Poker face feat Seean

Je n’étais plus aussi serein qu’auparavant, depuis mes retrouvailles inattendues et explosives, quelque peu, avec ma demi-soeur pour être exact. Quatorze ans, quatorze ans que nous nous n’étions pas vus jusqu’à ce moment au coin d’une rue, à la terrasse d’un café du centre-ville. Je n’aurais jamais cru la retrouver ici, même si ma belle-mère et mon père y vivent encore et qu’elle pourrait très bien leur rendre visite. Je pensais sincèrement qu’elle avait fait sa vie ailleurs. C’était le cas, mais elle a fini par revenir à cause d’un événement particulier. Je ne cessais donc de penser à elle dés cet instant, me hantant mes pensées chaque jour et me rendant le sommeil presque impossible chaque nuit. Il faut dire que les souvenirs du passé me ressurgissent, eux qui étaient bien cachés dans un coin de ma tête. J’essayais donc de me distraire l’esprit par différents moyens, le travail y était pour beaucoup ainsi qu’Avery dés que je rentrais du travail et que par chance elle ne travaillait pas. Toutefois, depuis quelques jours, Avery était de plus en plus distraite par quelque chose et fatiguée. De plus, elle n’était pas comme à son habitude, moins souriante et un appétit réduit. Je me demandais qui ou quoi la mettait dans cet état, mais je n’avais tergiversé bien longtemps mettant, comme la plupart du temps, la faute sur le travail. Nous ne passions presque plus de temps ensemble depuis. Ce soir-là d’ailleurs, au retour de son travail, je n’avais eu droit qu’à un simple baiser avant qu’elle s’empresse de rejoindre notre lit. Je devais ainsi, sans avoir eu le choix, apprécier ma propre compagnie. J’avais trouvé de quoi m’occuper. Certes, je ne m’étais pas cassé la tête, mais cela m’occuperait pendant un temps avant de surement la rejoindre. Je m’étais donc décidé à regarder un film d’action, posé dans mon canapé, bien que le film en question me donnait plus l’envie de somnoler qu’autre chose après quelques minutes. Pour vous dire, le bout de mon nez commençait dangereuse à piquer vers le ciel. Il était aux environs de vingt trois heures quand un bruit soudain venant de la rue, surement un klaxon de voiture, me fit sursauter. « Quel est l’abruti qui klaxonne à cette heure ?! » pensais-je, agacé d’entendre à plusieurs reprises ce bruit tout en me rappelant qu’Avery était couché. Je me dirigeais vers une fenêtre de mon salon afin d’apercevoir la voiture qui le libérait. Une voiture, de la même marque que la mienne, Aston Martin, avec les phares allumés et un individu à l’intérieur était justement stationnée devant l’appartement. J’allais lui toucher deux mots ! Ni une ni deux, j’avais pris ma veste qui trainait et enfilé une paire de chaussure avant de me dépêcher de sortir de l’appartement puis la résidence pour l’insulter. A sa portée, prêt à lui faire savoir ce que je pensais de son comportement, la vitre de la voiture s’était ouverte et une tête se lançait entrevoir, celle de Jackson ! « J'ai besoin d'un Robin se soir et je t'ai choisi. Tu n'as pas le choix je te kidnappe pour la nuit. » Heureusement pour lui, il venait d’éviter le pire. Par ailleurs, je remarquais qu’il était limite soûl. « J’ai une tête de Robin sérieux ? Personne ne me kidnappe ! » dis-je sur un ton sérieux, en me contenant de ne pas rire ou sourire. Je n’avais malheureusement pas réussi à me retenir, un sourire s’était dessiné par la suite sur mon visage. « Allez dépêche on a un programme chargé. » Mon regard s’était aussitôt dirigé vers l’appartement. Je pensais à Avery et à mon départ si je venais à suivre Jackson, mais elle était sans aucun doute entrain de dormir ou de retrouver son sommeil après ses klaxons. Curieux à l’idée de savoir ce que Jackson préparait, je me décidais à le suivre. Elle ne remarquerait probablement pas mon départ. « Ca marche, mais je suis Batman et, tu es Robin, c’est toi le plus jeune après tout ! Je conduis aussi ta voiture, t’es soûl ! Ne t’inquiètes pas, j’ai la même. » dis-je pour le rassurer s’il tient tout autant que moi à sa voiture. Je m’étais dirigé ensuite vers sa portière avant de lui ouvrir et de m’installer à sa place de conducteur. Jackson avait pris place à mes côtés en tant que passager « On va ou, Robin ? J'aimerais aussi savoir ce que tu mijotes ... » Le moteur étant déjà allumé, je commençais donc à prendre la route sans aucune direction définie pour le moment.

