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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
oct. 2024
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.


une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun
c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés

elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
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 i feel like i'm falling / leo

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MessageSujet: i feel like i'm falling / leo (#)   i feel like i'm falling / leo EmptyJeu 9 Avr - 17:57

i feel like i'm falling


Elle a les mains moites en arrivant devant le bar et le cœur qui lui donne l’impression de s’être logé dans sa gorge. Il y a des fumeurs à l’extérieur, des morceaux de playlist qui parviennent jusque sur le trottoir pour couvrir les rares conversations – il fait encore jour, pourtant. C’est une mauvaise idée, qu’elle se répète pour la énième fois depuis qu’elle a quitté son appartement (depuis même qu’ils ont convenu de se revoir, en réalité). Elle a les entrailles nouées, les jambes flageolantes, les pieds qui ne savent plus s’ils doivent avancer ou prendre la fuite. Elle souffle, Cassie, en se rappelant que ce ne sera qu’une simple discussion, de quoi prendre des nouvelles de l’autre – l’occasion pour elle de lui annoncer de but en blanc qu’il a un fils de quatre ans, qu’elle n’attend rien de lui parce qu’elle n’attend rien d’elle-même. C’est pour Raphael qu’elle a choisi de la revoir. C’est pour ce fils qui mérite d’avoir un père, à défaut d’avoir une mère capable de s’occuper de lui, ce fils qu’il a le droit de connaître. C’est pour Raphael et peut-être aussi un peu pour elle, en souvenir du Péru, en souvenir de cette nuit qui l’aura marquée bien plus qu’elle n’a pu le penser à l’époque. Elle frissonne malgré les températures chaudes pour la saison, malgré l’absence de vent. Elle aperçoit son reflet dans l’une des fenêtres et elle se sent idiote, Cassie, de s’être maquillée et d’avoir consciencieusement choisi une robe à flanelle quand elle voudrait se convaincre que la rencontre est formelle, qu’elle ne devrait pas nourrir un quelconque espoir parce qu’elle n’espère rien, qu’elle n’attend rien de lui (lui qui est probablement passé à autre chose parce que ça fait quatre ans, quand même et contrairement à elle, il n’avait pas une petite tête blonde pour venir lui rappeler l’existence de leurs étreintes péruviennes).

Elle s’est glissée à l’intérieur du bar quand des clients en sortaient, a commandé et récupéré une bière au comptoir avant de dénicher une table où s’installer et elle attend, les yeux rivés sur son téléphone avec l’espoir qu’il envoie un message pour annuler – ou qu’il y ait une urgence avec Alexie, Baylee ou même Dani, qu’une de ses sœurs l’appelle et que ça ne puisse pas attendre. Mais l’écran reste noir et elle doit souffler du bout des lèvres, Cassie, pour ne pas céder à la panique qui voudrait pourtant la faire hurler (et pleurer, parce qu’elle n’a jamais vraiment su gérer son stress). Elle n’arrive même pas à boire – sans doute est-ce mieux ainsi parce qu’elle n’est pas certaine de pouvoir tenir l’alcool, pas ce soir, ses yeux ne se fixent jamais complètement sauf sur cet écran désespérément noir qu’elle déverrouille de temps en temps pour s’assurer qu’il ne soit pas sur silencieux, pour vérifier l’heure. Elle en vient même à espérer qu’il lui pose un lapin, l’ingrat, mais elle a encore un peu d’avance. Du bout des doigts, elle arrache l’étiquette de la bouteille de bière, en fabrique des morceaux humides qu’elle abandonne sur un coin de la table. Elle devrait partir pendant qu’il en est encore temps. Fuir, prétexter une urgence au boulot, un scoop sur lequel elle ne peut pas passer, un problème familial, un animal blessé à la ferme, qu’importe, elle trouvera, elle a toujours été douée pour se sortir de situations épineuses, capable d’inventer mille et une excuses pour échapper aux tâches ménagères à l’époque. Décidée, elle inspire, se glisse du tabouret mais elle n’a pas fait un pas qu’elle relève les yeux et qu’elle le voit, entre deux clients, à tracer son chemin et il est beau, comme dans ses souvenirs, comme sur sa photo de profil et l’envie de s’enfuir, elle la met de côté pour l’instant. Lève plutôt une main hésitante pour qu’il la repère et ils se font face, elle obligée de lever la tête, sans savoir si elle peut l’enlacer ou si elle doit se rasseoir – elle opte pour la deuxième option. « Salut. » Cassie, elle a la gorge qui se noue de nouveau, le regard qui se détourne pour éviter de croiser l’acier dans les yeux de Leo. « Alors… Comment tu vas, depuis le temps ? » Les mots lui manquent et c’est sans doute une première. Les mots ont toujours été ses alliés, ses armes, elle les manipule et les maîtrise depuis l’enfance – mais pas en l’instant, alors qu’elle bloque sa respiration pour essayer de calmer les battements de son cœur.
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MessageSujet: Re: i feel like i'm falling / leo (#)   i feel like i'm falling / leo EmptySam 11 Avr - 12:25

