feel the fear / vesper

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feel the fear

and do it anyway

C'est une mauvaise idée. Très mauvaise idée. Et pourtant elle est là. Pourquoi est-elle là ? Ellie ne pouvait décemment pas poser un lapin à sa nouvelle amie. C'est donc ses bonnes manières qui expliquent sa présence dans ce port, quand bien même elle n'a qu'une envie : prendre ses jambes à son cou.
Inspirer, expirer. Elle tente de se calmer, de reprendre le dessus de son angoisse. Elle s'est certainement préparée pour le pire cas de figure aujourd'hui, alors que par dessus sa robe, elle porte déjà un beau gilet de sauvetage orange. Elle n'a pas même approché du quai encore, qu'elle a déjà peur de tomber à l'eau. Elle ne pouvait pas y échapper en tout cas, pour quelqu'un qui s'apprête à monter sur un bateau et qui ne sait pas nager.
Expirer, inspirer. À contre-cœur elle finit par quitter le parking et sa voiture, et avance, enfin, en direction du quai. Et plus son corps avance, plus elle a le cœur qui recule. À cet instant encore elle n'est pas certaine d'y arriver. Monter sur un bateau ? Quelle idée folle ! Pour elle qui ne s'est jamais débarrassée de sa phobie des étendues d'eau, c'en est certainement une. Et là il n'est pas question d'une modeste étendue d'eau : non, il s'agit de l'Océan, rien que ça ! Qu'est-ce qui lui a pris d'accepter ? C'est pourtant bien gentil de la part de Vesper de proposer de l'aider, surtout qu'elle ne la connaît que depuis peu. Et si elles ont pu se retrouver sur leur amour pour les plantes, peut-être que la cascadeuse pourra lui transmettre un peu de sa passion pour son bateau - ou à défaut, calmer un tant soit peu ses peurs.
Oui mais, pour ça, il faudrait encore qu'elle arrive à monter sur ce bateau, puisqu'avant ça elle est déjà incapable de mettre un pied sur le quai en lui-même. Comment se résigner à quitter la terre ferme ? Alors que de chaque côté et sous ce quai s'étend l'Océan. Pour le moment, elle se contente donc de regarder les bateaux sagement alignés à une dizaine de mètres d'elle, tout en s'efforçant de calmer les à-coups de son cœur. Ce n'est certainement pas le moment de faire une crise d'angoisse. Ce dont elle a besoin maintenant, c'est d'une amie, et elle se demande lequel de ces bateaux est celui de Vesper.
Là, elle l'aperçoit s'affairer sur celui du fond ! Il ne lui reste plus qu'à lui faire signe, et elle ne pourrait plus reculer. D'un geste de la main, puis de sa voix, elle l'interpelle alors.
“ Vesper ! ” Elle l'appelle oui, lui adresse un sourire (crispé malgré elle) lorsque la jeune femme se tourne vers elle... mais Ellie ne bouge toujours pas pour s'approcher du quai et de son bateau : sa tête tente de prendre les commandes, seulement son corps est incapable d'avancer davantage du bord de l'eau. Pas seule en tout cas.

**○ inscrit le** : 14/01/2019

Quoi de mieux, par un bel après-midi d’été, que de partir naviguer ? C’est que Vesper n’en a plus eu l’occasion depuis un moment ; les hivers ici sont plus rudes que partout où elle a vécu jusque-là. En temps normal, elle serait partie seule. Peut-être qu’elle aurait invité Rafael si ça le tentait mais ça ne la dérangeait pas non plus d’aller faire une balade en mer en solitaire. Mais, une fois n’est pas coutume, la texane a décidé d’en faire profiter les autres. Et notamment Ellie. Une jeune femme dont elle a fait la rencontre récemment et avec qui elle s’entend bien. Ellie a peur de l’eau. Donc vous vous dites forcément que wow, quelle brillante idée que de lui faire faire un tour sur son bateau, n’est-ce pas ? Mais c’est pour la bonne cause, comme une espèce de thérapie ; Vesper va lui montrer qu’à bord, il n’y a rien à craindre. A moins bien sûr qu’elles ne s’aventurent trop loin et que le temps ne vienne à changer radicalement mais en dehors de ça, il n’y a pas de quoi avoir peur. Puis, bien sûr, elle ne l’y a pas forcée non plus, ce n’est pas son genre.

