○ event saint valentin (thad & fiona)

@fiona hanson

« Thad ! » Les dents serrées, le chirurgien se stoppe, glisse sur ses talons pour observer l’un de ses internes qui, un bras à moitié en l’air, cherche à interpeller son regard. Il pince les lèvres, l’envie de se faire couler un café avant de filer chez lui, fuir les festivités de la Saint Valentin – il a une pensée pour Cate, le cœur qui se serre avec une douleur sourde avant qu’une autre pensée, pour Freya cette fois-ci, ne lui traverse rapidement l’esprit. Il chasse la brune de son esprit, esquisse un signe de la tête en direction du jeune étudiant pour lui signifier qu’il l’écoute. « Je voulais savoir, hm. Voilà. J’aime bien faire un peu de stand up pendant mon temps libre et je me produis ce soir, j’ai invité quelques personnes de l’hôpital mais comme c’est la Saint Valentin, y en a plein qui ont d’autres projets mais je me disais peut-être que vous… » Il s’empêche de lever les yeux au ciel, Thad, parce qu’il comprend le message avant qu’il ne soit terminé. Lui, il a sa réputation de tombeur donc lui, il n’a pas de Saint Valentin (c’est pas faux, loin de là, mais il a pas besoin qu’on lui rappelle son statut de célibataire, le fait qu’il ait une sacrée envie de passer la soirée devant Netflix ou avec son frère et sa nièce même s’ils sont probablement occupés, eux aussi). « C’est où, le bar où tu joues ? » Il essaie de ne pas avoir l’air trop blasé parce que ce jeune, il l’aime bien dans le fond – bon élève, bon interne, il souffre juste d’un besoin presque compulsif d’avoir les compliments de toute personne pouvant représenter l’autorité et, actuellement, Thad en paie les frais. Il récupère l’invitation qui lui est tendue, ne promet rien avant de tourner les talons.

Chez lui, une serviette autour des reins, son regard tombe sur l’invitation laissée sur le comptoir de sa cuisine. Il a une pensée pour le gosse, à peine plus âgé que Jody, une pensée pour la trouille qu’il doit avoir en montant sur scène et il capitule, Thad. Tant pis pour Netflix et sa nouvelle série si semblable à Stranger Things (comme si quelque chose pouvait arriver à la cheville de ce bijou). Rapidement changé en une tenue décontractée, il attrape ses clés de voiture d’un geste, file se glisser derrière le volant. Le trajet, il le passe en compagnie des chansons de Panic ! At the Disco qui défilent les unes après les autres (et si Say Amen passe deux fois de suite, c’est par un heureux hasard et pas parce que son doigt à chercher à la rejouer pour qu’il puisse la chantonner). Il trouve le bar, aperçoit son néon clignotant, une foule éparse à l’entrée en train de fumer les dernières clopes. Thad, il se gare sur la première place trouvée, se passe une main dans les cheveux avant de tracer directement à l’intérieur. Le comptoir est bondé, les barmens et barmaids débordés aussi préfère-t-il leur accorder une seconde répits, il passera commande plus tard. Un regard général sur la salle lui apprend que les tables sont, elles aussi, toutes occupées – des couples et s’il croit reconnaître quelques uns de ses collègues de l’hôpital en compagnie de leur compagne, époux et autre conjoints, il préfère se faire discret, ne pas se joindre à eux pour la soirée. Ses yeux repèrent une table où une seule silhouette est assise – féminine, qu’il note non pas que ça ait une grande importance – et il s’en rapproche rapidement. « Excusez-moi, est-ce que la place est prise ? » Le visage, alors rivé sur l’écran de son téléphone et sur une page instagram qui lui rappelle vaguement quelque chose – et lui tire un froncement de sourcil qu’il oublie bien vite – se relève et il lui faut deux secondes avant de reconnaître Fiona. Fiona de la galerie de Gabriel. Il a un sourire en coin qui s’étire, Thad en la reconnaissant, et il n’attend pas qu’elle confirme plus en détail qu’il peut s’installer pour tirer une chaise à lui et s’y assoir. « Fiona, qu’est-ce que tu fiches ici ? » Il sait que son frère ne l’aura pas fais bosser pour la Saint Valentin mais il aurait au moins pu l’inviter au restaurant, ce bougre (Thad se promet d’avoir une discussion avec Gabe dès que possible pour le lui souffler).

