catfights, ancient and modern (dylan)

Frank, il aime bien se plaindre qu’il vieillit. Oui, il répète à qui veut bien l’entendre qu’il devient vieux, qu’il le sent dans ses articulations, quand il travaille son cardio ou bien même lorsqu’il attrape un mauvais rhume. Pourtant, il a encore de beaux jours devant lui, mais c’est probablement le simple fait de s’imaginer devenir un jour inactif qui le ronge. Alors pour l’instant, il s’entretient autant qu’il le peut, et en veillant bien à ne pas se surmener. Il a quand même levé le pied sur tous ces entraînements un peu spartiates qu’il s’infligeait à l’époque où il servait dans l’armée, et malgré l’expérience, il se dit parfois qu’il ne ferait peut-être plus le poids face à un petit jeune dans la fleur de l’âge. Ah, ça. Ils paraissent loin les jours où il apprenait à ces mêmes petits jeunes à faire des clefs de bras à tout bout de champ, et pourtant, ça ne remonte qu’à quelques mois à peine avant qu’il n’apprenne qu’il allait être papa – et qu’il prenne la poudre d’escampette par la même occasion, mais Noomi, ça fait bien longtemps qu’il a compris que ça ne marchait pas sur elle la clef de bras.

Il passe parfois devant cette espèce de dojo qui lui fait toujours de l’œil lorsqu’il rentre de son petit tour à vélo sur la côte, et, sans réellement s’être demandé pourquoi, c’est cette fois là qu’il décida de s’y intéresser de plus près, de jeter un regard à ce qui peut bien se passer à l’intérieur après toutes ces fois où il s’est contenté de tracer sa route alors que la curiosité le démangeait. Est-ce qu’il allait tomber sur des maîtres en arts martiaux tibétains venus vivre en autarcie à Wellington (quelle drôle d’idée) ? Des membres des triades peut-être ? Non, rien de tout ça. Il tomba simplement sur une femme, sûrement la propriétaire des lieux ou alors un membre de l’entourage de ce dernier, puisqu’elle était là, à s’entraîner seule. Il la regarda quelques instants faire ses exercices, resta là, dans un coin, à profiter à la fois du spectacle et, bien entendu dans ce même élan de curiosité, des formes de la sportive. Ce n’est que lorsqu’il se fit remarquer qu’il leva la main pour saluer la femme, qui maintenant qu’il la voyait de face, lui rappelait vaguement quelqu’un.

- Salut. Je voulais pas vous faire peur. C’est un peu vide, ici. J’ai raté l’heure, ou alors c’est une espèce de repaire secret ?

Il se sentait toujours un peu idiot à user de vieux clichés, mais pour le coup, c’est vraiment tout ce que ça lui inspirait.

- Ça fait pas mal de fois que je passe devant, et bizarrement, aujourd’hui, ça m’a titillé, il fallait absolument que je vienne voir ce qui se passe ici. Ça doit être la saison, je sais pas.

Il repensa à la démonstration qu’il avait suivie quelques instants plus tôt, et les vieilles habitudes d’éducateur un peu mesquin du militaire se rappelèrent à lui.

- Je sais pas si ce serait très efficace sur le terrain, tout ça. Vous êtes trop… scolaire, je dirais. Vous vous déplacez comme si c’était une chorégraphie que vous aviez répétée pendant des mois. Si un jour on vous agresse dans la rue, j'ai peur que ce soit un peu prévisible, quoi.

Vraiment, quelle petite raclure ce Frank.

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Frank & Dylan

Le dojo est fermé depuis des mois, depuis qu'elle a fait sa fausse couche et il prend la poussière. C'était pourtant le plus grand projet de sa vie mais elle a perdu cette envie quand elle a du dire adieu à son enfant. Elle se raccroche tant bien que mal pour ne pas sombrer dans cette dépression qui stagne au dessus de sa tête parce qu'il est hors de question qu'elle redevienne faible comme elle l'a été en étant une droguée. Dylan a passé des jours enfermée chez elle, sans voir personne, refusant les appels de ses proches qui tentaient de prendre de ses nouvelles mais depuis quelques semaines elle s'est décidé à se bouger le cul. Le retour d'Abel en ville, son air arrogant sur le visage, a sans doute été le déclic qu'il lui fallait. Elle a cette rage, cette tristesse d'avoir perdu son bébé, en elle qu'elle a besoin d'extérioriser et à défaut de retomber dans la drogue et l'alcool, elle se défoule sur le mannequin dans son dojo qui n'a rien demandé.

