Sometimes, just spending some quality time with a good friend is the only therapy you need (+) Alex & Mia

D’ordinaire, Mia pratiquait le yoga à la maison, tranquillement, toute seule. En réalité, elle n’était pas forcément amoureuse de cette activité, mais c’était peut-être la seule qui lui donnait l’impression de bouger un minimum sans vraiment faire de sport. Parce qu’il n’y avait pas à dire, elle était tout sauf branchée « cardio » et à l’école, c’était la matière dans laquelle la jeune femme réussissait le moins. C’était à Sydney qu’elle avait vraiment découvert le yoga, quelque chose de doux, qui l’avait aidée à gagner un peu en souplesse - pour la joie de son mari. Elle s’efforçait de faire au moins quatre séances par semaine, même quand la motivation n’était pas forcément au rendez-vous. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle avait l’impression d’être douée. Oh, bien sûr, elle avait progressé, elle n’était plus à proprement parler une débutante. Mais de là à aller dans un studio, c’était différent. Elle savait que chacun avait son rythme et ses propres capacités, mais elle avait encore trop tendance à se comparer à des filles qu’elle jugeait supérieures à elle-même. Et surtout, surtout, elle avait peur d’être ridicule, étant donné qu’à part Nathan et les Fletcher, personne ne l’avait jamais vue à l’oeuvre. Néanmoins, elle restait curieuse, vu qu’elle n’avait jamais pratiqué le yoga en studio. Avec Nathan, ce n’était pas la peine : elle savait qu’il allait lui demander si d’autres hommes seraient là aussi et la bombarder d’autres questions tout aussi stupides et, dans le pire des cas, il était tout à fait capable de la suivre et de lui mettre la honte. Alors ne serait-ce qu’une fois, elle avait envie de découvrir ce que c’était. Et surtout, surtout, il y avait Alexie. La brunette avait l’air intéressée par le yoga et Mia n’avait pas osé lui proposer de venir en faire à la maison, sachant que ça pouvait être un peu gênant si Gus, qui était chez lui, leur traînait dans les pattes.
La vétérinaire se trouvait donc dans dans un studio de North Bay partiellement dédié à la pratique de cette activité. Elle était arrivée avant l’heure, comme à Sydney, quand elle n’avait pas le droit de faire attendre Nathan. Chassant son mari de ses pensées, Mia déplia son tapis et commença à s’installer. Assise en tailleur, elle attrapa sa gourde pour boire un peu d’eau, observant discrètement la prof, une véritable bombe atomique - ou comment refiler des complexes à ses élèves. Puis elle aperçut une silhouette familière pénétrer dans le studio et, d’un signe de la main, elle appela Alexie. « Hello » la salua-t-elle joyeusement, désignant l’espace libre à côté d’elle pour que son amie puisse s’installer à son tour. « Si j’ai bien compris, c’est ta première fois ? Remarque, tu dois être plus souple que moi de base, c’est pas bien difficile. » Au grand étonnement de Mia, le studio se remplissait petit à petit. Le yoga semblait avoir fait quelques adeptes à Island Bay. Il y avait aussi des hommes, mais elle ne pouvait s’empêcher de soupçonner qu’ils étaient là plus pour la prof que pour autre chose. « Heureusement que j’ai pas invité Gus, il aurait eu du mal à se concentrer. Je crois qu’elle pourrait même me faire douter de mes propres préférences sexuelles » chuchota la blondinette en riant, se faisant l’impression d’être une lycéenne qui gloussait. « Je pense que tu vas aimer. Je trouve que ça détend. » La prof se présenta et leur demanda de se mettre en place. Contrairement à la majorité des femmes présentes, Mia portait un T-shirt à manches longues. Elle ne pouvait pas se permettre de se découvrir, certaines ecchymoses étant encore trop visibles sur différentes parties de son corps.

