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| Sujet: incapable of sayin' it's over / ezra (#) Dim 19 Jan - 16:18 | |
| incapable of sayin' it's over Lunettes de soleil sur le nez, il sort de l’habitacle pour rejoindre le coffre et en tirer ses sacs de course. Il s’est décidé à remplir ses placards (son frigo, surtout) et reprendre la cuisine – sa résolution pour la nouvelle année, même s’il sait qu’elle va vite être oubliée, comme les années précédentes. Il accusera le manque de temps pour cuisiner, la fatigue pour justifier qu’il préfère se faire livrer plutôt que de passer ses jours de repos à écumer les épiceries – même si ladite épicerie est située juste à côté du comic store où il s’arrête toujours faire un crochet. Un sac en kraft passé sous le bras, d’où dépassent un sachet de café, de la farine et plusieurs paquets de gâteaux (pour quand Jody passe, bien sûr), il referme le coffre d’un geste, se dirige vers l’appartement. Quelques contorsions plus tard, le fruit de ses achats est posé sur le bar qui sépare sa cuisine du séjour, un fond de musique résonnant entre les murs. Thad, il a la tête qui dodeline au gré du rythme tout en rangeant, traverse l’appartement pour rejoindre la salle de bain et y déposer les savons – son regard tombe alors sur la petite trousse à maquillage d’Ezra, oubliée il y a plus de six mois et qu’il n’a retrouvée que récemment. Il grimace, prend note de la lui rendre, à l’occasion (s’il repasse dans ce qui a été leur bar pendant un temps mais où il n’a plus tellement mis les pieds depuis la rupture ou s’il fait un crochet par son boulot), là encore conscient qu’il ne le fera pas à moins qu’elle veille la lui réclamer. Parce qu’il préfère fuir, Thad – c’est toujours mieux que d’affronter, lui qui n’a jamais été en mesure d’affronter qui que ce soit. Un ultime regard jeté en direction de la trousse et il quitte la pièce d’eau, s’aperçoit que les fruits ont été oubliés sur la banquette arrière de sa voiture. Il marque une hésitation, évalue son degré de fainéantise avant de récupérer les clés, de dévaler les escaliers pour rejoindre la rue. Les fruits ne tiendraient pas la soirée dans la chaleur de la voiture.
Il referme la portière, tourne les talons et une grimace s’empare immédiatement de ses traits. Ezra, elle est à deux ou trois pas seulement. Comme un mauvais coup du sort ou une ironie sordide. Pas de fuite possible – elle est sur le chemin qui mène à son immeuble et s’il l’a, effectivement, évitée depuis six mois, il aime à croire que l’eau à couler sous les ponts depuis. Il ne se fait pas d’illusions, pourtant, parce qu’il a conscience d’avoir fuit plutôt que de lui donner l’occasion de le briser. Pas elle. Il marque une hésitation, donc, parce qu’elle ne semble pas davantage assurée que lui et s’il se décide à combler l’espace qui les sépare, il s’arrête toutefois avant qu’ils ne soient à portée de bras. Lui, il a ses pommes dans un sac en kraft à bout de bras et elle, elle a un regard qu’il préfère ne pas déchiffrer. « Je m’attendais pas à te croiser, » qu’il lâche dans un souffle avant de forcer un sourire sur ses lèvres mais il sait qu’il ne parviendra pas à la tromper. Ezra, elle a appris à le connaître, en trois ans. « T’as l’air en pleine forme. » C’est un constat qu’il appuie avec un geste vague dans la direction de la jeune femme, un geste large pour la détailler de haut en bas mais qui n’enlève rien à l’étrangeté de la situation. Une multitude de répliques de Friends lui traversent l’esprit pour essayer de détendre l’atmosphère qu’il sent au bord de l’électricité mais il se doute que ce ne serait pas une bonne idée – il a beau adorer Chandler, il sait que ses répliques ne conviennent pas à toutes les situations. « Comment tu vas ? » choisit-il finalement parce que c’est un terrain neutre (presque), et que ça n’implique pas de se lancer dans une conversation qui n’en finira plus. Et, dans le fond, parce qu’il souhaite vraiment savoir comment elle se porte, regrette que les choses aient tourné ainsi entre eux même si c’est pour le mieux. |
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