Avery - Un kilomètre à pied, ça use mais pas trop...

Dix-sept heures.
D'ici une demi-heure, Olympe se prépare mentalement à aller se vider l'esprit. C'est un peu idiot de planifier ce genre de petites choses mais lorsqu'elle est stressée, elle en a plus que besoin. Elle compte même mentalement les minutes, une situation névrosée qui la dévore de l'intérieur, surtout depuis cette sortie au cinéma de ce week-end. Depuis ce soir-là, Olympe se blâme sur absolument tout ce qu'elle a pu faire jusque là. Alors qu'elle réfléchit sur absolument toutes ses décisions, autant dans la vie courante que dans l'éducation de sa fille, Olympe se sent obliger d'organiser toute sa vie pour être sûr qu'elle ne manque rien, jusqu'à la petite quenotte que Nola vient de perdre. Précoce, ou pas, selon le médecin, ce type de phénomène est rare à cette âge mais ça existe. Assise à son bureau en vision direct avec le salon, la maman regarde avec admiration la manière dont sa fille s'amuse avec sa dinette. « 'Gade maman, j'ai fait du thé, tu veux du thé ? » Olympe sourit naïvement devant la théière vide mais que sa fille imagine pleine et bouillante : « Oulala, attention, ma puce, c'est très très chaud. Oui, un English Breakfast, s'il te plaît, chérie. - D'accord !» Toute guillerette, la petite revient avec une tasse et la soucoupe, le faux carré de sucre blanc et le faux petit gâteau : « Oulala, c'est pas bon pour le régime de maman, ça ! » minaude Olympe en pointant le petit gâteau du doigt : « Mais maman, tu n'as pas besoin, gade ! » Elle plonge son petit index dans le ventre de sa mère : « y'a rien du tout là. Gade moi ! » Un petit bout de peau de son petit ventre où elle s'imagine probablement un bourrelet : « 'suis grosse moi ! » Sur ses mots, Olympe attrapa sa fille pour aller plonger sa bouche et faire des bruits de pet ou Nola éclata de rire : « Avec ce que tu manges, tu ne risques pas de grossir... »

Injustement, la professeur se blâme. Elle aime sa fille et la vie qu'elle a su lui donner. Forcément, elle a dû faire des choix difficiles mais il n'empêche qu'elle ne regrette rien : en partant de la distance qu'elle a mis avec sa mère jusqu'à l'accomplissement de son divorce. Devant ce petit bout de petite fille, Olympe n'a franchement pas envie de la voir grandir dans le mensonge, comme lui a proposé un jour, son ex : « Elevons là ensemble. » Mais la blondinette n'a pas pu s'y résoudre. Et pour le coup, quatre ans plus tard, elle se rend compte qu'elle a fait le plus beau choix de sa vie. Certes elle se condamne à une vie de mère célibataire pendant encore une dizaine d'années mais rien n'équivaut ce moment de complicité ultime. La maman se régale à entendre les rires de sa fille quand on toque à la porte : « Ma-Man, y'a... » Elle rit : « Je vais.. faire.. pipi dans la culotte... » Quand Olympe s'arrête, elle garde sa fille dans les bras pour aller ouvrir puis salue en choeur : « Bons- Nounou!! - ..soir! » Tandis que la petite lui saute au cou, Olympe lui sert la main puis, en se regardant dans le miroir à l'entrée, elle se fait une queue de cheval : « Je reviens. » Elle chope son haut de jogging Queshua, qui trône sur le battant de son armoire et ressort pour rejoindre les clown en disant : « Et bien, ça promet ! » En riant, tout en faisant des chatouilles à la petite qui riait encore plus, la nounou dit : « Vous savez bien quand la chat n'est plus là, les souris dansent. » D'une moue peu convaincue, Olympe soupire de dépit. Amusée et ravie de voir que ça se passe toujours aussi bien avec la jeune femme. Et pendant qu'elle demande où elle en était dans ses études, on sonne à nouveau à la porte.

- Je vais ouvrir, annonce inutile Olympe tandis qu'une bataille de polochon commence dans le coin salon aménagée pour la petite. En ouvrant la porte sans regardé dans le judas, Olympe accueille son amie avec joie : « Hey ! Avery !! Elle embrasse son amie et fait une bise au petit : Voyons, entrez. C'est déjà le souk ici !  » annonce t-elle avec le brouhaha provenant de l'intérieur.