« La leçon à tirer, c’est que la gym, c’est trop dangereux » décréta Mia, trouvant le moindre prétexte pour partir en croisade contre le sport. Elle avait horreur de la gymnastique et de bien d’autres domaines encore, ce qui tendait certainement à prouver qu’elle était simplement une grosse feignasse. D’ailleurs, alors qu’elle avait été jugée adolescente trop maigre par les médecins, elle avait pris quelques kilos en dix ans - mais d’après eux, c’était plutôt une bonne nouvelle. Il lui avait fallu longtemps pour trouver une discipline qui lui convenait à peu près et, depuis, elle en parlait parfois autour d’elle, d’où la présence d’Alex aujourd’hui. « Je suis sûre que ça va aller, oui. Si j’y arrive, je te promets que tout le monde peut y arriver ! Je suis super maladroite et pourtant, je me suis encore rien cassé ou quoi. » Elle attacha ses cheveux blonds en queue-de-cheval, légèrement distraite par la beauté fatale qu’était leur professeur de yoga. Intriguée par un tel canon, elle avait du mal à ne pas la fixer des yeux, riant sous cape avec Alex. « En tout cas, ce que je peux te dire, c’est que c’est pas le yoga qui lui a donné une aussi belle poitrine ! » Mia était une éternelle complexée, se trouvant horrible quand elle était trop maigre puis déplorant les kilos qu’elle avait pris sur le bas du corps. Rien que pour ça, elle n’était pas certaine de vouloir pratiquer régulièrement le yoga en studio. Toute seule chez elle, c’était moins intimidant. Mais en attendant, en bon petit soldat obéissant, la jeune femme se conforma aux demandes de la dénommée Gina. Ceci dit, ce n’était pas chose aisée de rester concentrée avec Alex qui la faisait pouffer de rire. « Ce sont peut-être tes jambes qui sont trop longues » chuchota-t-elle, tandis qu’elle prenait plaisir à s’étirer. « Mais c’est le début. Ne force pas, je voudrais pas avoir à expliquer à Gus que c’est à cause de moi que tu t’es fait mal. » Elle voulut lui faire un clin d’oeil taquin, mais bien entendu, son amie était trop occupée pour la regarder.
Les échauffements durèrent quelques minutes, avant qu’ils ne passent aux choses sérieuses. Mia devait avouer que, malgré le sentiment d’infériorité que donnait forcément une femme comme elle, Gina expliquait très bien les mouvements à pratiquer. La cadette Fletcher en connaissait bien les noms, mais ça lui évitait d’avoir à montrer l’exemple à Alex, pour la simple raison qu’elle n’en était pas vraiment un. Ils commencèrent par la posture de la montagne, puis par celle de la chaise, puis par celle de l’enfant. Les élèves obéissaient docilement, mais ça ne les empêchait pas tous de souffler, de peiner et d’afficher une expression digne d’être photographiée. D’autres, en revanche, semblaient très à l’aise. « Ça va ? Tu n’as pas encore envie de m’étriper ? » demanda-t-elle, tandis qu’ils avaient adopté la posture du sphinx. Elle savait que le yoga avait parfois l’air plus simple qu’il ne l’était réellement, notamment en raison d’erreurs courantes. Mais ça faisait du bien. En tout cas, ça détendait Mia, qui avait l’impression de vider son esprit en même temps. Ceci dit, c’était un peu moins vrai quand elle était entourée, étant donné qu’il était plus facile de se déconcentrer. Et puis elle était aussi occupée à ne pas avoir l’air ridicule, ce qui était difficile quand on faisait la posture du triangle par exemple. « Il faut juste que j’évite de tomber » murmura-t-elle, plus pour elle-même qu’autre chose. Elle accueillit la pause avec un certain soulagement, en profitant pour attraper sa gourde et avaler goulûment quelques gorgées. « Alors, ça te plaît ? Quand j’ai commencé, j’avais l’impression d’être moins souple qu’un éléphant. Tu t’en sors mieux ! »

« Le risque, si je te prends en photo, c’est que tu me mitrailles aussi en position délicate. Non merci, on va plutôt jouer la solidarité féminine. » Tout en écoutant et en regardant la prof de yoga, Mia s’appliquait au mieux dans ses mouvements. Pourtant, comme c’était la première fois qu’elle ne pratiquait pas cette activité tranquillement planquée à la maison, elle ne pouvait s’empêcher de se demander à quoi elle ressemblait à l’instant précis. Sans doute pas à grand-chose, mais c’était quelque peu réconfortant de se dire que les autres pensaient probablement la même chose d’eux-mêmes, ou alors qu’ils étaient trop occupés pour faire attention aux autres. Mia elle-même était assez concentrée, du moins quand elle ne pouffait pas de rire suite à une remarque bien placée d’Alex. « Je nettoie déjà au refuge en ville gratos, tu veux en plus me faire bosser gracieusement au zoo ? » répondit-elle, faisant mine d’être indignée. « Je suis pas très sûre que ça me soit utile dans la vie, en fait. Tu sais, le yoga, c’est un peu une excuse pour moi parce que je déteste courir. Je sens que mes muscles travaillent bien, mais je n’ai pas l’impression que je vais cracher mes poumons ou pire, de mourir. » Elle accueillit néanmoins la pause avec plaisir, restant scotchée à sa gourde d’eau, écoutant les impression de son amie. Elle avait l’air d’apprécier un peu, même si, bien évidemment, les débuts étaient difficiles. « Tu es donc l’hippopotame et je suis l’éléphant. Tu crois que Gus accepterait d’être un rhinocéros pour compléter notre tableau de la savane africaine ? » Elle racontait vraiment des bêtises, mais elle était tellement contente de pouvoir s’exprimer librement. Quand elle vivait avec Nathan, elle devait tout le temps filtrer ses propos.
Le cours de yoga reprit mais, à peine quelques instants plus tard, avant d’avoir eu le temps de réagir, Mia se retrouvait par terre comme un sac de patates. Visiblement, il y avait eu une sorte d’effet domino. Un peu étourdie, Mia posa une main au sol. Elle avait atterri sur les fesses, mais elle s’était retrouvée allongée et, quand elle se redressa, Mia se rendit compte que son T-shirt à manches longues s’était soulevée quasiment jusqu’au niveau de sa brassière de sport. Promptement, elle le tira vers le bas pour recouvrir son abdomen. Gênée, elle se redressa, espérant de tout coeur que personne n’avait vu ses ecchymoses. Car certains de ses bleus, qu’elle s’était ramassés juste avant de prendre l’avion, n’étaient pas encore partis, virant au violacé. « Oui… Oui, ça va, ne t’inquiète pas. » Elle avait été un peu désorientée, mais elle ne s’était pas fait mal en-dehors de ses fesses qui étaient relativement rembourrées. En réalité, la seule chose qui l’inquiétait, c’était la possibilité qu’Alex ait vu ses bleus. Bien sûr, elle pourrait essayer de les justifier, elle en avait pris l’habitude en Australie. Mais c’était loin d’être toujours convaincant. Et surtout, elle voulait éviter les questions. Car elle n’avait pas expliqué à Gus la raison réelle de son retour à la maison, ni à ses parents. « Et toi, tu ne t’es pas fait mal ? » Se relevant pour l’aider à en faire de même, Mia tenta de se remettre en position pour le cours. Mais elle n’était plus tellement d’humeur, ne cessant de se demander si Alex avait posé les yeux sur elle lorsque son T-shirt s’était soulevé. Elle soupira de soulagement quand la prof signala la fin du cours mais en même temps, elle appréhendait d’éventuelles questions. Tout en ramassant son matériel, Mia se tourna vers Alex, faisant comme si de rien n’était. « Alors, qu’est-ce que tu en as pensé ? »

« La pizza est mon plat préféré. » D’ailleurs, n’était-ce pas le cas de beaucoup de personnes ? Ça ruinerait peut-être sa séance de sport dans le sens où elle consommerait bien plus de de calories qu’elle n’en avait brûlées, mais ça lui était égal. Compter les calories, s’affoler au moindre excès, se faire vomir, elle avait connu tout ça à l’adolescence. Ce cauchemar était terminé depuis longtemps et, maintenant, elle avait tendance à aller dans le sens inverse. Entre ses quinze et ses vingt-cinq ans, il n’y avait pas seulement dix ans, il y avait aussi dix kilos. Et en fait, elle était mieux dans sa peau maintenant que quand elle était maigrichonne. Mais visiblement, à la fin de la séance, Alex avait changé d’avis. « Une boisson détox, déjà ? Mince, moi qui voulais ma pizza… » Elle avait l’air d’avoir bien aimé, en tout cas, même si ce n’était pas forcément facile. Mia avait un peu appréhendé, d’ailleurs. Elle ne voulait pas l’inviter à une séance que la brune regretterait par la suite. « Mais c’est vrai que souvent, ça va de pair. Beaucoup de ceux qui pratiquent le yoga ont une alimentation saine et équilibrée. Ils aiment aussi méditer, ce genre de choses, bref le cliché total quoi. De mon côté, ça s’arrête simplement à ne pas manger de produits qui viennent des animaux. J’ai jamais réussi à arrêter les frites. Et j’ai jamais réussi à méditer non plus, d’ailleurs. » Est-ce qu’elle ne parlait pas un peu trop ? En tout cas, elle en avait l’impression. C’était peut-être pour cacher son malaise. Mais si elle avait espéré s’échapper dans l’immédiat pour rentrer et se vautrer dans son lit, c’était raté. Parce que sans même attendre son avis, précisant qu’elle ne tolèrerait pas de réponse négative, Alex l’entraînait déjà pour aller manger quelque chose.

