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Promener son chien rien de plus ordinaire, mais fallait-il encore se faire écouter, d’autant plus auprès d'un jeune chien. Mon chien ne s’appelait pas Bull pour rien, tel un bulldozer il pouvait tout détruire sur son passage quand il n’en faisait qu’à sa tête. A son âge, son éducation était à faire forcément. Chaque week-end, je lui accordais du temps pour ça, l’apprentissage de la marche était au programme ce jour-là. Il y avait tellement de choses à lui apprendre : éviter la fugue, réussir le rappel, savoir marcher en laisse sans tirer ... Pour commencer, je décidais par essayer de réussir à le rappeler, le parc me semblait être le bon endroit au risque de le perdre en faisant une ballade sans laisse dans la forêt. Peut-être pour plus tard, si j’arrivais déjà à me faire entendre. Dans tous les cas, j’étais optimiste, il me fallait juste me montrer patient avec cette petite bête. D’après moi, le chien est un fidèle ami de l’homme, pour ne pas dire le meilleur ami de l’homme. Rien que pour ça, j’avais envie de me donner les moyens. Ainsi, j’embarquais la laisse avec des friandises en guise de récompense et prenais avec lui la direction du parc, non loin de là. Arrivé à l’endroit en question, je veillais à ce que rien ne puisse distraire son attention comme un frisbee. Cela effectué, je prenais donc le risque de retirer sa laisse et de m’éloigner un peu. Il était temps de commencer sa leçon, déjà en essayant de le faire venir vers moi par des sifflements et appels. Celui-ci voulait faire toute autre chose, comme se rouler dans la boue et renifler le sol à la recherche de certaines odeurs sans doute. Soudain, son attention s'était portée sur quelque chose dont je ne percevais pas encore, puis il bondissait pour courir dans une direction. Cette leçon de l’appel allait être longue à lui apprendre, à mon avis. Alors, tout en continuant de l’appeler, je ne perdais pas une minute pour courir après lui pour essayer de le rattraper. Il finissait par s’arrêter pour s’amuser avec un autre chien avant de se jeter aussitôt sur sa maitresse avec ses pattes toutes sales. Forcément, je ne pouvais m’empêcher de râler un peu pour la bêtise qu’il venait de commettre. « Désolé … j’essaie tant bien que mal d’éduquer mon chien. » m’expliquais-je après avoir accouru vers mon chien pour lui remettre sa laisse. Puis, je me relevais pour faire face à la jeune femme qui allait m’être familière. « On s’est déjà croisé, je crois. » pensais-je à haute voix avant de me mettre à réfléchir un court instant où nous avions pu nous rencontrer. « Noo … Noomi ! » Ça faisait tilt ! Plusieurs jours plus tôt, tous les deux avions pris notre pied sous la couette à la suite de quelques verres dans un bar. Une aventure d’une nuit, voilà tout. Puis, je m’attardais sur le gobelet renversé sur le sol avant de comprendre que mon chien était le responsable de cet incident également. « Vraiment … » soufflais-je en grondant légèrement mon chien, toujours aussi énergique. De nouveau, mon regard se posait sur la jeune femme pour lui faire une proposition. « Je t’offre un autre café, peut-être ? » Ça me semblait la moindre des choses.