En tenue de sport, elle frappe, encore et encore, coup de poings, coup de pieds, écouteurs sans fils calés dans ses oreilles, elle s'enferme dans sa bulle. Personne dans le dojo, plus d'élèves depuis des mois, pas de curieux, il n'y a juste qu'elle et sa colère. Les dents serrées, elle n'entend pas l'homme qui pénètre à l'intérieur jusqu'à ce qu'elle commence à essouffler en faisant une pause pour aller prendre sa bouteille d'eau. La surprise se lit sur son visage, par sa présence mais aussi parce qu'elle est reconnait, contrairement à lui, l'homme qui se tient en face d'elle. Elle préfère jouer la carte de l'ignorance, loin d'elle l'envie de relancer les hostilités du passé entre eux. Elle ôte rapidement un écouteur de son oreille, prête à lui annoncer que le dojo est fermé et qu'elle n'a pas de date pour la reprise des cours mais il est plus rapide qu'elle. Elle esquisse un sourire en coin à sa remarque en croisant les bras. « Non, pas de Batwoman dissimulée à Island Bay. Vous n'avez pas non plus raté l'heure, le dojo est fermé pour une durée indéterminée » Elle songera à le rouvrir un jour très certainement, elle n'en a pas encore la force. « Vous auriez du vous décider plus tôt, c'était plus agréable de le voir plein que tristement vide comme aujourd'hui » Même si pour être tout à fait honnête, elle se serait bien passée de lui dans ses cours, ses sarcasmes du passé à son encontre encore présent dans son esprit. La phrase qui dit que le naturel revient au galop est donc vrai. A sa remarque suivante, Dylan arque un sourcil, un sourire amusée. « Hum, trop prévisible, j'en prend bonne note. Vous devriez peut être me montrer ? Jouez donc l'agresseur ? Enfin, si vous n'avez pas peur de vous faire mettre au tapis par une femme » Elle le cherche parce qu'elle rêve de lui mettre une correction après toutes ces fois où il l'a recadré à l'armée. Il n'a vu qu'un dixième à cet instant de ce qu'elle sait faire désormais et ce petit jeu peut s'avérer amusant après tout.

Voilà qui apporta réponse à tout un tas de questions : le dojo était fermé. Le concept était intéressant, sinon étonnant, puisque cela n’empêchait pas celle que Frank pensa être sa propriétaire de venir s’y entraîner. Elle ne semblait ni blessée ni en pleine séance de rééducation, ce qui enleva une bonne raison de fermer boutique à la nombreuse liste des possibilités, car la vie peut parfois être très injuste. C’est la première fois que le militaire mettait les pieds dans un dojo, et ce serait peut-être la dernière si celui-ci ne rouvrait pas un jour et – par extension – s’il devait finir ses jours à Island Bay, alors il prit bien le temps d’imprimer les lieux dans son esprit. La sportive marqua un point en soulignant le fait que les doutes de Frank lui ont fait rater quelque chose, mais il n’était pas réputé pour se décider facilement, loin de là.

- C’est dommage, en effet. Mon emploi du temps vient à peine de s’alléger au boulot, et un peu d’exercice ne m’aurait pas fait de mal.

Il n’était pas inactif, mais il imaginait les dojos avant tout réputés pour accueillir arts martiaux et autres sports de combat, et ça, c’est un milieu qu’il ne connaissait pas particulièrement bien. Toute sa carrière durant, il s’en était tenu à quelques principes de base du krav maga, de la boxe et au close combat, et si ça l’avait gardé en vie jusque là, ça ne pouvait pas pour autant l’aider à s’entretenir physiquement maintenant qu’il avait quitté les rangs. La conversation prit vite une drôle de tournure, car Frank n’avait ni la prétention ni la réputation d’être un homme à femmes sauf si c’était dans le but de les rabaisser. Ce n’est pas contre elles, dit-il toujours pour se défendre, je ferais la même chose si c’était un homme. Mais la vérité, c’est qu’avoir à affronter une femme lui paraissait toujours moins éreintant que si son adversaire était une montagne de muscle à la voix grave et aux veines saillantes. Alors, quand la sportive lui proposa de jouer l’agresseur pour défendre ses propos, ça lui paru être intéressant de s’y essayer, et il sortit son plus remarquable sourire signature.

- Ce ne serait pas la première fois qu’on me la fait, celle-là. Homme ou femme, ça ne change rien, on est en 2019. Je dois vous saluer, d’abord, c’est ça ?

Il répétait ça comme s’il l’avait apprit par cœur, tandis qu’il déposait quelques affaires pour se préparer. Une fois face à celle qui deviendrait sa victime, il sautilla quelques instants sur place pour se mettre en situation, avant d’avancer vers elle en s’efforçant d’appliquer une démarche menaçante. Et, parce qu’il ne savait pas vraiment comment s’y prendre lorsque il s’agit d’agresser quelqu’un dans la rue, il se contenta de pousser la brune avec brutalité.