J’étais à deux doigts de passer mes nerfs sur Jackson qui était, selon moi, un inconnu se croyant tout seul sur terre, mais je m’étais tout de suite calmé en voyant sa tête. Je restais perplexe quand à son état ce soir. J’en avais très vite déduit néanmoins, qu’il était soûl, d’où pourquoi je lui avais proposé ou plutôt imposé que je prenne le volant. Je pourrais être dans une situation indélicate, concernant mon poste de commissaire, si on me surprenait avec Jackson, soûl, au volant. « Si tu veux, je m'en fiche du moment qu'à la fin j'obtiens ce que je veux, tu peux être batman. Je pourrais être le vengeur masqué ou autre, même si je n'ai pas de maque et je prépare une douce vengeance mon pote. Quand on attaque l'empire contre attaque. Ok tu n'as qu'à conduire. » Je me demandais bien ce qu’il me racontait là, mais il n’avait pas tardé à me déballer son sac après s’être installé dans la voiture à mes côtés. « Tu te rappelle du dernier endroit ou on a joué au poker? C'était dans cette grande baraque près de la plage, pas loin de chez moi bref. On a perdu ce soir-là. Et bien ce n'est pas la première fois que ça arrive. Je suis persuadé qu'ils trichent. J'ai encore perdu ce soir et je n'ai pas l'intention qu'on me prenne pour une poire alors ma vengeance sera terrible. J'espère qu'à Halloween tu faisais plus de farces que de chercher des friandises sinon c'est moi qui redeviens batman. » J’essayais donc de me rappeler notre dernier poker ensemble. Il est vrai que j’avais eu des doutes concernant le jeu de notre hôte lors de cette soirée. « Je m’en doutais … » Puis je pensais au sort que lui réservait Jackson. Après tout, il le méritait. Je déteste la tricherie. « Surement pas ! Je garde mon rôle de Batman. » dis-je avant de prendre la direction de cette maison située à South Bay. « On va s’amuser et en même temps il va le payer. J’ai perdu mon fric quand même ! » Nous étions arrivés à South Bay très peu de temps après. Je m’étais garé à quelques mètres de la maison pour éviter de nous faire prendre. De plus, il n’y a rien de plus voyant qu’une voiture de luxe. La nuit était par chance à notre avantage. Le moteur éteint, nous descendions de la voiture. Jackson s'était dirigé vers le coffre, je l'avais rejoint. « Tu caches un corps ? » dis-je sur le ton de l’humour.

