be careful, car accident ! no, angry woman (jamie)

be careful, car accident ! No, angry woman

JAMIE & SEAN

Métro, boulot, dodo. Ce cycle quotidien et perpétuel commençait à me faire devenir chèvre. Au commissariat, nul temps de m’ennuyer ni même de bayer avec toute la paperasse d'où l’impression que les jours se ressemblaient. De plus, il était rare que je quitte mes quatre murs à m’occuper ainsi des dossiers. Tel un oiseau en cage. Ça ne pouvait que me lasser. Je regrettais presque l’époque où je n’étais qu’un officier, chaque jour ne se ressemblait pas avec les interventions. Voilà comment me rendre nostalgique. Pour tout dire, depuis quelques temps, l’idée de quitter les forces de l’ordre pour me reconvertir dans un autre métier cogitait dans ma tête. Là où je pourrais faire autre chose que des papiers et travailler à l’intérieur comme en extérieur. Un métier manuel, pourquoi pas. Quelque chose n’ayant rien à voir avec mon travail actuel. Peut-être même où j’aurais plus de temps libre notamment pour passer un peu de temps avec ma fille. A croire qu’à sa naissance, une soudaine envie d’entreprendre s’était éveillée. D’abord, en décidant de devenir père alors qu’avant ça, je ne souhaitais pas élever un enfant. Puis, celle d’une reconversion professionnelle dans un tout autre domaine. Justement, le centre nautique recherchait un nouveau propriétaire. A tout hasard, à l’écoute d’une discussion, cette information avait atterri dans mes oreilles. Ça pouvait être une idée. Déjà, j’affectionne les sports nautiques et être mon propre patron m’intéressait bien pour pouvoir gérer mon temps comme bon me semble. Néanmoins, cela impliquait de nombreuses responsabilités. Cette idée restait dans un coin de ma tête, toutefois. Dans l’attente d’une reconversion, je continuais à suivre ma routine. Chaque début de journée commençait par mon café matinale. Chaque matin, avant de me rendre au travail, j’empruntais la même route et m’arrêtais au café pour me commander un latte macchiato, le même depuis plusieurs années et toujours au même endroit, un café non loin du commissariat, avant d’entamer une journée interminable de travail. Cette fois-ci, rien n’allait se passer comme prévu en cette matinée. Alors que j’arrivais dans la rue où se trouvait le café et cherchais après une place de stationnement libre, quelque chose m’avait surpris. De nulle part, une voiture sortait de stationnement, sans aucun clignotant pour prévenir. Forcément, la collision entre la voiture et la mienne s’était produite. Par instinct, je mettais la faute sur une femme à cause de leur fameuse conduite. Ceci ressortait quelque peu mon machisme. « Quelle conne ! Celle-là sait pas conduire non plus ... » A la suite de ces injures, je m’empressais de sortir de ma voiture pour lui toucher un mot sur cet accident. Comme je m’y attendais, le conducteur du véhicule était bel et bien une femme. Cependant, celle-ci ne passait pas pour une femme ordinaire puisque son physique m’attirait. D’où peut-être pourquoi, mon léger énervement s’était dissipé et un sourire s’était affiché au coin de mes lèvres. D’un côté, cet accident allait m’inciter à faire l’achat d’une voiture plus familiale avec l’arrivée de ma fille. En effet, je ne risquais pas de mettre une poussette dans le coffre de ma voiture de sport. A sa proximité, je lui demandais : « Vous n’avez rien ? » Ce discours aurait été surement différent avec quelqu’un d’autre.

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LISON & SEAN

Quinze ans. Voilà maintenant quinze ans que Lison conduit sans permis, qu’elle réclame à l’un de ses proches sa voiture le temps d’un trajet, en promettant toujours de la ramener en un seul morceau. Les raisons de cette infraction à la loi sont diverses et variées, changeantes au fur et à mesure que les années passent : parfois le manque d’argent, parfois le manque de temps. Mais ça peut aussi très bien être la peur de rouler par temps de pluie, ou un amour caché pour les transports en commun… jusqu’au jour où ils sont en grève. Bref, Lison profitait de la gentillesse de ses amis et de sa famille, gardait son précieux argent bien au chaud sur son compte en banque. Puis vint l’une des grandes frayeurs de sa vie, un contrôle de police à quelques kilomètres de la ville à cause duquel elle avait failli se faire dessus, mais auquel elle avait en fin de compte réussi à échapper.

