contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer}
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Sujet: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Lun 23 Déc - 22:58
A jogging suit and some roasted chestnuts...
L’après-midi était déjà bien avancé lorsque je fermais ma boutique aujourd’hui. Je m’étais cependant permise de quitter le boulot un peu plus tôt que d’ordinaire pour pouvoir me concentrer sur une grosse commande à venir. L’avantage était que la cliente laissait libre court à mon imagination pour lui concocter quelque chose d’unique et de gustatif pour sa réception à venir. Seulement, une fois assise dans mon labo avec mon carnet sous les yeux, aucune idée ne m’était venue. A défaut de perdre mon temps, j’avais décidé de m’aérer, ce qui serait à la fois bénéfique pour le projet mais aussi pour moi personnellement. J’avais grand besoin de faire une pause pour pouvoir me recentrer sur mes idées ! Pour se faire, j’avais conduit jusqu’à Center Bay mais au lieu de rentrer à l’appartement, je m’étais garée proche de la ville pour me laisser tout le loisir de flâner ici et là. La période de Noël était forcément un moment propice à l’imagination, non ?
Tout en marchant dans les rues, je ne cessais de focaliser mon attention sur ce qui m’entourait. Qu’est-ce qui me faisait rêver et m’émerveillait ? En dehors du marché de noël, bien évidemment ! Je levais la tête vers la grande roue tandis qu’un léger sourire fleurissait sur mes lèvres en souvenir de la jeune femme et de sa fille que j’avais embarquées avec moi à l’intérieur sans le vouloir, les pauvres… Finalement nous avions sympathisé. Je me demandais vaguement s’il fallait toujours que je me mette dans des situations impossibles pour rencontrer du monde. Il fallait croire que la tempête Hannah bousculait tout sur son passage ! Une odeur gourmande vint chatouiller mes narines. Je m’arrêtais alors dans la rue pour humer le parfum à pleins poumons tout en tâchant de me diriger vers sa source. Un vendeur de marrons chauds avait élu domicile juste à l’angle de là où je me trouvais. Coïncidence ? Certainement pas ! Malgré tout ce que j’étais capable de manger à la pâtisserie – sans compter les pâtes et divers gâteaux que je goûtais régulièrement avant de les proposer à mes clients – j’avais toujours de la place pour quelques petits plaisirs. C’était donc tout naturellement que je m’approchais du vendeur pour le lui en acheter. Bien vite, un sachet en papier fumant m’était confié et je m’empressais de porter un marron grillé à ma bouche. J’avais beau m’être brûlée la langue, ma précipitation n’avait pas entaché le goût si particulier du marron cuit au feu de bois. Celui-ci éveilla même ma créativité ! Je calais tant bien que mal le sachet de marrons chaud dans un bras tandis que j’attrapais mon carnet ainsi qu’un stylo avec mon autre main. La recette serait sans doute un peu automnale mais si je la mariais avec certaines saveurs et que je lui donnais un tout autre aspect… Je commençais à griffonner quelques idées et j’allais continuer avec des croquis lorsque je fus brutalement bousculée. Mon sachet en papier s’étala par terre tandis que quelques marrons se faisaient déjà la malle pas très loin de mes outils de réflexion…
« Hé ! » Grognais-je.
Je me penchais alors pour récupérer mes biens tant bien que mal. Je pris tout de même le soin d’essuyer les quelques fuyards avant de les remettre dans mon sac en papier. Oui, j’étais maniaque. Pas de celles qui ne mangeaient pas ce qui avait touché le sol mais de celles qui prenaient leurs précautions et qui ne supportaient pas le désordre en règle générale – dans un tout autre contexte bien sûr. Lorsque je tendis la main vers mon carnet, celle du responsable de ce bazar le saisit avant moi et je relevais les yeux.
Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Ven 27 Déc - 23:59
Les jours défilent à une vitesse folle. A tel point que je n’en vois même pas les semaines se succéder. Pourtant la douleur reste. On a beau dire « loin des yeux, loin du cœur », ce proverbe pour moi est bien menteur. Car malgré la distance, elle hante toujours mes pensées. L’anneau à mon annulaire peut en témoigner. Pourquoi malgré tout ce qu’elle m’a infligé – et m’inflige encore – je n’arrive pas à m’ôter mon ex de la tête ? Magdalena a pourtant tout détruit de mes rêves. Elle m’a volé ma fille. Ce petit être innocent qui ne demande pas mieux que d’avoir l’amour d’un père aimant ! Enfin… Non. En fait c’est inutile. Puisque sa maman m’a déjà remplacé. Rien qu’à cette pensée j’en ai la nausée. Je dois me changer les idées. Depuis que je ne travaille plus au Magic Event, j’ai tendance à me casernier. M’enfermer dans ma propre coquille. Me construire ce mur invisible entre les gens et moi-même pour me protéger. Mais en fait de compte me protéger de quoi ? Le mal m’a déjà été prodigué. Personne ne pourrait m’infliger pire punition que celle de mon ex-femme. C’est donc en pensant à mon enfant que je me décide à aller faire un tour sur le marché de noël. La douleur dans mon cœur s’intensifie. Car c’était il y a un an jour pour jour que tout a réellement commencé entre la soigneuse et moi. Je la revois encore promenant ses chiens en laisse entre les allers. Il y avait du monde et pourtant Mag avait réussi à m’apercevoir et se frayer un chemin pour me rejoindre. Elle semblait si sincère lorsqu’elle m’avait fait croire qu’elle s’intéressait à moi. J’étais si naïf. Tellement stupide que je l’ai crue. J’aurai dû me méfier. Jamais aucune femme ne s’était intéressée à moi auparavant. Pourquoi Magdalena aurait fait exception à la règle ? Surtout que depuis le début elle m’avait prévenue que tout ce qu’elle voulait était de tomber enceinte.
