keep calm and don't go swimming, don't have sex, don't go out... → rafa

On approche tout doucement de la période d’Halloween et c’est la première fois que Vesper ne le fête pas dans son pays. De plus, à peu près n’importe où ailleurs, ça n’aurait pas tellement posé de problème parce que les saisons seraient restées les mêmes et l’ambiance aurait tout de même été présente. Alors que là… Bon okay, au Texas non plus, il ne faisait jamais un temps hivernal mais quand même, tout n’était pas en fleur, les jours raccourcissaient au lieu de rallonger, bref, ça ressemblait quand même un tout petit peu à l’automne. Alors qu’ici… C’était l’arrivée du printemps. De quoi vous déboussoler complètement. Partant de là, la texane avait deux plans initialement prévus pour le week-end qui venait : s’enfermer dans sa maison après avoir fait suffisamment de réserves en bonbons, chips, pizzas surgelées, glaces et sodas pour être sûre de ne pas tomber à court et se mater autant de films d’horreur qu’il lui serait possible, affalée dans son canapé – peut-être même avec un petit pumpkin spice latte fait maison, pourquoi pas ? -, ou bien aller faire un tour. Je vous le donne en mille, ce fut la seconde option qui l’emporta. Notamment parce qu’elle pouvait le faire avec Rafael. Certes, l’autre aussi aurait pu fonctionner en duo mais bon, ils passeraient inévitablement le week-end l’un sur l’autre à cause du manque de place, si c’était le cas, et quelque chose lui disait qu’ils ne prêteraient du coup pas vraiment attention aux films qu’ils seraient censés regarder. Et ça serait quand même dommage.

C’est ainsi qu’ils avaient pris leurs sacs de couchage et puis la route, direction un camp de vacances en pleine forêt. Le genre de camp de vacances qui vous rappelle des bons souvenirs d’enfance. En tout cas, c’est ce qu’elle pense car on avait toujours besoin de bras au ranch alors ses vacances de petite fille, elle les a toutes passées à Abernathy et pas au camp Chippewa. Oh bien sûr, il ne s’agit pas non plus vraiment de ces camps que l’on voit dans Vendredi 13, pas d’enfants à l’horizon et techniquement, pas de moniteurs non plus, sinon ça ferait clairement bizarre qu’ils y aillent. Non, juste des vacanciers et des gens qui aiment la nature. De temps à autre, il arrivait à Vesper de faire son sac à dos et de partir au hasard pour se ressourcer ; c’est ainsi qu’elle était passée par l’Inde, le Japon, l’Argentine et le Maroc. Son but étant toujours de fuir les endroits trop touristiques, dans ces cas-là, évidemment. Mais vous pouvez le remarquer, il ne s’agit pas vraiment d’endroits boisés. Ce qui tombe bien, ça la changerait, donc.

Tandis que Rafa conduit, elle tripote le bouton de la radio jusqu’à ce qu’elle en trouve une qui ne grésille pas trop. Puis elle check rapidement son téléphone portable. A chaque fois qu’elle y jette un coup d’œil, il lui semble qu’il y a une barre de réseau en moins. Tant pis. Ou tant mieux ? Au moins ils ne seraient pas dérangés par un coup de fil extérieur. Puis ils arrivent enfin. Ce que, mine de rien, ils ont quand même fait pas mal de route. Ils suivent alors les panneaux menant à l’accueil pour se retrouver devant un gigantesque chalet. Apparemment c’est ça, l’accueil. La blonde sort ensuite de la voiture, ravie de pouvoir se dégourdir un peu les jambes et franchit la porte du chalet. Des gens vont et viennent à l’intérieur, certains assis devant une cheminée pas encore allumée, d’autres s’attardant devant des distributeurs d’à peu près tout ce qu’on peut imaginer. Elle s’avance donc vers la réception où se trouve une jeune fille avec un grand sourire figé qui se veut commercial.

« - Bienvenue ! Vous avez réservé ?
- Oui, au nom de Vane. »

La brune vérifie sur son registre et hoche la tête avant de se retourner pour décrocher un jeu de clefs d’un tableau et de les lui tendre.

« Vous avez le bungalow numéro 8. Derrière le chalet il y a les sanitaires, ici devant vous avez des distributeurs si besoin et si vous payez un supplément, vous pouvez aussi avoir la télévision. »

Vesper consulte Rafa du regard avant de finalement acquiescer. On sait jamais c’est le printemps, le temps est changeant. Ils règlent donc la note avant de remonter en voiture et de chercher le bungalow numéro 8. Qui se trouve bien entendu à l’autre bout du camp sinon quel intérêt ? Elle le laisse ouvrir la porte et fait très rapidement le tour du propriétaire étant donné que c’est tout petit. Encore plus petit que chez elle, pour le coup. Ce qui n’est pas bien grave puisqu’ils n’ont pas l’intention de rester enfermés pendant deux jours. Pas de toilettes évidemment mais un micro-ondes, c’est déjà ça. Et la télé ! Un très vieil écran accompagné d’un magnétoscope. Elle les désigne tous deux à Rafa.

