I’ll be a supercool roommate, I promise ! {ft. Timo}

I’ll be a supercool roommate, I promise ! {ft. Timo}

C’était avec une grande confiance en moi et un sourire qui ne quittait plus mes lèvres que j’avançais jusqu’à l’appartement indiqué et y sonnais. Je calais un peu plus convenablement mon dossier débordant de papiers importants contre ma poitrine pendant que j’entendais le cliquetis de la serrure. J’étais du genre organisée et puis je voulais mettre toutes les chances de mon côté. En général, le fait d’avoir sa propre entreprise encore jeune effrayait pas mal les gens, c’était ce qui m’avait fait essuyer beaucoup de refus malgré mes arguments et mes revenus. Cette fois, j’avais toutes les preuves à l’appui, y compris tout ce qui concernait la façon dont j’avais géré mon appartement en France en tant qu’étudiante. Le fait que cet homme soit un ami de Luana pencherait peut-être dans la balance ? En tout cas, je lui étais extrêmement reconnaissante de lui en avoir parlé et qu’il ait accepté de me rencontrer. Nous avions déjà échangé par téléphone et par mail pour convenir du rendez-vous et de certains détails aussi je savais à peu près à quoi m’en tenir. Nous avions même décidé de nous tutoyer pour faciliter les échanges. Nous n’avions pas un grand écart d’âge non plus, il fallait dire… Lorsque la porte s’ouvrit en laissant apparaître ledit propriétaire, je le saluais chaleureusement comme à mon habitude et il m’invita à entrer. Le loft était… splendide ! Les pièces étaient spacieuses et lumineuses, pile ce que j’adorais. Il me présenta ma chambre et j’imaginais déjà les diverses bougies et photos qui pourraient l’habiller. A la fin de la visite, j’en étais presque à prier intérieurement pour qu’il accepte de vivre avec moi. Oui, c’était sûrement désespéré mais j’avais déjà perdu beaucoup de temps et l’endroit me plaisait vraiment. Sans compter qu’il paraissait être le genre d’homme facile à vivre. Sans oublier non plus que je passais les trois quarts de ma vie au travail donc que je n’allais pas beaucoup le gêner !

Nous nous installâmes au salon et je lui tendis mon dossier presque cérémonieusement :

« Je t’ai préparé tous les papiers dont tu avais besoin et même un peu plus. Tu peux les consulter à ta guise, ce sont des copies. N’hésite pas à me poser des questions si certaines choses ne te paraissent pas claires. »

Je n’avais pas non plus envie de l’effrayer, le pauvre. J’étais loin d’être hystérique, autant éviter de le paraître, surtout à la première rencontre. Je décidais de crever l’abcès moi-même en le voyant feuilleter les premiers documents :

« J’ai ma propre entreprise. Je gère ma pâtisserie depuis un peu plus d’un an maintenant et mes revenus sont stables. Je t’ai copié tous mes bulletins de salaire pour te le prouver, tu les trouveras dans le dossier. Ah et ça veut aussi dire que je passe la majeure partie de mon temps là-bas. »

De ce que j’avais pu apercevoir, Timo me semblait être quelqu’un de plutôt casanier/geek. Cette information serait probablement intéressante pour lui et puis c’était la stricte vérité. Je me demandais vaguement ce qu’il attendait de cette colocation, si c’était juste une question de loyer ou pour avoir de la compagnie. En parlant de compagnie, je me retenais énormément de me jeter sur ses animaux pour les inonder de câlins. Il avait un chien ET un chat ! C’était le bonheur parfait ! Mes yeux divaguèrent vers le petit siamois tendrement endormi sur le canapé. Ma présence ne semblait nullement le déranger malgré le fait que mes yeux ne pouvaient s’empêcher de papillonner entre lui et son maître.

