l'histoire de ma vie
what doesn't kill you makes you stronger
mary, new york, vingt-six ans + C’est avec un énorme sourire aux lèvres que tu rentres dans ton appartement. Ryan, ton fiancé t’y attend et tu ne peux pas cacher l’excitation qui t’habite. Tu viens de trouver ta robe de mariée et rien ne te fait plus plaisir. La date du mariage approche et tu commençais à te demander si tu allais la trouver. Cependant, alors que tu ouvres la porte du loft que tu partages avec Ryan, des valises sont la première chose que tu vois dans l’entrée. Tu fronces les sourcils, Ryan ne t’a pas parlé d’un voyage quelconque qu’il devait prendre dans les jours à venir.
« Ryan ? » Demandas-tu dans le vide alors que tu commençais à sentir la panique t’envahir. Qu’est-ce qui se passait ? Ryan apparut alors avec une autre valise à la main, surpris. Surpris vraiment ?
« Mary ! Je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt. » Tu sentais que quelque chose clochait, que tu étais en train de participer à quelque chose qui allait te détruire.
« J’ai trouvé la robe, je n’ai pas eu besoin de chercher plus longtemps. » Dis-tu alors qu’il baissait les yeux et évitait de croiser ton regard.
« C’est quoi toutes ces valises Ryan ? » Cela faisait cinq ans que tu étais avec Ryan, il n’avait jamais été quelqu’un de discret ou de courageux.
« Je … Je peux pas rester Mary, je peux pas. » Tu le regardais surprise, ton regard rempli d’incompréhension.
« Mais pour… ? » Il ne te laissa pas terminer, il semblait que sa culpabilité se soit transformée en colère soudaine.
« Tu le savais que je voulais une grande famille, que j’avais besoin d’une grande famille et d’un fils. » Il insistait sur le besoin. Ryan venait d’une de ces anciennes familles où l’entreprise familiale se passait au fils aîné et où être sans enfant à vingt-six ans était une honte. Tu sentis les larmes te monter aux yeux.
« Ce n’est pas ma faute Ryan, tu le sais ce… » Encore une fois il ne te laissa pas finir, il te dit :
« Je suis allé à l’hôpital, j’ai fais le test, je suis parfaitement fertile. » C’était le coup de trop, le coup dur.
« Je m’occuperai de tout annuler mais je ne peux pas rester. » Tu sentais ton cœur se briser, tu n’arrivais juste pas à le croire tout simplement. Alors qu’il passait sa dernière valise derrière la porte, tu lui demandais :
« Tu m’as aimé au moins ? » Tu ne pouvais t’empêcher de le lui demander alors que les larmes coulaient sur tes joues. Tu avais envi de vomir.
« Oui mais des fois ce n’est pas assez. » Dit-il avant de refermer la porte sur cette histoire, sur tes espoirs. Il venait de te briser. Tu ne pouvais rester ici. Non … Tu suffoquais à New York, tu suffoquais sous cette pression sociale, ces rêves que tu ne pourras réaliser. Deux mois plus tard, tu déménageais à l’autre bout du monde, en Nouvelle Zélande.
mary, wellington, trente-cinq ans (juillet) + Tu ouvres les yeux et tout ce que tu vois c’est du blanc partout. Tu as toujours eu horreur du blanc, des hôpitaux depuis que ta grand-mère est morte d’une crise cardiaque à l’hôpital sous tes yeux. Tu évites d’y mettre les pieds et tu ne sais d’ailleurs pas comment tu es arrivée à l’hôpital. Tu étais en train de faire ton jogging, tu t’étais arrêtée parce que tu avais mal à la tête puis plus rien. Tu te redressais et la porte de ta chambre s’ouvrit.
« Madame Rosenberg ! Vous êtes réveillée comment vous vous sentez ? » Te demanda cette dernière avec un sourire sur les lèvres. Tu connaissais ce docteur, c’était ta gynécologue. Elle connaissait tous tes problèmes pour avoir des enfants et tu aimais la voir le moins possible.
« Pas trop mal je pense. Qu’est-ce que je fais ici ? » Demandas-tu la peur au ventre. Etre à l’hôpital n’était jamais une bonne nouvelle.
« Vous vous êtes évanouie et on vous a appelé une ambulance qui vous a amenée ici. Mes collègues ont fait plusieurs tests et je suis là pour vous donner les résultats. » Tu te contentais d’hocher la tête, rien de bon ne pouvait sortir de cette histoire, rien de bon ne sortait de ta famille dans un hôpital. La gynécologue prit place sur un fauteuil à tes côtés avant de dire :
« Je ne suis pas surprise que vous vous soyez évanouie. Vous êtes enceinte. » Elle te regardait anxieuse et tu te contentais d’éclater de rire. C’était une belle blague, tu devais l’avouer.
« Très drôle docteur, très drôle. Qu’est-ce que j’ai réellement ? » Lui demandas-tu avec un sourire amer sur les lèvres.
« Ce que je viens de vous dire. Vous êtes enceinte. J’ai fais vérifier les tests par tous mes collègues, ils sont formels. » Ton cœur manqua un battement. Quoi ? Non … Ce n’était pas possible … Et puis qui … Oh … Tu te souvenais de cette soirée avec ton ami à New York. C’était toujours des moments exceptionnels avec lui, des moments interdits aussi mais vous vous voyiez une fois par an de toute manière.
