If love me, why'd you leave me ? | Joséphine & Nathan.

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If love me, why'd you leave me ?

Joséphine & Nathan.

Nathan avait passé une bonne partie de la semaine chez lui, du moins les après-midis pour s'occuper de Kayla. Cette chienne, à son arrivée dans le foyer Peñali, il avait passé plusieurs mois à la détester. Elle était bien évidemment adorable, le nouveau bébé de sa femme et il se sentait complètement délaisser. Bien évidemment, il avait très vite accepté l'animal et s'il faisait mine de ne pas vouloir s'en occuper, ces dernières semaines, elle était devenue sa fille à lui. Nathan la sortait tous les jours, ils faisaient de longues balades près du port et ils avaient même profité de quelques couchers de soleil tous les deux. C'était sûrement un peu triste, mais Nathan comprenait enfin pourquoi Joey avait insisté pour prendre un chien à la maison. Cela faisait quelques jours que Kayla n'était pas très bien. Elle paraissait fatiguée et triste. Nathan commençait à s'en vouloir d'avoir toujours ce sentiment d'être mal lorsqu'il franchissait la porte d'entrée pour rentrer dans cette grande maison bien vide.

Il s'était décidé à envoyer un premier message à Joey pour lui dire qu'il emmenait Kayla chez le vétérinaire, mais qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète. Le vétérinaire lui avait donné des vitamines, mais ne voyait rien d'anormal chez la chienne. Et si c'était sa maîtresse qui lui manquait le plus ? Ce ne serait en rien étonnant, elle n'était rentrée qu'une seule fois depuis début septembre. Il s'était finalement décidé à lui envoyer un autre message en fin de semaine, en espérant que cela la ferait revenir pour le week-end. Il n'avait pas trop d'espoir, mais il comptait sur la photo de Kayla et son regard triste pour la faire changer d'avis.

Nathan s'était donc hâté vendredi soir à préparer un repas si jamais Joey ne changeait pas d'avis et se décider bien à rentrer pour le week-end. Il ne fallait pas se méprendre, Nathan était vraiment très fier d'elle. Ses ambitions pour évoluer dans sa carrière était tout à son honneur et s'il avait atteint lui-même le sommet de la sienne, il pouvait comprendre qu'elle veuille évoluer dans son propre domaine. Il aurait juste aimé qu'elle ne décide pas de le faire dans la ville voisine. Soupirant légèrement, il prépara un plat typique du Chili et qu'elle adorait en espérant ne pas éveiller de mauvaises tensions ce soir.

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i love you, but that's why i leave you

The world was on fire and no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I'd never dreamed that I'd meet somebody like you. And I'd never dreamed that I'd lose somebody like you.

Quelle meilleure façon de commencer sa semaine de travail pour Joséphine qu'en recevant un message de son mari lui disant que la chienne ne semble pas dans son assiette ? La rouquine s'en serait presque rongé les ongles, si c'était dans ses habitudes. C'est au cours du vendredi après-midi qu'elle a décidé, après avoir reçu une seconde photo de Kayla par Nathan, qu'il était temps qu'elle rentre. Elle prendrait deux jours de congés pour le début de la semaine suivante et confierait toutes ses tâches à son assistant, bien trop docile pour refuser. De toute façon, Joséphine est son propre patron, depuis qu'elle a décidé d'ouvrir sa propre maison d'édition à Palmerston North. Qui osera venir lui voler dans les plumes à propos des congés qu'elle choisit de s'offrir pour rentrer s'occuper de son bébé ?

Inquiète et pressée de revenir dans sa résidence principale à Island Bay, Joey jette quelques fringues dans sa petite valise de voyage, dont une pile de robes sales qu'elle doit faire nettoyer par son pressing préféré à Wellington. Pas une seconde elle ne pense à son mari, qui a dû emmener Kayla chez le vétérinaire et s'occuper d'elle, le tout depuis que sa maîtresse mène une espèce de double vie entre deux villes voisines. Ses seules pensées sont dirigées vers sa chienne, qu'elle a hâte de revoir et de serrer dans ses bras.