« A ce que j’ai compris, il y a une autre colocataire ? »

Codage par Libella sur Graphiorum

Spoiler:

Son tablier vissé autour de la taille et un album de musiques de Noël en fond, Timo s’était attelé à la tâche en début de journée. Il s’était fixé l’objectif de faire des cookies. D’habitude, il se contentait d’en acheter ou de s’en faire gracieusement offrir par Luana, mais cette fois-ci, il avait mis la main à la pâte. Perfectionniste, il avait acheté des bonbons rouges et verts pour reprendre les codes de couleur de Noël. Il en était à sa troisième fournée et pourtant, la boîte à gâteaux ne se remplissait pas. La gourmandise du jeune homme l’avait rattrapée et dans le plus grand des secrets, il venait d’engloutir son dixième cookie. De toute façon, personne n’était là pour l’accuser. Cette affaire resterait entre lui et ses animaux qui s’avéraient être ses complices.

Tranquillement installé sur le bar, il réfléchissait à la liste qu’il allait bien pouvoir envoyer au Père Noël. Cette période, Timo l’adorait. Il était de ces adultes sur lesquels la magie des fêtes avait toujours de l’effet. Il n’écrivait plus à l’homme en rouge, mais il prenait toujours soin de se faire une liste des choses qu’ils aimeraient voir au pied du sapin. Il n’avait pas franchement besoin de quoique ce soit. Sa vie lui permettait de s’offrir tout ce qu’il voulait au moment où il en avait la nécessité. Ce qu’il préférait, c’était surtout donner aux autres. Néanmoins, il ne serait pas contre recevoir plusieurs collectors de jeux vidéo ou figurines manquantes de sa collection. Il les ajouta un à un sur sa wishlist quand tout à coup, il fut interrompu par la sonnette. Il ne se souvenait pas devoir recevoir. Du moins, il lui fallut quelques minutes pour se rappeler qu’il avait conclu de ce jour pour faire visiter l’appartement à une potentielle future colocataire. Hannah lui avait été recommandée par Luana, elle ne pouvait être que fiable. Ainsi, en deux-trois mouvements, il se leva, balaya les quelques miettes qui étaient encore bien accrochées à son pull, retira son tablier et se rua à la porte. Ne pas montrer qu’il avait oublié. Jamais. Il salua la jeune femme et fit faire le tour du propriétaire. Une fois la visite finie, ils s’installèrent au salon. C’est ce moment qu’Hannah choisit pour lui faire don de son dossier. Elle s’était donnée pour élaborer quelque chose de solide alors pour que tous ses efforts ne soient pas vains, Timo fit mine de détailler chaque petite ligne. Pourtant, la seule information qu’il retenait était qu’elle tenait, elle aussi, une pâtisserie. A croire qu’il attirait les pros du fouet. Ce n’était pas forcément une bonne nouvelle pour ses abdominaux, ça, mais il allait passer au-dessus de cette nouvelle.

« Merci, pour… tout ça » dit-il en désignant le dossier du menton. Il attrapa le plat de cookies et lui tendit. Elle semblait relativement tendue et il espérait que sa cuisine n’augmenterait pas sa jauge de stress. Après tout, ils étaient loin de ceux qu’elle devait faire. « Je fais des essais pour ceux que je laisserai à Rudolph. » … Pas sûr qu’elle resterait s’il commençait à lui faire part de sa passion pour Noël. Il reprit un air sérieux. « Effectivement, on est déjà deux. Mais la deuxième colocataire est là de façon provisoire. Elle fait des travaux chez elle et elle n’est pas souvent là. Par contre, Luana a dû t’expliquer, moi je suis toujours ici. J’espère que tu n’as rien contre les animaux parce que ces deux-là sont les rois de la maison… »

I’ll be a supercool roommate, I promise ! {ft. Timo}

J’attrapais un cookie dans le plat que Timo me tendait, un grand sourire éclairant mon visage. Je le remerciais pour ensuite mordre dans le gâteau à pleines dents. Étant moi-même une grande amatrice de cookies, je notais que ceux-ci étaient un peu secs mais qu’ils restaient néanmoins très bons et colorés. J’essuyais le coin de mes lèvres avec mon pouce avant de lui répondre :

