Le karma c'est de la merde ~ Avec Sacha

Le karma c'est de la merde

Avec Sacha

Est ce que je suis vraiment en train de me préparer pour faire du sport ? Il semblerait bien que oui. Jake m'a regardé avec des yeux ronds lorsque je lui ai annoncé que j'allais courir, le matin en plus de ça. En fait, ce n'est pas exactement de ma propre initiative, c'est Phoenix qui me l'a conseillé. Maintenant que j'ai commencé la boxe - sans en parler à mon grand frère bien entendu - c'est bien aussi de "s'entretenir" en faisant un peu d'exercice en dehors. J'ai eu un élan de motivation, j'aimerais faire ça au moins 1 fois par semaine. Me voilà donc chaussée de mes baskets, d'un legging et un débardeur gris, j'ai aussi enfilé un sweat à Jake comme d'habitude. J'attrape mes écouteurs et les branche à mon téléphone. Ma playlist mise en route, je sors de l'appartement. Il est 9h à peine. J'effectue quelques étirements sur la route comme l'a montré Phoenix et me dirige vers Center Bay. J'ai envie d'un chemin tranquille pour faire du sport, le parc me semble une bonne idée. Lorsque je suis arrivée à destination, j'enclenche le chronomètre sur mon portable. Je commence à courir, en chantonnant sur les musiques qui passent dans mes oreilles. Il fait plutôt beau, même si la température reste plutôt fraîche. Comme je débute, je préfère me faire quelque chose d'adapté donc 10 minutes de course pour l'instant après une pause, et de nouveau 10 minutes. On verra comment je me sens. Le paysage défile sous mes yeux, je croise quelques passants. J'offre des sourires aux gens, ça fait toujours plaisir. Lorsque les dix minutes sont passées, je ralentis doucement et marche en reprenant légèrement mon souffle. Je commence à avoir chaud, je retire le sweat de Jake, que je noue à ma taille. Je bois aussi quelques gorgées d'eau. Juste avant de me remettre à courir, je resserre un de mes lacets pour éviter que je ne marche dessus. En me relevant, je jette un coup d'œil à mon téléphone tout en trottinant. Comme je ne regarde pas devant moi, je ne vois pas non plus la personne qui me fonce dessus et que je bouscule donc. Mon portable tombe au sol - heureusement pas trop violemment - et je me prends un torse en pleine figure. « Oh pardon ! Je ne regardais pas où j'allais, je suis vraiment désolée » Je débite ça très vite, gênée d'avoir dérangée quelqu'un. Je récupère alors mon téléphone et relève la tête vers la silhouette qui me fait face. Lorsque je reconnais son visage, mon portable manque de nouveau de se casser la figure. Qu'est ce qu'il fait là ? Il est toujours aussi grand, enfin surtout par rapport à moi, ce qui n'est pas difficile vu ma petite taille. Ses cheveux ont légèrement poussés, il est un peu plus musclé qu'avant, sinon il n'a pas changé. Mon meilleur ami se tient là devant moi, enfin… mon ancien meilleur ami. Je suis pas sûre que l'on soit encore amis, quand je suis partie d'Auckland, je ne lui ai jamais donné de nouvelles. D'ailleurs, je ne lui ai jamais dis que je partais. Merde. J'ai dû mal à réagir, partagée entre la joie de revoir celui avec qui je passais la majorité du temps avant, le choc de le trouver à Island Bay et la culpabilité de l'avoir "abandonné" sans rien dire. « Sacha ? » Je passe une main dans mes cheveux, mal-à-l'aise. Je suis pas sûre qu'il soit heureux de me revoir. Est ce que je peux lui en vouloir ? J'ai pas le droit, c'est moi qui suis partie. « Qu'est-ce… qu'est ce que tu fais ici ? » Je n'ose même pas le regarder dans les yeux. Pourtant, il m'en faut plus pour me déstabiliser normalement. Là, je ne sais pas quoi faire, quoi dire. Je ne sais pas comment Sacha va réagir. J'étais absolument pas prête à le croiser aujourd'hui et maintenant…