Suite à ce grand moment de flippe, elle se décida finalement à passer son permis de conduire. Ce qui ne l’empêchait pas, mine de rien, de se déplacer en ville en dehors de ses séances : elle n’aurait peut-être pas dû. Ce jour là, elle partait déposer quelques affaires de plongée qui traînaient encore chez elle au centre. Elle avait grand-besoin de faire de la place avec la venue à mi-temps de sa nièce et son autre emploi qui, au fil du temps, devenait de plus en plus encombrant. Elle avait empruntée la voiture d’un ami, pêcheur de profession qui tenait un petit étal du côté de la plage. Sur son trajet, elle s’arrêta près du commissariat, un endroit qu’elle connaît bien, afin d’aller acheter quelques ramettes de papier. Elle reprit la voiture, tira le frein à main et démarra sur les chapeaux de roues, comme si elle était sur un circuit de rallye. Pas de chance pour elle, un autre chauffeur était à sa suite, et il percuta la voiture. Comme seule réaction, Lison resta bouche bée, terrifiée à l’idée d’avoir à établir un constat alors qu’elle n’a même pas de permis de conduire. Il faudrait ensuite réparer les frais de la voiture et subir les foudres des agents de police qui logent à à peine deux cents mètres d’ici. Puis elle vit l’autre chauffeur dans son rétroviseur, râlant dans son habitacle, et c’est ce qui redonna courage à Lison. Elle savait très bien qu’il était en train de l’insulter. Elle sortit de la voiture, claqua la portière derrière elle avant de s’apprêter à jurer comme un charretier. Puis elle se ravisa en voyant l’homme approcher et s’inquiéter de son état, avec un grand sourire. Ça y est, il avait réussi à la mettre hors d’elle.

- Dis donc gros connard, t’étais pas aussi souriant dans ta voiture ! Tu pouvais pas faire attention ?!

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JAMIE & SEAN

Quel homme ne s’est jamais pris pour un as du volant ? Aucun ! Du moins, peut-être ceux n’ayant pas de permis de conduire. D’autant plus, nous étions une majorité à pointer du doigt la conduite des femmes notamment lors d’accident de la route. Pourtant, les statistiques démontraient que les hommes étaient les principaux acteurs de ces accidents. Ce n’était pas pour autant que nous allions mettre notre fierté de côté. Pour nous, les hommes, la fierté passera avant tout. Ceci pouvait plaire à la gente féminine, d’ailleurs. Justement, l’une d’elle venait de me taper dans l’œil. Par contre, la situation était particulière pour pouvoir l’aborder puisque nous venions ensemble d’avoir un accident de la route. Certes, rien de grave, mais de quoi m’irriter en m’imaginant l’état de ma voiture. Au moment de ma sortie du véhicule, à la vue de la séduisante femme, mon énervement s’était dissipé et un autre visage s’était montré, forcément. Cela ne lui avait guère échappé. Dis donc gros connard, t’étais pas aussi souriant dans ta voiture ! Tu pouvais pas faire attention ?! Celle-ci se montrait grossière, toutefois il m’en fallait beaucoup plus pour me faire peur. D’un côté, les femmes avec du caractère se donnaient un certain charme. « Gros connard ? » répétais-je en levant les yeux au ciel avant de lâcher un léger ricanement, peut-être que le mot « gros » était en trop. « Charmant. » Aainsi, elle s’était décidée à me tutoyer déjà, autant continuer sur ce chemin. Le vouvoiement était juste là par ma formalité. Par fierté, je ne comptais pas me laisser faire. Bien sûr, tout en gardant un ton calme pour ne pas la brusquer, je lui répondais : « Si tu avais mis ton clignotant en sortant de stationnement, l’accident aurait surement été évité. » Aussi simple que ça. De plus, j’aurais pu la laisser tranquillement sortir de stationnement et récupérer sa place pour pouvoir aller chercher mon café matinale avant d’entamer ma journée de travail quotidienne. « Donc, si quelqu’un devait faire attention, c’est toi ! » concluais-je, au final. A voir si elle allait admettre son erreur, laisser tomber ou continuer à se prendre la tête. D’après mon ressenti, je la voyais mieux répliquer. Cela risquait de m’amuser quelque peu. Pendant quelques secondes, mon attention se portait sur ma voiture. « Du coup, ma voiture s’est pris un beau coup … » soufflais-je agacé par la situation en jetant un œil à la partie cabossée de ma voiture de luxe, puisque je tenais à cette voiture comme à la prunelle de mes yeux. Néanmoins, je n’en oubliais pas la charmante demoiselle et essayais de ne pas perdre mon sang-froid afin de rester courtois pour peut-être réussir à finir à l’inviter à boire un verre. Comment ? J’essayais d’y penser pour le moment, d'établir un plan. Si déjà je réussissais à avoir son nom malgré son comportement agressif. Cela risquait d’arriver, car il fallait établir un constat pour les assurances. « Heureusement, ça aurait pu être pire mais il va falloir établir un constat. » C’était la moindre des choses après un accident de voiture. Alors, une idée me traversait l'esprit pour l’inviter à boire un verre. Pourquoi ne pas mentir en prétendant n’avoir aucun constat et convenir d’un rendez-vous plus tard pour le remplir ensemble ? Il fallait encore qu’elle n’ait aucun formulaire de son côté également.