@fiona hanson

S’il est surpris de reconnaître Fiona à la table où il comptait passer la soirée, une partie de lui en est presque soulagée – même s’il sait qu’il aurait passer probablement un bon moment peu importe la personne qui se serait retrouvée là, il sait aussi d’expérience que les rencontres le soir de la Saint Valentin mènent souvent à quelques confusions et il n’a pas besoin de davantage de complications dans sa vie. Pas en ce moment, pas alors qu’il est déjà confus vis-à-vis de Freya avec qui il passe de plus en plus de temps. Fiona, avec laquelle il s’entend bien au point de la considérer comme partie intégrante de la famille Jenkins, maintenant, est donc un soulagement en plus d’être synonyme de bonne soirée, one man show ou non. « Ouch, la vantardise ne te va pas au teint. » Il tire la chaise avant de se laisser tomber sur celle-ci. « Je vais finir par croire que tu t’es renseigné sur mes coins préférés que tu essaies de provoquer des rencontres fortuites. » Il arque un sourcil, le sourire déjà large sur ses lèvres, le dos plaqué contre le dossier de la chaise tandis qu’elle évoque cette invitation reçue par hasard. Il fronce les sourcils un instant. « Wait a minute, tu reçois des invitations creepy et tu t’y rends ? On ne t’a jamais dis de ne pas suivre les inconnus dans la rue ? » Même s’il n’ira pas se plaindre qu’elle l’ait suivi lors de leur rencontre dans un comics store – il aime penser que passer vingt-cinq minutes à échanger diverses théories sur le Marvel universe et sur le prochain tome de Saga les empêchaient d’être totalement étrangers l’un à l’autre. « Ah tu m’étonnes, reste à voir maintenant si ça vaut davantage le coup que ta soirée Netflix ! Y a le nouveau spectacle d’Ellen DeGeneres dispo sur Netflix, pas sûr que ce soit le même niveau ici. » Même si son petit interne peut avoir de bonnes punchlines, de temps à temps – c’est quand même loin du niveau de la présentatrice de talk show ou des scénaristes de Brooklyn Nine-Nine, de son avis.

« Oui, un de mes internes va performer ce soir, il voulait que quelqu’un de l’hôpital soit là pour l’applaudir. » Il prend un air détaché, feint de ne pas avoir d’attente particulière pour ce gosse en besoin de confirmation, conscient que même si c’est loin d’être bon, il prétendra l’inverse, le lendemain, à l’hôpital. Pour pas le blesser et surtout, ne pas briser ses espoirs. « Je crois qu’il a invité la moitié de l’hôpital mais une partie bosse, une autre partie à déjà des choses prévues et puis… Il y a moi. Qui suis-je pour le décevoir, hein ? » Le sourire est rongé, les épaules soulevées. « Moi aussi j’avais prévu un rendez-vous avec Netflix, figure-toi, à la base. » Avec une ou deux saisons de séries à rattraper, d’ailleurs. « Tu veux rendre la soirée plus intéressante ? » Regard appuyé, sourcils arqués, il se penche dans sa direction. « Tu paries combien qu’au moins deux d’entre eux vont essayer de faire monter des gens sur scène ? » Il désigne la scène où le micro est installé, en attente des premiers humoristes pour lancer les festivités.

