Notre secret est autant au dehors qu'au dedans - Sasha

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Sur le parking, dans sa petite voiture de ville, elle vérifie son maquillage dans le rétroviseur centrale puis retire son manteau, de trop pour ce genre de sortie. Lorsqu'elle reconnaît la voiture de ses potes, Olympe attrape son sac à l'arrière et son téléphone et quitte son véhicule. Toujours avec de grandes enjambées, elle rejoint ses amies et les dernières l'accueillent avec de milliers de questions concernant la suite des événements de l'application. Elle laisse planer le fait qu'elles vont payer en mangeant le fait qu'elle ne leur dira rien. Au fond, il n'y a rien à dire, la conversation est simple, juste et sympa mais rien que pour ça, elle n'en pipe aucun mot.

Seulement voilà, il faut y aller et le timing ne vient pas d'eux mais surtout du programme du cinéma qui annonce Midway pour vingt-et-une heure : « Allez, les filles, j'aime les bandes annonces. » s'impatiente l'une d'elles ce qui met un terme au harcèlement général sur la pauvre Olympe, qui garde la bouche fermée. Elle a envie de hurler : Il n'y a rien à dire... mais non, c'est trop bon de les voir se torturer.
- J'irai voir, j'ai toujours tes identifiants.
- C'est con, j'ai changé le mot de passe.
Hilarité générale jusqu'à ce qu'elles atteignent la caisse et tout en continuant à se chamailler, Olympe jette un coup d'oeil à son téléphone portable. Inquiète ? Complètement. Sa petite Nola, actuellement en week-end chez papi et mamie, fait de forte poussées de fièvre à des moments les plus imprévus, ce qui lui donne l'impression d'être une mère indigne en sortant avec ses amies. Une semaine, c'est le délais d'accalmie depuis la dernière poussée. Ok.. Calme toi... Elle va bien ! tente t-elle de se rassurer intérieurement.

Elles s'installent au milieu de la salle, calant leur sac à main entre leur jambe, attrapant leur boite à pop-corn et boissons pour les poser sur les genoux. Au fond d'elle, et surtout en voyant ses copines galérer avec leur manteaux, elle se félicite intérieurement d'avoir laissé le sien dans la voiture. Mettant son téléphone sur vibreur et baisse la luminosité à son maximum puis elle le range entre ses cuisses. Meilleur endroit pour s'assurer qu'elle ne raterait rien. Les bandes annonces commencent, il est temps pour Olympe de faire le vide quand elle décide de poser son bras sur l'accoudoir quand elle sursaute. Sa main vient de toucher une autre main alors elle s'excuse aussitôt : « Oh, excusez-m-. » Le regard fixe sur ce visage qu'elle connaît si bien autant dans son passé que dans ses rêves. Elle retire sa main comme piquée par quelque chose. Olympe sent un liquide glacé glisser dans tout son corps, jusqu'à ses extrémités. Sans finir sa phrase, elle tourne seulement la tête vers l'écran et se fige.
Autant dire qu'elle ne retient aucun détail du film tant la situation la dérange. Elle a toujours cru qu'elle ne le reverrait jamais, qu'il était tout simplement parti et maintenant, elle a l'impression que toutes ses croyances s'envolent tout simplement.

Tant et si bien qu'elle se retrouve à mettre un temps d'absence jusqu'à ce que l'une de ses amies lui rappelle qu'elles doivent partir pour rejoindre le restaurant, là où elles ont réservé.
- Oh euhm. Je ne me sens pas très bien. » avoue t-elle, arrivée à la sortie de la salle. « Je pense que je devrais rentrer. »
- T'es sûr, tu veux qu'on te dépose ? On peut faire un détour.
- Non, non, ça va. Allez vous amuser. Je vous envoie un message une fois à la maison.
Elle salue ses amies à l'extérieur du cinéma puis, en marchant rapidement vers sa voiture, elle cherche ses clés dans son sac.

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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notre secret est autant au dehors qu'au dedans
(olympe & sacha)

Pour se vider l’esprit après plusieurs jours difficiles à l’hôpital et pour profiter une dernière fois de Lorena avant son départ aux États-Unis, nous avions décidé, tous les deux, d’aller voir un film au cinéma. Ce n’est pas la sortie que je fais le plus souvent. Généralement, quand je regarde un film, ou alors une série, je le fais de chez moi. Je ne sais même jamais ce qui sort au cinéma chaque semaine, je ne suis pas ce genre d’informations. Mais la jeune femme avait eu les bons arguments et j’avais fini par accepter sa proposition. Après un rapide passage en caisse, puis au stand de confiserie pour prendre de quoi grignoter pendant la séance, nous nous installons dans la salle, pour l’instant très peu remplie. L’esprit occupé par ce qui passe sur l’écran ou par les paroles de Lorena, je ne fais pas attention aux personnes qui s’assoient à notre droite. Ce n’est que plus tard que je réalise que le destin a sûrement une dent contre moi. « Oh, excusez-m-. » Nos bras se sont touchés alors que nous les posions tous les deux sur notre accoudoir en commun. Je tourne rapidement la tête et je la vois. Elle. Olympe. Je ne trouve même plus les mots, je ne sais pas quoi lui répondre. Dans le fond, ce n’est pas dramatique, surtout que les lumières s’éteignent et que le film commence.
Il a été difficile pour moi de me concentrer après cela, je ne suis même pas sûre d'avoir souvenir de ce qu'il s'est passé durant le film. Mais les minutes sont passées et il est maintenant temps de partir. Lorena ne tarde pas à prendre les devants et elle quitte la salle, m'entraînant avec elle. Seulement, une fois dans le hall du cinéma, je ressens quelque chose d'étrange. Je ne peux pas rester comme ça, je ne peux pas rester à rien faire, alors que je me suis retrouvé assis juste à côté de mon ancienne petite amie. « Je dois faire quelques choses. On se retrouve plus tard si tu veux. » Ce n'est pas très cool de ma part, surtout que notre temps ensemble est passé. Mais avec tout ce qu'il s'est passé, Olympe reste au-dessus, au-dessus de toutes les relations que j'ai pu avoir. Au loin, je remarque que l'enseignante quitte le cinéma, en direction du parking. Mon geste peut être interprété comme celui d'un psychopathe, mais tant pis, je décide de la suivre. « Olympe ! Attends ! » Je ne sais même pas ce que je vais lui dire. Mais je ne pouvais pas passer à côté d'une telle occasion. « Je.. je ne pensais pas te voir ici. » Il y avait bien eu cette discussion entre nous, via l'application de rencontre. Cette discussion qui me permettait de savoir qu'elle était toujours là, toujours à Island Bay. Mais nous n'avions pas encore décidé d'un rendez-vous, alors tomber là, à côté d'elle dans ce cinéma, ce n'était qu'un fait du destin. « Je ne vais pas te retenir très longtemps. » Je ne connais pas ses plans, je n’ai pas envie de m’immiscer dans sa vie, pas si elle ne l’accepte pas. « C’était assez bizarre dans ce cinéma, non ? » Un peu trop à mon goût. Avec notre discussion sur lovemaker, je pensais que nos retrouvailles se feraient plus facilement, qu’il n’y aurait pas cette sensation de surprise en nous voyant. Pourtant, c’était le cas. C’était ce que je ressentais en tout cas. « Nous avons vécu beaucoup de choses, ensemble. Je n’ai pas envie que notre relation se résume à cela, à de l’étrange. » Je ne sais même pas à quoi se résume notre relation. Je suis un peu trop perdu entre la réalité et ce que je voudrais réellement. Sans même être sûr de savoir ce que cela voudrait dire. « C’était il y a cinq ans, mais c’était bien, non ? » Nous avons dû passer à autre chose, contraints par mon départ à Auckland. Si ce n’était pas arrivé, je ne sais pas ce que nous serions aujourd’hui et nous ne le saurons jamais. C’est peut-être mieux ainsi. Même si je ne peux m’empêcher d’imaginer ce que nous serions. Il y a des scénarios où la fin est heureuse, bien qu’improbable, et des scénarios où la fin est triste, où nous ne sommes plus ensemble, ou encore, où elle se retrouve virée de l’éducation nationale.