Kayla, c'est un peu comme l'enfant que Joséphine ne pourra jamais avoir. Elle y tient comme à la prunelle de ses yeux, et en serait presque à regretter d'avoir voulu ouvrir une autre maison d'édition en dehors de Wellington. Mais un chien si gros en appartement, ce n'est pas possible... Kayla en serait malheureuse. Il lui faut un grand jardin où gambader entre deux promenades.

Joséphine se gare dans l'allée de la maison Peñali peu avant l'heure du dîner. Elle est passée au fast-food du carrefour juste avant la maison, des fois que Nathan soit absent ou qu'il n'ait pas préparé à dîner. Après tout, elle ne lui a pas dit qu'elle rentrait plus tôt... Elle lui a seulement répondu qu'elle allait voir ce qu'elle pouvait faire. Elle verrouille la voiture après avoir récupéré sa valisette dans le coffre, et c'est clés en main qu'elle remonte l'allée jusqu'à la porte d'entrée.

- C'est moi ! s'exclame-t-elle une fois qu'elle a ouvert la porte.

Joséphine n'a même pas le temps d'entrer complètement dans la maison que Kayla est déjà à ses jambes, en train de lui faire la plus belle des fêtes. La rouquine lâche son sachet de fast-food ainsi que sa valisette pour s'accroupir et laisser son Eurasier l'accueillir comme elle se doit.

- Eh bien, tu n'es pas en si mauvaise forme... Papa m'aurait-il menti ? demande-t-elle de façon rhétorique au chien avant que son regard ne soit attiré par un mouvement quelque part devant elle. Joséphine relève la tête et voit son mari, qui ne paraît presque pas surpris de la voir. "J'aurais pas pu passer le week-end en me demandant si elle va bien ou non..." précise-t-elle, avec un léger sourire aux lèvres, en se relevant. Elle se dirige vers Nathan, toujours Kayla sur ses talons qui essaie de s'élever pour venir lui lécher le visage. "Bonsoir, chéri," fait Joey en déposant un baiser sur les lèvres de son mari.

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Joséphine & Nathan.

Nathan retenu son souffle quelques instants en entendant la voiture se garer dans l'entrée. Ces derniers temps, il n'était pas d'humeur à mettre de la musique ou allumer la télévision. À croire que le silence était plus réconfortant que ce qu'il ne laissait paraître. Il mit les derniers légumes qu'il venait de couper à cuire, puis il se lava les mains venant retirer son tablier lorsque la porte d'entrée s'ouvrit. Bien évidemment, il pouvait compter sur leur chienne pour accueillir Joey comme il se devait et sortant de la cuisine, cette vision le fit sourire. C'était rassurant de savoir qu'elle n'allait pas si mal ou que les vitamines commençaient à faire leur effet sur elle.

- Elle ira certainement mieux, maintenant que tu es là.

Et lui aussi par la même occasion, même si c'était un peu plus compliqué et que souvent le moindre pas de travers déclenchait une dispute inutile. Deux tempéraments aussi forts devaient probablement en arriver là, au moins une fois ou deux. Il fit quelques pas vers elle, comme elle en fit quelques-uns vers lui.

- Elle a des vitamines, je suppose que cela doit commencer à faire effet.

Mais il faut dire qu'il avait été plutôt inquiet, il y a quelques jours lorsqu'elle avait refusé de sortir pour sa balade habituelle. Ce n'était vraiment pas dans ses habitudes de ne pas courir partout dans la maison jusqu'à tant que Nathan se décide en fin à sortir sa laisse. Un nouveau sourire s'afficha sur ses lèvres.

- Bonsoir…

Puis ils échangèrent un baiser. Nathan, fin gourmet comme il était, ne pu s'empêcher de remarquer l'odeur de fast-food qui avait embaumé l'entrée de leur maison. Il inclina légèrement la tête en direction du sac en papier.

- Tu as acheté à manger ? J'étais en train de préparer quelque chose, mais je suppose que je peux mettre ça de coter pour demain si tu préfères.

Clairement, ce n'était pas lui qui aller manger ce genre de nourriture, mais peu-importe. Il se baissa pour faire une caresse à Kayla qui était visiblement heureuse d’avoir ses deux maîtres à la maison puisqu'elle s'agitait dans tous les sens, puis il se redressa pour parler à Joey.

