une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
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| blurry images (reira) | |
| Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: blurry images (reira) (#) Lun 4 Mai - 21:52 | |
| Des éclairs. Des flash, lumineux, ils t’éblouissent. Ta main devant tes yeux n’y change pas grand-chose, tu ne vois plus qu’un voile blanc. T’entends, seulement. Une explosion. Un cri. Le bruit de la ferraille, qui retenti sur le sol. T’as l’impression de rouler avec, de t’écraser sur le sol, toi aussi. Le grésillement de la radio. Quelqu’un essaye de te joindre, mais rien n’y fait, tu n’entends rien. Ta vision devient plus claire, petit à petit, les objets reprennent forme. Tu tournes la tête. Il est là, les yeux vides, le sang qui jaillis de sa bouche. T’entends plus qu’un long son strident. Tu chancelles un peu. Et tu fermes les yeux, fort. Tu te réveilles en sursaut. Tes draps sont trempés. Tu te lèves rapidement, fais les cents pas. Tu finis par te rassoir sur le bord de ton lit, les genoux écartés, en regardant le sol. Tu glisses tes doigts dans tes cheveux. Ils deviennent trop longs. Tu respires, rapidement, trop même. Ton cœur n’arrive pas à ralentir. Tu ne fermes plus les yeux, t’essaye même de ne pas les cligner. Tu ne peux plus. Dès que ta vision se ferme, tu le revois. T’allumes la petite lampe à côté de ton lit pour attraper la bouteille d’eau qui se trouve par terre. Tu la descends, d’une traite. Mais ton corps est toujours brulant. Tu regardes quelques secondes le plafond, t’observes cette chambre, qu’est maintenant la tienne. Tu prends quelques respirations. C’est du passé Chance. C’est fini. C’était il y a cinq ans. Mais tu n’arrives pas à chasser les pensées qui t’obsèdent. D’un coup, tes anciennes blessures semblent se rouvrir tant la douleur interne est forte. Mais tu sais, tu sais très bien, que c’est dans ta tête. C’est toi qui veux ça. C’est toi qui veux que ça te fasse du mal. Pourtant ça ne te le ramènera pas. Il est mort, Chance. Et ça, tu dois le comprendre. Mais dans ta tête, la douleur ne part pas. Elle est toujours présente, là, au fond de ta poitrine. Pourquoi lui et pas toi ? C’est ce que tu te dis, chaque jour durant. Il avait quelque chose à faire de sa vie, toi non. Aujourd’hui, t’as l’impression de vivre à sa place. De vivre dans ce monde qui était le sien… pas le tien. T’as l’impression de lui voler ce qu’il méritait. Alors tes yeux s’embrument un peu. Ton nez pique. T’as les yeux rouges. Une larme s’échappe pour couler sur ta joue. Elle réussit à se faufiler entre quelques petits poils d’une barbe qui repousse depuis quelques jours. Et elle se love là, sous ton menton. Tu trembles comme une feuille. Et t’arrives toujours pas à calmer le jeu. D’un coup tu te lèves, tu vas farfouiller sur le bureau qui sert un peu de fourre-tout, le temps que tu t’installes vraiment dans cette colocation. T’as pas encore une le courage. Et tu cherches parmi les papiers qui sont dans les tiroirs. Tu cherches dans quelques carnets, ici et là. Tu cherches même dans les cartons qui restent. Et tu ne trouves pas. Tu ne trouves pas c’que t’aurais dû faire il y a plus de quinze jours. Tu l’as paumé, son numéro. T’aurais dû l’enregistrer, dès que t’y a pensé, plutôt que d’hésiter à l’appeler. T’aurais au moins pu enregistrer ce foutu numéro, pour pas te retrouver dans cette situation. Parce que là, tout de suite, t’as l’impression qu’il n’y a qu’elle qui peut t’aider. Il n’y a que sa voix, qui t’obsède autant qu’elle t’effraie depuis la dernière fois que tu l’as vue. Alors tu voulais l’appeler. Alors qu’elle n’a pas ton numéro. Alors que tu ne l’as jamais recontactée, depuis cette nuit que t’as passé chez elle. C’est con Chance, mais t’as tout niqué, en hésitant cette fois-là, où tu voulais l’appeler et que tu t’es dis qu’elle serait mieux sans toi. T’aurais être égoïste, parce que toi, t’es pas mieux sans elle. Tu ne l’as vue qu’une fois, si on ne compte pas la première. Et là, en te réveillant, y’avait que son visage qui réussissait à te faire oublier celui de Medrick. Tu tape sur le bureau, avant de laisser s’écouler d’autres larmes pour rejoindre la première, qui goutait toujours à ton menton. T’arrives soudain à réguler un peu ton souffle. Tu te redresse pour récupérer un sweat dans ton armoire. T’enfiles un jogging, des chaussettes avant de récupérer tes clés. Ton téléphone en poche, capuche sur la tête, tu sors de l’appartement pour commencer à marcher dans la rue, sous la lumière de quelques lampadaires encore allumés. Il est un peu plus de trois heures sur son téléphone quand tu arrives devant chez elle. Sa voiture est là. C’était quitte ou double, de toutes façons. Et elle pourrait être déjà en train de dormir, aussi, vu l’heure. Mais ça te soulage de voir les lumières allumées. T’es là, à l’ombre d’un arrêt de bus. On pourrait te prendre pour un voyeur, avec ta capuche sur la tête. Pourtant t’es là, et t’hésites encore. Arrête d’hésiter, où il t’arrivera que des merdes. Dans ta poche centrale, tu tritures tes ongles déjà pas en état. T’essayes de faire un pas, mais une voiture passe juste devant, alors tu recules. T’étais près à avancer et quelque chose t’a fait reculer, ce ne serait pas un signe que tu ne dois pas aller la voir, qu’il est trop tard ? C’est ce dont tu essayes de te convaincre. Tu masses ta mâchoire, pour t’aider à réfléchir un peu. C’est juste un toc, qui t’arrive encore, parfois. Tu serres le poing avant de te relancer. Tu poses un pied sur la route, le deuxième, et le reste suit. Alors tu traverses, même si t’es toujours pas sûr. Qu’est-ce que qui te dit qu’elle a envie de te voir ? Rien du tout. Et tu comprendrais qu’elle ne le veuille pas. Maintenant, comment faire pour entrer ? T’es là, t’attends, devant le pas de la porte. Est-ce que tu dois toquer ? A trois heures du matin ? Qui ouvrirait à quelqu’un qui toque à trois heures ? Personne. Mais t’as pas d’autre choix. Alors tu le fais. Trois coups légers contre la porte. A peine une seconde avant qu’un aboiement aigue se fasse entendre. Tu fronces les sourcils. Tu ne t’es pas trompé de maison, non, tu es bien devant chez elle. La dernière fois, y’avait pas de chien. Tu trembles un peu, encore. T’aurais pas pu te rendormir, de toutes façons. Et tu ne peux toujours pas. Alors sortir, ça t’a fait un peu de mien. C’est toujours mieux que de rester à un endroit où tu te sentais à l’étroit. Pourtant, l’appartement de Maya est immense. Ta chambre est parfaite. Mais cette nuit, tu ne pouvais pas y rester. « Reira… c’est Chance. Désolé de venir si tard… » tu déglutis. T’as lancé ça à travers la porte, au cas où elle soit derrière à avoir peur d’ouvrir. Même si ce n’est certainement pas à Island Bay que ça craint. Mais on n’est jamais à l’abris. « Je sais que je ne t’ai pas donné de nouvelles… Je suis désolé. » Tu comprends aussi qu’elle ne t’ouvre pas. Tu t’humidifie les lèvres en passant ta langue dessus. « Je… j’avais besoin de parler. T’as le droit de pas ouvrir. J’ai juste essayé, mais je peux repartir. Je sais que je suis la dernière personne que tu t'attendrais à voir… » Alors t’attends. Un signe. Ou aucun. Tu partiras, s’il n’y en a aucun. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Mar 5 Mai - 18:52 | |
| blurry images Chance & Reira Encore une soirée passée sur scène. Encore une soirée où Reira avait été aux anges, à virevolter avec les cieux, ou presque. La douleur familière du genou meurtri s’était manifestée lors de sa prestation. Jusque-là rien d’étonnant, ça lui arrivait de temps à autre, puis un abruti bourré n’avait pas arrangé les choses. Chancelant, il avait eu la bonne idée de se rattraper à Reira. Loin de l’avoir accompagné dans sa chute, la grande brune a été déséquilibrée, son corps se tordant dans une position inconfortable affectant bien trop ses articulations. La douleur n’a été ni soudaine, ni vive. Elle est apparue, petit à petit, a fait son nid dans le genou puis dans son cœur et son crâne. En marchant sur ses hauts talons pour rentrer, la morsure de la souffrance la pénétrait un peu plus. Les médecins l’avaient prévenue. Tout a trop été endommagé, les ménisques et les ligaments. C’était réparé mais comme chaque chose que l’on répare, elle en ressort plus fragile qu’avant. Des douleurs étaient vouées à réapparaître surtout en cas de sollicitation. Toutes sortes d’émotions la traversent : colère, tristesse, désarroi, inquiétude. Et si je devais me refaire opérer ? Elle est là, assise sur ses petits escaliers menant à l’herbe de son jardin, à observer Blacky faire ses besoins du soir. Il fait nuit noire et toute la ville se montre d’un calme olympien. Des chouettes hululent, d’autres oiseaux nocturnes tracent leur chemin dans le ciel sombre. Le chien qui l’accompagne maintenant depuis une bonne semaine semble heureux de pouvoir gambader à l’air frais du clair de lune. Elle ne s’est pas encore habituée à ses petits jappements en pleine nuit lorsqu’il rêve, ni à ce qu’il aboie au moindre bruit, mais sa présence l’apaise beaucoup. Elle se sent moins seule. Rocket est là aussi, une petite chatte de gouttière de 3 ans. Afficionados des câlins, Reira doit également s’habituer à toujours l’avoir dans les pieds. En parlant du loup, la voilà qui cherche à se faufiler dehors pour réclamer des caresses. Ou peut-être pour ordonner aux couche-tard d’aller au lit. La danseuse finit par les faire rentrer. Après tout, il est tard et le sommeil ne va pas tarder à se montrer.
Le jet brûlant cherche à lui transpercer le derme rougi. L’eau ruisselle sur son corps alors que son esprit ne cesse de penser à cette douleur, toujours là. Si elle est chanceuse, elle disparaîtra demain. C’est ce qu’elle se dit, sans véritablement y croire. La douleur pourrait très bien rester plusieurs jours… Des mois ? Non. Elle prend une profonde inspiration, ferme les yeux avant de laisser sa tête basculer en arrière pour que l’eau prenne possession de sa tête toute entière, peut-être même de ses pensées. Durant des tentatives de séances de psy, les praticiens lui avaient souvent conseillé d’imaginer les mauvaises pensées glisser tout le long du corps pour ressortir par les pieds et s’évaporer dans la terre. Elle n’y a jamais cru mais continuait tout de même à le faire, en espérant qu’un jour il y aurait un résultat. Sortie de la douche, elle sèche sa longue chevelure avant de l’enrouler dans un chignon approximatif. Enroulée dans une serviette, elle s’installe par terre pour se masser le genou avec de l’huile camphrée, un remède conseillé par plusieurs vieux pharmaciens. Ce truc empeste toute la pièce. Non pas que l’odeur soit désagréable, elle est forte, entêtante. Grâce à la chaleur de la douche et à la friction de sa paume contre l’épiderme, la douleur s’éclipsera pour une durée éphémère. Un soupir de soulagement secoue la poitrine de la jeune femme. Elle sera au moins tranquille pour la nuit, à voir comment son genou se portera demain. Un t-shirt large en guise de chemise de nuit enfilé et ses dents brossées, elle n’avait plus qu’à filer au lit. C’était sans compter trois petits coups à sa porte. Sur le moment, elle croit rêver. Qui viendrait toquer à cette heure-ci ? Il devait être au moins deux heures du mat’, voire trois. Mais l’aboiement de Blacky lui indique que ce n’est pas une hallucination auditive. Elle reste silencieuse à l’étage, n’ose même pas bouger. Elle n’attend personne et ne voit pas qui pourrait venir la déranger aussi tard, sans prévenir. L’auteur ne tarde pas à faire savoir qui il est. Elle manque de s’étouffer lorsqu’elle entend son prénom. Lui qu’elle ne pensait pas revoir de sitôt. Après deux semaines sans nouvelles, elle avait fini par se dire que la dernière fois il était resté par politesse. Qu’une fois sorti de chez elle, il avait pris la décision de l’oublier. Lui en voulait-t-elle ? Probablement un peu, ou beaucoup. Elle avait été déçue. Déçue qu’il ne la rappelle pas, même pas pour au moins dire qu’ils valaient mieux qu’ils ne se recroisent plus jamais. Blessée aussi dans son égo. Pourtant, au départ, elle s’était dit qu’elle l’aiderait simplement, pour en quelque sorte lui rendre la pareille du Cameroun. Elle s’était surprise pendant ses deux semaines à penser souvent à lui, à se demander ce qu’il avait pu vivre, si un jour elle le reverrait… Alors elle reste interdite en haut, sans bouger d’un cil, en train de se demander si elle n’est pas déjà dans les bras de Morphée, en plein songe. Un rêve où elle reverrait Chance.