Je suis perdu dans mes pensées. Le sapin au centre de la place a été installé au même endroit que l’année passée. Les décorations n’ont pas changé. Je me dirige vers le stand de peluches. J’achète un doudou pour ma fille. Au cas où un jour mon ex me laissera la voir. Le vendeur fait des broderies. Il me demande s’il doit broder quelque chose dessus : un prénom, un motif… Je me rends compte que j’ignore totalement comment elle l’a appelé. Quel père ignoble je suis. J’ignore comment se prénomme mon bébé ! Je demande simplement un dessin de Bambi. Ayant des points communs avec le faon, ce dernier était devenu mon Disney préféré. Le doudou payé et récupéré, je vais au chalet suivant. Celui du stand de bougies artisanales. Il y a un an, j’avais acheté une bougie pour elle. Fan des animaux, je lui en avais pris une en forme de chien. Me sentant émotionnellement plus fragile à cause de tous ces souvenirs me crachant en plein visage, je décide de reprendre une autre bougie. C’est une rose de couleur rose. On dit que les garçons naissent dans les choux et les filles dans les roses. A défaut d’avoir une photo de ma petite, j’aurai au moins cette bougie pour me souvenir de sa présente sur terre.
Ne me sentant décidément pas bien, je prends subitement la poudre d’escampette. Je suis pressé de rentrer chez moi. De m’enfermer dans ma chambre pour pleurer un bon coup. Chose que je ne fais plus en public. Même face à mes colocs qui savent l’enfer que je vis. Je veux faire croire que ça va mieux. Même si ce n’est pas le cas. Je n’aime pas m’apitoyer sur mon sort. Dans ma course effrénée je bouscule quelqu’un sans le vouloir. La personne en perd ses affaires. « Oh pardon ! Pardon ! Je suis désolé ! » Je m’empresse de m’excuser car je reste malgré tout un homme poli. Et pour me faire pardonner, je l’aide à ramasser ses objets tombés par terre. Je récupère par la même occasion le doudou de ma fille ainsi que la bougie. Cette dernière a mal vécu sa rencontre avec le bitume. Elle a à présent deux pétales de cassées. Je la range dans son sac. Je prends cela pour un signe du destin. Celui qui me dit que jamais je ne la rencontrerais. En ramassant le calepin de la jeune femme que j’ai bousculé, cette dernière m’appelle par mon prénom. « Euh… Oui ? » Surpris je lève les yeux vers elle. On se relève en même temps. Je la reconnais. C’est ma pâtissière préférée. « Oh Hannah ! Comment ça va depuis tout ce temps ? » Maintenant que je la vois, elle me donne envie d’une petite sucrerie. C’est malin…
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Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Dim 29 Déc - 23:30
A jogging suit and some roasted chestnuts…
« Ça va, merci et toi ? »
Je n’avais pas manqué de remarquer que les traits de son visage étaient tirés. De l’inquiétude, des insomnies ? Je ne saurais le dire en sachant que cela faisait vraiment longtemps qu’il n’était plus venu acheter des pâtisseries dans ma boutique. Il passait tellement régulièrement avant que nous avions pris l’habitude de discuter. Au début, il s’agissait de banalités avant de finalement se raconter un peu nos vies. Oh, toujours de façon superflue ! Nous parlions de voyages, de ce que nous allions faire pendant la journée ou le week-end mais j’avais eu la sensation que nous nous étions un peu plus rapprochés que de manière strictement professionnelle. Peut-être un début de relation amicale ? En ne le voyant plus revenir depuis ces quelques mois, je m’étais faite une raison. J’avais d’abord pensé qu’il était parti en voyage ou bien qu’il eût déménagé… mais, il me l’aurait dit, n’est-ce pas ? Tomber sur lui – au sens propre du terme – me surprenait tout comme cela me faisait plaisir. Plaisir un peu estompé à l’air hagard qu’il affichait. Je n’étais pas assez proche de lui pour lui demander la raison de son silence et puis, de toute façon, il s’agissait seulement d’un client régulier. Seulement, la curiosité me poussait à le faire quand même de façon un peu plus détournée :
« C’est vrai que ça faisait longtemps. Un lutin t’a volé ton envie de manger des pâtisseries ? »
Je lui souriais après cette déclaration. Je n’avais aucune envie qu’il prenne ma question pour un reproche et surtout qu’il ne se vexe. Encore une fois, je n’avais aucun droit de lui en vouloir pour ça. De plus, il pouvait tout aussi bien avoir trouvé une autre pâtisserie pour combler son envie de sucreries. Je récupérais le carnet qu’il me tendait en le remerciant et je le rangeais soigneusement dans ma sacoche avec mon stylo.
« Tu es venu faire quelques achats de Noël ? » Demandais-je sans me douter une seule seconde que je mettais les pieds dans le plat.