« Regarde ça, comment replonger dans les années 90 en une fraction de seconde. »

En route vers le camp Blackwood, oui, ça ne donne pas très envie comme nom, déjà, parce qu'on pourrait déjà utiliser ce nom dans n'importe quel film d'horreur, mais oui, je vous vois venir, les films ne reflètent pas nécessairement la réalité, enfin, c'est ce qu'on a envie de croire, parce que parfois, oui, d'où les films vécus. Blackwood est quand même l'endroit le plus proche tout en étant éloigné d'Island Bay, autant dire qu'ils n'allaient pas non plus voyager à l'autre bout pour quelques jours de repos dans un camp pour adultes, et j'entends par adultes, que normalement, il ne devrait pas y avoir d'enfants, du moins, il l'espère, parce qu'il a envie de passer du bon temps avec Vesper et peut-être se détendre par la même occasion. Ils vont peut-être faire de longues marches et participer à un concours d'arc à flèches, il a regardé sur leur site web et l'endroit propose plusieurs activités pour se divertir comme il se doit. Ils font plusieurs kilomètres avant d'atterrir à destination, il n'avait pas fait de camping à l'état sauvage depuis un moment, certes, il avait été dans les montagnes avec Nathan et cela avait été vraiment bizarre, ils avaient mangé des champignons hallucinogènes, Oui, certes, ils ne vont pas dormir dans une tente, mais quand même, l'ambiance y sera, ils pourront manger des marshmallows et se raconter des histoires, peut-être socialiser avec les autres, ou pas. Rafael est bien content d'être là, surtout en sa compagnie. Il entre à l'intérieur du chalet, il observe les gens alentour de lui, puis le distributeur, c'est sûr que là, ça ne fait pas très camping-forêt, mais pourquoi pas. Il hausse légèrement les épaules concernant la télévision, on ne sait jamais, s'il se met à pleuvoir comme à Crystal Lake, ça va être utile pour pouvoir passer le temps à l'intérieur. Concernant les toilettes, c'est bien plus pratique d'être un homme, enfin, sauf pour le numéro deux, mais ça, on va éviter d'y penser.

Donc, après avoir reçu les clés de leur bungalow, ils s'enfoncent un peu plus dans le boisé pour enfin arriver à l'endroit où ils vont dormir. Rafa dépose les valises après avoir ouvert la porte du mini chalet eh ouais, ça change de la grande maison qu'il habite sur le bord de la plage, mais il ne fait pas son difficile, ils seront plus à l'extérieur qu'à l'intérieur et c'est tant mieux, enfin, il y a quand même une étrange odeur, il s'empresse donc d'ouvrir une fenêtre pour faire airer le tout. « Eh ben, ça ne fait pas rajeunir hein ! » Il fait un mini-tour, ce qui est vite fait en quelques secondes à peine, il s'arrête tout de même devant un vieux bouquin, style le livre de la mort du film Evil Dead. « Je crois qu'il y avait des satanistes qui vivaient ici avant nous. » Qu'il dit en plaisantant et en lui montrant le bouquin, qui s'avère à être du charabia ou il ne sait quoi. Il se jette pratiquement sur le lit qui fait un putain de craquement. « Merde, je l'ai cassé, vite tirons-nous d'ici avant qu'il ne soit trop tard ! » Il pouffe de rire, il vient même entraîner Vesper avec lui, il vient poser ses lèvres sur les siennes pour un tendre baiser.

Un magnétoscope et des cassettes ? Non, c’est clair que ça ne fait pas rajeunir ? Même si la blonde espère néanmoins qu’on ne reviendra jamais à ça. C’était bien oui, pour l’époque et même si la VHS confère une certaine nostalgie, faut pas oublier comme c’était chiant d’avoir à rembobiner pour ne pas abîmer la bande ou encore de devoir programmer son magnétoscope pour qu’il commence à enregistrer à partir d’une telle heure alors que le film commençait avec cinq à dix minutes de retard, ce qui faisait qu’on devait passer toutes les publicités avant ou l’inverse, si on voulait prévoir ça, le film commençait contre toute attente à l’heure indiquée et il vous manquait alors les dix premières minutes. Quand elle y pense, Vesper est certaine qu’il y a des tas de films dont elle n’a sûrement jamais vu le début à cause de ça. Sans parler de la qualité plutôt médiocre. Bref, oui au retour des vinyles, non à celui des cassettes, voilà. La texane hoche la tête, le sourire aux lèvres.

« Tu crois que ça fonctionne toujours de toute façon ? J’veux pas dire mais ça a quand même une durée de vie drôlement limitée ces machins. »

De toute manière, si ça se trouve, ils n’auront même pas l’occasion de s’en servir de tout le week-end. Puis Rafa attire son attention sur une espèce de vieux bouquin pas si poussiéreux que ça qui doit encore plus dater que le magnétoscope et tout ce qui va avec. Il plaisante sur son appartenance à un groupe de satanistes, ce qui la fait d’ailleurs bien rire, mais en le feuilletant rapidement, elle se rend compte que ça ressemble à s’y méprendre à un truc d’occultisme alors on n’est pas si loin que ça de la réalité.

« Dans le doute, on va s’abstenir d’en lire des passages à haute voix, hein, babe ? Oh, j’ai une idée. »

Au lieu de le reposer là où elle l’a trouvé, elle l’embarque dans le minuscule espace cuisine et l’enferme dans le congélateur. Voilà, là, ils ne seraient même pas tentés. Puis elle revient juste à temps pour voir Rafa se jeter sur le lit qui, visiblement, ne l’avait pas prévu et craque un bon coup. Oups. La blonde se met à rire tandis qu’il parle de prendre la fuite avant qu’il ne soit trop tard.