Elle ne rêve pas, elle le sait. Elle l’entend parler. Elle l’entend s’excuser, derrière sa porte en pleine nuit. Et pourtant, elle ne parvient pas à bouger. La russe peut facilement se laisser consumer par la rancune, et d’ailleurs sa petite voix démoniaque lui conseille de le laisser mijoter dehors. De l’abandonner comme il semblait l’avoir fait, il y a deux semaines. Mais il a besoin d’elle. Enfin, c’est ce qu’il semble laisser transparaître. Qui déboulerait chez quelqu’un à trois heures du mat’ pour discuter de la pluie et du beau temps ? Il l’avait blessée mais elle ne peut se résigner à l’abandonner devant sa porte. Une bonne minute était passée, depuis que Chance avait arrêté de parler, lorsque la brune trouve enfin le courage de descendre les escaliers pour se planter devant la porte d’entrée, la main sur la poignée. Un temps d’hésitation la fige encore sur place, puis elle finit par la tourner. La porte s’ouvre sur un Chance encapuchonné et en jogging. « Chance, je peux savoir ce… » Elle a envie de l’engueuler, de lui demander à quoi il joue, pourquoi l’ignorer pour débarquer en pleine nuit deux semaines plus tard. Toutefois, elle n’y arrive pas parce qu’elle croise son regard, qu’elle perçoit des gouttes de sueur qui perlent sur son front, et un léger tremblement qui le trahit. Elle ne sait pas ce qu’il a, mais elle sait que ce n’est pas rien. Elle sait que ce n’est pas le moment pour des reproches. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »Elle a l'air inquiète Reira, préoccupée par l'état de Chance. Elle sent derrière elle ses deux boules de poils se demander ce qu’il peut bien se passer dans l’entrée. Ou peut-être qu’ils se demandent comment est-ce qu’ils pourraient en profiter pour aller faire une petite virée nocturne. « Tu as l’air tout fiévreux, est-ce que ça va ? » Elle aurait envie de le toucher pour jauger sa température corporelle au toucher mais elle n’ose pas, parce qu’elle se dit qu’elle ne serait pas à sa place. Mais elle n’est pas bête, il s’est passé quelque chose cette nuit, et curieusement c’est vers elle qu’il a choisi de se tourner. À défaut de pouvoir le serrer dans ses bras, elle se contente donc de s’écarter de la porte pour lui laisser la place d’entrer. « Allez viens, entre. T’as pas l’air au mieux de ta forme, ce n’est pas le moment d’attraper la crève dehors. » L’automne était tombée depuis un petit moment sur Island Bay, et même si les températures n’étaient rien pour la russe, pour un néozélandais le temps commençait sérieusement à se rafraîchir. Le temps parfait pour attraper un rhume qui ne lâche pas pendant au moins deux longues semaines. « Fais comme chez toi. Ah et… ne t’étonne pas de tomber sur un chien et un chat, je les ai adoptés il y a de ça une semaine. » Peut-être qu’il l’aurait su s’il avait pris des nouvelles. Mais ça, elle ne le fera pas remarquer. Hormis lorsqu’elle se met en colère ou quand elle est très profondément blessée, Reira n’est pas du genre à balancer des piques à tout va pour faire culpabiliser l’autre. Surtout, son instinct protecteur se réveille à nouveau au contact de ce Chance encore plus mal que lorsqu’elle l’a revu au bar. Elle ferme la porte derrière le brun et entend des petits gémissements. En se retournant elle voit ses deux animaux se tenir dans le petit couloir de l’entrée, curieux comme pas deux. « Je te présente Blacky et Rocket. » Avec un peu de chance, le soldait bénéficiera aussi de l’apaisement qu’ils procurent. . (c) oxymort |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Mer 6 Mai - 14:27 | |
| Tu serais parti. Pour de vrai, si elle avait décidé de ne pas ouvrir. Tu ne serais plus jamais venu la voir, même si à l’heure qu’il est, t’as l’impression qu’elle restera à jamais gravée dans ta mémoire, faute de t’être souvenu d’elle, la première fois. Tu l’aurais laissée, car si elle ne t’avait pas ouvert c’est parce que t’avais été trop loin. Trop loin pour pouvoir revenir ; t’étais prêt à faire demi-tour. T’allais le faire. T’attendais juste, encore un peu. T’espérais, même. Alors tu repoussais au maximum le moment où tu tourneras le dos à la porte de sa maison. Tu ne sais pas vraiment combien de temps tu es resté devant cette porte. Ça t’a paru une éternité. Mais, alors que tu prenais conscience qu’elle ne t’ouvrirait peut-être pas, alors que tu allais tourner les talons, t’entend le cliquetis de la serrure. Tu baisses la tête, capuche toujours sur la tête. Tu commençais à frissonner, la matière cotonneuse du sweat à même ta peau se refroidissait. Ça devait faire une demi-heure que tu étais dehors, à marcher pour rejoindre le quartier. Il serait peut-être temps que tu t’achète une voiture. T’avais cette sensation de froid, alors que tu savais ta peau toujours brulante. Alors que la porte s’ouvre, tu découvre la brune en T-shirt ample, qui arrive à peine au milieu de ses cuisses. Une autre vague de chaleur submerge un peu ton âme. T’as l’impression de sentir ton cœur battre un peu plus vite au fond de ta poitrine. C’était de revoir la russe, qui te mettait dans cet état ? Elle se met à te poser plusieurs questions, t’as du mal à tout assimilé, tu clignes des yeux, de plus en plus rapidement, t’as l’impression de perdre le contrôle que t’avais réussi à reprendre jusque-là. Tu finis par lui répondre, le souffle court « J’savais pas chez qui aller. Je suis désolé. » tu l’es vraiment. Et tu l'es souvent, en ce moment. T'as l'impression de dire que tu es désolé plusieurs fois par jours, depuis que tu es arrivé. Il est trois heures du matin, merde, Chance ; t’aurais pu faire un effort, essayer de prendre une bonne douche froide, manger un bout et te rendormir. Ou au pire, t’aurais pu aller chez Leo. Mais non, il a fallu que tu viennes ici, faire chier quelqu’un qui n’avait peut-être aucune envie de te revoir, pas tout de suite en tout cas. C’est comme si tu ne lui laissais pas le choix, et c’est pour ça que t’es désolé. T’es toujours là, sur le pas de sa porte, tu sens que la belle hésite, c’est normal. Toi aussi, tu ne sais pas vraiment quoi faire. Alors tu la laisse décider. Elle finit par s’écarter de quelques pas pour te laisser passer. « Merci… » Derrière elle, tu croise le regard curieux d’un chiot. Tu fronces les sourcils, tourne la tête vers la brune, interrogatif. Cette nouvelle rencontre te permet d’esquisser un sourire, qui vient habiller ton visage un peu palot. « Ils te vont bien. » Tu t’approche un peu du chien avant de t’accroupir pour le laisser sentir le dos de ta main. T’as jamais eu d’animaux. Mais t’en à côtoyé, les chiens de l’armée. T’aurais pu te spécialiser, devenir maître-chien. Mais t’as changé de voie, tu t’es dis que ce n’était pas fait pour toi. Parfois, tu regrettes un peu. T’aurais peut-être vécu d’autres choses, ça aurait peut-être mieux fini, pour toi. Tu te redresses, un peu trop vite. Tu chancelles. « Je te jure que je n’ai pas bu une goutte d’alcool. » tu précises en voyant le regard de Reira. Tu soupire avant de t’asseoir sur les marches de l’escalier, près d’elle. « Encore désolé de débarquer à cette heure. Je sais pas pourquoi je suis venu ici. Je veux dire, si, parce que j’avais besoin… d’aide. Mais je sais pas vraiment pourquoi c’est ici, qu’il fallait que je vienne. » tu lèves les yeux pour la regarder. Tu voulais pas lui avouer ce que tu avais vu. Tu ne pouvais pas lui dire simplement que t’avais fait un cauchemar, Chance, t’es plus un gosse. Elle allait penser que c’était juste une excuse pour débarquer chez elle en pleine nuit, pourtant, non. Enfin si. Peut-être que s’en était une. Peut-être que t’avais juste besoin de la voir. Tu ne la connais pas pourtant, mais t’as invraisemblablement besoin d’elle. Tes yeux se perdent sur son visage, mais tu l’oublis rapidement. La scène qui t’a hanté cette nuit revient, les images que tu as vues. Ça faisait longtemps, que t’avais pas rêvé de cette journée. Quelques mois. Tu dors mal en général, mais pas parce que tu fais des cauchemars. Seulement parce que t’as jamais réussi à bien dormir. « J’ai l’impression qu’il n’y a que chez toi que je réussi à bien dormir, ça faisait des années. » tu ris un peu de ta bêtise avant de rajouter « c’était vraiment pas prémédité, par contre. » Tu lèves les yeux vers la brune, un léger regard de chien battu accompagné de ce sourire au coin de lèvre que tu avais déjà il y a quelques instants. Non, c’était pas voulu et pourtant tu regrettes pas d’avoir atterri là cette nuit. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Mer 6 Mai - 19:03 | |
| blurry images Chance & Reira Elle-même ne sait pas véritablement pourquoi elle lui a ouvert. Pourquoi elle s’entête à vouloir l’aider ? Sûrement parce qu’il y a des années de ça il a fait la même chose pour elle, et surtout parce que même aujourd’hui, de par sa présence, elle ressent ce qui lui avait fait ressentir ce soir-là. Certains pourraient trouver cela malsain, peut-être même addictif, de se sentir autant attaché à quelqu’un, qu’au final, on ne connaît presque pas. Coucher avec un inconnu n’a jamais été synonyme de connaissance, ni d’attachement. Pourtant, c’est plus fort qu’elle, et peut-être plus fort qu’eux. Elle se sent simplement liée à lui, possiblement à tort mais peu importe. Elle voudrait savoir si lui aussi il sent cette attraction plus grande et plus mystérieuse que de l’attirance physique. Ce n’est pas comme si elle allait lui poser la question. Non, elle lui avait déjà avoué que sa présence lui faisait du bien, et en contrepartie il l’avait ignoré pendant deux semaines. Elle ne va pas reproduire l’expérience. Alors elle se contente de l’observer emmitouflé dans ses vêtements amples et décontractés, tremblant de froid. Ou de chaud ? Elle ne sait pas, il se contente de s’excuser, de lui dire qu’il n’avait personne chez qui aller. L’espoir vient lui pincer le cœur. La brune se dit que ça peut être un signe, le signe qui dirait « hé regarde, lui aussi il ressent quelque chose de particulier ». Quoi qu’il en soit, elle ne relève pas ses excuses. Il s’excuse beaucoup Chance. Désolé de venir si tard, désolé de ne pas avoir rappelé, désolé je ne savais pas chez qui aller. Reira se dit qu’un jour Chance se sentira désolé d’être lui. Elle se sent triste pour lui, parce qu’elle s’est souvent excusée d’être qui elle était, désolé d’être tombée sur scène ce jour-là. Elle a beaucoup été désolé face à ses parents anéantis de la voir si mal en point, ne sachant plus quoi faire à part la secouer à coup de mots parfois trop durs et blessants. Elle avait été désolé de vivre, et puis, finalement, aujourd’hui elle était là, vivante. Devant Chance, qui finit par pénétrer à l'intérieur de la maison. Il la remercie avant de voir son attention être accaparée par les deux animaux. Elle hausse un sourcil tandis qu’un rictus se dessine au coin de ses lèvres à sa remarque. Les animaux lui vont bien ? Reira trouve cette remarque amusante parce que généralement, les gens compliment les animaux sur leur beauté et leur mignonnerie. Eux, ils allaient bien à Reira. À vrai dire, elle n’était même pas certaine de bien comprendre là où il voulait en venir. Donc elle se contente d’acquiescer d’un signe de tête. Il est tard et elle n’a pas envie de se perdre dans des explications pour, ce qu’elle suppose être, un compliment. Ses pupilles viennent scanner l’attitude de Chance pendant qu’il caresse un Blacky tout joyeux d’avoir de la compagnie. « T’es le premier humain qu’il voit, enfin à part ceux que l’on peut croiser dans la rue, et ceux qu’il a connu au refuge, forcément… » La brune se tenait un peu retrait depuis qu’il était rentré mais lorsqu’elle le voit chanceler, elle s’approche pour tendre une main, l’aider à retrouver de la stabilité. Ses doigts effleurent la peau de son avant-bras, qu’elle trouve étonnement brûlante. « Tu es sûr que ça va ? Si t'as pas bu, ça peut être encore plus inquiétant tu sais... » En fait, il ne lui avait même pas répondu tout à l'heure, quand elle lui avait demandé si ça allait. Une absence de réponse supposant d’ailleurs plutôt un non qu’un oui. Peut-être qu’il était vraiment fiévreux… Mais pourquoi ce serait chez elle qu’il irait s’il était simplement malade ? Pourquoi pas une pharmacie de garde ? Sa présence la rend véritablement confuse. Elle en vient même à se dire qu’il a simplement cherché une bonne excuse pour débarquer ici après l’avoir ignorée pendant une semaine. Et il s’excuse encore. Elle fronce les sourcils en l’écoutant. Si lui-même ne sait pas ce qu’il fait ici, ça ne va pas arranger les affaires de Reira. Surtout, elle retient qu’il a prononcé le mot aide. Évidemment, elle se sent flattée d’être une personne à laquelle il pense en cas de nécessité. Cependant, elle ne peut s’empêcher de se demander pourquoi elle. Après tout, le jeune homme doit avoir des amis, des personnes plus proches qu’une nana avec qui il a couché il y a cinq ans et chez qui il a passé la nuit il y a deux semaines. Mais non, il était là avec son regard perdu dans une brume de souvenirs aux allures effrayantes. Il la regarde sans la regarder, comme si son regard et son