Se ressourcer, pour mieux comprendre ce qui nous entoure (ft. Charlie)

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Dean avait fini de préparer ses deux sacs. Dans le premier, que d'ordinaire on mettait en bandoulière, mais qu'il porterait à la main en raison de sa blessure au torse, encore douloureuse, il avait placé de quoi se changer, sa trousse de toilette, ainsi que son chargeur de téléphone et deux livres de bricolage. En fin de compte, comme du temps de l'armée, il ne s'était embarrassé que du nécessaire, limitant au maximum le poids et les trucs inutiles, optimisant au maximum l'occupation du volume. Dans le second, qu'il portait sur le dos, il y avait rangé quelques outils, indispensable à son séjour. Il voulait tuer le temps, qu'il trouvait décidément trop long et du coup, il avait accepté d'aider le propriétaire d'un ranch dans lequel ce dernier élevait des chevaux. Les bricoles ne demanderaient pas énormément d'efforts, par conséquent il existait peu de risques qu'il ne se blesse davantage et encore moins qu'il ne s'épuise énormément. Il avait proposé à Charlie de l'accompagner pendant ce séjour, car la jeune femme aimait les chevaux et pas de doute, cela lui ferait plaisir en voyant les belles juments et les splendides étalons que possédaient son pote. En plus, cela lui permettrait de se changer les esprits et de respirer un nouvel air, loin de la ville et sa circulation. Island Bay comptait de nombreux parcs et espaces verts, mais elle n'échappait pas, hélas, aux pots d'échappement, à la pollution. S'en éloigner, ce serait pour les deux amis, anciens amants, l'occasion de se couper du stress et de profiter de petites vacances en zone champêtre. L'idéal pour se ressourcer, profiter de la nature, des animaux et puis aussi du beau temps, car la météo s'avérait clémente pour toute la semaine.

Pour se rendre là-bas, la moto aurait été une alliée de choix. Malheureusement, Wilkerson n'arrivait pas encore à remonter dessus sans souffrir. Et Charlie ne possédait pas de voiture. Ils en arrivèrent donc à la conclusion qu'ils prendraient un taxi, en partageant les frais moitié-moitié. Une solution qui les tranquillisait. Il y avait quand même 1h30 de route ! Et encore, sans compter les bouchons pour sortir de Wellington. Fort heureusement, ils partaient juste avant l'heure de pointe, ce qui leur permettrait de ne pas flinguer toute leur matinée dans la voiture ! Dean avait enfilé une chemise à carreaux, bleu marine, celle qu'il aimait bien mettre quand il bricolait, parce qu'elle était agréable à porter, elle ne le freinait pas dans ses mouvements et surtout, elle pouvait s'ouvrir s'il faisait chaud ! En guise de pantalon, il portait un jean, anthracite, avec des poches latérales, très pratiques pour travailler. Et puis des baskets. Il avait confié Félix, son chat, à sa mère, la veille. L'horloge du salon n'affichait pas encore les 7 heures qu'il était prêt, habillé, lavé, rasé. Il sentait bon et il était tout beau. Ce serait une bonne journée. Il allait bricoler, occuper ses mains et son esprit ! Forcément que ça l'enchantait ! En attendant l'arrivée de Charlie, il prépara un thermos de café, deux bouteilles d'eau. Pour ce qui était de l'aspect organisation, Dean possédait un vrai talent. Il n'oubliait jamais l'essentiel et savait exactement à quoi penser pour éviter les manques, une fois sur place. Sa demie-sœur s'en rappelait, puisque l'on d'une expédition commune, elle constata à quel point il gardait ses réflexes militaires, de survie. Comme le vélo, ça ne s'oubliait pas !

Normalement, Charlie devait lui envoyer un SMS dès qu'elle arrivait avec le taxi. Il guetta son téléphone. En parallèle, il mit un peu d'ordre dans le salon. Il aimait bien partir en sachant que tout restait propre et bien rangé. Comme disait sa mère, une maison bien rangée est accueillante quand on y retourne ! Et c'était vrai ! Rien de plus plaisant que de recevoir tout un tas d'ondes positives, en passant sa porte d'entrée ! Son téléphone vibra. Le taxi arriverait bientôt. Il récupéra ses affaires puis il sortit, en prenant soin de fermer à clé. Il rejoignit la rue et se plaça sur le trottoir, en regardant régulièrement à droite et à gauche. Quand le taxi approcha, il lui fit signe. La voiture se gara et le conducteur sortit pour l'aider à tout mettre dans le coffre. Dean entra à l'arrière. Il salua Charlie par une bise :

- Hey !! Comment vas-tu ? Alors, prête pour une bonne coupure ?