« Oh tu sais, on peut toujours prétendre que le sommier a rendu l’âme sous le feu de nos ébats. C’est peut-être plus classe, qu’est-ce que t’en dis ? »

Elle blague évidemment, ça serait sûrement très gênant si c’était le cas. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de se laisser entraîner sur le lit tandis que Rafa la fait taire d’un baiser. Une chose est sûre : le week-end commence bien.

Il n'y a qu'une seule façon de savoir si tout fonctionne encore, mais bon, ils ne sont pas là pour se taper un netflix and chill, de toute façon, il n'y a aucune chance que Netflix passe là-dessus et qu'il trouve une cassette potable à regarder durant le week-end. Il espère pouvoir profiter de la campagne avant un retour à la ville, avec la pollution et les voitures qui circulent d'un côté et de l'autre. Oui, il a toujours été un gars de campagne, qui aime la tranquillité, surtout depuis son retour à la réalité, depuis qu'il a quitté l'armée, parce que là-bas, il n'y a rien de comparable à ici, parce que c'est la guerre, certes, mais les conditions ne sont pas favorables au repos. D'ailleurs, depuis son retour, il manque de sommeil et ses insomnies persistantes toujours. Quoi qu'il en soit, il hausse les épaules, il faudrait tester si jamais la pluie s'y met, il espère bien que non. Il découvre ensuite un vieux bouquin à la Evil Dead, mais on se rend vite compte qu'il n'y est pas possible d'y évoquer un démon, enfin, il ne va même pas prendre le risque de le faire, si c'est pour finir avec une partie de bras en moins et avec des démons à sa poursuite, ça ira comme ça. « Si jamais tu trouves un fusil à canon et une tronçonneuse, fais-moi signe, on ne va pas prendre le risque. » Qu'il dit pour plaisanter bien sûr, parce que ça serait bizarre de se promener avec un fusil en plein camping. Il la regarde faire et il se met à rire, ouais, c'est pas mal, pourvu que ça reste là. Rafa termine sa course dans le lit qui se met à faire un bruit sourd, un craquement qui indiquerait qu'il n'est plus en état d'offrir une bonne nuit de sommeil, merde à eux, ils vont devoir se taper un matelas merdique. « Et bien sûr, je te dirais que c'est ta faute. » Il termine cette phrase par un baiser, posant doucement sa main sur sa joue. Peut-être que finalement, ils vont pouvoir sortir cette excuse de débat si jamais on leur pose la question concernant le lit. Il recule légèrement la tête en lui souriant. « En tout cas, pas question de concevoir nos enfants là-dedans. »

Mince alors, si elle avait su, Vesper aurait emporté son Smith&Wesson – à défaut de pouvoir manier un Desert Eagle, il avait fallu revoir plus petit mais c’était quand même déjà pas si mal – avec elle ! Bon après, c’est sûr que l’odeur de la poudre ne vaudrait jamais celle de l’essence qui fait fonctionner une tronçonneuse mais, à moins qu’un bûcheron ait oublié la sienne non loin d’ici pendant sa pause déjeuner, elle doutait quand même sérieusement d’en trouver une dans la remise de ce camp. La blonde émit un petit rire moqueur.

« Tu parles. Avec la chance qu’on s’paye, on ne trouverait qu’une vieille hache à la lame émoussée et on parviendrait encore à se couper avec et à choper le tétanos. »

Encore que, de son côté, elle était vaccinée contre. Après tout, ça fait très clairement partie des risques de son métier, mieux vaut donc être prévoyant. Et mieux vaut également qu’ils se tiennent aussi éloignés que possible de toute arme, s’ils ne veulent pas finir ce week-end aux urgences, sans doute. A la rigueur, ils peuvent s’essayer au tir à l’arc, ça oui. Ou même au lancer de fer à cheval, c’est sans trop de risques. Si on écarte celui de l’envoyer malencontreusement dans la face du voisin, évidemment.

Bref, puisqu’elle vient de ranger le fameux bouquin bien à l’abri au fond du congélateur, plus la peine de s’en faire. En revanche, ils peuvent s’en faire un peu pour le sommier. Sans doute que d’autres avant eux y sont allés un peu fort avec lui et qu’il a décidé de lâcher l’affaire ? Perspective assez dérangeante s’il en est que Vesper préfère chasser bien vite de sa tête pour se concentrer sur Rafa qui lui répond qu’il s’empresserait de rejeter la faute sur elle. Ben tiens, comme c’est pratique. L’idée de répondre lui effleure bien l’esprit, comme quoi ça ne lui fait pas peur d’assumer l’entière responsabilité à elle, parce qu’elle est un bonhomme ou une connerie de ce genre mais il ne lui en laisse pas le temps en la coupant d’un baiser. Et elle ne proteste pas, bien sûr. Que du contraire. Il évoque ensuite leurs très hypothétiques futurs enfants. Qu’ils ne concevraient pas dans ce lit. Ouais, ça serait pas mal craignos comme anecdote à leur raconter plus tard. Si enfants il y avait. C’est vrai que c’est pas mal sérieux entre eux mais… oh, elle ne se met pas la pression de toute façon, s’il devait y en avoir alors il y en aurait. Sinon tant pis.