esprit étaient occupés ailleurs. Puis il semble revenir à lui car il se remet à parler. Ses mots la prennent par surprise, entrouvrant sa bouche. « Chez moi ? » Elle hésite à rire nerveusement. Parce qu’elle est surprise, et déstabilisée. Elle joint son rire au sien avant de lui répondre. « T’es en train de me dire que tu débarques chez moi à 3h du mat’ pour te pieuter ? » Elle aurait presque envie de lui dire qu’il se fout un peu de la gueule du monde pour le coup, et même sa petite moue de chien battu n’y changerait rien. L’aide qu’il venait réclamer c’était simplement un toit sous lequel dormir ? Non elle ne peut pas croire qu’il s’agisse que de cela. Il y a un problème sous-jacent bien plus profond, qui pourrait expliquer son problème de sommeil. Un problème qui est là depuis bien plus longtemps que ce soir, avant même leur nouvelle rencontre. « Tu sais quoi ? Retrouve-moi dans le salon, j’vais t’apporter un petit remontant, puis tu m’expliqueras pourquoi tu dors si mal ailleurs que chez moi. » Elle passe devant lui et devant Blacky à qui elle offre une caresse, Rocket semblait s’être lassée de la discussion et avait disparu. Finalement elle s’arrête et se tourne vers lui. « D’ailleurs, tu as peut-être simplement bien dormi la première fois parce que tu avais trop bu et que tu n'avais pas l'occasion de te perdre dans tes pensées… » Elle ne voit que ça comme explication à cette seule bonne nuit de sommeil. En tout cas, elle se rend dans la cuisine préparée une sorte de tisane aux herbes médicinales. Sa grand-mère maternelle lui en faisait lorsqu’elle avait le corps douloureux, l’esprit aussi. Elle disait que ça chassait toutes les mauvaises douleurs et les mauvaises ondes. Des croyances de grands-mères qui n’ont jamais réellement fonctionné, mais ça aidait à se détendre. Comme convenu, elle le retrouve dans le salon en portant deux tasses. Elle s’est aussi préparée le remède miracle, pour son genou. Elle les dépose sur la table basse avant de s’installer près de lui dans le canapé. Le petit chiot s’était rangé dans son panier et cherchait à entamer sa nuit, comme un enfant qui irait se coucher pour laisser les parents discuter de choses sérieuses. En parlant de choses sérieuses… « Sérieusement Chance… Qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Son regard reflète l’inquiétude qui la gagne quant à Chance, la compassion aussi qu’elle éprouve face à cette lueur brisée dans son regard, dans les traits de son visage. Elle ne s’attend pas véritablement à ce qu’il se confie totalement, mais au moins qu’il lui donne les véritables raisons de sa présence et qu’il cesse de se confondre en excuses. S’il cherchait juste à la revoir, il suffisait de la retrouver, ce n’est pas comme si c’était compliqué dans cette petite ville. Ou de lui rendre visite, à un autre moment qu’en pleine nuit. (c) oxymort
Dernière édition par Reira Tsvetkov le Ven 8 Mai - 19:08, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Mer 6 Mai - 22:02 | |
| T’observes le chien, toujours assis, à regarder sa maitresse. Alors, Reira avait recueilli ces deux petits êtres. Elle les avait pour ainsi dire sauvé, d’une vie au refuse ou encore d’un propriétaire qui aurait pu les abandonner, à nouveau. Cette femme prend soin des autres. Des animaux comme des hommes, même si elle ne les connait pas. Mais qui l’avait sauvée, Reira ? Qui avait prit soin d’elle, toutes ces années ? Tu te souviens de ce qu’elle t’avait confié, sur l’oreiller, au Cameroun. Tu te souviens qu’elle avait souffert, son rêve avait été anéanti. C’est toujours à ceux qui ne le méritent pas qu’il arrive des merdes. Mais au moins, Reira est encore vivante. Elle était debout, devant toi, et même si elle avait souffert au point de lacérer ses cuisses, elle avait surmonté cette douleur. Ou peut-être qu’elle la cachait encore au fond de son âme. Tu ne peux pas t’empêcher de te poser la même question, encore et encore. Qui s’était occupé de Reira au moment où elle en avait le plus besoin ? Machinalement, ta main avait recouvert la partie de ton avant-bras que Reira avait effleuré, juste un instant ; le contact de votre peau t’avait fait comme un électrochoc. Ta peau était si chaude que la sienne te paraissait glacée. Sauf que Reira avait l’air d’aller très bien. Elle avait l’air en pleine forme, et vu sa tenue, elle n’avait pas vraiment froid. T’empêches tes yeux de déshabiller ses cuisses d’un simple regard. Tu luttes sans vraiment le faire, c’est pas vraiment le moment de mater. Mais y’a ce truc qui se passe dès que tu la vois. Y’a ce sentiment qui traverse ton esprit dès qu’elle se trouve devant toi. C’est la quatrième, si on coupe votre dernière rencontre en deux. La quatrième fois que tu découvre cette femme, aux facettes si différentes et qui lui vont si bien. La danseuse de scène, la ballerine de fête ; la biche blessée contre la lionne maternelle. T’admire cette manière dont elle vit. T’admire l’idée qu’elle réussisse à être elle-même tout en cachant un passé qu’elle n’a pas envie de dévoiler. T’aimerais prendre exemple sur elle, mais tu ne réussirais pas, toi. Tu sais même plus qui tu étais, il y a dix ans. L’armée t’a changé, ou peut-être que c’est la mort. Elle te demande encore si ça va. Tu ne sais même pas quoi répondre. Alors tu te perds dans tes pensées, tu te perds sur le visage fin de la brune, tu te perds dans ces souvenirs que t’as tout fait pour effacer mais qui reviennent, plus forts. « Je ne suis pas malade, t’inquiète. » C’est la seule chose que tu trouve à dire, que t’es pas malade. Merde Chance, arrête de te trouver des excuses pourries comme ça. Qu’est-ce que tu fous chez elle, dans tous les cas ? Qu’est-ce qui t’empêche de lui dire la vérité, ce soir ? Elle te l’a bien dit, elle, sa vérité. A toi de lui expliquer ce que tu fais vraiment là. Tu fais plus peur qu’autre chose, à lui dire que tu dors bien que chez elle. Alors oui, c’est drôle, peut-être au début. Mais à la fin, ça ne l’est plus. T’es inquiétant. C’est un fusible qu’à pété dans ta tête, parce que là tu dis plus des conneries qu’autre chose. « Nan, c’est pas ce que je voulais dire. » tu passes ta main sur ton front, haussé d’amusement à ta propre bêtise. Visiblement, la chaleur te monte à la tête, il n’y a que cette explication pour justifier ton comportement. Avant même que tu ais le temps de rajouter quelque chose, elle te demande d’aller dans le salon, qu’elle revient vite. Tu fronces les sourcils en la voyant s’éloigner. Tu suis des yeux sa silhouette de dos, elle ne peut pas te voir, de toutes façons. Tu clignes des yeux pour te reprendre, une nouvelle fois. Non, tu vas pas lui demander de mettre un pantalon parce que ça te perturbe, t’es chez elle. Elle n’est pas gênée ? Alors qu’elle reste comme ça. Tu applique ses conseils -s’en est ?- et te retrouve en quelques pas lents au salon. Pas de tête qui tourne cette fois, t’as fais attention en te levant. Tu t’assois sur le canapé et t’enfonce contre le dossier, la tête vers le haut. Tu repense à ses dernières paroles : t’avais bien dormi parce que tu t’étais pris une sale cuite. Possible. De toutes manière, cette excuse de dormir, c’était nul. Vraiment nul. Alors peut-être que c’est vrai, mais la seule et unique raison pour laquelle tu es ici cette nuit, tu ne la connais pas. Ou plutôt, tu ne la comprends pas. Tu vois la brune revenir, une tasse dans la main. Une infusion ? Tu souris. Ta mère te faisait boire un verre de lait tiède quand tu n’arrivais pas à dormir, gamin. Tu ne sais pas si c’était placébo, mais t’avais l’impression que ça fonctionnait. Tu remercie d’un souffle la danseuse qui s’assoit près de toi. Tu te mords la joue en écoutant les questions qu’elle te pose. Tu déglutis, reste un peu silencieux. Il est temps que tu te pose les bonnes questions. « T’avais quelqu’un, pour prendre soin de toi quand ça n’allait pas ? » Alors non, ce n’était pas de ces questions-là dont il fallait parler. Mais bon, tant pis. C’est trop tard. Tu la regarde, tes yeux insinuent tout ce que tu penses : sa blessure, son mal-être. C’est une vraie question, que tu te poses. Mais, Chance, on ne répond pas à une question par une autre. Surtout quand la personne en face essaie de t’aider. « Je vais pas bien… Enfin, cette nuit, ça allait pas bien. Et je crois bien que tu es la seule qui accepte encore de m’aider, même après ce que j’ai pu faire. » C’est vrai, elle t’a prouvé ce que tu viens de dire. Elle t’a laissé entrer, elle aurait pu refuser. Elle est là avec toi, en plein milieu de la nuit, alors qu’elle est probablement crevée. Tu sais pas ce qu’elle a fait ce soir, mais tu peux juger par ses cheveux encore mouillés et le parfum frais qui émane d’elle qu’elle s’est douché il n’y a pas longtemps. C’est qu’elle est rentrée récemment. « Déjà, je suis désolé de pas t’avoir rappelée. Tu vas te foutre de ma gueule, mais j’ai déménagé, et j’ai dû perdre le papier dans tous les cartons. » Bonne excuse ou pas, au moins, c’est dit. Tu vois pas un autre endroit où tu aurais pu perdre ce satané bout de papier, de toutes manières. Et vu l’état dans lequel tu étais, c’était plus simple de venir directement chez elle que de chercher le numéro dans tout l’appartement, surtout si finalement, il était resté chez toi. Tu prends la tasse entre tes mains quelques secondes avant de la reposer presque aussitôt. Encore trop chaude. « Ça me gêne de te demander ça, mais je peux fumer une clope en attendant ? Je vais dehors, promis. » Tu t’en étais déjà grillé deux sur le chemin, mais t’as l’impression que ça comblera le manque que tu sens dans ta poitrine. |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Jeu 7 Mai - 18:55 | |
| blurry images Chance & Reira Est-ce qu’elle est rassurée de savoir que Chance va bien ? Oui et non. Elle ne lui souhaite évidemment pas d’être fiévreux sous le couvert d’un virus ou d’une bactérie quelconque. C’est un mal encore plus profond qui semble ronger l’ancien soldat. Un mal qui avait tenté de consumer Reira, qui essaierait sûrement toujours si la jeune femme n’avait pas trouvé le moyen de l’enfouir profondément. L’état de Chance, la danseuse le connaissait. Les suées, les tremblements, la sensation de vertige, ne pas savoir quoi faire. Ça lui arrivait lorsqu’elle faisait des cauchemar, petite, et plus vieilles lorsqu’elle revivait sans cesse cette chute sur scène qui petit à petit prenait une teinte plus sombre. Cela signifie que potentiellement, Chance a été sous l’emprise de ce style de cauchemar. Le fait qu’il esquive subtilement chacune de ces questions, se contentant d’y répondre sans y répondre, montre qu’il cache quelque chose. Elle se demande tout de même pourquoi avoir fait tout ce chemin jusqu’à Reira pour continuer de fuir. Son esprit tourne à toute allure alors qu’elle attend que la bouilloire sonne. Son esprit continue de bouillonner de réflexions lorsqu’elle retrouve Chance dans le salon. Alors qu’il ouvre la bouche, Reira se dit qu’il va enfin laisser la vérité sortir. Mais non, il lui renvoie une question. Pas n’importe laquelle. Une question qui la laisse bouche bée. S’ils étaient dans un dessin animé, la bouche de Reira serait sûrement tombée par terre. Elle l’observe, cligne des yeux en silence, ne sachant absolument pas quoi répondre. Si elle avait eu quelqu’un ? En quoi ça importe aujourd’hui ? Il la déstabilise déjà de par sa présence, maintenant il la déstabilise en plus par ses mots. Pourquoi lui demander ça et pourquoi maintenant ? Pourquoi pas au Cameroun ? Son regard se perd dans le sien, elle sait encore moins ce qu’elle doit répondre à ça, alors elle ne répond pas et Chance finit par enfin en venir à ce qui le tracasse. Ou presque. L’entendre dire que ça ne va pas la prend aux tripes. Elle a peur, peur qu’il doive vivre la même chose qu’elle. Elle ne le souhaite à personne, et surtout pas à Chance. Pas à cet être si chaleureux, rempli d’une joie et d’une bienveillance incommensurable. Même s’il semble maladroit, qu’il fait des erreurs, il a bon fond. Ça lui serre le cœur de savoir que visiblement la danseuse est la seule personne sur laquelle il peut compter. En venir à n’avoir qu’une ex-conquête pour soutien, c’est assez triste. Ce n’est même pas comme si c’était des véritables exs, qu’il avait eu une véritable relation amoureuse. Non ils avaient simplement partagé leur lit une fois, et la petite maison de Reira une seconde fois. Chance n’est pas seul, il a visiblement des proches, mais ceux-ci ne semblent pas daigner lui accorder d’importance. Ça l'attriste, profondément, parce qu'elle se dit qu'il ne mérite absolument pas ça. « Ne dis pas ça. Je suis certaine que tu as des amis, ou de la famille pour t’aider. Je veux dire… Il y a toujours des gens. » Sauf quand on les abandonne. N’est-ce pas ? Elle le sait bien que les gens finissent par déserter lorsqu’on les abandonne. Est-ce que sa famille serait là pour elle si elle rentrait en Russie ? Certainement pas. Même son frère ne voudrait plus la revoir. Le pire dans tout cela, c’est que les abandonner n’a pas eu tant de bon que ça. Sur le papier, Reira semble parfaitement