ice skating and sugar coating - emma

Un message de Clifford, une invitation à faire du patin à glace et instantanément, un sourire se dessine sur mon visage. Entre l'arrivée de Ruben, ma relation avec Poppy et la rencontre avec Charles, je me suis compliquée la vie dernièrement. Le seul avantage qu'il y a dans tout cela, c'est qu'à force de penser à toutes ces choses, j'en oublie presque que Milo est toujours porté disparu et qu'il ne reviendra peut-être jamais. Avec cela, j'oublie aussi ce que je lui ai fait, comme si cela m'enlevait de la culpabilité. Mais les problèmes ne sont jamais loin. Mes sentiments envers Poppy ne sont pas clairs. Ou du moins, ils ne l'étaient pas avant. Cependant, à en voir ma réaction quand j'ai croisé Charles, ils sont peut-être plus forts que ce que j'imaginais. À croire que j'aime me compliquer la vie. Mais cet après-midi, en compagnie de mon frère, je vais oublier tout cela. Je vais juste patiner avec lui, comme on le fait depuis de nombreuses années, depuis que nous sommes enfants, même si avec mes études, nous avons dû mettre cela de côté un certain temps. « Dis-moi, maintenant que vous avez un peu fait connaissance tous les deux, est-ce qu'il est plutôt du genre castra ou baryton pour te dire qu'il a faim, la nuit ? » « Baryton. Je pense oui. Même si bien souvent, je suis réveillée avant lui. » Il y a un moment où je n'arrivais pas à dormir, avant son arrivée. Mais là, ce n'est pas ça. Depuis la naissance du petit garçon, il arrive que je le fasse dormir avec moi et non dans sa chambre. C'est dans ces moments-là que je me réveille avant lui. Il a une petite phase de pré-éveil, avant de demander à manger et le sentir bouger contre moi, ça me fait rapidement émerger. Au début, je m'inquiétais, j'étais attentive à chacun de ses mouvements, mais maintenant, je me suis habituée à cette routine. « Néanmoins, de ce que je me souviens. Il se plaint moins que quand toi tu étais petit. » Je lâche cela, presque gratuitement. Une pique qui ne se veut pas méchante dans le fond. Mais disons que j’aime bien le charrier un peu. Un sourire se dessine sur mon visage, alors que je lui lance un sourire complice. Cependant, celui-ci ne peut pas cacher tout ce que je cache, toutes ses inquiétudes qui me suivent depuis plusieurs jours et Cliff n’est pas dupe. « T’es sûre que ça va ? Je me fais du soucis pour toi, Emma. Je sais que ça allait pas très bien avant la naissance de Ruben, et à vrai dire je pensais que ça s’arrangerait avec le temps. Mais en ce moment, tu as l’air… je sais pas, ailleurs, j’dirais ? » Je grimace légèrement. Ça fait bien longtemps que je leur cache des choses, que je leur mens. Mais cela ne pouvait pas durer. « Je.. c’est un peu compliqué. » Il ne me lâchera pas si je lui dis que ça, je ne suis pas idiote. C’est mon frère, il va vouloir bien plus. Alors avant même qu’il enchérisse avec de nouvelles questions, je poursuis. « J’ai rencontré quelqu’un. Il y a un certain temps maintenant. Mais.. c’est assez.. bizarre entre nous. » Bizarre et surtout : compliqué. Avant même d’apprendre à nous connaître, Poppy et moi avons passé une nuit ensemble. Jusque là, ça pourrait aller. Ce genre de choses arrive finalement à beaucoup de personnes. Mais ce qui nous différencie de ces personnes, c’est que cette nuit-là, nous étions trois : elle, son petit-ami et moi. « Elle est avec quelqu’un. Enfin je crois. » Entre eux aussi c’est compliqué, sinon la jeune femme ne serait jamais revenue ici seule. Mais maintenant que Charles est lui aussi en ville, je ne sais pas trop ce qu’il en est de leur relation. Peut-être qu’ils ont réparé ce qui était brisé en eux. Peut-être. Peut-être qu’elle va repartir aussi. Quoiqu’il en soit, tous ces éléments mis à bout à bout ne laisse pas beaucoup d’espoir pour la suite.