« Ah, promis, on fera attention. »

Oui, enfin tant que ça ne voulait pas dire faire abstinence tout le week-end parce que sinon, elle aurait tôt d’y mettre un terme, vous pouvez me croire. Mais bon, ça fait des années qu’elle fait attention et ça lui a bien réussi jusqu’ici. La texane s’extirpe ensuite du lit et tend la main à Rafa.
« On va se sociabiliser un peu ? »
Et peut-être en profiter pour aller voir ces fameux sanitaires parce que s’ils sont comme n’importe où ailleurs, alors la nature c’est tout aussi bien.

Rafael se met à rire à son tour, il est vrai qu'ils n'ont pas beaucoup de chance, mais hey, ils s'en sortent plutôt bien quand même, non ? Ils sont toujours vivants et personne n'a été grièvement blessé, bon, Rafa s'est pris un poteau en pleine tronche, mais pas de commotion, c'est déjà ça, en plus, personne ne pourra dire qu'il n'y a aucune action, entre le sous-sol d'un bar louche et la bataille générale au Texas, qui sait ce qui va se passer dans les prochains jours. En tout cas, il est presque certain que s'ils devaient trouver une hache, ça serait par chance et encore, comme elle vient de le mentionner, la lame serait sûrement émoussée et sans aucune utilité, même si recevoir un coup de cette arme, ça ne doit pas être très agréable. Il n'a pas envie d'y penser, parce qu'il suppose que congeler le livre devrait être suffisant, sauf s'il est vivant et qu'il se met à les obliger à lire des passages dans une langue morte ou inventée, ils devraient passer une belle fin de semaine sans ça. Bref, ils sont à l'abri de ses conneries, parce qu'il n'y a aucune preuve que ça va se produire et parce qu'ils ne sont pas dans un monde imaginaire non plus, quoi que ça pourrait être marrant de vivre ce genre d'action, enfin, ou pas, quand on connaît les films de la franchise Evil Dead, presque tout le monde y passe sauf Ash, ça va de soi, c'est le héros. Quoi qu'il en soit, après l'épisode du lit et des enfants, ils décident de sortir pour faire connaissance avec les autres. Rafael ignore s'il veut des enfants, enfin, disons qu'il préfère que ça soit naturel, si cela adonne tant mieux, sinon tant pis hein et il n'a pas envie de se lancer sur ce sujet, à vrai dire, c'est quelque chose qu'il ne souhaite pas prévoir, du coup, c'est pour cela qu'il n'ajoute rien. Il attrape sa main pour se relever et il hoche la tête, il sort du bungalow. « J'espère qu'ils ont des marshmallows. » Qu'il dit comme si c'était obligatoire dans ce genre d'endroit, enfin si, même que ça l'est totalement. Il marche aux côtés de Vesper, puis ils tombent enfin sur ce qu'ils vont leur servir de toilettes, ça ressemble à un cercueil en bois, mais debout et avec une légère ouverture en forme de lune et un toit au-dessus, des bécosses quoi, avec un trou à l'intérieur pour vous savez quoi. Il se racle la gorge. « Hum d'accord, je pense que j'irais au grand chalet pour les urgences. » Est-ce qu'il faisait sa chochotte ? Pas du tout, il a quand même vécu pire durant ses années de service, mais là, c'est plutôt le côté bactérie qui le gêne. « Bon, allons voir notre premier voisin. » Ce qui semble être loin, ils sont pas mal éloignés des autres visiteurs.

Affaire conclue, ils sortent donc prendre un peu la température auprès des autres campeurs. Pour l’instant, on peut dire qu’ils ont de la chance en ce qui concerne la météo ; le soleil perce à travers les arbres et si quelques nuages peu menaçants s’amoncèlent à l’est, ils sont encore bien loin d’eux. Si ça se trouve, la pluie incessante de ces derniers jours a décidé de leur laisser deux jours de répit. Ce qui tomberait bien : ils n’en demandent pas plus. Bref, Rafa exprime alors son envie de marshmallows. C’est vrai qu’ils auraient pu s’arrêter à une station-service sur la route pour en acheter un paquet mais ça ne lui a pas vraiment effleuré l’esprit, à elle. Vesper finit par hausser les épaules.

« J’suis à peu près sûre qu’on peut en trouver aux distributeurs du chalet. »

C’est qu’elle y avait jeté un coup d’œil en récupérant la clef de leur bungalow et qu’il y avait l’air d’y avoir de tout : des boissons chaudes, des boissons fraîches, des sucreries en tous genres, des chewing-gums, des jouets pour les enfants… à tous les coups il devait également y avoir des distributeurs de tampons et peut-être même de préservatifs aux sanitaires, ils ne manqueraient de rien.

Les voilà qui arrivent devant les « toilettes ». La blonde connaissait autrefois un couple d’Amish qui en possédait des similaires au fond de leur jardin et ça lui avait toujours fait un peu froid dans le dos. Pourtant, Vesper n’est pas une chochotte non plus ; elle s’est déjà retrouvée dans des endroits beaucoup plus paumés que ça, avec des toilettes sèches ou pas de toilettes du tout et elle s’en était toujours sortie mais ce n’était pas vraiment de gaieté de cœur non plus, il faut bien l’admettre. Elle hoche la tête à la remarque de Rafa.

