let's groove. (pedro)

Prendre une soirée pour soi ne veut pas dire abandonner, je sais pourquoi je suis ici dans ce pays, dans cette ville : pour la retrouver mais ce soir, j’ai envie de me changer les idées. Le moral est au plus bas, je n’ai aucune piste et ma cousine ne me répond pas au téléphone … Putain qu’est ce qu’elle me prépare encore elle ? Je sais qu’elle est fan du boulot de Charlie mais tout de même … Son dernier message insta était un peu curieux avec l’aéroport de Lisbonne en photo et cette légende … j’espère que … non enfin oui … merde, je ne sais pas quoi penser … Cette légende … Oui je crois qu’elle vient me rejoindre ! Bon cela me ferait un soutient en plus mais en attendant, j’ai trouvé cette boite de nuit pour me remettre le moral d’aplomb. Une mine cela fait toujours tout oublier et l’huile de foie de morue me fera du bien … Dieu que ma mère m’en a fait prendre alors que j’étais un jeune adulte et que je devais me remettre de mes premières cuites, mes premières gueules de bois ! Oublié le jeans, les santiags ou les boots habituelles de motard. Bonjour le costume noir, les chaussures de villes et la chemise blanche. Ouais ce soir c’est en mode classe, seule la barbe de quelques jours est restée car mes cheveux mi longs sont attachés dans une sorte de chignon à la japonaise ou à la Zlatan pour les supporters de football.
 
Une ambiance assez disco se laisse entendre, salut les copains est de retour pour une nuit avec ces démons de minuit pour qu’ils fassent s’évader mes fantômes de l’ennui. Au fond de mon verre j’imagine les vagues qui se balancent au fond de ma première tequila. Une fille vient m’aborder, elle doit avoir plus ou moins mon âge, il n’y a pas que des jeunes ici en fin de compte et ce n’est pas plus mal. Je me décide d’aller avec elle sur la piste de danse, un slow est lancé putain c’est la chanson qu’il ne fallait pas … cette chanson aurait dû être celle de l’ouverture de mon mariage avec Charlie … Santana et sa mythique balade Europa … Cela me coupe tout effet, je m’excuse auprès de la nana et retourne immédiatement au bar, proche d’une brune qui pourrait être mon ex … Je commande une tequila et demande de servir la même chose à ma camarade à droite qui vient de lever son verre pour reprendre la même chose. Je n’ai pas encore réellement posé mon regard sur elle, j’ai juste vu un bras, de longs et fins doigts terminés par des ongles que je pense manucurés ! Finalement, je tourne la tête pour regarder ma comparse … merde ! J’aurais voulu le faire exprès, je ne l’aurais pas fait … Je hèle le serveur et lui commande une bouteille de champagne en lui refilant ma carte bleue … la fille vaut bien mieux qu’un cocktail.
 
« Viens … » Soufflais-je à ma camarade d’un soir de beuverie en l’ayant bien reconnue, mon cœur s’est arrêté de battre, mon sang s’est arrêté de circuler pour s’arrêter dans un seul endroit : celui qui fait de moi un mâle … J’espère qu’elle va me suivre … « On doit parler tous les deux … » finis-je pour lui faire comprendre que je ne lâcherais pas l’affaire. Bordel, je n’en reviens pas, il m’a fallu une sortie en nightclub pour la retrouver alors que j’ai trimé comme un chien jusque-là … Mon regard se pose sur elle et ne lui laisse pas d’autres choix sauf que de celui de l’embrasser fugacement comme je viens de le faire en venant poser mes lèvres sur les siennes quitte à m’en prendre une…

