Une simple erreur ? (Andy)

Mais qu’est-ce qui lui avait pris de faire ça ? Ryan se tenait au volant de la voiture, il venait d’arrêter le moteur juste devant l’appartement de son beau-frère. Il prit une grande respiration. Il venait de finir de travailler, une journée à surveiller l’un des plus gros chantiers de la ville. Il portait encore son t-shirt, ses jeans et ses bottes de travail. Son casque de protection était sur le banc arrière.

Qu’est-ce qui lui avait pris d’embrasser Andy ? Il était hétéro et fiancé. C’était il y a tout juste une semaine. Ils n’étaient plus que tout les deux à la fin d’une soirée, tous les autres étaient parti dormir, incluant Julia. Ils avaient bu, beaucoup, tous les deux. Andy s’était approché de lui au moment de se dire au revoir et… Ryan n’avait pu s’en empêcher, il l’avait fait.

Il devait aller mettre les choses au clair, lui dire que ça ne voulait rien dire, qu’il ne savait ce qu’il lui a pris. Il sortir de la voiture, claqua la portière et se dirigea lentement vers la porte de l’appartement.

C’était pourtant simple. Il devait s’excuser à Andy, lui dire que c’était qu’un accident, une erreur, voir une blague, et qu’il ne ressentait rien pour lui. Dans le meilleur de cas, son beau-frère lui pardonnerait immédiatement et ils n’en parleraient plus. Sinon, Ryan le laisserait digérer le tout en espérant que la prochaine réunion de sa belle-famille se passe bien. Pourtant, quelque chose en lui n’était pas de cet avis, une petite voix derrière la tête qui lui disait que rien n’était aussi simple.

Il frappa à la porte, attendit que son beau-frère ouvre et lança, le plus naturellement possible :

- Bonjour Andy. Ça va ?

Ma journée de travail était terminée. Elle fut ponctuée par la rédaction d'un article, parlant de la visibilité des personnages LGBT+ sur les nouvelles plate-formes de streaming légales. Autant, certains jours, peu de mots arrivent à sortir de mon esprit et se retrouver sur mon document. D'autres par contre, comme aujourd'hui, je suis à la limite de rédiger des articles pour mes collègues. Mais je n'irai pas jusque là. D'une, ils n'apprécieraient pas que je fasse leur travail à leur place. De deux, ils n'ont qu'à se débrouiller.

Après donc une bonne journée, je rentre chez moi et vaque à mes occupations. Je me décide même rapidement sur mon repas du soir et le programme que je regarderai. Comme quoi, je suis inspiré aujourd'hui. Je finis par prendre une douche et me détendre un peu. Mes pensées vagabondent pendant que je me savonne. Elles vagabondent tellement loin que je finis par penser, sans le moindre fil conducteur, à Ryan. Mon futur beau-frère, actuel fiancé de ma sœur Julia. Et surtout, le mec sur qui je craque depuis quelques années et que j'ai embrassé la semaine dernière.

Sans m'en rendre, mes doigts deviennent plus sensuels sur mon corps et je finis par me caresser, en pensant au beau brun, à notre baiser et au goût de ses lèvres sur d'autres parties de mon anatomie. Heureusement pour ma décence, je finis par me calmer et reprendre mes esprits. Pour mon érection par contre, c'est un peu plus compliqué de redescendre. Je sors de la douche et commence à m'essuyer. J'entends alors quelqu'un sonner à la porte.

« J'arrive ! » criais-je à travers le couloir.

Juste le temps d'enfiler un peignoir. J'ouvre et, comme par hasard, vois Ryan. Qu'est-ce qu'il vient faire là ? Je le laisse entrer. Je suis sûr qu'on n'avait pas rendez-vous pour le mariage, ma sœur adorant nous coller ensemble pour certains préparatifs.

« Oui, ça va. Et toi ? T'es entré comment dans l'immeuble ? »

Car il n'a pas sonné à l'interphone, je suis persuadé. Il m'explique que quelqu'un sortait quand il arrivait.