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LISON & SEAN

Et voilà, ça commence. Lorsque Lison se détestait intérieurement lorsqu’elle n’était pas déjà en train de maudire l’homme, tout sourire face à elle. Vraiment, quelle bonne idée de rallonger un parcours déjà risqué pour quelques ramettes de papiers qu’elle aurait pourtant pu trouver au coin de sa rue, comme elle le fait d’habitude. Elle avait pris quelques cours depuis sa dernière altercation, avait appris à se défendre, mais elle espérait tout de même que l’inconnu ne se mette pas en rogne au poing de venir lui taper dessus, faute de quoi elle n’aurait plus qu’à se réfugier dans l’habitacle de sa voiture en priant pour que quelqu’un vienne à son secours – un grand blond musclé de préférence. Mais non, il se contenta de relever le sale langage, l’impolitesse innée de Lison, toujours avec ce même air décontracté plutôt… déconcertant, en fait. Malheureusement, parler avec des gens calmes lorsqu’elle est elle-même énervée, c’est quelque chose qui a le don de frustrer Lison.

- Si tu avais mis ton clignotant en sortant de stationnement, l’accident aurait sûrement été évité.
- Gneu gneu gneu, et ta voiture, elle a passé le contrôle technique ? J’ai jamais vue une voiture de sport faire aussi peu de bruit, je t'ai pas entendu arriver.

Lison savait pertinemment qu’elle était en tort, et c’est pourquoi il était d’autant plus difficile – pour ne pas dire impossible – de s’assurer une défense. Elle écouta le brun calmement la sermonner en esquivant son regard pour ne pas faire grimper la colère, et s’essaya même à silencieusement l’imiter lorsqu’il s’intéressa à l’impact sur sa voiture. C’est à la façon dont il inspectait les dégâts qu’elle comprit qu’il allait vouloir établir un constat. C’est normal, tout le monde le ferait, mais elle avait quand même continué d’espérer jusque là que ce ne serait pas le cas. Alors elle aussi, elle fit mine de s’intéresser à la carrosserie de la sportive, les lèvres pincées.

- C’est vrai que c’est pas très beau à voir. Après, avec une voiture comme ça vous devez avoir du fric de côté, nan ? Réparer ça, ça va être comme aller acheter du pain.

Elle haussa les épaules, insolente qu’elle était. Puis elle ferma les yeux lorsque le brun affirma qu’il fallait maintenant établir un constat. Elle bondit pour se redresser, passa une main dans ses cheveux et pris un air un peu cruche qui ne lui allait pas du tout.

- On va quand même pas aller jusque là… hein ? On doit tous les deux être très occupés, je suis sûre que je trouverai un moyen de m’excuser. Un autre jour.

Elle ne savait même pas remplir un constat, de toute façons.