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Olympe est complètement destabilisée, de part cette soirée aux allures cocooning et entre filles virant presque dans un mi-rêve mi-cauchemar ayant duré le temps d'un film. Cinq ans ont passé depuis qu'ils se sont quitté, elle n'en a pas le moindre doute, Olympe n'est pas du tout guérri de cette histoire. Cette dernière a vraiment tout chamboulé, au point de la rendre nauséause, nerveuse et capricieuse en quelques minute. De quoi donner le tournis à ses amies puisque c'est elle qui a organisé ce soir ; Grosse déception ou grosse inquiètude, Olympe n'est jamais malade et les mensonges sont très peu crédible. Hors, pour la jeune maman, il n'est clairement pas possible de faire comme si de rien n'était.

Elle s'excuse auprès de ses amies, tacitement mais elle a prit sa décision, elle s'en va. C'est claire, d'autant plus qu'elle n'a pas envie de s'épancher sur ses problèmes de cœur qui datent, qui durent mais interdites, à l'époque. Certes, leur relation n'a pas duré mais cet hiver a été l'un des plus beau et l'un des plus riche à vivre qu'elle n'a jamais connu. L'extase ressenti avec l'adrénaline à la fois nourri par l'excitation et l'interdit, a eu raison du corps et du cœur de la blonde. Et puis, il faut dire aussi qu'elle ne se donne pas l'occasion de découvrir quelqu'un d'autre. Avec un bébé et un emploi à temps plein, il lui restait peu de temps à se consacrer ; Il a fallu que les relations reprennent son cours avec ses parents et puis que Nola grandisse, surtout.

Initialement, elle a dû tirer un trait sur son divorce et sur sa relation fantôme, qui n'existait plus surtout.
Juge ou pas juge, elle a simplement dû vivre avec ce poids qui a grandit en elle et qui évolue sous sa protection. Longtemps elle a cru au grand retour chevaleresque, reste infime de son adolescente rêveuse mais quatre ans -presque cinq – ont passé rien, jusqu'à ce soir. Courant presque jusqu'à sa voiture pour tenter de fuir cet endroit portant à mal le deuil de sa relation, Olympe fouille nerveusement dans son sac en réalisant que ses clés sont dans une poche extérieur quand soudain : « Olympe attends. » Plus mûr, un poil plus posé, en même temps, le contraire aurait été étonné, la blonde reconnaît cette voix et songe à courir pour s'éloigner de lui, du « nous » qui n'existe plus et qui pourtant vie au travers de sa fille. Au lieu de cela, sa raison se résonne et elle s'arrête. Elle se sent idiote et puérile de fuir mais son cœur bat encore trop vite sous l'effet de la surprise que sa petite voix chantant la vérité, s'arrête là. « Oh. »

Même si elle l'a reconnu, elle ne pensait qu'il la suivrait. Or, c'est le cas. Bon...
Lorsqu'il dit ne pas s'attendre à la voir ici, elle balaie le parking du cinéma puis s'attarde sur l'homme. Roux, grand et fort d'une expérience qu'elle ne lui connaît pas : « Je ne pensais pas tomber sur toi non plus, à vrai dire. » rétorque t-elle, pincée. Au fond d'elle, elle veut lui dire que c'est lui qui est parti, elle, elle est restée dans le coin quoiqu'elle a changé de lycée. Les souvenirs chargés trop son humeur d'ondes négatives et a trop souvent empiété sur son travail. « C'était assez bizarre dans ce cinéma, non ? - Oui c'est vrai. Olympe vire à cent quatre-vingt degrés émotionnellement en adoucissant le timbre de sa voix. Tu es revenu depuis longtemps ? » demande t-elle, plus curieuse que haineuse. Pourtant, elle lui en a voulu, un peu, un petit peu.... Au fil de ce qu'il lui dit, Rosenthal acquiesce. Il relève à nouveau sa culpabilité ayant eu la sensation d'avoir réagit comme une petite fille, ayant fait une grosse bêtise. « Oui, tu as raison. Elle avoue en mettant ses mains dans les poches. Quatre ans et demi, oui. Précise t-elle. Je ne sais pas ce qui m'a prit, je pense que c'est la surprise. Je n'm'attendais vraiment pas à te revoir dans le coin. »

Son mea culpa de fait, elle regarde autour d'elle, puis derrière lui, s'attendant à le voir accompagner mais rien, plus un rat car la séance suivante a dû commencer : « Qu'est-ce que tu deviens ? » Elle l'imagine fort de son expérience, du plus loin qu'elle se souvienne, Sasha a été son meilleur élève jusque là, avide du savoir et de la connaissance. Grande surprise et découverte tout à la fois. En soi, sans le vouloir, le rouquin l'a sauvé d'une vie monotone. Et même si elle se montre si... naturelle, une montagne de chose lui vient en tête.

