stupide. Ne serait-ce que l’année passée, elle se trouvait encore stupide, une véritable écervelée. Mais soit, les voilà en train de parler boulot. Effectivement, Esteban était à fond en ce qui concernait Peter Jackson alors la texane se sent obligée de calmer un peu son espoir.

« Non, rien d’officiel à ce sujet mais on s’est tous que c’est une vraie histoire d’amour entre le réalisateur et la Nouvelle-Zélande. Je mentirais si je disais que ce n’est pas un peu à cause de ça que je suis là. »

Puisqu’il lui avait fallu quitter la Californie en vitesse, elle s’était dit que la Nouvelle-Zélande n’était peut-être pas une mauvaise idée. Que c’était assez éloigné de tout ce qu’elle connaissait et qu’on y tournait pas mal de films. Puis Esteban lui apprend que c’est bientôt les vacances de son côté et qu’il a éventuellement pour projet une web-série ou un court-métrage.

« C’est super, ça. Si t’as besoin d’un cascadeur, appelle-moi. »

Ça l’occuperait.

Il était con quand il s’y mettait, il le savait pertinemment, mais c’était quand même presque plus fort que lui ! Il n’y pouvait rien !  Il haussa un peu les épaules, toujours un léger sourire aux lèvres quand elle lui répondit. Il y avait pire dans la vie que de se faire botter le cul par une belle femme, n’est-ce pas ? Surtout quand cela restait pour plaisanter, quelque chose de bon enfant on va dire. Sur la tirade sur l’enterrement il se contenta d’hausser un peu les épaules.

« Ouais, ouais, je sais que ça passe vite ! Ne t’inquiètes pas, je profite bien histoire de ne rien regretter plus tard.» temps de silence avant qu’il ne reprenne « Tu sais, on peut t’enterrer demain… enfin ptet pas demain dans la semaine, tout comme ça pourrait arriver à moi aussi. Un accident est vite arrivé.»

Et oui, il avait sorti ça avec une banalité presque affligeante, par ce que c’était la vérité et qu’il n’allait pas s’empêcher de vivre de peur qu’un accident domestique, de voiture, de vélo ou autre arrive. Ça serait son destin ; il essayait juste de ne pas prendre de risques inconsidérés. Et ils étaient bientôt arrivés sur le sujet de boulot ; il acquiesça doucement. C’était une façon de voir les choses.

« Du moment que c’est juste un peu à cause et pas totalement, je trouve ça raisonnable, voire en partie logique ! Même si pour les tournages, tu aurais pu … disons prendre une location pendant quelques temps, c’est ce que font certains non ? » Il haussa les épaules avant de continuer « Ceci dit, pour moi, je suppose que ça marcherait mieux à New-York, Holliwood ou autres, qu’ici où il ne se passe pas grand-chose.»

Il exagérait un peu… mais pour l’instant, il voulait finir ses études et après il aviserait. Pour l’instant, il ne se sentait pas de toute manière de quitter sa famille qui était à peu près équivalent à la prunelle de ses yeux, il était probablement un peu trop dépendant d’eux d’une certaine façon. Il essayait de ne pas trop penser à l’après. Se raclant la gorge, il lui fit un petit sourire :

« Ouais t’inquiètes, mais je crois pas avoir d’avoir d’amies aussi…. Belles, talentueuses, charismatiques, sexy que toi…. Mais si jamais ; ouais je t’appellerai !»

Mais non, ça ne faisait pas beaucoup de compliments d’un coup, il disait juste la vérité, elle dégageait quelque chose de peu commun selon lui.

« Ceci dit, c’est encore très loin d’être fait, du coup …. On verra bien !»

Et maintenant qu’est-ce qu’il pouvait bien raconter comme truc histoire qu’elle ne s’ennuie pas ? Il fallait qu’il arrête avec ses blagues de mauvais gouts sur l’âge, alors il voulait trouver quelque chose de sérieux… mais pas trop non plus, il ne voulait pas qu’ils se prennent la tête.

Ils sont en train de plaisanter au sujet de l’âge avancé de Vesper quand Esteban redevient soudain sérieux pour lui annoncer qu’elle peut bien mourir demain. Et lui aussi par ailleurs. Certes, ce n’est aucunement de leur ressort de pouvoir quand ils vont mourir et elle sait pertinemment que l’âge n’entre pas forcément en compte dans ces équations. Hé ben, voilà bien quelque chose dont elle n’avait pas vraiment conscience à son âge. Et si ç’avait été le cas, peut-être bien qu’elle n’aurait pas choisi un métier aussi risqué même s’il faut bien mourir de quelque chose et qu’il vaut sans doute mieux mourir au volant d’une voiture lancée à 200km/h contre un mur que des suites d’une longue et douloureuse maladie, c’est sûr. Enfin bref, tout ça pour dire qu’elle en est plus consciente maintenant qu’avant mais qu’elle préférait tout de même laisser cette information dans un coin de son cerveau sans avoir à y revenir trop souvent.

« Dis donc, t’es très optimiste comme garçon. Je sais oui et on ne peut rien y faire, quand ton heure est là, elle est là. C’est mieux de ne pas trop y penser. »

Puis ils en viennent à évoquer la raison pour laquelle elle s’est installée ici, en Nouvelle Zélande. Esteban trouve ça logique et ça la fait sourire de l’entendre le dire. Elle n’était pas venue ici sur un coup de tête mais parce que ça a du sens. Alors ce n’est clairement pas aussi facile de trouver du travail qui rapporte comme c’était le cas à L.A., surtout pour elle qui avait un jour été la doublure cascade de grandes stars telles qu’Uma Thurman mais ce n’était pas plus mal de devoir freiner un peu, à son âge.

« J’aurais pu mais il fallait que je quitte le pays rapidement, j’étais recherchée. »

Elle part d’un éclat de rire après avoir dit ça parce qu’il vaut mieux qu’on croit à une blague alors que c’est pourtant la vérité. Puis elle acquiesce quand il lui dit que pour lui, ça serait sûrement plus facile s’il faisait le même déménagement dans le sens inverse. Alors oui, bien sûr qu’il a raison mais ça n’empêche que ce n’est pas parce qu’il va partir là-bas que ça va forcément marcher, ça serait tellement facile sinon. Il faut avoir de la chance. Mais elle n’a cependant pas envie de le décourager alors elle ne dit rien. En revanche, elle ne peut pas ignorer la tonne de compliments qu’il lui balance ensuite. C’est que ça n’a pas l’air d’être une blague, en plus. Elle pourrait même aller jusqu’à croire qu’il en pince un peu pour elle.

« Wow tout ça, t’as oublié intelligente et drôle mais c’est vrai que ça aurait peut-être fait too much. »

Elle ricane avant d’hocher une fois de plus la tête. Il lui ferait donc savoir si ça se faisait. Loin d’elle l’idée de s’imposer de toute façon, c’était plus pour aider. Comme pour leur faire savoir qu’ils mettaient un peu trop de temps à arriver au restaurant, son estomac se met alors à gargouiller. Bon, peut-être que ça ne s’est pas entendu si fort que ça non plus et ça serait bien.

« Et tu fais quelque chose à côté ? » demande-t-elle en accélérant un tout petit peu le pas.

Il haussa les épaules, ce n’était pas, pour lui, une question d’être optimiste ou pessimiste, c’était juste de la logique, c’était juste être pragmatique ! Quel que soit ton âge, vieux pu pas, tu pouvais clamser. C’était un fait avérer. Il se passa une main dans les cheveux réfléchissant à ce qu’il pouvait bien dire.

« Ouais, c’est ça ! Ca ne sert à rien d’y penser, il faut l’accueillir quand elle est là, point final ! On verra bien !»

Il haussa un peu les épaules à nouveau avant de froncer un peu les sourcils, lorsqu’elle lui expliqua qu’elle avait en vrai, dû quitter rapidement le pays, par ce qu’elle était recherchée. Celle-là, il ne s’y était pas attendu, il hésita à poser la question sur le pourquoi, mais se dit qu’au final c’était peut-être être un peu trop curieux. Si elle avait voulu lui dire, elle aurait pu le faire là. Le petit rire qui avait suivi cette révélation, il n’était pas certain de savoir ce que cela signifiait ? Une blague ou cacher son malaise ? Il était du genre à faire cela, alors bon ! Hésitant quelques instants, il préféra finalement juste dire.

« Ouais, ok je vois !» sur un ton qui se voulait plus plaisantin qu’autre chose.

Pas d’autres questions, c’était mieux ainsi. On va dire qu’elle plaisantait en disant cela, alors ce n’était peut-être pas la peine qu’il entre dans son jeu, n’est-ce pas ? Lui donner du grain à moudre, ce n’était pas la bonne idée ! Comment est-ce qu’il était arrivé à lui faire trois tonnes de compliments ? Il ne savait pas, c’était juste venu assez spontanément.

« Non, ce n’est pas que ça aurait fait too much, c’est juste que je ne veux pas non plus que tes chevilles et ta tête enflent un peu trop. Alors il faut savoir dire les choses, mais pas totalement…» Il lui fit une moue taquine, qui signifiait généralement qu’il allait lui sortir une petite vanne. « Et puis bon intelligente et drôle tout est relatif. Ton humour est comme le mien, à revoir pour beaucoup de personnes, je suis désolé de te le dire comme ça.»

Il aimait bien jouer au petit con, il aimait bien, la vanner, jamais méchamment par ce qu’il savait qu’elle ne le prendrait pas mal ce qui était coool. Beaucoup était trop susceptibles à son goût et l’autodérision n’existait plus beaucoup malheureusement ! Quand à s’il faisait quelque chose à côté… il n’était pas certain de comprendre la question.

« A côté ? C’est-à-dire ? Un vrai petit boulot ? Ou genre autre chose, comme des loisirs ? Non, par ce que si je commence à tout répondre, je suis certain que tu voudras me couper la langue avant que l’on aille manger. Ca te mettrait du sang sur tes habits en plus et c’est pas simple à enlever !»

Quand il s’y mettait pouvait parler beaucoup, bon de lui, c’était toujours un peu plus compliqué, mais il avait surtout envie de plaisanter, plus qu’autre chose.

L’accueillir, voilà bien un terme qui fait très Harry Potter. Pourtant, Vesper est assez d’accord sur le principe, puisqu’on ne peut l’éviter autant essayer de rester serein. En tout cas c’est ce qu’elle pense maintenant, ça sera peut-être différent le moment venu. Comme pour tout le monde, tout le monde a peur de l’inconnu. Bref, assez tergiversé sur ce sujet si peu gai. D’ailleurs, ils ne s’attardent pas des masses sur celui qui suit ; à savoir la raison pour laquelle elle a quitté Los Angeles. Et c’est tant mieux car la texane aime autant éviter ce sujet et que les personnes à qui elle en parle prennent ça comme elle le leur sert : comme une blague. Alors autant parler des nombreux compliments qu’Esteban vient de lui faire et qui ne la mettent pas du tout mal à l’aise. C’est qu’en quarante ans, la blonde a eu l’occasion d’en entendre des tas. Le plus souvent sortant de la bouche de Luis mais il devait en faire de même avec toutes les femmes de la communauté. Il n’empêche qu’intéressé ou non, un compliment fait toujours plaisir. Elle sourit davantage en entendant que, s’il n’est pas allé jusqu’à dire qu’elle était drôle en intelligente, c’est surtout par égard pour ses chevilles et sa tête ; il a peur qu’elles enflent. C’est très urbain de sa part.