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JAMIE & SEAN

Après tout, cet événement n’était pas tant que ça à déplorer. Personne ne s’était fracturé quelque chose ou autre durant l’accident. Puis, cela m’avait permis de rencontrer une femme des plus séduisantes, bien qu’elle ne fût guère du genre à se laisser apprivoiser en faisant entendre sa vulgarité. Si elle croyait m’intimider avec des insultes, elle se trompait. Il m’en fallait plus pour avoir froid aux yeux. Par malchance, ma voiture de luxe se retrouvait quelque peu cabossée. A ce propos, celle-ci ne se gênait pas le moins du monde à s’en moquer. Ainsi, elle n’allait pas admettre son erreur. « Gneu gneu gneu, et ta voiture, elle a passé le contrôle technique ? J’ai jamais vue une voiture de sport faire aussi peu de bruit, je t'ai pas entendu arriver. » A ce moment-là, je ne pouvais m’empêcher de jeter un œil à sa voiture. Celle-ci devait avoir plusieurs milliers de kilomètres au compteur. Pourtant, je ne faisais aucune critique là dessus, préférant souffler puisque ses propos étaient sans queue ni tête. D’après elle, une voiture de luxe, dernier cri, ne pouvait pas passer le contrôle technique. Cependant, avec ma fierté, je ne souhaitais pas la laisser affirmer que le bruit de ma voiture était en cause dans cet accident. Quelle connerie. Il ne manquait plus qu’elle remette en faute ma conduite. « D’où pourquoi, le clignotant sert à quelque chose. A moins qu’il est en option sur ta voiture ? » répondais-je finalement avant de surenchérir en avouant qu’elle était la seule responsable de cet accident. Point barre ! Malgré ça, elle continuait de renier avec une attitude particulière, presque semblable à celle d’un enfant. Il fallait que je garde mon sang froid, surtout. Alors, préférant l’ignorer, je n’hésitais pas à prendre quelques secondes pour constater les dégâts sur ma voiture et faire une réflexion à ce sujet, de quoi lui tendre la perche pour continuer à me charrier. Ce dont elle ne tardait pas à faire : « C’est vrai que c’est pas très beau à voir. Après, avec une voiture comme ça vous devez avoir du fric de côté, nan ? Réparer ça, ça va être comme aller acheter du pain. » J'aurais dû la voir venir. « Qui te dit que j'ai pas fait un crédit pour l'acheter ? » répliquais-je. Sa réflexion me laissait perplexe, toutefois. Cherchait-elle encore à me rabaisser en prétextant que l’argent n’était pas un problème ou à l’inverse, me disait-elle ça afin de ne pas s’embêter avec la paperasse ? Peut-être même les deux propositions. Justement, je finissais par penser au constat. Soudain, une idée m’avait traversé l’esprit : pourquoi ne pas lui faire croire n’avoir aucun formulaire pour convenir un rendez-vous plus tard afin de pouvoir le remplir, peut-être autour d’un verre ? Même si le but était plutôt de la revoir et réussir à la séduire dans un contexte plus propice. Bien sûr, je n’en perdais pas le nord. Pour commencer, j’en venais au fait d’établir un constat à l’amiable pour que chacun puisse trouver son compte. A la suite de ça, l’inconnue prenait très vite un air niais. Cette attitude ne lui allait absolument pas, surtout après avoir été insolente auparavant. Que cherchait-elle à faire ? « On va quand même pas aller jusque là… hein ? On doit tous les deux être très occupés, je suis sûre que je trouverai un moyen de m’excuser. Un autre jour. » Forcément, je faisais mine de réfléchir bien que je savais déjà très bien ce que j’allais lui proposer. Selon moi, c’était le moment ou jamais d’arriver à mes fins. D’autant plus si elle m’aidait à y arriver. « C’est vrai, je dois aller bosser. » lui confiais-je en regardant ma montre. Pour être honnête, j’étais loin d’être en retard au travail, mais si cela pouvait me permettre d’arriver progressivement à mon but. Même si j’étais en retard, je faisais ce dont il me plaisait avec mes heures au vue de mon poste au commissariat, du moment que le travail était réalisé. « Pour le fait de s’excuser, pourquoi pas aller boire un verre ce vendredi soir alors ? » Aussitôt, je répliquais sans même attendre sa réponse : « En même temps, on pourra faire le constat, bien sûr. » D’ailleurs, je commençais même à me demander si elle était bien assurée avec sa voiture au vue de ses faits et gestes.

