docteurs valentyne (avery)

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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docteurs valentyne
(avery & sacha)

Depuis mon retour à Island Bay, je redécouvre la ville. Je ne suis pas parti longtemps et pourtant, de nombreuses choses ont changé. Il faut dire que maintenant, je vois la ville sous un nouvel angle : j'ai été conçu ici. Island Bay est donc ma ville natale. C'est peut-être bizarre, mais je vois les choses autrement aujourd'hui. Peut-être parce que je pense aux choses que j'ai ratées. Néanmoins, ma mère n'y est pour rien. Elle aurait aimé rester ici, me faire grandir ici, mais elle a été priée de partir. Deux fois même. La première, elle n'a pas beaucoup résisté. Elle était faible face à cet homme, elle a pris ses affaires et elle est partie, sans rien demander de plus. Seulement, après avoir visité plusieurs pays d'Europe, sans jamais se sentir chez elle dans l'un d'entre eux, elle est rentrée en Nouvelle-Zélande. Au début, elle n'a rien dit, me laissant ainsi la chance de m'épanouir au lycée. Mais cela n'a pas duré et dans le fond, elle devait s'y attendre. Cette fois-ci, il a fait parler l'argent et forcément, ma mère n'a pas pu dire non. Elle m'a laissé finir les dernières semaines et nous avons refait nos valises. Un peu moins loin cette fois-ci, direction Auckland. Toutes les raisons de ces voyages, je ne les ai jamais connues. Ma mère n'a jamais été quelqu'un d'épanouie, pas totalement en tout cas. Elle a eu de nombreux enfants et pouvait faire la famille qu'elle désirait. Seulement, cet amour du passé, mon père, l'a toujours marqué. C'est peut-être cela qui l'a poussé à agir, à boire et se droguer au point de perdre la vie. Même si j'ai souvent eu tendance à rester distant, je l'aimais et son geste, ainsi que sa lettre, m'ont poussé à revenir ici. Néanmoins, quand j'ai essayé d'aller à la rencontre de mon père, je me suis pris un mur. Pas au sens propre, mais il était facile pour moi de comprendre qu'il ne me voulait pas dans les pâtes. Seulement, je n'ai pas cédé. Je suis juste parti, de devant chez lui, mais pas de la ville. Pourtant, il aurait aimé. J'aurais pu baisser les bras, mais j'ai fait plusieurs recherches et j'ai appris que j'avais une sœur ici, une demi-sœur plutôt. Une chirurgienne. Un point commun, futur point commun, qui a eu tendance à me faire sourire. Néanmoins j'ai eu peur de me faire jeter, une nouvelle fois, alors j'ai essayé d'aborder les choses différemment. Je ne suis pas venu chez elle, enfin si, mais je n'ai jamais eu le courage de cogner. Puis je l'ai vu à l'hôpital et ça m'a suffi. Je me suis dit qu'avant de lui dire la vérité, je ferais mieux d'apprendre à la connaître et à faire en sorte qu'elle aussi en apprenne plus sur moi. Ce n'est pas toujours facile, surtout que j'ai l'impression que c'est écrit sur mon front que nous sommes de la même famille. Aujourd'hui, je n'ai pas eu l'occasion de la voir. Il faut dire que je n'étais pas dans son service. Pour une fois, j'ai été assigné aux urgences. Cela ne me déplaît pas, mais je préfère la pédiatrie. Après plusieurs interventions à la suite, je ressens le besoin de me reposer un peu, de me mettre au calme surtout, alors je me dirige vers la salle de repos. En poussant la porte, je réalise que je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée. J'aurais cherché à le faire, je n'aurais pas pu. Me voilà seul, dans cette pièce, avec Avery, avec ma demi-sœur. « Je peux ? Je ne dérange pas. » Ce n'est pas chez elle ici, mais je préfère être poli. Qui sait, elle préfère peut-être être seule. « J'aurais pu aller manger à la cafétéria, mais il y a beaucoup de monde et j'ai besoin de calme. »