« S’il le faut on prendra la voiture pour aller jusque-là. »

Parce que mine de rien, ce n’est quand même pas tout près. Puis ils reprennent leur chemin. Qui, au bout d’un peu de marche, finit par les mener à leur plus proche voisin. Un autre couple. Sauf qu’ils ont l’air de tomber au mauvais moment car la porte de leur bungalow claque un grand coup après que la femme se soit retranchée à l’intérieur, laissant le type dehors, les bras ballants. Scène de ménage, donc. Au fond, ce n’est pas plus mal qu’ils soient un peu éloignés d’eux. La texane hésite avant de le saluer, il préfère peut-être aller régler les choses avant que ça ne s’envenime mais il lui trouve le contraire en se tournant vers eux avec le sourire.

« Bonjour ! Vous êtes de passage ? C’est la première fois qu’on voit vos têtes dans le coin, si je ne m’abuse. Vous devez avoir le bungalow de Tom et Nancy. »

Ah ben, s’il le disait, peut-être que c’était le cas. Ça sous-entend qu’ils se retrouvent souvent ici entre habitués. Pourquoi pas, après tout.

Cela peut paraître con, mais du camping sans marshmallow, ce n'est pas vraiment du camping à ses yeux et puis, il aime bien avoir quelque chose de sucré sous la main, bien sûr, s'il n'en a pas la possibilité, il ne va pas non plus en faire tout un plat hein, ça serait seulement dommage, voilà tout. Vesper lui annonce donc qu'il en a sûrement dans un des distributeurs au grand chalet, alors, tant mieux, ça lui fera une raison de plus de se rendre là-bas, en plus d'utiliser les toilettes, qui doivent être dans un meilleur état que ceux près de leur bungalow, il est presque certain même que c'est plus propre et que l'odeur doit être moins nauséabonde, bien que ça reste des toilettes publiques, rien de luxueux et de véritablement propre, tout ça pour dire, qu'un mini chalet près de l'accueil aurait été plus pratique, ainsi soit-il. Quoi qu'il en soit, après cette visite spéciale, ils se dirigent enfin vers les premiers voisins du coin, qui ne sont pas vraiment à côté, ils arrivent auprès d'un couple qui semble être bien occupé à se disputer, ce sont des choses qui arrivent, bien qu'ils assistent à cette scène, c'est tout de même bien malheureux. Rafa jette un regard à Vesper et puis ensuite à l'homme, la femme a préféré de rentrer à l'intérieur et de s'y enfermer, plutôt que de venir saluer les voisins, peut-être qu'elle n'avait pas fait attention, enfin peu importe, ça sera pour plus tard. Il se racle légèrement la gorge, un peu de malaise dans l'air, mais l'homme décide tout de même de leur parler, leur indiquant qu'ils sont dans le bungalow de Tom et Nancy, ah bon, on se demande bien ce qui s'est passé avec eux, mais il ne demande pas, ça ne le regarde pas, bien que curieux de connaître l'histoire. Rafael se contente de sourire dans un premier temps avant de prendre la parole pour se présenter. « Moi, c'est Rafael et voici, Vesper, nous sommes de passage. » Il vient lui serrer la main avant de regarder les alentour, c'est tranquille quand même. « Et habituellement, ça se passe comment ici ? Tout le monde se connaît, alors ? » On dirait bien que oui. « Oh chouette, une balançoire ! » Une vieille planche de bois, deux cordes rugueuses, le tout bien attaché à une branche d'arbre qui semble solide. Eh ouais, ça lui arrive de parfois avoir l'air d'un gamin surexcité, mais bon, il rattrape son adolescence qu'il a consacrée à l'armée, il n'est jamais trop tard, ou peut-être que si. Il s'installe donc sur la planche, à peine qu'il tente de se balancer, celle-ci cède sous son poids, ah ben ouais, c'était fait pour un enfant, c'est confirmé. Il relève la tête vers le voisin et Vesper. « Je voulais seulement tester si c'était sécuritaire. » Rafa se relève aussitôt pour vite les rejoindre, malgré qu'il vient de briser une planche de bois, qui était sûrement déjà pourrie.

Vesper fait un petit signe de la main qui signifie que c’est elle lorsque Rafael la présente et acquiesce d’un mouvement de tête lorsqu’il précise qu’ils sont de passage. Pas qu’elle soit contre l’idée de revenir un jour ou l’autre mais bizarrement, pour une raison assez obscure, elle n’a pas trop envie qu’ils deviennent les nouveaux Tom et Nancy. En tout cas, pas avant de savoir qu’ils ne sont pas là pour une raison des plus normales, comme un enfant ou un parent malade, une fête de famille, du travail ou je ne sais quoi encore mais pas parce qu’ils sont actuellement en train de se faire exorciser à force de jouer avec des livres étranges. Car c’est bien à eux qu’il doit appartenir, le bouquin qu’elle a enfermé dans le congélateur. Apparemment au moins aussi intrigué qu’elle, Rafa demande ensuite comment ça se passe dans le coin ; si tout le monde connaît tout le monde. En tout cas, on peut déjà dire qu’ils se connaissent entre voisins. Et compte tenu du fait que lesdits voisins ne sont pas si proches les uns des autres, elle imagine que c’est à peu près le cas de tous les campeurs. Soit, le type reprend alors :

« Moi c’est Kenny. Bienvenue ! »

Puis il entame sa réponse quand Rafa se découvre une véritable passion pour une balançoire. Enfin, un ersatz de balançoire étant donné qu’il s’agit d’une vieille planche de bois raccrochée à une corde elle-même suspendue à la branche d’un arbre. Ça ressemblait un peu à la balançoire avec laquelle elles s’amusaient quand elles étaient petites, Angie et elle. Le voyant s’élancer vers cette fameuse balançoire, la blonde a un mauvais pressentiment et s’empresse de le lui faire savoir.