« Je dois vous prévenir cependant que cette grossesse sera à risque avec vos antécédents. Mais nous allons tout faire pour que cela se passe bien. » Dit-elle en te prenant la main. Elle était contente pour toi et cela te fit plaisir. Il n’y avait que toi pour apprécier cette joie. La solitude te pesait peu habituellement mais tu aurais aimé pouvoir le crier sur tous les toits. Tes amis seraient heureux pour toi certainement et désolés que tu te lances dans tout cela seule. Dans les jours qui suivirent, tu notais sur un carnet tous les conseils que les docteurs te donnaient et c’est à contre coeur que tu acceptais un arrêt pour ton travail de professeur que tu n’allais pas pouvoir mener à bien. Tu espérais que tes élèves comprendraient et cela ne t’empêchait pas d’aller les voir. Oui, tu étais heureuse tout simplement.
mary, wellington, trente-cinq ans (septembre)+ Demain c’est la rentrée … Une rentrée où tu ne seras pas devant les élèves. Mais une rentrée que tu passeras dans l’amphithéâtre cependant parce que tu ne pourras pas t’en empêcher. Tu t’es promis de veiller à ce que ton remplaçant soit parfait pour tes élèves le temps de ton absence. Tu ne veux pas qu’il soit comme toi, simplement qu’il soit un bon enseignant. Tu dois le rencontrer aujourd’hui et tu stresses un peu. C’est un journaliste, un journaliste qui a besoin d’un boulot, de faire autre chose quelques temps d’après ce que tu as compris. La situation pourrait être pire, ils auraient pu ne même pas embaucher un journaliste … Tu essayes de calmer tes nerfs et tu prends place derrière le bureau et devant ces dizaines de chaises vides. Tu es vite fatiguée ces derniers temps, tu as faim tout le temps et tu vomis tous les matins, un vie rêvée n’est-ce pas ? Alors que tu étais perdue dans ta rêverie, une voix te sortit de cette dernière :
« Madame Rosenberg ? » Tu tournais la tête pour découvrir un ancien élève qui avait obtenu son diplôme en juin. Un ancien élève que tu voulais envoyer au New York Times.
« Bonjour Benjamin. Comment vas-tu ? » Lui demandas-tu en lui indiquant de rentrer. Il était ton meilleur élément depuis son entrée dans ta classe quatre ans plus tôt.
« Très bien. En plein déménagement mais ça va. » Un sourire en coin apparut sur ton visage.
« Ils n’ont pas pu résister n’est-ce pas ? » Tu connaissais tes anciens collègues et amis, ils avaient été en classe avec toi, tu savais exactement ce qu’ils recherchaient tous les ans. Benjamin secoua la tête en riant.
« Non en effet. Je suis venu pour vous remercier. M’offrir cette opportunité c’est la chose la plus extraordinaire que l’on ait fait pour moi. Je vous ai apporté ça. » Dit-il en sortant un petit paquet de son sac. Touchée, tu ne tardais pas à l’ouvrir avant de tomber sur un petit doudou tellement mignon que tu en eus les larmes aux yeux.
« Vous allez être une super maman, c’est certain. » Te dit-il comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Tu ne pus résister, tu le pris dans tes bras en lui disant :
« Merci. » Des fois, cela suffisait. Alors que tu relâchais ton étreinte, tu entendis :
« Mary Rosenberg ? » Tu te retournais, quelques larmes toujours au coin des yeux pour te retrouver face à face avec celui qui devait être ton remplaçant.
« C’est moi. Je suis à vous dans quelques minutes. » Benjamin avait déjà repris son sac et tu lui dis avant qu’il ne parte :
« Bonne chance, donne-moi de tes nouvelles de temps en temps et profite à fond. » New York te manquait des fois, mais pas assez pour y retourner réellement. Retournant ton attention vers ton remplaçant, il te demanda :
« Vous faites cela avec tous vos élèves ? » Tu explosais de rire avant de dire :
« Benjamin n’est plus mon élève. Il venait m’annoncer qu’il a eu le poste au New York Times pour lequel je lui ai obtenu une interview. Il m’a remercié avec ce magnifique doudou. » Dis-tu en montrant le fameux doudou à l’homme devant toi. Clayton si tu t’en souvenais bien. Mais cette situation était ridicule …
« Je suis désolée, cela ne vous intéresse pas. Mary Rosenberg, enchantée. » Dis-tu en lui tendant la main.
« J’espère que vous ne le prendrez pas mal mais je serai là pour la première semaine. Je tiens énormément à mes élèves et j’aimerais vous aider si vous en avez besoin. » Dis-tu d’un trait comme ça c’était dit.
« Enchanté, Clayton O’Lachlan. Et vous devriez vous reposer d’après ce qu’on m’a dit. » Tu souris en disant :
« Ne vous en faites pas, vous écouter parler me reposera de mes monologues. » Dis-tu avec un clin d’œil. Oui, détendre l’atmosphère c’était toujours une bonne idée.