learn to cook, stay alive (thad)

learn to cook, stay alive
crédit/ tumblr ✶ w/thad

Depuis que Jody n’est plus en ville, les soirées de Roman sont longues. Enfin, une fois que les enfants sont couchés. Car avant ça, le jeune homme n’a pas une seconde pour lui. S’en suit la vaisselle du dernier repas et le rangement des jouets sortis par Roméo. Le pompier a de la chance, sa fille est encore trop jeune pour se joindre à son frère, sinon, la maison serait sans dessus-dessous. Épuisé de cela et de sa journée de travail, Roman finit par  s’affaler dans le canapé. Il sort son téléphone de sa poche et envoie un message mignon à sa petite amie. Elle lui manque, tout simplement. Il lance ensuite un film, histoire de terminer la soirée tranquillement. Mais celui-ci ne le passionne pas du tout et très vite, il lâche. Le pompier reprend donc son téléphone et commence à naviguer entre ses réseaux sociaux. Instagram, Twitter et ça repart pour un tour. Rien de bien passionnant jusqu’à ce qu’il tombe sur une annonce qui l’intrigue. Une annonce pour stage de cuisine. Pour être honnête, avant de la voir, il n’y aurait jamais pensé. Mais là, il se dit pourquoi pas. Depuis plusieurs semaines, il essaye de faire des efforts, de cuisiner pour ses enfants et éviter ainsi les repas tout prêts. Cependant, son livre de recettes n’est pas très épais et doucement, il commence à tourner en rond. Alors sans réfléchir plus longtemps, Roman rentre ses coordonnées dans le formulaire et s’inscrit.

Presque deux semaines se sont écoulées depuis son inscription. Il avait presque oublié d'ailleurs, mais un e-mail ce matin lui a rappelé. En urgence, il a appelé sa mère pour savoir si elle était disponible afin de garder Roméo et Louise. Heureusement pour lui, la réponse a été positive, sinon, il ne sait pas comment il aurait pu faire. C'est quand même un avantage que le pompier ait renoué avec ses parents, ça lui offre une solution de garde, mais le plus important reste tout de même le fait que ses enfants vont pouvoir grandir entourés de leurs grands-parents. En sortant du boulot, Roman passe par l'école, puis par la crèche, avant de finalement rentrer. Même s'il va récupérer ses enfants ce soir, après l'atelier, il y a un minimum de préparation, alors ça risque d'être la course. Les sacs prêts, sa douche prise. En moins d'une heure, le pompier s'en sort bien. Il dépose Roméo et Louise dans la maison où il a grandi et il prend ensuite la direction du centre-ville. Il regarde rapidement sa montre, il n'est pas en retard, c'est déjà bien. Il n'est pas en retard, mais il n'est pas non plus le premier. D'autres participants sont déjà arrivés et ils ont enfilé un tablier. Alors le jeune homme en fait autant. Autant être prêt pour le début du cours. Sur une liste, il trouve son nom et le numéro de son poste de travail. Le binôme qu'on lui a attribué n'est pas encore là, alors il en profite pour regarder ce qui se trouve face à lui. Des ustensiles, beaucoup d'ustensiles, beaucoup trop. Il ne les connaît même pas tous. Ce cours promet. Rapidement, quelqu'un vient le rejoindre et quand il tourne la tête, il se rend compte qu'il connaît la personne. « Oh. Salut. » C'est Thad, le chirurgien qui s'est occupé de son opération, mais aussi le frère de Jody. « Nous sommes ensemble pour l'atelier ? » Il préfère demander. Même s'il n'a rien contre lui, Roman n'a jamais rencontré Thad en tant que beau-frère et il ne sait pas ce que ça va donner.

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Sa garde se termine, il prend la direction du vestiaire lentement. Croise quelques infirmières qui lui rappellent de ne pas oublier la soirée de pot de départ du lendemain de soir (il risque pas vu qu’ils le lui rappellent tous les uns après les autres), d’autres qui lui demandent de penser à filmer son cours de cuisine et Thad, il perd quelques couleurs. Se fige au milieu du couloir des urgences – parce qu’il a complètement oublié le cours de cuisine auquel l’a inscrit sa mère (enfin, elle les a inscrits tous les deux, parce qu’elle a discuté avec Gabriel et qu’ils se sont, à priori, mis d’accord sur le fait qu’il bosse trop et que la cuisine a toujours été leur truc à tous les deux). Il se passe une main sur le visage, reprend la route direction les vestiaires pour y troquer sa blouse et retrouver ses vêtements de ville, essaie de se convaincre que ça lui permettra de passer un peu de temps avec la mère Jenkins. Reconnaît qu’il n’a pas cuisiné depuis trop longtemps, lui qui, pourtant, adore passer derrière les fourneaux, parce que sa flemme est plus grande ces derniers temps – retrouver les bons gestes et les meilleurs mélanges pour assaisonner ne peut pas lui faire du mal. S’il se souvient bien de l’heure, il doit avoir le temps de faire un saut chez lui pour prendre une vraie douche et se changer complètement avant de s’y rendre – se souvient que sa mère est censée le retrouver directement sur place. En route pour le parking il lui envoie un texto, pense être en retard (non pas que ce soit très surprenant comme dirait le reste de la fratrie Jenkins).

Il récupère son téléphone à l’instant où il s’apprête à quitter l’appartement – y découvre deux appels en absence de sa mère et un message de sa part. Un réflexe de chirurgien ou juste son naturel inquiet qui ressort mais il envisage le pire pendant une seconde, ne craint qu’il ne soit arrivé quelque chose au père, hésite entre rappeler mais choisit plutôt de d’abord lire le texto. Ses épaules s’affaissent légèrement, l’inquiétude s’éloigne. La matriarche s’excuse, elle ne pourra pas venir au cours de cuisine – sa hanche la fait souffrir, son médecin lui déconseille de prendre appui sur celle-ci (conseil qu’il s’empresse de confirmer parce qu’il ne peut pas s’en empêcher). Pendant un instant, il envisage d’annuler sa venue parce que si l’instant mère-fils doit se faire sans la partie mère alors il n’y a plus grand intérêt mais il peut déjà entendre les reproches qu’elle lui ferait s’il ne revient pas avec la recette (et il est certain qu’elle arrivera à se renseigner sur la recette qui va être expliquée). Un soupire lui échappe et il quitte l’appartement pour aller rejoindre l’adresse qui lui a été donnée, la motivation ne l’ayant pas encore totalement quitté.
Parvenu devant l’enseigne, il entre, s’aperçoit que bon nombre de participants semblent déjà arrivés – il a même l’impression d’être le dernier, pour ne pas changer – et après avoir donné son nom et excuser l’absence de sa mère (pour que l’organisateur lui apprenne qu’elle avait déjà appelé pour prévenir et Thad se demande si ce n’est pas un coup monté), on lui donne son nouveau numéro. Il relève les yeux, repère son plan de travail où le binôme se trouve déjà et il marque une hésitation. Croit reconnaître les traits d’un ancien patient et plus il avance et plus le visage lui est familier. Jusqu’à ce qu’il se souvienne. Roman. As in the Roman. Le mec de Jody, sa petite cadette – celui qui est déjà père de deux enfants, qui doit avoir pas loin de dix ans de plus qu’elle. Il inspire, prend place aux côtés du jeune homme qui ne met pas longtemps avant de le remarquer et Thad, il ne parvient pas à empêcher un fin sourire de s’esquisser sur ses lèvres au regard qui lui est lancé. Sans doute que Roman aussi a fait la connexion avec Jody. « Salut, et oui, il semblerait. Mon binôme m’a fait faux bond à la dernière minute et il semblerait que le tien aussi du coup ils ont réagencé. » Pas que ça change beaucoup – le chirurgien, il sait que si sa mère avait su que le petit ami de Jody était présent, elle aurait du binôme un trinôme pour en apprendre plus sur lui. « J’ai cru apprendre que la rééducation s’était bien passée ? » Il s’efforce de prendre un ton neutre, d’avoir l’air totalement tranquille et pas inquisiteur (ne doute pas que Jody ne le lui reproche si Roman lui raconte cette rencontre improbable).

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Ce cours était l'occasion pour le jeune homme de découvrir de nouvelles choses et aussi de s'occuper. Malgré ses deux enfants, qui le tiennent bien occupé quand il n'est pas au travail, ses soirées sont plutôt calmes depuis que Jody est partie. C'est dingue, mais la jeune femme a réussi à se faire une place aux côtés du pompiers et pourtant, depuis Odessa, il ne pensait pas que ce serait possible. Il faut dire que la brune était sa première petite amie et qu'il en était amoureux. Pourtant, elle n'a pas hésité une seule seconde pour partir à l'autre bout du monde sans lui en parler, emportant avec elle le secret de sa grossesse. Un tel geste a enlevé toutes croyances en l'amour de Roman. Et pourtant.. après plusieurs années, une kinésithérapeute a croisé son chemin. Une étudiante en kinésithérapeute pour être précis. Ce qui en dit déjà long sur la différence d'âge. Mais cela n'a pas empêché un certain rapprochement, peut-être parce que malgré son début de vingtaine, Jody est très mature. Et à croire que ces derniers temps, tout voulait faire en sorte que le pompier ne pense qu'à sa petite-amie, la preuve en était avec le binôme qui lui avait été assigné à ce cours de cuisine. « Salut, et oui, il semblerait. Mon binôme m'a fait faux bond à la dernière minute et il semblerait que le tien aussi du coup ils ont réagencé. » Un coup du destin, très certainement. Mais Roman n'arrive pas encore à savoir si c'est une bonne chose ou non. Avant son opération, le jeune homme ne connaissait ni Thad, ni Jody et voilà qu'en quelques mois, les deux hommes étaient passés d'inconnus à beaux-frères. « J'ai cru apprendre que la rééducation s'était bien passée ? » Naturellement, Roman hoche la tête comme première réponse. Au fond de lui, il est comme soulagé. Soulagé que cette discussion s'oriente d'abord vers ce qui les a liés dans un premier temps. Il avait peur que ça parte trop vite sur le sujet de la blonde. « Ça se passe bien, en effet. » Désormais, ses séances se font plus rares et surtout, elles ne se font plus avec Jody, mais il doit tout de même retourner au centre, notamment pour se remuscler correctement avant de pouvoir retourner affronter un feu. « Je fais ce qu'on me dit, même si parfois, j'aimerais que cela aille un peu plus vite. » Le jeune homme n'a jamais été connu pour sa patience, surtout que cet accident et cette rééducation l'empêche de faire ce qu'il aime. « J'ai pu reprendre le travail, à l'accueil. Je ne voudrais pas précipiter les choses et gâcher le travail que tu as fait. » Avant d'être le frère de Jody, de sa petite amie, Thad est avant tout le chirurgien de Roman, celui qui lui a permis d'être de nouveau sur pied. « Tu as certaines bases de cuisine ou tu es ici pour la même raison que moi, pour apprendre ? » Apprendre pour ses enfants, voilà ce qui l'avait poussé à s'inscrire. Ça ne tiendrait qu'à lui, il pourrait bien continuer à manger n'importe quoi. Mais il n'était plus seul et ça comptait pour lui. Et puis, cette question permettait de continuer la conversation, sur un sujet qui allait les toucher dans quelques minutes. Cela allait aussi aider Roman à savoir s'il allait être le boulet du binôme ou non.

Ironie ou coup du sort, Thad ne sait pas bien comment qualifier l’étrange coïncidence qui le fait être binôme de celui qui semble avoir conquis le cœur de sa petite sœur, tout comme il ne sait pas bien ce qu’il ressent à cette perspective – partagé entre l’envie d’en profiter pour endosser le rôle du big bro, regard intimidant, leçon moralisatrice et menace sous-jacente et celle de se montrer plus cool, de mettre de côté ses doutes quant à la différence d’âge, quant au fait que Roman soit déjà père de deux enfants alors que Jody sort tout juste des études et qu’il n’arrive pas à la voir autrement que comme une enfant. Il est encore entre les deux alors qu’il rejoint la table, conscient qu’il y a toutes les raisons du monde pour que sa frangine ait vent de cette rencontre (après tout, elle est peut-être à l’autre bout du pays actuellement mais il ne doute pas que le couple doit s’appeler régulièrement) et qu’elle lui fasse remarquer s’il se montre d’ores et déjà un peu trop envahissant. Il opte finalement pour lui donner du leste, au moins dans un premier temps et endosse le rôle du médecin qui s’enquiert de l’état de son patient. Il remarque la posture de Roman, se retient d’esquisser un sourire qui se voudrait indulgent pour prêter une oreille attentive à sa réponse, la tête hochée lentement, les lèvres pincées. « Tout le monde voudrait que la guérison aille plus vite, hélas, le corps a besoin de repos et de temps pour ne pas lâcher et que les dégâts soient encore plus terribles. » Il ne compte plus le nombre de patients à qui il a dû resserrer la bride pour leur impulsivité, leur sur-confiance en leurs capacités qui les ont ramenés dans son bureau et, parfois même, sur sa table d’opération. Il comprend que ce ne soit pas facile mais aurait imaginé que le sens commun les ferait choisir leur santé plutôt que leurs envies. Le sourire finit par se frayer un chemin sur ses lèvres. « C’est gentil, j’aimerai bien que tous mes patients soient aussi regardant avec mon travail que toi. Tu arrives à rester plusieurs heures debout ? » Il fronce les sourcils, imagine qu’un travail à l’accueil signifie sans doute rester assis une partie de la journée – or il ne voit pas de chaise ici pour le cours de cuisine qui semble prêt à débuter d’un instant à l’autre. Il lance un regard dans la salle, repère quelques tabourets de bar un peu plus loin qui pourraient sans doute faire l’affaire en cas de besoin. « Je me débrouille, » il hausse les épaules avant de jeter un regard vers Roman. « Ma mère adore passer derrière les fourneaux et elle tenait à passer ses recettes à l’un de ses enfants et à priori, c’est tombé sur moi. » Même s’il sait que Jody a aussi eu droit à quelques cours avec la mère Jenkins – mais il ne préfère pas encore le préciser, sans doute que Roman le sait déjà, de toute façon. « Tu ne cuisines pas pour tes enfants ? » Il ne cache pas sa surprise, s’aperçoit peut-être un peu tard que la question pourrait passer pour ce qu’elle n’est pas – pleine de jugement, lourde de reproche. « Je ne juge pas, promis, j’ai beau savoir cuisiner, je passe mon temps à commander sur uber eat. » Mais il est le seul dans l’équation – pas d’enfant, pas de petite amie, juste lui et son estomac, ce qui suffit amplement à le laisser s’enfoncer dans sa flemmardise aiguë. « Rassure-moi quand même, tu sais au moins faire cuire des pâtes ? » Faussement paniqué, l’idée de devoir aider Roman dans ce cours ne le dérange pas spécialement même s’il ne cachera pas préférer qu’il sache quand même quand bases. Ce dont il va, de toute façon, vite se rendre compte, tous les participants étant maintenant arrivés et les organisateurs annonçant le début du cours.

hj:

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Ce cours prend une tournure assez étrange lorsque le binôme de Roman s’avère être Thad. Il n’avait jamais cherché à le fuir, mais depuis le début de sa relation avec Jody, ils ne s’étaient jamais recroisés et ça pouvait annoncer plusieurs choses, plusieurs surprises que seule la suite pourra préduire. « Tout le monde voudrait que la guérison aille plus vite, hélas, le corps a besoin de repos et de temps pour ne pas lâcher et que les dégâts soient encore plus terribles. » Ce sont des choses que le pompier comprend. Même si bien souvent il s’occupe d’incendies et d’accident, le jeune homme a eu une formation aux premiers secours. C’était même un peu plus poussé que cela puisque si besoin, il a les compétences pour accompagner les paramédics dans l’ambulance. Roman sait que ce ne serait pas facile et que ce serait long, alors il a pris son mal en patience pour ne pas faire empirer les choses. « C’est gentil, j’aimerai bien que tous mes patients soient aussi regardant avec mon travail que toi. Tu arrives à rester plusieurs heures debout ? » Il y a quelques mois, cela aurait été compliqué, mais depuis, le jeune homme a fait des progrès, grâce à ses séances de kinésithérapie, mais aussi grâce au sport qu’il a pu reprendre. Rien de bien fou, mais de quoi pouvoir remuscler sa jambe. « Ça va aller, ne t’en fais pas. Et puis au pire, j’ai un médecin avec moi. » Ce n’est clairement pas le scénario rêvé et il y a peu de chances pour qu’ils en arrivent là. « Je me débrouille. » Une information qui le rassure, en quelques sortes, ça lui évitera de faire son métier ici en cas de problème. Et puis, peut-être que les connaissances de Thad pourront permettre à Roman de s’améliorer un peu plus, sans avoir à demander à celui qui dirige ce cours. « Tu ne cuisines pas pour tes enfants ? » Leur arrivée dans la vie de Roman a été un peu surprenante, pour Roméo surtout et à l’époque, il avait sa mère. Elle était sûrement bien plus douée que lui pour faire à manger. La cuisine n'a jamais fait partie de ce qui lui était nécessaire d'apprendre, il faisait avec ce qu'il savait et ça lui allait très bien ainsi. « Je ne juge pas, promis, j'ai beau savoir cuisiner, je passe mon temps à commander sur uber eat. » Ça lui ressemble aussi. Ça lui arrive encore aujourd'hui, mais pour la croissance de ses enfants, il veut faire des progrès. Surtout pour Louise, la petite fille a commencé la diversification alimentaire depuis plusieurs semaines, il veut pouvoir lui proposer ce qu'il y a de meilleur. « Rien de bien fou. C'est pour cela que je suis ici. » Ce n'est peut-être pas la réponse idéale, surtout venant d'un père de famille. Pourtant, il fait ce qu'il peut. Depuis qu'il est seul, il fait de son mieux pour que ses enfants ne manquent de rien. « Rassure-moi quand même, tu sais au moins faire cuire des pâtes ? » « Oui, oui. Ne t'en fais pas. » S'empresse-t-il de répondre. C'est quand même le frère de Jody qui se trouve face à lui, il ne veut pas faire mauvaise impression. Qu'est-ce qu'il se passera s'il commence à se dire que Roman est un mauvais père ? « Je sais faire certaines choses, mais j'ai bien souvent l'impression de tourner en rond et c'est justement pour mes enfants que je souhaite en apprendre plus. » Il y a des aliments qui l'effraient un peu, des choses qu'il n'ose pas toucher de peur d'en faire n'importe quoi. Cuisiner pour ses enfants, oui, les empoisonner, non. L'un des commis du cuisinier passe parmi les différentes tables afin de distribuer les recettes. Pour le duo de beaux-frères, ce sera une verrine de mousse de saumon fumé aux pousses d'épinard. Que des aliments que le pompier connaît, c'est déjà ça. Il prend le papier entre ses mains et commence à lire ce qu'il va falloir faire. Couper le poisson en dés, voilà une tâche qu'il peut parfaitement faire. « Il faut émincer les pousses d'épinards, tu t'en occupes ? » C'est un travail d'équipe, il faut bien se partager les tâches.

@roman hellington

La conversation se fait plus naturellement qu’il ne l’aurait imaginé et, Thad, il ne sait pas réellement si c’est quelque chose qui le rassure ou si ça devrait l’inquiéter – sans doute un peu des deux et c’est ce qu’il décide. Son caractère sur-protecteur voudrait que Roman ait l’air au moins un peu plus intimidé par le concours de circonstances, par le fait qu’ils soient réduits à faire un binôme ensemble mais l’envie de le juger maintenant, alors qu’il a croisé Roman sur sa table d’opération et qu’il l’avait déjà trouvé sympathique lui paraît un peu futile – ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il apprécie qu’il soit le mec de sa frangine, perturbé par la différence d’âge et la présence de deux enfants dans une partie de l’équation pour totalement plaisanter avec le pompier aujourd’hui. Le regard baissé jusqu’aux jambes de ce dernier comme pour essayer d’évaluer, l’inquiétude de le savoir debout pendant des heures que le cours promet de durer, Roman est prompt à apaiser ses craintes, ne serait-ce que brièvement. « C’est vrai, mais je peux pas promettre de pouvoir prendre ta tension avec une minuterie de four ou de faire un aussi joli travail avec un couteau de cuisine. » Un sourire vient toutefois étirer le coin de ses lèvres, détendre l’atmosphère même s’il est à peu près certain qu’il peut compter sur le bon sens du pompier pour ne pas s’être lancé dans une telle activité si son muscle est encore trop fragile. La conversation détournée, les interrogations se succédant dans l’esprit du chirurgien, un sourcil ou bien les deux peut-être de froncés, il s’efforce de ne pas avoir l’air de critiquer (du moins, pas sévèrement), préfère préciser pour éviter tout malentendu et risquer une discussion désagréable avec Jody (il sait bien qu’il est perçu comme trop judgmental des petits-amis de ses petites sœurs, Cami le lui a déjà fait remarquer à plus d’une reprise). La réponse reste vague, toutefois, et Thad, il ne peut que froncer les sourcils un peu davantage, une vague d’inquiétude bien réelle cette fois-ci menaçant de déferler sur lui à tout instant. Rapidement rassuré (à moitié, en tout cas) avant que les explications ne surviennent et qu’il ne se permettre à la tension logée dans ses épaules de se relâcher. « Oh ça, je pense que c’est le piège en cuisine. Une fois qu’on sait faire quatre plats différents, c’est difficile de se forcer à en changer. » Petit sourire sur les lèvres, haussement des épaules, un air détaché sur le visage. « Je prends note que tu pourrais avoir besoin d’un livre de recette de cuisines à l’occas. » Le sourire s’étire pour devenir un peu plus taquin mais il n’a pas le temps d’en rajouter une couche que le cours débute. Il jette un coup d’œil à la recette qui leur est attribuée, ne dissimule pas un air satisfait de voir le plat équilibré qui convient parfaitement à son alimentation. « Je m’en charge, tu fais le saumon ? » déduit-il en le voyant récupérer le saumon avec un sourcil arqué. Avant de remarquer qu’ils ne possèdent qu’une seule planche à découper. « Tiens, prends la planche à découper, j’vais en piquer une autre. » Joignant le geste à la parole, il s’écarte de quelques pas, tend le bras et profite de l’inattention des autres apprentis cuisiniers et des organisateurs pour dérober une planche à découper sur une table voisine inoccupée. Consciencieux, il commence par laver les épinards avant de les émincer comme instruit, récupère une poêle pour profiter que Roman termine ses cubes de saumon pour s’occuper des pignons afin de leur laisser le temps de refroidir correctement. « T’as déjà monté une crème en chantilly ? » La tête tournée en direction de Roman, légèrement penchée sur le côté parce qu’il sait à quel point ça peut être traitre – à peu près autant que monter les blancs en neige de son point de vue, mais qu’ils peuvent bien faire un ou deux test peu concluants.