Tout était arrivé très vite mais il m’avait bien semblée l’avoir vu ramasser un doudou ainsi qu’un autre objet dans son sac pendant que je récupérais mes marrons grillés. D’ailleurs j’en attrapais un pour le porter à ma bouche et je tendais le sachet vers le brun :
« Prends-en si tu veux, ils sont vraiment bons ! »
Qu’y-avait-il de meilleur que des marrons préparés par un vendeur ambulant ? Bon, je savais les préparer aussi mais la cuisson au feu de bois était vraiment la meilleure ! Je fermais les yeux quelques instants pour mieux savourer le goût avant de reporter mon attention sur Spencer et de continuer mes questions :
« Tu vis toujours dans le coin ? »
C’était un peu plus direct mais je pouvais bien lui demander s’il comptait un jour repasser me voir à la boutique. J’avais l’habitude d’avoir plusieurs clients de passage mais c’était différent d’en avoir un récurrent avec qui discuter et se donner des nouvelles. Ma gorge commençait à s’assécher à force de manger, aussi je continuais :
« Ça t’ennuie si on continue à discuter en marchant vers le Starbucks ? Je commence à avoir soif. Si tu es occupé je comprendrais. »
Après tout nous nous étions croisés de façon complètement imprévue et il avait l’air plutôt pressé. Peut-être étais-je en train de le retenir et qu’il restait simplement poli. De ce que j’apercevais de lui, il avait l’air d’être quelqu’un de respectueux. La preuve en était qu’il aurait pu partir sans se retourner quand il m’avait bousculée mais il s’était arrêté pour m’aider à ramasser mes affaires.
Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Lun 30 Déc - 1:21
« On fait aller. » Mentir n’était pas dans mes habitudes. Et m’apitoyer sur mon sort non plus donc inutile d’approfondir ma réponse. Hannah n’était que ma cheftaine pâtissière préférée. Elle le savait très bien d’ailleurs car je n’oubliais pas de le lui rappeler chaque fois que je venais acheter ses délicieuses gourmandises. Même si avant mon escapade à Las Vegas, j’avais comme l’impression que nous étions en train de devenir des amis Miss Hopkins, je me trompais peut-être. Ou peut-être pas… Hannah savait que j’étais parti me marier avec Magdalena et qu’elle était enceinte. En sachant que ma femme avait rompu avec moi à peine de retour à Island Bay, ce serait mentir si je disais que je n’avais pas esquivé durant un temps la pâtisserie. J’avais le moral dans les chaussettes de m’être fait plaqué comme ça. Je ne me voyais pas en plus annoncer l’annulation de mon mariage. Mon ex petite amie m’a fait passé pour le dernier des imbéciles. Je n’avais pas du tout envie de le crier sur tous les toits.
Hannah ne manqua pas de me faire remarquer mon absence dans sa boutique. J’étais un peu gêné. Mes joues ne manquèrent pas de me trahir. C’était de la même façon toute aussi mignonne que je lui répondis. « Une lutine pour être plus précis. Tu as tapé dans le mil. » Je détournais le regard. Je n’ai pas envie de parler de la femme qui m’a brisé le cœur.
Ah là là ! Sacrée Hannah ! Si tu savais… En fait à sa question, je la regarde avec surprise. Comment a-t-elle su ? « Euh… » Je lui montre simplement son sac d’emplettes avec un léger sourire tout en haussant les épaules. Je restais un instant sans voix. Heureusement, pour combler mon silence pesant, elle me proposa un marron. J’en prends un timidement. « Merci. » Lui susurrais-je à peine. Elle devait penser que j’étais distant avec elle. Ce n’était en aucun cas volontaire. J’ai éprouvé tellement de tristesse en venant sur ce marché de noël que je tentais de canaliser mes émotions. Je me refermais dans ma coquille tel un escargot. J’étais à la base sorti de chez moi pour voir du monde. Je suis vraiment content d’avoir croisé Hannah. Elle continue à s’intéresser sur mon cas. Je n’ai jamais cru un instant qu’elle pouvait s’inquiéter à mon sujet. « Oui… Je… Je suis retourné dans mon ancien appartement avec mes colocs. » Je lui fis un petit sourire de politesse si triste soit-il. Machinalement, je pose la main sur mon alliance pour le faire tourner autour de mon annulaire. La jolie demoiselle le remarqua. Je cache aussitôt mon étourderie dans ma poche. Mais je crois que c’est trop tard. Je refuse de faire pitié. M’accrocher désespérément à Magdalena était pitoyable. Je le sais. « Et toi, tu… Tu as toujours ta boutique ? Ca marche toujours aussi bien ? »
La pâtissière me propose d’aller boire un café. Ce que j’acceptais sans broncher. Je devais me faire violence pour retrouver un semblant de vie sociable. Si je continuais à rester enfermé dans ma chambre, à pleurer celle qui m’a fait croire qu’elle m’aimait, j’allais devenir fou. « Bien sûr… On peut… En plus c’est… Pas très loin d’ici. »
Sur la route, je cherchais des sujets de conversation. Mais j’avais tendance à sécher. « Malgré les années qui passent, j’ai toujours du mal à être en été pour noël… » Est-ce qu’il neige à New York ? Sans aucun doute. Ou à défaut, c’était réellement l’hiver là-bas. Nous mettons peu de temps pour arriver sur les lieux. Nous nous installons et un serveur passe prendre commande. Une fois chose faite, notre discussion pouvait reprendre là où elle en était. « Quoi de neuf ? T’as trouvé un associé ou un chéri ? » Bon d’accord… La délicatesse et moi ça restait toujours deux. « Désolé… Ca… Ca ne me regarde pas… » Je retroussais mon nez en réfléchissant. Ca y est ! Ma lanterne vint enfin de s’éclairer ! « Mis à part les marrons, tu es venue t’inspirer de l’ambiance du marché de noël pour tes créations je parie… Ai-je tort ? »
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Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Lun 30 Déc - 23:47