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Courir le matin, quand j'en ai la possibilité, c'est quelque chose que j'aime faire. Si je suis de garde, je décale ce moment à un peu plus tard, dans la soirée par exemple. Car sans cette dose de sport, je ne me sens pas bien. C'est ce qui me permet d'évacuer, d'oublier ce que j'ai vu dans la journée ou la veille. Sans ça, je pense que je serais obligé de voir un psychologue. Tous les jours, je fais le même tour, dans le plus grand parc d'Island Bay. Je commence à bien le connaître, même si à mon arrivée, il y a plusieurs mois maintenant, je n'étais pas non plus dans l'inconnu. J'ai passé une grande partie de mon enfance ici, mon enfance et mon début d'adolescence. Il y a des détails de la ville que j'ai oublié, mais j'avais en souvenir ce parc. C'est donc tout naturellement que je suis revenu à lui. Mais aujourd'hui, ma petite course ne se passe pas comme prévu. À peine le deuxième tour fait, je me fais percuter par quelqu'un qui ne regardait pas son chemin. Une femme pour être plus précis. Je ne suis pas du genre à m'énerver pour ce genre de choses. Surtout qu'elle aurait pu se blesser, ou même nous blesser. C'est sûrement mon métier qui prend le dessus sur la colère. Il y a bien trop de personnes qui finissent aux urgences suite à quelque chose d'aussi banal. « Oh pardon ! Je ne regardais pas où j'allais, je suis vraiment désolée. » Il ne me faut pas longtemps pour faire le rapprochement. Ces cheveux blonds, cette voix. Tout ceci est bien trop familier pour moi. Lorsqu'elle relève le visage, je comprends que j'ai visé juste. « Sacha ? » Savannah. Elle semble étonnée de me voir là et pour être honnête, je le suis aussi. Il y a six mois, elle a quitté Auckland sans m'en parler. Je pensais pourtant que l'on était proches. Visiblement pas assez. « Qu'est-ce… qu'est ce que tu fais ici ? » Je rigole légèrement, d'un ton moqueur. « Je pourrais te poser la même question. » Je pense d'ailleurs être dans une meilleure position qu'elle pour le faire. Du jour au lendemain, je n'ai plus eu de nouvelles. Celle que je pensais être ma meilleure amie était partie. « Ma mère s'est suicidée. Je n'avais aucune raison de rester à Auckland. » Elle voulait savoir ce que je faisais là, autant être honnête, non ? Après son départ, il s'est passé plusieurs choses dans ma vie, des événements qui m'ont amené ici. Alors sans lui parler de tout cela, mon histoire serait biaisée et même si j'aurais préféré qu'elle soit à mes côtés lors de ces moments-là, je ne peux pas lui mentir sous prétexte de la blesser. « Elle m'a dit que mes racines étaient ici, alors je suis revenu. » Lui balancer tout cela au visage, tout ce qu'elle a pu manquer pour lui faire mal. Cela ne me ressemble pas, mais j'ai comme la sensation de devoir faire cela pour rivaliser avec ce qu'elle a fait. « Je ne savais pas que tu avais fait tes valises pour Island Bay. Je n'ai même pas eu un message. » Au moins maintenant, les choses sont dites.

