→ Madeleine Baker ┅ I missed your madness, you're kinda ratchet

1. Madeleine est fille unique, ses parents ont attendu presque cinq ans pour connaître le bonheur grâce au parcours de procréation médicalement assistée. 2. Plus jeune, sa mère l’amenait à des castings publicitaires pour lui permettre d’amasser un peu d’argent. Madeleine continue encore à le faire de temps à autre pour arrondir ses fins de mois, c’est ce qui lui a permis de payer ses études d’aide-soignante. 3. Après avoir échoué à son concours d’entrée à l’école d’infirmière, elle s’est résignée à passer par la petite porte en devenant aide-soignante. Toutefois, son statut la frustre et recherche le respect de ses pairs. Toute petite, elle n’a cessé de clamer qu’elle serait sage-femme. 4. La jeune femme a toujours une fascination pour le corps humain et adore regarder des documentaires sur l’univers médical et sur le système de la santé. 5. Passionnée de photographie, la brunette en a fait une passion. Lors de ses temps libres, elle aime se promener dans les parcs et photographier la nature ou encore des inconnus ignorants même qu’elle leur avait volé un instant de leur vie. 6. Secrète et réservée, Madeleine n’aime pas vraiment parler d’elle, préférant offrir sa confiance aux personnes de son entourage. Elle s’est créée une carapace suite au harcèlement qu’elle a subi plus jeune à l’école. 7. Lorsque la demoiselle est malade, elle se réfugie sur son canapé sous trois plaids et regarde la série animée Bob l’éponge accompagnée de son chat, un munchkin, appelé Roméo. 8. Madeleine n’a pas eu beaucoup de relations amoureuses, préférant choisir avec attention son partenaire. 9. Quand elle ne se promène pas, elle aime se retrouver avec ses amies dans des bars et faire la fête. Enfin, c’était avant de se mettre un nouvel objectif, réussir enfin son entrée à l’école d’infirmière. 10. Depuis quelques temps, elle s’est mise au yoga vinyasa ce qui lui a permis de gagner en souplesse et surtout à la maintenir en forme. Elle le pratique seule dans son salon en suivant le cours en ligne. 11. Madeleine est devenue végétarienne depuis deux ans, elle ne fréquente que les restaurants, magasins de mode et alimentaires respectant ses valeurs. 12. Son péché mignon est de prendre l’apéro après une longue semaine de travail avec un verre de vin blanc au miel ou une bière blanche à la fleur de sureau et du faux gras sur du pain complet. 13. Elle est secrètement fan de de Britney Spears. 14. Elle fait des dons à des associations et se montre sensible à la cause  animale. Madeleine a conscience également que la planète se porte mal et milite pour une meilleure politique en faveur de l’écologie. 15. En débutant à l’hôpital, la jeune femme s’est imaginée vivre la vie de Meredith Grey et a fantasmé sur l’un des médecins du service pédiatrie. 16. Comme toute personne, elle a également ses défauts, en effet la jeune Baker a tendance à être trop exigeante, perfectionniste, râleuse, rancunière et boudeuse quand elle n’obtient pas ce qu’elle désire.

Les sirènes hurlaient dans les rues, le bruit des moteurs résonnaient, les pneus crissaient à chaque virage. Les pompiers se fichaient des limitations de vitesse quand des vies étaient en jeu. Le camion déboula à l’entrée du parc hospitalier et se dirigea à toute allure vers l’entrée des urgences. Là, il freina et les deux portes arrières s’ouvrirent puis deux pompiers descendirent ainsi qu'un brancard où s’y tenait prostrée une personne inanimée tachée de sang. Son propre sang. Quelques infirmiers arrivèrent à leur rencontre puis ce fut un flot de paroles braillées à tout-va. Les cœurs battaient à tout rompre, les souffles se faisaient plus saccadés. Face à l’urgence, il n’était pas rare d’y lire une certaine excitation provenant du personnel soignant. De l’action, des responsabilités, une vie. Le silence se fit à la fermeture des portes automatiques. Le spectacle continuait à huis-clos.