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LISON & SEAN

Ah, sale journée. Lison s’en rappellera et se demandera probablement pour tout le reste de sa vie comment elle a bien pu passer autant de temps à rouler sans permis, comment elle a pu se mettre en danger autant d’années, mais aussi à quel point elle a pu être chanceuse de ne pas avoir été contrôlée jusqu’à maintenant. Elle ne sait même pas si l’éthylotest est une vraie invention ou un mythe afin d’effrayer les conducteurs un peu portés sur la bouteille, et ne sais plus non plus si elle doit tutoyer ou vouvoyer son interlocuteur.

Pour l’instant, il lui faut réussir à s’extirper de cette situation : l’homme face à elle a réponse à tout, il démonte ses arguments en un temps record, ce qui est assez déconcertant pour une grande gueule comme Lison. Elle roule des yeux lorsque le brun insiste sur le fait qu’elle n’avait pas enclenchée son clignotant, ce qui est vrai pour le coup. S’il est en option ? Elle pouffe, balance le bras de manière insolente en regardant les gens passer sur le trottoir, sans trouver quoi que ce soit d’assez intelligent à répondre. Et puis, elle n’a pas très envie de s’excuser non plus, ce serait comme s’avouer vaincue et c’est ça qui mènerait directement à la mise en place d’un constat. C’est vrai, Lison est seule responsable de cet accident, et elle n’a vraiment plus aucune arme de défense pour se sortir de cette situation.

Interroger l’homme à propos de sa possible fortune ne marche même pas. La bêtise de la blonde continue encore de grandir, puisque comme il l’affirme, il aurait très bien pu faire un crédit pour cette voiture. Question bonne conscience, on repassera, merci. Elle se relève, passe une main dans ses cheveux en soufflant à l’idée d’avoir à passer par toute une avalanche administrative, puis, par conséquent, des déboires juridiques.  Dépassée par les événements, elle tenta une dernière manœuvre : se faire passer pour une cruche, une fille un peu gentille qui insiste pour régler ça un autre jour : ça ne lui convient pas, mais bizarrement, ça marche. Le résultat est même un peu étonnant, puisque l’inconnu l’invite à aller boire un verre, en précisant bien qu’ils en profiteront pour faire le constat, une fois là-bas. Plusieurs options s’offraient à Lison, et elle comptait bien étudier la question dans le détail. Peut-être que le cadre un peu plus posé permettrait de faire comprendre à l’autre conducteur qu’elle n’a pas le permis. Lison hocha vivement la tête, passa ses mains dans ses cheveux avant de souffler de soulagement.

- Merci. Va pour vendredi, attends.

Elle attrape un crayon dans son sac et arrache un bout de papier de son carnet de dessin, y note son numéro de téléphone, ainsi que la plaque d’immatriculation de son véhicule – ce qui n’est pas gênant puisqu’il n’était même pas à son nom – puis signe de son prénom, Lison. Puis elle tend le bout de papier à l’inconnu.

- Envoie-moi un message, je réponds pas aux appels inconnus. Il y a le numéro de plaque, pour que tu ne penses pas que je t’ai donné un mauvais numéro.

Après tout, il avait déjà probablement noté le numéro de plaque dans son palais mental.  