Ce qui explique qu’elle soit arrivée plus tôt afin de préparer le Billy Blue. Si ça fait un moment qu’elle ne l’a pas sorti du port, elle vient tout de même l’entretenir régulièrement ; hors de question qu’il y ait de la rouille sur son bateau et puis elle a toujours aimé l’aspect familier de sa cabine où elle se sent définitivement plus chez elle que n’importe où ailleurs. C’est alors qu’elle entend une voix s’élever et relève les yeux dans sa direction. C’est Ellie, bien évidemment. A qui elle adresse un sourire aussi radieux que le soleil qui les surplombe. Sauf que la jeune femme reste immobile au lieu de venir vers elle. Bon, premier blocage mais rien d’insurmontable.
« Salut Ellie ! Tu vas bien ? »

Vesper attache rapidement la corde qu’elle avait en mains pour descendre du bateau et s’élancer vers sa nouvelle amie. Elle lui fait la bise et la prend doucement par le bras pour l’entraîner sur le pont. Ça sera déjà un énorme cap de franchi si elles y parviennent.
« On a de la chance, la météo semble être avec nous. »

Si la mer n’avait pas été calme, la texane aurait très certainement renoncé, il n’était pas question de la dégoûter davantage.

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heaven trembles

all these couples are kissing and I can't stand the heat i lost my shoes and left the party i wander in the street i put my feet into the fountain the statues all asleep no use wishing on the water it grants you no relief.

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À peine lui fait-elle signe, qu'Ellie peut déjà compter sur le généreux sourire de son amie pour lui prêter main forte. Elle s'efforce ainsi de concentrer toute son attention sur Vesper, et non sur les bateaux, et cette large - très large et profonde - étendue d'eau salé que l'on nomme Océan. Elle la regarde donc passer de son bateau au ponton aussi facilement que s'il s'agissait d'enjamber une flaque d'eau, et l'apeurée se dit qu'elle aimerait bien faire preuve d'autant de confiance. Seulement à la place de ça, elle n'a toujours pas bougé d'un pouce lorsque la texane vient la trouver et lui faire la bise.
“ Et toi ? ” Mais n'aurait-elle pas omis de lui répondre sur son propre cas avant ça ? Si elle va bien ? Aussi bien que les circonstances peuvent le lui permettre certainement, et renonçant à laisser libre cours à son angoisse, elle s'efforce de se raisonner quand bien même sa camarade l’entraîne doucement sur le pont et qu'elle se risque à un premier (petit) pas en avant.
“ Bien, ça va bien... tout va bien. ” Elle peut bien chercher à se rassurer au passage oui, tout va bien. Personne n'est tombé à l'eau encore, et ce n'est pas au programme de la journée. Belle journée que lui fait remarquer son amie, et l'australienne s'efforce alors de redonner du cœur à son semblant de sourire.
“ Oui, de la... chance. ” Pas très convainquant tout ça, non ? C'est qu'à cet instant, l'angoissée ne semble pas vraiment en état d'apprécier sa chance à sa juste valeur, tandis qu'elle lutte pour que ses yeux et ses oreilles ignorent l'horizon qui les cerne - l'Océan. Et si elle a vraiment l'espoir de réussir à s'en approcher davantage, il est toujours temps de demander l'aide de la cascadeuse : une distraction, voilà ce qu'il lui faut. Une distraction pour l'aider à omettre ce malaise qui la tenaille. Aussitôt, elle en revient donc à Vesper et s'efforce de concentrer toute son attention sur elle, tout en continuant à se lancer entraîner à pas de fourmi à ses côtés.
“ Qu'est-ce que tu racontes de beau dis-moi ? Tu n'aurais pas une histoire à me raconter ? N'importe quoi ! Il faut que je pense à autre chose, je... ne suis pas très rassurée je t'avoue. ” Un euphémisme sans aucun doute. Seulement ça, ne peut-elle pas le voir de ses propres yeux ? Elle ne s'étend pas davantage sur le sujet en tout cas, au risque de replonger la tête la première dans son anxiété et de se laisser engloutir, jusqu'à renoncer à cet ambition de monter sur son bateau. Enfin, pas aussi facile à dire qu'à faire, tandis que ses yeux font l'erreur de s'attarder une seconde de trop sur l'eau insondable.
“ Tu es sûr que... ” c'est une bonne idée ? Qu'elles ne risquent rien ? Mais elle ne se laisse pas le temps d'achever sa phrase, que déjà elle se reprend : elle ferme les yeux pour ne plus risquer de prendre peur, et s'en remet à sa confiance en Vesper pour la guider. Elle va même jusqu'à se moquer de son propre cas, pour essayer de se raisonner.
“ On dirait un oisillon qui a peur de s'élancer hors du nid, tu ne trouves pas ? Je suis désolée. ”