- Tu...T'as du temps devant toi ? Demande t-elle, un peu sur la retenue. Ce n'est pas tant la question qui la gêne c'est la réponse qui la rend anxieuse.

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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notre secret est autant au dehors qu'au dedans
(olympe & sacha)

Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, je m’en serais voulu. Surtout si après ça, on ne se revoyait pas. Olympe fait partie de mon passer, c’est certain, on ne peut pas reprendre les choses comme elles étaient, pas après cinq ans loin l’un de l’autre. « Oh. » Ce n’est peut-être pas ce qu’elle voulait, elle aurait peut-être préféré qu’on s’en tienne à la séance de cinéma. Pourtant, je ne pouvais pas laisser ce silence pesant être notre dernier souvenir. « Je ne pensais pas tomber sur toi non plus, à vrai dire. » Tout cela est logique, même s’il y a eu cette conversation via lovemaker, il n’y avait que de faibles chances pour que l’on se retrouve tous les deux, avec nos amis respectifs, au cinéma, pour voir le même film. Et même si dans le fond c’était agréable de la revoir, c’était aussi bizarre. C’est peut-être ça de revoir son ancienne petite-amie, c’est la réaction logique. Pourtant, j’aurais envie d’autres choses avec elle. Que ce soit simple, que ce soit agréable. « Oui c'est vrai. Tu es revenu depuis longtemps ? » Pris dans l’administratif de changer d’hôpital pour mes études, dans mon déménagement, puis dans ma réadaptation ici, je n’ai jamais prévenu mes anciennes relations, amicales ou autres, que j’étais revenu. J’avais peut-être un peu peur aussi, surtout pour Olympe. À l’époque, elle était mariée, elle l’est sûrement encore. Quoique. On ne s’inscrit pas à une application de rencontre quand on l’est, si ? Mais ça, je ne l’ai découvert que plus tard et je ne me voyais pas revenir au lycée juste pour lui faire savoir que j’étais là. Nous avons vécu de belles choses ensemble, j’ai éprouvé de réelles choses pour elle et c’est bien pour cette raison que je ne pouvais pas faire cela, que je ne pouvais pas rentrer de nouveau dans sa vie comme ça. « Depuis plusieurs mois. » Pourtant, de lui dire que mon retour ne date pas d’hier, ça me fait bizarre. J’ai l’impression de lui avoir caché des choses. « Oui, tu as raison. Quatre ans et demi, oui. Je ne sais pas ce qui m'a prit, je pense que c'est la surprise. Je n'm'attendais vraiment pas à te revoir dans le coin. » Je ne lui faisais aucun reproche. Si cela avait été le cas, il aurait été valable pour moi. Si cela a été gênant dans le cinéma, c’est parce que nous étions tous les deux responsables. J’aurais pu agir différemment, ne pas bloquer sur ce frôlement, sur ce contact avec sa peau. « Qu'est-ce que tu deviens ? » Cette question me ramène à la réalité, à la triste réalité, celle où nous ne nous connaissons plus. Cette question qui pourrait être dite par n’importe quel autre enseignant et étrangement, c’est encore plus bizarre que nos retrouvailles tout à l’heure. « Je suis étudiant en médecine. J’ai commencé mon cursus à Auckland, mais un événement m’a ramené ici. » Il n’est pas question pour moi de lui parler de ma mère, de son suicide, pas encore. Peut-être plus tard, qui sait. « Tu...T'as du temps devant toi ? » Je suis étonné par cette question. Je pensais qu’elle voudrait partir, qu’on en finisse là, au moins pour aujourd’hui. « Oui. Je n’avais rien prévu de plus que ce cinéma. » Ce n’est pas forcément correcte vis-à-vis de Lorena qui s’en va demain, mais je suis sûr qu’elle pourra comprendre. Olympe fait partie de mon passé, c’est une personne que j’ai été contraint de laisser derrière moi. Si je n’avais pas eu à partir, je ne sais pas ce que nous serions aujourd’hui et c’est cette curiosité qui me pousse à finalement vouloir passer du temps avec elle. « Est-ce que tu voudrais aller boire quelque chose ? Un verre ou un café ? » C’est peut-être risqué comme question. J’ai peut-être imaginé des choses trop vite, elle me posait peut-être cette question juste pour se renseigner et non pas pour que l’on fasse quelque chose ensemble après. « Je t’invite. » Comme pour la pousser à accepter. Si c’est offert, c’est toujours mieux, non ? « Entre amis. » Mon coeur se serre lorsque je lâche cela. C’est assez étrange à dire, mais dans le fond, c’est plus ou moins vrai, non ? Et je n’ai pas envie qu’elle pense que mes intentions sont mauvaises.