@fiona hanson

Il plisse les yeux, les lèvres pincées avant de secouer la tête, tendre un doigt. « Ahah, je le savais. On a souvent cet effet-là, faut dire. Le charme irrésistible des Jenkins. » Il arque un sourcil, le sourire large et typique lui – charmeur avec un soupçon d’enfance avant qu’il ne laisse un rire trahir son amusement et qu’il ne se penche légèrement, son épaule allant rencontrer celle de Fiona. Ses traits prennent des allures plus sérieux quand elle avoue ce qui l’a mené en ces lieux, un trait se dessine entre ses sourcils. Parce qu’il a beau plaisanter, Thad, il n’en considère pas moins Fiona comme un membre de sa famille ; une sœur, ou presque, et c’est parce qu’il pourrait la voir porter le nom de Jenkins qu’il s’inquiète pour elle de la même façon qu’il s’inquiéterait pour l’une de ses petites sœurs. Peu importe qu’elle soit adulte, peu importe qu’il n’ait pas son mot à dire sur ses décisions. « Ou le bar aurait pu être fermé et l’endroit être transformé en un lieu de torture. » Il a les images qui peuvent presque danser sous ses yeux, Thad – la faute à un récent visionnage de Criminal Minds, blâme-t-il parce que cette série a de quoi rendre paranoïaque et agoraphobe au possible. Il la dévisage longuement, Fiona, parce qu’il voudrait pas avoir à appeler Gabriel pour lui annoncer qu’il vient d’opérer Fiona, qu’elle est hospitalisée. Ou pire. « Depuis quand t’es jeune ? » taquine-t-il finalement, s’obligeant à relâcher le souffle qu’il n’avait pas conscience de retenir, essayant de retrouver l’enthousiasme, la bonne humeur et la légèreté de quelques minutes plus tôt. Pas qu’il puisse vraiment la charrier sur son âge, en réalité – il se sait encore plus vieux, encore plus proche des quarante ans qu’elle et il se fait mal à l’idée de passer à la dizaine supérieure dans moins de cinq ans. « Ouh Kevin Hart, uh ? Mais quel bon goût. » Pouce en l’air, doute pourtant néanmoins qu’il y ait une future star du stand up présent parmi les newbies de cette soirée. Pas avant quelques entraînements, songe-t-il, pour le petit interne. Pas qu’il soit le pire en matière de blague – le service a vu bien pire, hélas – mais ce n’est pas totalement ce qui fonctionne le plus pour Thad, pourtant pas des plus compliqués quand il s’agit de rire. Il lance un regard vers la scène encore vide et plongée dans l’obscurité, laisse un sourire s’afficher sur ses lèvres, hausse des épaules pour paraître nonchalant. « Top, je pourrai agrandir ma collection de dédicaces. » Il ironise, interpelle finalement un serveur pour commander une bière en lui glissant un billet avant de le remercier et se tourne vers Fiona. L’idée lui traverse l’esprit, pas assez rapide pour qu’il ne la retienne pas – au contraire, même. Elle persiste et il esquisse un sourire en coin, se penche vers la jeune femme avec une lueur de défi, peut-être un peu sournoise. Il se mord l’intérieur de la joue, en attente de la réaction de Fiona mais elle ne le fait pas attendre – et ne le déçoit pas. Loin de s’offusquer, elle surenchérit et Thad, il doit reconnaître qu’elle touche des points intéressants (oh qu’il espère par contre que son interne ne mentionnera pas Grey’s Anatomy, y a des limites à ce qu’il peut supporter en terme de clichés). « Pari tenu, » conclut-il en tendant une main dans sa direction à l’instant où la scène s’éclaire et un animateur prend la parole au micro. Annonce la première jeune humoriste qui