« Mais genre on va même pas se doucher ou quoi ? » Sa question semblait être tombée dans l’oreille d’une sourde, car la Holt paraissait bien décidée à prolonger le moment passé en sa compagnie. Mia sentit une angoisse sourde monter en elle. Est-ce qu’une conversation pénible l’attendait ? Pourtant, elle ne pouvait pas trouver une excuse pour rentrer, ç’aurait paru encore plus suspect. Et surtout, elle n’avait pas envie de vexer Alex, qui se montrait gentille. Alors elle la suivit avec résignation, se laissant entraîner vers le bar à jus le plus proche. C’était un endroit qu’elle aimait bien, d’ailleurs, enfin, elle aimait leur carte. « Je vais prendre jus ananas-mangue-passion. C’est pas vert, mais c’est tout aussi rafraîchissant et mes papilles préfèrent ça. » Elles furent vite installées à siroter ensemble. « La prochaine fois, c’est moi qui t’invite. Ce sera pour la pizza, tiens. C’est où le bon spot pour manger des pizzas végétariennes ? Je demanderai juste sans fromage et je rajouterai mon faux fromage. » Elle recommençait à déblatérer. Parce qu’elle appréhendait la suite de la conversation. Elle ne savait pas si elle devait s’attendre à des questions ou pas, parce qu’elle ne savait pas si Alex avait vu ses bleus ou pas. Alors, n’y tenant plus, elle se lança. Autant arracher le pansement d’un coup. « Est-ce que… Est-ce qu’il y a quelque chose en particulier dont tu voudrais me parler ? »

« Je crois qu’on va se nourrir de pizzas plusieurs fois par semaine » rigole Mia, que ça ne dérange pas pour un sou. Depuis qu’elle a traversé la crise alimentaire de son adolescence, elle n’est pas forcément portée sur l’alimentation saine. Elle aimerait bien essayer de faire attention, mais à l’heure actuelle ce n’est pas sa préoccupation principale. Elle tente surtout de se faire oublier par son mari, celui qui, comme elle a pu s’en douter, revient dans la conversation. Parce que celle-ci devient moins légère quand Alex avoue qu’elle a vu, sans donner de précisions. Elle n’en a pas besoin. Naïvement, Mia espère encore qu’il s’agit d’autre chose, qu’elle a mal compris ou quoi. Mais elle est obligée d’affronter la réalité en face quand Alexie poursuit car il n’y a alors plus aucune place pour le doute. Alors Mia décide de jouer cartes sur tables, parce qu’elle n’a pas tellement le choix mais aussi parce qu’elle fait confiance à la soigneuse. « Tu ne te trompes pas » souffle-t-elle simplement, comme pour mettre directement les choses au clair. « Et je te remercie de t’en soucier, mais aussi de me dire qu’on n’est pas obligées d’en parler. » Mais quelque part, Mia sent quand même qu’il vaut mieux qu’elle dise quelque chose, ne serait-ce que pour rassurer Alex. « C’était mon mari. Ça ne fait pas encore assez longtemps pour que les marques aient disparu. » Elle inspire profondément. « Ça arrivait régulièrement depuis qu’on s’est mariés. C’est pour ça que je suis ici aujourd’hui… Seule. » Enfin, elle n’est pas seule à proprement parler, mais elle est bel et bien rentrée en célibataire. « Gus et nos parents ne sont pas au courant. Je pense qu’ils n’ont pas besoin de l’être. Je veux seulement ne plus avoir affaire à mon mari et je crois que c’est suffisant. Du coup, j’apprécierais assez… Que ça reste entre toi et moi. » Elle boit un peu de son jus tropical. Ça lui fait du bien. Et peut-être que ça lui fait du bien aussi de parler un peu à Alex. Elle n’a encore