heureuse, comme si tous ses sacrifices pour recommencer de zéro avaient été un franc succès mais elle a simplement enterré le problème. Si bien que le jour où il ressortira, tous les remords se montreront. Peut-être même qu'ils ont déjà commencé à remonter, depuis quelques temps, mais ça aussi elle le nie. Il recommence à s’excuser, sincèrement, d’avoir perdu ce bout de papier. Effectivement, un léger éclat de rire vient lui secouer la cage thoracique. « Tu serais pas un peu du genre tête en l’air toi ? » Elle hausse un sourcil en le regardant en coin. Un sourire étire brièvement ses lèvres alors qu’elle baisse le regard. « Je ne vais pas te mentir, j’ai été un peu vexée que tu ne rappelles pas, que tu n’envoies même pas un sms. T’as un peu été un gros con cette fois… » Elle esquisse un sourire, pour lui montrer qu’elle ne lui en tiendra pas rigueur. Faute avouée, à moitié pardonnée. Et puis de toute façon, il ne lui devait rien. Elle le voit reposer sa tasse trop chaude, lui demander s’il peut aller fumer. Elle acquiesce d’un mouvement de tête. « Oui bien sûr, passe par la cuisine pour rejoindre le jardin. » Pendant qu’il traverse le salon, les iris de la brune le scannent. Sous sa tenue décontractée se cachent des muscles saillants qu’elle devine aisément. Ils sont peut-être même plus développés qu’à l’époque où elle l’a connu. Difficile à dire à vue de nez, dans des habits larges. Peut-être que si elle les touchait… Elle chasse rapidement cette idée de la tête, parce que ce n’est pas le moment. La fumée sortant des tasses hypnotise Reira un instant. Elle se remémore alors les paroles de Chance, sa question. Qui avait pris soin d’elle ? Ses dents se referment sur sa lèvre inférieure qu’elle grignote alors que ses doigts glissent sur ses cicatrices. Elle se lève soudainement, pour aller retrouver Chance dehors. Il est adossé au mur, d’un air nonchalant. Sa clope est à moitié entamée, l’odeur n’a jamais dérangé la danseuse, même si elle n’a jamais tenté l’expérience du tabac. Elle l’imite, s’adosse au mur avant de pousser un profond soupir. « Personne. » Elle croise le regard de Chance avant d’ajouter. « Personne n’a pris soin de moi. Parce que je ne me suis jamais soignée. Pas pendant très longtemps en tout cas. Comme un déni de mal-être, si ça existe. » Son regard vient se perdre sur les marches, ses pensées revivent les huit années qui la séparent de l’accident. Elle a tout lâché, en se disant que si elle reniait tout ce qu’elle était, peut-être que la douleur disparaîtrait. Ça avait fonctionné un temps, puis c’était revenu au galop, par périodes de plus en plus intenses. Elle a fini par comprendre qu’en parler était nécessaire, que ça ne ferait pas plus de mal que de tout rejeter, pas sur le long terme. Comme un pansement que l’on retire d’un coup sec. Est-ce que Chance lui avait demandé ça parce qu’il se sent seul et qu’il a peur de ne jamais s’en sortir ? Elle fronce légèrement les sourcils. Son visage finit par se radoucir au contact des yeux de Chance sur sa peau. Elle pivote face à lui, un sourire au coin des lèvres. « Tu sais… Tu m’as aidé à ta façon, cette nuit-là. » Cet apaisement qu'il lui procure encore aujourd’hui ; tout cela part de cette nuit, de cette rencontre. Peut-être qu’il vient chercher auprès de Reira ce qu’elle avait pu trouver auprès de lui il y a des années. Elle serait incapable de décrire ce qui les relie, ce qu’il lui fait ressentir. Une chose est certaine, la jeune femme serait prête à tout pour l’aider, sans rien demander en retour. « Tu n’es pas seul Chance. Je suis là, aussi longtemps que tu auras besoin d’aide. Même si c’est à 3h du matin, même si t’esquives le problème. » Elle avait bien attendu deux longues années avant de commencer à parler de ce qu’elle avait vécu, les premières paroles sont les plus difficiles à prononcer. Pourtant, il faut extérioriser, ne surtout pas enfouir. Lorsque Chance serait prêt, elle sera là. (c) oxymort
Dernière édition par Reira Tsvetkov le Ven 8 Mai - 19:07, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Jeu 7 Mai - 23:47 | |
| Ce manque au fond de ta poitrine, tu le sens grossir, de jours en jours. Tu le sens depuis des années maintenant. Tu le sentais déjà, avant de t’engager pour l’armée. C’est pour ça, d’ailleurs, enfin tu crois, peut-être, que tu t’es engagé. Pour combler ce vide. Vide qui s’est pas du tout rempli. Vide qui n’a fais que s’agrandir, d’années en années. Avec ce que t’as vu, ce à quoi t’a échappé, ce que t’a fait. Ceux que t’as abandonné, ceux que t’as ignoré. Ce vide, c’est toi qui la rendu plus fort que toi. Ce vide, c’est toi qui l’as nourri. Aujourd’hui il fait parti de toi, tu le ressens, tous les jours. Mais t’y es habitué, il n’y a que dans des moments comme cette nuit, où tu le sens se réveiller et de bouffer encore plus les entrailles. Alors t’as besoin de l’oublier en te faisant bouffer, autrement. Avec la clope, par exemple, qui te bouffe les poumons. T’en oublie la douleur, t’as l’impression qu’elle s’atténue. C’est pour ça que maintenant que tu peux, maintenant que tu n’as plus de tests respiratoires, tu t’enfiles les paquets. T’as perdu du souffle, depuis ton retour. C’est sûr. Mais tu continue à l’entraîner, car être dépendant d’un souffle trop court, ça te plait pas. T’as souri, timidement, quand Reira t’a dit que t’avais des gens qui pouvaient t’aider, à part elle. Oui, ils le peuvent. Mais tu les as abandonnés. Et même s’ils sont en voie de te pardonner, aujourd’hui, alors que tu fais des efforts pour les retrouver… pour te retrouver, tu ne leur as pas dit. Ils sont trop proches de toi. T’as l’impression que retrouver quelqu’un que tu ne connais pas, ou que très peu, de lui parler, c’est plus simple. Expliquer ce qui t’es arrivé, c’est blesser encore un peu plus tes proches. C’est les faire se morfondre sur ton sort. Et tes fautes ? Tu ne veux pas qu’elles soient oubliées. Ces fautes, tu les as faites, et tu veux pas qu’on les oublie parce qu’ils remettraient ça sur le dos de ce que t’as vécu. C’est pas ce que t’as dû vivre qui t’a fait oublier ta famille. C’est toi. Il n’y a que toi qui a décidé de les oublier. Pour trouver ta voie, sans eux. La seule chose que ça a fait, c’est entailler un peu plus ton cœur. Alors oui, t’as bien quelqu’un d’autre que Reira. Mais non, tu penses pas qu’ils seront mieux placés. Parce que, tu l’as bien vu, mais cette danseuse, elle a vécu des choses. Elle a vécu des choses vraiment pas simples. Et elle s’en est sortie. Alors aujourd’hui, elle ne te juge pas. Elle t’accepte. Et c’est de ça dont tu as besoin. De quelqu’un qui t’accepte, avec tes démons, tes défauts, tes erreurs. Même si ces erreurs, tu les fais aussi avec elle. Mais tu sens quelque chose avec elle, tu ressens quelque chose de différent. T’as pas envie de lui raconter, parce que t’as envie d’oublier. Mais si t’avais pas envie d’oublier tout ça, alors tu es certain que tu lui raconterais. Ta famille ? Non, eux, tu ne leur raconterais pas, même si tu te fichais, d’oublier ou non. Mais tu te rend compte que la brune aux regard perçant ne t’a pas répondu. Elle se l’est jouée comme toi, elle a esquivé. Et elle est plutôt forte pour ça, elle aussi. T’en avais même presque oublié ta question. Tu ris avec elle concernant le morceau de papier. Au moins, elle ne t’en tient pas rigueur, en tout cas pas maintenant. « Ça c'est sûr ! j’ai été un gros con. » Tu ris en secouant la tête en te souvenant de votre dernière conversation. T’es quelqu’un de maladroit. Des fois ça te joue des tours, comme cette fois. Mais peut-être que finalement, c’était pas si mal. Qu’est-ce que vous vous seriez dit ? Qu’est-ce qu’il se serait passé, si tu l’avais rappelée ? Vous auriez eu, un genre de rendez-vous ? Ca aurait peut-être mal tourné. Et peut-être que tu serais jamais venu, ce soir. Mais tu peux pas savoir ce qu’il aurait pu se passer. Alors tu laisse place au présent, et pas à un passé présumé. Elle te laisse filer pour fumer, en te levant, tu attrapes le paquet dans ta poche et ton briquet. Tu suis le chemin qu’elle t’a indiqué et remet ta capuche sur la tête pour couvrir ton cou. Tu fermes la porte derrière toi pour ne pas laisser entrer la fraicheur de la nuit dans la maison. Cigarette entre les doigts tu l’allume. Tu fumais pas beaucoup avant, c’est pendant tes permissions que t’as commencé. Avec les potes, une clope pendant une soirée. C’était un bon moyen de rencontrer certaines filles, parfois. C’était votre technique, pour soi-disant passer une meilleure soirée. Au fond, y’en a peu qui t’ont marqué. Reira t’a marqué. Parce que même si tu ne te souvenais pas d’elle, pas tout de suite, votre soirée, elle, t’a marquée. Tu t’en es souvenu, dès lors que t’as eu la certitude que vous vous connaissiez. T’avais juste besoin d’une piqure de rappel. D’un déclic qui a réveillé tes souvenirs. C’est la porte qui s’ouvre en grinçant qui te sort des abymes de tes pensées. Adossé contre le mur, tu lui adresse un petit signe de tête. T’étais heureux qu’elle te rejoigne. Tu fronces les sourcils en voyant dans quelle tenue elle sortait. En fait, elle n’avait pas changé de tenue. Tu ris un peu en prenant une nouvelle latte de tabac. Elle s’adosse contre le mur elle aussi. Vous restez là, quelques instants rapides avant qu’elle ne brise le silence. Tu laisses se consumer une petite partie de la cigarette alors qu’elle accepte de répondre à ta question de tout à l’heure. Un déni de mal-être ? Ça doit bien exister. Tout existe si on lui donne un nom. Tu tournes la tête vers elle, tes yeux caressent avec une certaine distance la peau lisse de la danseuse. Personne ne l’a aidée car elle ne s’en rendait pas compte ? Toi t’as besoin d’aide. Tu le sais. Mais tu veux pas l’aide de tout le monde. Tu veux pas parler à un psychiatre. Tu veux pas parler avec tes parents. Tu veux oublier, mais aller mieux en oubliant, est-ce que c’est possible ? « Moi je veux oublier. » Tu dis tout bas, presque en un murmure, ton regard parcourant toujours le corps de la belle russe. Tu croises son regard quand elle te lance que tu l’as aidée. Tu détournes les yeux pour porter la cigarette à ta bouche. Elle s’est éteinte. Tu retrouves le briquet pour l’allumer. Quelques secondes de blanc. Tu l’as aidée ? Tu sais pas quoi répondre à ça. Comment tu as pu l’aider ? T’es perturbé, tu rates le rallumage de ta cigarette, une, deux fois. Tu trembles un peu. On va dire que c’est de froid. On va dire que c’est à cause du choc, de ton rêve, même si ça va faire une heure et demi que tu t’es réveillé. Tu l’as aidée, et aujourd’hui elle t’aide. Pourtant, elle sait très bien ce qu’elle fait, toi, t’en savais rien. Tu fermes les yeux. Oui, c’est vrai, tu esquives. Tu passes ton temps à esquiver. A fuir les problèmes. Comme tu dis, ton seul souhait, c’est d’oublier. Mais t’oublis pas dix ans de ta vie comme ça. T’oublis pas la mort comme ça non plus. Tu te laisse glisser contre le mur pour t’assoir, les genoux repliés vers toi, clope au bec. « T’as l’air d’être une personne forte. T’as réussi t’échapper de tout ça. Moi j’ai peur que ça ne se finisse jamais. J’ai pas le cran d’le combattre. C’est vrai que j’aimerais. J’aimerais vraiment. Mais en même temps, je veux juste que ça se finisse. Toutes ces années… Je les ai passées à oublier. C’est simple d’oublier. C’est plus simple que d’y faire face. » Ta voix est cassante, ta gorge se serre, t’as du mal à parler d’un seul et même ton. Ton regard se trouble à nouveau, il s’embrume quand tu repenses à tout ce que tu essayes justement d’oublier. La douleur, c’que tu as perdu, tes amis, ceux dont tu avais la responsabilité et que tu n’as pas pu protéger. Tu laisses échapper une larme que tu chasse du revers de la manche. Le silence de cette nuit te trouble, il te pousse dans tes retranchements, il te pousse dans tes souvenirs. « J’ai perdu un ami. Je l’ai tenu dans mes bras alors qu’on attendait le reste de notre escouade. Il avait une vie qui l’attendait. » Tu repenses à la fiancée de Medrick. Tu repenses à ce qu’auraient été vos vies s’il n’était pas parti, ce jour-là. « Je me demande tous les jours pourquoi je suis encore là et pas lui. Si quelqu’un de puissant existe, en haut, pourquoi il ne m’a pas pris à sa place. J’avais rien contrairement à lui. Regarde, je suis une loque, j’ai bientôt trente ans, j’ai toujours rien. Je vis comme un gosse de vingt ans qui vient de quitter sa baraque. » Tu places ta main libre sur ton visage avant de souffler bruyamment entre tes doigts. Tu laisses ta tête retomber sur Reira quelques secondes avant de prendre ta dernière latte et d’écraser le mégot de cigarette. Tu le range dans ton paquet, tu le jetteras, plus tard. Tu te relèves. Tu sais pas si ça t’a fait du bien, de fumer, de raconter ça a Reira. Tu sais pas si ça va t’aider. Tu sais pas si tu vas aller mieux. Mais t’as commencé à lui expliquer. T’as pas vraiment réfléchi, tu l’as seulement fait. Tu lui passe devant avant de lui sourire « Allez viens, j’ai hâte de gouter cette infusion. Et c’est toi qui va finir par avoir froid. J’t’aurais bien filé mon sweat, mais j’ai rien en dessous. » Tu lâches un soufflement amusé. T’avais pas cherché à vraiment t’habiller en fonction du temps. T’avais pris ce qui te tombait sous la main et tu étais parti. Tu retournes t’assoir sur le canapé, le chiot vous avait suivi, sûrement inquiet de voir sa maitresse s’éloigner un peu trop de lui. Il vient te renifler avant de se dandiner vers Reira, visiblement heureux de la retrouver. Tu la regarde revenir, on dirait presque une lueur de tendresse dans tes yeux, à ce moment précis, un sourire discret au coin des lèvres. |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Ven 8 Mai - 19:06 | |