Le chauffeur remonta à son tour. Dean lui donna l'adresse à laquelle ils devaient se rendre et confirma le trajet sur le GPS. Calé sur la banquette arrière, il était ravi de faire le voyage avec Charlie et de lui permettre de renouer avec des chevaux.

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Cela faisait quelques jours que Charlie avait accepté la proposition de Dean, l'accompagner sur un ranch, au cœur de la campagne et au beau milieu de nulle part, mais également entouré de chevaux, probablement aussi quelques moustiques. C'est la raison principale pour laquelle elle a accepté, ce n'est pas seulement le fait qu'elle ait envie de se sentir libre et parce qu'elle sera loin du vacarme et des inconnus, loin des voitures polluantes aussi. Enfin, elle ne sera pas complètement seule non plus, après tout, elle ne connaît que Dean et non pas les autres personnes qui seront présentes là-bas, mais cela l'importe un peu, elle va pouvoir reprendre l'équitation, du moins, le temps de quelques jours et le temps de se remémorer quelques souvenirs qui sont liés au Texas et à son ancienne vie, qui remonte à quelques années. Quoi qu'il en soit, elle avait hâte de sentir le vent caresser sa peau et d'être dans sa propre bulle, sans se soucier des problèmes qu'elle a vécus tout récemment. Elle souhaite tourner ce chapitre et avancer comme elle l'a toujours fait. Elle ne parle pas très souvent de sa famille, de ses deux frères, qui pourtant occupent une grande place dans sa vie. Enfin bon, elle n'aime pas s'ouvrir, surtout si cela n'est pas nécessaire. Pour revenir au sujet principal, Charlie a pris le strict minimum, mais tout en prenant les choses importantes, vêtements, de quoi se brosser les cheveux, les dents, bref, tout le bordel utile qu'une femme doit avoir dans son sac de voyage, même sa paire de santiags s'y trouve. Elle vérifie que tout est là et elle prend enfin le taxi qui l'emmène au domicile de Dean, une fois à l'intérieur, elle le salut, souriant même, malgré qu'il soit très tôt, elle qui aime bien faire les grasses matinées. « Ça va, je suis prête pour l'aventure ! » Qu'elle dit en riant, parce que bon, elle ne va pas non plus faire un roadtrip, seulement galoper et passer un bon moment à la campagne. Pendant le long trajet, Charlie arrive à s'endormir, c'est l'odeur de la campagne, mais surtout, le chauffeur qui la réveille en élevant légèrement la voix, elle ouvre les yeux, se redressant sur le siège pour constater qu'ils sont déjà arrivés. « Déjà ? » Elle a l'impression qu'ils venaient de partir d'Island Bay. Elle sort de la voiture, elle s'étire les bras avant de décharger la voiture pour aider Dean. « Au fait, j'ai oublié de demander, je suis une passagère clandestine qui va devoir dormir avec les animaux de la ferme ou le propriétaire sait que je suis là ? »

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Une fois installés dans la voiture, ils échangèrent quelques mots supplémentaires, le temps de quitter la ville. Puis ils admirèrent le paysage, chacun de leur côté. A un moment, Dean entendit un souffle régulier près de lui. Il se tourna et constata que Charlie s'était assoupie. Cela le fit sourire. Lui n'arrivait jamais à dormir en voiture. Il était toujours en état d'alerte. Quand il avait été en Afghanistan, à bord des véhicules militaires, on s'attendait toujours à rouler sur une mine ou à être la cible d'une roquette tirée par les talibans. Il guettait le moindre mouvement, la moindre lumière pouvant trahir la présence d'ennemis. Depuis, pas question de fermer les paupières, même s'il avait changé sa manie de tout scruter et qu'il se contentait de faire comme n'importe quel civil en temps de paix, admirer la beauté de la nature. Le chauffeur n'était pas bavard du tout. Il n'avait pas dit grand chose et Wilkerson n'engagea pas la conversation, de crainte de réveiller sa comparse. Il regarda à nouveau à travers sa vitre. Les prairies luxuriantes défilaient, à mesure qu'ils avalaient les kilomètres. Et la route, elle, se faisait de plus en plus étroite, petite. Le bitume se transforma en gravier, puis en terre alors que le ranch était en vue. La Nouvelle-Zélande n'avait rien à envier aux Etats-Unis sur la taille des exploitations. Ici, les animaux bénéficiaient d'une grande étendue pour les paturages, ils vivaient leur vie avec un certain confort. Depuis le bas du chemin, Dean aperçut les écuries et juste à côté, le parcours d'équitation. Une magnifique maison victorienne supervisait tout le domaine, en haut d'une petite colline verdoyante. Quelques nuages passaient dans le ciel, rien de très menaçant, mais au sol, avec toutes ces couleurs et ces ombres, la vie prenait une tout autre apparât, sublime. Dean ouvrit légèrement sa vitre et inspira profondément. L'odeur n'avait rien à voir avec Wellington. Adieu la pollution, l'odeur d'essence ou de produits chimiques utilisés pour nettoyer les rues. Ici, ça sentait la terre meuble, l'écorce des arbres, l'odeur de l'herbe sauvage, du crottin de cheval même ! Dépaysement total. La voiture s'arrêta dans l'allée principale. C'est à ce moment là que Charlie se réveilla.

