Nobody's gonna slow me down
like a wheel, gonna spin it
Climate change is not a lie. Do not let our planet die !!C'est munie d'une pancarte où était écrit : There's no planet B, que Fiona chantait en écho avec le reste des personnes sorties manifester pour le climat. Quelques parties d'un des discours de Greta Thunberg se faisaient entendre également, de temps en temps, et la jeune femme ne pouvait qu'acquiescer à chaque fois. Elle était consciente que le réchauffement climatique était bien réel, et qu'il fallait que les mêmes espèces responsables de ce réchauffement redoublent d'efforts pour que la planète reste vivable un peu plus. Fi était toujours prête à sortir manifester pour les causes qui lui tiennent à coeur, et surtout quand il s'agissait de sujet que les gouvernements et les politiciens considéraient comme secondaires, alors qu'ils ne l'étaient pas du tout. C'est pour ça que les gens sortaient gueuler dehors, ce n'était pas parce qu'ils n'avaient rien à faire, ou qu'ils voulaient juste faire chier leur monde, mais bien pour faire comprendre aux climatosceptiques qu'il y avait une urgence et qu'il fallait se réveiller.
Dans le meilleur des mondes possibles, ce genre de manifestations se passaient sans aucun problème, et les revendications des manifestants étaient entendues. Mais on n'est pas vraiment dans le meilleur des mondes possibles, n'est-ce pas. Les choses ne se passaient pas toujours comme l'on voulait. Fiona avait des plans cet après-midi, après cette marche. Elle avait prévu d'aller faire quelques courses, histoire d'avoir quoi manger pour la semaine, puis aller à son cours de yoga du samedi soir. Mais bien sûr, l'univers en avait voulu autrement aujourd'hui.
Alors qu'elle continuait à suivre le rythme des chants et slogans, en remuant la pancarte, qu'elle avait tout de même pris soin de faire elle-même, elle aperçut une personne des forces de l'ordre pousser une manifestante qui avançait en sa direction. Elle n'était pas violente, cette manifestante, non non, elle voulait juste avancer. Mais non, hors de question de dépasser le périmètre défini par la police, comme si un pas en plus était un crime capital. Bien sûr, Fiona ne pouvait pas rester immobile face à cet acte, qui, pour elle était un acte d'injustice.
Hey, hey ! Pourquoi tu t'en prends pas à quelqu'un de ta taille hein ?
Dit-elle, d'un ton pas très sympathique, alors qu'elle s'était positionnée entre le policier et la manifestante. Maintenant, c'est elle qu'il commençait à pousser. Et Fiona, il ne lui en fallait pas beaucoup pour que son sang chauffe. Alors elle pousse elle aussi, même si elle savait très bien qu'elle n'était pas en position de force en ce moment. Lui avec tout son matos et son uniforme qui devait peser deux fois plus que son poids; et puis elle, avec sa pancarte et son sac en bandoulière. Mais sur le moment, elle ne pensait pas à tout ça. Elle était juste en colère sur la façon dont se comportait cet homme. Après tout, qu'est-ce qu'il pouvait bien faire, l'arrêter ?
Et bah oui. En l'espace de quelques secondes, et après qu'il ait marmonné quelques mots incompréhensibles derrière son casque, Fiona se retrouva avec des menottes jetables lui serrant les mains, et sa pancarte qu'elle avait passé des heures à faire, par terre. Tss, même pas foutu de lui mettre des vraies menottes, il fallait que ça soit du plastique. Ils n'ont pas l'air de saisir le but de ces manifestations, ces andouilles.
Pendant tout le chemin au commissariat, Fiona n'avait pas arrêté de pester sur l'officier de police qui la conduisait, qui faisait mine de ne pas l'écouter. Enfin, pester... elle disait juste que s'ils marchaient et manifester, c'était pour le bien de tous, mais ça ne semblait pas lui faire effet. Si ça se trouve, il avait des écouteurs aux oreilles et s'écoutait l'album d'Elton John pendant que Fiona usait sa voix pour rien.
Quelques minutes plus tard, la voilà au commissariat de la ville, assise sur une chaise, les mains toujours menottées, posées sur ses genoux. Non seulement ils l'embêtent bien comme il faut en l'arrêtant, mais ils la laissent aussi poireauter en attendant que quelqu'un vienne s'occuper d'elle. Fiona continuait à marmonner des insultes en balayant du regard le poste de police, et ce même regard tomba sur un officier qui avait la malchance de la regarder en ce moment-même.
Tu veux une photo peut-être ? ça durera plus longtemps, pendejo.
Le dernier mot en espagnol vint compléter sa phrase sortie avec un accent bien américain. Fiona n'avait clairement pas froid aux yeux. Mais elle connaissait ses droits aussi, elle ne se serait pas permis ce genre de remarques si, par exemple, elle était accusée de meurtre.