« Il faudrait baisser un chouilla le thermostat du four pour les laisser cuire cinq minutes de plus avec moins de chaleur et je t’assure qu’ils seront parfaits. Le Père Noël pourra laisser son traîneau et ses rennes sans problèmes pour venir se régaler après son repas. »

Mes yeux pétillaient à l’évocation de Noël, ma fête favorite ! J’adorais passer le réveillon avec ma famille et ouvrir les cadeaux avec eux le soir au pied du sapin. Voir tous les visages souriants et heureux de mes proches gonflait mon cœur de joie. Ce n’était pas pour rien que tout le monde appelait cette effervescence « La magie de Noël ». Cette période semblait porter tous les habitants et leur transmettait de la bonne humeur. Tout ça sans oublier les illuminations, les chants ainsi que cette envie de partager et de donner à son prochain. Cette déclaration sonnait très catholique et même si je n’étais pas une grande pratiquante, cela ne m’empêchait pas de croire en certaines choses. Ma bienveillance m’avait toujours été inculquée par mes parents et par leur éducation.

« Tu fêtes Noël en famille ? » Demandais-je avec curiosité.

Peut-être était-ce déplacé. Après tout, je n’avais aucune idée de sa situation familiale. J’étais tellement habituée au schéma de vie de la mienne que j’avais facilement tendance à penser qu’il en était de même pour les autres. Mes joues virèrent au rose et je me rattrapais :

« Enfin, tu n’es pas obligé de répondre ! Je suis désolée si ma question te semble inappropriée ! »

C’était tout moi de mettre les pieds dans le plat. J’oubliais souvent de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, ce qui me menait régulièrement à des situations délicates voire même très gênantes. Notre autre colocataire serait donc souvent absente elle aussi. Si son but était d’avoir de la compagnie, effectivement il avait très mal misé en nous choisissant elle et moi. Je passais une main dans mes cheveux.

« Hm, je me demandais justement… Qu’est-ce que tu attends de cette colocation ? »

Encore une fois, s’il s’agissait d’argent, j’allais me ridiculiser mais il ne semblait pas être quelqu’un dans le besoin. Du moins, j’étais prête à parier que sa raison n’était pas financière. Evidemment, à l’évocation de ses animaux, mon excitation reprit le dessus sur mes émotions :

« Tu rigoles ? J’adore les animaux ! J’ai toujours voulu en adopter mais mon emploi du temps ne m’a jamais permise d’en avoir. Je pense au bien-être de l’animal avant tout. »

Parce que oui, j’étais quelqu’un de responsable et d’empathique. Je ne voyais pas l’intérêt de rendre un chien ou un chat malheureux en l’adoptant pour ne finalement jamais être présente pour lui. Le fait d’avoir l’opportunité de rejoindre un logement qui comprenait déjà ces deux animaux était un véritable miracle pour moi, même si rien n’était encore joué !

« D’ailleurs, est-ce que je peux ? » Demandais-je à Timo en tendant la main vers le siamois qui s’était à présent assit pour faire sa toilette.

Je mourrais d’envie de le caresser et de le prendre dans mes bras. Même si j’adorais les chiens, mon cœur était davantage attiré vers les félins.

« Comment s’appellent tes deux acolytes ? » M’enquis-je avec des étoiles dans les yeux.

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Spoiler:

Bon, c’était plutôt clair, Timo avait à faire à une vraie reine des fourneaux. Comme si une ne lui suffisait pas. Luana était et resterait sa préférée même s’il sentait que sa nouvelle colocataire et lui avaient des atomes crochus. Elle aurait pu faire l’hypocrite et lui dire que ses cookies étaient excellents, au lieu de ça, elle lui avait donné des conseils. Il ignorait s’il allait retenir tant il atteignait souvent le niveau maximum de charge mentale, mais il tenterait.