- Comment ça se passe à ton travail ? Ils ne vont pas trop t'en vouloir que tu prennes deux jours pour toi ?

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- J'espère que ce n'est qu'un coup de fatigue dû à la fin du printemps et au début de l'été qui approche ! Je sais qu'elle a du mal avec l'humidité et la chaleur... fait Joey, en serrant sa chienne entre ses bras.

Elle sait que son trench coat fin sera couvert de longs poils bruns mais qu'importe, elle pourra toujours passer un coup de brosse collante dessus avant de le remettre quand elle devra sortir. Elle retire une touffe de poils de son épaule et se relève pour se diriger vers son mari, Kayla sur ses talons. Joséphine embrasse Nathan de la façon la plus simple et tendre possible, le saluant au passage. Le brun ne tarde pas à remarquer le sachet du fast-food encore posé par terre dans l'entrée, à côté de la valisette de Joey. Cette dernière hoche la tête.

- Je ne savais pas si tu avais prévu quelque chose ou même si tu allais être à la maison, alors j'ai prévu le coup... On va le mettre de côté, oui, je le mangerai si j'ai faim cette nuit, sinon demain au petit-déjeuner ! fait Joey en retournant vers la porte d'entrée. Elle attrape le sachet ainsi que sa valisette et en se relevant, ajoute : "Tu sais bien que je déteste le gaspillage..."

Pendant qu'elle revient en direction de la cuisine où Nathan est en train de caresser Kayla, Joey se permet de déposer la valisette sur le premier escalier, et, après avoir donné le sachet en papier kraft à son mari, d'enlever son trench coat qu'elle accroche à l'une des patères du porte-manteau stylisé dans l'entrée.

- Beaucoup de boulot en ce moment. Mais personne ne viendra me voler dans mes plumes, d'autant plus que Caleb gère la maison quand je suis absente, répond la rouquine en entrant dans la cuisine. "Mmmh... Ça sent tellement bon !" fait-elle en regardant la gazinière. "De quoi vas-tu honorer mes papilles ce soir chéri ?"

Avant de manger et parce qu'elle est rassurée sur l'état de santé de son bébé, Joséphine décide de leur servir un apéritif. Elle écoute son mari lui répondre et retourne au salon, où se trouve une grande console aux étagères remplies de bouteilles.

- Je te sers quoi ? demande-t-elle d'une voix forte afin que Nathan l'entende.

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Joséphine & Nathan.

Maintenant que Joey lui en parlait, il est vrai que le passage a l'été était toujours un peu plus rude en Nouvelle-Zélande. Un peu trop à l'extrême, parce qu'il n'y avait pas vraiment d'hiver. C'était aussi la première année où Nathan s'occupait vraiment de Kayla au quotidien, il était donc fort probable que l'information sur le fait qu'elle n'appréciait pas forcément le changement de climat, lui soit resté en tête. Au moins, il l'avait emmené chez le vétérinaire et il avait de quoi lui faire remonter ce petit coup de moue qu'elle avait depuis ces derniers jours.

- C'est possible, mais le vétérinaire ne semblait pas inquiet.

Ce qui est déjà un bon point. Il lui avait simplement dit de prendre un nouveau rendez-vous si l'état général de Kayla empirait malgré les vitamines. Chose qui était miraculeusement résolue depuis que Joey avait franchi la porte d'entrée. Bien évidemment, Nathan remarqua assez rapidement la présence de fast-food dans la maison. Joey proposa de laisser cette nourriture de coter au profit de celle qu'était en train de préparer Nathan. Content de pouvoir juste observer sa femme dans leur maison, il se mit à sourire en lui répondant.

- Oui, je sais et c'est tout à ton honneur.

Retrouvant le chemin de la cuisine en mettant le sachet en papier de Joey sur le plan de travail, il lui demanda si cela ne poserait pas de problème si elle s'absentait durant le week-end.

- Caleb ?