- Parle pour toi ! Moi qui n'aime pas trop la voiture, j'ai trouvé ça long ! J'étais impatient d'arriver !

Ils sortirent du véhicule pour décharger le coffre. Dean paya le chauffeur en lui donnant un pourboire, malgré son côté un peu "sauvage" et discret. Après tout, ce n'était pas forcément très agréable de conduire, à la base... donc il pouvait comprendre que l'homme n'ait pas envie de raconter sa vie. Peut-être n'avait-il pas osé engager la conversation en présence de Dean ? C'est qu'en dépit de son sourire colgate, il pouvait parfois impressionner les autres. Bref ! Alors que le taxi repartait et qu'ils récupéraient leurs affaires restées au sol, Wilkerson prit un air taquin et répondit :

- Ah non, non ! Tu vas dormir à côté du cul des vaches ! Amuse-toi bien !

Il éclata de rire, mais déjà, un homme s'approchait d'eux.

- Dean !

- Salut, Travis !

Le sourire se transforma en grimace quand le propriétaire du ranch lui fit une franche accolade. Dean en eut le souffle coupé. Il fit néanmoins les présentations. Travis avait la quarantaine, le visage marqué par quelques rides d'expression. Avec sa corpulence forte et son côté bonhomme on devinait facilement qu'il était bon vivant. Il affichait sa bonne humeur et c'était très contagieux. Alors qu'il s'enquit de savoir si ses hôtes avaient fait bon voyage, il leur demanda de les suivre, pour leur montrer où ils allaient loger. Sur la route qui menait à la maison, ils rencontrèrent deux enfants, trois chiens et quelques employés, qui vinrent les saluer. Ici, au contraire de la ville, la chaleur humaine était palpable dès le premier croisement de regard. Dean sous-estima la montée qui les séparaient de l'habitation. Il fut le dernier à arriver au sommet, essoufflé. Tellement bien qu'il prit appui sur l'épaule de Charlie et qu'il s'arrêta quelques instants pour reprendre sa respiration, en grimaçant. La douleur de sa blessure se réveillait... comme pour lui rappeler de façon très insidieuse, qu'il n'était pas question qu'il reprenne sa vie d'avant... Travis, lui, n'avait rien remarqué, car il était occupé à parler sur le perron de sa maison, avec deux autres personnes. Quand il se tourna, il lança, amusé :

- Eh bien, déjà fatigués ?

Dean fit un effort considérable pour avancer à nouveau et ne pas afficher sa détresse passagère. Travis était au courant, mais il lui avait menti sur son état. Pour être sûr que son ami ne refuse pas qu'il vienne bricoler, il lui indiqua que tout allait bien, qu'il était presque guéri. Il savait très bien que s'il faisait état de ses difficultés quotidiennes et de ses douleurs, jamais il n'accepterait qu'il joue au con... Seulement, Dean avait un besoin vital de sortir et de s'occuper... pour lui-même déjà, parce qu'il voulait se prouver qu'il n'était pas devenu un bon à rien, et puis pour passer le temps... cette forme d'assignation à résidence, sans moyen de travailler, il n'en pouvait plus. Ils entrèrent dans la demeure, qui dès l'entrée offrit un spectacle des plus agréables. Le mobilier, rustique, contrastait avec les couleurs chaudes du sol et des murs. Des pierres parraient avec beaucoup de style, quelques murs. Travis en profita pour leur présenter sa femme, Benedict, puis il les conduisit à l'étage. Après la montée... les escaliers... Dean laissa Charlie le précéder pour ne pas être ralenti. Sous leurs pieds, le parquet grinçait. Ils parvinrent au bout d'un couloir ou deux portes se trouvaient face à face :