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Quelles étaient les chances pour Olympe de tomber nez-à-nez sur Sacha ? Le jeune homme n'avait pas changé quoiqu'il avait gagné une certaine maturité qu'il n'avait pas forcément quatre ans plus tôt. Face à lui, elle ne pouvait pas vraiment soutenir son regard ou alors, pas très longtemps. Elle prit le parti d'être honnête, elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'il puisse être son voisin durant une séance de cinéma. Pour elle, il était loin, complètement hors d'atteinte. Et puis rapidement, sa curiosité prit le dessus et ce n'était pas mal placé, elle souhaitait juste savoir depuis combien de temps il était de retour à Island Bay : « Depuis plusieurs mois. » Elle goba cette réponse comme une pilule difficile à avaler. Olympe acquiesça, restant humble. Même si cela ne se voyait pas et si il était incompréhensible d'un point de vue extérieur, la blonde était vraiment heureuse de le revoir, il lui avait tant manqué.
Acquiesçant toujours, elle précisa qu'évidemment, quatre et-demi sans nouvelle de sa part, cela faisait assez longtemps pour marquer un point final à une relation qui n'avait pas connu de rupture. Pire encore, qui connaissait une suite qui grandissait toujours dans le sillage de l'institutrice. D'ailleurs, l'instit en elle reprit le dessus, comme pour sauver la femme qui perdait pied en elle alors quand elle apprit qu'il était toujours en étude et qu'il avait suivi ses ambitions, Olympe s'esclaffa : « Génial ! Je suis contente pour toi, sincèrement mais.. un événement ? » Elle mit un petit temps avant de reprendre : « Rien de grave, si ? »
Comment expliquer qu'une professeur puisse tomber amoureuse de son élève ? Comment expliquer que malgré ces quatre années, elle n'avait jamais cessé de penser à lui, à ce qu'il dirait s'il venait d'apprendre la présence de Nola ? Cet événement ne pouvait pas être en rapport à ça, c'était impossible, personne ne savait pour eux deux. Alors pour éviter de mettre à plat quelque chose d'aussi important – sans pour autant avoir envie d'étaler tout ça ce soir – dans un autre endroit qu'un parking de cinéma, elle lui demanda s'il avait du temps devant de lui. « Oui. Je n'avais rien de prévu de plus que ce cinéma. » Visant brièvement l'endroit où ses amies étaient garées mais que leurs voitures avaient déjà disparu, elle fut surprise d'entendre que Sacha lui coupait l'herbe sous le pied en lui proposant un verre ou un café. « Pour- » Il précisa qu'il l'invitait... et autre point, qu'il l'invitait en tant qu'amis : « Va pour un verre, alors. » valida t-elle, en resserrant son sac sur son épaule. Elle sonda les environs et proposa le bar proposé par le restaurant qui jouxtait le cinéma : « Est-ce que tu as une adresse en tête ou ça te va si on va là-bas ? » Cette invitation était un effet miroir à leur retrouvailles. Improvisée. Faisant claqué ses talons sur le bitume, elle marchait à ses côtés jusqu'au bar où ils s'installèrent à une table haute, assis sur des tabourets.
Calant son sac sur son genoux, elle réalisa enfin : « Ça me fait bizarre d'être là, avec toi, en... public. Pas toi ? » Il était clair que leur relation ne pouvait pas être vécu au grand jour alors s'asseoir dans un bar, entouré d'une clientèle, Olympe avait l'impression d'être observée. Puis, elle se lança : « Tu m'as beaucoup manqué, tu sais. » Une serveuse arriva et après avoir passé leur commande, elle disparu laissant les deux anciens amants seuls, à leur table. N'empêche avoué ça, comme ça, lui rappelait le fait qu'il était revenu en ville depuis plusieurs mois, sans réellement spécifié combien de temps, sans jamais rien lui dire. Une idée, lui traversant l'esprit, ternissait l'expression de son visage : « Dis-moi, si on ne s'était pas croisé par hasard, tu ne m'aurais jamais recontacté...? »

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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notre secret est autant au dehors qu'au dedans
(olympe & sacha)

Ces retrouvailles sont étranges, mais elles sont inévitables. Rester silencieux n’aurait rien arrangé. « Génial ! Je suis contente pour toi, sincèrement mais.. un événement ? » Même en essayant de vouloir le cacher, Olympe me connaît suffisamment pour qu’elle puisse lire en moi. Cet événement s’est produit il y a longtemps maintenant, c’est arrivé avant mon retour ici et pourtant, il m’affecte toujours autant. Quelque chose que je ne peux pas cacher, quelque chose que je ne peux pas lui cacher. « Rien de grave, si ? » Je grimace légèrement. Même si j’espérais pouvoir garder cela pour moi encore un peu, je dois me résoudre à lui dire. Je ne peux pas lui dire que tout va bien, je ne peux pas lui mentir. Et puis, en se renseignant un peu, elle pourrait bien l’apprendre. Alors autant que je sois celui qui lui dit la vérité. « J’ai perdu ma mère. » Et par la même occasion, j’ai appris que l’homme que je pensais être mon père ne l’était finalement pas. Que mes origines étaient à Island Bay, que j’avais une famille ici. C’est ce détail qui m’a poussé à revenir, sinon je serais sûrement resté là-bas. La jeune femme me demande si j’ai quelque chose de prévu après. N’ayant aucun intérêt et aucune envie de lui mentir, je réponds à la négative. La sortie au cinéma était la seule chose prévue avec Lorena. « Va pour un verre, alors. » Un sourire se dessine sur mon visage en entendant sa réponse. Pendant un temps, je pensais qu’elle allait refuser, préférant qu’on s’en tienne à cette simple rencontre au cinéma. « Est-ce que tu as une adresse en tête ou ça te va si on va là-bas ? » « Non, c'est parfait ici. » C'est juste à côté, nous ne prendrons pas beaucoup de temps à y aller et nous pourrons plus rapidement commencer une conversation, ou que sais-je dans le genre. Arrivés dans l'espace public, ensemble, nous nous installons à une table haute, l'une des rares tables disponibles. À croire que finalement, ce bar est prisé. « Ça me fait bizarre d'être là, avec toi, en... public. Pas toi ? » Instinctivement, je hoche la tête pour répondre à sa question, pour appuyer ses propos. Il est vrai que me retrouver en public avec elle est étrange, je retrouve presque mes anciens réflexes, ceux de regarder autour de nous pour m'assurer qu'il n'y a pas trop de personnes indiscrètes. Pourtant, il n'y a pas de raison de s'inquiéter. « Aujourd'hui, nous ne faisons rien de mal. » Nous ne sommes plus dans une relation, nos lèvres ne s'épousent plus dès que nous sommes seuls. Et puis, Olympe n'est plus mon enseignante, je ne suis plus son élève, il n'y a rien d'illégal à ce qu'on se retrouve dans un bar. Je suis même majeur, n'importe où sur cette planète. De quoi déculpabiliser un peu plus. « Tu m'as beaucoup manqué, tu sais. » Mon regard se plante dans le sien. Elle est honnête, je le sais. Mais je suis bien incapable de savoir comment réagir à cela. Comment est-ce que je lui ai manqué ? En simple élève ou en amant ? Avant même que mon interrogation puisse aller plus loin, une serveuse s'approche de nous pour prendre notre commande. Ce n'est peut-être plus mal, il vaut mieux éviter de s'engager sur de tels sujets de conversation. Je laisse la blonde commander sa boisson, puis j'en fais autant pour la mienne. « Dis-moi, si on ne s'était pas croisé par hasard, tu ne m'aurais jamais recontacté...? » Finalement, les sujets compliqués semblent l’intéresser. Avant même de lui donner une réponse, je me retrouve à me demander ce qu’il en est de l’application de rencontre. Nous avons échangé un peu, c’est un peu comme la recontacté, non ? À moins que ce ne soit pas elle. Quelqu’un d’autre aurait bien pu prendre ses photographies et usurper son identité. Quoique, ce serait vraiment bizarre. Le destin qui me joue un mauvais tour. Ou alors.. elle ne sait pas que c’est moi. Là, ça devient un peu embarrassant. Si elle venait à apprendre que j’ai aimé son profil, elle pourrait facilement penser que j’ai toujours des sentiments pour elle. « Je ne sais pas. » Finis-je par répondre, ne voulant pas que le silence soit trop gênant. « Ma vie a été assez rythmée depuis mon arrivée, je ne me suis pas vraiment posé la question. » Ceci n’est qu’une excuse dans le fond et je m’en rends compte au moment où je le dis. « Et même si je l’avais fait, je pense que j’aurais fini par me dire que ce n’était pas une bonne idée. » N’importe qui ce serait dit cela, non ? La serveuse revient avec nos verres, interrompant une nouvelle fois notre discussion. « Tomber nez-à-nez avec ton mari en venant cogner chez toi, ça m’aurait valu un œil au beurre noir, voire un nez cassé. » J’ajoute cette phrase alors que nous nous retrouvons seuls. J’ignore si elle a déjà parlé de moi à son mari, sûrement pas. Mais si c’était le cas, il voudrait sûrement me faire la peau.