**○ inscrit le** : 14/01/2019

Vesper connaît bien la technique ; en général, quand on ne répond pas à la question posée et qu’on s’enquit de l’état de son interlocuteur, ça signifie que ce n’est pas la grande forme mais qu’on n’a pas non plus envie d’épiloguer sur le sujet. Ellie semble toutefois se rendre compte de son oubli rapidement et lui assure qu’elle va bien. On aura connu plus convaincu mais la meilleure des choses à faire là, tout de suite, est probablement de s’en convaincre elle-même. C’est comme ça qu’on peut éviter les crises de panique. Pas qu’elle ne soit pas apte à en gérer une, évidemment. Croyez-le ou non mais ça arrive parfois dans son boulot : quelqu’un qui se croyait prêt à foncer à 200km/h dans un mur de briques mais finalement non. Alors dans ce cas-là, soit c’est mort et on fait appel à quelqu’un d’autre dans l’urgence, n’importe qui, on lui mettra une perruque sur la tête et on n’en parlera plus ou bien on prend le temps d’essayer de le calmer en se posant autour d’une petite verveine. Enfin bref.
« Ça va super. »

Et elle espère un peu que son calme ainsi que son étreint sont communicatifs. Même si elle sent bien que c’est moyennement le cas. Très clairement, sa nouvelle amie lui fait alors comprendre qu’elle a besoin de se focaliser sur quelque chose d’autre. Il est vrai que toute cette eau, ça doit vous donner le vertige. La texane hoche la tête et se met à parler boulot. Elle pourrait tout aussi bien parler couple ou famille mais elle doute que ça soit plus intéressant que son travail. D’ailleurs, elle doute que ça soit intéressant tout court.
« Tu sais qu’ils m’ont appelée pour que j’aille bosser sur le prochain James Bond ? Ça sera pas incroyable mais quel honneur ! »

Le film était déjà en post-production lorsqu’ils l’ont appelée, c’est pour cette raison que ça ne serait pas incroyable, du moins sa cascade. Mais c’est tout de même mieux que rien. Et puis, suite à sa fuite de San Francisco, la blonde préfère largement ce genre de petits jobs qui ne fait pas trop parler d’elle. Bref, Ellie lui demande alors si elle est sûre que c’est une bonne idée mais sans finir sa phrase.
« Ne t’en fais pas, mon bateau est tout ce qu’il y a de plus sûr. Puis si tu veux on y va doucement, une étape après l’autre. Si tu veux, on peut même juste se contenter de monter dessus pour aujourd’hui et de rester à quai. »

L’allusion à l’oisillon la fait sourire. C’est très mignon.
« Ne t’excuse pas, voyons. C’est difficile de combattre une phobie. Et puis j’ai tout mon temps, on y va à ton rythme. »

C’était de cette façon qu’elle s’y était prise avec ses nièces pour leur apprendre à monter à cheval et ç’avait plutôt bien marché.

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Vesper va bien, elle l'affirme, pour ainsi contrebalancer avec l'évidente tension de son invitée. Ellie essaye de faire bonne figure pour la forme, mais surtout afin de se convaincre elle-même qu'il n'y a aucune raison de s'abandonner à son malaise - seulement elle se doute qu'elle ne trompe aucune d'entre elles. Heureusement, elle peut compter sur le secours de son amie pour s'essayer à lui changer les idées, en même temps qu'elle l'aide toujours à avancer sur ce ponton, alors qu'elle s'enquiert de la moindre nouvelle à son sujet. Elle, déjà prête à s'extasier de ce qu'elle trouverait à lui raconter, pour mieux se distraire de cette phobie qui la tient en tenaille ? Il est vrai que son sourire est forcé au passage, mais à réfléchir ensuite à ce que lui annonce sa camarade, il y a effectivement de quoi se réjouir.
“ C'est vrai ?! Mais c'est génial ! ” Et voilà qu'en quelques mots, son large sourire s'en retrouve moins crispé et un peu plus sincère.
“ C'est pour bientôt ? Où est-ce que se trouvent les lieux du tournage ? ” Elle redouble de questions, ne serait-ce que pour poursuivre cette distraction, mais aussi parce qu'elle est véritablement curieuse de savoir jusqu'où va l'emmener ce travail. Et si cette conversation l'aide à ne plus focaliser toute son attention sur l'horizon océanique, elle en vient également à fermer les yeux sans cesser d'avancer à petits pas, afin de s'en remettre ainsi entièrement à Vesper pour la guider jusqu'à son bateau, qui justement tente de la rassurer à ce sujet.
“ Oui au moins ce n'est pas une barque ou un canoë, c'est déjà ça... ” Pour sûr qu'un bateau peut toujours donner plus de confiance en comparaison. La cascadeuse lui propose ensuite de ne pas forcément jeter l'ancre pour aujourd'hui, de quoi lui faire comprendre plus encore qu'elle a de la chance de l'avoir pour amie.
“ Vraiment ? Tu ne serais pas déçue de ne pas naviguer aujourd'hui ? ” Il est vrai que c'est une belle journée qui s'annonce, ça serait dommage pour la texane. Mais l'australienne, en est-elle vraiment capable ?
“ Ça doit quand même faire quelque chose, de ne plus avoir une seule terre à l'horizon et seulement l'Océan à perte de vue de tous les côtés... ” Pour elle en tout cas, il n'y a pas de perspective qui l'angoisse plus ; mais pour d'autres elle conçoit qu'il puisse davantage s'agir d'un sentiment grisant, et elle ne s'étonnerait pas que ça soit le cas de Vesper. Avec un nouveau sourire, elle concentre d'ailleurs la conversation sur cette dernière.
“ Tu n'as pas froid aux yeux dis, naviguer, et puis les cascades que tu fais ! Même si tu aimes ça, tu n'as pas peur parfois ? ” Et que fait-elle dans ces cas-là, pour reprendre le dessus sur l'angoisse ? Là est tout ce qu'elle se demande, alors qu'elle continue d'avancer à l'aveugle, son bras accroché à celui de son amie.