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Je l’observais avec grand intérêt à sa réponse sur ces fameux lutins. Même s’il me répondait sur le ton de l’humour, son regard s’était tout de suite dérobé. Est-ce que sa femme était mêlée à tout ça ? Ou bien une personne extérieure ? Je me morigénais mentalement sur ma curiosité mal placée. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle je n’enchérissais pas et je me contentais d’un sourire réconfortant. Visiblement ma question sur ses cadeaux de Noël l’aidait encore moins. Plus je passais du temps avec lui et plus j’avais l’impression de le mettre mal à l’aise cet après-midi… Heureusement, après avoir croqué dans un marron que je venais de lui proposer, sa langue se délia. En tout cas, un peu mieux jusqu’à ce que je baisse les yeux vers ses mains qu’il triturait depuis tout à l’heure. Il jouait avec son alliance et lorsque son regard croisa le mien, il rangea ses mains dans ses poches. Je pris le parti de faire comme si de rien n’était et je continuais la discussion :
« Ils ont dû t’accueillir à bas ouverts. De mémoire, tu t’entendais bien avec eux, non ? »
Cette information supplémentaire me faisait tiquer. N’avait-il pas décidé de quitter cette colocation pour vivre avec sa femme et leur enfant à venir ? Encore une fois, je me taisais et j’enchaînais en répondant à ses questions :
« Ma boutique tourne à plein régime ! J’ai eu deux gros contrats qui m’ont faite connaître et accessoirement participer à des soirées mondaines. Au rythme où vont les choses, je pense à recruter bientôt des petites mains pour m’aider. »
Un large sourire illuminait mes traits à l’évocation de ma réussite professionnelle. Ma boutique c’était mon bébé. Je m’étais donnée corps et âme pour monter mon affaire et la faire connaître et je ne comptais pas m’arrêter en si bon chemin. J’espérais, à la longue, développer mon activité et pourquoi pas créer une chaîne ? Une chaîne de qualité bien sûr, pas industrielle ! Mais je voyais loin dans l’avenir, pour l’instant j’étais ravie des deux gros coups de pubs que les entreprises m’avaient données suite à mes prestations pour eux. Ma clientèle, déjà bien présente, s’était accrue. Spencer accepta ma proposition et il m’emboîta le pas en direction du Starbucks le plus proche. L’évocation de l’hiver me faisait rêvasser. On ne pouvait nier que j'étais une grande amatrice de l’été mais j’accordais une exception pour le temps des fêtes qui était bien plus magique avec de la neige.
« Je suis d’accord avec toi sur ce point-là. Après j’ai la chance d’avoir un vrai hiver pendant la semaine où je vais en France pour voir ma mère. »
Finalement, la devanture bien connue du café se présentait à nous. Nous pénétrâmes dans la pièce et je choisissais une place proche de la fenêtre. Nous étions deux, autant en profiter pour réserver une table avant d’aller commander au comptoir. Ceci étant dit, le Starbucks était étonnamment calme en cette fin d’après-midi et de ce fait, un serveur vint à notre rencontre. Je commandais un grand chocolat chaud réhaussé de chantilly avant de retirer ma veste pour la caler derrière mon dos. Je ne buvais jamais de café mais ils faisaient d’excellents thés et chocolats ce qui faisait de cet endroit, mon repaire favoris. La question de Spencer me prit au dépourvu mais je ne tardais pas à lui répondre sur le ton de l’humour :
« Je ne pense pas recruter d’associé. Et en ce qui concerne mes amours, je crois que j’ai une touche avec le Père Noël qui ne serait pas contre venir boire un vin chaud avec moi. Il a mangé tous les cookies que je lui ai proposés l'an dernier ! »
Je riais pour le dérider avant de reprendre plus sérieusement :
« En fait je n’ai pas vraiment eu de temps à consacrer à quelqu’un ces derniers-temps. C’est à peine si j’en ai eu pour moi… A défaut, j’ai rejoint une colocation et ça se passe plutôt bien ! »
Je ne lui retournais pas la question sur ses amours simplement parce que je pressentais que le sujet était tabou de son côté. Dès que j’avais tenté de parler de quelque chose s’y rapprochant, il s’était fermé et je ne souhaitais pas le mettre mal à l’aise. Nos commandes arrivèrent tandis qu’il me parlait de ma présence au marché de Noël. Un autre sourire fleurissait sur mes lèvres avant que je ne lui réponde :
« C’est vrai mais ce n’est pas sur le thème de Noël. Je cherchais de l’inspiration pour créer des pâtisseries en rapport avec le rêve, l’émerveillement… Quelque chose d’original et de gustatif. Et j’ai bien fait ! »
Je sortais mon fameux carnet pour le poser sur la table et enfin réaliser les croquis que j’avais imaginés un peu plus tôt.
« Ce sont les marrons qui m’ont donné cette idée plutôt. Je vais faire des petits gâteaux avec des inserts au marron dedans et de la crème. J’étais en train de réfléchir à la saveur supplémentaire et à la forme que je comptais leur donner quand tu m’es rentrée dedans. »
Je souriais encore en griffonnant mes idées tout en les lui expliquant. Habituellement, je gardais tout cela pour moi jusqu’à leur réalisation mais Spencer ne serait pas là pour les voir ni pour les goûter alors j’avais tout le loisir de lui en parler.
« Oh bien entendu, c’est un secret ! Je n’ai pas envie de voir ces merveilles ailleurs que dans ma pâtisserie, d'accord ? »
Dernière édition par Hannah Hopkins le Mar 14 Jan - 15:59, édité 2 fois
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Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Mar 31 Déc - 16:38
Quand j’ai su que Magdalena était enceinte, j’ai quitté la colocation pour vivre avec elle. La relation que j’entretenais avec mon ex était assez particulière. Depuis le début elle gardait ses distances avec moi. Qu’ai-je fait pour mériter cela ? A ce que je sache, c’était Miss Lovelock qui voulait qu’on sorte ensemble ! Dès qu’on a eu notre premier rapport, Mag a tout fait pour me tenir à l’écart. Je n’avais plus le droit de la toucher. Elle cherchait n’importe quel prétexte pour que l’on ne se voit plus. Dès qu’on avait un rendez-vous ensemble, quand elle n’oubliait pas de venir, à la dernière minute elle annulait car elle avait autre chose à faire. Ou peut-être qu’on avait une relation normale et que je me faisais des idées… Je n’ai jamais réellement eu de copine avant elle. Je n’ai donc aucun point de comparaison. Une chose est sûre : je ne pensais pas que cela pouvait être aussi compliqué une relation de couple !