Peut-être qu'elle lui avait déjà parlé de Caleb, mais à priori ce prénom ne lui disait rien. Même si Nathan ne l'avouerait jamais, il était un brin jaloux de tous les hommes qui évoluaient autour de Joséphine et plus particulièrement ceux qui travaillaient avec elle, puisqu'ils avaient décidément beaucoup plus de chance que lui ces derniers temps. Passer du temps avec Joey était devenu quelque chose de rare du côté d'Island Bay. Un nouveau sourire prit forme sur ses lèvres.

- Quelque chose que tu adores, si mes souvenirs sont bons.

Nathan agita la cuillère en bois dans son plat avant de la présenter à Joey en ajoutant :

- Tu veux goûter ? Tu pourras me dire s'il manque quelque chose en assaisonnements.

Reposant ensuite la cuillère dans la casserole, elle proposa de prendre un apéritif, pourquoi pas ? Nathan ne visualisait plus très bien ce qu'il y avait dans la fameuse console, alors il se contenta de répondre quelques mots.

- La même chose que toi, ça ira parfaitement.

Pensant qu'elle opterait pour du vin, il sortit deux verres à pied les posant sur la table. Tout était presque prêt, la table était même dressée. On ne peut pas dire, Nathan avait vraiment fait en sorte que tout soit parfait pour qu'ils puissent passer une bonne soirée.

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Joséphine en aurait certainement fait tout un plat si elle avait appris de la bouche de Nathan que le vétérinaire était inquiet pour sa chienne. Ayant à peine cinq ans, il est inconcevable dans l'esprit de sa maman que Kayla développe quelque chose de plus grave qu'un coup de fatigue. Elle se contente de hocher la tête à la réponse de son mari, bien décidée à montrer à sa chienne que maman est rentrée à la maison et qu'elle ne va pas repartir immédiatement, comme elle en a malheureusement pris l'habitude.

Lorsqu'elle rejoint enfin son mari dans la cuisine tout en lui racontant un peu comment ça se passe de son côté, Joey bute sur la répétition du prénom de son assistant. Elle est surprise que Nathan ne semble pas s'en souvenir, alors qu'elle-même se rappelle en avoir parlé déjà à plusieurs reprises.

- Oui, mon assistant, précise-t-elle d'une voix neutre en s'approchant de la gazinière pour goûter ce que Nathan est en train de mitonner. Croisant au passage le regard de son époux, elle se permet de le fixer avec insistance pendant qu'elle laisse ses lèvres s'éterniser sur la cuillère en bois. "Ça manque un peu d'épices, je dirais..." commente-t-elle d'une voix suave avant de s'éclipser en direction du salon, histoire de laisser la tension sexuelle qui s'est soudainement emparée d'elle se calmer.

- Alors ce sera du vin, répond la rouquine en refermant la console.

Elle repasse furtivement devant la cuisine et jette un oeil à son mari. Ce dernier a sorti deux verres de vin du placard. Joséphine hoche la tête et descend à la cave pour récupérer une bonne bouteille de vin rouge, Kayla sur ses talons qui manque de la faire trébucher dans les escaliers. Une fois la bouteille choisie, Joey laisse passer la chienne devant elle et remonte l'escalier en pierre. Elle s'apprêtait à refermer la porte de la cave mais un détail incongru attire soudain son attention. Un détail accroché à la porte de la cave, sur les patères. Elle fronce les sourcils, serre un peu plus la bouteille entre ses doigts, et envoie Kayla dans son panier. La chienne grogne presque en silence mais obéit sans mal, alors que sa maîtresse entre à nouveau dans la cuisine.

- Chéri, pourquoi y a-t-il un manteau de femme qui ne m'appartient pas accroché à la porte de la cave ? demande-t-elle de la voix la plus douce possible en posant la bouteille sur la table.

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Nathan acquiesça sans rien ajouter. Oui, il se souvenait vaguement qu'elle avait déjà mentionné à quelques reprises, avoir un assistant. Au fond de lui, il était un peu jaloux. Pas de ce Caleb qui était peut-être très beau, beaucoup plus jeune que lui ou même très gentil. Non, il était plutôt jaloux du temps que lui pouvait passer avec Joey. Quelque part, il trouvait même cela injuste. Dire quelque chose ne changerait rien et si au contraire, cela devenait pire ? Nathan afficha un sourire lorsqu'elle lui conseilla d'ajouter des épices.