« Nan je n'irais pas jusque là quand-même mais j'y cache plutôt ça, tadam.» Lorsque Jackson m’avait fait découvrir ce qu’il se cachait dans son coffre, je n’avais pu m’empêcher de lâcher un léger rire. J’avais discerné, l’un après l’autre, le parfait arsenal pour petits délinquants et enfin compris ce que Jackson élaborait. Pendant un instant, j’ai cru que Jackson préparait en avance son prochain Halloween, car malgré tout on approchait de ce fameux jour où les enfants comme certains adultes aiment se déguiser. Néanmoins, à l’inverse des grands, les petits apprécient sonner de porte en porte pour réclamer des bonbons et ainsi s’en empiffrer. Si jamais vous ne leur répondez pas lorsque qu’ils se pointent à votre porte, vous risquez d’attirer leurs foudres à coup de rouleaux de papier toilette et d’œufs justement. En fin de compte, Jackson avait juste envie de retrouver ses premiers souvenirs de ses âneries d’antan dans sa vengeance d’où pourquoi mon rire. J’étais loin de m’imaginer que Jackson est du genre dévergondé. « Tu m’étonnes Spieglman ! » Je l’ai toujours connu droit et sérieux, il faut dire que dans le poker mieux vaut se tenir de cette manière au risque de n’avoir aucune réflexion et de perdre tout son argent comme cela a été le cas pour moi dans ma dernière partie de poker. Je n’avais nullement manqué de réflexion, bien au contraire, mais j’avais réussi à perdre mon argent à cause de la tricherie comme me l’avait confié Jackson. D’où pourquoi, je m’étais décidé à suivre jusqu’au bout Jackson dans sa vengeance. « Alors tu es toujours partant? » Même si j’avais pensé à une toute autre façon de vengeance, beaucoup plus mesquine et surtout moins voyante, je n’avais réfléchi bien longtemps. « Ca marche ! Ca restera entre nous. » lui dis-je en lui faisant un clin d’œil. Je suis toujours partant pour m’amuser et encore plus pour faire des conneries, mais j’avais tout de même pensé un instant aux preuves qui allaient rester jusqu’à ce qu’elles soient découvertes le lendemain matin par ces abrutis. A la suite de mes paroles, Jackson avait aussitôt pris un rouleau de papier toilette, me laissant en quelque sorte le choix entre les œufs et les bombes de peinture. Le choix était difficile. N’arrivant pas à faire mon choix je glissais une bombe à peinture dans la poche arrière droite de mon pantalon, un rouleau de papier toilette dans celle de gauche et quelques œufs dans les poches avants de mon pantalon avant que Jackson me lançait un dernier rouleau de papier toilette pour terminer. « Je ne manquerais de rien ! Allons-y ! » Déterminé, nous nous dirigions vers la grande bâtisse qui nous avait déjà accueilli. Ces abrutis allaient voir de quel bois on se chauffe !  Pendant que Jackson s’occupait de décorer un grand arbre, j’escaladais la barrière entourant la propriété. N’étant guère souple, j’avais eu droit à une belle gamelle dans la pelouse après avoir franchie la barrière. Ce qui avait eu pour conséquence de casser les œufs dans mes poches. « Merde ! J’ai plus d’œufs … » dis-je à haute voix avant de me rappeler que je ne devais pas les réveiller. Je lui murmurais donc : « Je vais m’occuper de décorer leur façade, rejoins moi quand t’as terminé » Je me dirigeais donc vers la bâtisse en veillant que des chiens ne traînaient pas. Arrivée devant celle-ci, je commençais donc à la décorer !