A notre retour de Vegas, au lieu de vivre paisiblement notre vie de jeunes mariés, elle a décidé de partir sans me prévenir. Un soir, en revenant du travail, j’ai retrouvé la maison vide. Plus de femme et plus aucun de ses nombreux animaux. J’ai reçu quelques jours plus tard un courrier de son avocat me stipulant que Magdalena demande le divorce. Abattu, j’ai pris à mon tour mes clics et mes clacs, retournant à mon ancienne colocation. Entre temps Roman avait déménagé. Il ne restait plus que Tess qui est une ancienne collègue du Magic et aussi une amie. Peu après mon retour, on a accueilli sous notre toit Jody et Hayden. Ils ont beau à être super gentils et vouloir me changer les idées à tour de rôles, je n’arrive pas à m’ôter mon ex-femme de la tête. « Oui ils sont tous adorables. Heureusement qu’ils sont là d’ailleurs… » Avec la préparation des fêtes de fin d’année, ils voulaient que je participe à la décoration du sapin et aussi sortir ensemble faire des emplettes de noël. Mais pour acheter quoi à qui ? J’avais déjà ma petite idée pour chacun de mes colocs. Mais je ne pouvais pas aller avec eux. Mis à part eux, je n’ai plus personne. Ma fille est née depuis deux mois et Mag refuse catégoriquement que je la connaisse. Elle a réussi à avoir la garde totale du bébé. Comment a-t-elle fait ? Je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est elle a retrouvé quelqu’un et que c’est ce type là qui élève ma petite poupée. Pourquoi me fait-elle subir tout cela ? Que lui ai-je fait comme mal pour mériter une si cruelle punition ? Je soupire. « Nous sommes quatre maintenant. Tess est restée. Jody c’est une stagiaire kiné qui s’est occupée de Roman à l’hôpital quand il a eu son accident dans l’immeuble en feu. Hayden est un gars plutôt space mais il est marrant. Surtout lorsqu’il vient de s’acheter une nouvelle paire de chaussures à hauts talons avec des paillettes et qu’il se balade partout dans l’appartement avec. » Je souris à la tête que faisait Hannah. « Il est drag queen la nuit. Si un jour tu le croises, tu verras qu’il est super comme gars. »
Nous discutons ensuite du succès de la boutique d’Hannah. « En parlant de gros contrats, si tu veux un coup de pouce supplémentaire, je pourrais te mettre en relation avec Casey Fraser. Elle est patronne d’une boîte d’évènementiel. C’est où je travaillais avant de me reconvertir professionnellement. » Si je pouvais aider la jolie pâtissière, je le ferais avec plaisir. « A l’époque où je bossais encore là-bas, on avait des bons traiteurs mais côté desserts c’était pas trop ça. »
Hannah me parla de sa mère qui est française. « T’as vécu là-bas ou tu y passes juste tes vacances ? » Je suis curieux et je l’assume pleinement. Comme ça fait longtemps qu’on ne s’est pas revu et surtout jamais en dehors de sa pâtisserie, c’était l’occasion de mieux connaître la jeune femme. Arrivés au café, je commande un thé à la pêche. Je ne suis pas très café. Et je m’aperçois qu’Hannah ne semble pas l’être non plus. On va peut-être se découvrir d’autres points communs.
Je me montre maladroit en demandant directement si la pâtissière a quelqu’un dans sa vie. Sa réponse était plutôt marrante. Mais je ne pus m’empêcher d’avoir un petit air de dégoût. « Tu ne sauras jamais me faire boire du vin qu’il soit chaud ou froid… » Je préfère de loin un bon jus de raisin. Et de toute façon, même si je suis en rémission, j’ai eu interdiction de consommer du tabac et de l’alcool par l’oncologue. Au moins c’était réglé… Hannah me parle de sa colocation. « C’est particulier comme mode de vie mais très sympa. Au moins tu gardes un minimum de contact social et tu n’es pas seule. C’est un peu comme un mariage : pour le meilleur et pour le pire… » Mouais… J’aurai tellement aimé connaitre le meilleur avec Mag… Je me demandais si c’était possible de retomber un jour amoureux d’une autre personne… Pourquoi pensais-je à cela ?
Hannah me confia un de ses projets actuels pour un client. Elle sortit son carnet afin de me montrer ses premiers croquis. Je regarde les feuilles noircies et écoute la professionnelle très attentivement. « Je peux ? » Je me permets de lui emprunter son crayon et d’émettre quelques coups de mine sur ses croquis. Perfectionniste dans l’âme, je lui émets deux trois petites idées au niveau esthétique. « Pour le thème du rêve, tu peux partir sur les nuages, les constellations. Après pour le goût, est-ce que t’as déjà tenté d’incorporer des fruits à coque avec les marrons ? Du style noix de pécan, noisettes ou je ne sais pas… Enfin tu vois ce que je veux dire ? » Comme je ne m’y connaissais pas du tout, je me gourrais peut-être royalement. « Après tout dépend les goûts de ton client. C’est pour quelle occasion cette commande ? » Hannah me demande de garder le secret sur ses recettes car elle ne veut pas les voir ailleurs. « Je sais tenir ma langue tu sais. » Lui souriais-je. Ca me fait du bien cette rencontre inattendue avec Hannah.