- A gauche, ta chambre, Charlie. Tu auras une vue sublime sur le parcours d'équitation, la meilleure vue du ranch ! Tu as à ta disposition une salle de bains et des toilettes, ainsi qu'un petit coin détente pour te reposer ! A droite, ta chambre, Dean. Bon, elle est un peu moins grande que celle de ton amie, mais priorité aux femmes, tu sais bien ! La salle de bain n'est pas dépendante à la chambre, elle est au bout de ce couloir. Je te conseille d'accrocher un vêtement à la poignée car c'est une salle de bain commune, quand nous voyons ce signal, nous comprenons qu'il y a quelqu'un dedans. Pour vous restaurer, le petit déjeuner est servi jusqu'à 10 heures par Bénédict. Le repas est à 13h, vu qu'il peut faire très chaud, je vous préconise une petite sieste juste après. Le soir, nous mangeons à 19h. Je vous laisse vous installer, je vais aider mon épouse à vous préparer de quoi manger !

Il s'éclipsa laissant Dean et Charlie prendre possession de leurs quartiers.

- Je suis quand même bien curieux de voir ta chambre, du coup ! Tu sais... pour pleurer quand je vais comparer à la mienne !

Il se mit à rire avant de tousser légèrement. Il avait le souffle court mais la douleur ne se faisait plus sentir.

- Tu penses que tu te sentiras bien ici ? Je veux dire, ça te plait ?

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« Wow, l'endroit de rêve, merci pour cette chance ! » Elle se met à rire aux éclats et cela faisait un moment qu'elle n'avait pas autant ri d'une connerie pareille, mais intérieurement cela lui faisait vraiment du bien, pouvoir ressentir cette sensation à travers son corps et pouvoir oublier ses tracas à l'intérieur de sa tête, elle n'allait pas cracher sur un petit moment de bonheur. Charlie tente de reprendre son sérieux face à l'homme qui débarque. Elle se présente avant de les suivre pour faire un petit tour et pouvoir observer les environs, se repérer par la même occasion, car elle n'allait pas faire de l'équitation à chaque heure de la journée et qu'elle irait sûrement se balader à pied pour se vider l'esprit comme elle le fera en cheval. Elle se sort la tête des nuages pour savoir si Dean tout va bien, lorsqu'il prend appui sur son épaule, elle voyait bien qu'il semblait déjà épuisé, alors qu'ils n'avaient fait que monter une colline. Elle était en train de se demander comment il allait faire pour les travaux et que peut-être qu'ils n'auraient pas dû venir ici, peut-être un peu trop tôt pour sa blessure. « Es-tu que ça va ? » Elle demande tout en s'inquiétant pour lui. Au final, ce n'est pas une urgence de remonter à cheval, loin de là, donc, selon elle, c'est inutile de prendre le risque de souffrir pour cela et là, elle n'est pas aveugle lorsqu'elle le regarde. Ils arrivèrent finalement à la maison, salua la femme de Travis avant de monter à l'étage, après les paroles du propriétaire, elle s'empressa de déposer ses affaires dans la chambre qui lui était désignée pour le séjour, laissant la porte ouverte pour Dean. Charlie aura tout le temps d'admirer le paysage un peu plus tard. Un léger sourire, elle se retourne vers lui. « Vas-y, mais évite d'inonder la pièce s'il te plaît ! » Plaisante la brune avant de s'approcher de lui. « Oui, pour l'instant, ça me plaît, mais tu sais, si je veux fuir, je sais comment dompter un cheval pour ça ! » C'est une Texane, il ne faut pas oublier qu'elle a l'habitude de monter sur le dos d'une bête sauvage et non apprivoisée, comme l'était son premier cheval, Spirit et ensuite, ils avaient formé une belle équipe avant la mort de ce dernier, une situation qui l'avait poussé à renoncer aux courses et aux prix. Elle se racle la gorge pour reprendre son sérieux. « Qu'est-ce qu'on fait là ? Tu tiens à peine sur tes deux jambes, cette sortie pouvait attendre, je n'ai pas envie qu'on termine la fin de semaine à l'hôpital parce que monsieur aurait été trop têtu pour prendre des précautions. » Oui, elle lui faisait légèrement la morale, ce n'est pas dans ses habitudes, mais bon, elle n'avait pas envie de faire comme si tout allait bien. Elle s'assoit sur le bord du lit, levant les yeux vers Dean. « On peut encore partir, tu sais. Il n'y a pas de honte à avoir mal. »

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