**○ inscrit le** : 14/01/2019

C’est clair que de pouvoir jouer dans No Time to Die, ce n’est pas rien. Même si personne n’en saura jamais rien parce que son nom défilera tout en bas du générique, quand tout le monde aura déjà quitté la salle. Mais il n’en reste pas moins que c’est la grande classe. Bien sûr, ce n’est pas le premier grand film sur lequel elle travaille, loin de là, même. Mais il faut bien admettre que ces derniers temps, c’est un rien plus compliqué. Notamment parce que Vesper a elle-même décidé de freiner un peu. C’est qu’elle n’a plus vingt ans et qu’elle commence toute doucement à le ressentir. Surtout dans la façon dont ses os se ressoudent quand il lui arrive de mal se réceptionner. Car oui, ça arrive parfois. Même avec un entraînement tel que le sien. Mais bon, ce sont les risques du métier. Bref, c’est donc avec une certaine fierté qu’elle en parle à Ellie.
« Dans deux semaines et ça sera en Norvège. Ils ont aussi tourné en Italie et en Jamaïque, bref, des pays où il fait plutôt agréable mais là, j’suis clairement bien partie pour aller me geler les miches sur un lac de glace. »

Ça l’amuse parce bon, si en temps normal, la blonde n’a rien contre l’idée d’aller tourner une scène de combat quelconque dans le métro de n’importe quelle grande ville du nord de l’Europe, là, il en allait quand même un peu différemment. Vous pouviez la mettre sous un soleil de plomb que ça ne la faisait même pas sourciller mais le froid et à fortiori la glace, par contre…

Quoi qu’il en soit, la taille du Billy Blue permet à Ellie de relativiser ; ce n’est pas une vulgaire coquille de noix qui risque de se retourner au moindre souffle de vent et c’est un détail qui a très logiquement son importance. La texane hoche la tête pour confirmer qu’il n’y pas vraiment de risque.
« Bien sûr que non, t’inquiète pas. Je peux naviguer quand je le souhaite. L’important c’est que tu ne te braques pas donc on va y aller en douceur. Un petit sourire s’affiche sur ses lèvres lorsque sa nouvelle amie parle de l’effet que ça doit faire de se retrouver loin de tout, en tête à tête avec l’océan.
« C’est une sensation indescriptible ; un mélange de liberté, j’irais pas jusqu’à dire d’invulnérabilité mais quelque chose d’approchant et de solitude. Mais pas celle qui donne envie de passer par-dessus bord. Quoique, ça doit arriver aux personnes qui décide de faire le tour du monde en solitaire. »

Mais il fallait le vouloir aussi… Là-dessus, Ellie lui demande si tout ce qu’elle entreprend ne lui fait pas peur parfois. Il est vrai que depuis toute jeune, elle est la casse-cou de service, toujours en quête d’une bonne poussée d’adrénaline. Ce qui est parfois dangereux, forcément.
« Ça arrive de temps en temps. Au travail je suis plutôt en confiance : je travaille avec des pros qui ne mettrait pas ma vie en danger mais il y a d’autres risques. Alors quand je sens la peur commencer à me tordre l’estomac, j’me dis que si mon heure est arrivée, alors je ne peux de toute façon rien y faire. »

Un très bref résumé de sa foi en la destinée.

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