| blurry images Chance & Reira La brune fait face à un homme en demi-teinte ; il sourit, rit à sa remarque puis de l’autre côté ses démons l’habitent et le consument. Oublier. Reira a cru que c’était possible d’oublier, mais il n’en est rien. On peut oublier ce qu’on a mangé la veille, on peut oublier où on a fourré un bout de papier, oublier le prénom d’une personne qui ne nous a pas marqué plus que ça. Quelque chose qui bouleverse tout l’être, physiquement ou psychiquement, ne sera jamais oublier. Le principe même des cicatrices provient de ce non-oubli. Pourquoi se blesser ou se faire blesser laisse des traces ? Pour que l’être humain se construise, apprenne de ses erreurs et de ses expériences pour se consolider. La nature est bien faite parfois. Pourtant, tout comme Chance, elle a voulu oublier. Oublier ses rêves, sa blessure, qui elle était. Aujourd’hui, sur ces marches, est-ce qu’elle avait oublié ? Ses cicatrices sur la cuisse, la douleur qu’elle peut ressentir dans le genou, tout était là pour le lui rappeler presque quotidiennement, comme si elle avait choisi l’abonnement hebdomadaire à la piqûre de rappel. Elle croise le regard d’un Chance timide qui murmure et elle en a profité pour lui avouer que lui, il l’avait aidée. Ça le déstabilise, elle le voit à ses mains qui tremblent, à moins que ces tremblements soient liés à ce qui l’a poussé à venir ici, ses mauvaises nuits. Même s’il ferme les yeux, les siens restent bien ouverts pour l’observer en pleine tentative de détente, d’oubli. « Crois-moi, oublier ça n’existe pas. Pas pour ce genre de choses. Il faut simplement apprendre à vivre avec, je suppose… » Reira n’est diplômée de rien, et encore moins en psychologie. Elle se fie seulement à ce qu’elle a pu vivre, et à ce qu’un bon ami avait pu lui dire il y a quelques années. Les tentatives d’oubli renforcent la déception et le malheur car ce ne sont que des échecs à répétition. Il s’installe par terre, recroquevillé sur lui-même. De sa hauteur, elle observe dans son nuage de fumée, sans bouger. Même comme ça il est beau Chance, il a une lumière qui l’habite. Une lumière qu’il pense certainement éteinte, soufflée par un elle ne sait quoi. Elle ne le connaît pas, mais elle le sent. Le visage de la russe se déforme sous le coup de la surprise, ses sourcils se haussent en mordant l’espace libre sur son front, sa bouche s’entrouvre suffisamment pour parler mais elle reste muette, le laissant terminer. Elle est touchée de voir que Chance la pense suffisamment forte pour en avoir terminé avec tout ça. Pourtant, quelques minutes avant son arrivée, si la douleur de son genou ne s’était pas atténuée après les soins, Reira aurait sûrement vriller. D’angoisse, de colère ou de tristesse. Il pense aussi qu’elle a tout combattu à la manière d’un chevalier valeureux qui foncerait dans un tas d’ennemis pour tous les terrasser. Elle a fui la russe. Son pays, sa passion, sa famille. Elle a fui les problèmes en fuyant tout ce qui la rendait elle. À oublier aussi, en vain. Tant de sacrifices pour rien… Reira ne se qualifierait pas de forte, plutôt de lâche. Peut-être même d’égoïste. Elle n’avait pensé qu’à elle ce jour-là, celui où elle a détruit tous ses liens avec sa vie d’avant. Et si elle faisait du mal à ses parents, à son frère ? Sur le coup, elle n’en avait strictement rien à faire. La seule chose qui importait et qui a importé pendant des années c’était elle, son bonheur retrouvé. Une joie déguisée qui s’effrite à mesures que les souvenirs la submergent, un égoïsme qui laisse place à des remords. Ses actes étaient impardonnables. Là encore elle ne cherche même pas à se racheter, elle se contente de les fuir, les ignorer. Jusqu’au jour où ils lui reviendront en pleine face. Les paroles de Chance l’avaient projeté dans ses pensées, elle ne réalise qu’après qu’il commence à s’ouvrir. Elle revoit sa mâchoire se crisper au fur et à mesure qu’il déballait ses paroles dans un rythme saccadé. Et là elle remarque sa larme qu’il efface rapidement. Elle n’a jamais été douée pour réconforter les gens. Elle ne sait jamais si elle doit les prendre dans ses bras, si elle doit leur taper l’épaule, ou ne rien faire. Il interrompt ses pensées et reprend son récit. Le souffle de Reira se coupe, littéralement, sa poitrine ne bouge plus, l’air est mis sur stop dans son organisme. Une partie d’elle s’attendait pourtant à ce que la mort fasse partie de la douleur de Chance, parce qu’il a fait l’armée et que la mort y est étroitement liée. Les paroles suivantes de l’ancien soldat lui compressent la poitrine de compassion et de tendresse. Cet ami, ça ne devait pas être n’importe qui pour lui, pour qu’il pense que la mort aurait dû le faucher lui plutôt que son ami. Parce que cet ami avait plus d’avenir que lui, qu’il ne méritait pas de mourir. Reira n’a jamais cru à une entité supérieure, du moins elle n’a jamais cru à un Dieu tout puissant qui décide comment la vie est régie. Parce qu’elle ne comprendra jamais pourquoi certaines personnes meurent pendant que de parfaites ordures continuent leurs infamies. Dans un souffle, elle parvient à s’exprimer alors que Chance a tourné son visage vers elle. « Je suis sincèrement désolée Chance, pour ce que tu as vécu. » Comment dire autre chose ? Elle croise ses yeux embués de larmes et de souvenirs douloureux. Reira s’est longtemps apitoyée sur son sort, parce que ses rêves étaient brisés, et qu’elle pensait que sa vie l’était également. Mais des rêves brisés, ce ne sont que des broutilles à côté de la mort. Il se relève rapidement et passe devant elle pour s’empresser de rentrer, comme s’il souhaitait à nouveau fuir après avoir tout déballé.
Elle rigole à sa remarque, comme si une russe pouvait attraper froid dans un pays moins froid que le sien. « Je viens d’un pays où les gens sortent nus de saunas pour se jeter de la neige alors ce n’est pas un petit vent d’automne qui risque de m’avoir. » Son sourire se meut en rictus amusé lorsqu’il précise qu’il ne porte rien sous son sweat. Elle ne peut s’empêcher de lui lancer, alors qu’elle le suit à l’intérieur, prenant soin de bien refermer derrière elle. « Rien en dessous ? Ce n’est pas comme si je n’avais pas déjà vu ce qui s’y cache. » Elle hausse un sourcil, malicieuse. Blacky arrive en même temps en courant comme s’il n’avait pas vu sa nouvelle maîtresse depuis des semaines. Elle le caresse avant que celui-ci ne se dirige vers un Chance attendri par la boule de poils. Pendant quelques instants, elle repense à ce torse nu, et elle est transportée au Cameroun avec lui, dans cette chambre d’hôtel. Elle revoit ce Chance qui était encore heureux, et probablement un peu insouciant. Elle se dit que la vie a quand même été injuste avec lui, qu'il ne méritait pas un tel sort. Elle l’a machinalement suivi jusqu’au canapé, s’est assise à côté de lui. Elle a envie de le serrer dans ses bras, alors elle le fait, sans réfléchir. Peut-être pour lui dire qu’il n’est pas seul, beaucoup pour lui dire qu’il compte forcément pour des gens, et qu’il ne devrait pas se penser comme une loque insignifiante. Ses mains se referment sur son dos, elle en devine les muscles. Leur étreinte dure plusieurs secondes, assez pour que Reira lui transmette son soutien, trop longtemps pour qu’elle ne sente pas son cœur rater un battement à cause de cette soudaine proximité. Elle a la peau qui s’électrise lorsqu’elle sent malencontreusement son souffle contre sa nuque pendant qu’elle se détache progressivement de lui. Elle espère qu’il ne remarquera pas son trouble et s’empresse d’adopter un geste d’apparence plus amical en posant sa main sur son biceps. « Tu ne m’as pas donné l’occasion de véritablement réagir à tes confessions mais… Aussi triste que ça puisse être, cela fait partie des règles du jeu de la vie. Des gens qui disparaissent alors qu’ils ne le veulent pas, alors qu’ils ont un avenir merveilleux tracé devant eux, des enflures qui sont libres de vivre, et d’autres qui souhaitent disparaître et qui sont forcés de vivre. » Pendant longtemps Reira n’avait souhaité que cela : que tout s’arrête, parce qu’elle n’avait plus rien à faire sur Terre. Elle n’avait que 17 ans et déjà pour elle, elle pensait à mourir. Parce que ne plus pouvoir danser, ne plus pouvoir faire le Bolchoï, c’était mille fois plus douloureux que la mort. « Tu as le droit de vivre Chance. Ce n’est pas parce que ton avenir n’est pas construit que tu n’y as pas le droit. » Sa main glisse délicatement sur son bras avant de le libérer de son emprise. Elle sent un courant d’air froid lui courre sur la paume de sa main, privée de la chaleur masculine de Chance. Son regard qui était jusqu’alors plongé dans le sien se détourne soudainement. « Je ne suis pas si forte que ça tu sais. Je n’ai rien combattu. J’ai fui, évité, nié. J’ai tenté d’oublier qui j’étais, pour oublier la douleur de sentir sa vie s’éteindre alors qu’on est pourtant bien vivant. La seule chose qui m’a redonné de l’espoir c’est de pouvoir redanser, même si je ne deviendrais jamais la meilleure étoile de Russie. Encore aujourd’hui, je pense que je n’ai pas d’avenir, malgré mon travail et ma maison, parce que je reste attachée à celle que j’étais, celle qui rêvait. » Elle débite ses paroles sans y penser alors que son cœur se serre, ça lui fait pourtant comme un électrochoc d’avouer que depuis 2013, rien n’a véritablement changé chez elle. Qu’au fond d’elle, ses blessures sont toujours en train de saigner. Elle se penche pour récupérer les infusions qu’elle avait fini par oublier et en tend une à Chance. Un sourire tendre se dessine sur ses lèvres. Replonger dans son regard chasse presque instantanément ces pensées, au moins le temps d'un instant. « Bois ça, ça détend et c’est mieux que la nicotine. C’est une recette russe, mais promis il n’y a pas de vodka dedans. » Ses lèvres s’étirent un peu plus, laisse échapper un léger éclat de rire pour chasser les tristes pensées qui envahissent le salon, pour rappeler que la vie c’est aussi la joie et le rire. Rien n’est toujours tout noir, s’en sortir est toujours possible. (c) oxymort |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Dim 10 Mai - 0:45 | |
| Apprendre à vivre. T’as appris beaucoup de choses, que ce soit à l’école, à l’armée, avec tes parents, ta famille, tes amis. T’as passé ta vie à apprendre de nouvelles choses. Mais si on t’avait dit qu’un jour tu devrais apprendre à vivre… Tu regardes Reira, les sourcils froncés. Apprendre à vivre avec oui. Mais apprendre à vivre tout court, au final. Parce que maintenant, ça fait parti de toi. Toutes ces choses horribles, que t’as vu, que t’as fait. Tout ça, c’est ta vie maintenant. Alors tu lui dis ce que t’as sur le cœur, tu lui dis c’que tu peux lui dire, pour l’instant. Lui avouer tout ça, c’est te dévoiler un peu. C’est comme si vous aviez quinze ans, et que t’avais enlevé quelques fringues. C’est juste pour elle, sauf que t’as rien enlevé. T’as juste entre-ouvert une porte, encore verrouillée par une chaîne. Mais elle est suffisamment ouverte pour que Reira puisse entrevoir une petite partie de ton âme. Une petite partie de ton passé. Et peut-être qu’un jour, tu enlèveras cette chaîne. Peut-être qu’un jour tu la laissera entrer. T’ignores quand ça arrivera, ou si même ça arrivera. Mais ça reste une possibilité, et ce jour-là, tu espères que tu auras réussi à tourner la page. T’es ému. Raconter tout ça, ce n’est pas anodin. Ça ne te laisse pas de marbre. C’est la première à savoir, si on ne compte pas ton doc’. Et raconter c’que t’en penses, expliquer où tu te situ dans cette histoire, ça te fait encore plus de mal. T’as la gorge qui se noue, t’as du mal à parler. Mais tu réussis, ta voix est un peu rauque, à cause de la clope, à cause de l’émotion. Tu souris quand elle se dit désolée. T’en attendais pas autant, elle n’était pas obligée de répondre. Mais ça te fait sourire. Pas par plaisir, mais parce que toi aussi, t’es désolé. C’est là que tu te redresses, que t’essaye de passer à autre chose, que tu l’emmène virevolter avec toi dans une autre discussion, la danseuse. Ta danseuse ? T’éclates de rire avec ce qu’elle te répond. « C’est vrai que j’avais presque oublié que t'étais russe, malgré ton accent. » T’hausses faussement les épaules. « T’en a peut-être vu, mais t’as peut-être pas tout en tête, je voudrais pas te gâcher la surprise. » Tu ris à ta propre insinuation. Tu te sens bien. Tu te sens mieux. Elle te fait rire. Elle te permet de passer