« Madeleine ?  Bouge-toi ! Les douches ne vont pas se faire toutes seules. Prends la chambre 210. » Tonna une voix claire et directive de l’autre bout du couloir. L’observatrice se retourna et croisa son regard dans celui de l’infirmière en charge du couloir. Elle hocha de la tête sans répondre puis s’avança vers la chambre nommée. Elle avait tout regardé profitant qu'elle fût perchée au deuxième étage. Curieuse du travail des infirmières mais également envieuse. Un jour, ça sera son tour. En attendant, la voilà qui frappa à la porte puis entra dans la pièce blanche, froide et impersonnelle. Son attention se porta sur la vieille femme qui l’observa à son tour. « Bonjour, je m’appelle Madeleine, je suis l’aide-soignante du service et aujourd’hui, je vais m’occuper de vous avant l’intervention. » Sans attendre de réponse particulière, la jeune femme lui adressa un sourire poli puis se dirigea vers le lit pour découvrir l’identité de la patiente.

« Alors Mme Benett, je vais vous redemander votre date de naissance puis je vais vous poser quelques questions essentielles pour m’assurer que les éléments du dossier sont exacts. » Dit-elle d’une voix douce et calme.  « Je suis née le 04 mai 1942 à Auckland. » La voix est tremblotante, craintive. Madeleine poursuivit son questionnaire. « Etes-vous à jeun ? » « Oui. » «Avez-vous pris des médicaments ? Avez-vous un traitement ? » « Mon traitement pour la tension, j’ai noté sur ma fiche, regardez. » L’aide-soignante stoppa ses questions puis vérifia les données avant d'acquiesçer de la tête approuvant les dires de la patiente. « Très bien. Vous venez pour quelle opération ? » « Ma hanche… » « Vous vous êtes douchée ? » « Ah non mademoiselle… Je ne savais pas… » « N’ayez crainte. Nous allons le faire ensemble. » Pour l’apaiser, elle posa sa main sur l’épaule et lui adressa un sourire sympathique.

Voilà son quotidien, assister les patients, les préparer au mieux pour l’opération. Sourire, nettoyer, encourager et rassurer. Doucement, elle s’approcha de Mme Benett puis l’aida à se redresser pour se mettre sur le côté. « Je vous laisse vous déshabiller le haut, et en attendant je vais allumer la petite salle de bain puis faire couler l’eau pour qu’elle soit à la bonne température. Voulez-vous un siège pour vous asseoir sous la douche ? » Demanda-t-elle.  « Oui mais je ne veux pas que vous me voyez nue. » Répondit fièrement Mme Benett qui fronça des sourcils agacée et inquiète. « Je vous comprends. Je sais que ce n’est pas un moment facile pour vous. Mais je dois m’assurer que vous allez vous nettoyer correctement avec la Bétadine. Sauf si vous vous sentez capable de tout faire sans que ma présence ne soit nécessaire. » La pauvre femme secoua la tête de gauche à droite penaude.

C’était un moment gênant pour tout le monde, patients comme aides-soignants mais un passage obligé. Toutefois, à force de voir des corps nus, elle ne se laissait plus distraire ou même impressionnée. C’était devenu un rituel. Elle était parvenue à déshumaniser cet instant. Pas par choix mais par nécessité. La brunette n’avait pas beaucoup de temps à accorder à Mme Benett. Quand la douche fut terminée la patiente ,séchée et habillée d’une simple blouse,  retourna dans son lit. C’était ici que s’achevait son travail. Un nouveau sourire et la porte se referma derrière elle, laissant place aux infirmières et aux brancardiers pour la suite du protocole.

Il y avait encore deux patients qui attendaient leurs tours. Sans plus attendre la voilà qui se dirigeait d’un pas rapide vers les chambres.L'ingénue répéta les mêmes phrases, reproduisit les mêmes gestes, les mêmes sourires. Pas le temps de discuter. Pas le temps de regarder les photos sur les portables des patients. Après c’était le tour des chambres à nettoyer quand les patients s’en allaient. Elle se sentait réduite à métier de femme de ménage. Non pas que ce fut un sous métier bien au contraire mais Madeleine se sentait frustrée et ne pouvait s’empêcher de penser que ce n’était pas sa place.

Lors des pauses repas, quand elle en avait le temps, elle se rendait à la cafétéria  et observait les infirmiers et médecins. Souvent, la jeune femme avait la sensation de suivre la série « Grey’s anatomy » en direct. C’était amusant de laisser ses oreilles trainer et entendre les derniers ragots. Qui couchait avec qui ? Qui avait pris une dernière cuite ? Qui faisait la tête à qui ? C’était un ballet incessant. Mais les aides-soignantes, elles, qui prêtaient attentions à elles ? Elles avaient leur cercle et leurs histoires. Personne ne la regardait à cet instant, elle n’était une ombre silencieuse cachant ses propres secrets.