« Fais quand même atten… »

Pas le temps de finir son avertissement que fatalement, un craquement suivi d’un bruit sourd se fait entendre. En vérité, c’est plus drôle qu’autre chose, il lui fait penser à ces énormes chiens qui se croient tout petits. Pas le temps non plus d’accourir à sa rescousse qu’il est déjà debout et les a même déjà rejoints. Affectueusement, la texane époussète les vêtements couverts de terre de son petit ami et lui demande avec un petit rire :

« - Rien de cassé ?
- Y a une trousse de secours au chalet, s’il faut. »

Vesper eut envie de répondre qu’elle connaissait meilleur remède mais bon, c’est gentil de sa part alors elle ne releva pas.

« Don je disais, oui on se connaît un peu tous ; on se retrouve ici à peu près tous les ans. Parfois avec les enfants mais pas toujours. C’est étrange que Tom et Nancy ne soient pas là. Ils ne ratent jamais l’occasion de venir. »

Dit comme ça, ça faisait tout de même un peu sectes. Et c’est qu’elle s’y connaît, en sectes. A moins que ça soit juste un soupçon de parano.

Oui, là-dessus, Rafa n'avait pas été très prudent, il n'avait pas demandé la permission non plus, il s'était simplement dirigé vers la balançoire et on connaît la suite, il s'est retrouvé les fesses sur le sol, bref, ce sont des choses qui arrivent et heureusement, rien de casser, c'est déjà ça, il aurait pu faire un vol plané, du moins, s'il avait réussi à se balancer. L'homme devait sûrement trouver le couple étrange, enfin surtout Rafael, un adulte qui se passionne les balançoires, c'est un peu bizarre et il peut comprendre s'il avait été à sa place, il aurait sûrement une réaction similaire, un regard soupçonneux et se questionnerait sur la santé mentale du type. Quoi qu'il en soit, il retourne auprès des deux, maintenant que les présentations étaient faites, ils pouvaient poursuivre la visite. « Non, ça ira, mais merci, je vais le savoir pour l'avenir. » C'est comme ça qu'on apprend de nos erreurs, enfin, habituellement, c'est le cas, petite erreur de débutant. Il sourit à Vesper, la remerciant à nouveau et puis, au moins, maintenant il savait qu'une trousse de premiers soins se trouvait au chalet, après tout, la fin de semaine vient de commencer. « Ah oui, vous m'en direz tant ! Bon, nous avons d'autres voisins à saluer, on se voit plus tard, Paul ? » Il se racle la gorge, sentant que le prénom lui échappe totalement. « Doug ? Kevin ? » À son regard, il sentait qu'il était en train de gaffer une fois de plus, tant pis, il finira bien par se rattraper plus tard, il prend doucement la main de la blonde pour quitter le terrain vers celui d'un autre, qui ne se trouve toujours pas à proximité, sans blague, il aurait pu faire un effort sur la proximité des chalets, il faut croire que l'idée était vraiment de créer de l'intimité, du coup, n'importe quel psychopathe pouvait se trouver dans l'un de ses bungalows. C'est au tour de Rafael de faire le premier pas, personne à l'horizon, alors il frappe à trois reprises à la porte, mais aucun signe et c'est la même chose pour la cabane suivante. « Peut-être qu'il n'y a plus personne, ce n'est peut-être pas une bonne fin de semaine pour camper. » Il hausse les épaules, ce n'est pas un expert non plus, mais ils ont réussi à rencontrer qu'un seul couple, il y avait pourtant d'autres personnes au grand chalet, c'est bizarre.

Quand même, si Rafael n’existait pas, il faudrait l’inventer. Non content d’avoir fait une pirouette qui l’avait laissé au sol – c’est elle la cascadeuse mais depuis leurs retrouvailles à Island Bay, c’est lui qui s’amuse à faire des pirouettes, peut-être qu’elle devrait prendre le temps un de ces jours de lui montrer comment tomber sans se faire mal, ça pourrait lui être utile à l’avenir -, il faut qu’il se trompe de prénom en remerciant leur voisin et en lui faisant comprendre qu’ils ont d’autres gens à voir. C’est hilarant et Vesper est littéralement obligée de se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas partir dans un fou-rire incontrôlable. C’est que leur voisin a commencé à froncer un peu les sourcils. Il faut dire que ça n’a pas l’air d’aller fort avec sa bonne femme alors on peut tout à fait comprendre qu’il soit quelque peu irritable. Afin d’éviter une nouvelle gaffe, la blonde s’éloigne et traînant Rafa à sa suite.