« Tu dors mal ? J’ai pas d’enfant et je sais pas trop comment ça vit la nuit ces bêtes là, mais si jamais tu galères un peu c’est pas un crime de demander de l’aide. Je peux être là, si tu veux. Moi, ou quelqu’un d’autre. » Je hoche la tête. J’ai bien conscience de cela, je sais qu’ils sont là, mes frères, mes sœurs et ma mère. Mais comme avec l’histoire de Milo, pour l’instant, j’ai envie de m’en sortir seule. Je ne sais pas si j’aurais la force de demander de l’aide un jour, mais si tout devient plus compliqué, je sais bien qu’ils s’en rendront compte. Ils me connaissent assez bien. « Et pour ma défense, je dirais que tu étais petite et que c’est donc ta mémoire qui te joue des tours. J’étais sage comme une image, Emma, et tu le sais. » Je grimace légèrement et hausse les épaules. S’il arrive à s’en convaincre comme ça, c’est déjà bien. « Elle ? C’est… surprenant. Enfin, ça n’a pas vraiment d’importance. » Oh. Je n’ai pas réfléchi avant de parler, c’est sorti tellement vite de ma bouche. Comme si c’était logique. Mais ça ne l’est pas et je ne peux pas en vouloir à Clifford d’être surpris. En réalité, quand c’est arrivé, quand je me suis réveillée dans le même lit que la brune et Charles, j’ai mis eu du mal moi aussi. Jamais je n’avais eu d’histoire avec une femme, jamais je ne pensais pouvoir être attirée par une femme même. Et pourtant, depuis ce jour-là, je ne peux m’empêcher de penser à elle. « Pourquoi ce serait bizarre ? C’est à cause de Ruben ? » « Non, non. De ce côté là, ça va. » Enfin.. ça va maintenant. Mais si Charles avait été le père du petit garçon, peut-être que les choses auraient été différentes. « Si ça peut te rassurer, il risque pas d’être jaloux pour l’instant. » Je le regarde, un sourire sur les lèvres. Je retrouve bien mon frère dans cette phrase. Celle-ci n’est pas sérieuse et si elle est là, c’est simplement pour détendre un peu l’atmosphère. « Tu dis que ça fait un moment. Elle est au courant de ce qui t'es arrivée ? Est-ce que… tu penses que c'est le bon moment, pour retenter quelque chose ? » Clifford m'a attrapé le bras et nous avons quitté la patinoire. Vu ce qu'il a failli se passer un peu plus tôt, ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée. « Est-ce qu'elle sait pour Milo ? Oui.. Elle était là quand ils sont venus. » Ils. Ces deux hommes qui sont venus m'annoncer que mon fiancé était porté disparu. Volontairement, je ne réponds pas à sa deuxième question. Je ne sais pas trop quoi répondre. J'ai envie de dire oui, mais il y a tellement de choses qui pourraient se mettre entre nous. Son fiancé pour commencer. Officiellement, elle n'est pas célibataire. Et puis Milo. Qu'est-ce que je ferais si jamais il revient un jour ? « Tu devrais t'asseoir. » Il a bien failli tomber tout à l'heure, quand il a appris que la personne qui se baladait dans mon esprit était une femme. Alors nous devrions être prudents pour ce que je m'apprête à lui dire. Nous nous installons, un peu plus confortablement, à une table à quelques mètres de la patinoire, sûrement installée ici pour que les parents surveillent leurs enfants pendant leur glisse. « Je l'ai rencontré à Sydney. Je l'ai rencontré elle, mais aussi son fiancé. » Déjà là, l'histoire part mal, j'en ai bien conscience. Mais pour l'instant, nous n'avons pas besoin de rentrer dans les détails, nous verrons cela pour plus tard si jamais il pose des questions. « J'avais bu et ils voulaient.. » Ouais, non. Je ne préfère pas parler pour eux. « On a couché ensemble. Tous les trois. »