à autre chose, sans oublier. Est-ce qu’elle te permet d’accepter ? C’est peut-être encore trop tôt pour le dire. Pour l’instant contente toi de profiter. De ces instants de calme, de joie. De ces instants peut-être un peu simples. Mais c’est mieux ça. Tu t’installes en l’observant te rejoindre tandis que le chiot vient te renifler, toi aussi. Tu lui fais quelques caresses, une moue joueuse sur les lèvres, tu parles discrètement au chiot, sans vraiment t’en rendre compte. Tu te redresses et sans vraiment avoir le temps de croiser le regard de la brune, elle te sert dans ses bras. T’es d’abord surpris. Tu sais pas trop quoi faire, comment réagir. Et puis tu sens son odeur, son souffle dans ton cou, sa peau contre la tienne. Un peu trop près de ton visage. Tu déglutis, avant de la serrer, toi aussi, laissant glisser tes mains dans son dos par-dessus son T-shirt, l’une vient caresser la nuque de la russe, juste quelques secondes, avant que vous ne vous éloigniez. Tu restes perturbé par ce qu’il vient de se passer, sans vraiment savoir quoi en penser. Elle pose sa main sur toi, et ton cœur fait un bond dans ta poitrine. T’essayes de cacher ton agitation mais tu t’interromps en la voyant commencer à parler. Ton regard se perd sur sa bouche rosée et t’acquiesce à ce qu’elle te dit. Ces règles dont elle parle, elles sortent du commun des mortels, ces règles, elles te dépassent. T’en a déjà enfreint pleins, des règles ; même dans un environnement où les règles sont importantes, même à l’armée. T’en a risqué des choses. Pourtant, t’es encore là. Il ne t’est rien arrivé. Ce sont les seules qui ne dépendant pas de vous. « Mais on est forcés de les suivres celles-ci. C'est pas des vrais règles. Les règles on peut les enfreindre.» T’aurais aimé enfreindre ces règles pour prendre la place de Medrick. Mais c’était il y a cinq ans. Parfois, l’idée d’en finir t’es venu à l’esprit. Mais c’était trop bref, l’envie partait aussi vite qu’elle arrivait, et c’était plus ton mal-être qui te donnait envie de mettre fin à tout ça, pas ta vie. T’es en train de commencer une nouvelle vie, ou du moins, tu essayes. Alors aujourd’hui, l’idée ne te traverse même plus l’esprit. Tu ne va pas forcément bien, mais tu n’es pas plus mal qu’un autre non plus. T’arrive encore à tenir debout. « J’ai peut-être le droit de vivre, mais est-ce qu’il y a une vie qui m’attend, quelque part ? Est-ce qu’elle est ici ? » tu ne te vois pas repartir. Tu ne te vois pas voyager pour trouver ta vie. Tu ne te vois pas tout quitter à nouveau. Tu regrettes. Tu regrettes suffisamment pour avoir envie que ta vie se passe ici. Mais t’as peur de ce qui t’attend, si c’est ici. T’as déjà fui, tu ne veux plus fuir. Pourtant tu le feras forcément, un jour ou l’autre. Tu ne fuiras peut-être pas au bout du monde. Tu fuiras peut-être juste dans la maison d’à côté, chez un ami, sur une plage ou dans une voiture. Tu fuiras, quelque part, parce que tu es quelqu’un qui fuit. Alors Reira se confie. Tu ne lâches pas son visage du regard pendant qu’elle s’exprime, qu’elle relâche ce qu’elle a sur le cœur ; et pendant ce temps, alors que tu te rends compte que vous avez plus de points communs que tu n’aurais cru, ta main se glisse sur sa cuisse nue. Pour être présent, pour créer un contact. Tu ne sais pas vraiment lequel, il te trouble un peu toi-même. Reira elle te perturbe. Elle te fascine. Tu sais pas comment réagir près d’elle. Ton pouce se met à caresser doucement sa peau pendant qu’elle termine. Tu sens la brune émue, comme t’as pu l’être. Alors tu lui laisse entrevoir un sourire discret, un regard compatissant. Tu peux être là pour elle. Tu peux être une épaule sur laquelle elle se repose. Une main qu’elle peut serrer si elle a mal. T’as l’impression qu’elle n’en a pas totalement finit avec son passé à elle. Qu’il la suit, elle aussi. Elle finit par te sourire elle aussi quand son regard s’éclaircit, signe qu’elle s’est tirée de ses pensées. Elle se redresse et tu ôte ta main de sa cuisse pour la laisser faire ce qu’elle veut. Elle te tend la tasse et tu la remercie avec un large sourire. « J’suis vachement déçu dis ! J’pensais que vous mettiez de la vodka dans tout ce qui se buvait. » tu relèves les yeux vers elle tandis que tu portes la tasse à tes lèvres. Tu sens la chaleur du liquide descendre ta gorge et atterrir dans ton ventre où elle se répand pour rejoindre la moindre parcelle de ton corps. Tu te mords les lèvres. « Je vais pisser toute la nuit ? » tu plaisantes en compensant par un clin d’œil à la brune. Tu reprends une gorgée, et encore une autre. Le goût est agréable, tu sens toujours la chaleur qui prend possession de tes membres pour certains froids, à commencer par tes mains. C’est là que tu te rends compte qu’elles n’étaient pas forcément à une température ambiante. « Merde, pardon. J’avais pas capté que j’avais si froid aux mains. » tu fais les gros yeux en toisant la cuisse que tu as touché quelques secondes plus tôt. Mais ça n’a pas eu l’air de la déranger. Tu gardes la tasse avec toi pour réchauffer tes mains avec la faïence. L’infusion ne remplacera pas la nicotine que tu laisses imprégner ton corps, c’est certain, mais tu dois reconnaître que ça te faisait un certain bien. Et c’est surtout que tu partages ça avec quelqu’un, tu n’es pas seul. Dans l’appartement, tu as beau être avec les autres, tu ne les connais pas encore très bien. Tu viens d’atterrir chez eux, tu prends à peine tes marques. Et même si Reira non plus, tu ne le connais pas très bien, t’as l’impression que vous vous comprenez. Ou que vous essayez de vous comprendre. « C’est plutôt pas mal ce petit goût. Faudra que tu me files ta recette, ça m’évitera de finir chez toi comme si c’était un café. » Tu finis la tasse en quelques gorgées avant de t’étirer largement avant de te glisser à nouveau au fond du canapé, plus détendu. « T’as encore mal parfois ? » tu lui demandes un peu plus sérieusement en désignant du bout du nez son genoux. Ce genre de douleur, tu sais que ça ne part pas. C’est pas que physique, c’est interne. Ça se soigne mais ça ne s’améliore pas. « Tu sais, t’as beau ne pas pouvoir être la danseuse étoile que tu rêvais d’être… Tu dois bien être l’étoile de quelqu’un. Ou tu le seras. » Ton regard se perd pour fixer ce qu’il y avait en face de toi. Pourquoi tu lui a dit ça ? Tu sais pas vraiment. T’avais ce sentiment de devoir la rassurer par des mots, toi aussi. T’avais ce sentiment qu’elle en aurait besoin peut-être un jour. Tu rajoutes « A commencer par lui. » C’est le chiot que tu regardes, alors qu’il dort profondément. Il n’y a que sa truffe rose qui se démarque de son pelage noir. Reira, elle est l’étoile de ce chiot. Elle l’a sauvée, elle lui donne une vie sereine. Elle l’aime. Elle pourrait être la tienne d’étoile. Elle pourrait te guider, t’indiquer le nord. Illuminer ton chemin. |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Dim 10 Mai - 14:47 | |
| blurry images Chance & Reira Les soucis semblent s’envoler dans cet élan de paroles plus légères. Parfois elle aussi elle oublie qu’elle est russe, parce que ça fait bientôt sept ans qu’elle n’a pas remis les pieds dans son pays. Son pays lui manque, plus qu’elle ne voudrait se l’imaginer mais elle ne peut pas y retourner, elle ne peut pas aller se confronter à la famille. Même s’il s’agit du plus grand pays du monde, même si elle allait à l’autre bout du bout, à l’opposé de Moscou, elle ne serait quand même pas rassurée. Son rire se mêle au sien lorsqu’il insinue qu’il y aura une surprise. Elle rigole tout en sentant la chaleur s’imprégner de son corps, une chaleur qui part des mots de Chance pour se nicher dans son ventre. Tout semble avoir disparu, Chance discute insouciamment avec le chien alors que Reira repense à ses paroles. La chaleur vient envahir son être dans une douce décharge électrique lorsqu’il lui rend son étreinte, lui fait encore oublier toutes les souffrances que la vie peut apporter. Ces quelques secondes deviennent une éternité à être ainsi, proche de Chance. Elle sent sa main glisser jusqu’à sa nuque, ça la fait délicieusement frissonner mais elle doit se détacher. Parce qu’aussi délicieuse que soit cette étreinte, elle la perturbe énormément. Comme si c’était la première fois qu’elle était si proche d’un homme. La perturbation disparaît un temps, pour laisser place aux confidences et aux paroles réconfortantes, ou à ce qui y ressemble. Il a raison sur les règles, celles si on ne peut pas les contourner ou les contrôler dans notre intérêt. Les règles de la vie sont omnipotentes, se comportent comme de véritables dictatrices que rien ne peut ébranler. L’Homme essaye de les contourner, de devenir l’autorité absolue sur tout ce qui le régit. Pourtant, c’est impossible, cette entité divine quelle qu’elle soit est immuable. Sa destinée ne peut être bouleversée, on ne peut l’éviter. « Je pense qu’au contraire ce sont les seules véritables règles qui existent, parce qu’on ne peut rien y faire, juste les subir. » C’est pareil pour les lois de l’univers, la gravité et l’expansion de l’univers resteront toujours, quoi que l’Homme puisse essayer de faire. La seule chose possible est d’essayer de les comprendre, mieux les appréhender pour mieux se préparer aux éventualités, et même aux fatalités. La brune fronce légèrement les sourcils lorsque Chance se demande si une vie l’attend quelque part. « Cette petite ville est magique, elle peut redonner espoir. Alors je suis certaine qu’à un coin de rue, ta vie t’attend quelque part. » Island Bay a été le salut de la russe, elle le sera sûrement pour Chance. Elle a dû partir loin pour trouver la force de se reconstruire, ou plutôt de simplement construire quelque chose. Ce n’est pas comme si elle avait eu le choix, tout abandonner implique forcément de devoir recommencer, quelque part. Pour Chance, la reconstruction sera sûrement plus difficile parce que sa vie était ici, puis il est parti ailleurs. Mais au moins il vient directement confronter le problème plutôt que l’ensevelir sous une couche de vie artificielle. Le chemin sera difficile, forcément, ça n’empêche pas la russe de penser que l’ancien soldat trouvera un jour la paix intérieure, qu’il sera aussi heureux qu’il avait pu l’être, qu’il réalisera qu’une vie l’attendait depuis tout ce temps. « Tu ne seras jamais sûr de si ta vie se trouve ici ou ailleurs, mais elle t’attend forcément quelque part, à commencer par le fond de ton âme. » Reira a souvent l’impression de parler comme une philosophe ou un Maître Yoda spécialisé dans l’introspection. C’est qu’elle a souvent eu l’occasion de se projeter en elle-même pour en tirer des pensées philosophiques, presque mystiques. Tout part de soi, toujours. La route vers la guérison ne peut venir que de l’intérieur, c’est une démarche interne auquel des agents externes peuvent venir se greffer pour soigner les plaies. « Tu la trouveras ta vie, j’en suis certaine, même si ça peut prendre du temps. » La vie n’est jamais un long fleuve tranquille, Chance avait vécu suffisamment de perturbations pour mériter un peu de calme et de sérénité. Puis, comme pour lui montrer qu’il n’est pas le seul à douter, Reira s’ouvre à son tour. Elle lui fait comprendre que la fuite ce n’est pas la solution, ce n’est que temporaire. Elle lui fait l’aveu déguisé que sa blessure est toujours là. Même si parfois elle nie, elle ne peut aussi que se rendre à l’évidence qu’elle est là, qu’elle doit apprendre à vivre avec. La main de Chance vient se glisser sur sa cuisse nue, des frissons lui parcourent alors tout l’épiderme. Un sourire se dessine ses lèvres. Elle a aussi le cœur qui manque plusieurs battements quand son pouce la caresse. Ses paroles tremblent un peu sous le coup de ce contact troublant, cela passe pour de l’émotion. Sa main est froide, rafraîchit par la nuit, malgré cela elle sent la chaleur de Chance enlacer sa peau. Son regard croise le bleu du sien. Il est doux, compatissant, sincère. Elle le lui rend, en souriant, pour lui montrer qu’elle lui est reconnaissante. Alors que ce soir c’est lui qui est va mal, il prend tout de même le temps de l’écouter, de la soutenir. Ça la touche énormément, ça lui rappelle aussi pourquoi il avait réussi à l’apaiser le temps d’une nuit. Il a quelque chose en lui, un truc qui communique avec Reira. Ils se ressemblent, se comprennent, sans se juger. Et il y a aussi ce truc qui la trouble depuis qu’il est là, et même depuis qu’elle l’a revu. Les souvenirs s’effacent pour laisser place à une atmosphère plus légère. Elle l’observe boire l’infusion alors qu’elle garde un sourcil haussé depuis sa remarque. « Je ne voudrais pas que la vodka te retourne encore l’estomac et que tu redeviennes une princesse en détresse. » Elle l’imite en buvant une gorgée, qui la ramène plusieurs années auparavant avec sa grand-mère. Sa remarque lui tire un éclat de rire. Son regard plus vivant brille d’amusement. « Pas autant que si je t’avais servi une pinte ! » Ses lèvres s’étirent en un large sourire lorsqu’il s’excuse pour ses mains froides tout en faisant les gros yeux. À vrai