ne tarde pas à venir prendre sa place sur la scène. Elle n’est pas mauvaise – pas autant que ce soit à Thad se serait attendu pour le niveau global de la soirée, en tout cas. Mais alors qu’elle annonce qu’elle va demander à un couple de monter sur scène, il ne peut que se tourner vers son acolyte pour la soirée pour échanger un regard, tendant une main sous la table. « High five, » chuchote-t-il à son intention avant d’être coupé par un éclairage venu l’aveugler. Il plisse les yeux, se recule par réflexe bien que ce soit inutile, secoue la tête alors que l’humoriste répète sa demande. Un couple. Il ouvre la bouche, prêt à argumenter que Fiona et lui ne sont pas un couple, qu’elle peut donc passer son chemin et aller voir ailleurs mais les applaudissements rendent toute tentative d’argumenter impossible. Et lorsque la jeune femme se lève, il sent qu’il a perdu. No effing way. « Tu te fiches de moi, là ? » Mais elle a l’air chill, Fiona, presque trop pour que ce ne soit pas complètement suspect (pendant une seconde, il s’imagine qu’elle a monté le coup avec la nana déjà sur scène, qu’elles se connaissent et que son cinéma sur le fait d’avoir été invitée au hasard n’est qu’un subterfuge pour le faire tomber dans le panneau). Il soupire, se lève finalement et suit Fiona jusque la scène, la retenant par le poignet pour la faire ralentir. « Je te promets que tu me le paieras, » qu’il lui souffle à l’oreille juste avant qu’ils ne montent sur l’estrade sous un surplus d’applaudissement et il sent son cœur se serrer. Comme un rappel du lycée où l’attention était focalisée sur lui. Comme un rappel de toutes les fois où il a provoqué des rires sans jamais le vouloir. « Quels sont vos petits noms ? » Peu impressionné par la formulation infantilisante de l’humoriste – tant qu’elle l’arrache à ses souvenirs, il prend – il plonge les mains dans ses poches. « Moi c’est Thad. Et la traitresse là, Fiona. » Il adresse un faux sourire à ladite traitresse, l’idée de rappeler qu’ils ne sont pas un couple abandonnée. « Alrighty then. Alors dis-moi, Thad. Est-ce que tu dirais que tu as confiance en Fiona ? » La question le prend de court, il échange un regard avec la concernée. « Humpf, je pense oui. » Sans doute pas la réponse la plus attendue dans un couple et l’humoriste ne rate pas une seconde pour rebondir là-dessus, créant une salve de rire dans la salle. « Tu permets si je teste un peu cette confiance ? Tu connais le trustfall ? Well, j’aimerai que tu le fasses avec Fiona. Tu vas tomber et elle va te rattraper. Enfin… Peut-être. » Ca y est, c’est l’instant précis où il regrette (et est certain de le regretter) d’être venu, d’avoir choisi son interne plutôt que netflix, beaucoup moins traitre dans le genre. Il inspire, se tourne vers Fiona. Des flashes du lycée lui sautant une nouvelle fois aux yeux et oh lord, il espère bien qu’elle va le rattraper. « Je compte sur toi. » Il essaie d’avoir l’air sûr de lui, confiant, mais il est loin d’éprouver ces sentiments-là, en l’instant et il lui tourne le dos. Préfère penser à la revange qu’il pourra plotter contre elle si elle choisit de ne pas le rattraper (pas qu’il soit sûr de tomber totalement au sol, en réalité, parce qu’il a toujours été nul pour le trustfall et son pied vient immédiatement bloquer sa chute, malgré lui). Il inspire une nouvelle fois, bloque les mains contre sa poitrine en croix et, lentement, se laisse tomber en arrière.