Son téléphone ne cessait de sonner. Message, appel, notification messenger, message, appel, messenger. Tout ça s’enchaînait en rythme. Un rituel bien huilé auquel Leo n’était toujours pas habitué. Sa fiancée essayait de renouer contact depuis quelques jours, mais ce jour-là, elle faisait preuve d’une agaçante détermination. Voilà presque une semaine qu’il n’avait pas donné signe de vie et que les seules nouvelles auxquelles elle avait eu le droit étaient ses dernières connexions sur les différents réseaux sociaux. Elle devrait s’y être fait pourtant, il est comme ça, Leo. Il a souvent besoin qu’on le laisse à ses pensées, mais ce soir-là, elle avait du flair. Inconsciemment, elle avait dû sentir qu’il était sur le point d’ajouter de la matière à ses doutes. Elle savait qu’il était charmeur, Leo. Elle le savait parce que c’était ce même numéro de charme qui l’avait fait tomber dans ses bras, mais elle ne pouvait se résoudre à accepter qu’il le reproduisait avec d’autres. Elle préférait croire qu’il était retenu par une urgence à l’hôpital ou qu’il était en pleine balade sur le dos d’un cheval du ranch et pourtant, une part d’elle pouvait deviner qu’elle se fourvoyait.

Quelques jours plus tôt, en glissant mécaniquement son doigt de gauche à droite sur une application de rencontres, le blond avait reconnu un visage familier. Ni le pseudo ni le prénom de l’heureuse détentrice ne faisait écho dans sa mémoire, mais il se souvenait de ce sourire. Ce même sourire qu’il avait pu admirer un soir de lune et qu’il avait déshabillé à l’abri des regards. Son évasion n’avait duré que quelques heures et s’en était allé au lever du soleil, mais il croyait suffisamment au destin pour saisir l’opportunité que celui-ci lui offrait. Il avait aimé, elle avait aimé en retour. Il avait hésité à écrire, ne sachant quoi dire, et elle l’avait devancé. Rapidement, ils avaient conclu de se revoir. A ce moment-là, il avait senti qu’il s’engouffrait dans une brèche prohibée et pourtant, il se sentait plus vivant que jamais. Ce visage était associé à des souvenirs d’autorité, de violence et d’horreur, mais aussi de liberté et d’extase. S’il se trouvait en terrain miné au sens figuré par sa situation sentimentale, il voyait là une deuxième occasion de prendre un peu de recul. Il la reverrait et tant pis si pour ça, il lui faudrait inventer un énième mensonge pour excuser son indisponibilité.

Arrivé devant le bar, sa veste en cuir sur le dos, il décida d’éteindre son téléphone. Le mal était déjà fait. Il poussa la porte clinquante et balaya la salle du regard pour repérer celle avec qui il avait un rendez-vous. Cassie. Assise sagement en face de lui, apprêtée de la tête au pied, il avait presque honte de ne pas avoir endossé une chemise sortie du pressing même si c’était à des années lumières de lui correspondre. Loin de l’ambiance péruvienne et dépourvu de son treillis, il leur faudrait faire le constat de ce qu’il restait de l’attirance qui les avait amenés à ne pas fermer l’œil, presque cinq ans plus tôt. Il se fraya un chemin entre les clients jusqu’à arriver près d’elle. « Salut ». Lui qui était d’habitude si habile avec les femmes se retrouvait désarmé. Il attrapa un tabouret et s’assit à la table. Il dût lutter pour ne pas la fixer. Maintenant qu’il était près d’elle, les souvenirs lui revenaient par flashs. La couleur rosée de ses lèvres lui rappelait la chaleur de ses baisers. Reprends-toi, lui chuchota sa petite voix intérieure. « Ça va, et toi ? » il ne s’imaginait pas lui répondre autre chose. Pourtant, son sommeil était sans cesse perturbé et il pouvait encore entendre le sifflement des bombes autour de lui. « C’est un drôle de hasard qu’on soit ici en même temps… A moins que tu n’habites ici ? » dit-il avec une timidité qu’on ne lui connaissait pas. « J'imagine qu'il a dû s'en passer des choses en cinq ans. »
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MessageSujet: Re: i feel like i'm falling / leo (#)   i feel like i'm falling / leo EmptyJeu 23 Avr - 18:52