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Quand une opération se termine, Avery l’a en tête pendant quelques minutes après avoir retiré la protection sur sa blouse, ainsi que son masque et tout autre matériel qu’elle peut utiliser durant une intervention. Elle fait vraiment la coupure après être allée voir la famille de son mini patient, pour leur assurer que tout s’est bien déroulé. Parfois, ce ne sont pas forcément des bonnes nouvelles, et c’est assez délicat d’aller parler aux parents de l’enfant qui a été opéré. C’est le métier qui lui fait apprendre. Ce n’est pas évident, mais on s’adapte comme on peut. Une fois que l’adrénaline redescend, petit à petit, elle a besoin d’un certain calme. Elle a fait le tour de ses post-op après une de ses internes, pour s’assurer que tout va bien dans son service, avant de faire une pause. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle vient s’installer dans une des salles de repos de l’étage où se trouve le service pédiatrique. Elle s’empare de son téléphone dans sa blouse pour voir si elle a des nouvelles de sa fille, par le biais de sa nounou. Pour l’instant, non. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, dit-on. Une fois son plat chauffé dans le micro-onde, elle vient s’installer à une table et s’apprête à manger sa première bouchée quand la porte s’ouvre, laissant apparaître Sacha. Un interne qui travaille parfois dans son service. Ce dernier lui demande si il la dérange, et elle lui adresse un sourire. « Non, bien sûr. » Et même si c’était le cas, elle ne lui aurait surement rien dit. Elle aurait surement trouvé une excuse d’ici quelques minutes pour quitter la pièce. Avery n’a pas un fond mauvais, et ce n’est pas non plus de l’hypocrisie. Elle ne veut simplement pas blesser les personnes qui l’entourent. Sacha lui affirme qu’il avait besoin de calme, alors il s’était permis de venir dans la salle de repos pour avaler un truc. Elle lui adresse un sourire, surement parce qu’elle a eu la même idée que lui. A cette heure, la cafétéria de l’hôpital est bondée de monde. Que ce soit du personnel hospitalier, comme des membres de la famille des patients. « T’en fais pas. Quand c’est le chaos dans les couloirs, c’est bien d’avoir un endroit où on peut être au calme. » Avery ne pourrait rien lui reprocher puisqu’elle fait la même chose. Elle venait de passer plusieurs heures au bloc opératoire, alors elle ne dit pas non à un peu de calme. Sacha vient s’installer à ses côtés, à la table centrale de la pièce. Elle pousse les quelques affaires à elle présentes sur la table, parce qu’elle s’était tout de même bien étalée. Ce serait ridicule qu’il s’installe à une autre table. Après tout, ils sont collègues, ce ne sont pas des inconnus. Peu de temps après, elle le voit sortir un sandwich. Surement un du distributeur au bout du couloir. Il n’allait pas se nourrir avec un simple sandwich qui n’a pas forcément beaucoup de goût. « T’en veux ? J’ai eu un peu la main lourde en remplissant mon plat. » Elle n’était pas sûre de tout finir, alors autant en proposer à son collègue. Avery n’aime pas gaspiller. Encore moins un bon plat de lasagnes qu’elle avait préparée la veille. Rien de mieux que la nourriture maison plutôt qu’un sandwich du distributeur. Il faut dire que depuis qu’elle a repris le travail à temps partiel après son congés maternité, elle a plus de temps pour apporter son repas au travail. Sans même attendre la réponse de Sacha, Avery se lève de sa chaise, va fouiller dans un tiroir, et revient à la table en tendant une fourchette au jeune homme. « Je t’ai pas vu ce matin, t’es dans quel service ? » Ils ont eu l’occasion de faire quelques interventions ensemble, ces derniers temps. Et puisqu’il est interne, il peut être amené à être affecté dans un autre service, temporairement.

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Le hasard fait plutôt bien les choses. Alors que je ne pensais pas voir ma sœur aujourd’hui, étant dans un autre service que le sien, voilà que nous nous retrouvons tous les deux dans une même salle de repos. « Non, bien sûr. » J’avais peur de me faire rejeter. Avery a l’air gentille, mais nous ne sommes jamais à l’abri. Dans des moments comme celui-ci, où nous cherchons le calme, les résidents préfèrent sûrement se trouver n’importe où, mais pas avec des internes. Ils les ont déjà à longueur de journée sur le dos. « T’en fais pas. Quand c’est le chaos dans les couloirs, c’est bien d’avoir un endroit où on peut être au calme. » Dans un métier où nous courons beaucoup, ça fait du bien de pouvoir se poser un peu, de respirer et de se retirer de la tête les patients ou les interventions que nous avons eues avant. « T’en veux ? J’ai eu un peu la main lourde en remplissant mon plat. » C’est bien trop gentil de sa part. Pourtant, il est difficile de refuser. Mon regard oscille entre le sandwich que j’ai acheté quelques minutes avant d’entrer dans cette pièce et le plat de lasagnes qu’elle a devant elle. Au fond de moi, le choix est vite fait. Je serais forcément plus en forme avec ce qu’elle me propose. Plus en forme, mais en même temps plus lourd. Tant pis, le plaisir prendra le dessus. Pour mon sandwich, je peux toujours le mettre de côté, au frais, et le donner à un SDF à la sortie de l’hôpital. Avant même de lui donner le résultat de ma réflexion, la rouquine se lève et va chercher une fourchette. « Je t’ai pas vu ce matin, t’es dans quel service ? » « Merci beaucoup. » C’est la moindre des choses. « Je suis à la mine. » Un terme utilisé seulement à l'hôpital, utilisé pour désigner les urgences. En y réfléchissant bien, le lien entre les deux se fait plutôt bien. « Je préférerais être en pédiatrie, mais je n'ai pas vraiment eu le choix ce matin. » Quand nous sommes internes, nous sommes trimbalé d'un service à un autre, dans l'optique de découvrir le plus de choses possibles et aussi de nous permettre de commencer à réfléchir à ce que nous voudrions faire plus tard. La pédiatrie a toujours été dans un coin de ma tête. Depuis de nombreuses années, je suis entouré d'enfants, c'est peut-être pour ça. Je ne sais pas. Je n'ai jamais été très proche de mes frères et sœurs, ce n'est pas eux qui ont pu me donner le goût de la pédiatrie. C'est peut-être l'idée que j'en ai. Le fait de pouvoir sauver la vie d'enfants et de leur permettre de vivre encore longtemps. « Ça fait longtemps que tu travailles ici ? » Pour faire connaissance, il n'y a rien de mieux que de poser des questions basiques. D'entamer doucement la conversation et d'obtenir les informations petit à petit. Qui sait, peut-être que ça découlera naturellement sur des éléments un peu plus intimes. « Je suis encore considéré comme un petit nouveau ici, je me disais que tu pourrais me donner des petits conseils. » J'ai déjà eu l'occasion de vivre à Island Bay, ainsi qu'à Wellington. Mais c'était il y a quelques années maintenant et ce n'était pas dans l'hôpital, alors j'ignore tout de ce qui se passe ici.