Le karma c'est de la merde

Avec Sacha

Le vent souffle légèrement sur mon visage, tandis que je fais face à celui qui était mon meilleur ami. La seule interrogation que j'ai, c'est sa présence ici. Mais en même temps ce n'est pas si étonnant, il a déjà vécu ici. C'est simplement bizarre de le retrouver là, alors que la dernière fois que l'on s'est parlé c'était à Auckland. Je l'observe rapidement sans oser croiser son regard trop longtemps. C'est déstabilisant d'être devant lui. J'ai sûrement des excuses à lui faire, sans doute. Même si je suis têtue et fière, je suis capable d'admettre que je n'ai pas bien fait les choses avec Sacha, en partant sans rien dire. Son rire un peu moqueur me tire de mes pensées. « Je pourrais te poser la même question. » C'est vrai que ma présence dans cette ville n'est pas non plus forcément logique. Je n'esquisse aucun geste et me contente de le fixer, une petite moue sur le visage. « Ma mère s'est suicidée. Je n'avais aucune raison de rester à Auckland. » Merde. Et là je suis censée dire quoi ? Je passe une nouvelle fois une main dans mes cheveux, toujours le même geste lorsque je suis mal-à-l'aise. Je baisse un peu les yeux sur son torse, ne supportant pas son regard presque dédaigneux sur moi. « Elle m'a dit que mes racines étaient ici, alors je suis revenu. » Je triture mon sweat du bout des doigts. Il s'est passé tant de choses en un peu plus de six mois, pour lui comme pour moi. J'ai retrouvé mon grand frère, ma nièce et mon cousin. Je me sens mieux depuis que je me suis éloignée de mes parents. Sauf que j'ai aussi laissé Sacha derrière moi. « Je ne savais pas que tu avais fait tes valises pour Island Bay. Je n'ai même pas eu un message. » Je relève les yeux vers lui, difficilement. Il a été blessé par mon départ, je le vois bien. J'ai un peu nié les conséquences que ça aurait de venir vivre à Island Bay. J'avais pas réellement prévu de partir, mais l'ambiance dans la maison, avec mes parents qui m'en voulaient de ne pas avoir été l'enfant modèle qu'ils auraient voulu, me pesait. Ils voulaient que je devienne comme Stephanie, et surtout que je ne reproduise pas ses conneries ou celles de Jake. Bref, la dernière dispute en date était sur mes études d'Art, et là j'ai dis stop. « Je… je suis désolée. » Pour sa mère, mon départ, de l'avoir blessé, je suis désolée pour plein de trucs. J'ai abandonné mon meilleur ami, et je m'en veux, même si je n'assume pas vraiment… Pourquoi je n'ai pas tenu au courant Sacha ? Déjà j'avais peur de sa réaction, je comptais pas revenir à Auckland et je n'étais pas sûre que lui veuille continuer de me parler alors qu'on habitait plus au même endroit. Mais surtout, j'étais tombée amoureuse de lui, il était hors de question de lui avouer quoi que ce soit de mes sentiments, je ne le voyais plus seulement comme un ami, ça devenait difficile pour moi. Mon départ est un peu arrivé à point nommé. Même si maintenant que j'y pense, c'était ridicule. J'ai une fierté mal placée, j'avoue. Je le vois aujourd'hui et j'ai des remords. Je vois mon meilleur ami de l'époque et je me sens coupable. Je ne sais pas si je suis capable de me faire pardonner, ni si lui est prêt à me pardonner. Je suis déjà pas sûre de vouloir lui dire les raisons pour lesquelles je l'ai pas prévenue. « C'est tellement idiot quand j'y pense, putain. » Je regarde ailleurs en soupirant légèrement. J'ai jamais voulu faire de mal à Sacha, et pourtant je l'ai fais, involontairement. « Je suis vraiment désolée, Sacha. Vraiment, vraiment désolée. » Je ne sais pas quoi dire de plus. Et pourtant, au fond, le revoir me fait du bien et je suis heureuse de le savoir ici. J'aimerais savoir ce qu'il fait maintenant, s'il se plaît ici, s'il est heureux, malgré les événements qu'il a vécu. Mais ce serait déplacé de lui demander de ses nouvelles je suppose. Je ne suis plus sa meilleure amie, je suis une ennemie peut-être même.

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Ce footing matinal devait se passer sans encombre, mais voilà que je me retrouvais à percuter quelqu'un. Jusque là, ce n'était qu'un petit incident, seulement, il avait fallu que cette femme soit Savannah. Une personne que j'avais rencontrée à Auckland, que j'avais apprécié là-bas et qui du jour au lendemain m'avait laissé sans nouvelles. Ce n'est qu'en allant chez elle que j'avais appris, grâce à ses parents, qu'elle avait quitté la ville. Qui fait ça ? La colère que j'ai ressentie ce jour-là refait doucement surface et forcément, en lui parlant, je suis comme agressif. C'est plus fort que moi. Pourtant, cela ne me ressemble pas. « Je… je suis désolée. » Je la regarde, sans rien dire. Désolée pour quoi ? Pour cet accident ? Alors quoi, elle va s'excuser, partir et nous allons en rester là ? « C'est tellement idiot quand j'y pense, putain. » Je ne suis même plus sûr de savoir de quoi nous parlons. Si elle essaye de s'excuser pour ce qui s'est passé il y a plusieurs mois maintenant, elle s'y prend plutôt mal. « Je suis vraiment désolée, Sacha. Vraiment, vraiment désolée. » Elle semble être honnête. Tout me donne envie de la croire et pourtant. Ce qu'elle a fait il y a plusieurs mois maintenant, en quittant Auckland sans me laisser le moindre message, ça me reste en travers de la gorge et je ne sais même plus si je dois lui faire confiance ou non. « Tu comptes me donner une explication ? Ou tu vas encore fuir ? » Machinalement, je hausse les épaules pour accompagner mes paroles. Je ne m’attendais pas à une telle rencontre matinale, ça promet pour le reste de la journée. « J’ai fait quelque chose de mal ? » Pour ne pas mériter un simple "au revoir", sûrement. Ou alors c’est moi, et mon raisonnement. Si de nous deux j’avais été le premier à partir, je serais allé la voir, je lui aurais tout expliqué. Je me serais aussi excusé de la laisser tomber, même si c’était presque devenu une obligation pour moi de quitter Auckland. Mais elle, rien. Même pas un message, même pas un au revoir. « J’ai eu du mal à comprendre, mais je suis passé à autre chose. Si tu veux poursuivre ton chemin aujourd’hui, ne te prive pas. » Je ne sais pas ce qu’elle veut, je ne suis même pas sûr de savoir ce que je veux moi-même. Mais nous n’allons pas rester au plein milieu de ce parc toute la journée, j’ai des choses à faire, j’ai un service qui m’attend. Alors qu’elle parle, qu’elle m’explique ce qui s’est passé pour qu’elle parte comme ça. Ou alors, qu’elle tourne les tallons et qu’elle parte, nous obligeant ainsi à en rester là. Je lui laisse le choix, je lui laisse l’occasion de s’expliquer, car sans cela, ça sera compliqué pour la suite. Je resterais toujours à me demander ce qu’il a pu se passer dans sa tête, alors qu’elle, elle sera toujours là à s’excuser. Ce ne sont pas des bases pour une amitié stable.