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Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Mar 14 Jan - 16:49
A jogging suit and some roasted chestnuts…
Voir son air pensif mêlé de son sourire à l’évocation de ses colocataires me réchauffait un peu le cœur. Le retour dans cet appartement semblait lui faire du bien. Il suffisait d’entendre la façon dont il parlait d’eux pour le comprendre. En même temps, chaque personne qu’il décrivait semblait exceptionnelle à sa manière. J’haussais un sourcil au mot « talons à paillettes » couplé avec un prénom d’homme et Spencer m’expliqua le métier dudit Kayden.
« J’ai l’impression que tu ne risques pas de t’ennuyer avec eux ! » Riais-je en imaginant la petite troupe rassemblée.
Spencer me parla ensuite de son ancienne patronne et je l’écoutais avec un très grand intérêt. Il fallait être fou pour refuser une occasion pareille !
« Tu sous-entends que mes pâtisseries sont meilleures que celles de son traiteur ? Dans ce cas, oui, je serais ravie de rencontrer Casey Fraser pour discuter d’un éventuel contrat. Merci pour ta proposition ! »
Et mes yeux pétillants pouvaient témoigner de ma gratitude. Encore une fois, j’avais beau avoir une clientèle fidèle, mon entreprise était encore jeune et je comptais bien l’améliorer et l’agrandir. Pour cela, un partenariat avec un traiteur et d’autant plus avec une boîte d’évènementiel serait un véritable tremplin.
« Tu lui as déjà parlé de moi ou je suis la première de nous deux à qui tu t’adresses ? » Demandais-je histoire de ne pas faire de faux pas en la contactant la première.
La conversation continue sur la neige ainsi que sur la France dont Spencer semble s’intéresser :
« J’ai vécu les deux. Quand j’étais plus jeune, j’y passais seulement mes vacances scolaires mais j’ai fait mes études de pâtisserie là-bas donc j’y suis restée jusqu’à il y a deux ans. J’y retourne le plus régulièrement possible pour aller voir ma mère mais ma vie est en Nouvelle-Zélande à présent. »
J’espérais ne pas l’avoir perdu dans mes explications. Il fallait dire qu’avoir un parent sur chaque continent n’était pas ce qu’il y avait de plus pratique mais c’était aussi ce qui m’avait forgée. Grâce à ça, j’étais bilingue, je connaissais deux cultures différentes et j’avais pu faire mes études dans un établissement reconnu dans le milieu de la pâtisserie. On pouvait dire que c’était une bonne compensation au fait de peu voir l’un de mes deux parents en contrepartie. Bien sûr, j’en avais aussi souffert dans mon enfance, je restais humaine après tout. L’évocation du vin chaud avait fait froncer le nez de mon interlocuteur et je riais encore :
« C’est parce que ceux de Nouvelle-Zélande sont de mauvaise qualité. Si un jour tu mets les pieds en France, je te conseille d’en goûter et tu sentiras la différence ! »
La tête qu’il affichait affirmait qu’il n’en ferait rien cependant. Je restais sceptique sur sa comparaison entre la colocation et le mariage :
« Disons que c’est plus simple de déménager que de divorcer quand même. »
Je ne me doutais pas le moins du monde que je remettais les pieds dans le plat avec cette réponse et je continuais :
« Pour moi c’est naturel. Je n’ai jamais vécu seule et ça ne me tente pas du tout ! J’ai toujours été entourée de ma famille, de mes frères et de ma sœur donc j’ai évolué dans un foyer animé et bruyant. Je travaille beaucoup mais n’avoir personne à qui parler en rentrant chez moi me mettrait froid dans le dos. C’est triste un foyer seul, non ? »
Peut-être aurais-je l’air d’une martienne à ses yeux. Après tout, nombreuses étaient les personnes à préférer avoir son propre cocon plutôt qu’à vouloir le partager. Je mentirais si je disais que je ne voulais jamais être un peu seule mais je préférais savoir que l’appartement était animé plutôt que vide même si je bouquinais tranquillement dans ma chambre. Bon, même si c’était concrètement plus facile d’avoir une vie intime sans devoir tout dire à ses colocataires. Mais bon, ma vie sentimentale était tellement déserte depuis ces dernières années que je ne risquais pas de devoir expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Je sortis de ma rêverie à la question de Spencer et je lui tendais mon stylo et mon carnet pour qu’il puisse me donner ses idées. Je le regardais faire danser le crayon sur le papier à mesure qu’il m’évoquait ses idées. J’observais le résultat final, songeuse.
« Oui, je pensais à des fruits à coques mais je ne trouve pas que ça fasse rêver gustativement parlant et j’ai peur que les constellations ne soient pas très originales. Je veux dire, il y a eu beaucoup de pâtisseries sur le thème « galaxy » il y a quelques années… C’est pour la réception d’une compagnie aérienne asiatique. »
Je le regardais, l’air contrit. Le pauvre, il essayait pourtant de m’aider…
« Après je pensais partir sur des mélanges de saveurs qui rappelleraient certaines destinations. Par exemple, un mille-feuille de thé vert matcha avec une crème de marron pour le Japon ou des tartelettes poire, litchi et marron pour la Chine… En fait j’aimerais faire en sorte que les pâtisseries que je vais lui proposer réunissent ces trois critères : des produits de saison, une apparence et un goût originaux. »
Nos commandes nous furent servies. Je remerciais le serveur avant d’attraper mon gobelet pour le porter à ma bouche. Il était bouillant mais la crème chantilly apaisait la chaleur de la boisson. Je reposais mon chocolat chaud avant de reprendre mon carnet et le refermer.