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Pour les plus timides, avoir un chien peut permettre de rencontrer et se sociabiliser avec les gens. Pour preuve, mon chien s’était mêlé dans les jambes d’une femme, sans que je m’y attende. A noter, ceci pouvait être une technique pour accoster les filles sachant aussi qu’elles succombent presque toutes devant un chiot. Ceux en mal de confiance en soi pour les aborder pouvaient réussir de cette façon. Néanmoins, cela ne m’avait nullement traversé l’esprit le jour où je m’étais décidé à adopter mon chien dans un refuge et encore à l’heure actuelle. Ainsi, avec l’aide de mon chien, je venais à la rencontre d’une femme après avoir accouru derrière lui pour le rattraper. Déjà, je m’excusais auprès d’elle pour la bêtise qu’il venait de commettre. « Aucun souci, j’ai connu ça autrefois. » Par chance, celle-ci n’en voulait guère à mon chien de l’avoir sali avec ses pattes pleines de boue. Après tout, elle pouvait être vexée que sa tenue soit tâchée à cause de cette bête à quatre pattes, mais en ayant un chien, elle devait se douter que son éducation était à faire. Après lui avoir remis sa laisse pour éviter de le voir s’enfuir de nouveau, en relevant ma tête, je me rendais compte que cette femme m’était familière à la vue de son visage. Voilà que je me mettais à réfléchir où j’avais bien pu la rencontrer avant de la reconnaitre quelques secondes après : Noomi. Tous les deux, nous nous étions connus dans un bar et avions pris ensuite notre pied ensemble au lit à la suite de plusieurs verres avalés. Puis, je me rendais compte de l’ampleur de la bêtise de mon chien en voyant un gobelet renversé sur le sol non loin de la blonde, de quoi lui faire les gros yeux. Alors, je lui proposais de lui offrir un café afin de le remplacer, c’était la moindre des choses au moins. « Oui, pourquoi pas ! » A la suite de sa réponse, nous prenions donc la direction du stand de boissons non loin de là où celle-ci prenait sa commande. Je me décidais également à prendre une boisson, bien méritée avec ce début chaotique pour le rappel dans l’éducation de mon chien. « Quoi de neuf ? » me demandait-elle alors que l’employé préparait nos boissons. « Oh, pas grand-chose. Chaque week-end, j’essaie d’éduquer mon chien, tant bien que mal comme tu as pu le voir. » lui répondais-je tout en ayant un regard sur mon chien à l’affût de tout. Heureusement, la laisse le retenait au risque de le perdre. « D’ailleurs, si t’as des conseils pour son éducation, je suis preneur. Il a un sacré caractère. » A cet instant, l’employé nous remettait nos boissons. D’abord, je sortais mon portefeuille de ma poche afin de le payer avant de le remettre et prendre ma boisson pour commencer à en boire une gorgée. « Ça te dit qu’on s’installe sur un banc et prolonge un peu notre discussion ? » Peut-être avait-elle autre chose de prévu, dans ce cas je me prendrais une petite pause avant d’être d’aplomb pour reprendre là où j’en étais avec mon chien dans son éducation, à moins de passer à une autre leçon, plus facile. Il ne semblait pas d’humeur à écouter, pour tout dire. Par un hochement de tête, de haut en bas, Noomi me faisait savoir sa réponse. Nous nous installions donc sur le banc le plus proche, dans le parc. « Comment tu vas toi alors ? » Question des plus banales, me direz-vous. « Tu te balades avec ton chien ? » Décidément, je ne lui demandais rien de passionnant. Il fallait dire que nous n’avions passé qu’une nuit ensemble, rien de plus. Ce n’était pas comme si nous nous connaissions depuis quelques temps.

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Ainsi, il fallait se montrer patient dans l’éducation d’un chien. Bull n’était pas mon premier chien, néanmoins il était différent des autres. Déjà, il avait son caractère, de quoi me rendre compte qu’il faudrait plus de temps qu’avec les autres pour parfaire son éducation. Ce n’était pas encore gagné, j’y croyais tout de même. Je savais en l'adoptant au refuge qu'il faudrait lui accorder du temps pour l'éducation, mais de là à imaginer la complicité de la chose ... Toutefois, si Noomi pouvait me filer un ou deux conseils ce n’était pas de refus, encore fallait-il qu’elle en ait. Après tout, elle possédait un chien, celui-ci n’était pas tout jeune donc elle était surement passée par là si elle l’avait adopté dés son plus jeune âge également. « Garde la foi. » Voilà tout ce dont j’avais droit avec une tape sur l’épaule en guise de soutien. J’allais devoir faire sans conseils et ne comptais que sur moi-même. Au pire, un éducateur canin pouvait m’aider si réellement je n'y arrivais pas. Ceci serait une première fois, tout allait dépendre de l’évolution. J'espérais faire sans, quand même. En attendant de reprendre la leçon de rappel, que j'étais entrain de lui apprendre tant bien que mal, je décidais de prendre des nouvelles de la blonde. Ça me semblait normal après lui avoir offert un café, bien que nous n’avions passé qu’une nuit ensemble. Pour ça, je lui proposais de nous poser quelques minutes sur un banc du parc, de quoi pouvoir tranquillement boire nos boissons. Noomi l’acceptait alors qu’elle aurait très bien pu écourter la discussion pour reprendre ses activités. Pour commencer, installés sur le banc, rien de plus banal que de lui demander comment elle allait en ce jour-ci. « Ça va pas trop mal et toi ? » Forcément, je lui répondais à mon tour : « Ça va, la routine. » Puis, pour continuer dans la lancée, je lui demandais si elle se baladait avec son chien. Bien sûr qu’elle se baladait avec lui pour le tenir en laisse. Question idiote, en y repensant. « Oui, c’est le problème quand on n’a pas de jardin. Mais bon, j’vais pas me plaindre, ça me permet de prendre un peu l’air aussi. T’as pas de jardin non plus ? » Malgré mon idiotie, elle me répondait et rebondissait même sur le sujet. Quelque chose m’interrogeait, toutefois. « Nan, je vis en appartement. » A croire qu’elle avait oublié l’endroit dans lequel nous avions pris notre pied lors de notre première rencontre, c'est à dire à mon appartement. Peut-être parce que j’étais un homme parmi tant d’autres avec lesquels elle avait eu rien qu'une histoire d'une nuit. Ce n’était pas mon problème, elle faisait ce qu'elle souhaitait de son corps. Je ne faisais aucune réflexion à ce sujet. De plus, nous avions autre chose en tête à ce moment là. Malgré ça, je souhaitais plutôt en apprendre un peu sur elle. « D’ailleurs, parle-moi un peu de toi. Qu’est ce que tu fais dans la vie ? Ça fait longtemps que tu vis à Island Bay ? » Après tout, j’étais curieux de savoir et si elle se prêtait au jeu, elle risquait peut-être de se questionner sur mes origines avec mon accent anglais perceptible. Tant pis, je ne pouvais pas cacher cette partie de mon passé. Il restait à voir si elle voulait se dévoiler. « On a même pas eu le temps d’en parler la dernière fois. » faisais-je en réflexion avec un sourire au coin des lèvres.

