hey soul sister (jules#1)

Un message sur son téléphone en guise de réveil. Heureusement que parfois, Juliette a le sommeil léger, sinon elle serait tout simplement passée à côté. Elle ne travaille pas aujourd'hui, elle n'avait donc pas d'obligation de se lever. Mais l'invitation de sa meilleure amie est alléchante, alors Jules se lève, file dans la cuisine pour grignoter un petit quelque chose. Elle se met ensuite en tenue et attend un signe de Jody lui indiquant sa présence. Elle finit par le faire, à sa façon. Tout pour motiver la brune. En entendant ces mots, elle a presque envie de descendre les escaliers à toute vitesse pour lui botter les fesses. « Je t'ai connu plus agréable. » Lâche-t-elle, alors qu'elle raccroche l'interphone. Jules retourne dans la pièce de vie et attrape la veste qu'elle a prévue de mettre pour courir. La température est de nouveau agréable en ville, mais il est encore tôt, alors elle préfère être prudente et se couvrir un peu. « C'est ta sœur. Je vais courir avec elle. » Même si elle n'ose pas s'immiscer dans leurs histoires, cela ne la regarde pas, la footballeuse sait que c'est compliqué entre elles. Néanmoins, inutile de mentir ou de cacher quoique ce soit à l'une ou à l'autre des deux Jenkins, c'est donc tout naturellement qu'elle lui parle de ce footing. « Tu ne seras sûrement pas là quand je rentrerais, alors bon courage pour ta journée. » Elle lui lance un sourire, prend ses clefs et quitte l'appartement. Le premier choix qui s'offre à Juliette est celui de prendre soit les escaliers, soit l'ascenseur. La jeune femme ne tremble pas et comme à son habitude, elle prend les escaliers. Cela lui servira d'échauffement. Même si dans ce sens-là, ça ne sert pas à grand-chose, les battements de son cœur ne vont pas s'emballer. En à peine deux minutes, Jules sort de l'immeuble pour retrouver sa meilleure amie. « On verra qui sera la feignasse quand tu seras cent mètres derrière moi.. » Quoique. Avec les excès de ces derniers jours, Juliette a un peu perdu. L'avantage de faire du sport tous les jours, c'est que cela reviendra très vite. Elle s'approche de la tête blonde et lui offre une accolade. Même si celle-ci a bien décidé de lui envoyer des piques dès le matin.. « Tu veux partir de quel côté ? » Inutile de faire la discussion sur place, elles le feront en courant. D'un commun accord, elles se décident pour partir vers le sud d'Island Bay, en fonction de la distance qu'elles parcourront, elles pourront finir au bord de l'océan. Rapidement, elles se mettent en route, à un rythme modéré, pour les efforts poussés, elles verront ça plus tard. Ça ne serait que faire souffrir les muscles de partir vite au départ. « Tu vas bien ? » Une question simple. Mais Juliette ne savait pas comment commencer autrement. Depuis qu'elle vit avec Sidney, c'est plutôt tendu entre elles. Peut-être à cause des entre les deux sœurs qui se répercutent sur la brune, ou alors à cause de non-dits sur tout ce qu'il s'est passé récemment. « Tu as laissé ton pompier tout seul ? » Un sourire malicieux se dessine sur le visage de la jeune femme. Il est vrai que Jody passe beaucoup de temps avec lui en ce moment, ce qui est plutôt normal dans le fond. Pourtant, Juliette ne peut parler de lui que comme un pompier, sa meilleure amie ne lui a beaucoup parlé de lui, ou des sentiments qu'elle éprouve. La footballeuse sait seulement qu'il est plus vieux et qu'il a déjà des enfants.

La tension est palpable entre les deux jeunes femmes et ça, depuis plusieurs jours maintenant. Le nouvel an qu’elles ont passé ensemble n’y a rien changé. Comme quoi, une ou deux décisions, pourtant anodines à la base, prisent sans concertation peuvent remettre en question une amitié. « Je.. ça va bien. Merci. » Savoir ce qu’elle peut dire ou non, c’est devenu compliqué. Alors Juliette se contente du plus simple, d’une banale confirmation. L’indiscrétion de Jules, ce n’est même plus une surprise. Surtout avec Jody. Avec sa meilleure amie, la brune pourrait se permettre de poser n’importe quelle question. En plus, là, au sujet du fameux pompier, la blonde n’a pas vraiment été bavarde. Et moins la footballeuse en sait, plus elle devient curieuse. Elle écoute attentivement la réponse qu’on lui donne. Mais elle ne peut s’empêcher de tiquer sur la fin. Si Jody insiste sur le fait qu’elle garde sa propre vie, c’est forcément lié au fait que Juliette est venue vivre chez sa sœur et non chez elle, alors qu’elle aurait facilement pu le faire. Ça s’est passé vite et c’est vrai, qu’en acceptant la proposition de Sidney, la brune a pris l’excuse de la nouvelle vie amoureuse de sa meilleure amie. Pour elle, Jody n’avait pas besoin d’une telle présence dans ses pattes. Et pour ça, Jules essaye d’y faire référence sans forcément le dire clairement. « Les premiers mois sont les plus importants. » Et il n’y a pas besoin d’avoir une meilleure amie dans sa chambre. Même si la footballeuse ignore où ils en sont dans leur relation. « Deux enfants, c’est dingue quand même. » Jules ne doit pas être la première à lui dire. Ou si c’est le cas, c’est qu’elle a été la seule à en trouver le courage. « Enfin, ça change plutôt. » Ça change de tous les garçons de leurs âges. Ils n’ont pas autant de responsabilités et ils n’ont sûrement même pas envie d’en avoir pour l’instant. Ce n’est pas forcément mieux, c’est vrai. En réalité, il n’y a pas de juste milieu. L’important, c’est que ça convienne à la jeune femme et si c’est le cas, alors tant mieux. « Ça ne te dérange pas ? S’il a deux enfants, je suppose qu’il a certain passé. » Loin de là l’envie pour Jules de la juger. Elle la trouve même plutôt courageuse. Ça n’a pas toujours été évident avec son ancien petit-ami, alors se lancer dans une relation avec un homme qui semble expérimenté, ça doit apporter son lot de surprises. « Et s’il veut un troisième enfant ? » C’est plus fort qu’elle. Juliette est curieuse et elle a envie de combler tous les blancs qu’a laissé sa meilleure amie jusque là. C’est de sa faute aussi. Il n’y a jamais eu autant de secrets entre elles. Mais à trop vouloir en savoir plus, la brune risque de braquer Jody et ce n’est clairement pas son objectif. Elle se doit d’apaiser les choses un peu, de détendre l’atmosphère. Subitement, elle s’arrête de courir, à la grande surprise de sa partenaire. « Je serais la marraine. On est d’accord ? Non, parce que c’est pas négociable. » Dit-elle, le visage sérieux. Mais bien vite, elle sourit, montrant ainsi qu’elle plaisante. En partie.