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« Même pas, figure-toi, plutôt Criminal Minds, » répond-il avec un haussement d’épaule, comme si la série à l’origine de tous ces scénario glauques et morbides avait une importance capitale. Parce que ça n’en a pas, en réalité, mais le sentiment est quand même là et les images aussi. Elle aurait pu mal finir, Fiona, et l’idée lui tord les entrailles de la même façon que si ça avait été Cami ou Jody. Elle est de la famille, maintenant, même si elle ne travaille pas pour Gabriel depuis si longtemps – elle est conviée régulièrement, ils s’entendent tous bien avec elle de ce qu’il en sait et Thad, ça lui suffit bien. Il a un sourire qui lui étire les lèvres mais ça ne l’empêche pas de jouer la comédie, une main portée à sa poitrine, les yeux fermés, le visage tordu en une fausse grimace peu convaincante. « Ouch, c’était bas, ça ! » Et même s’il sait bien qu’elle a raison – il est plus vieux qu’elle, après tout – il n’a certainement pas besoin d’un rappel sur son âge, ni sur le fait qu’il est maintenant bien plus proche des quarante ans que des trente. Une réalité avec laquelle il a encore bien du mal à dealer, lui qui aimerait encore se voir à ses vingt ans un jour sur deux.

La conversation coupée court par les lumières qui s’éteignent et un premier spectacle qui débute. Les paris engagés, rapidement confirmé par les lumières qui fouillent à travers la salle, Thad échangeant un regard entendu avec Fiona parce que ça ne peut vouloir présager qu’une seule chose mais tout amusement quitte ses traits quand le spotlight s’arrête finalement sur leur table, les éclairant tous les deux et Thad, il est catégorique, il ne montrera pas là-bas. Il n’a aucune attention de céder mais Fiona se lève et il se retrouve comme un idiot, le regard rivé sur elle, à secouer la tête, pourtant encouragé par les applaudissements de la salle et avant qu’il ait le temps de réellement s’en rendre compte, il est debout à son tour, à suivre la jeune femme. Il inspire lentement, peu confiant par la situation dans son ensemble, répondant aux questions de l’humoriste de mauvais cœur, les mauvais souvenirs affluant bien plus efficacement qu’il ne l’aurait pensé. Et s’il sait ne plus être le gosse qu’il a été à l’école, il n’en est pas moins toujours mal à l’aise avec toute l’attention rivé sur lui, oubliant presque que Fiona est présente et attire tout autant l’attention que lui. Il commence tout juste à relâcher la pression dans ses épaules, Thad, quand il leur est demandé de faire un trust fall et s’il connait Fiona, s’il sait qu’il peut lui faire confiance, il sait aussi qu’il a toujours été terriblement mauvais pour ce genre d’exercices (l’une des raisons pour laquelle il était si mauvais en sport, d’ailleurs). Même avec Gabriel ou ses sœurs, il a du mal à se laisser tomber facilement, ayant souvent besoin de s’y reprendre à de multiples reprises (voire abandonnant totalement parce qu’incapable de ne pas se rattraper avant même de basculer). La bouche asséchée, le cœur complètement affolé, il glisse un avertissement à Fiona, sans doute plus pour se rassurer et espérer qu’elle comprenne bien qu’elle ignore tout des humiliations passées que pour réellement chercher à être menaçant. En position, il s’efforce à expirer par la bouche, les bras croisés sur ses épaules, et il se laisse basculer en arrière, prêt à reculer un pied s’il ne sent aucune activité du côté de Fiona. Mais contre toute attente, elle le rattrape et il est submergé par une vague de soulagement, se redressant bien vite, les traits un peu plus détendus maintenant que l’exercice est passé (parce qu’il connaît l’habitude des humoristes, il sait bien qu’ils ne demandent qu’une seule action et après, c’est retour chacun à sa place), retrouve rapidement son flegme et son air moqueur. Une main tendue en direction du biceps de la jeune femme pour faire semblant de le tâter. « Pas mal, Hanson, » qu’il marmonne en retour à son attention uniquement, avant de baisser les yeux vers elle. « Eh bien, tu dois admettre que tu as une tendance à adorer taquiner les autres. » Nouveau haussement d’épaule pour masquer l’angoisse qui s’était pourtant presque emparé de lui un peu plus tôt. « But nice catch, » rajoute-t-il après un court silence avec un sourire, le compliment plus sincère que le précédent.

Il redresse toutefois la tête quand il se rend compte que l’humoriste n’a pas (encore) l’intention de les laisser retrouver à leur place comme prévu et qu’elle demande plutôt son avis à la foule qui réplique bien rapidement. Trop, d’ailleurs, à son goût et il baisse les yeux vers Fiona. « YOLO, hein ? » Il essaie de tendre l’oreille pour comprendre les propositions, choisir (si possible) celle qui semble la plus neutre et la moins risquée mais l’humoriste en décide autrement, se tournant vers eux. « J’ai entendu ici et là quelques personnes réclamer un bisou. Et on est d’accord qu’on veut un vrai baiser par un petit peck on the lips. » Il passe la langue sur ses dents, une main sur sa nuque, un regard en coin lancé en direction de Fiona. C’est la St Valentin, après tout, et tout le monde les prend pour un couple – chose qu’ils auraient peut-être dû démentir en arrivant sur scène, regrette-t-il à présent. Non pas que Fiona soit le pire choix – loin de là – mais c’est déjà suffisant galère de la croiser à la galerie devant Gabriel en sachant qu’ils ont partagé un one night-stand sans que des étrangers viennent en rajouter une couche. « Hm, on n’est pas vraiment… » Mais sa fin de phrase est balayée du revers de la main par l’humoriste qui incite le public à les encourager un peu davantage. La moitié scande leurs noms, l’autre moitié applaudit et il se tourne vers Fiona. « Si tu veux essayer de leur faire changer d’avis, hein, go ahead, Miss You-Only-Live-Once. » Il a un geste de la main pour l’inviter à prendre la parole et essayer de les convaincre.