« Et si on parlait d’autre chose ? Je ne vais pas te faire travailler à ma place quand même ! »
Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Mar 14 Jan - 22:54
Il est clair que la vie à la coloc est très loin d’être monotone. Surtout depuis l’arrivée de Kayden. Ce mec à lui seul est tout un spectacle ambulant. Certes il peut se faire lourd comme quiconque. Mais il sait très vite s’arrêter quand il le faut. Dans les moments où j’ai le moral dans les chaussettes, que ce soit lui, Tess ou Jody tentent de me faire sourire. Mais si rien ne fait, que je ne suis pas décidé à sortir de mes sinistres pensées, ils me laissent tranquille. « Il faut que je leur parle de toi et de tes délicieuses pâtisseries. Je ne leur donne pas cinq minutes pour qu’ils débarquent te dévaliser. Ce sont des vrais gourmands. » Je souris en imaginant Kayden prêt pour son show et aller voir Hannah pour une petite fringale avant d’aller sur scène. Je me demande comment réagiraient les autres clients de la boutique. Seraient-ils plutôt amusés ? Ou choqués ? Prendraient-ils la fuite ? Ou alors parleraient-ils avec mon ami ? Sinon ils peuvent aussi faire comme si de rien n’était. Mais je doute que beaucoup de personnes aient cette mentalité-là. Trop rares sont ceux qui gardent l’esprit ouvert quelques soient les circonstances. En même temps vu mon enfance, peu de choses me choquent…
J’ai quitté Le Magic Event dans de bons termes. Casey a été une patronne compréhensible. Même si au début elle désapprouvait ma décision, elle a fini par comprendre que mon temps en tant que dj était bel et bien résolu. « Je ne le sous entends pas. Je te le confirme. Notre… Enfin… Le traiteur avec qui Casey est en partenariat est à l’origine un boucher. Son côté traiteur est juste un complément d’activité. Il a de la bonne viande et charcuterie, c’est vrai. Mais le côté sucré il ne maitrise pas du tout. J’ai toujours eu des doutes sur le fait qu’il vende à nos clients des produits décongelés et non du fait maison pour les desserts. Tu vois ? C’est…. Ce n’est pas du tout le même aspect et encore moins la même qualité que ce que tu fais. Tu vois ce que je veux dire ? » Je sais que je peux m’exprimer très mal. J’ai tendance à toujours me comprendre sans que ce soit forcément le cas pour mes interlocuteurs. « Non je n’ai pas eu l’occasion de parler avec Casey ces derniers temps. Mais si tu veux, on peut aller voir après si elle n’est pas en rendez-vous. Le Magic est à peine à une vingtaine de minutes à pieds d’ici. » N’ayant pas de permis, la marche ne m’a jamais gêné. Au contraire j’aime bien car ça me permets de prendre l’air et de voir du monde. Timide, je ne cherche cependant pas à faire de nouvelles connaissances. Peut-être qu’Hannah déclinera ma proposition. Dans ce cas-là il sera préférable que je vois avec mon ex patronne avant que Miss Hopkins ne la rencontre. Si je peux être un atout majeur pour cette potentielle future collaboration, alors pourquoi pas. Un petit coup de piston n’a jamais fait de mal à personne.
J’écoutais attentivement Hannah me parler de sa vie entre la Nouvelle Zélande et la France. « Tu as de la chance. J’aimerais bien y aller un jour… A ce qu’il parait Paris est la plus belle ville du monde… » La plus romantique aussi… Après l’échec de mon mariage avec Magdalena, si un jour je tombe sous le charme d’une autre femme et que celle-ci m’aime réellement, ça pourrait être sympa de faire sa demande sous la tour Eiffel… M’enfin ! Après je n’en sais rien. Pourquoi est-ce qu’une femme s’intéresserait vraiment à moi ? Mon ex m’a bien fait comprendre que je ne suis bon qu’à être le bon pote. Celui sur qui on peut compter mais qui ne doit en aucun cas attendre un geste affectueux en retour. Suis-je repoussant à ce point-là que même un simple baiser semblait l’écœurer ? Je sais que je ne suis pas un bon amant. Alors ça ne m’étonnerait pas que je ne sache pas embrasser correctement. J’aimerai tellement savoir ce qui cloche chez moi…
Je conclus le sujet sur le vin par une simple révélation. « Ce n’est pas qu’une question de goût. Je ne peux plus boire d’alcool. Au moins c’est réglé. » Et honnêtement ça ne me manque pas du tout. Je n’ai jamais supporté l’alcool. Je me rendais malade avec une simple bière alors bon…
Comparer une colocation avec un mariage était assez facile en soit. « Les divorces sont plus simples qu’on ne le pense. Tu reçois une demande de divorce de la part de l’avocat de ta femme. Et tu n’as plus qu’à aller signer les paperasses devant le juge pour officialiser les choses. Même pas besoin de croiser ton ex pour ça… » Ma gorge se noue. Mon visage défile. Il se perd dans le vide. Machinalement je touche mon alliance. Je ne peux m’en empêcher. Magdalena m’a fait beaucoup de mal. J’ai perdu une partie de moi-même. J’ai perdu ma fille. « Oui… Divorcer et déménager… » Susurrais-je à peine… Je soupire un bon coup puis me décide à répondre à la question de la pâtissière. « Vivre seul c’est triste oui. Surtout dans les moments de galère où parfois tu te demandes pourquoi rester sur terre. Dans quel but ? » J’ai vécu des grands moments de dépression où je tentais à multiples reprises de mettre fin à mes jours. Reprendre la vie en colocation m’a permis suite à mon divorce d’éviter de replonger. Si je n’étais pas revenu chez Roman, je ne serais pas là à discuter avec Hannah. Je ne me serais pas loupé cette fois-là.