Il fait une chaleur étouffante dans le bar – ou bien peut-être est-ce elle qui étouffe, maintenant que Leo est assis face à elle et qu’elle ne sait pas réellement pas quoi dire. Ils ont tout à apprendre l’un de l’autre, elle n’en a que trop conscience. Si ce n’était pour son profil sur le site, elle en serait encore à s’interroger sur son nom, à se demander s’il se souvient d’elle, s’il est encore en vie ou s’il a été fait prisonnier dans un pays étranger, s’il pense à elle, parfois. Et maintenant qu’elle a des réponses à ces questions, elle ne sait plus comment faire la conversation, ignore par quel bout commencer pour enfin apprendre à le connaître comme elle aurait aimé le faire il y a cinq ans. Le temps a passé, trop peut-être pour qu’ils puissent espérer ces instants perdus, cette vie qui aurait pu – et pourtant, elle est forcée de faire le premier pas, Cassie, parce qu’il n’y a pas qu’elle de concernée. Elle en oublierait presque l’enfant, sauf qu’elle fait l’erreur de croiser le regard de Leo et elle revoit nettement, trop nettement, le visage de Raphael alors elle détourne les yeux, se passe une main dans les cheveux, inspire, essaie de masquer son malaise. Esquisse un fin sourire qu’elle espère encourageant, naturel. « Ca va aussi. » Elle ne doute pas de sa parole, se souvient pourtant vaguement de l’uniforme qu’il portait quand ils discutaient, mais elle ne peut pas imaginer le quotidien d’anciens militaires, oublie le traumatisme qui en résulte trop souvent alors s’il dit aller bien, elle n’a pas de raison de ne pas le croire. Et puis, il a l’air bien, pas de marques particulières, à priori l’ensemble des organes situés là où ils le devraient, pas de teint trop cireux pour l’inquiéter d’une quelconque maladie ou d’un manque de sommeil trop flagrant. Elle s’arrache à son observation minutieuse de ses traits, pose les yeux brièvement sur sa bière avant d’être prise de court par la remarque – non pas que la coïncidence ne lui ait échapper parce que c’est effectivement un peu improbable que toutes les villes, tous les pays qui soient dans le monde, il soit là. Qu’il le soit précisément quand elle a décidé d’y revenir. « Mes parents sont du coin, un peu plus au sud Wellington donc on peut dire que je suis rentrée au bercail. » Même si c’est la première fois qu’elle n’a de vrai logement dans le coin, en réalité, n’ayant eu que quelques appartements à l’étranger au gré de ses voyages et se contentant de retrouver soit son ancienne chambre à la ferme ou squatter le canapé d’une de ses sœurs pour ses brefs retours. « Et toi, qu’est-ce qui t’amènes à Wellington ? » Elle imagine le boulot, peut-être qu’il n’est là que de façon temporaire (elle l’imagine mal s’être inscrit au dating site si c’était vraiment le cas, toutefois) et elle se demande brièvement s’il aurait envie de rester pour Raphael – ou s’il partirait quand même, retournerait prendre les armes ou que sait-elle vraiment du monde de l’armée si ce n’est ce qu’elle en voit dans ses séries télé (pas grand-chose, elle n’est pas très portée série sur la guerre, ça la fait pleurer systématiquement). « Oh oui, » souffle-t-elle avec un sourire crispé. Elle voudrait rajouter qu’il n’a pas idée combien les choses ont changé mais elle n’ose pas. « En réalité, je suis dans le coin que depuis le début d’année. Je suis restée un peu au Péru avant de m’installer à New York pour travailler dans des associations. » Elle se justifie même si Leo n’a pas besoin de connaître le détail, même si Leo se fiche de savoir pourquoi elle n’était pas à Lower Hutt à s’occuper de leur fils – elle se justifie pour elle, parce que se rappeler qu’elle a aidé d’autres personnes, des enfants et des adultes, ça lui donne une excuse pour avoir été absente de la vie de Raphael. Ca n’enlève pourtant rien à sa culpabilité, ni au sentiment de manque qu’elle a ressenti toutes ces années passées loin de lui, mais c’est mieux que rien, il lui semble. « Je dois avouer que j’ai été surprise en te reconnaissant sur le profil. Je ne m’attendais pas à t’y voir, je pense. » Elle tord la bouche, les doigts retournent gratter ce qui reste de colle de l’étiquette de la bouteille.
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MessageSujet: Re: i feel like i'm falling / leo (#)   i feel like i'm falling / leo EmptySam 16 Mai - 15:19