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JAMIE & SEAN

Quel spectacle. Chaque passant, de n’importe quel côté de la rue, pouvait nous apercevoir se chamailler à proximité de nos véhicules accidentés. Comment ne pas s’intéresser à la scène se livrant à eux, en même temps ? Une femme avec une facilité à injurier et un homme, moi-même, ayant du répondant. Deux forts caractères entrain de se tenir tête, tous deux jetant la faute sur l’autre. Bien sûr, j’aurais très bien pu me taire pour faire preuve de galanterie afin de l’amadouer plus facilement, mais ce n’était pas mon genre. Alors, je n’hésitais pas à lui répondre en évitant de la brusquer au risque de voir s’envoler mon idée de l’inviter à aller boire un verre. D’ailleurs, au vue des regards des passants, parfois insistants, cela ne plaisait guère à la principale concernée puisqu’elle leur répondait d’un geste insolent. De quoi me faire lâcher un léger ricanement face à ce comportement. Justement, l’inconnue finissait par adopter une toute autre attitude en prétextant vouloir s’excuser un autre jour. Bizarre, sachant que jusque là elle cherchait plutôt à avoir le dernier mot quitte à me faire reconnaitre que cet accident était de ma faute. Alors, que nous savions très bien qu’elle était la seule fautive, même si elle ne souhaitait guère l’avouer. Néanmoins, elle devenait calme et reconnaissait presque son erreur à l’entente de ses propos. A croire que quelque chose avait fini par la troubler. A ce moment, je voyais là l’occasion de prendre un verre avec la charmante inconnue. J’en oubliais vite mes interrogations concernant ce changement soudain d’attitude et lui proposais sans plus attendre un rendez-vous dans la semaine, vendredi soir. D’ailleurs, je n’hésitais pas à lui rappeler de rédiger le constat. « Merci. Va pour vendredi, attends. » Ce rappel n’avait nullement l’air de la chagriner. Ainsi, je concluais : « Parfait. » Il ne manquait plus qu’à attendre le bout de papier sur lequel elle avait l’air d’inscrire son numéro de portable ainsi que son prénom : Jamie. Dorénavant, la charmante inconnue n’était plus si inconnue que ça. « Envoie-moi un message, je réponds pas aux appels inconnus. Il y a le numéro de plaque, pour que tu ne penses pas que je t’ai donné un mauvais numéro. » Celle-ci me tendait alors le papier que je récupérais tout en m’apportant ces précisions. Malgré m’avoir spécifié qu’il ne s’agissait pas là d’un faux numéro, je restais plutôt méfiant et ne m'en cachais pas. « D’accord, je t’enverrai l’adresse où je t’attendrai vendredi soir. Vaut mieux que ce soit ton numéro et pas celui d’une autre personne. » Pour me montrer convaincant afin d’éviter d’être pris pour un pigeon, je lui spécifiais une chose. « Au pire, si tu me poses un lapin, je peux te retrouver facilement avec les informations que j’ai déjà, comme je suis flic. » Certaines personnes pouvaient être en admiration voire même avoir des fantasmes devant les forces de l’ordre, si cela pouvait me permettre de gagner en sex-appeal.  A l’inverse, d’autres pouvaient éprouver du dégout. Il fallait encore que celle-ci fasse partie des bonnes personnes. Dans tous les cas, je lui faisais une faveur pour me montrer à mon avantage. « D’ailleurs, je suis d’humeur, je vais t’éviter une amende pour le clignotant. » concluais-je avec un clin d’œil et un sourire au coin des lèvres.

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JAMIE & SEAN

Le visage de la blonde se décomposa en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Un flic ? Sans déconner, un putain de flic ? Ça doit être une journée spéciale aujourd’hui, même si elle aurait probablement dû se poser la question d’entrée de jeu, étant donné qu’elle venait d’exploser sa voiture à une centaine de mètres du commissariat et que l’homme était sensé se rendre au boulot. Il lui fallut quelques secondes pour digérer la nouvelle, réfléchir à une nouvelle stratégie et vérifier les cartes qu’il lui restait en main – probablement un deux de trèfles, ou une connerie dans le genre. Une bête idée lui traversa la tête, et elle se serait comme d’habitude contentée de la chasser si elle n’était pas autant soumise à la pression : et s’il bluffait ? Après tout, il avait été assez fair-play avec elle depuis le début, elle ne pouvait pas lui reprocher ça. C’est peut-être simplement une plaisanterie, une façon de lui faire comprendre qu’il aimerait vraiment pouvoir quand-même régler cette affaire, faire appel à l’assurance suite à quoi ils repartiraient tous deux sur leur chemin. Elle espérait que ce soit le cas, car si jamais il s’avérait être un vrai policier, il tomberait probablement des nues en s’intéressant à l’impressionnant casier judiciaire de Jamie. Et puis, elle détestait les flics, alors ça n’aurait rien arrangé.

Comme on dit, elle était vraiment le cul entre deux chaises. Sa détresse devait se voir à des kilomètres, ça devait être un sacré spectacle et une belle victoire pour l’inconnu de voir à quel point elle ne la ramenait plus maintenant qu’elle avait eue cette information. Véritable gentleman, il annula même l’amende qu’elle aurait normalement dû recevoir pour ne pas avoir activé son clignotant en sortant de son stationnement. Elle dirigea son regard vers celui-ci, passa une main dans ses cheveux avant de lâcher un rire hystérique.

- Vendredi, ce sera parfait.

Les mots sortirent tout seuls de sa bouche, et au fond, elle était assez satisfaite. C’était probablement la meilleure chose à faire, elle irait boire un verre ou deux, réglerait cette histoire de constat et puis repartirait sans demander son reste. Une soirée, ce n’est probablement pas ça qui allait la tuer – contrairement au fait qu’elle roule sans permis dans une voiture qui n’est pas la sienne. Elle s’assura d’avoir ses affaires sur elle avant de se diriger de nouveau vers son véhicule. Elle ouvrit la portière, posa la main sur le toit avant de se raviser. Son regard croisa de nouveau celui du policier, elle balbutia une question.

- Dis… Ça te déranges pas de la garer pour moi ? Je crois que je me sens plus trop d’attaque pour conduire, là.

Quelle froussarde aussi, quand elle veut.

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JAMIE & SEAN

Au bout du compte, l’effet désiré en lui dévoilant mon métier ne s’était pas produit. A l’inverse, au lieu de s’extasier, elle ne montrait aucune réaction. Celle-ci aurait très bien pu sourire en s’imaginant toutes sortes de choses peu catholiques, mais cette révélation semblait la troubler plus qu’autre chose au vue de son inactivité pendant quelques secondes. De quoi me faire comprendre que le policier avec son accoutrement n’était pas un de ses fantasmes. Dommage, ma chance de gagner en sex-appeal s’était envolée. Ainsi, je réfléchissais à un autre moyen de récupérer des points après notre altercation, autrement je ne risquais pas de partir sur de bonnes bases lors de notre rendez-vous que nous étions entrain de convenir. Très vite, une idée jaillissait dans mon esprit, celle de lui faire une fleur. Pour ça, je prétextais lui avoir évité une amende pour l’oubli de son clignotant en sortant de son stationnement. Aucun remerciement, plutôt un rire hystérique à la suite de mes propos. Autant m’en contenter, puisque l’affaire était conclue. Mon but d’avoir un rendez-vous avec cette charmante inconnue était atteint. Celle-ci me le confirmait bien. « Vendredi, ce sera parfait. » Ainsi, il ne me manquait plus qu’à m’assurer une réussite lors de cette soirée pour que nous finissions au lit après quelques verres. Il fallait espérer qu’elle se montre aussi docile et non hystérique comme elle l’était au départ. Même si la raison de ce rendez-vous était toute autre normalement, c'est-à-dire remplir le constat. Après ça, il était dorénavant temps de reprendre nos chemins respectifs. De mon côté, le travail m’attendait, à mon grand désespoir. Cependant, avant de nous quitter, la blonde avait une requête : « Dis… Ça te déranges pas de la garer pour moi ? Je crois que je me sens plus trop d’attaque pour conduire, là. » Forcément, je ne pouvais m’empêcher de pouffer de rire. Quelle idée. Même si je souhaitais l’amadouer dans un but précis, je n’étais pas du genre à jouer au chevalier servant non plus. Comme si réellement elle ne se sentait plus en forme pour reprendre le volant alors qu’elle avait prouvé le contraire au début de notre rencontre en se faisant entendre jusqu’à ce qu’elle se décide à se calmer soudainement. « Pourquoi ? Tu ne semblais pas aussi faible, au départ. » lui répondais-je avec un sourire au coin des lèvres. Certes, celle-ci s’était tout de suite montrée avec un fort caractère, alors je ne croyais pas une seule seconde à ses mots. D’ailleurs, je pensais avoir été clair sur mon métier, à croire qu’elle me prenait pour un voiturier ce dont je lui partageais : « Pis je pense avoir dit mon métier, je suis pas voiturier. » Suite à mes propos, je décidais de mettre un terme à cette conversation avant d’entendre une autre bêtise qui pourrait me faire rouler par terre, peut-être. « A vendredi, alors » A ce moment-là, je retournais à ma voiture légèrement cabossée sur le devant et reprenais ma route en direction du commissariat en oubliant de prendre mon café matinale, de quoi mal débuter ma journée au travail.