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La nuit était tombée depuis longtemps et pourtant, le parking ne se dégorgeait pas. Ça bougeait dans tous les sens, autant de véhicules que de personne longeant les culs des voitures, entre deux séances de cinéma. Durant ce laps de temps, les deux jeunes gens discutaient en ne sachant pas trop comment se tenir l'un envers l'autre, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. « J'ai perdu ma mère. » A ce moment précis, Olympe aurait vraiment envie de se mettre une claque derrière la tête. Sa curiosité avait ravivé quelque chose de pas très sympathique.
- Oh, je suis désolée, Sacha. Toutes mes condoléances. » Encore sur le parking, face au cinéma, Olympe ne savait plus où se mettre même si elle avait comprit que ce que Sacha allait lui dire n'allait pas forcément être très joyeux. Dans le fond, elle ne savait pas si elle aurait eu envie de l'entendre dire qu'il était fiancé ou marié, ou papa. Un petit pincement au cœur lui fit tirer une grimace se demandant bien ce qu'elle était entrain de faire.
La proposition de la professeur semblait être un bon moyen de changer de sujet et de passer à quelque chose de bien plus joyeux. La jeune femme n'avait encore aucune idée sur les éventuels sujets à abattre sur la table mais elle allait bien trouver. Visant un café/bar aux allures sympathiques, ils s'y dirigèrent ensemble d'un bon pas, en longeant le parking son cœur cherchant un rythme saccadé moins handicapant que celui-là. Lorsqu'ils entrèrent à l'intérieur, ils comprenaient beaucoup trop tard que les locaux étaient blindés et qu'il allait sûrement falloir jouer des coudes et des mains pour réussir à s'installer. Par chance, elle l'avait vu et sauta sur la table haute venant tout juste de se libérer. Après s'être installée, la professeur rivalisa avec son envie de se planquer sous une burka ou de rester droite. Cette sensation s'avéra trop forte pour qu'elle n'en fasse pas allusion et la réplique de ce dernier la fit sourire : « Aujourd'hui, nous ne faisons rien de mal. » Aujourd'hui? Est-ce que cela promettait une autre soirée comme celle-ci. Peut-être. Cette soirée déterminera une fin ou un début de quelque chose. Ou peut-être pas, finalement. Elle s'égarait seule dans ses propres pensées, s'induisant en erreur en lui faisant comprendre qu'il lui avait manqué mais heureusement, la barmaid arriva et lui sauva la situation. Sans comprendre, d'ailleurs, la barista essuya un bref regard reconnaissant qui, après avoir pris les deux commandes de la table, s'en alla avec un petit sourire.

- Dis-moi. Il fallait bien qu'elle relance la conversation sur quelque chose qui la rendrait beaucoup moins vulnérable ; si on ne s'était pas croisé par hasard, tu ne m'aurais jamais recontacté... ? » Un autre moment gênant signifiait qu'elle relevait un nouveau sujet compliqué. Le manque que son absence avait provoqué en elle était tellement lourd pour qu'elle ne lui fasse pas la remarque. Elle ne savait pas où ils en seraient actuellement, si elle aurait gardée le bébé ou...
- Je ne sais pas.
- Oh. Lâcha t-elle, immuable mais apprécia l'honnêteté du roux qui la déstabilisait complètement quand même.
- Ma vie a été assez rythmée depuis mon arrivée, je ne me suis pas vraiment posé la question.
Elle acquiesça en souriant, tentant de rester le plus sereine possible même si elle ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il l'avait sûrement oublié, rangé dans un coin de sa mémoire jusqu'à ce moment, dans le cinéma. Ou alors, elle devenait quelqu'un d'égoïste. « Et même si je l'avais fait, je pense que j'aurais fini par me dire que ce n'était pas une bonne idée. » Sa culpabilité disparu en offrant à son voisin de table, un regard interrogateur mais la barmaid arriva avec les boissons : « Merci. » remercia Olympe puis elle caressa le pied de son verre de vin, distraitement. Elle reprit car elle ne voulait pas lâcher le morceau pour autant : « J'ai du mal à te suivre... » Commença t-elle, doucement et Sasha reprit derrière :
- Tomber nez-à-nez avec ton mari en venant cogner chez toi, ça m'aurait valu un œil au beurre noir, voire un nez cassé. »
- Oh, je vois. Avait-elle dit, pensive. Au fond, elle ne pouvait pas lui en vouloir, inversement, elle aurait sûrement eut les mêmes idées en tête.
Alors pour gagner du temps, elle prit son verre et en bu une petite gorgée.
- C'est.. vrai que je ne pensais plus vraiment à ce genre détail ! Lâcha t-elle enfin.
Elle inspira fortement, se demandant si c'était une bonne idée de commencer sur ce terrain. Comme son divorce d'ailleurs. Alors elle leva sa main gauche lui montrer son annulaire nue, uniquement maquillée d'une trace blanche, symbole d'une vie maritale passées sous un soleil doux et confortable : « Je suis divorcée. »
Elle baissa les yeux sur son verre qu'elle prit entre ses doigts, les mêmes qu'elle lui avait tendu pour lui faire gagner un peu de temps. Elle s'humecta les lèvres et continua : « J'ai quitté mon mari peu de temps après ton départ. »