« C’est ça, allez viens, Pablo, on y va. A plus, Kenny ! »

Ils reprennent leur route et la texane ne voit pas de meilleur moment pour annoncer :

« J’t’adore, j’espère que tu le sais. »

Et pas juste parce qu’il la faisait mourir de rire bien que ça soit également à prendre en compte, c’était un tout ; Vesper se trouvait chanceuse d’être tombée sur quelqu’un comme lui. Mais comme elle avait un peu peur que son côté romantique soit un peu trop pesant par moment, elle enchaîne presque aussitôt.

« Alors, qu’est-ce que t’en dis ? Tu trouves pas ça louche que tous ces gens se connaissent ? Est-ce qu’on doit lier ça au bouquin qu’on a trouvé dans le bungalow ou bien on va juste se dire qu’il s’agissait d’un délire entre potes ? »

Non parce que oui, on y revient toujours à ces histoires de rituels peut-être un peu sataniques. Oh bon sang, c’était son côté américain qui reprenait le dessus, à voir des satanistes partout. Même si c’est louche, elle s’efforce de faire taire cette petite voix tout au fond d’elle en attendant d’avoir l’avis de Rafa. En attendant, ils arrivent déjà devant un autre bungalow étant donné que, plus ils se rapprochent du chalet et moins les bungalows sont espacés les uns des autres, un peu comme si c’était surtout eux qui étaient isolés dans les bois et pas les autres. Cette fois, il s’agit d’une jeune femme, apparemment bien décidée à prendre quelques couleurs en dépit du froid. Pourquoi pas, y a vraiment des fous partout.

« Salut, on est le couple qui remplace Tom et Nancy, ça va bien ? »

Drôle de façon de présenter la situation mais Vesper n’avait rien trouvé de mieux à dire sur le moment. La fille relève la tête et adresse directement un clin d’œil à Rafa en l’ignorant elle.

« Ça va mieux maintenant, merci. »

Ah ben, apparemment, y en a aussi qui ont le feu aux fesses.

Oui, ce n'était pas de sa faute s'il avait oublié le prénom du monsieur, même si ce n'est pas très difficile à retenir, mais bon, il avait été plus enthousiaste face à cette balance que devant l'homme qui venait de se disputer avec son épouse. Quoi qu'il en soit, ils ne perdent pas de temps, ils vont faire le tour des bungalows, du moins, ceux qui sont accessibles et ils ne s'attardent pas où c'est inoccupé. Il lui sourit, il ne le faisait pas exprès, à vrai dire, il est parfois maladroit, alors qu'en Afghanistan ou même en Irak, il était beaucoup plus prudent, mais toujours celui qui aimait ajouter une petite touche d'humour quand le moment était propice à cela, il appréciait ce genre d'instant avec les autres soldats, ça et les soirées à parler de tout et de rien autour d'une bière, parce qu'évidemment, même s'ils défendaient le pays à tout prix, ils n'étaient pas sur le terrain vingt-quatre heures sur vingt-quatre hein, bref, tout ça pour dire qu'il n'est pas si différent qu'à l'époque, si ce n'est qu'il prenait son travail très au sérieux, ça va de soi. « Ah, peut-être. » Une secte ? Il ne croit pas, sinon l'endroit est vraiment bizarre pour ce type de communauté, enfin, il a un peu sa propre vision d'une secte, l'homme en soutane blanche ou noire, la Bible posée pas très loin du chef et espérant recruter des filles et des gars avec des paroles barbantes qui veulent rien dire, sauf pour les désespérés qui se cherchent encore. « J'avoue que c'est tout de même étrange, il doit bien y avoir quelque chose derrière tout cela. » Ou pas hein, en tout cas, il suppose que ça arrive que dans les campings, où tout le monde s'apprécie et fait des barbecues ou des soirées avec des guimauves. Bref, encore un autre bungalow, il peut déjà apercevoir le chalet d'où il se tient, c'est bon signe, ils ont donc enfin terminé leur tournée. Il sourit, pas besoin de dire où se trouve le leur, ils remplacent un couple, dont on ignore ce qui leur est arrivé. « Super! J'espère qu'on aura l'occasion de se croiser un peu plus tard ! » Qu'il souffle par simple politesse. « Quoi qu'il en soit, nous devons y aller. » Trouvant tout de même que le comportement de la femme un brin déplacé et même s'il avait été célibataire, il n'aurait pas été intéressé, loin d'être son genre de femme. Il marche en direction du chalet, voyant les lumières qui clignotent, il jette un regard en direction de Vesper. « J'espère qu'on ne va pas se coltiner une panne, en plus, des toilettes malodorantes. »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Vesper n’est pas vraiment quelqu’un de jaloux. Ce qui s’explique par sa croyance infaillible en la destinée mais peut-être également par le fait qu’Angie et elle ne s’étaient jamais battue pour le même type. Bien sûr, Angie était plus âgée mais ça ne veut rien dire, fut un temps où Vesper aimait beaucoup les hommes plus âgés. Moins maintenant, principalement parce qu’elle prenait de l’âge aussi, mine de rien et que sortir avec des hommes âgés reviendrait un peu à sortir avec une momie. Ce qui serait stupide étant donné qu’elle n’avait jamais doubler Indiana Jones. Toujours est-il que c’est ce qui lui avait sans doute permis de partager un type avec une bonne trentaine de femmes. Une expérience que la texane ne souhaite cependant pas renouveler, sinon elle serait restée avec Luis et toute la clique. Ce qui explique qu’elle n’est toutefois pas mécontente lorsque Rafael tourne court à la conversation avec la vampe pour reprendre leur route. Sans trop en laisser paraître non plus, soit dit en passant. Sur le chemin, Rafa fait remarquer que l’électricité n’a pas l’air des plus fiables. En temps normal, la blonde était plutôt fan des coupures de courant. Oui bon d’accord, dit comme ça, ça peut paraître bizarre mais elle aimait si pas le romantisme, l’intimité que peut créer la lueur d’une bougie. Ça se prête aux confidences ; tout ce qu’on n’ose pas dire à la lumière vive, sort avec tant de facilité dans ces moments-là. Mais force est de reconnaître qu’au vu des circonstances, ça ne ferait que rajouter une ambiance un peu plus glauque à un endroit qui l’est déjà suffisamment comme ça.