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Elle voulait être au calme, pour manger un morceau. Avery s’était donc installée dans l’une des salles de repos de l’hôpital. Un interne entre dans la pièce et lui demande s’il peut rester avec elle. Bien entendu. Elle n’allait tout de même pas lui dire de partir, et de se trouver une autre salle de repos, puisqu’elle veut celle-ci rien que pour elle. Non, ce serait quand même déplacée de sa part d’agir ainsi avec un de ses collègues, même si ce n’est qu’un interne. Sacha. Elle le connait puisqu’ils ont pu travailler ensemble sur quelques cas, quand il se trouvait dans son service. C’est d’ailleurs parce qu’Avery le connait, qu’elle lui propose même de partager son plat de lasagnes. Elle en a pris trop, et elle n’aime pas gaspiller, alors autant lui en faire profiter. Ce sera toujours mieux, et plus nourrissant, que le sandwich qu’il a dans les mains. Et puis, finalement, Avery se dit que c’est plutôt une bonne chose que Sacha soit présent dans la pièce avec elle. C’est une bonne occasion pour discuter et faire connaissance avec l’interne. Parce qu’après tout, ils ne se connaissent que très peu. Pour commencer, elle lui demande dans quel service il travaille ce matin, puisqu’elle ne l’avait pas vu en pédiatrie. Pas qu’elle le surveille, mais elle l’avait vu plusieurs fois à son étage, alors bon. « Aïe. » Le mot est sorti tout seul, quand elle entend que Sacha est aux urgences. Un sourire se dessine sur son visage quand il lui avoue qu’il aurait aimé être en pédiatrie mais qu’il n’a pas eu le choix. « On a rarement le choix, au début. » Elle marque une légère pause, en profitant pour avaler une bouchée de son plat, avant de reporter son attention sur l’interne, et de reprendre la parole. « Tu veux te spécialiser en pédiatrie, du coup ? » C’est ce qu’elle avait cru comprendre mais elle préfère demander, histoire d’être sûre. Elle pourrait mal comprendre. Avant même qu’Avery n’ait le temps de lui poser une nouvelle question, Sacha prend les devants, en lui demandant si ça faisait longtemps qu’elle travaillait ici. Un sourire se dessine sur ses lèvres. « Un peu plus d’une dizaine d’années. J’ai commencé en bas de l’échelle, hein. Mais à force de volonté et de persévérance, on arrive au but. » Il ne faut pas oublier que lorsqu’elle a commencé à l’hôpital, elle n’était qu’une simple infirmière. Ce n’était pas suffisant pour elle, alors elle s’est formée pour devenir la chirurgienne qu’elle est aujourd’hui. « Et puis, faut dire que l’envie de travailler dans le monde médical est dans mes gênes. Mon grand-père était chef de chirurgie générale. On a ça dans le sang. » Elle lui adresse un nouveau sourire. C’est grâce à lui qu’elle a eu envie de travailler dans cet univers. Elle entendait ses histoires, et elle l’idolâtrait tellement. Sacha ne tarde pas à lui demander des conseils. « Pas de soucis. Ce serait avec plaisir. » Et ce sera plus simple s’ils travaillent ensemble sur certains cas pour qu’elle puisse lui donner des conseils. « Mais pour ça, faut que j’en sache plus sur toi. Raconte-moi ton histoire. » Il n’est pas obligé de lui donner tous les détails, bien entendu. Ils ne se connaissent pas donc elle se doute bien que Sacha ne va pas lui dévoiler toute sa vie, non plus. Mais elle souhaite avoir les grandes lignes, notamment pourquoi il a voulu se lancer dans une carrière comme celle-ci, ou bien connaitre ses motivations.