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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(olympe & sacha)

Même si j’aurais voulu tourner autour du pot, face à Olympe, ça n’aurait résumé à rien. Elle a été ma professeur, mon amie, mon amante. Elle me connaît suffisamment pour savoir quand je mens et quand je ne le fais pas. Alors là, même si le sujet ne m’emballe pas tellement, je suis obligé de lui dire la vérité. « Oh, je suis désolée, Sacha. Toutes mes condoléances. » Je souris timidement. Cela fait maintenant plusieurs mois, alors même si c’est douloureux, ça l’est moins qu’avant. Il est impossible de revenir en arrière pour la ramener, alors il faut que j’avance maintenant et je compte bien le faire ici. Notamment en obtenant des réponses sur ma famille.
L'invitation est lancée, puis acceptée. Nous prenons la direction du bar le plus près, celui qui touche le cinéma. Ce sera parfait, pas impersonnelle, ni trop romantique. Exactement ce qu'il nous faut. Nous nous installons, commandons à boire et commençons à échanger. Pour l'instant, le sujet de conversation est principalement tourné vers moi, vers nous en réalité. La jeune femme m'interroge sur mon retour, sur la probabilité que de mon plein gré, je vienne la voir. Jusqu'à cette rencontre, sur l'application lovemaker, je n'avais pas osé faire de pas en avant. Il faut dire que j'avais peur, peur que cette histoire n'est eu que peu d'importance contrairement à moi. « J'ai du mal à te suivre... » Le fait que ce ne soit pas une bonne idée. Voilà ce qu'elle ne comprend pas et c'est plutôt logique. Mais notre relation était secrète à l'époque, secrète et interdite. Mais les années ont passé et peut-être que les langues se sont dénouées. Si son mari était au courant, alors je risquais beaucoup. « Oh, je vois. C'est.. vrai que je ne pensais plus vraiment à ce genre détail ! » C'est bizarre, mais cette fois-ci, je suis celui qui ne voit pas trop où elle veut en venir. « Je suis divorcée. » Alors ça, je ne l'ai pas vu venir. Enfin si, un peu. Mais je pensais que c'était principalement dans ma tête, que ce n'était pas réel. « J'ai quitté mon mari peu de temps après ton départ. » Cela explique l'application de rencontres. Sans cela, j'avais du mal à imaginer Olympe chercher quelqu'un dans le dos de son mari. Même si au début, c'est avec ses amies que j'ai discuté, cela aurait simplement pu être une blague lors d'une soirée arrosée. « Oh. » Réaction basique, mais sur le moment, je n'ai pas d'autres mots qui me viennent à l'esprit. Après un petit peu de temps, le temps d'assimiler ces informations, je trouve enfin quoi dire. J'ai des questions qui me viennent à l'esprit et pourtant, je ne dois pas trop jouer au curieux. « Il a appris pour nous ? Ou.. » Ou elle est simplement partie. Je ne peux m'empêcher de penser que cette séparation est en grande partie de ma faute. Je n'aurais pas dû m'immiscer de la sorte entre eux. Je n'aurais même pas dû tenter quoique ce soit avec une femme mariée. Pourtant, à l'époque, c'était devenu plus fort que moi. Elle me plaisait et il était devenu impossible pour moi de passer du temps loin d'elle. « Tu aurais dû venir à Auckland. » Un timide sourire se dessine sur mon visage. Les restes d'un rêve, des espoirs irréalisables. Voilà ce que c'est. Jamais je n'aurais pu lui demander ça, de faire autant de sacrifice pour finalement me rejoindre. Surtout pour une relation qui n'aurait peut-être pas durée, qui n'avait pas le droit d'être révélée au grand jour. Il ne faut pas que je m'arrête sur ce détail, sur le fait qu'elle a quitté son mari il y a plusieurs années maintenant. Surtout qu'aujourd'hui, elle est peut-être avec quelqu'un d'autre, elle a peut-être même des enfants. Alors naturellement, pour relancer la conversation, je m'intéresse à elle, à ce qu'elle est devenue durant tout ce temps. « Tu es toujours enseignante ? » Un métier qui lui correspond tellement bien. Elle a toujours été douée pour cela et c'est sûrement en partie grâce à elle que j'en suis là aujourd'hui. Elle m'a transmis sa passion, alors tout naturellement, les sciences ont toujours été facile pour moi.