- Très bien, madame Peñali.

Puis il reposa la cuillère en bois, prenant différentes épices qu'il ajouta dans son plat. Joey proposa ensuite de boire quelque chose et Nathan lui fit part qu'il suivrait son choix. Après tout, il ne se souvenait pas avoir un goût si différent que celui de sa femme en matière de boisson alcoolisée. Nathan en profita pour sortir deux verres à pied, puis il baissa la température de sa plaque à induction, sachant que son plat était presque prêt à la dégustation. Lorsque Joey fit son retour dans la cuisine, Nathan leva la tête vers elle en fronçant les sourcils. Une veste, vraiment ? Il ne voyait qu'une seule possibilité.

- Elle doit appartenir à Charlie. J'ai dû le descendre par erreur, en descendant mon propre manteau.

Il fallait qu'il note dans un coin de sa tête, de lui rapporter. C'était un peu étrange qu'elle ait pu l'oublier, mais pas impossible. En voyant l'expression que prenait le visage de sa femme, il ajouta.

- Quoi ? Tu crois que je vis reclus au fond de notre maison, lorsque tu n'es pas là ?

Marquant une pause, il poussa les verres elle et tendit sa main pour attraper la bouteille de vin, afin qu'il puisse l'ouvrir.

- J'ai rencontré Charlie en ville. Un homme jouait les lourdingues avec elle, alors je suis intervenu.

Il ne fit pas plus de commentaires, comme si attiser la jalousie de sa femme était quelque chose qui lui ferait plaisir. Bien sûr, c'était inconsciemment qu'il agissait comme ça, mais il faut avouer qu'ils n'étaient pas très proche ces derniers temps et qu'un peu d'action dans leur couple permettrait de raviver la flemme qui s'était presque éteinte.

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Passive agressive comme jamais et les yeux baissés, Joséphine se décale légèrement de la table pour attraper un tire-bouchon dans le tiroir où ils sont rangés, pendant que son mari lui répond au sujet du manteau. Le prénom "Charlie" résonne dans la tête de Joséphine. Elle cherche qui peut bien s'appeler ainsi dans leur entourage, parmi les femmes qu'elle accepte, mais rien ne lui vient. Elle se retient de froncer les sourcils, ne lève même pas les yeux vers Nathan. Il n'a qu'à comprendre ce qui la chagrine, comme un grand.

D'ailleurs, il ne tarde pas à l'interpeller, alors qu'elle s'affaire à ouvrir la bouteille. Joey a un petit sourire narquois.

- Non, bien sûr que non, répond-elle d'une voix doucereuse en évitant toujours soigneusement de le regarder.

Elle ne va cependant pas tarder à devoir lever les yeux vers son mari, car la bouteille résiste fort à Joséphine. Elle la fait glisser vers Nathan, qui a déjà tendu la main, attentif à la détresse de sa femme. Cette détresse-là, en tout cas, n'a pas l'air de lui échapper. Il répète à nouveau le prénom de cette femme qui semble avoir malencontreusement perdu un manteau dans cette histoire de harcèlement. Joey s'assied à la table haute de la cuisine, s'y accoudant au passage, les bras croisés.

- Ça ne m'explique toujours pas ce que ce manteau fait ici, reprend-elle le plus naturellement du monde.

Joséphine, elle n'est pas sanguine. Elle est capable de faire comprendre ce qui la chagrine ou la met en colère, parfois d'une manière véhémente, mais aujourd'hui elle veut laisser son mari comprendre tout seul ce qui cloche dans la découverte que sa rouquine de femme vient de faire.

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Nathan voyait bien que quelque chose chagrinait Joséphine, et il se doutait facilement de la raison, mais voyait-elle, le chagrin qui l'habitait en retour ? Il n'en était pas sûr, puisqu'il avait dû user d'un certain stratagème pour que sa femme rentre au moins pour le week-end. Difficile à expliquer, mais leur échange paraissait complexe dans bien des points, sans qu'ils ne les voient tous chacun de leur côté. Alors qu'il avait récupéré la bouteille, il tira à son tour sur le tire-bouchon avant de l'ouvrir puis il la reposa sur la table en regardant Joséphine.

