(blinding lights)

romi blackwell

don't look back in anger

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ (un) elle s'appelle millie, son héroïne. celle qu'elle dessine ici et là, qu'elle imagine, qu'elle fait vivre sous ses crayons. ça n'aurait dû être qu'un simple dessin, ça aurait peut-être dû le rester. c'était bien avant qu'elle ne quitte l'architecture. cette gamine, haute comme trois pommes, les cheveux bruns attachés en arrière, des lunettes rondes, des joues rouges et surtout son fidèle compagnon : flip, un chat roux - en lien, sans aucun doute, avec le chat que romi a eu enfant, son meilleur ami. millie, elle a longtemps été un rêve avant de devenir réalité. à présent, romi, elle la fait voyager dans le temps. à la découverte de l'histoire et d'un possible futur. millie, elle a fasciné, elle fascine encore un peu tout de même. (deux) romi, elle est passionnée. par tout, par rien. par les petites curiosités de la vie, par le monde en sa globalité. son ouverture d'esprit lui a permis de voir au-delà de la nouvelle-zélande, de voir au-delà que ses propres études. romi se fascine pour l'histoire - sa période favorite reste sans aucun doute la seconde guerre mondiale, elle rêve de voir les plages de normandie sans n'avoir jamais pu y mettre les pieds - pour les langues - elle parle couramment français, italien et mandarin, elle a quelques notions de russes qu'elle aimerait approfondir. plus encore, elle connait la langue des signes. - pour les découvertes scientifiques, les travaux manuels et la décoration d'intérieur. (trois) romi, elle peut passer du tout au rien. du rire à gorge déployée au torrent de larmes, en quelques secondes. de l'apaisement totalement à un stress intense et sans appel. de l'affection à l'agressivité. romi, elle change en un instant. pour une petite contrariété, pour un moment plus triste, plus touchant, pour un problème mineur. ce n'est qu'une partie de l'iceberg, parce que romi, c'est plus que ça. c'est être dérangé par le bruit, par une odeur - elle n'ira jamais en parfumerie, très peu chez le fleuriste, c'est pleurer pour peu - ce film triste, cette séquence émotion dans une série, ce moment hors du temps alors qu'elle marche dans la rue. c'est être à fleur de peau, sans arrêt. romi, elle craint. elle a peur de ce regard sur elle, de ce que l'on en dira. romi, elle veut plaire, veut qu'on l'aime. tout le temps. elle a le souci du bien faire, trop perfectionniste parfois d'ailleurs. et romi, surtout, elle déteste les conflits. elle les fuit, ne s'impose pas. on lui dira qu'elle est trop sensible, romi. et romi, elle répondra qu'elle l'est. qu'elle est même hypersensible. il y en a des bons côtés, pourtant. il y a cette créativité décuplée, pour tout. elle peut écouter, analyser, conseiller. elle en sèche des larmes, romi. inutile de mentir, elle comprendra vite, romi. elle sait, elle ressent. (quatre) des amis devenus famille, parce que la sienne, romi, elle ne l'aime pas. elle ne l'aime plus, dira-t-on. il n'y a bien que sa sœur pour avoir gardé son estime. la mère, inexistante. le père, dans un sale engrenage. romi, elle a haï ses parents d'avoir donné la vie. elle les a détesté du plus profond d'elle-même. pour les absences à répétition, pour les problèmes qu'ils ramenaient avec eux, pour l'insignifiance qu'ils offraient. romi, elle est partie vite - à dix-huit ans. elle a emmené sa sœur, sans rien dire. c'était mieux pour elle. pour elles. (cinq) elle lit. elle lit beaucoup, accumule les livres. une véritable collection qu'elle affectionne plus que de raison. grande maniaquerie lorsqu'il s'agit de s'y consacrer. objets précieux, chaque fois qu'elle tourne les pages de ses livres favoris. regards émerveillés lorsque ses passages favoris défilent sous ses yeux. elle aime lire à voix haute, romi. entendre les mots ricocher sur les murs. romi, elle en découvre d'autres consonances, d'autres significations. romi lit de tout - mais si vous lui demandez, elle citera Baudelaire, Zola, Hemingway. probablement qu'elle vous dira Rowling, Tolkien ou encore Christie. la lecture, c'est comme la musique, elle aime tout. et surtout, elle sait ce qu'elle n'aime pas vraiment. (six) romi, elle a rêvé très tôt du grand amour. de celui en lettres capitales. elle rêvait d'un prince, aussi beau que drôle. aussi charmant qu'intelligent. elle a rêvé de perfection très longtemps. et elle en a rencontré. des crapauds, de nombreux. les mêmes qui se prenaient pour des princes. romi, elle était tombée amoureuse plusieurs fois. peut-être trop, d'ailleurs pour que ce soit véritable. romi, elle s'est surtout couverte de ridicule. elle a cru, elle s'est abandonnée, elle a perdu gros. sa fierté, son coeur. son amour propre, aussi. (sept) elle a beaucoup vécu d'économie, sans réellement pouvoir prévoir l'avenir. c'était incertain. l'architecture, faut dire, ça payait mieux que la bande dessinée. romi, elle a tenté de s'en sortir. de palier au rouge de son compte en banque, au loyer impayé, au menace. romi, elle a voulu s'en sortir, c'est ce qu'elle dira. tout le reste, ça ne suffisait pas. elle dira simplement qu'elle a voulu s'assurer la tranquillité. elle dira simplement que c'était la seule solution. et puis, si c'était réellement le cas, après tout. romi, elle avait rêvé de la construire sa famille. elle aurait voulu un format plus traditionnel - ou peut-être pas, son modèle familial étant décousu depuis trop longtemps. ce bébé, c'était peut-être sa chance. (huit) romi, du plus loin qu'elle se souvienne, a toujours aimé les animaux. pas si étrange, donc, de savoir qu'elle en possède. un lapin, douce peluche du nom de harry - à cause du héros à lunettes, oui - deux chat, l'un affectueux et fin gourmet qui répond au nom de cookie et l'autre, tendre et peureux du nom de hercule. de l'amour, elle leur en donne plus que de raisons. si elle pouvait, elle en aurait d'autres. de toutes les tailles. de toutes les formes. (neuf) elle est sans doute trop gentille, trop douce, trop attachante. romi manque de confiance. pas parce qu'elle n'a pas de caractère, au contraire. elle peut être franche, romi. elle peut être têtue, déterminée, forte. c'est pourtant plus simple de se taire, de jouer les conformistes. (dix) elle est allergique aux fraises. romi déteste le café. elle a toujours des bonbons à la menthe dans son sac à main. elle fait des listes, de peur d'oublier alors qu'elle a pourtant une excellente mémoire. elle réfléchit trop, est trop souvent indécise et se perd dans des pensées désordonnées. romi a le rire facile. elle a appris à jouer du piano seule, sur un coup de tête. elle vit avec sa petite soeur depuis qu'elle a quitté le domicile parental il y a quatorze ans. elle cuisine assez bien, romi, même si c'est jamais bien compliqué. elle n'est pas particulièrement sportive, elle préfère quand même prendre son vélo plutôt que sa voiture.