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Une journée à courir, c’est finalement une journée normale à l’hôpital. À force de travailler ici, nous prenons le rythme, mais nous ne disons jamais non à une petite pause. C’est bien pour cette raison que je compte de ce repas pour me ressourcer au maximum. « On a rarement le choix, au début. » Je ne peux m’empêcher de grimacer un peu à sa réflexion. C’est encore le début pour moi, c’est normal que les plus anciens aient plus de choix ou de droits que moi. Un jour, mon tour viendra. « Tu veux te spécialiser en pédiatrie, du coup ? » « J’aimerais bien oui. Mais c’est un service prisé. » Par les étudiants, mais aussi par les médecins. J’ai déjà eu l’occasion d’avoir plusieurs encadrants, je ne sais pas si c’est le cas partout dans cet hôpital. Désormais installé à côté d’Avery, je décide de prendre les choses en mains et de lancer la discussion. Pas sur un sujet bateau, sur la pluie et le beau temps ou quelque chose comme ça, mais sur elle. J’aimerais pouvoir en apprendre un peu plus. « Un peu plus d’une dizaine d’années. J’ai commencé en bas de l’échelle, hein. Mais à force de volonté et de persévérance, on arrive au but. » Sans travail, il n’y a pas de résultat. Visiblement un point commun que nous avons. « Et puis, faut dire que l’envie de travailler dans le monde médical est dans mes gênes. Mon grand-père était chef de chirurgie générale. On a ça dans le sang. » À ces mots, mon visage se crispe un peu. Son grand-père ? Le mien aussi alors ? Peut-être, tout dépend s’il s’agit de son grand-père paternel ou pas. Tout cela, je l’ignore et je trouve cela assez triste. Généralement, tu connais ta famille, tu partages des moments avec eux. Mais moi, j'ai été rejetée. « Pas de soucis. Ce serait avec plaisir. Mais pour ça, faut que j'en sache plus sur toi. Raconte-moi ton histoire. » « Mon histoire ? » Je ne sais pas vraiment quoi lui dire, s'il est préférable pour moi de raconter des bêtises ou alors de dire la vérité. La seconde option sera sûrement la meilleure, mais je ne suis pas obligé de tout lui dire. Sinon, notre relation qui ne fait que débuter risque de très vite se dégrader. « J'ai beaucoup voyagé, quand j'étais plus jeune en tout cas. Je suis né en Norvège, mais avec ma mère, nous sommes rapidement partis. Pour les Pays-Bas, puis pour venir ici et enfin pour aller à Auckland. » Pour les premiers voyages, je n'en ai que très peu de souvenirs. J'étais encore petit, je suivais le mouvement plus qu'autre chose. « J'ai appris que j'avais été conçu ici, alors je suis revenu. Pour avoir des réponses, sûrement. » Aujourd'hui, je ne suis plus sûr de rien. J'ai envie de connaître la vérité, de connaître ma famille, celle du côté de mon père. Mais quand je vois l'accueil qu'il m'a réservé et à quel point je suis peureux face à Avery, je me demande si c'est vraiment une bonne idée. « J'ai plusieurs frères et sœurs, tous plus petits que moi. C'est peut-être eux qui me poussent indirectement vers la pédiatrie. » Des demi-frères, des demi-sœurs, mais ce n'est qu'un détail ça. Inutile d'énoncer le fait que nous avons presque tous un père différent et surtout, que mon père est aussi celui de la rouquine.

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Il faut beaucoup de courage pour travailler au sein d’un hôpital. Ce n’est pas évident tout le temps. On est confronté aux familles qui sont dans l’attente d’avoir des nouvelles de leurs proches. Les interventions peuvent très bien se passer, tout comme cela peut être l’inverse. Il faut s’accrocher dans ce métier, et c’est ce qu’elle a fait durant toutes ses années pour obtenir le poste qu’elle a, actuellement. Elle s’est donnée à fond, et ses efforts ont payés. Pour faire la discussion, Avery demande à l’interne s’il veut se spécialiser en pédiatrie. Elle a pu travailler avec lui auparavant, et il semblait fortement intéressé par cette spécialisation. Sacha ne tarde pas à lui répondre que le service est tout de même prisé. Elle ne peut pas dire le contraire. « Il va falloir que tu fasses tes preuves, mais surtout que te démarques des autres. » C’est ce qu’elle avait fait, et ça a plutôt bien fonctionné. A voir si ça sera le cas aussi pour Sacha, ou non. Ce dernier veut en savoir plus sur le parcours de la rousse. Cette dernière se livre donc à lui, en lui avouant qu’elle avait commencée en bas de l’échelle, et que l’idée de travailler dans le monde médical lui vient de son grand-père, lui-même chirurgien. En échange de quelques confidences, elle souhaite en savoir plus sur lui. C’est donc au tour de Sacha de parler de lui, de ses motivations. C’est avec un sourire aux lèvres qu’elle l’écoute attentivement, tout en profitant de ce temps de calme pour continuer à manger dans son plat de lasagnes. « En effet, t’as bien bougé. Je t’envie, tu sais ? J’ai que très rarement quitté le pays. » Cela pourrait se compter sur les doigts d’une main, et encore. Le seul souvenir qui lui revient en tête par rapport à un voyage, ce serait pour sa lune de miel, donc ça date. Ah, mais c’est donc un néo-zélandais dans l’âme. Il n’est peut-être pas né au pays, mais ses racines sont ici. « Et t’es tombé sous le charme de la Nouvelle-Zélande alors t’as voulu rester ici. » Elle est native de ce pays, alors elle serait prête à tout pour le vendre aux étrangers. C’est son pays, ses racines. Elle ne quitterait son pays pour rien au monde. Et en plus il vient d’une famille nombreuse. Non mais elle va vraiment l’envier s’il continue à parler. « T’en as combien ? » La curiosité de la rousse prend le dessus. « J’ai pas eu cette chance. J’suis fille unique. C’est pas faute d’avoir emmerdé mes parents pour qu’ils me donnent un frère, ou une sœur. » Et elle leur a demandé plusieurs fois quand elle était enfant. Elle ne voulait pas être fille unique. Même si en soit, elle ne l’était pas vraiment, puisque ses parents avaient eu un autre enfant, avant elle, mais il est décédé à la naissance. Cela ne compte pas vraiment, et la jeune femme n’en parle pas vraiment avec ses parents. Un sourire se dessine sur son visage. Elle rebondit ensuite sur ce qu’il lui avait dit tout à l’heure, sur le fait qu’il était revenu là où il a été conçu pour obtenir des réponses. « Et tu les as eu, tes réponses ? » C’est souvent compliqué, comme situation. Parce que parfois les réponses ne sont pas celles que l’on attendait et on finit par être déçu. Elle espère que ça ne sera pas le cas pour Sacha, comme pour toute autre personne, d’ailleurs.