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Alors que Sacha répondait timidement à ses condoléances, Olympe ne se remettait pas de cette rencontre imprévue. Et pourtant, elle en avait quand même beaucoup rêvé. A tel point qu'elle ne pouvait pas refuser l'offre d'aller boire un verre avec son ex-amant et difficilement inavouable, le père de sa fille. Une fois installée, ce fut elle qui lançait les festivités parce qu'elle avait tellement de questions à poser, de réponses à demander. C'était peut-être justifié pour elle mais pas forcément pour lui, c'était pour cela qu'elle n'y allait pas trop fort. Il n'était pas au courant de tout. En révélant son divorce, Olympe lisait assez de surprise dans le regard de son interlocuteur pour qu'elle s'auto-validait ses propres réflexions internes. En même temps, elle n'avait pas mis d'affichette : « femme et mère, récemment divorcée, j'attends les propositions... » C'était encore plus ridicule maintenant qu'à l'époque d'ailleurs. « Oh. » Ils se coupaient le soufflet l'un après l'autre, un peu comme s'ils s'étaient séparés sur des œuvres inachevées, sans aucune explication alors qu'à l'époque, leur séparation semblait parfaitement logique. « Il a appris pour nous ? Ou... » Dans un sens, il avait été impossible de lui cacher puisqu'elle n'avait plus réussi à avoir une quelconque vie sexuelles avec son ex-mari. Elle s'en voulait trop de l'avoir trahi et s'en voulait encore plus d'avoir ressenti ce bonheur dans les bras d'un autre. Qui plus est, le garçon dans lequel elle s'était complètement abandonné ne devait pas être mis au grand jour au risque de perdre son deuxième grand amour : son métier. Puis, elle revenait au présent, et se rappelait que Sacha lui avait posé une question. Une autre raison l'avait poussé à reconnaître qu'elle l'avait trompé avec quelqu'un d'autre : sa grossesse. Forcément, depuis le temps où ils avaient essayé de faire un enfant sans succès depuis leur mariage et tout droit sortit de nul part, elle tombait enceinte. « Pas exactement. » Elle baissa les yeux sur ses doigts puis les remonta dans ceux du jeune homme : « Il sait que je l'ai trompé mais pas avec qui. » avoua t-elle, transparente, pour une fois. « Disons qu'il sait ce qu'il doit savoir, c'est à moi de vivre avec le reste sur la conscience. » Et c'était peut-être plus facile sans tombé sur la personne qui avait totalement bouleversé sa routine et pourtant, elle ne pouvait pas en vouloir à son ex-amant, elle lui en remerciait chaque jour. « Tu aurais dû venir à Auckland. » Un petit sourire s'afficha sur le visage de la blonde. C'était plus facile à dire qu'à faire. Auckland, c'était un rêve, une utopie, une vie qu'elle aurait aimé vivre dans une autre époque. Avant de tout quitter, il fallait qu'elle enraye ses vieux démons, qu'elle deale avec pour ensuite repartir sur de bonnes bases. Et puis les événements en avaient entraîné d'autre, notamment la naissance de Nola et la vie avait suivi son court. « Je le voulais tellement. Je n'arrivais pas à me dire qu'on n'allait plus se revoir mais je ne pouvais pas tout quitter sans prendre en considération les personnes qui pouvaient en souffrir. » répondit-elle, en baissant les yeux Et surtout parce que je ne savais pas quoi faire, j'étais bloquée. Paralysée. Mais elle se retenait de toutes ses forces pour ne pas craquer tout de suite. « Tu es toujours enseignante? » Alors elle attrapa la balle au bond pour changer de sujet pour un autre moins épineux : « Oui. J'enseigne les Mathématiques au Collège de Wellington depuis quatre ans maintenant. » annonça t-elle, un peu plus sereine : « Je ne pouvais pas rester dans le même, des rumeurs couraient un peu partout à notre sujet et le directeur m'a conseillé de changer avant que ça ne devienne incontrôlable. » Elle prit son verre et en buvant ce dernier, elle se remémorait cette partie de sa vie qui n'était pas forcément toute rose. A elle, de s'intéresser à lui : « Alors raconte-moi, comment c'était Auckland ? » Olympe n'avait pas vraiment de souvenir de sa ville natale, elle était trop petite et l'épisode traumatisante qui avait forcé ses parents à quitter cette ville, n'avait pas aidé. En fait, elle était curieuse, elle voulait savoir s'il avait refait sa vie, s'il avait trouvé une copine quoique cette information, elle n'était pas sûre de pouvoir encaisser. Plus elle le regardait et plus elle avait l'impression qu'elle n'avait jamais cessé de l'aimer. Aujourd'hui, ses quelques années avaient marqué sa peau et il n'en ressortait que plus séduisant et sûr de lui. Du lycéen, Sacha était devenu un adulte, réfléchi et calme malgré les malheurs qui lui étaient tombé dessus, ses derniers temps.

**○ inscrit le** : 23/06/2016

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notre secret est autant au dehors qu'au dedans
(olympe & sacha)