« Merci pour tes conseils. Je retiens pour la prochaine fois ! »

Quand le sujet des fêtes de fin d’année arriva vraiment sur la table, Timo fronça légèrement les sourcils. L’évocation du principe-même de « famille » le laissait perplexe. De ce qu’il se souvenait, sa famille avait toujours était composée de deux seules et uniques personnes : sa mère, son ultime point de repère, et lui-même. Il ne se souvenait pas d’un Noël passé avec son père et cela lui convenait. Ce dernier n’avait jamais réellement fait partie de sa vie. Timo connaissait son nom et quelques brides de son histoire, mais cela s’arrêtait là. Le contact était rompu et chacun vivait de son côté. Rapidement, il comprit qu’Hannah n’était pas du genre à prendre des gants. Hélas pour elle, son attitude relevait davantage de la maladresse que de la soif de satisfaire sa curiosité.

« Oui, ma mère sera là, mais il y aura surtout mes amis que je considère comme ma seconde famille. Et pour toi, faudra ajouter un couvert ou tu nous abandonneras ? »

Même s’ils se connaissaient à peine, Timo ne laisserait jamais quelqu’un tout seul le soir de Noël. Surtout pas sa colocataire. S’il le faisait, il serait tout bonnement incapable de se regarder dans une glace.

« J’attends pas grand-chose » dit-il avec un sourire « Ce loft est super grand et pour moi tout seul, c’était beaucoup trop alors je partage et j’ai bien fait parce que j’ai reçu beaucoup de candidatures. »

Hannah semblait aimer les animaux et ces derniers voulaient leur rendre. Olaf, son golden retriever, était dans les parages et semblait sentir l’opportunité de récolter quelques caresses. Perle, le siamois, était plus méfiant, mais il avait tout de même accepté de se rapprocher à l’appel de Timo. Ici, il était surtout chez lui et ce n’était pas les rideaux qui pouvaient contredire cette pensée. A sa demande, le trentenaire hocha la tête. Il ne l’imaginait pas faire de mal à ses animaux et même si elle essayait, il pourrait rapidement la maîtriser.

« Vas-y, ils attendent que ça » dit-il avec bienveillance « Olaf, le chien, et Perle le chat. En revanche, si tu me disais pourquoi toi, tu as opté pour une coloc ? Et quand est-ce que tu voudrais t’installer ? »

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« Abandonner est un mot un peu fort mais effectivement, je vais fêter Noël dans la famille du côté de mon père cette année. Je partirais aussi une semaine en début janvier pour voir ma mère. A défaut nous pourrons toujours faire un repas entre Noël et le premier de l’an ! »

Je fouillais dans mes poches pour en sortir un porte-clés que je tendais à mon interlocuteur :

« Considère ceci comme un cadeau temporaire. Je m’engage à le récupérer pour te l’échanger contre un vrai avant la fin décembre ! »

Et je riais face à ma propre proposition farfelue. C’était aussi une manière de détourner son attention de mon visage un peu trop joyeux. Etant donné la tournure de sa phrase, devais-je en conclure qu’il m’acceptait en tant que nouvelle colocataire ? Il n’avait aucun intérêt à proposer une chose pareille à une femme qu’il venait tout juste de rencontrer, non… ? Mon sourire s’estompa quelque peu à l’évocation des nombreuses candidatures. Ce n’était pas étonnant, le loft était magnifique et le propriétaire accueillant… Sans compter qu’il était extrêmement bien situé ! Nous pouvions rejoindre la ville et les nombreux commerces sans avoir à utiliser de voiture voire même sans prendre de transports en commun. Bon c’était un peu poussé mais nous pouvions tout à fait aller chercher un petit-déjeuner et acheter un livre en bas de la rue. En tout cas, j’avais eu raison, l’argent était le cadet de ses soucis et bien loin d’être une raison de s’entourer dans son petit palace. A peine sus-je le nom de ses compagnons que ma main caressait déjà le doux poil d’Olaf qui m’observait en remuant la queue. Je laissais Perle tranquille au vu du regard qu’elle me portait. Les chats étaient souvent plus méfiants et je n’avais aucune intention d’empiéter sur son territoire. J’attendrais donc qu’elle se sente plus à l’aise en ma compagnie. Je frottais la tête du golden retriever avec affection avant de reporter mon attention sur Timo :