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Pour la plupart des amants, leurs relations n’étaient que purement sexuelles. Jouir du plaisir charnel, éviter seulement les sentiments. Ils ne s’entendent que sous la couette, en effet. Pourtant, me voilà entrain de discuter avec l’une de mes histoires d’une nuit, grâce ou plutôt à cause de mon chien ayant décrété de lui sauter dessus. D’ailleurs, il ne s’était pas gêné à la salir avec ses pattes pleine de boue et de renverser au passage son gobelet. Par principe, je m’excusais et lui proposais de lui offrir une autre boisson. De là, une conversation s’en était suivie, bien que je ne savais pas quoi réellement lui raconter. Néanmoins, Noomi me paraissait quelqu’un d’assez particulier pour m’y intéresser un minimum, d’où pourquoi je l’interrogeais sur des questions générales comme son métier ou encore ses origines. « J’anime une émission nocturne à la radio. Et pfiou, je vis ici depuis l’âge de quinze ans, autant dire que ça remonte. J’ai passé mon enfance à la Nouvelle-Orléans. Et toi, alors ? Il me semble percevoir un petit accent anglais, j’me trompe ? » Certes, Noomi était plutôt intéressante pour animer une émission de radio. Il en fallait de la personnalité pour exercer ce métier ô combien non commun. De plus, pour susciter encore mon intérêt, celle-ci n’était pas originaire du pays, mais d’un autre pays à l’autre bout de la planète. Pour quelle raison s’était-elle retrouvée dans cette ville côtière de ce petit pays ? Je préférais ne pas m’y intéresser, au risque d’emprunter  un chemin sinueux me menant à mon passé en Angleterre. Justement, mon accent l’avait interpelé. Celui-là, je ne pouvais pas le cacher, malheureusement. « C’est ça. Je suis arrivé à Island Bay quand j’avais trente-deux ans, depuis je m’y plais bien. » Je ne souhaitais pas lui en dévoiler plus que ça, car mon passé ne regardait que moi-même, mais je ne laissais rien paraitre de louche et affichais un sourire aux coin de mes lèvres. Avec le temps, j’avais appris à manier la comédie et l’art du mensonge pour ne pas éveiller les soupçons sur mon passé de criminel auprès des habitants, d’autant qu’ils pouvaient se montrer curieux parfois. De ce fait, un petit silence s’était installé entre nous. Par chance, Noomi s’était décidée à y mettre un terme. « J’suis navrée mais tu peux me rappeler d’où on se connaît ? Ma mémoire me fait très souvent défaut depuis quelques temps. » De cette façon, j’aurais préféré que le silence perdure. Si elle semblait avoir oublié notre rencontre, pourquoi s’était-elle lancée dans une discussion ? Après tout, elle aurait très bien pu me le partager au début de cette rencontre. « Bah, au Hawthorn Lounge, sur Wellington. » Malgré lui avoir rappelé le lieu de notre rencontre, la blonde ne décrochait guère cet air interrogé de son visage. Alors, je me décidais à lui remémorer brièvement, peut-être que sa mémoire allait lui faire ressurgir ce moment avec ce petit rappel. « Après plusieurs verres, on a décidé de finir ça sous la couette. D’ailleurs, t’avais une bonne descente. » A la suite de mes derniers mots, je ne pouvais m’empêcher de ricaner légèrement en me remémorant la scène. A l’inverse, Noomi n’avait aucune réaction. Serait-ce parce que j’avais été si mauvais au lit que ça pour qu’elle ne s’en souvienne pas le moins du monde ? Forcément, mon égo en prenait un coup. « Rassure moi, c’est l’alcool que t’as ingurgité qui t’as fait oublier à ce point ce moment ? » lui demandais-je en espérant que sa réponse allait être positive, sinon je risquais de repartir la queue entre les jambes.