« Attends, j'enfile quelque chose. »

Rester en peignoir, sans rien en dessous, devant mon crush, c'est plutôt moyen. Heureusement que mon érection de toute à l'heure n'est plus. Je me dirige vers ma chambre et laisse la porte ouverte, pour qu'on puisse continuer de parler.

Ryan sonna à la porte de l’appartement de son beau-frère. Une voix s’éleva lui signifiant que le locataire ne tarderait pas à ouvrir. En attendant que la porte s’ouvre, il se remémora le plan, l’important est de s’assurer qu’Andy ne fasse pas de fausse d’idée sur lui, que ça n’affecte pas leur relation et, surtout, qu’il n’en parle à personne. Voilà qui lui paraissait simple dans les faits, mas étrangement difficile à mettre en pratique. Tant qu’il ne surprenait pas Andy sous la douche, pensa Ryan, ça en serait fort malaisant…

Et c’est exactement ce qui se produisit…. Andy ouvrit la porte, les cheveux encore humides et vêtu d’un peignoir. Ryan ne pouvait malheureusement plus reculer, bien que l’idée de fuir était bien présente dans son esprit. Toute cette situation le gênait profondément et ce n’était pas dans ses habitudes de l’être. Néanmoins, il ne laissa rien paraitre et salua tout naturellement son beau-frère.

- Ça va, toujours la routine et la préparation du mariage qui s’en vient…

Ryan ferma la porte et retira ses souliers à l’entrée. Il fit quelques pas dans le salon et resta debout pendant qu’Andy préféra aller enfiler quelque chose de plus approprié.  Heureusement pour lui qui ne s’imaginait pas avait ce genre de discussion avec son beau-frère habillé de cette manière. Mais pourquoi Andy laissait-il la porte de sa chambre ouverte de cette manière ? Ryan avait presque l’impression qu’en étirant à peine le cou, il pourrait le voir se changer. Il n’avait jamais eu de problème avec la nudité, se changeant régulièrement dans des vestiaires de sport, mais, sans savoir pourquoi, cette fois, ça le troublait. Peut-être que, au final ce qui le troublait le plus, c’était cette petite voix dans sa tête qui revenait pour lui suggérer de satisfaire sa curiosité et de regarder. Ryan l’ignora et fit exprès de détourner le regard, regardant par la fenêtre. Si Andy voulait continuer la conversation autant y aller maintenant.

- Alors bien remis de la soirée de la semaine dernière ?

Finalement, son approche n’était peut-être pas aussi subtile qu’il l’avait imaginé au départ, son beau-frère devinerait probablement sans mal à quoi il voulait arriver… mais trop tard pour rattraper ses mots.

Je ne relève pas la réponse de Ryan, sur la préparation du mariage. En temps normal, je lui aurais demandé poliment si ça avance bien. Ou je lui aurais dit que Julia m'a un peu parlé rapidement de certains points. Des phrases bateaux, dont le but est avant tout d'entretenir la conversation. Mais ce soir, je n'en ai pas envie. Pas depuis que nous nous sommes embrassés et que l'attirance que j'éprouve pour cet homme a du mal à s'endormir, comme avant.

Je suis dans ma chambre, la porte ouverte, donnant sur le salon. Mon appartement n'est pas grand. On peut donc me voir de là où est Ryan, qui tourne la tête et regarde ailleurs. J'avais fait exprès, je voulais être vu. Je retire mon peignoir et le laisse tomber sur le sol. Pendant quelques secondes, j'imagine que c'est le beau brun qui me l'a retiré. J'enfile un pantalon que j'utilise pour dormir et l'enfile, sans sous-vêtement en dessous. Je prends ensuite un tee-shirt.

« Oui, ça été. Je crois que je devais être à la fac, la dernière fois que j'ai autant bu » répondis-je en souriant.

Mais au moins, avoir autant bu m'a permis d'embrasser Ryan. Je reviens dans le salon. Je suis toujours torse nu, le tee-shirt dans ma main. Je l'admets, je veux chauffer mon futur beau-frère. C'est dégueulasse ce que je fais, mais je ne peux pas m'en empêcher. Et si j'avais ma chance ? N'aurais-je pas droit à être heureux ? Ce mec m'obsède depuis des années. J'ai enfermé cette attirance, par respect pour ma sœur. Mais j'en ai assez d'être égoïste.