« C’est une vraie peluche ce chien ! » m’exclamais-je joyeusement avant de répondre à sa question. « Je suis rentrée en Nouvelle-Zélande depuis environ deux ans et j’ai monté mon affaire. Pendant ce temps, j’ai vécu chez mon père et ma belle-mère qui m’ont accueillie à bras ouverts. »

J’observais mon interlocuteur avec attention. En principe, c’était à ce passage de l’histoire que les gens tiquaient. J’étais retournée vivre dans ma famille un certain temps mais nous avions toujours su que c’était temporaire et ça n’avait jamais dérangé personne, de toute façon, je n’étais quasiment jamais là.

« Comme je te l’ai mentionné tout à l’heure : je passe ma vie au travail. Maintenant que ma pâtisserie est stable, j’ai un peu plus de temps pour moi et je peux me concentrer sur mon logement. Si j’ai choisi la colocation, c’est principalement pour deux raisons : je ne vois pas l’intérêt d’avoir un appartement à moi seule pour à peine l’habiter mais aussi pour pouvoir partager des moments quand je suis là ou quand je rentre. J’ai toujours eu l’habitude d’un foyer chaleureux et mouvementé. M’enfermer quelque part toute seule me paraît vraiment glauque ! »

Olaf s’était couché à mes pieds afin que je lui gratouille le ventre, chose que je lui accordais bien volontiers mais seulement après avoir ajouté :

« Je peux poser mes valises dès aujourd’hui. Enfin, si tu penses pouvoir tolérer ma présence ici ! »

L’humour était toujours l’arme que j’utilisais pour masquer mes émotions quand elles devenaient trop fortes. Du moins, c’était ce qui m’avait semblé plus approprié que de bondir de son canapé pour faire la danse de la joie sous ses yeux. Mon large sourire me dénonçait néanmoins, est-ce que les choses devenaient officielles ?

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Spoiler:

« Accordé. On fera un rattrapage de Noël et un entraînement pour le réveillon de l’an. J’te promets pas de la grande gastronomie, mais je ferai un effort » dit-il en souriant. Bon, il lui faudrait sûrement une bonne soirée pour se décider sur le plat qu’il ferait et une matinée pour conclure de la recette utilisée, mais il y arriverait. Quand il vivait seul, cuisiner n’était pas sa préoccupation première. Vivre en autonomie avait de nombreux avantages, mais il trouvait le fait de cuisiner pour lui seul pénible. Le fait de vivre en colocation le motivait à remettre la main à la patte de ce côté-là.

Il fut surpris quand sa nouvelle colocataire lui tendit un porte-clés et le qualifia de cadeau temporaire. Il aurait pu y voir une opportunité de l’acheter, mais selon lui, c’était surtout une façon de tisser un lien. Original, mais agréable. Il se saisit alors du porte-clés et le glissa autour de son propre trousseau. Au moins, s’il était soudainement pris d’un trou de mémoire, cela l’aiderait à se souvenir d’Hannah et à faire le lien avec la colocation et son chez-lui. On n’est jamais trop prudent. De son côté, il n’avait rien à lui offrir alors il se contenta de sortir le double des clés du loft et d’y nouer un nœud fabriqué en deux secondes à partir d’un ruban qui traînait. Il lui offrait un toit. Ce serait difficile de trouver un cadeau plus utile que celui-là. « Considère que c’est mon cadeau. Bon, le vrai cadeau, c’est le nœud, mais c’était soit ça soit un gant en poils d’Olaf » répondit-il avec un air désolé.