- On démarre comme ça, d’accord ? On a qu’à dire que… je sais pas, je viens vous voler votre sac à main, un truc comme ça.

Il attrapa ensuite la femme par le poignet gauche avant de resserrer son emprise comme s’il était un rapace qui tenait enfin sa proie. C’est là que de vieux souvenirs lui revinrent à l’esprit, qu’il se rappela avoir déjà croisée la sportive par le passé.

- Attendez une minute, je vous reconnais. Merde, alors.

Sauf qu’il n’avait pas vu le coup partir.

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Frank & Dylan

Dylan en est arrivée à se demander plus d’une fois si il ne fallait pas mieux qu’elle ferme boutique et qu’elle se trouve un boulot pour lequel elle ne serait pas sa propre patronne. Grâce à ses économies, elle a pu vivre presque un an sans travailler mais elle doit bien se rendre à l’évidence, elle va devoir s’y remettre. Pas que pour l’argent mais aussi pour son moral. Si elle garde le dojo, c’est certain qu’elle prendra quelqu’un pour l’aider, elle ne veut plus avoir à gérer une affaire seule même si elle a apprécié le peu de temps que ça a duré, elle n’en a plus la force. Être en binôme lui permettra également de prendre du temps pour elle pendant que son partenaire tiendra boutique et vice versa. Elle doit se pencher sérieusement sur la question, peser le pour et le contre, questionner ses propres envies avant de se jeter la tête la première. Pour l’heure, l’homme qui pénètre dans le dojo ne lui est pas inconnu et si il n’avait pas été le pire des salauds-macho avec elle pendant son année à l’armée, elle aurait pu mettre une option sur lui en tant que partenaire. Elle doit bien avouer que dans le temps, il était doué dans ce qu’il faisait même si il ne savait pas y mettre les formes et qu’il la rabaissait sans cesse, lui faisant vivre un enfer en entrainement. Un faible rictus se dessine au coin de ses lèvres alors qu’elle croise les bras en le regardant. « Pour l’instant, ce n’est pas définitif, je suis en plein questionnement avec moi-même, si je décide de rouvrir l’endroit vous en entendrez certainement parler sur les réseaux. » Elle hausse les épaules, elle ne refusera pas son entrée, ça pourrait même l’amuser de le voir venir s’entrainer ici, sous sa tutelle à elle. Était-il encore aussi performant qu’avant ou est-ce que monsieur avait rouillé avec le temps ? En tout cas il n’avait pas changé hormis la barbe et les cheveux plus long, il restait le même que dans ces souvenirs.

D’humeur joueuse et suite à ses réflexions, elle lui propose un petit face à face histoire de remettre les compteurs à zéro entre eux. Il ne semble pas faire le lien pour le moment et elle ne l’aiguille pas dans ce sens. Qu’il ne se souvienne pas d’elle, ça lui va très bien. Elle hausse les épaules l’air de lui dire qu’il fait bien comme il veut. Le salut, ce n’est pas ce qu’elle enseigne en priorité à ses élèves mais ça se fait encore. Elle se craque les phalanges, se dégourdit la nuque de chaque côté et les voilà qu’ils se font face. Elle le laisse s’avancer, se laisse pousser en faisant quelques pas en arrière, gardant son équilibre malgré la force qu’il met dans l’exercice, elle le laisse penser qu’il peut, pendant une fraction de seconde, avoir encore le dessus sur elle. « Va pour mon sac à main, bonne chance » Un sourire en coin, elle le regarde attaquer le premier. Son étreinte se referme sur le poignet de la brune alors qu’elle arque un sourcil feintant la surprise tandis qu’il a enfin un éclair de lucidité sur son identité. « C’est pas trop tôt, Delgado » Un murmure avant de passer aux choses sérieuses. Elle relève sa main prise au piège pour la caler contre l’avant-bras de Frank pendant que sa main libre pousse son bras pour dégager son étreinte. Un mouvement rapide de dégagement avant qu’elle enchaîne en lui attrapant à son tour le bras du brun qu’elle lui bloque vers l’arrière pour pouvoir lui faire plier les jambes et le faire tomber au sol. Elle bloque ses jambes contre les hanches de Frank, se retrouver sur lui de tout son poids. « Ne jamais baisser sa garde mh ? » Elle arque un sourcil avant de desserrer l'étreinte de ses jambes. « Terminer l’armée ? Ou tu ne t’ai pas entrainé depuis des lustres ? »