« Je suppose que tu veux me parler de notre baiser ? Inutile de tourner autour du pot. »

Ryan soupira intérieurement, pourquoi Andy avait-il besoin de faire ce numéro pour se changer. Son beau-frère ne pouvait pas faire l’adulte pour une fois. Si son but était de tester Ryan à la suite de son baiser, il devait arrêter de sa faire des fausses idées. L’ingénieur n’était tout simplement pas intéressé par les hommes et il était fiancé, après tout…. Quoiqu’il ne pût s’empêcher de lui jeter un regard du coin l’œil. Il vit rapidement le peignoir par terre et Andy nu de dos en train de prendre un pantalon. Ce mec avait une silhouette et un cul parfait, pas surprenant qu’il attire autant les regards, pensa Ryan… qui détourna immédiatement les yeux sans que son beau-frère ne le surprenne, troublé d’avoir eu une pensée pareille.

- Ouais, je me souviens même plus à combien de verre j’étais rendu…

Andy revient dans le salon, au moins cette fois il portait un pantalon, mais il avait gardé son t-shirt dans une main comme pour montrer à Ryan son torse musclé et terriblement bien découpé. Ce dernier ne releva même pas la provocation, ça n’en valait pas la peine. Andy aborda directement le sujet de leur rencontre, heureusement pour Ryan qui avait hâte que tout ça soir derrière eux.

- Oui, par rapport à ça. Je voulais que tu comprennes bien que ça ne voulait rien dire. Je ne sais pourquoi j’ai fait ça, juste une blague peut-être. Et je ne veux pas que tu te fasses d’idée sur de possibles sentiment que je pourrai avoir pour toi.

Ryan trouva s’en être sortit pas trop mal, ce n’était pas exactement comment il avait prévu faire les choses, mais c’était plutôt clair et Andy devrait bien comprendre. Alors pourquoi avait-il encore cette impression derrière la tête que tout sonnait faux…

Les paroles de Ryan tombèrent. Bien évidemment, je m'étais préparé à les recevoir. C'est même dans la logique des choses. Cet homme est fiancé avec ma sœur. Ils sont en train de préparer leur mariage et, si tout va bien, auront un enfant d'ici 2 ans peut-être. Le baiser que nous avons échangé, aussi torride qu'il soit, ne signifie en effet rien. Mon futur beau-frère ne va pas chambouler toute sa vie pour moi. Puis, n'oublions pas le fait le plus important : il est hétérosexuel.

« Je me doute bien que ça ne voulait rien dire. »

Je m'éloigne de Ryan. J'enfile ensuite mon tee-shirt. Puis, je viens poser mon bassin contre l'accoudoir de mon sofa, les bras croisés. Je le regarde et ne peux m'empêcher de ressentir de l'énervement. Je suis énervé après le beau brun (même plus envie de dire beau). Il m'embrasse lors d'une soirée, j'ai bien senti son érection d'ailleurs, et me rejette ensuite. Je suis énervé contre Julia, qui n'a jamais eu de difficultés pour obtenir ce qu'elle voulait. Et moi qui rêve un peu, qui imagine juste pour me faire un peu de bien au cœur …

« Rassure-toi, je ne vais pas me morfondre d'amour pour toi Ryan. Évite de me lancer le cliché de l'homosexuel qui s'entiche de l'hétéro, je veux mieux que ça. »

Mon ton est froid et sarcastique.

« Il ne s'est rien passé entre nous. C'est tout ce que tu avais à me dire ? » demandais-je en me levant.

Mon invité sait où se trouve la porte, s'il veut partir et retourner à sa petite vie tranquille. Je ne veux surtout pas le retenir. On risque de croire que je vais le séduire. Même si c'est un peu ce que je voulais en me mettant nu, puis torse nu, devant lui toute à l'heure.