Concernant le sujet sur le projet d’Hannah, je laissais la demoiselle expliquer son point de vue. Oui en effet les astres et les nuages ça n’avaient rien d’original dans le fond. « C’est toi la professionnelle et donc la mieux placée pour savoir ce que tu as à faire. » Je lui fais un clin d’oeil pour achever ce thème et passer à autre chose. « Oui je veux bien. Mais je dois t’avouer que je ne sais pas de quoi discuter en fait. » Je me mets à rougir légèrement tout en haussant les épaules. Je ne parle plus vite que je ne réfléchis. J’espère qu’Hannah ne m’en voudra pas pour ma réponse.
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Sujet: Re: A jogging suit and some roasted chestnuts... {ft. Spencer} (#) Mer 11 Mar - 19:35
A jogging suit and some roasted chestnuts…
« Oh mais avec plaisir, je veux bien être la fournisseuse officielle de votre coloc’ ! »
S’ils étaient aussi sympas que Spencer semblait le décrire, je serais même ravie de les servir ! Mon interlocuteur m’expliquait ensuite la situation avec le traiteur de son ancienne employeuse. Je fis la moue à l’évocation des pâtisseries surgelées :
« Niveau visuel, on peut toujours tricher un peu en rajoutant de la gélatine ou de quoi embellir un gâteau mais ça se détecte rapidement au goût si ce n’est pas un produit frais. »
L’enthousiasme du brun était palpable.
« On dirait presque que tu y travailles encore ! » Riais-je. « En tout cas, je te remercie d’avoir pensé à moi pour un éventuel contrat avec ton amie. »
Encore une fois, ce genre de proposition était inespérée et je ne comptais pas la laisser filer aussi facilement. Je balayais cependant ma main en continuant :
« Je pense qu’il vaudrait mieux que nous convenions d’un rendez-vous ou au moins d’un horaire qui l’arrangerait. Elle doit être pas mal occupée et je n’ai pas envie d’arriver au moment le moins adapté pour elle. Autant mettre toutes les chances de notre côté, non ? »
Je souriais de plus belle à Spencer. Autant la pâtisserie demandait de la rigueur et des heures de travail, autant le poste de patronne d’une boîte d’événementiel devait en demander davantage. J’ignorais quels étaient ses projets mais je me doutais qu’elle devait être prise dans son travail et je n’avais pas envie de l’importuner pour lui proposer une collaboration sans m’être présentée au préalable. Soit elle serait disponible et probablement avenante, soit j’arriverais au pire moment et elle aurait la sensation d’être dérangée « pour rien ». Autant faire les choses correctement et dans l’ordre.
« Si tu as un passeport valide et que ça te tente, je pourrais te faire visiter un de ces quatre ! »
J’allais voir ma mère aussi régulièrement que possible et je connaissais bien les lieux, c’était ce qui expliquait mon invitation lancée sans trop réfléchir. A vrai dire, pour le peu que je le connaissais, Spencer semblait être quelqu’un d’amical et avenant. J’avais du mal à imaginer ce qui pourrait se passer de mal si nous voyagions tous les deux ; hormis le fait que nous nous connaissions à peine s’entend. Sa déclaration me laissait coite. Est-ce qu’il ne pouvait plus en boire à cause d’une trop grosse consommation par le passé ? Il ne semblait pas vouloir s’étaler sur le sujet et – encore une fois – je me taisais pour ne pas le mettre mal à l’aise. Malgré tout, la suite de la discussion eut tôt fait de me renseigner sur sa situation. Il semblait bien trop au courant et surtout bien trop concerné pour balancer tout ça à la légère. Donc sa femme avait demandé le divorce… peu de temps après leur voyage de noces ? Et depuis il ruminait des idées noires. J’attrapais alors sa main dans un geste de soutien et je la serrais dans la mienne.
« On n’est jamais tout seul. C’est une mauvaise passe et même si tout semble s’écrouler autour de nous et qu’on se ferme au monde extérieur, il y a toujours quelqu’un pour nous tendre la main et nous faire remonter à la surface. Et puis, on peut toujours se fixer un but, en commençant par de petits objectifs comme se lever le matin, avoir une pensée positive… et peu à peu, on retrouve goût à la vie. Et puis, des fois, la solitude, ce n’est pas si mal. »
Je serrais une fois de plus sa main tout en lui offrant un sourire chaleureux. La sonnerie de mon téléphone me rappela à l’ordre et je lâchais alors Spencer pour fouiller dans la poche de mon manteau et attraper l’appareil.
« Excuse-moi, je dois répondre… » Annonçais-je dans un sourire contrit.
Je me levais alors de ma chaise pour prendre l’appel un peu plus loin. Après quelques minutes de conversation, je raccrochais et je retournais à la table où Spencer m’attendait. Je passais une main dans mes cheveux, gênée, avant de finalement lui dire :
« Je suis désolée mais je vais devoir y aller, c’est une urgence… Tu es toujours le bienvenu dans ma pâtisserie, tu le sais ? »
J’enfilais alors mon manteau et je récupérais mes affaires ainsi que mon chocolat encore chaud puis je le saluais avant de me hâter de rejoindre la rue. Et dire qu’il fallait que ça tombe le jour où je n’avais pas pris ma voiture et que je le recroisais enfin depuis des mois ! Tant pis, ce n’était pas comme si la ville était si grande, nous allions nous revoir, j’en étais certaine !