Le karma c'est de la merde

Avec Sacha

Y a des moments où j'aimerais remonter le temps. Déjà pour profiter 2 fois plus de la présence de Stephanie avant qu'elle n'ait son accident. Ou encore aujourd'hui où j'aimerais revenir dans le passé, au moment où j'allais quitter Auckland pour rejoindre Jake. J'aurais aimé avoir le courage d'en parler à Sacha, de m'excuser avant tout. Je me sens complètement débile et immature quand je pense que je lui ai rien dis et que je l'ai abandonné. Et maintenant quoi ? Il me regarde presque comme une ennemie et moi je n'ose pas croiser son regard. Je m'excuse, parce que je ne sais pas quoi faire d'autre. « Tu comptes me donner une explication ? Ou tu vas encore fuir ? » J'encaisse son reproche avec une petite grimace. Je crois que ça va être dur de se faire pardonner. Je sais normalement me faire excuser très rapidement, avec ma petite tête mignonne et mon sourire. Là malheureusement un sourire ne fera pas oublier la déception que Sacha a du ressentir. Alors que j'allais parler, il me devance. « J’ai fait quelque chose de mal ? » J'ouvre grand les yeux, un peu étonné. Quoi ? Comment pourrait-il penser avoir fait quelque chose de mal. Sacha a toujours été un amour avec moi, c'est peut-être même ça le problème je l'ai un peu trop aimé. Je m'empresse de le rassurer, plus ou moins. « Non non, bien sûr que non. Tu n'as rien fais mal, pas du tout. C'est moi… » Ce genre de phrase bidon… Je passe une nouvelle fois une main dans mes mèches blondes. « J’ai eu du mal à comprendre, mais je suis passé à autre chose. Si tu veux poursuivre ton chemin aujourd’hui, ne te prive pas. » Je secoue la tête négativement. Hors de question que je me défile maintenant. Même s'il aurait fallu que j'ai cette discussion bien avant… Mais bon c'est pas le cas. Je joue avec le lacet du sweat de Jake en réfléchissant à ce que je vais dire. « Tu sais ça se passait mal avec mes parents. A la maison, ça devenait pesant. J'ai légèrement pété un câble un soir, ils m'emmerdaient encore avec mes études. Je me suis engueulée violemment avec mon père surtout. J'ai même pas réfléchi, je me suis barrée à peine deux heures plus tard. J'ai rejoins mon frère ici… » Je lève le regard vers celui de Sacha. Je laisse un petit temps de silence avant de reprendre. « Je voulais te prévenir mais… je sais pas, j'ai pas osé, je me sentais coupable… » Je me dois d'être complètement honnête avec lui. Je ne suis pas sûre de retrouver son amitié un jour, alors je ne veux rien regretter. « Et puis… bon c'est sûrement gênant de te dire ça maintenant mais… Comment dire. Je ne te voyais plus comme un ami. » J'eus comme un rire nerveux en secouant la tête. « Enfin j'veux dire, j'voulais être plus qu'une amie, tu vois... » Un sourire gêné s'affichait sur mon visage. Même si c'était plus le cas, ça restait toujours un peu embarrassant d'avouer des sentiments.