jamais évoqué l’aspect sombre qui prenait une grande place dans son mariage. Mais le problème, c’est qu’elle a honte. Elle a honte de s’être laissée embobiner par ce bel avocat. Elle a honte de s’être laissé faire. Elle a honte d’avoir cru pendant trois ans à ses promesses de changements. Elle a honte de ne pas être la femme forte qu’elle voudrait être. « Je ne sais pas si j’ai envie d’en parler pour l’instant, parce que c’est encore douloureux et ça me rappelle beaucoup de mauvais souvenirs… Mais si j’en ressentais le besoin, je sais que tu serais là pour moi. Alors merci. Gus a de la chance de t’avoir dans sa vie et j’espère avoir le plaisir de te voir plus souvent. » Même si maintenant, elle est un peu gênée que son secret soit découvert, la blondinette espère que ça va passer. « J’ai passé un bon moment en ta compagnie, en tout cas. »

La blondinette sait très bien ce qu’on pense généralement des femmes battues. La plupart du temps, on se dit que ça ne nous arrivera jamais, que si c’était nous, on réagirait immédiatement, en le quittant, en le dénonçant à la police, en ayant la poigne de faire les bonnes choses quoi. En fait, c’était peut-être aussi ce qu’elle pensait. Mais c’était avant, avant que ce soit elle qui se retrouve dans la peau d’une femme battue. Aujourd’hui, elle sait que c’est bien plus complexe que ce qu’on peut imaginer. Aujourd’hui, elle sait que c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Alors elle a un peu peur d’être jugée, pas parce qu’elle n’est pas la victime dans l’histoire, mais peut-être justement qu’elle est restée la victime trop longtemps. Du coup, quand Alexie lui dit qu’elle la trouve à la fois forte et courageuse, Mia sent les larmes lui monter aux yeux. Et elle se sent encore plus stupide. « Je ne sais pas si ça correspond à la réalité, mais… Merci de me dire ça, Alex. » Est-ce que maintenant, leur relation va changer ? Ou plutôt, est-ce que la brunette va la regarder différemment ? C’est possible. Ça ne dérange pas tellement la vétérinaire, mais ce qu’elle ne voudrait pas, c’est qu’on la traite comme une petite chose fragilisée par ses épreuves. C’est peut-être aussi pour ça qu’elle préfère que ses parents ne soient pas au courant.

En raison de la nature de leur conversation, Mia se retrouve un peu perdue dans ses pensées. Alors quand elle entend soudain parler de résolutions, elle est un peu surprise. Elle relève la tête sans comprendre, mais écoute Alex sans l’interrompre, car elle se doute que cette dernière finira par en arriver au point. Et c’est effectivement le cas. Les cours d’autodéfense ou de boxe. « J’y ai pensé deux ou trois fois, sans jamais le faire. » Parce qu’au fond, elle préfère faire l’autruche. Parce qu’elle a tellement peur d’envisager l’éventualité que Nathan rapplique à Island Bay qu’elle n’a pas encore fait grand-chose en termes de dispositions pour se protéger et protéger les siens. Mais la proposition de la soigneuse la laisse songeuse. « Pourquoi pas. Je préfère ne pas essayer la boxe, parce que… Euh… Je trouve que j’ai reçu assez de coups. Mais des cours d’auto-défense… Ça peut être une bonne idée. » Peut-être qu’au fond, toutes les femmes devraient faire ça. Pensive, la blondinette termine son jus. « Et si on allait maintenant se renseigner ? Quand tu auras fini, je veux dire. » Parce qu’elle sait qu’après, elle risque de se défiler, surtout si elle n’est pas accompagnée.