- Elle est passée à la maison.

Il marqua une pause avant de reprendre.

- C'est une amie et tu sais, je serais ravi de te la présenter si tu restais un peu plus longtemps.

Nathan versa du vin dans les verres présent sur la table.

- Je sais, ton travail est important et te prend beaucoup de temps.

La situation ne le mettait pas plus mal à l'aise que ça. Selon lui, il n'avait rien à se reprocher. Sortir en compagnie d'une femme, autre que la sienne, n'avait jamais fait de lui quelqu'un qui trompait ses vœux de mariage à la première occasion.

- Il y a peut-être deux semaines ? Il y avait un gala de charité. Elle se sentait redevable pour le coup de pouce dans la rue, alors je lui ai proposé de m'accompagner. On est rentré manger et ensuite elle est rentrée chez elle.

Nathan trinqua son verre avec celui de sa femme avant de boire une gorgée.

- Tu insinues quoi au juste ?

Parce qu'il était certain que ça le vexerait fortement qu'elle puisse imaginer qu'il la trompait avec une autre. L'Homme n'était évidemment pas parfait et il pouvait faire des erreurs, mais Nathan avait des valeurs et peut-être qu'un jour la question se poserait. Cependant, il se savait assez mature pour en parler avant de commettre l’irréparable. Nathan haussa un sourcil regardant sa femme droit dans les yeux.

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- Elle est passée à la maison, répète Joséphine en écho.

Comme pour tenter de se convaincre que son mari avait réellement dit ça. Comme si c'était vrai, qu'il était vraiment devenu ami avec une fille qu'il avait simplement libérée d'un lourdingue. C'était tout à son honneur de s'en être mêlé, Joséphine doit bien l'admettre. Mais de là à faire entrer cette femme dans sa vie... Pourquoi ?

- C'est vrai qu'avec mon travail je n'ai pas le temps de jouer à sauver les mecs que je croise dans la rue... raille-t-elle, avant de soupirer en se saisissant de son verre de vin. "Pardon, c'est pas ce que je voulais dire. T'as bien fait de la débarrasser de ce lourdingue, comme tu dis."

La rouquine fait tourner son verre toujours posé sur la table entre ses doigts fins, en écoutant le récit de Nathan sur la raison de la présence du manteau de la dénommée Charlie sur les patères de la porte de leur cave. Elle lève ensuite son verre et trinque avec son mari, cherchant de justes mots pour lui répondre. Il faut à tout prix qu'elle calme la tornade de jalousie qui s'empare d'elle intérieurement, afin de ne pas froisser son mari avec qui sa relation est déjà suffisamment tenue depuis qu'elle a décidé d'ouvrir une seconde maison d'édition à Palmerston North. Joséphine tente de chasser de son esprit l'image d'une bimbo installée tranquillement devant un bon dîner et un verre de vin à la place où elle se tient actuellement. Peut-être ont-ils dîné à la salle à manger... Cette grande salle à manger dont la table a déjà été honorée de leurs peaux nues. Et où ils vont dîner ce soir.

- Je n'insinue rien. Je ne comprends juste pas comment tu t'y es pris pour te lier d'amitié avec une fille que tu as juste... débarrassée d'un lourdingue dans la rue, lâche Joséphine. "Enfin bref, ça ne fait rien, le repas a l'air prêt," fait-elle pour changer quelque peu de sujet en montrant la cuisinière. "Je t'apporte les assiettes."

Elle emporte avec elle les deux verres de vin afin de les poser à table, et revient avec les deux assiettes depuis la salle à manger.

- S'il y a bien une chose qui me manque à l'appartement, ce sont tes petits plats... murmure Joséphine en tenant une première assiette près de Nathan afin qu'il la remplisse.

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Nathan haussa les épaules comme si cela n'avait aucune importance. Qu'elle soit passée ou non, qu'est-ce que cela changé ? Pas grand-chose à ses yeux. Nathan avait tendance à penser que ces derniers temps s'il n'arrivait plus à plaire à sa femme, il ne plairait à aucune autre femme, alors même si Charlie était entrée dans sa vie, il ne voyait aucune différence. Il regarda sa femme du coin de l’œil en éprouvant tout de même une légère satisfaction à la voir réagir de la sorte, elle n'était alors peut-être pas si indifférente que ça, à ce qu'il pouvait se passer ici en son absence ?