hj:

@fiona hanson

Il laisse le sourire s’élargir, trahissant son amusement face à Fiona quand bien même il a eu quelques doutes quant à ses intentions quelques minutes plus tôt. Il la croit volontiers quand elle affirme être sympa de temps en temps – il le sait bien, vient même d’en avoir la preuve et il en est plus que soulagé. Les épaules se détendent mais ce n’est que de courte durée et Thad, il doit ravaler un soupir à la demande faite au public, se retenir de lever les yeux au ciel. Il se tourne plutôt vers sa partenaire qui semble toujours optimiste et il l’admire pour ça, vraiment, parce qu’il a le sentiment que ça ne peut qu’être pire, justement. Il n’a pas l’occasion de lui répondre parce que la demande du public se fait entendre et il retient sa respiration, persuadé que quelqu’un, l’humoriste ou bien Fiona, interviendrait. Mais il est seul, sur ce coup-là et il secoue la tête légèrement, abandonne sa tentative pour expliquer qu’il y a eu méprise et qu’ils auraient sans doute dû démentir en montant sur scène, laisse les rennes à la jeune femme. Elle semble hésiter et il la fixe du regard, sans savoir si c’est parce qu’elle a compris, comme lui, que se faire entendre est sans doute vain ou s’il y a autre chose derrière cette hésitation. « En espérant qu’il y ait pas de troisième défi caché derrière, » raille-t-il même s’il sait qu’ils ne demandent qu’un baiser, que ce n’est rien, que ça ne les engage à rien. Et comme un écho à ses propres pensées, Fiona met des mots sur le fil logique qui se tissait lentement dans son crâne. Ils l’ont déjà fait, ils ont même déjà fait bien davantage lors de leur nuit partagée. Et, cette fois-ci, il ne devrait pas y avoir la moindre gêne afterward. « Oh, you’re not even afraid you might for fall me? I’m hurt. » Il porte une main à son cœur brièvement, le sourire venant le trahir quasiment instantanément, il comble d’un pas la distance, porte automatiquement une main à sa taille, la tête baissée pour la rejoindre à mi-chemin jusqu’à ce que leurs lèvres se joignent. C’est bref, vaguement intense et passionné, les lèvres se mouvant au gré de l’autre avec une certaine tendresse et ils se séparent, n’échangeant rien de plus qu’un court regard et Thad, il se tourne déjà vers l’humoriste qui arrive dans leur direction, ignorant les applaudissements du public. Fiona est prompte à répondre et il esquisse un sourire sarcastique, se mord la lèvre pour ne pas laisser un rire lui échappé – Fiona, elle n’a pas froid aux yeux et il s’en amuse, ajoute un bref merci en direction de l’humoriste même s’il ne le pense pas tellement. Il quitte la scène le premier, traçant son chemin jusqu’à leur table avec un soulagement non feint et non dissimulé, s’installe et arque un sourcil. « Hm, hm. Y a pire, » admet-il avec un temps. « Mais ne crois pas que tu vas t’en tirer si facilement. You owe me. » Il a attrapé sa boisson, un doigt de sa main libre pointé dans sa direction, un fin sourire flânant toutefois. Le spectacle a déjà repris, mais plus pour très longtemps comme l’humoriste adresse bientôt ses mercis au public qui applaudit (et Thad aussi). L’organisateur revient brièvement, le temps d’annonce le prochain et Thad, il se redresse quand il aperçoit son internet débarquer sur la scène. Il a l’air à l’aise, le gamin. « Ah, tiens. C’est mon interne, » qu’il glisse à l’attention de Fiona, sans trop savoir pourquoi. Peut-être qu’il craint qu’il ne soit pas très drôle, peut-être qu’il a peur qu’il se ridiculise ce soir.

hj: