travailler, encore et encore. (zola)

travailler, encore et encore.
crédit/ tumblr ✶ w/zola

Depuis l’accident et son séjour à l’hôpital, les journées de Roman sont calmes. Il lui arrive de passer à la caserne parfois, pour se ressourcer un peu et pour voir ses amis. Mais jamais pour travailler. Ce qui ne l’enchante pas trop. Sans une bonne rééducation, il n’aura jamais l’autorisation de revenir travailler, alors il prend sur lui et chaque jour, ou presque, il se rend au centre de rééducation pour une séance, plutôt intensive. Voilà ce qu’est devenu son quotidien. Le seul avantage qu’il y a ici, c’est que Roman peut chercher un appartement ou une maison et passer plus de temps avec Roméo. Maintenant que le petit garçon est revenu vivre chez sa mère, c’est plus simple, il n’y a plus les infirmières et toutes les restrictions liées au monde hospitalier. Ils peuvent s’amuser, se balader et apprendre à se connaître. Même si leur rencontre remonte maintenant à plusieurs mois, le jeune homme a toujours l’impression d’être une sorte d’inconnu dans sa vie. Il faut dire que les années d’absence ne pourront jamais être effacées. Aujourd’hui, Roman doit d’abord se rendre à sa rééducation, avant de retrouver son fils. Qui sait, ça va peut-être le motiver à se donner encore plus. « Je suis là. » Lance-t-il alors qu'il dépose ses béquilles à quelques centimètres. « À l'heure en plus. » Roman a eu un peu de mal pour se mettre dans le rythme, alors il trouve important de le souligner. Comme s'il attendait des félicitations de la part de la blonde. La première fois qu'il est venu ici, il a voulu utiliser le vélo, son moyen de transport avant l'accident. Mais autant dire qu'un éclopé comme lui et un vélo, ça n'a pas fait bon ménage. Il a quand même essayé, même si au bout de quelques mètres, il finissait à côté, à s'appuyer sur lui pour avancer au mieux. Après ça, il a pris le bus, sans trop aimer ça. À plusieurs reprises, il s'est trompé d'arrêt, s'arrêtant trop tôt ou trop tard. Sauf aujourd'hui. Ce qui explique pourquoi il est déjà arrivé. « Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? » De la torture certainement. Quand il vient ici, Roman souffre. C'est un mal pour un bien, il en est sûr. Il doit passer par là pour pouvoir retourner au travail. Son regard se pose sur la jeune femme, alors qu'il s'assoit sur la table de massage. C'est ici qu'il patiente en attendant qu'elle lui dise ou alors, sur quelle machine faire travailler sa chambre.

travailler, encore et encore.
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À chaque fois qu'il vient ici, Roman ignore ce qu'il l'attend, mais il se plie toujours aux exercices. Il sait que sans ça, il ne pourra pas reprendre le boulot. Alors maintenant qu'il est ici, il attend de savoir ce que la jeune femme a prévu pour aujourd'hui. « On va changer de méthode, aujourd'hui. » Ses yeux s'écarquillent un peu à cette phrase. Il a le sentiment que c'est une bonne chose, mais dans le fond, il a un peu peur. Ici, toute machine est synonyme de torture, alors souhaite-t-il vraiment essayer quelque chose qui lui fera peut-être plus mal ? « Une séance à la piscine, ça vous dit ? » Finalement. La surprise est bonne et un sourire se dessine naturellement sur les lèvres de Roman. « Je vous suis. » Le jeune homme n'a pas l'habitude d'obéir aux gens, sauf à ses supérieurs à la caserne bien sûr. Mais avec la kinésithérapeute, c'est différent. Elle pourrait lui faire faire n'importe quoi qu'il ne dirait rien. Au fond de lui, il se dit que c'est pour son bien ce qu'elle lui fait et s'il veut revenir au plus vite à son boulot, il doit lui obéir. « Je vais vous montrer les vestiaires. » Il ne s'attendait pas à cela en venant ici, mais qui sait, peut-être que cette séance ne sera pas désagréable. Car même si Roman vient à tous ses rendez-vous, jamais à reculons, rare sont les fois où il ne souffre pas. Le jeune homme récupère les béquilles qu'il a posées un peu plus tôt et suit la blonde. N'ayant jamais fait de séances à la piscine, elle est la seule des deux à savoir où il faut aller. Arrivés devant la cabine, Zola dépose des affaires à l'intérieur. Elle a tout prévu et tant mieux, Roman n'avait pas prévu de maillot de bain. Il doit bien y avoir un stock au centre. « Ce sera juste après cette porte ensuite, je vous y attends. » Il hoche la tête alors qu'elle s'éloigne. Depuis qu'il est en béquilles, le jeune homme a appris à s'habiller seul. Ce qui n'est pas plus mal, cela aurait été gênant de lui demander de l'aide pour ça. Il s'assoit sur le siège présent dans la cabine et commence à retirer ses vêtements. Puis, il se tortille dans tous les sens pour enfiler le maillot de bain, le tout assis. Car s'il devait faire cela debout, il aurait peur de glisser et de tomber. Il est suffisamment blessé ainsi, pas besoin d'en rajouter une couche. Une fois en tenue, il sort et rejoint la pièce que lui a indiqué la jeune femme. « Vous venez dans l'eau aussi ? Je pensais que j'aurais des ordres de l'extérieur. » Dit-il, surpris de la voir en maillot de bain elle aussi. Avec ses béquilles, il se rapproche prudemment du bord de la piscine. Si des personnes sont venues ici avant, il n'est pas impossible que de l'eau soit sur le sol. En béquilles, tous les trajets sont une aventure. « Est-ce que ça veut dire que vous serez plus gentille que d'habitude ? » Il sourit légèrement. Il sait bien qu'elle se contente de faire son métier, mais elle doit bien savoir que parfois ça fait mal.

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Venir ici est devenu son quotidien. Il préférerait être ailleurs, mais en même temps, il sait qu'il aurait pu être dans un pire état. Il aurait même pu ne plus être là. Et puis, il y a cette blonde, cette étudiante. Roman ne lui dira jamais en face, mais les séances avec elle sont sympa. Quand il voit les autres kinésithérapeutes, il se dit qu'il aurait pu tomber sur bien pire. Elle est jeune, elle essaye de faire de son mieux et pour ça, elle innove. « C'est le cas. » Une once de déception. Pourtant, le jeune homme va devoir faire avec. « J'ai simplement enfilé un maillot au cas où vous vous noyez. » Il s'arrête brusquement et la regarde. « C'est.. rassurant. » Il sait qu'elle rigole. Du moins, il l'espère. Mais qu'elle se méfie, cette phrase pourrait facilement se retourner contre elle au cours de la séance ou à la fin. « Je vais vous aider à aller dans l'eau. » C'est plutôt une bonne idée, Roman ne dit pas non. Même si dans le fond, ça lui fait bizarre. Il n'a pas l'habitude de dépendre de quelqu'un de la sorte. À vrai dire, il aime bien être indépendant, c'est bien pour cette raison qu'il a rapidement prit ses distances avec sa famille. « J'pensais être gentille. » La première fois qu'il l'a vu, c'est aussi ce qu'il s'est dit. Mais dès leur première séance ensemble, il avait déchanté. « Ce sont toutes les vertus de la rééducation en piscine. On fait plus d'efforts, mais la douleur est moins ressentie. Seulement, tout ce qu'on a pu faire avant reste essentiel. Nos séances ne seront pas toujours ici, désolée. » Diversifier les séances peut être une bonne chose, ça évite de toujours travailler la même chose. Et puis, même s'il souffre, Roman ne dira jamais non à des exercices. Il serrera les dents et prendra sur lui, c'est tout. Selon lui, la douleur est aussi significative de bonnes choses. Si ça fait mal, c'est que ça travaille, alors il ne peut pas complètement, voire pas du tout, en vouloir à la blonde. « Je vais essayer d'en profiter alors. » Dit-il, un sourire sur les lèvres. À mesure qu'ils échangeaient, ils étaient descendus dans la piscine. Puis Zola l'avait laissé seul. Machinalement, il faisait balancer ses bras dans l'eau, mais ne bougeait rien du reste de son corps. Il avait peur de faire une bêtise. « A présent, essayez de faire quelques pas. » Il la regarde, pensant qu'elle plaisante. « C'est quand même risqué de me faire marcher dans l'eau, alors que la dernière fois que j'ai essayé, je suis tombé. » Il ne va pas lui mentir, ça ne sert à rien. Et puis, elle aurait certainement fini par l'apprendre, d'une manière ou d'une autre. « En fait, vous m'avez amené ici pour que je me noie. » Roman n'est pas idiot. Il sait bien que s'il se noie, ça ne sera pas à cause d'une chute. Maintenant qu'il a donné son avis, même si cela était inutile, le pompier se concentre sur la tâche que sa kinésithérapeute lui a donnée. Marcher. C'est pourtant simple, ça fait plus de vingt-sept ans qu'il le fait. Et pourtant.. Même s'il se dit que la douleur est une bonne chose, il appréhende. Il sait que ça va faire mal et son côté sadique n'est visiblement pas assez élevé. « C'est bizarre d'avoir l'impression d'apprendre à marcher une deuxième fois. » Lâche-t-il, pour penser à autre chose et pour trouver le courage d'avancer un peu. D'une main, il agrippe le bord de la piscine et lance sa jambe saine en avant, laissant l'autre porter une partie de son poids, l'avantage de l'eau. Néanmoins, il grimace un peu. À ce mouvement, l'un de ses muscles s'est contracté à proximité de sa cicatrice. « D'où vous est venu cette passion pour faire souffrir les gens ? » Il soupire, mais ne baisse pas les bras. C'est ça le plus important.