« Ouais alors tu peux dire que mon sens de l’humour est relatif mais parle pas de mon intelligence en ces termes, je risque de mal le prendre. »

Bien sûr qu’elle charrie aussi mais qui prendrait bien le fait de s’entendre dire qu’il est stupide ? Excepté quelqu’un qui l’est vraiment et qui s’en contre-fiche. Et pourtant, ça aussi c’était un truc qu’elle avait entendu un paquet de fois. De par sa blondeur. Cliché ridicule, quand tu nous tiens. Bref, Vesper demande alors à Esteban ce qu’il fait en dehors de ses études de cinéma. Elle veut bien entendu parler d’un job parce qu’elle ne se souvient que trop bien de ses débuts à Hollywood. Avant qu’elle ne devienne la doublure cascades d’Uma Thurman, elle avait trimé. Elle avait bien sûr bossé comme serveuse, vendeuse dans une station-service et pendant quelques temps, elle avait fait guide des maisons de stars à Beverly Hills, tout ça pour pouvoir joindre les deux bouts dans la cité des anges. Il lui annonce que si elle ne précise pas, il risque de bavasser tant et plus au point d’en arriver à vouloir lui couper la langue pour qu’il cesse, ajoutant que le sang c’est difficile à faire partir.

« Ah, ça je sais, merci. Je voulais dire comme petit boulot, oui. »

Il eut un petit rire amusé lorsqu’elle reprit la parole et qu’elle lui demanda de ne pas parler de son intelligence en ces termes. Il haussa les épaules.  Elle avait raison, mais il aimait bien reprendre ses propos et les tourner d’une façon plus ou moins …. Disons plutôt à sa façon, qui n’était peut-être pas la bonne par ailleurs. Mais qui aime bien châtie bien parait-il. Il appréciait sincèrement son interlocutrice

Ah oui, c’est vrai qu’avec un sens de l’humour relatif, l’autodérision et ce genre de chose c’est un peu plus compliqué, excuse-mo, je n’y avais pas pensé. Mea Culpa. Pardon, petite…. Grande intelligence, je ne voulais pas te blesser ! plaisanta-t-il.  

Là, il aurait de la chance s’il ne se prenait pas un coup de pied dans le derrière, par ce qu’il le méritait franchement à jouer au petit con comme ça et il espérait qu’elle n’hésiterait pas à répliquer un peu aussi. C’était toujours plus drôle quand l’interlocuteur avait un minimum de répondant ! Ils avaient continué de papoter un petit peu, jusqu’à ce qu’elle lui précise qu’elle voulait savoir s’il faisait un petit boulot. Il acquiesça doucement ! Comme quoi, avec une simple précision, il savait un peu plus dans quoi s’embarquer !

« Ouais, de temps en temps le week-end je bosse dans les cuisines d’un restaurant, c’est plutôt sympa vu que j’aime bien faire à cuisiner et manger, j’apprends toujours des trucs… Mais c’est vrai que ça n’a pas grand-chose à voir avec le cinéma. »

Il haussa un peu les épaules en souriant. C’est vrai que les deux choses étaient totalement différentes, mais au moins s’il ne réussissait dans le domaine du cinéma, il pourrait toujours retourner sa veste et travailler probablement dans la cuisine vu qu’il aurait un peu d’expérience ! Mais il ferait tout pour réussir ! C’était une passion bien trop forte, et par ailleurs il n’avait pas envie d’échouer dans une seconde branche alors que son frère réussissait avec brio médecine.

« Peut-être que si tu es très gentille, un jour je pourrais te faire un gâteau. Si je me sens d’âme généreuse et tout ça ! » Il se passa une main dans les cheveux et continuer « Du coup, tu aimes quoi ?»

Juste histoire de savoir, c’était toujours bien de s’informer, ça pouvait toujours faire de bonnes surprises pour les anniversaires ou si un jour, elle se sentait par exemple un peu déprimée… ou alors juste par ce qu’il s’ennuyait, par ce qu’il avait fait un  gâteau trop gros… il y avait des tas de raisons.

En entendant sa dernière réplique, Vesper en arrive à la conclusion qu’Esteban est bien décidé à continuer à la taquiner. Normal, il est jeune et ne doit sûrement jamais s’avouer vaincu. Qu’à cela ne tienne, elle poursuivrait donc sur cette voie elle aussi.