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A ce moment, j’aurais aimé être une petite souris pour me faufiler dans un trou. Ne pas se souvenir de la nuit passée à s’envoyer en l’air, c’était la première fois qu’on me partageait ça. Certes, la jeune femme s’était ingurgitée une certaine quantité d’alcool, mais de là à tout oublier même notre rencontre. Ça me paraissait étrange. D’autant qu’elle était consciente, je ne me serais pas permis de profiter d’elle dans le cas inverse. Alors, j’en concluais que l’alcool était la cause de ce trou de mémoire. Du moins, ça me semblait être le plus probable, je ne voyais pas d’autre raison. Cependant, dés l’abord, je me liquéfiais lentement. Ses propos avaient eu le don de me mettre mal à l’aise instantanément : d’où on se connaissait ? Bon, je ne m’en souvenais pas comme si c’était hier au point de connaitre toute la discussion que nous avions eu ou encore le jour exact de notre rencontre, mais je me rappelais de l’endroit dans lequel nous nous étions rencontrés et la fin de notre soirée, ce dont je lui partageais. J’essayais de croire un tant soit peu que ceci était une mauvaise blague, mais au vue d’aucune réaction de sa part, seulement une légère grimace, ma perception était fausse. Néanmoins, elle finissait par rire lorsque je lui demandais si l’alcool était responsable de son trou de mémoire, de quoi ne pas me rassurer davantage. « Haha non mais tu n’y es probablement pour rien, si ça peut te rassurer. Suite à un accident, ma mémoire fait des siennes. Ces derniers temps, j’arrive plus du tout à me rappeler de ce qu’il s’est passé la veille. » Ainsi donc, celle-ci avait eu un accident qui l’aurait privé d’une partie de sa mémoire dont notre nuit passée ensemble. Me voilà soulagé d’apprendre que je n’étais pas un mauvais coup au lit pour m'avoir oublié aussi vite. « Ça me rassure un peu. » pensais-je à voix haute en laissant échapper un ricanement, plus nerveux qu’autre chose. Forcément, la pression retombait à cet instant. A la suite de ce moment de gêne, autant pour l’un que l’autre, Noomi se décidait à sortir son paquet de cigarettes pour s’en griller une. Par principe, elle n’hésitait pas à m’en proposer une. Ce n’était pas de refus après la nervosité m’ayant envahi. « Merci, je voulais m’en griller une justement. » Aussitôt, je lui prenais une cigarette de son paquet et me l’allumais avec le briquet du fond de ma poche. Je faisais de même en allumant la cigarette de ma voisine de banc. Plus serein, je finissais par me rendre compte de ce qu’elle venait de me confier. « Désolé pour ton problème de mémoire. Ça doit être handicapant au quotidien, nan ? » Par maladresse, je n’avais pas réfléchi au préalable à ma question. Très vite, je prenais conscience de ma bêtise. Bien sûr que cela pouvait être handicapant. Quel idiot ! J’essayais de rattraper ma connerie en reprenant la parole : « M’enfin, ça me regarde pas vraiment. C’est plutôt personnel. D’ailleurs, je ne vais pas t’embêter plus longtemps. Ça aura été un moment épique, en tout cas. » A la fin de mes propos, un sourire amusé se dessinait sur mes lèvres en me rappelant de la scène, quelques minutes plus tôt. Noomi avait eu le don de me mettre mal à l’aise avec une simple phrase. Puis, je buvais le reste de ma boisson, dont j’avais oublié jusque là, d’un trait et me levais du banc pour reprendre mon occupation, du moins … « Bon, je pense que je vais arrêter la leçon de rappel avec mon chien pour aujourd’hui au risque de le perdre cette fois. Je vais simplement le balader avant de rentrer. » Mon regard se posait une dernière fois sur la jeune femme de façon à la saluer afin de ne pas partir comme un voleur. « A bientôt, peut-être. Au fait, je m’appelle Jay. » lui lançais pour finir, accompagné d’un clin d’œil. Il était temps de rentrer à l’appartement, avant ça une petite balade s'imposait pour mon chien.