les indiscrétions sur le joueur

 

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<pris>○ gina rodriguez</pris> romi blackwell

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Code: blackwell

l'histoire de ma vie

girl on fire

(huit ans) Elle étouffe les cris, les mains plaquées contre ses oreilles. Elle le protège, son esprit. De ces mots trop haut, de ces maux trop forts. De ce qu’il se trame à l’étage du dessous. Elle les entend, toujours plus. L’enfant en elle se perd, meurt peu à peu, tandis que les insultes s’échangent, volent, résonnent. « Mais ferme la ! » qu’il dit. La même rengaine, le même refrain. Les reproches ne changent pas. Il la rend coupable, elle l’est. Elle ne nie plus, à force. L’absence, l’envie de fuir, elle le dit.
« Elle est où ta maman ? » Romi, elle a toujours haussé les épaules. Parce qu’au fond, elle n’en savait jamais rien. Elle allait, elle venait. Elle revenait, pour repartir. C’était long. Romi, elle avait mieux à faire. Il fallait s’occuper de l’autre enfant, la petite soeur. L’inespérée, le soutien si petit. Romi, elle a grandit trop vite, sans comprendre ce qu’était réellement la vie. Sans savoir si elle était aimée. Romi, on ne lui avait encore jamais dit.
Indésirable, souvent. Rejetée, souvent. Elle n’a pas sa place, à la maison. Et si au début, elle a essayé de les rendre fière, elle a vite arrêté. Devant l’indifférence, elle a choisi le silence. Le silence et les dessins qui venaient naturellement sous la mine de son crayon, l’ami chat pour compagnon et le regard émerveillé de sa petite soeur pour illumination.
Le coeur trop lourd. L’esprit trop encombré. Romi a avancé dans le noir, incapable de trouver satisfaction. Elle a offert des sourires teintés d’hypocrisie, des rires sans joie, parfois. Jusqu’à avoir besoin de sincérité.