Il est rare que je me prenne une gamelle. Ce soir-là, toutefois, le destin en avait décidé autrement. Celui-ci en voulait surement à ma fierté. D’autant plus que j’avais décrété à Jackson depuis notre rencontre que j’étais Batman. D’ailleurs, à l’époque où j’étais un petit garçon, je vouais un culte pour ce héros. A chaque parution d’un nouveau comic de Batman, je me ruais chez le libraire du coin avec mon argent de poche en petite monnaie pour l’obtenir et en connaitre un peu plus sur mon héros. Je me souviens même me cacher sous ma couette dans mon lit après l’heure du coucher avec une lampe de poche dans une main et mon comic de l’autre, car mes parents n’aimaient pas me voir lire à cette heure-ci. Je comprends pourquoi aujourd’hui. Je me suis toujours retrouvé en lui et encore plus aujourd’hui : mystérieux, indépendant, défenseur de la justice lutant contre la criminalité et ayant perdu ses proches. « Désolé mec, mais tu sais que Batman ne se serait jamais cassé la figure. » C’est vrai que Batman n’est pas du genre à faire des chutes encore moins la chute, aussi minable, que je venais de faire après avoir franchi la barrière ou alors on nous le cache dans les comics pour ne pas le décrédibiliser comme c’était mon cas. « Ca arrive à tout le monde, même Batman. On nous le cache c’est tout ! » dis-je en me relevant aussitôt et comme ci rien ne s’était passé. Je me dirigeais après cette gamelle mythique vers la bâtisse, au moins ça avait fait rire Jackson. Je comptais bien leur faire une belle décoration de guirlandes en papier toilette. Je commençais donc mon œuvre à l’aide de mon premier rouleau. Un morceau par ci et un autre par là. Mon premier rouleau s’était vite terminé, mais heureusement j’en avais un deuxième pour achever ce que j’avais commencé. Jackson m’avait rejoint un instant après avoir décoré l’arbre pour m’aider à terminer mon œuvre. « Ils vont être ravis en se réveillant demain matin.» Mon œuvre était donc devenu notre œuvre ; un vrai chef-d’œuvre quand nous en avions terminé. Jackson achevait notre vengeance avec les œufs. Celui-ci n’avait pas été malin en visant l’une des fenêtres. En effet, le bruit des œufs entrechoquant la vitre de la fenêtre n’était pas du tout discret. La preuve était qu’il avait fini par réveiller les propriétaires. Je n’avais pas eu le temps de sortir ma bombe de peinture de ma poche, Jackson m’avait fait comprendre par une tape sur mon épaule et un : « On se barre » de partir. « T’es pas malin ! » Encore une fois, Jackson n’avait pas été malin en laissant ses munitions au sol. Sachant bien qu’ils seraient des preuves si les propriétaires venaient à porter plainte, je les saisissais et les glissais dans mes poches pendant que Jackson prenait ses jambes à son cou. Je prenais le risque de me faire prendre, mais je ne voulais en aucun cas que mes collègues arrivent à me retrouver ou même avoir des soupçons. Après ça, je courais vers la barrière de la propriété et le plus rapidement possible pour rattraper mon retard sur Jackson. Il était déjà derrière la barrière quand j’avais atteint celle-ci. Quand je passais au dessus de celle-ci, je n’apercevais plus Jackson. Pendant un moment, j'ai eu des sueurs froides en croyant qu’il m’avait abandonné, mais après l’avoir franchie je le retrouvais au volant de sa voiture. « Allez grouille Batman. » Je terminais de courir les quelques mètres jusqu’à sa voiture avant d’ouvrir ma porte et de me jeter dans sa voiture. A peine j’étais assis que Jackson avait mis les gaz. Essoufflé, malgré que je sois sportif, je tente de lui dire : « A noter : faire un plan la prochaine fois ! » Je riais tout de même de notre vengeance après avoir repris mon souffle. « Maintenant, ramène-moi chez moi. J’ai une femme qui doit m’attendre si elle ne dort pas. » Immédiatement, Jackson s’exécutait et prenait le chemin de mon appartement. Devant mon appartement en question, je regardais à notre arrivée depuis la vitre de la voiture la fenêtre de notre chambre à Avery et moi. Heureusement, je ne voyais aucune lumière allumée. J’en déduisais donc qu’Avery dormait toujours. Je tournais ensuite mon regard vers Jackson. « On s’est bien amusé ! Bien sûr, cette histoire reste entre nous, mon poste de commissaire est tout de même en jeu ! Choisis bien tes adversaires de poker la prochaine fois et tu n’adresses plus la parole à ces idiots pour éviter qu’ils te soupçonnent. Merci pour cette soirée, bonne nuit Jackson. » Je tenais à lui faire rappeler que mon poste pouvait sauter à cause de cette affaire en repensant à mon comportement sachant que je suis commissaire. Une poignée de main et un dernier sourire avant de laisser Jackson et rejoindre la résidence devant laquelle nous nous étions arrêtés. Je retrouvais mon chez moi et ma femme dans notre lit comme ci cette fameuse soirée n’avait eu lieu.