Rapidement dans cette conversation, je mets les deux pieds dans le plat. À trop vouloir être prudent en ne reprenant pas contact avec elle, je ne me suis jamais dit qu'elle pouvait être divorcée. Cinq ans, c'est long. Il peut se passer bien des choses. Mais je ne sais pas, je crois que je me suis dit que si ce genre de choses arrivaient, je serais mis au courant, d'une manière ou d'une autre. Je me suis trompé, mais je ne peux pas lui en vouloir. Surtout que je fais sûrement partie des raisons qui les ont poussés à se séparer. « Pas exactement. » Une réponse courte, pas celle à laquelle je m'attendais. C'est bien ce qui me fait froncer les sourcils. Je pensais qu'elle serait un peu plus expressive à ce sujet, mais dans le fond, ce qu'il se passe entre son ex-mari et elle, ça ne me regarde pas. Avoir été celui qui a mené leur couple en enfer ne m'apporte aucun droit. « Il sait que je l'ai trompé mais pas avec qui. Disons qu'il sait ce qu'il doit savoir, c'est à moi de vivre avec le reste sur la conscience. » Et c'est peut-être mieux ainsi. Sous le coup de la colère, il aurait très bien pu faire des choses qui auraient brisé Olympe. Comme aller voir le rectorat et raconter cette histoire. Je ne sais pas s'ils l'auraient cru, mais ce n'était pas un risque à prendre. Finalement, à savoir cela, je me permets quelques libertés. Notamment celle d'évoquer le fait qu'elle aurait pu venir à Auckland, qu'elle aurait pu me rejoindre. Cette affirmation n'est pas vraiment sérieuse, car dans le fond, il n'y avait pas que son mari entre nous. Il y avait son métier, mon statut et en connaissant la vérité, il y aurait sûrement eu aussi ma mère. « Je le voulais tellement. Je n'arrivais pas à me dire qu'on n'allait plus se revoir mais je ne pouvais pas tout quitter sans prendre en considération les personnes qui pouvaient en souffrir. » Je fronce les sourcils un court instant. J’ai des réponses pour certains points, mais d’autres restent flous. Comme là, au sujet des personnes qu’elle parle. J’ignore de qui il s’agit, de sa famille peut-être. Je ne sais pas et je ne suis pas sûr de vouloir savoir, ça n’apportera peut-être rien de bon. Ne voulant pas parler encore et encore de son divorce ou des choses auxquelles nous sommes passés à côté, je me renseigne sur elle, sur ce qu’elle est devenue depuis cinq ans. « Oui. J'enseigne les Mathématique au Collège de Wellington depuis quatre ans maintenant. » Je suis mitigé à propos de cette nouvelle. Je suis heureux de savoir qu’elle fait toujours ce qu’elle aime, mais je m’interroge sur le fait qu’elle a changé d’établissement. Mais rapidement, elle répond seule à mes questions. « Je ne pouvais pas rester dans le même, des rumeurs couraient un peu partout à notre sujet et le directeur m'a conseillé de changer avant que ça ne devienne incontrôlable. » « Je suis désolé. » Je n’ai jamais été mis au courant de cette histoire. Mes amis de l’époque n’ont visiblement pas trouvé judicieux de m’en parler. Alors que tout est parti d’eux. Mais en réalité, que je le sache ou non, je ne sais pas si cela aurait changé grand-chose. Je n’aurais juste pas su comment réagir. Je l’aurais peut-être appelé. Ou peut-être pas. Je me serais peut-être caché derrière l’excuse des kilomètres aussi. Je ne sais vraiment pas. « Alors raconte-moi, comment c'était Auckland ? » « Il n’y a rien de spécial à dire, rien d’extravagant. » Tout comme quand je vivais ici, je suis resté un garçon calme dans cette ville. Je ne me suis jamais fait remarqué pour une quelconque bêtise. Il m’arrivait de faire la fête, c’est certain, mais de tous ses enfants, je n’étais pas celui qui causait le plus de soucis à ma mère. « La seule grosse différence qu’il y a avec ici, c’est que je vivais dans un logement plus grand. » L’avantage de vivre avec ma mère, à l’époque. Ici, c’est un exploit que je n’ai pas les toilettes dans la même pièce que la cuisine et le salon. C’est petit. Mais je ne peux rien m’offrir de mieux pour l’instant. Je suis étudiant encore, je ne gagne pas beaucoup d’argent. « J’ai commencé mes études de médecine et cela m’a plutôt bien occupé. » À l’époque de notre relation, c’était déjà ce que je voulais faire et Auckland n’y a rien changé. Cela me passionnait et j’avais les capacités d’y arriver, en faisant certains sacrifices c’est sûr. « Je sortais le week-end, pour voir des amis, mais surtout pour m’éloigner du bruit de la maison. » Cinq frères et sœurs, ça faisait bien souvent des décibels. « Rien de bien fou. J’aurais sûrement mieux fait de rester ici. » En y réfléchissant bien, ça restait une option. À l’époque, ma mère m’a demandé de venir avec elle et j’ai accepté, je n’ai rien envisagé d’autre. Mais ce que je fais aujourd’hui, vivre seul dans un petit appartement, faire mes études, j’aurais très bien pu le faire ici depuis le début. J’ai été bête un peu. Mais peut-être que si ça s’était passé comme ça, peut-être que j’aurais dû dire au revoir à ma mère bien plus tôt.

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Olympe jouait le jeu et se montrait entièrement franche. En même temps, il n'avait touché que des sujets de conversations dans lesquelles elle le pouvait vraiment. Sa situation de famille qui demandait peu de question puisqu'elle réussissait à balayer ce sujet aussi rapidement qu'évoquer. Et puis il y avait son travail, Olympe ressentait une certaine gêne quand elle en parlait avec quelqu'un d'autre mais avec lui, Sacha Hogdkins, c'était complètement différent. C'était comme une nouvelle légèreté qu'elle pouvait se permettre pour la première fois en quatre ans. « Ne t'excuse pas, je n'ai jamais eu honte de ce que j'ai vécu. » Honte non, elle était tout simplement censurée depuis trop longtemps qu'elle venait tout juste de se rendre compte de ce sentiment étrange. : « Il me fallait ça pour me rendre à l'évidence : Je ne pouvais pas faire semblant plus longtemps. Comme par exemple, faire comme si tu n'avais jamais existé. Je me voilais la face. » Olympe se rendit compte qu'elle avait besoin de cette cigarette qu'elle prenait lorsqu'elle se sentait soudainement mal. La vérité était toujours tranchante.
Un petit sourire élargissait son visage.
Il fallait vraiment qu'elle change de sujet, elle avait l'impression qu'elle s'engageait sur une piste glissante et qu'elle allait complètement perdre le contrôle. Et ça marchait puisqu'il entreprit de se concentrer à nouveau sur lui. « Il n'y a rien de spécial à dire, rien d'extravagant. » Mais au train où ça allait, il n'allait pas donner grand chose. « La seule grosse différence qu'il y a avec ici, c'est que je vivais dans un logement plus grand. » Elle tenait son verre dans une main mais avait eu la malchance d'avoir pris une gorgée avant qu'il ne réponde et elle s'étrangla avec le liquide sucré et alcoolisé. Elle toussa en s'excusant, elle s'excusa et se cacha derrière la petite serviette offerte généreusement par le bar. « Excuse-moi. Je pensais que tu faisais une blague. Autant pour moi. » Elle s'essuya délicatement et le laissa terminer : « J'ai commencé mes études de médecine et cela m'a plutôt bien occupé. » Très fière de lui, elle le laissa continuer tout en acquiesçant. « Je sortais le week-end, pour voir des amis, mais surtout pour m'éloigner du bruit de la maison. » Et là, il lâcha une bombe dans le cœur d'Olympe. Et s'il était resté, que seraient-il devenus ? Elle prit une profonde respiration en gigotant sur sa chaise et puis son regard s'égara vers sa montre : « Je devrais rentrer, il se fait tard. » Elle avait l'impression de ressembler à une grand-mère de cent sept ans en disant ça. Le sujet glissant approchant dangereusement Olympe d'une piste noire, elle préféra prendre la fuite. Elle cala sa longue bandoulière sur son épaule pour garder son sac près d'elle et après ça, elle s'avisa dans une confidence toute aussi dangereuse. Elle se leva et contourna la table puis lui murmura à l'oreille, une vieille habitude délicieusement revenue : « Je suis vraiment contente de t'avoir revu. Tu m'as énormément manqué. » Et elle l'embrassa sur la joue. Ses lèvres s'appuyèrent peut-être un peu trop longtemps. Son odeur, elle avait changé mais pas tant que ça. Puis, légèrement gênée, elle garda la tête haute en se relevant, les lèvres pincées. Oui, Sacha lui avait horriblement manqué.

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