(seize ans) Il y a ces moments dans la vie, qui marquent plus que les autres. Ou peut-être simplement qu’elle a voulu le voir ainsi, Romi. Elle a souvent imaginé, rêvé, pensé à ce jour où elle pourrait croiser son chemin. Un peu trop bercé par les romans d’adolescentes et les dessins animés, sans doute. Trop optimiste pour ne pas voir l’envers du décor.
Elle l’a vu à la sorti d’un cours. Un nouveau venu, venu de loin d’après les quand dira-t-on. A peine plus vieux, beaucoup plus beau. On a dit qu’il s’appelait Teddy, Theodore. Un anglais, une mutation. On en a dit tant à son sujet que Romi, elle n’a plus su ce qui était vrai. On a surtout fait rêver tout le monde, toutes les filles du lycée pour être exact.
Teddy, il a représenté l’exotisme, la fraîcheur, l’élève à amadouer. Elles ont tout essayé pour l’approcher, pour lui décrocher un sourire, pour le séduire. Sauf Romi. Toujours dans l’ombre, toujours en retrait, suffisamment loin pour observer le défilé de la concurrence. Elle n’aurait eu aucune chance.
Le destin a eu raison de l’attente, de l’observation et du fantasme qu’il avait fait naître. Romi s’est un jour retrouvé un binôme avec lui, pour un exposé important. De quoi les rapprocher.
De quoi griffonner les pages de son cahier à dessin de Teddy + Romi sans jamais se lasser. Teddy, il est resté fantasme inavoué, parce que finalement, Romi, elle n’a jamais osé lui parler. Elle l’a aimé longtemps, jusqu’à s’en briser le coeur.

(dix-huit ans) Il y a eu des doutes. Des retours en arrière. D’énormes contradictions. Romi, elle a hésité longtemps avant de tout mettre derrière elle. Faut dire que la décision n’était pas simple à prendre.
Il y a eu le désespoir. Le silence toujours. L’indifférence. Maman absente, de plus en plus souvent. Papa, constamment en colère, constamment insatisfait. Parfois ivre, parfois absent, lui aussi. Romi, elle n’a jamais lu de fierté dans leurs yeux. Romi, elle n’a jamais entendu d’amour, n’en a pas vu. Ni pour elle, ni pour sa soeur.
Il y a eu la jalousie. Tant de fois. Elle en a vu des familles, Romi. Celles de ses amies. Plus soudées, plus aimantes. Bien plus différentes de la sienne qu’elle ne l’avait voulu. Chez les autres, elle était bien Romi. Sans doute trop.
Il y a eu la désillusion. Elle y a cru longtemps, Romi. Elle a cru que cela changerait, avec le temps. Pas vraiment, pas dans le bon sens. C’était pire parfois. L’absence, Romi, elle a accepté. Les cris aussi. Ce sont les regards qu’elle n’a pas supporté. Vides, froids, dégoûtés.
Il y a eu les remords. Elle a remis à plus tard ses projets.
Elle est partie, pourtant. Valises bouclées, porte claquée et sa petite soeur accrochée à sa main.

(vingt-cinq ans) Nouvelle crise de larmes, nouvelle déception. Elle a fini par cesser de les compter. Incapable de choisir les bons hommes.
Hugo, Samuel, Julian, Trent, Brett. Et la liste continue.
Au fond, ça n’a pas toujours été loin. Parfois quelques rendez-vous, quelques promesses et rien. Parfois quelques mois, quelques projets. Puis rien.
Alan a été le dernier en date. Et si les autres avaient été idiots, ils n’avaient jamais osé aller jusque-là.
Romi, elle a eu droit aux excuses sans fondement. Des c’est pas toi, c’est moi. Des t’es trop bien pour moi, tu trouveras mieux. Du manque de sentiment, passion ou flamme - ça dépend de l’homme, du besoin de se recentrer. Du plus direct, sans passer par la case délicatesse. Romi, elle a connu les déceptions amoureuses en plusieurs volumes. Une encyclopédie - elle exagère à peine. Peut-être parce qu’elle s’attache trop, trop vite, trop tôt.
Et Alan, il a eu le meilleur trophée. Celui du salaud. Romi, elle l’a simplement surpris avec une autre. Une fois. Elle a pardonné. Et il a recommencé. Plusieurs fois, trop de fois. Elle s’était pourtant persuadée que c’était le bon.