Pas le genre à baisser les yeux, Leo. Pourtant, revoir ce visage – même avec quelques années de plus – ne le laissait pas indifférent. Il mettait enfin un nom sur cette rencontre éclair dans un des pays les plus beaux qu’il ait visités. Il ne s’attendait pas à la retrouver un jour – encore moins dans ces conditions, mais il ne pouvait s’empêcher d’y voir un signe du destin. Hors du temps, ils étaient là, l’un en face de l’autre, à se balancer des banalités comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis dix ans. Leo était un ancien militaire. Les années passées à obéir et à donner des ordres l’avaient endurci. Il n’était pas franchement doué pour prêter attention aux émotions et encore moins pour savoir quoi en faire, mais il se rendait bien compte que Cassie n’était vraisemblablement pas à l’aise. Il pourrait bien lui demander pourquoi, mais ce n’était pas dans ses cordes. Leo, ce n’était pas le genre à faire dans la dentelle. Il irait au-delà de son constat. Si elle avait envie de lui expliquer sa gêne, elle le ferait.

« Je vois. » dit-il en apprenant qu’elle était de la région. Cette nouvelle le laissait dubitatif. D’une part, il gardait un bon souvenir de leur nuit ensemble, mais de l’autre, il savait que sa mémoire ne l’aiderait pas à se montrer convaincant pour rassurer sa fiancée. Un instant, il éprouva même une once de culpabilité à être ici alors qu’elle attendait sagement qu’il veuille bien reprendre contact avec elle. Il lui fallut faire un effort pour chasser cette idée de son esprit afin de profiter du moment présent. Il ne s’était jamais préoccupé des conséquences de ses actes, ce n’était pas ce soir qu’il fallait commencer. « Ma sœur a voulu venir ici pour reprendre un ranch. Je l’ai suivie. » dit-il sans épiloguer. « J’imagine que la Nouvelle-Zélande est bien différente de la ville qui ne dort jamais, mais ça doit être bon de revenir ici, au calme, loin de la tempête ». Il en savait quelque chose. Il avait quitté l’armée par choix, il avait opté pour une vie plus classique, loin des montagnes russes que le terrain lui proposait. « On est ici depuis juillet dernier. J’ai pris un poste à l’hôpital du coin. Je me suis rangé. » conclut-il. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il avait opéré un changement brutal. Il porta sa bière à ses lèvres et avala plusieurs de gorgées tout en évitant le regard de Cassie. Ses pupilles lui rappelaient une vie qui lui manquait et il s’en voulait de ne pas apprécier le quotidien calme qu’il avait épousé.

Il ne s’attendait pas non plus à voir son visage apparaître sur son écran. Non pas qu’il l’avait chassée de son esprit, mais il se sentait presque privilégié d’avoir une seconde chance de faire les choses différemment. « C’est vrai que c’est une drôle de coïncidence qu’on soit dans la même ville au même moment et qu’on en arrive à boire une bière en souvenir du bon vieux temps. » dit-il avant de marquer une pause. Une pause qui donna l’impression de durer des heures. « Tu m’avais oublié ou bien t’imaginais que j’avais acheté un pavillon en banlieue avec 3 chambres pour les gosses ? » lâcha-t-il avec un sourire un brin sarcastique. Tout ce qu’il fuyait.
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MessageSujet: Re: i feel like i'm falling / leo (#)   i feel like i'm falling / leo EmptyLun 18 Mai - 19:02