- Tu sais, elle doit bien avoir dix ans de moins que moi. Alors à moins qu'elle soit dingue et en pince pour un homme qui à tous les morts de la ville pour amis, je la verrais plutôt sortir avec mon plus jeune frère.

Parce qu'il avait plus dans ses âges à elle et que Nathan serait curieux de le voir essayer de sortir avec une femme comme Charlie. Ça pouvait être assez divertissant pour l’aîné de la famille. Nathan bu une gorgée de son verre de vin, puis il ajouta.

- Ou avec ton assistant.

Comme ça, plus de jalousie ni d'un coté, ni de l'autre. Néanmoins, ses craintes pouvaient être justifiées, alors il comprenait. Il haussa une nouvelle fois les épaules.

- Je ne sais pas, tu parles avec quelqu'un et ça arrive comme ça. Parfois, j'ai juste besoin de parler.

Autre que par sms interposé ou avec leur chienne. Nathan ajouta quelques mots.

- J'ai d'ailleurs aussi rencontré le fils Ackerley, tu sais, la famille de politiciens ? Le père qui m'avait insulté y a des années de ça, lorsque j'étais novice dans la police. C'est fou de voir comment la pomme peut tomber très loin du pommier contrairement à ce qu'on pourrait dire.

Elle changea ensuite de sujet, mais elle n'avait pas tors. Le repas était prêt et s'il ne voulait pas que ça brûle, il devait tout de suite le retirer de la plaque électrique. Il prépara le tout et la rejoignit pour poser le plat entre eux sur la table. Un sourire prit forme sur ses lèvres.

- Je te préparerais quelque chose que tu pourras emporter à la fin du week-end.

Il remplit ensuite son assiette puis celle de sa femme.

- Tu crois qu'un jour, je pourrais venir voir le travail de ma femme, de mes propres yeux ?

Au départ, il avait très buté par l'idée qu'elle avait eue d'ouvrir une seconde maison d'édition. C'était à peine s'il voulait en entendre parler, mais il devait avouer qu'il était plutôt curieux de découvrir l'endroit où elle passait toutes ses journées.

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- Les morts ne peuvent pas nous trahir, au moins, fait Joséphine non sans une pointe de lassitude dans la voix, en haussant les épaules.

Elle n'a même pas voulu être cynique, sur ce coup-là, mais c'est sorti tout seul. Surtout après la pique que lui a lancée Nathan sur Caleb. Il est vrai que Joey a passé une grande partie de ces derniers mois à ses côtés plus qu'aux côtés de son cher et tendre, elle ne peut aucunement le nier. Mais d'entendre son mari employer un ton si empli de reproches galvanise en quelque sort Joséphine. Elle s'apprête à ajouter une autre remarque cinglante mais la ravale, se rappelant qu'elle aussi est en train de jouer la carte de la crise de jalousie sur une femme que son mari côtoie et qu'elle ne connaît ni d’Ève ni d'Adam. Sa pique est de bonne guerre, somme toute.

- Ouais, lâche-t-elle plus sèchement qu'elle ne s'y attendait.

Elle aussi, a besoin de parler. Malgré elle, Joey ne parvient pas à tout garder pour elle. Heureusement que ses amies sont très présentes pour elle même si elle n'a plus autant de temps qu'avant à leur consacrer. Le décalage entre elle et Nathan ne lui permet pas de tout dire à ce dernier, aussi se contente-t-elle très bien de ses amies.

- Ah oui ? Il est bien différent de son père, alors ? surenchérit-elle, bien trop heureuse du changement soudain de sujet.

Parler de choses plus légères comme de leurs rencontres du même sexe, c'est pile ce dont ils ont besoin pour désamorcer la bombe de la jalousie. Pour Joséphine, en tout cas, c'est le cas. Elle profite que Nathan lui raconte l'épisode avec le fils Ackerley pour aller à la salle à manger récupérer leurs deux assiettes. De rester comme ça un moment à la cuisine et sentir la bonne odeur du plat que prépare son mari rappelle à Joséphine qu'il a pas mal de bons côtés malgré leurs récents différends, notamment celui de cuisiner divinement bien.