J’ai perdu l’habitude de me noyer dans l’alcool pour oublier mes emmerdes, mes peines, je me suis plus replongé dans les antis dépresseurs depuis un moment déjà … J’essaye de m’en sortir pourtant mais c’est compliqué. Je ne vois pas de psy pour ça, ma dépression, j’ai appris à faire avec et elle fait partie de moi ! Un verre de temps en temps cela allait encore mais ce soir cela serait freestyle, open bar, no limits … Ouais, j’ai envie d’oublier le pourquoi, je me retrouve aussi loin de mon pays natal, pourquoi, je la recherche à ce point-là, pourquoi j’ai autant la pression … Pression que je me suis mis tout seul comme un grand ! Je ne me plains de rien, car j’ai juste envie de décompresser ! J’ai commencé à danser avec une autre mais cela s’est vite arrêté en entendant la musique … merde Santana était le dernier musicien que je voulais entendre ce soir … il me la rappelle trop … La tequila n’aide finalement pas à effacer une mémoire … celui qui raconte cela dit que de la merde et moi je l’ai cru … Une jolie main s’est tendue à mes cotés lors de mon retour au bar, j’ai voulu bien faire en lui offrant un verre, dans un premier temps de sa boisson … j’ai vite changé d’avis en commandant du champagne en pensant à elle … merde j’ai son sosie en face de moi ! Non en vérité, je l’ai bien reconnue, une musique de George Michel passe en fond. Plus rien n’existe pour moi, juste elle et ses lèvres qui sont si attirantes … l’adrénaline me pousse à essayer de l’embrasser, elle se laisse faire furtivement et crie à la déchéance ensuite en me traitant de cinglé ! Bordel, oui je suis cinglé d’elle et son corps est une attirance effroyable … J’ai déjà remarqué qu’elle a bondi de sa chaise … un scandale nait … non elle ne m’a pas encore reconnu … elle se rattrape à mes bras, je la regarde et l’attire contre moi, nos visages sont proches mais pourtant, je ne cherche plus à l’embrasser cette fois ! J’en meurs d’envie portant, cette fois la musique a changé c’est une des musiques de Top Gun qui passe. Ok  … le DJ a décidé de me péter les couilles car il s’agit de la chanson de Berlin, celle qui est la plus connue du film. Personne ne nous regarde, ne nous calcule … avec un peu de force, je l’attire contre moi, la serre dans mes bras avant de la relâcher avec tendresse … « Merde ? C’est tout ce que t’as à dire ? » Je suis culotté mais cela fait partie de mon caractère ! « Après autant de temps ? » J’enfonce mon cas avec cette question mais que lui dire d’autre ? Que je l’aime ? C’est griller mes chances en une seule fois déjà … « Acceptes-tu de me suivre ? Je pense que je te dois des explications mais aussi des excuses et un tas d’autres choses… » Oui réellement beaucoup d’autres choses mais je souhaite aussi la récupérer avant tout … « En haut ? Je sais que l’on peut y aller pour y être tranquille … » J’espère qu’elle va me suivre pour avoir une nouvelle chance avec elle …

A la base si je me trouve dans cette boite c’est pour décompresser et la chance a fait que je tombe sur l’objet de mes recherches. Assise à mes côtés dans un premier temps commandant un cocktail que je lui ai offert sans réellement la regarder, l’observer … Un sourire s’est dessiné sur mes babines, mes quenottes blanches se sont dévoilées mais j’ai vite déchanté. Les paires de sourcils se sont froncés après un baiser légèrement forcé. Elle a failli tomber, mes bras l’ont vite rattrapée, la voilà déjà reculée vociférant une rage non contenue. Je soupire, j’avais presque oublié son caractère têtu … « Je t’ai cherché … » Merde me voilà à en être à me justifier … « Je n’en sais rien que t’es contente de me voir au moins … » Ouais bon là c’est osé j’admets. « Vu ton état pourquoi pas … je pourrais te porter dans ta chambre pour que tu puisses cuver !» Lui lançais-je avec amertume « Si je suis là c’est pour toi … » Je commence à devenir aussi froid qu’elle, elle me cherche, elle me trouve. Nos disputes étaient mémorables, les voisins ont souvent cru que l’on allait terminer par s’entretuer lorsque nous avions un différent lorsque nous vivions ensemble. Pourtant nous forions un couple uni, amoureux mais nos caractères sont assez similaires. Nos réconciliations pouvaient être torrides comme glaciales, se faire la gueule durant des heures était monnaie courante pour nous lors de grosses disputes.
 
Charlie était la femme de ma vie, elle l’est toujours, je n’ai pas touché une femme depuis ma fuite. Je lui ai toujours été fidèle mais qu’en est-il de mon ex ? Sincèrement je n’en sais rien. « Tu devrais pourtant … » Mes yeux sont levés au ciel mais se sont rabaissés à temps, j’ai pu voir sa main se passer sur son visage. Elle me dit qu’elle me rejoint mais avant elle doit aller se rafraîchir. « Merci … je t’attendrai dans une des cabines. » Mon ton s’est radouci assez rapidement.  Je monte pour l’attendre, la pièce est peu spacieuse et privative. Décorée de manière assez simpliste : murs noirs, table basse en verre, banquette en faux cuir rouge un peu vulgaire mais confortable, deux fauteuils assortis à la banquette, la pièce diffuse avec plus de douceur la musique d’en bas. La brune arrive, elle n’est toujours pas au mieux, elle s’allonge sur la banquette j’en profite pour placer ses pieds sur ma cuisse droite, lui masser légèrement la cheville tandis que son fiel se déverse encore. Moi une famille ? Des enfants ? Elle blague ? Non cela n’en a pas l’air … je prends une grande inspiration, il est temps de tout lui dire et cela ne va rien améliorer … « Rien de tout cela … » J’attrape la bouteille de champagne et en bois une gorgée à même la bouteille avant de la tendre à Charlie « La seule famille qui me reste réellement c’est ma cousine … » Ma gorge se serre, je regarde la pointe de son soulier pour ne pas passer pour une mauviette devant elle. « Mon père est mort d’un cancer et ma mère l’a suivi peu après … » Je ne lui ai pas encore tout raconté car il y a pire encore ni les moments où tout s’est passé. « J’ai failli tuer aussi un de mes collègues à ce moment-là … » Putain il faut que je me lance … « et je ne voulais pas passer pour un homme faible devant toi car je devais garder secret le cancer de mon père sauf qu’il a été fulgurant … » Oui tout cela a été rapide, trop rapide …