La conversation est hachée, régulièrement entrecoupée de longs silences perturbés. Cassie, elle a le regard qui s’attarde de partout, mais jamais sur le visage émacié de Leo, jamais complètement sur lui parce qu’un seul coup d’œil et elle revoit cet enfant qu’ils ont conçu et dont il ne sait rien ; un seul coup d’œil et elle est forcée de se rappeler pourquoi elle a accepté de le revoir, pourquoi elle est venue, pourquoi elle sent ses mains devenir moites et son cœur manquer de chavirer à chaque instant. Et si le souvenir de Raphael est quelque peu trop présent dans son esprit pour qu’elle puisse totalement le mettre de côté, elle sait aussi qu’il faudrait un regard ou un sourire pour qu’elle retrouve les émotions ressenties lors de cette nuit. La tendresse dont il avait fait preuve, la passion qui les avait consumés. Elle sait qu’il lui suffirait de fermer les yeux pour avoir l’impression de sa peau contre la sienne, de son souffle dans son cou, des regards qui ont été échangés. Mais ce serait une bien trop mauvaise idée que de se laisser envahir par les souvenirs par cette presque nostalgie qui semble vouloir l’enveloppe alors elle repousse les images, les sensations, s’efforce de garder le contrôle de ses entrailles qui se tordent d’appréhension et de son cœur qui voudrait s’emballer. « Un ranch ? Tu l’aides à s’en occuper ? » Elle a un peu de mal à l’imaginer à dos de cheval, un peu de difficulté à le voir vivre de la sorte mais qu’en sait-elle, réellement ? Sûrement qu’il ne l’imagine pas être une fille de la ferme, à la base. « Ça l’est, c’est une atmosphère différente, une façon de vivre différente. J’ai adoré New York et ma vie là-bas, mais il y a toujours quelque chose de stressant alors qu’ici… Tout semble plus facile, plus à portée de main et moins, je sais pas vraiment, moins urgent, si ça fait sens ? » Les sourcils se froncent, le nez se plisse légèrement et elle lève une main pour ranger une mèche de cheveux qui a glissé de son oreille. Elle n’aurait jamais imaginé que la vie à Island Bay et ses environs puisse lui manquer un jour – et, à vrai dire, sans Raphael, elle n’est pas certaine que la Nouvelle Zélande lui aurait réellement manquer, elle ne sait pas si elle serait revenue de son propre chef. Ses sœurs lui ont manqué, pourtant, terriblement et tous les jours un peu davantage, mais vadrouiller, découvrir d’autres choses et aider, réellement aider, ça l’a comblée, l’a rendue plus heureuse qu’elle n’aurait pu l’imaginer. « Ça doit te changer aussi, bosser dans un hôpital, ne plus être sur le terrain. » Les cas, elle peut aisément assumer qu’ils sont différents, eux aussi. Moins d’horreur, peut-être. « Et alors, qu’est-ce que tu penses du coin, pour l’instant ? » Elle relève le regard vers lui à l’instant où il détourne le sien et elle est de nouveau frappé par la ressemblance avec Raphael – espère qu’aucune de ses sœurs ne croisera alors Leo parce qu’elles ne pourraient que faire le lien entre les deux.

Un bref sourire sur les lèvres, les doigts qui terminent de décoller l’étiquette de sa bière avant de l’attraper mais sans qu’elle ne la porte à ses lèvres. Elle a juste besoin de s’occuper les mains, trop habituée à toujours jouer sur son téléphone pour apprécier de ne rien faire en l’instant. « Je ne t’imaginais pas avec un pavillon ou le moindre enfant mais maintenant que tu l’as suggéré, je commence à le faire. » Elle force un sourire plus large, le cœur pourtant oppressé par l’idée qui ne lui a jamais traversé l’esprit jusqu’à présent. Et s’il a sa propre famille, une femme, des enfants. Et s’il ne veut rien savoir de Raphael parce qu’il a déjà un autre adorable enfant quelque part dans les environs. « Je ne t’avais pas oublié, » admet-elle finalement, retenant de justesse le I could never qui voudrait pourtant s’échapper. Parce qu’il ne comprendrait pas sa raison, ses raisons parce que même si elle cherche à se mentir, elle sait bien qu’il lui a fait vivre quelque chose de trop intense. Qu’elle a trop ressenti pour parvenir à l’effacer tout simplement. « Et alors, tu as le pavillon et les enfants ? » Elle se mord la lèvre, la question sortie avant qu’elle l’ait réfléchie, poussée par l’envie de savoir. Le besoin de savoir. Est-ce qu’elle va faire éclater une famille en lui apprenant la vérité ou est-ce qu’il sera le seul à être impacté ? Et, dans son regard, le retour de sa question qu’elle n’arrive pas à formuler dans la plus grande ironie – et lui, l’avait-il oubliée ?
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MessageSujet: Re: i feel like i'm falling / leo (#)   i feel like i'm falling / leo EmptyDim 31 Mai - 18:30