« Vraiment ? Pourtant tu dois en savoir un max sur la question, j’imagine. Me blesser carrément, t’y vas fort mais comme tu l’as dit tout à l’heure, je pense que tu ne tiens pas à me vexer, ça serait tenter le diable. »

Et comme pour lui donner un avant-goût de ce que ça pourrait donner, Vesper lui enfonce gentiment son coude dans les côtes. Puis, comme elle a spécifié sa question, ils enchaînent rapidement sur la question du travail. En un sens, c’est toujours mieux d’avoir une autre option au cas où ça ne marcherait pas pour la première. Bon d’accord, elle n’avait jamais été dans cette optique en ce qui la concernait, elle s’était toujours dit qu’elle serait cascadeuse ou rien du tout. Et puis elle pouvait se permettre d’être si confiante car on en demande toujours des gens un peu dingues, capables de faire ce que les acteurs ne peuvent pas pour des raisons d’assurance. Puis si ça n’avait pas marché, elle aurait pu se contenter de rentrer au ranch et de faire ce que sa famille attendait d’elle : s’occuper des chevaux et assurer la descendance. C’est sûr qu’elle n’en serait pas là. Mais bref, Esteban lui répond qu’il est cuisinier quand il n’est pas en cours ou sur un tournage. Ça la surprend un peu mais pas tant que ça non plus, même sil souligne que ça n’a rien à voir avec le cinéma. La texane a toujours trouvé que la cuisine s’apparentait plus à quelque chose de militaire mais pourquoi pas après tout, les grands chefs devaient diriger eux aussi, un peu comme sur un tournage.

« Oh, y a quand même un p’tit côté artistique là aussi. »

C’est toujours intéressant de connaître des gens qui s’y connaissent en cuisine. Bien qu’elle ne se débrouille pas si mal de son côté, elle sait faire de super cookies dont son petit ami raffole. Et bien sûr des tartes aux pommes, en bonne américaine qui se respecte. Sans compter qu’elle a son propre jardin. Bref, elle peut survivre sans problème. Le jeune homme lui annonce alors que si elle est gentille avec lui, il se pourrait qu’il lui fasse un gâteau.

« J’espère que t’es aussi doué dans ce domaine que dans le cinéma dans ce cas. » commente-t-elle avec un petit sourire.

D’ailleurs, pour prouver qu’il ne blague pas cette fois, il lui demande quels sont ses goûts. La blonde n’hésite pas une seule seconde avant de répondre.

« J’adore la cannelle. Mais si tu veux être sûr et certain de me faire plaisir alors il faut tout miser sur le chocolat. »

Il n’y en a jamais trop, du chocolat.

Il eut un petit amusé, effectivement il n’avait pas réellement envie de la blesser, il n’était pas comme ça, sauf avec les gens qu’il n’aimait pas. C’était à dire, généralement avec les cons un peu trop étroits d’esprit à son goût ! Il laissa passer quelques minutes avant de répliquer, un peu plus doucement :

« Non, je ne tiens pas à te vexer, je pense que tu n’es pas susceptible ! Mais tu sais, je peux me tromper, mon instinct peut m’induire en erreur, et même…. Disons …. Tout le monde a des sujets plus ou moins sensibles. »

Tiens des propos homophobes, surtout envers ses mères, et vois comme il part au quart de tour, alors qu’il avait plutôt un tempérament gentil, et…. Non, il n’était pas si calme que ça en réalité ! En attendant, il avait commencé à parler qu’il était aussi parfois cuisinier, même si cela n’avait rien à voir avec le cinéma ; il inclina un peu la tête sur le côté lorsqu’elle dit qu’il y avait un côté artistique !

« Ouais, mais pas le même….enfin si, il y a ce côté visuel. Hum. Tiens, c’est à méditer ça !» tenta-t-il de plaisanter.