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Savannah est la pire rencontre que j’aurais pu faire aujourd’hui, je crois en tout cas. Il faut dire que je n’ai pas beaucoup d’ennemis, beaucoup de personnes que je préfère éviter. Mais il avait fallu que ce soit elle. J’aurais dû rester calme, ne rien dire et continuer mon chemin. Pourtant, j’ai été curieux, j’ai voulu savoir ce qui l’avait poussé à partir et maintenant, je ne peux pas partir sans réponse de sa part. « Non non, bien sûr que non. Tu n'as rien fais mal, pas du tout. C'est moi… » Je n’apprends rien ici et pourtant, je me sens soulagé. Il arrive parfois que des gestes soient mal interprétés, qu’ils n’aient pas le sens voulu à la base. Mais non. Et dans le fond, ça me ressemble plutôt bien. Avec les femmes, et les autres, j’essaye d’agir du mieux possible. « Tu sais ça se passait mal avec mes parents. A la maison, ça devenait pesant. J'ai légèrement pété un câble un soir, ils m'emmerdaient encore avec mes études. Je me suis engueulée violemment avec mon père surtout. J'ai même pas réfléchi, je me suis barrée à peine deux heures plus tard. J'ai rejoins mon frère ici… » En terme de famille, nous n’avons pas été les plus gâtés. Mais cela n’explique pas ce qui me met hors de moi. Tout ce qu’elle me dit là, je l’aurais compris. J’aurais même été là pour elle, pour la soutenir. Pourtant, elle m’a laissé dans le silence. Elle est partie sans me laisser la moindre nouvelle, me laissant désemparer, seul et perdu à Auckland. « Je voulais te prévenir mais… je sais pas, j'ai pas osé, je me sentais coupable… » Coupable ? Mais pourquoi ? Il n’y avait pas de raison à cela. Pas avant de partir, maintenant, c’est une autre histoire : elle est bien coupable, coupable de lâcheté. Elle m’a justifié son départ, mais pas la raison qui l’a poussé à me mentir. Je fronce légèrement les sourcils, cherchant au plus profond de moi une explication à ce qu’elle essaye de me dire. « Et puis… bon c'est sûrement gênant de te dire ça maintenant mais… Comment dire. Je te ne voyais plus comme un ami. Enfin j'veux dire, j'voulais être plus qu'une amie, tu vois... » Je reste bloqué après cette révélation. Je ne sais pas comment réagir, je ne sais pas quoi dire. « Quoi ? » Comme réaction, il y a sûrement mieux. Je ne voulais pas être méchant, mais disons que la surprise a pris le dessus. Jamais je n'aurais imaginé cela. Nous sommes amis depuis plus de cinq ans maintenant, mais il n'y a jamais eu d'ambiguïté entre nous. Alors forcément, savoir qu'elle a pu éprouver ou qu'elle éprouve encore des sentiments pour moi aujourd'hui, ça me fait bizarre. « Mais.. tu aurais dû me parler. » De ses sentiments, de son histoire avec ses parents. Je ne l'aurais jamais jugé, nous aurions pu en discuter calmement. « Je ne t'aurais pas jeté. J'aurais compris ta décision et nous aurions pu continuer à parler, malgré les kilomètres qui nous séparaient. » Finalement, dans mes paroles, je n'évoque pas vraiment ce qu'elle vient de dire sur ses sentiments. Ce n'est pas le sujet principal, pas selon moi. Si nous voulons que notre amitié survive à tout cela, nous allons devoir faire abstraction de certaines choses. « Surtout qu'aujourd'hui, nous nous retrouvons tous les deux ici. » Ici, à Island Bay. Malgré la distance, si nous étions restés en contact, nous n'aurions pas été séparé longtemps.