« Ouais, ça serait pas vraiment le rêve, c’est sûr. T’arriverais à te débrouiller avec un générateur dans le pire des cas ? »

Non vous ne rêvez pas, Vesper est bel et bien en train d’avouer qu’elle ne sait pas faire quelque chose et suggère même à un homme de s’en charger à sa place si c’est dans ses cordes. Si jamais sa mère était un jour au courant de ça, elle en entendrait parler pour le reste de sa vie, quelle honte, vraiment. Enfin bref, peut-être qu’un jour elle apprendrait. Dans tous les cas, les voilà qui arrivent au chalet. Où ils sont censés trouver les sanitaires. Par chance, ceux-ci sont plutôt bien indiqués. La porte d’entrée n’est pas verrouillée, ce qui arrive probablement seulement dans les endroits où on vient les nettoyer. Parce que là… disons que les insectes sûrement morts depuis plusieurs saisons pris dans les toiles d’araignées qui pendent du plafond sont un bon indicateur d’à quand remonte le dernier grand ménage de printemps. La texane ne ferait pas sa mijaurée ; le sol a l’air d’être plus souvent nettoyé que le plafond tout de même mais ça ne ressemble pas non plus à des douches de rêve.

« Espérons au moins qu’il y ait de l’eau chaude. »

Non parce que bon, l’eau froide raffermit la peau mais il ne fait pas encore assez chaud dehors pour ça.

L'avantage d'avoir fait l'armée, c'est qu'ils touchent à presque tout en ce qui concerne la survie, donc, même un générateur, parce que mine de rien, vaut mieux être toujours prêt pour les pannes électricités, sinon adieu la sécurité autour des camps militaires, bien qu'évidemment, ce n'est pas la première compétence que les soldats doivent avoir pour combattre en Irak ou ailleurs, ça va de soi. Cela dit, c'est tout de même quelque chose qui peut être utile, mais sûrement pas ce que Rafael préfère, il n'a jamais été un pro de l'électricité, dans le pire des cas, ils devront se débrouiller avec les bougies, enfin, s'il y a, c'est mal parti pour le kit de survie en camping. « Oui, je crois, je devrais savoir me débrouiller. » Qu'il dit avec quelques doutes, parce que c'est loin d'être son expertise, mais ça va de soi qu'il fera l'effort de réparer le générateur, du moins, s'il y a une panne, ce qu'il ne souhaite pas, ça lui évitera de s'électrocuter ou de tout bousiller par la même occasion. Mais bon, ils n'en sont pas là, ne parlons pas de malheur, surtout pas avec eux, quand on sait que dès qu'ils posent les pieds dehors -lorsqu'ils sont ensemble-, eh bien, tout peut arriver. Quoi qu'il en soit, ils arrivent donc au chalet, où tout semble bien tranquille, alors qu'à leur arriver, il y avait déjà quelques clients, peut-être qu'eux aussi, ils ont décidé de faire leur tournée, ce qui explique l'absence de gens ? -ou pas-. Rafa suit la blonde, regardant autour d'eux, le vent souffle, mais pas un mot, pas une personne, à croire qu'ils se sont sauvés en les voyant par la fenêtre. « Bah j'espère pas quand même. » D'accord, ils font du camping, mais tout de même, ils ne sont pas là pour vivre en sauvage et puis bon, avoir un peu d'eau chaude, c'est la moindre des choses, non ? Il décide de tester avec sa main, laissant celle-ci sous les jets d'eau qui mettent quelques secondes à couler sur sa peau, l'eau est froide, mais il laisse le temps à l'eau chaude de se faire un chemin, il ne peut pas faire autrement hein. « Tu ne trouves pas sa bizarre qu'il y ait personne ? En tout cas, je vais passer au chalet pour voir s'il y a des marshmallows, tu m'accompagnes ? » Il retire finalement sa main pour constater que ça ne sera pas la douche du siècle, l'eau reste tiède, il ignore si c'est prévu pour économiser ou bien, ils ont oublié de payer leur facture ? « Bon, je suppose qu'on va devoir se contenter de cela pour la fin de semaine. » Bon, ils devraient survivre, ou bien se plaindre un peu pour avoir quelque chose de plus potable.