Il avait continué de déconner en lui disant que si elle était gentille, il lui ferait peut-être un cadeau… alors est-ce qu’il avait rougi, lorsqu’elle lui avait une sorte de compliment ? Oui, c’était un compliment. Et non, il n’avait pas rougi, en tout cas il n’avait pas senti le rouge lui monter aux joues. Il balaya le compliment d’un petit geste de la main

« Ouais, enfin pour l’instant, je ne suis qu’étudiant ! Mais je crois que je me débrouille bien…. En tout cas je n’ai jamais rendu personne malade… Et les gens redemandent de mes gâteaux. Alors je suppose que ce n’est pas que pour être gentil, j’espère en tout cas. Je n’ai pas envie qu’on me dise que je dois être redressé, culinairement parlant !» Il se tut quelques instants avant de reprendre « Cannelle … Hum ben je crois que je vais être petit joueur pour le premier gâteau, et tout miser sur le chocolat alors ! Par ce que moi aussi j’adore ça. Comme la plupart des gens d’ailleurs !» Il haussa un peu les épaules. « Aucun ingrédient interdit ? »

Par ce qu’elle ne l’aimait pas, par ce qu’elle y était allergique… ou quelque chose comme ça. le choix était large au final, s’il voulait faire un gâteau chocolat avec un autre ingrédient, il voulait être certain de ne pas se tromper.

Bien sûr qu’elle se doute qu’il ne tient pas réellement à la vexer. Personne n’y tient jamais. Et pas spécialement parce qu’elle est une menace redoutable pour leur arrière-train mais surtout parce qu’elle est plutôt sympa, Vesper. Un peu bizarre par moment et c’est sûr qu’elle ne se laisse jamais marcher sur les pieds par qui que ce soit et qu’elle sait très bien se faire entendre lorsque c’est nécessaire mais ça ne l’empêche pas d’être sympa et d’essayer de se montrer toujours de bonne humeur. Alors les gens l’aiment bien, forcément. Dans tous les cas, Esteban a raison sur un point : elle n’est pas vraiment du genre susceptible. Enfin, évidemment il ne faut pas non plus pousser le bouchon trop mais elle ne prend qu’assez rarement la mouche. Bien sûr, pour elle comme pour n’importe qui, il y a des sujets plus délicats que d’autres mais elle aurait été bien en peine d’en citer un là, tout de suite. Bref, elle hoche donc la tête avec un sourire.

« Le secret c’est de pouvoir rire de tout. »

Tant qu’on ne fait qu’en rire, tout va bien. Bref, c’est toute une philosophie de vie sur laquelle nous n’allons pas attarder parce qu’on l’a ou ne l’a pas et c’est comme ça. Un peu on a un don pour la cuisine ou bien on ne l’a pas. Alors oui, on peut toujours argumenter que c’est quelque chose qui s’apprend mais il existe des gens que ça passionne quand ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres. Et pour ceux que ça passionne, alors oui, ça peut être un art. Mais le jeune homme préfère se la jouer modeste en commentant que ça reste à méditer. Il peut bien méditer tant qu’il veut sur le sujet, c’est pourtant le cas et d’après ce qu’il lui dit, il ne se débrouille pas mal non plus dans ce domaine. En tout cas, personne n’est mort ni n’a subi d’intoxication alimentaire.

« Ah ben, tu me rassures ! C’est déjà pas mal. » commente-t-elle en riant.

Puis il lui explique que les gens en redemandent donc ça ne doit pas être uniquement pour lui faire plaisir. La blonde n’a rien d’une psy mais ça a quand même l’air trahir un petit manque de confiance en soi.

« J’suis sûre que tu te débrouilles très bien et tu peux compter sur moi pour te donner un avis honnête, si besoin. »

Avec tact bien entendu. Bref, maintenant qu’elle en est carrément à passer commande, Esteban la questionne non pas sur ses goûts mais sur les aliments prohibés. Par chance, Vesper n’a jamais eu d’intolérance à quoi que ce soit.

« Oh non, tu peux laisser parler ta créativité, j’suis pas difficile et je peux manger de tout. »