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Avec Sacha

Je reste très calme, ce qui contraste avec ma personnalité extravagante. Mais dans cette situation, bien sûr, j'évite de faire comme d'habitude. Surtout que Sacha me demande des explications. C'est difficile, c'est gênant, j'ai l'impression que je vais mourir de honte quand je pense à ce que je vais lui dire. Je commence par évoquer les disputes incessantes avec mes parents. Je vois bien à son regard qu'il ne comprends toujours pas mon silence radio pendant presque 6 mois. Avec un peu de courage, je finis par lui avouer ce que j'avais sur le cœur. Je formule plus ou moins les pensées et les sentiments que j'ai eu il y a quelques temps, au moment de mon départ. « Quoi ? » Je relève les yeux vers lui. Oui, bon, je m'attendais à une réaction comme celle-ci. Je ne sais pas trop quoi dire de plus. « Mais.. tu aurais dû me parler. » Je hausse les épaules. Maintenant que je retourne le problème dans ma tête, j'ai envie de me claquer parce que, en effet, j'aurais dû et j'aurais pu lui parler. Mais... le mal est fait, comme on dit. « Je ne t'aurais pas jeté. J'aurais compris ta décision et nous aurions pu continuer à parler, malgré les kilomètres qui nous séparaient. » Je baisse la tête. « Je sais... » Je murmure à peine, j'éprouve de la culpabilité à l'idée de l'avoir blessé. Surtout maintenant que je me rends compte qu'il se serait montré compréhensif et à l'écoute, comme il l'a toujours été. J'ai presque envie de pleurer tellement je me sens stupide. « Surtout qu'aujourd'hui, nous nous retrouvons tous les deux ici. » Je redresse le visage, j'ai un petit sourire gêné. Je ne sais pas comment je dois réagir ou dire. « Je sais que je t'ai fais beaucoup de mal. Je m'en veux beaucoup. Je ne sais pas si tu me pardonneras un jour... » Je triture mes doigts. « Qu'est ce que tu veux faire ? Je ne t'en voudrais pas si tu ne veux plus jamais me revoir. » Je soupire. Je ne le forcerais pas à me pardonner. J'aimerais réellement retrouver l'amitié que j'avais avec lui, mais comme c'est de ma faute, je ne veux pas m'imposer. Je ne sais pas vraiment si Sacha serait prêt à faire l'effort de m'excuser. On s'entendait si bien et nous voilà à nous jauger comme des inconnus. Quelle connerie que j'ai faite...

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Aujourd'hui, de lui dire que nous aurions pu parler, c'est facile à faire. En réalité, sur le coup, je ne sais pas vraiment comment j'aurais réagi. Sûrement pas mal, cela ne me ressemble pas beaucoup, mais j'aurais très certainement mis un certain temps à réagir. Le nombre de mes relations amoureuses peut se compter sur les doigts d'une main, je n'ai jamais vraiment été doué pour cela. Et la seule relation qui a finalement été sérieuse, ça s'est fait presque naturellement entre nous. C'était interdit, mais nous n'avons jamais posé de mots dessus. Nous avons agi plutôt que d'en discuter. C'est parfois plus facile de faire ainsi, mais ce n'est pas la question là. Savannah a eu peur et dans le fond, c'est compréhensible. Cela ne l'excuse pas complètement, mais je ne peux pas la blâmer pour ça. Surtout qu'avec sa dispute avec ses parents, ça devait faire beaucoup à gérer. Les problèmes se sont accumulés et elle a préféré partir, espérant ainsi pouvoir y trouver une solution. Ce n'était certainement pas la meilleure des choses à faire. « Je sais... » Elle se rend à l'évidence que je ne l'aurais pas jugé, que nous aurions pu parler et régler cet élément. Qui sait, en restant à Auckland, nous aurions même pu commencer quelque chose entre nous, sans vraiment savoir où cela allait nous mener. Mais elle est partie et nous ne le saurons jamais. « Je sais que je t'ai fais beaucoup de mal. Je m'en veux beaucoup. Je ne sais pas si tu me pardonneras un jour... Qu'est ce que tu veux faire ? Je ne t'en voudrais pas si tu ne veux plus jamais me revoir. » « Je serai idiot de t'en vouloir à vie, alors que tu as fait ça pour ton bien. » Ce n'était pas un caprice, c'était nécessaire pour elle. Si je lui reproche cela, alors cela voudrait dire que je pourrais me reprocher aussi d'avoir quitté Auckland. J'avais aussi ce besoin de m'éloigner un peu, de retrouver de la famille ici. Même si contrairement à elle, je n'ai pas été vraiment bien accueillit et je ne peux pas vraiment compter sur mon père biologique. « Tu ne voulais pas faire mal. » Si cela avait été le cas, la jeune femme ne serait même pas resté ici pour discuter avec moi, elle aurait tourné les talons et serait repartie. « Ce sera sûrement bizarre au début, mais nous pouvons toujours essayer de rattraper le temps perdu. » Cinq mois, ce n'est pas énorme. Mais avec ce qui s'est passé respectivement dans nos vies, ça fait beaucoup quand même.