Sans réellement y croire ce soir, j’ai touché au but et je l’ai retrouvée, elle qui me fait battre mon cœur, elle que j’ai perdu à cause de mes conneries, de mes emmerdes et de cette putain de peur de paraitre faible devant elle pour qu’elle me prenne en pitié. Je n’ai jamais voulu de cela alors voilà pourquoi j’ai fui comme une merde, comme un lâche.  L’ambiance est tendue, je ne m’attendais pas à autre chose avec elle, je la sais froide, peste dans ce genre de moment. L’expérience de deux années de vie commune, d’un presque mariage aussi … mais j’ai le feu sacré qui brule toujours en moi, cette flamme qu’elle a allumé lors de notre rencontre, qu’elle a attisé lors de notre premier baiser … Les regards sont noirs, les paroles encore plus cinglantes que par le passé … « J’voulais pas que tu me cherches … » Je ne sais pas pourquoi mais elle me cache un truc mais lequel … va falloir que je mène l’enquête un jour prochain … pas ce soir, j’ai envie de la retrouver, de me souler la gueule avec elle et … non même pas la peine de penser à plus … on va s’entretuer si on fait ça … De plus cela serait profiter de son état et je ne suis pas comme ça même si je dois avoir tous les défauts du monde pour le moment pour elle.

J’ai bu un peu de champ, lui ai tendu la bouteille avant de commencer à tout lui raconter. Elle l’a refusé et je ne m’en suis pas offusqué. Par contre sa réaction me glace le sang … c’est tout ce que je suis devenu pour elle ainsi … « Le seul truc que j’ai kidnappé c’est ton cœur et cela date d’y a cinq ans déjà … » Emis-je en soupirant et en buvant une nouvelle rasade d’alcool doré. Je continue à masser sa cheville doucement, sans lui faire mal, elle ne me repousse pas, je ne la regarde pas … « J’ai payé pour ça comme je paye pour toi … C’était un putain d’accident Charlie !» On est fait pour être ensemble, le duo de criminel que rien ne sépare. Enfin si ma connerie … Je remarque qu’elle s’est redressée, ok cela va chauffer ! Cela gueule bien, elle pense que j’ai pas confiance en elle … génial … elle me fait clairement chier à vouloir me faire retourner au pays. « Non j’voulais pas que tu prennes pitié de moi c’est tout ! J’voulais pas gâcher notre mariage ! » J’ai aussi une fierté et j’avoue que je ne voulais pas pleurer devant elle, chose que je ne fais toujours pas. « Si vouloir te revoir, tout t’expliquer après avoir traversé des océans c’est une putain de perte de temps alors qu’il en soit ainsi mais pour moi c’est tout le contraire. » Ma voix joue dans les graves et les aigus pour lui faire comprendre que je ne plaisante pas. D’ailleurs j’attrape mon ex après avoir posé la bouteille sur la table et la déplace d’un geste assez vif pour mes genoux, à califourchon. Mes mains sont sur ses hanches mais remontent assez vite sur son visage que je rapproche du mien lui faisant croire que je vais l’embrasser de force à nouveau. Au dénier moment je dévie mes lèvres, les approchent plus de son oreille. « Je veux être là pour toi, te sécuriser si t’as des emmerdes, te consoler si t’as du chagrin, de la peine, être cette putain d’épaule sur laquelle tu peux pleurer comme j’aurais dû te demander de le faire si j’avais eu pas ce putain d’orgueil et cette salope de peur … » Une manière de m’excuser et de vouloir recommencer à zéro ? Peut-être oui en quelques sortes. Lui dire que je l’aime toujours est risqué mais la réaction sensorielle que je sens est incontrôlable … espérons juste qu’elle le sente pas trop car une érection est entrain de naitre et c’est la merde.