Les souvenirs de leur nuit ensemble lui reviennent entre chaque gorgée de liquide. Il se rappelle – comme si c’était hier – de la façon dont il l’avait abordée en début de soirée, de leurs discussions complètement décousues mais qui les avaient rapprochés, de l’instant où il avait senti une brèche se présenter à lui et qu’il avait exploitée pour l’emmener loin du regard des autres. Ils s’étaient apprivoisés à leur manière sans un faux-pas ou une promesse de représailles. C’est peut-être ça qui lui avait plu le plus, à Leo. Le fait qu’ils ne se demandent rien et ne se promettent pas de lendemain. L’appétence qu’elle avait dégager pour la liberté et le carpe diem. Elle avait ce petit quelque chose de spécial qui faisait qu’il n’avait pu lui résister et qu’à cet instant encore, au moment où les mots franchissent la frontière de ses lèvres, il pourrait encore céder sans le moindre regret.

Mais le temps est passé. Leurs vies ont changé. Il le sait et elle lui rappelle à nouveau en rebondissant sur l’évocation du ranch. « Je l’aide et j’y vis. C’est elle qui s’occupe de le faire tourner. Elle compte l’ouvrir aux enfants, si jamais t’as un neveu ou une nièce à occuper pendant une après-midi, ça peut être une piste » dit-il en l’écoutant parler de New York. Il aimerait se reconnaitre dans ses paroles et lui dire que lui aussi, il était plus tranquille depuis que ses pieds foulaient le sol d’Island Bay, mais il lui mentirait. La vérité, c’est qu’il préférait passer des heures à s’occuper des nouveaux cas aux urgences et à courir dans tous les sens plutôt que de se retrouver seul avec ses pensées. La nuit, il pouvait entendre son cœur battre au rythme des tirs de balles. Parfois, il lui arrivait d’être réveillé par le bruit des hélicoptères alors même qu’il n’y avait pas âme qui vive dehors. Mais il lui mentirait et continuerait à nourrir la mascarade qu’il avait monté à son retour. « Je vois ce que tu veux dire, oui » lâcha-t-il. Non, il ne voyait pas, mais pour la première fois depuis le début de leur rendez-vous, il croisa son regard. Ce même regard qui le déstabilisait sans qu’il ne puisse dire pourquoi. « C’est différent, on va dire » dit-il pour essayer de cacher ses pensées « Je mène une vie plutôt tranquille ici. Je ne connais pas vraiment les coins phares de la ville. On trouve assez peu de choses sur internet ». Il n’avait pas vraiment cherché. Pas parce qu’il ne s’intéressait pas à Island Bay, mais surtout parce qu’il n’avait pas la tête à rentrer en osmose avec la nature et toutes ces choses avec lesquelles on le bassinait depuis des semaines. Leo, ce n’était pas le genre à se forcer, même pas pour faire plaisir à sa sœur.

Un premier rendez-vous un peu tendu qui pouvait laisser entendre qu’ils ne s’étaient jamais croisés avant ça. Malgré tous ses efforts, Leo ne parvenait pas à être le charmeur qu’il était d’habitude. Parce qu’ils avaient un passif et qu’elle connaissait déjà une partie de lui, un point qui la rendait intimidante et qui fut renforcé par ces quelques mots : « Je ne t’avais pas oublié ». Il avait eu envie de lui répondre à son tour – lui dire qu’il l’avait toujours eue dans un coin de sa tête et que c’était une bénédiction qu’ils se soient retrouvés au même moment dans la même ville. Il n’avait ni pavillon ni enfants. Une fiancée par erreur, mais il se garderait bien de le dire. Ce n’était pas le moment et plus les minutes passer plus il oubliait ce détail d’importance. Il posa ses yeux bleus sur son visage. « Pas de pavillon, pas d’enfant à ce que je sache » révéla-t-il avec un sourire satisfait. Elle ne l’avait pas oublié. Il se leva, sa bière vide dans la main, et s’approcha de Cassie jusqu’à ce qu’il puisse atteindre son oreille pour lui murmurer avant de déposer sa bouteille vide sur le bar : « Et je ne t’ai pas oubliée non plus ».
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