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Face à Sacha je ne fais pas la maligne, et pourtant j'ai réussi à dire ce que j'avais sur le cœur. Il sait tout maintenant. Comme avant. L'ambiance semble s'apaiser, c'est un poil moins gênant qu'il y a quelques minutes. Je lui laisse le choix de ne plus vouloir me parler ou non. Je serais bien égoïste à le forcer à renouer contact s'il ne le souhaite pas, sachant que c'est moi qui n'ai plus donné de nouvelles.  « Je serai idiot de t'en vouloir à vie, alors que tu as fait ça pour ton bien. » Un sourire naît sur mes lèvres. Il n'a pas changé, il a toujours cette bonté et cette compréhension que j'ai toujours apprécié chez lui. « Tu ne voulais pas faire mal. » Il est vraiment compréhensif. J'aurais dû savoir qu'il allait être aussi gentil. Au fond, je le savais en fait, mais je me voilais la face. C'est quand même dommage d'être partie sans rien dire, alors qu'on aurait pu continuer à se donner des nouvelles même à distance. Surtout maintenant qu'il est de retour dans ma vie. « Ce sera sûrement bizarre au début, mais nous pouvons toujours essayer de rattraper le temps perdu. » Je suis heureuse de l'entendre dire ça. Il veut bien qu'on se reparle, du moins, qu'on essaye. Finalement, je suis soulagée, cette rencontre inattendue n'a pas fini en drame. J'ai fais l'erreur de cacher des trucs à celui que je considérais comme mon meilleur ami et je l'ai abandonné. Le karma ne doit pas être si mauvais avec moi, vu que la vie me redonne la chance de reprendre contact avec lui.  « Merci. Merci d'être si compréhensif, malgré ce que je t'ai fais. » J'ose de nouveau un sourire. Je jette un coup d'œil à mon téléphone avant de rediriger mon regard vers celui de Sacha. « Peut-être qu'on pourrait faire un truc ensemble … Boire un verre ou sortir à la plage ? » Je hausse les épaules, je ne veux pas qu'on se prenne la tête, alors vaut mieux faire au feeling. « Je ne sais pas quand tu as du temps libre… Si demain tu n'as rien, on pourrait se voir ? Ou alors ce Week-end ? Qu'est ce que tu en dis ? » Ça me ferait plaisir qu'on discute dans un endroit un peu plus propice. J'aimerais savoir ce qu'il fait en ce moment, s'il s'y plait.. Bref j'ai bien envie de savoir s'il est heureux maintenant qu'il vit ici.

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Même si j’ai été vexé par son geste, je ne peux pas indéfiniment lui en vouloir. Sinon, cela voudrait dire que notre amitié n’en était finalement pas une. Et puis, dans le fond, depuis six mois, la jeune femme m’a manqué. « Merci. Merci d'être si compréhensif, malgré ce que je t'ai fais. » Nous nous entendions bien à Auckand. Elle a été l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas craqué à mon arrivée en ville. Je venais de quitter le lycée, j’avais laissé mes amis et Olympe, pour suivre ma mère. À l’époque, je ne connaissais pas la raison de ce départ brutal et forcément, pendant plusieurs mois, je n’étais pas l’adolescent le plus agréable. Mais j’ai fini par rencontrer Savannah et grâce à la jeune femme, j’ai finalement appris à aimer Auckland. « Peut-être qu'on pourrait faire un truc ensemble … Boire un verre ou sortir à la plage ? » Il est certain que ce serait une bonne idée de faire cela, de se retrouver en dehors de ce parc. Pour discuter notamment. Histoire que cette rencontre ne s’arrête pas à un "oui t’inquiète, on n’oublie tout". « Je ne sais pas quand tu as du temps libre… Si demain tu n'as rien, on pourrait se voir ? Ou alors ce Week-end ? Qu'est ce que tu en dis ? » « Demain, ce ne sera pas possible. Je suis de garde à l’hôpital. » Je n’ai pas choisi de faire des études avec un rythme facile, je dois travailler la nuit, les week-end, les jours fériés et bien souvent, mes journées durent plus que huit heures. Mais je ne me vois pas faire autre chose. L'hôpital, c'est chez moi maintenant, je me sens bien là-bas et bien souvent, ça me permet de justifier ma solitude. Je dois me concentrer sur mes études pour pouvoir faire ce que je veux, pour pouvoir avoir la spécialité dont je rêve. « Mais ce week-end, pourquoi pas. » Un sourire se dessine sur mon visage. Nous allons sûrement devoir y aller doucement, mais nous devons tous les deux faire la part des choses. Savannah a eu le courage de proposer quelques choses, alors je dois avoir celui d'éventuellement annuler des plans non important pour passer un peu de temps avec elle. « Nous pourrions aller boire un verre ensemble. Tu pourras me parler de ta vie ici, depuis six mois. » Et je pourrais éventuellement lui parler de ce qu'elle a raté depuis son départ. Même si finalement, je n'ai pas passé beaucoup de temps sans elle à Auckland, vu que je suis moi-même venu ici après.