Olaf semblait ravi de la nouvelle colocataire choisie par son maître. Avec elle, il aurait deux fois plus de caresses. Voire même trois fois plus si on comptait les fois où Swann y allait de son grattage de tête en secret. « Ouais, disons que son nom est bien choisi et qu’il aime les gros câlins » admit-il en souriant comme un enfant. Timo avait des références douteuses, mais c’était surtout de la faute de sa meilleure amie, Luana, la même qui avait recommandé Hannah. Le doux nom d’Olaf s’était presque imposé quand ils étaient allés chercher le chiot ensemble.

Il avait bien compris que l’histoire d’Hannah était complexe et il était à des années-lumières de vouloir être indiscret. Les ragots, ce n’était clairement pas son truc. Tant qu’elle pouvait trouver sa place à la colocation, cela lui suffisait. Et puis, entre Swann qui semblait être distante et manquait légèrement d’esprit de communauté et lui qui était un loup solitaire, elle ne pouvait apporter que du bon à cet endroit.

« Je dois finir un montage pour une vidéo, mais on va dire que je peux m’engager à t’aider à t’installer à partir de 16h, ça te va ? Et puis on commandera des pizzas pour ce soir. En espérant que t’aimes les pizzas parce que sinon, tu risques de vivre une sale période par ici ». C’était certainement le plat préféré de Timo. Du moins, depuis qu’il avait trouvé LA pizzeria qui savait proposer une carte variée tout en gardant la qualité. Si Hannah voulait s’intégrer, elle devrait passer par l’épreuve de la pizza et pour être tout à fait franc, Timo jugeait qu’il y avait bien pire comme bizutage.

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« Si on se fait un repas entre les fêtes, nous mettrons tous la main à la pâte pour le concocter. C’est sympa de partager de la nourriture mais c’est encore mieux de la préparer tous ensemble, non ? Bon j’avoue avoir une préférence pour le dessert mais on pourra s’arranger ! »

Je lui souriais avec chaleur. Dans ma famille, personne n’était en reste lorsqu’il s’agissait de se retrouver. En règle générale, j’étais derrière les fourneaux avec ma belle-mère et l’un de mes frères tandis que les autres mettaient la table. Comme je l’avais mentionné plus tôt à Timo, j’avais toujours eu l’habitude d’être entourée et je comptais bien emmener ce bagage avec moi s’il me permettait de le déposer ici. Certes j’étais très souvent dans le laboratoire de ma boutique mais je tenais aussi à m’accorder du temps pour apprendre à connaître mes colocataires et passer de bons moments avec eux. Faire la cuisine était une activité qui renforçait très facilement les liens et puis si l’un d’entre nous n’était pas bon dans le domaine, cela promettait d’être amusant. Je m’y projetais déjà ! J’observais mon interlocuteur se saisir d’une clé pour y ajouter un nœud improvisé et enfin me la tendre. Il me fallut quelques secondes pour réaliser de quelle clé il s’agissait mais surtout pour la saisir à mon tour. Mes yeux fixaient Timo qui s’esclaffait après sa vanne avant de revenir à ce fameux objet :

« Tu as raison, je devrais seulement garder le nœud ! » Vannais-je en mimant de vouloir le retirer du double. « Je suis curieuse de voir à quoi pourrait bien ressembler un gant en poils d’Olaf ! » Ajoutais-je.

Sur ces bonnes paroles, j’accentuais mes caresses sur le ventre du chien qui ne semblait plus vouloir se déloger de mes pieds. Nul doute que cet animal serait mon nouveau compagnon favori de ce loft ! A nous les soirées cocooning ! A ce propos, avait-il le droit de monter sur le canapé ? Il faudrait que je pose la question à son maître avant de faire des bêtises ! Olaf était donc bel et bien le prénom tiré de Frozen.

« J’ignorais que tu étais un grand fan de Disney… Cela dit, ça me plaît, j’aurais moins de remords à chanter certaines chansons à tue-tête devant la télé. » Arguais-je avec malice.

