blake + the fewer the seeds the more i sow

blake holt

i only feel gravity and i wonder why

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ un. elle est organisée. une vie rythmée par des listes et des emplois du temps détaillés. rien n'est jamais laissé au hasard dans la vie de blake. pendant de longues années, elle a été la mère de famille adorée et secrètement détestée à la fois : une belle maison, un beau jardin, de beaux enfants polis, un mari au regard adorateur, une vie sociale bien remplie, du temps pour elle. ce que tout le monde lui enviait. mais la perfection n'existe pas, et après presque dix ans à marcher sur un fil, toute la pression qu'elle s'infligeait lui est retombée dessus. deux. pendant son enfance, et depuis toujours, elle a senti cette fibre maternelle en elle. cela a commencé avec ses soeurs - mettre les pansements, préparer des chocolats, conforter les ruptures amoureuses... puis ses propres amies - des messages pour être rassurée sur un trajet retour, des soupes pour celles qui attrapaient la grippe... elle a toujours sur qu'elle aurait des enfants. ce besoin de mettre les gens avant elle a toujours été fort. trois. quand elle était enfant, elle était capable de reconnaître quel voisin arrivait selon le bruit du véhicule. tracteur, mobylette, vieille voiture, you name it. la campagne, elle l'a longtemps rejetée. et pourtant, elle l'aime, elle l'a dans le sang. parfois, elle regarde sa jolie rue et sa jolie maison dans son joli quartier résidentiel, et elle se demande pourquoi elle n'a jamais pris plus d'intérêts dans l'exploitation de ses parent. quatre. son plaisir coupable ? le vin. ce verre de vin, quand tout le monde est couché. insomniaque depuis toujours, elle a des nuits courtes, et ne se couche jamais avant minuit. alors, elle s'assoit sous le porche, et elle boit son verre de vin. enfin, récemment, c'est plutôt la bouteille, soyons honnête. cinq. à l'âge de dix huit ans, avec de l'argent amassé de petits boulots, elle s'est payé son permis moto. et quand la vie devenait trop, elle en louait une, et partait quelques heures, dans la nuit. elle ne l'a jamais dit à ses parents, mais ses trois soeurs sont au courant. c'était sa façon à elle de leur montrer qu'elle n'était pas que la petite maman coincée. au milieu de l'actrice, de la philanthrope et de la solaire, il est toujours un peu compliqué d'exister quand on se sent ennuyante. en plus de la moto, on peut également trouver deux tatouages dans son deux et de nombreux piercings aux oreilles, souvenirs de ses tentatives de rébellion avortées. six. diplômée de littérature, les livres l'ont accompagnée toute sa vie. elle aime se plonger dans un nouveau bouquin, s'imaginer des lieux, s'identifier à des personnages... elle a une place toute gardée dans son coeur pour paolo coelho. comme beaucoup, l'alchimiste a changé sa vie, mais aleph aussi. depuis, elle a toujours rêvé de prendre l'orient express pour trouver le sens de sa vie. sept. dans la même dynamique, elle a toujours regretté ne pas avoir eu plus de spiritualité dans sa vie. elle a grandi dans une famille où le travail éreintant de ses parents était le seul responsable de leur vie stable, et qu'aucun dieu n'avait quoi que ce soit à faire là-dedans. mais au fond d'elle, elle a toujours manqué de ce petit truc en plus. alors il y a sept mois, quand elle a perdu son travail, elle s'est mise à se chercher un dieu. elle l'a trouvé dans les étoiles. elle a fait son thème astral, et s'y est retrouvée. et puis elle a finit par faire le thème astral de chacune de ses soeurs, de ses parents, de son mari, de ses enfants, et d'un coup, elle était accro. elle avait trouvé son dieu. huit. sous ses airs parfois un peu faux, se cache en vérité une carapace pas si épaisse que ça. toujours se mettre en arrière l'a souvent poussée à enterrer ses sentiments au plus profond d'elle même. alors, de temps en temps, la carapace se fissure. en général, ce sont les films qu'elle regarde. ils la bouleversent bien plus qu'ils ne sont censés le faire, et elle pleure toutes les larmes de son corps. le dernier en date ? wonder woman. ah oui, vraiment tous les films. pas juste les titres. neuf. elle vient d'une famille d'agriculteurs avec quatre filles, alors elle n'a jamais pu résister à l'idée de se comparer aux soeurs March de Louisa May Alcott. Sa famille, ses soeurs particulièrement, sont son essence, son tronc, sa colonne vertébrale. Elle s'est toujours identifiée à Meg, sa soeur Alex à Beth, moins la maladie, sa soeur Cassie à Jo, la maladie en plus, et Danny à Amy, l'actrice. Alors, quand ses enfants son nés, elle n'a pas pu faire autrement que de lier leur destin au sien un peu plus - sa fille s'appelle Daisy, et son fils, Theodore, Teddy. dix. la lune de miel de blake et son mari les a emmené en camping en tasmanie. c'est à ce moment précis que blake a compris qu'elle détestait le camping, de toute son âme. et que son mari aimait ça, de toute son âme. alors, pendant les deux premiers jours, elle a fait semblant. elle a prétendu aimé ça. et puis l'illusion est tombée. et son nouveau mari, a tout juste vingt ans, a utilisé ses économies pour payer une chambre d'hôtel le restant du séjour. et c'est à ce moment qu'elle a compris, que jamais, jamais, jamais elle ne trouverait un homme meilleur que celui qu'elle venait d'épouser.

les indiscrétions sur le joueur

 

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<pris>○ alicia vikander</pris> blake holt

Code: blake

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l'histoire de ma vie

you'll be dancing once again

it keeps me awake, the look on your face. dix-huit ans.
une heure de route, ce n'est pas très loin. et pourtant, c'était un nouveau monde qui s'offrait à elle. premier appartement, première prise d'indépendance, des études de rêve, la possibilité de rentrer tous les week-ends en cas de coups de blues. un petit boulot dans un café sympa, et du temps pour écrire un peu. son plan de petite fille, sa vie de rêve était devant ses yeux, elle se déroulait là, juste en face. elle leva les yeux. c'est là qu'elle l'avait vu pour la première fois. il était beau, un peu débraillé, mais clairement débordé par des examens. un vieil ordinateur devant les yeux, il se débattait visiblement avec des formules compliquées. elle lui avait amené un nouveau café, offert par la maison. leurs regards s'étaient croisés pour la première fois, sonnant le début de leurs rendez-vous silencieux. il était venu tous les jours de cette semaine, et à part échanger des regards, ils ne s'étaient pas parlés. et puis, un dimanche, il avait attendu que le café se vide un peu. qu'elle ne soit plus que la dernière vendeuse présente. et lui le dernier client. le soleil s'était couché, elle avait fermé la boutique, et ils étaient restés dedans. et, des heures durant, ils avaient parlé. sans s'arrêter. sans un silence. et ils avaient compris, dès cet instant, que ce qui se passait là, était de la pure magie.

i take this magnetic force of a man to be my lover. vingt ans.
deux ans d'amour et ils étaient toujours dans la phase de la lune de miel. autant en avoir une vraie. quand il avait ployé le genoux devant elle, avec une bague en plastique en attendant d'avoir la vraie, elle n'avait pas hésité une seule seconde. même s'ils étaient jeune, même s'il était son premier, même si ce n'était pas dans ses plans immédiats, cela paraissait comme la bonne chose à faire. elle le sentait, en son for intérieur, que c'était le bon. que rien ni personne d'autre que lui ne compterait jamais.
cela avait été une journée féérique et emplie d'amour. leurs familles s'étaient réunies, elles s'étaient entendues à merveille. pendant des semaines, ils étaient restés sur un nuage. et même quand la réalité les avait rattrapés, ils étaient restés sur leur nuage. on les regardait avec admiration - ces deux jeunes gens, tellement certains de leurs sentiments. ces deux jeunes gens, avec un plan de vie précis, qui n'avaient pris de l'avance que sur de l'administratif, une formalité.

but i stay when you're lost and i'm scared and you’re turning away. vingt-quatre ans.
quand les deux lignes étaient apparues sur le bâtonnet, son sang s'était arrêté soudainement. elle était emplie d'un sentiment étrange, mêlant la peur à une félicité. c'est trop jeune, 24 ans, pour avoir un enfant. ce n'était pas dans les plans immédiats. elle n'avait pas encore de carrière, ils avaient tous deux des dettes sur le dos, des salaires pas franchement mirobolants. et pourtant, 24 ans pour elle, ce n'était pas non plus l'âge de l'inconscience. elle pourrait élever cet enfant. elle n'était pas seule. elle était déjà mariée depuis quatre ans. au final, cela paraissait presque normal. alors, ses plans, encore une fois, avaient avancés. quand elle lui avait annoncé, elle avait vu les larmes de joie perler au coin de ses yeux. il était d'une pureté incroyable. il lui avait pris les mains, l'avait rassurée - "tout ira bien, blake, on s'aime, et on saura l'aimer. et l'argent, on s'en sortira. on fera un plan, on fera des listes, et on y arrivera. et toi, toi blake holt, tu vas être la meilleure maman qui soit." la réaction de sa famille à l'annonce de la grossesse l'avait confortée dans son choix - même si jamais elle n'admettrait qu'il s'agissait d'un accident. sa mère avait pleuré de bonheur. elle avait vu la fierté dans ses yeux. et à ce moment là, elle avait compris le sens de la maxime "on fait ses enfants pour les autres".

but maybe this thing was a masterpiece 'til you tore it all up. vingt-sept ans.
ils ne se disputaient jamais. ils avaient la même vision de la vie, de l'éducation. sauf ce soir-là. les éclats de voix avaient réveillé leur fils, les larmes et les cris des parents remplaçaient le temps d'un instant ceux de l'enfant, et blake sentait la colère lui battre les tempes, et son regard se rétrécir. six ans plus tard, elle est incapable de se souvenir la raison de la dispute, mais elle se souvient avoir claqué la porte derrière elle en hurlant qu'elle dormirait chez ses parents ce soir là. mais son état l'empêchait très clairement de prendre la route en pleine nuit. elle sentait encore l'adrénaline affluer. elle, la mère parfaite, la femme parfaite, qui n'avait jamais dit un mot plus haut que l'autre, avait sorti tout ce qu'elle avait sur le coeur depuis dix ans. elle s'arrêta dans un bar sombre, à l'entrée de la ville, assez éloigné. elle pensait s'arrêter, prendre un verre, et rentrer. on ne découche pas, quand on est heureuse et comblée. et pourtant.
et pourtant ce soir là, elle avait bu un verre, puis un second, puis un bel inconnu lui avait offert le troisième et le quatrième. prise d'un élan rebelle, de l'envie d'affirmer un caractère qui lui avait tant fait défaut, d'enterrer dans des vapeurs d'alcool blake la douce, elle l'avait suivi sur le parking. c'était flou, indécent, sur la plage arrière d'un quatre quatre boueux. elle s'était rhabillée, pas encore rattrapée par la honte. elle ne connaissait même pas le nom de l'inconnu. quatre verres. c'est ce qui lui avait fallu pour tromper son mari. elle passa de longues heures garée devant sa maison, à pleurer, à pleurer, à regretter chaque action qu'elle avait jamais fait. avant de se faire la promesse de ne jamais, jamais, jamais le dire à qui que ce soit. personne ne saurait jamais. elle seule était coupable. elle seule porterait la culpabilité.

but can you tell me now, you’re the lucky one ? trente ans.
teddy avait déjà six ans. daisy n'était qu'un nourrisson. et blake, elle, soufflait sa trentième bougie. entourée des siens, de ses voisins, son regard balaya la pièce. le plaid était jeté sur le canapé, de façon à paraître faussement désinvolte, mais exactement là où elle voulait qu'il soit placé. comme tout dans sa vie. tout avait une place. son mari était brillant, attentionné, un père aimant et un époux qui l'adorait. ses enfants étaient adorables, faisaient leurs nuits et disaient bonjour. son jardin était entretenu, sa maison toujours propre et rangée. elle avait toujours un léger sourire aux lèvres, ce sourire de la femme heureuse, et la mère comblée. elle venait d'avoir une promotion, son travail n'était pas franchement excitant, mais pas pour autant dénigrant. pour qui ne la connaissait pas tant, cela aurait pu paraître comme une carrière rondement menée. tout était en place. elle lança un clin d'oeil à son mari, qui lui rendit par un sourire complice. son coeur se déchira un peu plus, sans que son sourire ne bouge d'un iota. son amour pour lui était toujours aussi fort, mais emprunt de l'ombre de l'adultère. il ne se doutait de rien. et elle entretenait l'illusion. il n'y avait, dans sa vie rangée, aucune place pour un deuxième homme.

there will be no further explanation, there will be just reputation. trente deux ans.
elle sortit du bureau du patron. son sang s'était glacé dans ses veines. trente deux ans, douze ans de mariage, deux enfants, mais plus de boulot. ce n'était pas la carrière qu'elle aurait voulu, évidemment, mais c'était une carrière. et maintenant il n'y avait plus rien. ils n'avaient pas pris de gants, ils lui avaient juste donné des faits, clairs, nets et précis. "nous ne pouvons plus te garder, blake. nous te laissons un dernier mois ici, le temps de clôturer tes dossiers, et tu devras t'en aller." ce dernier mois était un brouillard. son mari était là, présent, il comprenait qu'elle soit dévastée, et sacrifiait sa propre santé pour être sûr qu'elle s'en sorte. au bout d'un mois, le chômage. elle avait passé les deux premières semaines à dormir, toute la journée. elle ne s'occupait pas de ses enfants - encore moins que quand elle travaillait. et son mari comprenait. il la soutenait, encore et toujours. mais les semaines se sont transformés en mois, et blake n'avançait pas. ne trouvait pas de travail. n'en cherchait pas à vrai dire. et la patience d'ange du mari parfait commençait à s'éroder. et les disputes, autrefois si rares, se multipliaient. elle remettait sa vie en question. le retour de cassie au bercail l'avait encore plus enterrée dans son malheur. une vie d'indépendance, sans mari ni enfants, alors qu'elle n'avait plus que ça. derrière les portes closes du quartier résidentiel, blake holt, autrefois connue comme l'hôtesse parfaite, la femme idéale, la mère incroyable, descendait dans les abysses de ses propres faiblesses.

darkest little paradise. aujourd'hui.
comment, en sept mois seulement, sa vie avait-elle pu prendre un pareil tournant ? la culpabilité qui avait finit par s'estomper était maintenant la seule chose à laquelle elle pensait. elle regardait son époux, son seul et unique amour, qu'elle avait pourtant trompé sans aucune hésitation. c'était un homme intelligent. il savait que quelque chose clochait. sa femme, autrefois, ne supportait pas l'inactivité. sa femme, aujourd'hui, passait beaucoup de temps sur le canapé. dès qu'ils sortaient, elle forçait l'illusion, mais de moins en moins de personnes étaient dupes. de longues années durant, des dizaines de personnes avaient envié la femme. maintenant qu'elle sombrait, ces mêmes gens ne pouvaient que se réjouir. c'est comme ça qu'elle avait compris qu'elle était seule. que les seuls amis qu'elle pensait avoir ne voulait d'elle qu'à son apogée. et que la seule personne à la supporter au plus bas, et bien elle l'avait trompé sur le parking d'un bar miteux six ans auparavant.
quand ils s'étaient mariés, elle avait des ambitions. elle rêvait d'écrire un livre, d'enseigner, de vivre de sa passion - la littérature. mais pour réussir ses ambitions, il faut pouvoir se lever de son lit le matin avec l'envie. chose qu'elle n'avait plus.