- Ne te donne pas cette peine... souffle Joséphine en interchangeant les assiettes. "Quoique, je ne dis quand même pas non !" ajoute-t-elle en souriant une fois que les deux assiettes sont pleines.

Elle commence à marcher en direction de la salle à manger et bute quelques secondes sur les mots de son mari, stoppant net son geste, la première assiette à quelques centimètres de la table. Elle réfléchit le plus rapidement possible à la réponse en se questionnant silencieusement. "Est-ce que notre mariage en pâtirait ?" Evidemment que non. Joséphine n'a rien à cacher à Nathan. Mais elle a quand même éprouvé le besoin de réfléchir une seconde, avant de répondre d'une voix joyeuse :

- Bien sûr ! Ça me fait plaisir que tu t'y intéresses. D'ailleurs, ils sont en train de monter une fête pour Nouvel An. Mes employés... songe-t-elle en marquant une pause en plein dans sa phrase pour savourer ce mot, et le pouvoir qu'il lui confère. "Je suis évidemment invitée, du coup, et je n'ai pas encore donné ma réponse. Je comptais te demander si tu avais prévu quelque chose de ton côté, avant de t'en parler. Si ça te tente... On peut y aller ensemble ? Ainsi, tu rencontreras tout le monde -ceux qui seront présents en tout cas-, et tu verras où je travaille. Qu'en dis-tu ?" explique Joey d'une traite tout en posant la seconde assiette et en s'asseyant à sa place, avant de s'emparer de son verre de vin pour en boire une gorgée avant de commencer à manger.

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Joséphine & Nathan.

Elle n'avait pas tort, les morts ne trahissaient personne et surtout pas lui. C'était la base de son travail, découvrir tous les secrets qu'ils pouvaient encore cacher. C'était plus difficile avec les vivants. Facile de dissimuler une preuve ou de cacher un manteau au sous-sol. Nathan avait aussi quelques ressources dans le domaine de la jalousie, même s'il niait le contraire. Il préféra néanmoins changer de sujet, juste le temps qu'il faudra, juste le temps de souffler un peu.

- Oui, vraiment. Je crois qu'il veut m'emmener voir une exposition de voitures ou quelque chose comme ça.

Il échappa un léger rire.

- Je n'ai pas su vraiment dire non, je crois que ce gamin a aussi besoin de parler. Son père lui mène vraiment la vie dure.

Nathan ne s'était jamais beaucoup intéressé aux voitures de manière générale. Cela lui arrivait une fois tous les cinq ou dix ans lorsqu'il changeait sa propre voiture, mais sa connaissance en mécanique s’arrêtait là. Il prenait plus cette invitation comme un signe de paix qui effacerait ce comportement un peu maladroit qu'avait eu Nathan à leur rencontre. Une fois les deux assiettes pleines, Nathan lui proposa de lui faire à manger en fin de week-end, histoire qu'elle puisse manger autre chose que du fast-food dans la semaine à venir. Qu'elle refuse ou non, il était bien trop têtu pour faire autrement.

- Ça me fait plaisir.

De faire à manger de façon générale, mais surtout de faire à manger à sa femme comme si cela leur créer un lien même si elle se trouvait être en dehors de la ville. Nathan rangea un peu la cuisine et il retira le tablier qu'il avait autour de la taille pour venir rejoindre Joséphine dans la salle à manger, en lui posant la fameuse question qu'il hésitait à lui poser depuis déjà un certain temps.

- Ce serait génial.

Bon, honnêtement, Nathan ne savait pas vraiment si se rendre à une fête du nouvel an où il serait le seul à ne pas être dans son élément était une bonne idée, mais il n'allait clairement pas faire la fine bouche.

- Bon appétit.

Il trinqua une nouvelle fois son verre de vin avec celui de sa femme pour en boire une gorgée également avant de commencer à manger.

CODES c LITTLE WOLF.

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