La confirmation orale de mon nouveau colocataire me fit l’effet d’une bombe. Encore une fois, j’eu la décence de ne pas sautiller partout dans le salon en hurlant « C’est trop génial !! » à la Agnès de "Moi, moche et méchant". A défaut, mon large sourire déformait tellement mes traits qu’il était inutile de tenter de le masquer :

« Tu rigoles ? J’ai à peine eu de temps pour moi cette année alors mes repas se sont surtout composés de fast-food en tous genres… Alors… C’est vraiment officiel, je suis acceptée ? » Demandais-je pour être sûre qu’il ne s’agissait pas d’un rêve éveillé.

J’avais enfin trouvé un toit et ce, avant les fêtes de fin d’année ? Est-ce que je pouvais lui sauter au cou ? Probablement pas mais comme il s’agissait d’une chose parmi les milliers qui me venaient en tête pour le remercier, je réussissais par miracle à ne pas bouger du canapé.

« Je signe où ? »

Parce que oui, c’était tout ce qui manquait avant de démarrer cette nouvelle vie et je n’avais aucune envie d’attendre plus longtemps pour le faire.

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Spoiler:

Timo n’était pas un cordon bleu. Il n’avait jamais pris le temps d’apprendre. On lui avait offert des livres de recettes, mais ces derniers lui servaient davantage de cales plutôt qu’à concocter de bons petits plats. Il fallait dire que ses années de vie en célibataire ne l’aidaient pas. Cuisinier pour une seule personne n’était jamais très agréable. D’autant plus que si l’on écoutait les bonnes paroles de sa mère, la cuisine était toujours moins goûteuse quand elle était faite par nos propres soins et pour lui, c’était souvent l’explication. Il avait vécu en couple à une seule reprise et sa compagne de l’époque lui interdisait de toucher aux fourneaux. En contrepartie, il s’occupait d’autres tâches ménagères. Un vrai couple moderne. Depuis son retour du Japon, le blond s’était laissé aller aux diverses applications de livraison de nourriture, mais il espérait que cela changerait avec la colocation.

Un instant, Timo s’imagina tricoter un gant avec les poils de son chien. Il n’aurait aucun mal à récolter la quantité de matériau nécessaire tant Olaf avait de poils sur le dos. En revanche, il espérait ne pas s’adonner au tricot avant que son déambulateur ne soit son moyen de transport de prédilection. Sa mère s’y était mise depuis quelques semaines et il ne voulait pas vider les stocks de pelotes de laine.

S’il était fan de Disney ? Globalement, Timo aimait tout ce qui était mignon et coloré. C’était pour cette raison qu’il s’était dévoué au Big N. Sa passion pour Disney était tardive, mais il la partageait avec sa meilleure amie. Il n’était pas non plus fan au point de se ruer au cinéma dès qu’un animé sortait, mais il se laissait aller à une soirée de temps en temps.

« T’inquiète, tu peux chanter autant que tu veux. Puis… On est bien isolé et je crois que les fenêtres sont solides, au cas où tu forcerais légèrement sur la note… » dit-il, prévenant. Il n’était certainement pas le meilleur chanteur du monde, mais il réussissait à pousser la chansonnette sans trop de dégâts. Du moins, c’est l’expérience qu’il avait eue la dernière fois qu’il avait mis les pieds dans un karaoké pour faire plaisir à son groupe d’amis.

Hannah semblait être partante pour partager une pizza. Bon, leur relation avait de l’avenir. Il espérait seulement qu’elle ferait les bons choix quand elle serait devant la carte. Néanmoins, rien ne les empêcherait de devenir colocataires pour de vrai. « Oui, tu es acceptée. Tout le monde semble conquis » dit-il en montrant ses animaux de compagnie du regard « donc difficile de dire non ». Il chercha dans sa pile de papier le contrat à signer. Décidément, il avait plus vu de documents en une journée que dans toute sa vie.

« Ici. Et bienvenue, du coup ! » ce mot signait son arrivée dans la colocation et la fin des recherches pour Timo. Encore une étape de franchie ! Il espérait simplement que tout le monde trouverait sa place dans cet espace.