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« Il va falloir que tu fasses tes preuves, mais surtout que te démarques des autres. » Je suis déjà au courant de cela, même si dans le fond, le service n'est pas le seul combat auquel j'aurais à faire. Chaque minute passée dans cet hôpital est une épreuve. Seuls les plus courageux continuent. « En effet, t'as bien bougé. Je t'envie, tu sais ? J'ai que très rarement quitté le pays. » À la base, tous ces trajets n'étaient pas de ma volonté, j'ai suivi ma mère. Mais finalement, je ne me plains pas de tout ce que j'ai pu découvrir à l'étranger ou même à Auckland. « Je ne sais pas si je te serai d'une grande aide, mais si jamais tu veux visiter l'un de ces pays un jour, je pourrais te donner des conseils. » Un fin sourire se dessine sur mes lèvres. Lui donner des conseils, c'est l'une des choses que j'aimerais voir dans un possible relation frère-sœur. « Et t'es tombé sous le charme de la Nouvelle-Zélande alors t'as voulu rester ici. » En réalité, je ne sais pas si je terminerais ma vie ici. J'ai perdu ma mère, je me suis fait rejeter par mon père, je n'ai presque plus l'impression d'être chez moi ici. « T'en as combien ? » « Cinq. Mais ils ne sont pas ici, ils sont restés à Auckland. » Contrairement à moi, ils n'ont aucune raison de quitter la ville et surtout, ils sont bien trop jeunes pour le faire. Les plus vieux à la rigueur et encore. « J'ai pas eu cette chance. J'suis fille unique. C'est pas faute d'avoir emmerdé mes parents pour qu'ils me donnent un frère, ou une sœur. » Je ne m'attendais pas à ce que cela soit difficile à entendre et pourtant. La rouquine ne connaît pas toute la vérité à mon sujet, mais si le cas, est-ce que ça changerait beaucoup de choses ? Nous n'avons pas grandi ensemble, nous n'avons jamais rien partagé. Nous ne sommes pas une famille à proprement parlé et ça, notre père ne s'est pas gêné pour me le faire comprendre. « Et tu les as eu, tes réponses ? » Presque machinalement, je hausse les épaules. « Pas vraiment. Ça s'annonce plus compliqué que prévu. » Avant de revenir en ville, je m'étais imaginé des scènes plus heureuses. Je pensais même que peut-être mon père me prendrait dans ses bras, heureux de voir que j'avais bien grandi, malgré la distance qu'il y avait eue entre nous. Mais non, tous ces beaux scénarios n'étaient vrais que dans ma tête. « Mon père biologique n'a pas été ravi de me voir cogner à sa porte. Il m'a demandé de partir et de ne plus reprendre contact avec lui. » Comme il l'a fait avec ma mère, il y a maintenant vingt-trois ans de cela, puis il y a six ans. « J'essaye de garder la foi, de ne pas baisser les bras pour éventuellement tenter une nouvelle approche. » Elle, Avery. Je ne suis pas revenu à Island Bay pour baisser les bras à la première difficulté. Avec les copains de ma mère et leurs enfants, je ne me suis jamais vraiment senti chez moi. J'ai envie de tenter l'expérience et de savoir si les choses seront différentes ici. « J'ai cru comprendre qu'il n'y a pas si longtemps, tu étais en congé maternité. Tu as eu une petite fille ou un petit garçon ? Ou peut-être les deux ? » Changer de sujet, parler d'elle, ne pourra pas me faire de mal. Si je continue comme cela, je suis presque sûr que ma prochaine phrase sera : "je suis ton frère".

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Visiter d’autres pays, aller sur d’autres continents. Qui ne le rêve pas ? Si on lui pose la question, la rouquine pourrait dire qu’adolescente, c’était dans ses projets. Elle avait d’ailleurs une carte du monde dans sa chambre avec des endroits sélectionnés avec une flèche, endroits où elle voulait aller. Et puis, c’est passé un peu au second plan avec ses études de médecine. Elle qui voulait rendre fière son grand-père, elle s’est donnée à fond dans ses études pour réussir. Depuis le moment où elle a obtenue son diplôme et maintenant où elle discute avec Sacha, elle n’a pas vraiment pris le temps de visiter d’autres lieux, d’autres pays. Pourtant elle reste persuadée que des endroits magnifiques se trouvent dans le monde. Peut-être qu’elle prendra un peu plus le temps, d’ici quelques mois. Quand sa vie aura rencontré un autre tournant, et qu’elle n’aura pas de mal à laisser sa fille en garde chez son ex-mari, par exemple. « Je le note. » Sachant qu’ils ne se connaissent pas réellement, ce n’est pas sûr qu’elle viendra le voir pour qu’il lui donne des conseils si elle doit visiter un autre pays. Et puis, on ne peut pas vraiment dire que c’est à l’ordre du jour. Surtout vu sa situation actuelle. Mais, en tout cas, c’est sympa de sa part de le proposer. Discuter un peu de tout et de rien ne fait pas de mal, surtout avec une personne qu’elle ne connait pas. Certes, la rouquine a pu travailler avec lui auparavant sur certains cas, mais à part son prénom et qu’ils partagent la même couleur de cheveux, elle ne sait pas grand-chose de Sacha. Autant profiter de la pause où ils se retrouvent dans la même pièce pour apprendre à en savoir plus l’un sur l’autre. Oui, parce qu’il faut tout de même que ce soit dans les deux sens. Avery se doute bien que si elle lui pose des questions, il les lui retournera surement. Et ce n’est pas agréable de se dévoiler à quelqu’un si l’autre ne le fait pas en retour. Il lui avoue donc avoir cinq frères et sœurs, mais qu’ils ne vivent pas au même endroit que lui. « Ah. C’est pas évident la distance. » Bon après en avion, c’est rapide, mais c’est vrai que s’il doit prendre la voiture pour un repas de famille, il va passer une bonne partie de sa journée sur la route. « Et t’es proche d’eux, de tous ? » Oui parce que parfois, on peut avoir des préférences entre certains de ses frères et sœurs. Et peut-être qu’il n’est pas spécialement proche d’eux, non plus. La rouquine en vient à se confier, lui avouant qu’elle aurait avoir un frère ou une sœur, mais qu’elle est fille unique. Bon, en réalité, elle a eu un frère. Un ainé, mais ce dernier a eu un problème et il est décédé à la naissance. Elle n’a pas pu le connaitre et ses parents ne désirent pas en parler. Trop douloureux. Sacha a l’air d’être dans une situation délicate. Elle est curieuse, alors elle lui demande s’il a pu obtenir ses réponses. Il était revenu à Island Bay pour en avoir, alors peut-être qu’il les a eus. Ce serait une bonne chose pour lui. Mais malheureusement sa réponse ne tarde pas à arriver, et il lui dit que ça risque d’être compliqué, avant de lui avouer que son père biologique ne veut pas de lui dans sa vie. « Et il était au courant pour toi ? » Elle mange une autre bouchée de lasagnes, avant de reprendre la parole. « Parce que s’il n’était pas au courant, c’est compréhensible qu’il ne t’accueille pas de la bonne manière, mais s’il était au courant de ton existence, désolée, mais c’est un con. » A cet instant, la rouquine est bien loin de s’imaginer qu’elle vient de traiter son père de con. Oui, parce que ce qu’elle ne sait pas, c’est que Sacha est son demi-frère. Il continue en lui disant qu’il ne baisse pas les bras et qu’il risque de tenter une nouvelle approche. « Tu as bien raison de ne pas laisser tomber. Autant tout tenter pour avoir les réponses que tu souhaites. » Et comme s’il ne voulait plus parler de sa relation compliquée avec son père biologique, Sacha vient à lui parler d’elle. Un sourire se dessine sur ses lèvres, quand il parle de son enfant. « J’ai eu une petite fille. Elle s’appelle Camryn. Je pourrais te dire que c’est la plus belle des petites filles, mais j’serais pas objective. » Tous les parents aiment ses enfants et les trouvent beaux. « Bon c’est pas forcément évident avec mon travail. Heureusement que mon chef et ma nounou sont souples sur mes horaires. »

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Parler de mes frères et sœurs face à elle, cela est une sensation étrange. « Ah. C'est pas évident la distance. » Je hausse légèrement les épaules. Peut-être que je suis un monstre.. avec eux, cela ne me dérange pas vraiment. Il n'y a jamais eu de liens spéciaux entre eux et moi, que ce soit les plus grands ou les plus petits. Je me sentais peut-être différent des autres par mon histoire et naturellement, j'ai mis un mur entre nous. Comme l'avait fait l'homme, que je pensais être mon père, avec moi. « Et t'es proche d'eux, de tous ? » Maintenant qu'elle me pose la question, je ne peux pas vraiment y échapper. Même si face à elle, prononcer ces mots les rend tout de suite bizarre. « Pas vraiment. Ma famille est assez atypique et je n'ai jamais cherché à tisser des liens avec eux. » Pourtant, nous avons tous un point commun : nous avons tous la même mère. Mais pour les pères, c'est une autre histoire. Étant l'aîné, j'ai pleinement vécu cela, c'est peut-être aussi pour cela que je ne me sens pas frère avec eux. Mais dans ce cas, pourquoi voudrais-je qu'elle, Avery, soit ma sœur. Il s'agit de la même histoire avec elle, nous n'avons qu'un parent en commun, rien d'autres. Enfin si, le service pédiatrique, mais est-ce vraiment un élément important dans une relation fraternelle ? « Et il était au courant pour toi ? » Cette question me sort de mes pensées. « Parce que s'il n'était pas au courant, c'est compréhensible qu'il ne t'accueille pas de la bonne manière, mais s'il était au courant de ton existence, désolée, mais c'est un con. » De mon point de vue, cette conversation devient étrange, mais la jeune femme n'en a aucune idée, elle ne comprendrait pas pourquoi. Cet homme qu'elle insulte est son père et elle l'ignore. Elle m'insultera peut-être du même nom quand elle apprendra la vérité. Quand elle saura que depuis plusieurs mois, je savais qu'elle était ma sœur et que j'ai attendu pour lui dire. « C’est un con alors. Ma mère lui a dit quand elle est tombée enceinte et il lui a proposé de l’argent pour qu’elle quitte la ville. » Tout ce que je suis en train de dire sur son père, elle doit l’ignorer. Pour elle, il ne doit pas être cet homme sans cœur qui n’a pas hésité une seconde à proposer de l’argent contre le silence d’une femme. D’une femme qui avait bien trop peur pour lui refuser quoique ce soit. « Tu as bien raison de ne pas laisser tomber. Autant tout tenter pour avoir les réponses que tu souhaites. » Pendant un instant, ses paroles me donnent du courage. Je me vois déjà venir cogner chez elle après le boulot, pour lui dire toute la vérité, pour lui dire que je suis son frère. Mais lorsque je repose mon regard sur elle et qu’elle commence à me parler de sa famille, tout s’écroule. Je ne peux pas rentrer dans sa vie comme cela et mettre tout sans dessus-dessous. « J’ai eu une petite fille. Elle s’appelle Camryn. Je pourrais te dire que c’est la plus belle des petites filles, mais j’serais pas objective. » Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres. Elle n’a pas tort. Quand il est question de son propre enfant, tout est toujours parfait. « Bon c’est pas forcément évident avec mon travail. Heureusement que mon chef et ma nounou sont souples sur mes horaires. » « C’est un très joli prénom. » Dis-je en réaction avec sa première phrase. « Si tu es fille unique, toute ta famille doit être heureuse de voir un nouveau membre pointer le bout de son nez. » La famille, encore et toujours la famille. Il faut dire que j’ignore tout de celle-ci, alors forcément, indirectement, j’aimerais en savoir plus. Mais à force de poser des questions ou de faire des remarques à ce sujet, elle va trouver ça louche. J’essaye donc de détourner la conversation. « Tu as déjà pensé à arrêter ce travail ? Si c’est dans ton sang, tu as toujours su que tu voulais faire cela, non ? » C’est peut-être leur premier point commun, la raison qui fait que ce métier m’a toujours particulièrement attiré.

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crédit/ tumblr ✶ w/sacha hodgkin

Ah, la famille… Autant, chez certains, les membres d’une famille sont très fusionnels, et l’entente est très bonne au sein des membres du même clan. Pour d’autres, ce n’est pas la même chose. Comme quoi, ce n’est pas tout rose dans toutes les familles. Elle demande à Sacha s’il est proche de ses frères et de ses sœurs, ce à quoi le rouquin lui répond qu’il n’a pas véritablement chercher à tisser des liens avec eux. « Au moins, tu as des personnes sur qui tu peux compter. » On peut entendre une once de tristesse dans le timbre de sa voix, suite à cette remarque. Ils ne sont peut-être pas proches, mais au moins, il a plusieurs membres dans sa famille vers qui il peut se tourner en cas de coups durs. « J’ai pas vraiment cette chance… » Sa relation avec ses parents est compliquée depuis l’annonce de l’arrivée d’un bébé au sein de la famille. Celui de Sean, en plus. C’est surement ce qui a fait déborder le vase, d’ailleurs. C’était souvent tendu entre eux, dès que la conversation tournait sur l’ex-mari de leur fille. Ils ne le portaient pas dans leurs cœurs, c’est sûr. Alors le fait qu’elle attende un enfant de lui, alors que le divorce vient d’être prononcé, c’était inconcevable pour eux. Et même si elle évite le conflit avec ses parents depuis des années, elle n’a pas tenu face à ces nouvelles remarques. Elle aurait ce bébé, et elle l’élèverait seule. Sans père puisqu’il n’en veut pas, et sans grands-parents non plus. Et la rouquine, elle est butée. Ce n’est pas évident de la faire changer d’avis. Du moins, pas aussi facilement. Ils en viennent à parler du père de Sacha, qui ne veut pas de lui dans sa vie, apparemment. Tout ne peut pas être beau et rose sur tous les points. De nature curieuse, Avery lui pose des questions pour en savoir plus. Bien entendu, s’il ne veut pas répondre à ses questions, elle ne lui en voudra pas. Elle ne veut pas se montrer envahissante et sans gêne, par rapport à sa vie privée. Après tout, ils ne sont que des collègues, et ils se côtoient depuis peu. La rouquine, elle se permet de juger le père de Sacha, en le traitant de con, surtout s’il était au courant de son existence bien qu’il ne veuille pas entendre parler de lui. Il lui avoue en effet qu’il savait pour lui, et qu’il a proposé de l’argent à sa mère pour qu’elle quitte la ville avec son bébé. « Ah oui ? C’est honteux de faire ça, et surtout irrespectueux envers ta mère. » Elle ne regrette absolument pas ses propos quelques secondes auparavant, alors. « Il ne faut pas que tu baisses les bras, mais un conseil : il faut que tu le vois seulement comme ton géniteur, et pas comme ton père. » Il souffrira moins, en obtenant ses réponses. La conversation tourna ensuite vers sa fille. C’est à son tour d’avoir des questions auxquelles elle doit répondre. Elle esquisse un mince sourire, suite à sa remarque par rapport à sa famille qui doit être heureuse d’avoir un nouveau membre sur la liste. « C’est compliqué… Pour faire court, disons qu’elle n’aura pas beaucoup de liens avec ses grands-parents. » Elle ne veut pas lui imposer la mauvaise humeur de ses parents, qui lui rabâche constamment les erreurs de sa mère. Peut-être a-t-il remarqué qu’elle n’était pas à l’aise, alors Sacha tourne la conversation sur leur métier. Un nouveau sourire apparait sur ses lèvres. « Jamais. L’occasion de faire autre chose ne s’est pas encore présenté en tout cas. » Elle ne dit pas qu’elle travaillera tout le temps comme chirurgienne. Beaucoup de choses peuvent changer en quelques mois. La preuve, la voilà mère d’une petite fille. On ne sait pas de quoi est fait l’avenir, et même si elle peut être quelques fois une maniaque du contrôle, c’est bien de ne pas se poser trop de questions sur ce point. « Mon grand-père, le père de ma mère, était un chirurgien et il me parlait de ses opérations, depuis toute petite. Ça m’a intéressée et j’ai voulu suivre ses traces. C’était soit ça, soit travailler au restaurant de mes parents. Le choix a été vite fait. » Elle les aidait au restaurant, mais elle ne se voyait pas être serveuse toute sa vie non plus.

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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(avery & sacha)

Discuter de famille avec Avery, ce n'est peut-être pas la meilleure des idées. Je sais plus de choses qu'elle, en ce qui me concerne en tout cas et par conséquent sur son père. Seulement, ça semble plus fort que nous, comme si notre famille était ce qui nous définissait. « Au moins, tu as des personnes sur qui tu peux compter. J'ai pas vraiment cette chance… » À ces mots, je me sens coupable. Égoïste aussi, égoïste de ne jamais avoir profité de ce que j'avais, alors que d'autres personnes ne l'ont pas. Je le regretterais peut-être plus tard, quand il sera trop tard. Mais durant mon enfance, je ne voulais pas me forcer avec eux et au final, je ne l'ai jamais fait. « Ah oui ? C'est honteux de faire ça, et surtout irrespectueux envers ta mère. » Je ne peux m'empêcher de hocher la tête pour confirmer ses propos. Dans le fond, je crois que tout ce qui est arrivé par la suite a été causé par lui. C'est facile de tout lui mettre sur le dos, mais ma mère était amoureuse de lui, sûrement comme elle ne l'a jamais été avec un autre homme. Alors forcément, quand il lui a demandé de partir et de ne plus chercher à le rencontrer, elle s'est plongée dans une sorte de dépression. Je l'ai aidé à s'en sortir, en quelques sortes, ou du moins à garder la tête hors de l'eau. Elle a bien essayé de rencontrer d'autres hommes, mais personne n'a eu le même effet que lui sur elle, alors elle les a quittés, tous. Et elle a fini par se suicider, laissant ses démons du passé prendre le dessus sur le reste. « Il ne faut pas que tu baisses les bras, mais un conseil : il faut que tu le vois seulement comme ton géniteur, et pas comme ton père. » Ce serait sûrement plus facile, en effet. Mais j’ai raté tellement de choses durant mon enfance qu’au final, j’aurais aimé qu’il soit un père. Seulement, il y a bientôt vingt-trois ans à combler et s’il ne veut pas faire d’effort de son côté, ça va devenir compliqué de parler d’un père. Assez parlé de moi. Après avoir répondu à plusieurs questions, je me permets d’en poser à mon tour. « C’est compliqué… Pour faire court, disons qu’elle n’aura pas beaucoup de liens avec ses grands-parents. » Je grimace légèrement. Au final, je pourrais être surpris, mais je ne le suis pas. Je ne connais pas leurs histoires personnelles, c’est certain. Mais que notre père soit capable de se mettre à dos sa fille, c’est ça qui ne m’étonne pas. Il n’a peut-être pas la fibre paternelle ou alors, c’est simplement un con. Encore. « Je suis désolé. » Je n’y suis pour rien et pourtant, j’ai comme envie de la soutenir. J’aimerais lui dire que je suis là si elle en a besoin, mais pour elle, une telle phrase venant de moi pourrait paraître bizarre. Un presque inconnu qui lui propose de se confier, ça fait peur, non ? « Jamais. L’occasion de faire autre chose ne s’est pas encore présenté en tout cas. » Dit-elle en réponse à ma nouvelle question, à propos d'un sujet complètement différent. « Mon grand-père, le père de ma mère, était un chirurgien et il me parlait de ses opérations, depuis toute petite. Ça m'a intéressée et j'ai voulu suivre ses traces. C'était soit ça, soit travailler au restaurant de mes parents. Le choix a été vite fait. » Un peu plus tôt, j'ai pensé que ce grand-père serait aussi le mien, mais non. Il n'y a pas de point commun, il n'y a donc sûrement pas de médecine qui coule dans mes veines. Un mince sourire se dessine sur mes lèvres. Je ne venais pas ici dans le but de parler avec Avery et surtout pas de lui dire toute la vérité sur son père, sur moi, sur nous. Mais à mesure que les minutes passent, j'ai envie de lui parler, de lui faire comprendre tout ça. Ce n'est pas une bonne idée, j'en ai bien conscience. La meilleure des choses serait de partir avant qu'il ne soit trop tard et que je fasse un truc que je regretterais plus tard. « Je.. merci beaucoup d'avoir partagé ton repas avec moi, mais le devoir m'appelle. » Mon mensonge est gros, surtout que mon biper n'a émit aucun bruit. Mais tant pis. J'esquisse un sourire et me lève pour nettoyer les couverts que j'ai utilisés. Avant de quitter la pièce pour aller me cacher je ne sais où, je me retourne vers elle, toujours un sourire sur les lèvres. « À bientôt. »

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