(vingt-sept ans) Il paraît que l’on ne s’en remet jamais réellement. Romi a été heureuse un instant. Un an, finalement. On lui a dit qu’elle avait précipité les choses. Et il a eu raison. Il paraît qu’on ne s’en relève jamais, de cette déchirure à la poitrine. Romi, elle a eu le coeur brisé une énième fois.
Non, je ne peux pas. Désolé. Les mots continuent de résonner dans son esprit. Elle croit à un rêve, se pince et réalise à nouveau. Des larmes pleins les joues, des rêves envolés et un coeur en morceau.
Elle l’a rencontré après une nouvelle déception. Le hasard, avait dit quelqu’un. Un beau hasard qui lui a permis d’y croire à nouveau - encore une fois. Romi, elle a espéré que tout soit différent. Tout a été soudain, spontané. Jusqu’à cette demande, genou à terre, devant des milliers de gens. Romi, elle ne l’attendait pas. Il a demandé sa main lors d’un match de rugby. Petit coup monté de sa part, filmé sur la caméra centrale. Des larmes de joie, un grand oui et une sublime bague à son doigt. Romi, elle a vécu le rêve ultime.
Non, je ne peux pas. Désolé. Elle n’a pas compris, elle n’a jamais eu d’explications. Il s’est enfui, devant familles et amis. Il l’a plantée devant l’autel, sans se retourner. Elle ne l’a même plus revu après ça, incapable de le regarder en face. La lune de miel non remboursable, elle l’a passé avec ses meilleures amies. Les cadeaux de mariage ont retrouvé le chemin des magasins, le remboursement celui des acheteurs. Les lettres de félicitation jetées. Les dizaines de mails d’excuses envoyés dans les courriers indésirables. Et la bague … toujours sur le porte bijou, comme pour lui rappeler de ne jamais plus commettre d’erreur.

(trente ans) L’architecture a été sa vie entière. Son rêve d’un jour. Passionnée, acharnée. Il lui en a fallu des heures de travail pour oublier le reste. Jusqu’au point de non retour. Jusqu’à l’explosion. Ce contrat de trop, peut-être. Ce trop plein de pression sur ses épaules. Après des années à travailler pour ce cabinet, elle a tout envoyé valser - le bureau y compris.
Des années d’études envolés. Des tas de projets abandonnés. De la déception dans les regards, ou de la satisfaction. Monde de requin, après tout.
Elle n’a rien prévu, Romi. Tout est arrivé si vite. Ce jour où elle a compris que sa place n’était pas ici. Plus d’épanouissement, plus d’envie. Il n’a fallu que quelques heures pour prendre la décision. Trois ans qu’elle bossait trop, qu’elle s’acharnait. Un moyen d’oublier, d’exorciser la douleur qui ne l’avait pas quitté.
Romi, elle a décidé de vivre autre chose. Autrement aussi. Plus de salaire fixe, plus de prime, plus d’emploi. Retour à la case départ. Romi, elle s’est lancé dans sa passion. Le dessin, le vrai. Loin des salons et des immeubles.
Millie est née. Ses aventures aussi.

(trente-deux ans) Elle a honte, Romi. Elle n’avait pas prévu ça, en quittant tout. Des rêves pleins la tête, des projets en pagaille. Romi, elle a eu l’esprit trop vif. Aujourd’hui, fauchée. Loyers en retard. Manque de succès, faut dire que le milieu du livre en perd. Légère panne d’inspiration, elle subit le manque d’intérêt de plein fouet. Elle panique, craint pour l’avenir. Pour sa soeur. Pour leur vie.
Romi, elle a tenté. Elle a espéré. Plusieurs boulots, des extras, des soirées à espérer la gloire pour que ça ne change rien. Romi, elle est dans le rouge. Trop souvent.
Et surtout, Romi, elle tente le tout pour le tout. Gênée, incertaine. Cette proposition, elle n’a pas pu la louper. Devenir mère pour de l’argent. Elle n’en a pas parlé, sauf à sa soeur. Elle n’ose pas. Ce n’était peut-être pas une si bonne idée.
Même pour un enfant de son youtubeur préféré.