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Avec Sacha

Sacha m'a beaucoup manqué ces derniers mois. Je me suis voilée la face pendant des semaines, me répétant que partir était le meilleur choix que j'ai pu faire. Finalement, je regrette en partie ma décision. Surtout celle de ne pas prévenir celui qui était mon meilleur ami. L'avoir en face de moi me rappelle à quel point je n'ai pas assez réfléchi quand j'ai quitté la maison de mes parents. C'est bien moi ça, prendre des décisions sur un coup de tête. Même s'il faut bien reconnaitre que je suis beaucoup plus épanouie depuis que je vis avec Jake, à Island Bay.  « Demain, ce ne sera pas possible. Je suis de garde à l’hôpital. » C'est vrai qu'il étude la médecine. Je ne peux qu'être admirative, je crois que je n'aurais jamais pu me lancer dans des études aussi difficiles. Il sacrifie beaucoup sans doute pour réaliser son métier de rêve. « Mais ce week-end, pourquoi pas. » Mon sourire ne disparaît pas, il grandit encore plus. Si je peux réparer les choses avec Sacha c'est génial. Je hoche la tête vivement, montrant mon accord. J'aimerais retrouver notre amitié d'antan, même si je suppose que ce sera plus ou moins différent maintenant. On a la possibilité de changer notre "relation" actuelle alors on le fait. « Nous pourrions aller boire un verre ensemble. Tu pourras me parler de ta vie ici, depuis six mois. » Hochement de tête. Je suis heureuse qu'il veuille bien faire un effort pour passer du temps avec moi. « Avec plaisir ! » Je montre mon téléphone. « Si tu n'a pas changé de numéro… on se tient au courant par message pour fixer un horaire ? » Nous ne nous sommes pas quittés depuis longtemps mais je suppose que certaines choses ont changés dans sa vie à lui aussi, surtout pour le retrouver ici à Island Bay. On a sans aucun doute pas mal de choses à échanger. J'ai bon espoir de retrouver la bonne oreille qu'est Sacha et pouvoir écouter ses conseils.

GALLINEA

À en voir Savannah, je comprends que son intention n’était pas de me blesser volontairement. Son départ d’Auckland a été précipité et je ne faisais pas partie de ses priorités. En sachant qu’elle s’était disputée avec ses parents, c’est assez logique, même si c’est plutôt blessant. Je ne peux être que compréhensif, surtout que si les rôles étaient inversés, j’aurais sûrement apprécié qu’elle réagisse de la même manière. Lorsqu’elle me propose que l’on se revoit, ailleurs que dans ce parc, je ne peux pas lui refuser, même si je n’oublie pas de prendre en compte mon planning à l’hôpital. « Avec plaisir ! Si tu n'a pas changé de numéro… on se tient au courant par message pour fixer un horaire ? » D’un signe de la tête, je lui réponds que non, avant de finalement poursuivre. « C’est toujours le même. » L’avantage de vivre dans le même pays, c’est qu’il n’y a pas eu ce genre de détails à voir. Et puis, même si cela avait été le cas, il restait encore les réseaux sociaux pour se contacter. « Je ne te promets pas de répondre à huit heures du matin. Mais je tacherais d’être assez réactif pour qu’on arrive à faire quelque chose. » Faire des promesses pour finalement ne pas les tenir, ce n’est pas mon style. Mais quand je suis de nuit à l’hôpital, il n’est pas rare que le lendemain, je dorme jusque midi, voire plus tard. En sachant que Savannah m’attend, je dormirais sûrement moins, mais je préfère la prévenir maintenant plutôt que de la laisser imaginer le pire en attendant une réponse de ma part. « Je.. je suis désolé. Je dois y aller. » Ce n’est pas contre elle, elle peut se rassurer. « Si je perds le rythme, je n’arriverais jamais à finir mon parcours. » Cette rencontre à quelque peu retardée mon avancée, mais elle ne doit pas me détourner de mon objectif principal : mon footing matinal. J’ai beau être sportif de nature, m’arrêter en plein effort peut être rédhibitoire pour la suite : si mes muscles pensent que je suis en arrêt, que la séance est terminée, c’est fini par la suite. « Du coup, à ce week-end. » Un sourire sur les lèvres, je regarde une dernière fois la jeune femme avant de reprendre ma course. Il me reste encore un peu de chemin avant de finalement finir mon tour du parc et de rentrer chez moi. Quoiqu’il en soit, cette journée commence avec une première surprise, une surprise plutôt déstabilisante, en espérant que la suite sera plus calme.