dire, Reira avait à peine senti leur froideur sur sa cuisse. Peut-être que sa cuisse était aussi fraîche que sa main. « T’en fais pas, j’crois que ma cuisse devait être à la même température avec notre petit bol d’air nocturne. » Elle acquiesce d’un hochement de tête tout en soufflant légèrement de rire. « Je te donnerai ça, c’est pas bien compliqué, c’est que des plantes faites pour détendre type fleurs de Bach. » Elle se délecte encore un peu de la boisson chaude avant de la poser sur sa cuisse. La question de Chance la crispe légèrement alors qu’elle zieute sur son genou. Elle déglutit un peu péniblement, se souvenant de la douleur encore présente il y a quelques minutes, voyant les restes huileux de son massage. Elle passe à nouveau sa main dessus pour le malaxer doucement, faisant courir ses doigts sur les cicatrices de l’opération. « Oui. Surtout quand je danse. En réalité, je ne suis pas censée pouvoir redanser, même à un niveau loin d’être professionnel, mais je ne peux pas m’empêcher de quand même le faire. Elle ne partira jamais, les médecins me l’ont bien dit… » Son regard quitte son genou pour venir croiser celui de Chance. Elle louche sur ses lèvres qui bougent pour articuler des paroles réconfortantes. Être l’étoile de quelqu’un ? La dimension poétique de sa pensée la prend légèrement de court. Elle ne sait pas si elle pourrait être l’étoile de quelqu’un. Elle suit le regard du brun qui observe un Blacky profondément endormi un peu plus loin. Inconsciemment, Reira esquisse un sourire tendre en le voyant, et en imaginant la chatte Rocket endormit à l’étage. C’est facile d’être l’étoile d’un animal que l’on recueille, ou même que l’on achète. Les animaux sont reconnaissants, loyaux. Même lorsque certains maîtres leur font subir des crasses, ils restent leur étoile. Elle baisse le regard sur sa tasse lui chauffant la cuisse, là où il y avait la main de Chance. Elle se perd dans les restes de vapeur d’eau qui s’élèvent dans les airs. « Je crois que l’étoile c’est plutôt lui, et Rocket. » Elle ne les a pas depuis longtemps et pourtant ils lui apportaient beaucoup d’apaisement. Elle a longuement hésité avant de se décider à adopter, et puis l’amour que lui avait apporter Blacky au refuge, elle n’avait pas pu résister. Elle avait toujours voulu un animal, parce qu’elle les adore, et parce qu’elle a toujours été en bonne compagnie avec eux. Ils sont des soutiens infaillibles, qui écoutent les plaintes et les lamentations des humains sans broncher. Elle termine son infusion pendant qu’elle est encore chaude avant de déposer la tasse vide sur la table. Puis elle s’enfonce dans le canapé, croisant les jambes sous elle. Ça lui tire un peu dans le genou mais ça reste supportable. Elle laisse sa nuque tomber sur le haut moelleux du canapé, en fermant les yeux. « Je ne sais pas si je serais un jour l’étoile de quelqu’un, si j’aurais autant d’importance, et surtout si je saurais être à la hauteur d’un tel rôle. » Elle pense à son frère, elle était sûrement son étoile, son modèle et elle avait foiré en beauté. Elle n’est pas faite pour être un quelconque guide étoilé et lumineux. Ses yeux se rouvrent et elle tourne la tête avec Chance. « Tant que je peux être là, aider, avec les animaux, ou les humains, je le fais. » Ses lèvres s’étirent en un rictus pour accentuer ses propos, surtout le côté humain. « Je pense que quand ça va pas, chacun rêve de trouver quelqu’un qui l’aidera, une épaule pour pleurer. Ça fait de moi une étoile ? » Elle le fait parce que ça lui tient à cœur, de pouvoir aider des gens qui n’ont personne ou qui ne savent pas vers qui se tourner. Elle avait en partie aider Chance pour cela, en plus d’être irrésistiblement attirée par lui, comme si elle ne pouvait pas résister face à lui. Dès qu’il l’effleure elle sent son âme défaillir. Sa souffrance raisonne en elle, comme lors de leur nouvelle rencontre, elle veut l’aider, le pousser dans cette vie qu’il cherche, qu’il mérite. Est-ce qu'elle est son étoile à cet instant précis ? Et si elle l'était et qu'elle finissait par tout foirer, comme il y a sept ans avec son frère. Comme si, elle ne pouvait que déconner lorsque des sentiments profonds viennent s'en mêler. Elle s'humidifie les lèvres après se les être discrètement mordillées. « Est-ce que l'infusion te fait du bien ? » Elle lève les yeux vers lui et se rend compte qu'en s'étant ainsi tournée vers lui, son visage n'était pas si loin du sien, mais elle ne parvient pas à se reculer. Elle se demande si au-delà de l'infusion, être ici lui faisait du bien. « Et, si tu veux passer la nuit ici. Enfin ce qu'il en reste, tu es le bienvenu. » Il est si tard qu'elle ne s'imagine pas le congédier. Ce n'est pas comme si elle en avait l'envie. Au contraire, assise sur ce canapé près de lui, elle passerait bien toute la nuit à discuter et à rire, comme si le temps était arrêté, alors que tout le quartier dort paisiblement. (c) oxymort |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Jeu 14 Mai - 21:09 | |
| Si t’avais eu le choix, t’aurais fait en sorte que n’importe quelle règle soit immuable. Qu’il n’y ait aucun échappatoire. C’est peut-être extrême comme manière de penser, mais ça éviterait beaucoup de problèmes. Ça éviterait déjà qu’on puisse les contourner, ces lois, ces règles. Ça éviterait qu’on puisse en abuser, s’en jouer, les dévier… Ça serait tellement plus simple si ces règles, dans la tête de tout le monde, étaient de vraies règles. Des règles incontournables. Ça permettrait d’accepter un peu plus facilement celles qu’on est obligé de respecter parce qu’on a aucun droit dessus. Mais t’es pas un politicien extrémiste. T’es pas non plus un dieu tout puissant. Et tu n’aurais sûrement pas été de cet avis il y a des années de ça. Ou même il y a quelques mois, quand t’as toi-même été contre des règles pour pouvoir mettre fin à ton contrat avec l’armée. Alors oui, Reira avait sûrement raison. C’est peut-être les seules vraies règles, celles qu’on ne peut contourner, parce que justement : on ne peut rien faire contre celles-ci. Votre conversation prend un certain sens philosophique. Tu n’as jamais vraiment compris la philo. Que ce soit à l’école ou dans la vie. C’est une dimension trop abstraite pour toi, toi t’as besoin de comprendre les choses clairement, pas que ce soit sous-entendu, pas qu’il faille chercher plus loin que le bout de son nez. T’as jamais été bon dans toutes ces matières trop abstraites. T’étais meilleur en maths, meilleur en sciences, meilleur en sport. Tout ce qui demandait un peu d’imagination, ce n’était pas pour toi. Le dessin, la musique, la littérature. Pour toi, c’était de la prise de tête inutile. T’avais besoin d’être dans la pratique ; t’en a toujours besoin. La description que fait Reira de la ville te fait te demander si vous vivez dans la même ville. Ou peut-être que Reira l’a vécue comme son échappatoire, que c’est pour ça qu’elle l’idéalise autant. Pour toi, cette ville, c’est ta vie. T’y a toujours vécu. C’était une évidence, que tu finirais par revenir, un jour ou l’autre. Que ce soit pour ta retraite, ou avant. Tu ne te vois pas ailleurs, parce que t’as déjà été ailleurs trop longtemps. Cette petite ville, tu la connais comme ta poche, alors t’as pas ce goût d’explorer, ce bonheur de découvrir de nouveaux endroits. Enfin, tu la connaissais comme ta poche, depuis dix ans, elle a dû changer. Les pâtisseries n’ont plus les mêmes enseignes, les restaurants ont changés de propriétaires. Mais t’as encore cette sensation, ici, quand tu te ballade dans les rues, qui t’empêche de découvrir ce qu’Island Bay est devenu. T’as peur que ces nouveaux lieux remplacent ceux de ton enfance, que tes souvenirs se retrouvent brouillés. Alors s’il y a bien un coin de rue qui t’attend, c’est sûrement un coin de rue que tu ne reconnaitras pas. « J’ai toujours vécu ici, j’ai l’impression que ma vie ne peut être qu’ici, et en même temps qu’elle ne peut être qu’ailleurs. » Tu fronces les sourcils. « Je sais pas si ça veut dire grand-chose, mais c’est le sentiment que j’ai, quand je me pose la question. » Tu souffles, amusé, en réfléchissant au sens de ta phrase, tandis que Reira vient pousser ta réflexion. On parlait de philosophie tout à l’heure, et voilà qu’elle te sort une phrase pour laquelle t’as besoin d’un certain temps de considération. L’âme pour toi, c’est abstrait. Tout ce qui touche aux sentiments, c’est abstrait. Alors tu tourne et retourne la phrase de la russe en boucle dans ta tête. T’essaye d’en deviner le sens, t’essaye vraiment. Puis tu commences à percevoir une lueur de compréhension, comme si tu voyais le bout du tunnel. Ça devait faire un petit moment que t’avais pas vraiment réfléchi à une question de type existentielle. Alors oui peut-être que pour trouver un endroit où on se sent bien il faut d’abord se sentir bien en soi-même. Tu devais trouver la place que tu occupais pour toi, en toi, avant de trouver la place que tu occupais dans ce monde. Alors, peut-être que là, tu trouveras la vie qui t’attend. Qu’elle soit ici ou ailleurs. T’acquiesce à ce que dit la brune, tu trouveras bien un jour, et en attendant tu continues d’essayer de chercher quelque chose qui te convienne. Alors que ta main se trouve sur sa peau t’as l’impression que c’est un geste habituel. Que vos peaux sont habituées à ce contact. C’est toi qui y est pas habitué, c’est toi qui te sens comme un gosse qu’aurait touché une fille pour la première fois. Ça faisait peut-être même un petit moment, que ta main n’avait pas caressé la peau d’une femme juste pour la réconforter. Juste pour montrer ta présence. Juste pour lui laisser prendre conscience que, t’es là, avec elle, pour elle. Vos regards se croisent et ça t’électrifie. Tu sens un frisson parcourir ton corps de bas en haut. Frisson qui perdure alors que tu repenses à cet instant, en buvant l’infusion chaude qu’elle t’avait préparé. La fusion du froid de ton corps avec le chaud du thé créait cette sensation aussi agréable qu’affreuse. Alors vous riez un peu ensemble, tu lui balance ces blagues clichées sur son pays, et elle te rappelle cette dernière soirée que vous avez passé ensemble, durant laquelle la vodka t’avait terrassée. Tu lui laisse entrevoir un rictus, faussement vexé. Non t’avais pas oublié cette soirée. T’avais pas oublié que là aussi, t’avais pété un câble. Que là aussi, t’avais eu besoin d’aide. Et que c’est Reira, la belle Reira, la douce Reira, qui t’avait relevé. Elle avait une certaine autorité sur toi, tu sais pas vraiment comment ça a pu arriver. Tu te demande même c’que tu serais capable de faire, si elle te le demandait. Sûrement beaucoup de choses, et là aussi, tu sais pas expliquer pourquoi. Tu t’installes un peu plus dans ce canapé qui déplié t’avait servi de lit, légèrement en biais pour pouvoir regarder Reira, le bras levé vers le dossier pour t’y accouder. « Tu serais étonnée de voir la résistance de ma vessie face à la bière. Après dix ans à se bourrer la gueule avec presque tous les soirs, je peux t’assurer qu’on s’y habitue. » T’appréciais de rire avec la russe. Puis, de faire connaissance avec. Vraiment connaissance. C’est pas comme si, il y a cinq ans, vous aviez joué aux cartes en vous posant des questions sur votre vie mutuelle. Elle savait que tu étais militaire ; tu savais qu’elle avait été danseuse et qu’elle venait de Russie. Ça s’était arrêté là, et à quelques détails peu insignifiants de votre soirée. Alors quand tu vois le sourire de la danseuse se raidir et s’éteindre peu à peu, t’as compris que t’avais réveillé une autre douleur, plus interne. T’aurais pu avoir plus de tact. T’aurais pu être moins maladroit et ne pas poser cette question, bêtement. Mais c’était fait, tu pouvais pas revenir en arrière ou t’excuser simplement. Alors tu la laisse prendre son temps. Tu la laisse s’exprimer. La danse c’était sa passion, et du jour au lendemain, on lui a demandé d’arrêter. Tu sais bien que toi aussi, si t’avais une passion comme celle-là, tu respecterais pas les conseils qu’on te donnerait. Alors tu comprends ; que c’est une douleur permanente, qui lui rappelle ce qu’elle a perdu. Toi t’as pas mal en surface. Tu peux oublier. C’est seulement ta tête qui ne veut pas oublier, mais si tu la soignais, alors peut-être que tu pourrais passer à autre chose. Reira c’est différent, soigner ça voulait pas dire effacer. « C’est peut-être complètement con ce que je vais te dire mais… tu vois un kiné, régulièrement ? pour faire ta rééducation hebdomadaire ? Dans le camp médical j’avais dû en faire, longtemps, et les médecins m’ont dit de continuer alors… » tu t’interromps. Tes dents viennent entourer ta langue pour serrer. T’avais laissé échapper cette dernière phrase. Après tout, tu te sentais à l’aise. Tu déglutis et lui lance un sourire après t’être reconnecté à la réalité. « Désolé, je sais plus ce que je voulais dire. J’dis des bêtises de toutes manières. » Tu laisse passer ton malaise pour une fin de phrase oubliée, c’était peut-être le mieux à faire après tout. Alors tu changes de sujet. Tu lui parles pas de l’étoile qu’elle aurait pu être, mais de celle qu’elle était, pour quelqu’un. Tu parles de son chiot, visiblement au paradis. Parfois tu te dis qu’une vie d’animal te serait allé. Un animal de compagnie. A dormir, manger et se balader. Recevoir des câlins. Pas de tracas. Pas les mêmes que les hommes. « Arrête d’être modeste ; tu lui as sauvé la vie. Et même si c’est parce que tu en avais besoin aussi, pour lui t’es la seule étoile qui existera. » Tu prends cette voix calme, reposée, différente d’il y a quelques instants. T’es plus doux, tu parles moins fort. « C’est parce que tu penses ne pas être à la hauteur que tu l’es. » tu hausses les épaules. Après tout, les meilleures personnes sont les plus modestes. Les plus belles personnes sont celles qui ne croient pas en elles. Et t’as l’impression que Reira en faisait partie, de ces belles personnes. Rien que pour avoir le courage d’adopter dans un refuge, ça fait d’elle une belle personne. Elle a bien hébergé un homme qu’elle connaissait à peine, une fois, et aujourd’hui, elle se retrouve à parler avec au beau milieu de la nuit, alors qu’elle ne le connaît toujours pas plus que ça. « Je pense oui, que ça fait de toi une étoile. Y’en a des milliards d’étoiles. T’es l’une d’elle, juste parce que tu laisses ton épaule libre, pour qu’on puisse venir y pleurer. » Tu laisse un léger sourire se dessiner au bout de tes lèvres. Parce qu’elle t’avait relevé ce soir-là, ouvert sa porte et préparé un lit, un déjeuner, Reira était une étoile. Parce qu’elle t’avait laissé entrer ce soir, écouté et supporté, elle était une étoile. Quelques secondes de silence s’installent entre vous, mais ce n’est pas un silence gênant. Du moins pas pour toi. Ces quelques secondes te permettent de la regarder. Ces traits frais et démaquillés auxquels tu n’avais pas vraiment fait attention, ce matin-là. T’avais toujours dans la tête la Reira sur scène, ce maquillage charbonneux qui faisait ressortir ses yeux. Tout comme tu te souvenais de la russe, montée sur des talons et dans une tenue bien différente de celle qu’elle portait en ce moment même. Mais si tu devais préférer une Reira, ce serait bien celle qui se tenait devant toi cette nuit. Aussi différente de celle que tu as rencontré au Cameroun. Mais avec toujours la même âme. Elle brise le silence. « Etrangement, oui. Ça me rappelle quand ma mère me faisait chauffer du lait avec un peu de miel, quand j’étais gosse. » Le goût onctueux et sucré d’un petit verre de lait te manquait, parfois, quand le sommeil ne venait pas. Mais dans vos bases, le lait et le miel, ce n’était pas vraiment ce que vous aviez en priorité. Et te lever en pleine nuit pour ça... Alors tu prenais ton mal en patience. Tu finissais toujours par t’endormir, quelques heures au moins. Tu souris timidement à sa proposition. Rester dormir ? A vrai dire, ça serait bête que tu sois venu pour l’empêcher de dormir et repartir aussi vite que tu étais venu. Et tu ne te voyais pas rentrer à l’appartement à cette heure. Mais t’avais pas forcément envie de partir non plus. Tu te sentais bien ici et près d’elle. « Si demain c’est moi qui fais les pancakes, je pense que je vais bien pouvoir rester encore quelques heures ! » tu lui fais un clin d’œil. Non, ses pancakes étaient délicieux. Et toi, tu savais pas en faire, alors ce serait sûrement autre chose que tu feras : comme aller chercher des croissants français dans la boulangerie du quartier et préparer le café. Mais c’était pour la remercier. Si elle avait pas été là, tu serais encore en train de errer dans la rue. Sûrement transit de froid et très certainement en larmes. T’insistes en voyant son regard « Oh ça va, je te dois bien ça. » tu fronces les sourcils, faussement énervé. Tu ressemblerais presque à un enfant. « Allez! bon, d’accord ce sera pas des pancakes, mais j’essayerais de faire un truc qui se mange. » Tu passes ta main derrière ta nuque, un peu gêné d’avouer que t’es pas vraiment un mec doué en cuisine. Enfin, surement parce que t’as jamais pris de temps d’apprendre à cuisiner, ou simplement d’essayer. Ton regard change cette fois, t’essaye de la convaincre avec tes beaux yeux, et t’espère vraiment qu’elle finira par dire oui. |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Sam 16 Mai - 21:30 | |
| blurry images Chance & Reira Être ici ou ailleurs, qu’est-ce que cela change au fond ? Les gens se sentiront pour toujours attacher à leurs racines. Certains pensent qu’ils devraient mourir là où ils sont nés quand d’autres estiment qu’une vie accomplie est une vie qui se termine loin du point de départ. Chance a l’air de se trouver entre les deux, indécis parce qu’au fond de lui il ne sait peut-être pas ce qu’il fait ici, du moins il ne sait pas ce qu’il veut. Ça avait été facile pour la russe de se décider, elle savait ce qu’elle voulait : tout oublier. En Island Bay elle avait trouvé un salut, le lieu efficace pour assouvir son envie. Parfois elle se demande si elle ne serait pas mieux à Moscou, mais elle chasse cette idée aussi rapidement qu’elle vient parce que, Moscou, ça lui rappelle bien trop de choses, des choses qu’encore aujourd’hui elle souhaite oublier. Elle lui répond qu’avant de trouver sa place dans le monde extérieur, il faut la trouver en soi. Ça la fait doucement sourire de voir l’ancien soldat en train de se remuer les méninges pour en deviner le sens. Reira ne pouvait être qu’une littéraire de par sa vocation artistique, et sa dépression n’a fait que la pousser un peu plus dans l’introspection philosophique. Il lui est bizarrement plus facile de poser des pensées existentielles et conceptuelles sur ses soucis plutôt que d’en avoir une vision pratique. Ça lui donne parfois un style je-m’en-foutiste. Il acquiesce, elle sourit, ravie de voir qu’il a capté le sens de ses paroles. Leur conversation prend des airs de badinage, plus légère comme si les problèmes étaient désormais loin d’eux, noyer par l’infusion. Ils rigolent sur la vodka, sur ce soir-là où Chance s’était surestimé avec l’alcool. Le soir de leur rencontre. Ou plutôt leurs retrouvailles, s’il est possible d’appeler ça comme ça. Elle trouve ça drôlement curieux cette sensibilité qu’elle éprouve dès qu’il s’agit de lui alors que très concrètement, ils n’étaient que des inconnus qui se confient sur ce qui leur pèsent sur le cœur. Elle ne sait rien de plus que cela, même les informations essentielles lui manquent : a-il des frères et sœurs, un travail, des hobbies ? C’est étrange de se sentir intimement lié à ce point à une personne que l’on ne connaît pas tant que ça. Elle se demande pourquoi. Depuis leur rencontre dans ce bar. Pourquoi Chance a-t-il été poussé sur son chemin au Cameroun et maintenant ici ? Il s’enfonce dans le canapé et la brune tourne le regard vers lui en esquissant un sourire amusé alors qu’il vante sa résistance à la bière. Elle en rit même, parce que c’est pas commun de se vanter d’un tel exploit. « Une russe immunisée à la vodka, un néozélandais qui peut tenir des heures sans pisser malgré les pintes qu’il s’est enfilé. » Elle plisse les yeux avant de rire à nouveau. « Pas commun comme duo de talents, ou presque. » Elle replonge dans ses pensées, en se disant qu’elle préfère apprendre à le connaître comme ça Chance. Grâce à des conversations qui peuvent paraître insignifiantes, des petits détails anodins. Ses pensées doivent divaguer vers la zone sombre, celle dans laquelle il ne faut pas aller. Elle quitte son regard, même si elle a le temps de voir qu’il s’en veut un peu de lui avoir posé une question sur son genou. La réalité aussi dure qu’elle puisse être, il faut l’affronter de temps à autres. Ce n’est pas des plus agréables mais c’est ainsi. Alors qu’elle déblatère sur ses douleurs, elle sent comme un manque en elle, même pas celle de la danse, juste la main de Chance, ce soutien chaleureux et silencieux. Tout comme il avait délicatement caressé ses cicatrices dans cette chambre d’hôtel, elle aimerait sentir ses doigts glisser sur son genou, comme pour lui murmurer que tout cela n’a plus d’importance. Au lieu de ça, elle grimace, parce qu’il lui parle d’aller consulter un kiné. La brune évite comme la peste toutes les professions médicales. La seule exception avait été ce jeune étudiant en psychologie, qui était devenu avec le temps son meilleur ami. Elle n’avait pas eu le choix, et il l’avait aidé certes. Malgré cette exception, il lui a toujours été impossible de pénétrer dans un hôpital ou dans un cabinet médical sans changer du tout au tout pour une Reira enragée, ou au contraire angoissée au point de défaillir. Comme Superman et la kryptonite, Reira devait se tenir loin du corps médical. Elle perd sa grimace pour froncer les sourcils lorsque l’ancien soldat évoque quelque chose qu’il met rapidement sur le compte de l’oubli et de la bêtise. Elle n’est pas dupe la brune, elle comprend très bien qu’il ne s’agit pas de bêtises. Elle lui rend son sourire, muni d’un petit air malicieux mais aussi compatissant. « Tu ne peux pas mettre ton lapsus sur le compte de l’alcool, mais peut-être sur la fatigue. Je vais faire comme si je n’avais rien entendu pour cette fois. » Quelque chose était arrivé à Chance, véritablement à lui cette fois, pas à son ami défunt. Elle le détaille rapidement du regard, se remémore sa façon de marcher au bar, elle ne voit rien de casser chez lui, corporellement parlant. Qu’avait-il pu subir ? Elle laisse couler. Après tout, Chance a déjà réussi à s’ouvrir en partie sur la mort de son ami, elle ne veut pas trop lui en demander. Il est venu certes pour de l’aide, mais Reira sait que l’aide ne peut s’imposer, il faut que ce soit lui qui lui parle, pas qu’elle lui tire les vers du nez. Il faut être prêt pour cela, Chance ne semble qu’au début du processus. « Pour le kiné, non je n’en vois pas. Les médecins ne m’ont jamais dit que j’aurais besoin de rééducation sur le long terme, j’en ai eu après l’opération et voilà. » Elle pince les lèvres et se mord l'intérieur des joues parce qu’elle sait qu’elle ment. À Wellington, elle a fini à l’hôpital après une nouvelle blessure, on lui a conseillé de consulter plus régulièrement mais bornée, elle ne l’a jamais fait. Elle hausse une épaule avant de soupirer. « Ceci dit, ils partaient du principe que je ne ferais plus de sport qui en demanderait trop à mon genou, dont la danse alors… » Elle hausse à nouveau les épaules, comme pour dire peu importe maintenant. La douceur dont fait preuve Chance pour lui confirmer qu’elle est bien cette étoile, ça la fait frissonner. Ses poils se hérissent un peu alors qu’elle croise le regard attendrissant de Chance. Soudainement timide, elle détourne le regard. Parce que toutes ses paroles lui donnent envie de le serrer à nouveau dans ses bras. À la place elle baisse le regard alors que ses doigts s’emmêlent entre eux. Elle en a reçu des tas de compliments la russe, beaucoup. Mais ils n’étaient jamais directement pour elle, plus pour son enveloppe corporelle. Que Chance pense cela d’elle, ça la touche encore plus. Pourquoi lui plus qu’un autre ? Elle ne sait pas, tout comme elle ne saura jamais pourquoi plus à lui qu’à un autre, elle lui a raconté tout ce par quoi elle était passée. « Si je suis une étoile, tu en es aussi une. Je ne connais pas toute ta vie, loin de là, tu as sûrement fait des erreurs, mais pourtant tu as été là pour moi. T’as été cette épaule. » Elle sait qu’il ne croira sûrement pas ses paroles, tout comme elle ne les a pas cru. Reira n’a pas aidé tant de gens que ça dans sa vie, et si aider seulement Chance et ses deux boules de poils faisaient d’elle une aide, tel était le cas de l’ancien soldat. Son visage se tourne vers le sien, trop proche pour ne pas être perturbée. Il lui dit que l’infusion lui a fait du bien, et elle sourit joyeusement, parce qu’elle est ravie d’avoir pu lui apporter un peu d’apaisement. Son clin d’œil pourrait la faire chavirer en un claquement de doigt. Sa proposition aussi. La russe fronce les sourcils, pour lui dire que ce n’est pas la peine d’en faire autant, mais il insiste quand même, sous prétexte qu’il lui doit au moins ça. Elle secoue la tête d’un air désespéré, sans se départir de son petit sourire en coin. L’ambiance est beaucoup plus posée et même insouciante,à l'image de deux amis qui se chamaillent pour savoir qui des deux sera chargé de corvées. « Dis donc, tant que t’y es, dis que tu restes plus pour les pancakes que pour moi ! » L’éclat de rire de Reira vient remplir la pièce alors que Chance sous-entend qu’il n’est pas spécialement doué en cuisine. Elle louche sur ses beaux yeux qui essaye de lui faire du charme pour qu’elle accepte. Même s’il lui préparait un truc infect, elle accepterait. Elle opine du chef avant de rire. « Pas la peine de faire tes yeux de Chat Potté, je t’accepte en tant que commis de cuisine. Mais je te préviens, si tu me fais un truc immangeable, je m’en occupe, ok ? » Elle imagine la scène demain matin : un Chance au fourneau alors qu’elle joue les Belle au bois dormant. Dans son imagination, ils pourraient presque passer pour un jeune couple. Ça la fait sourire bêtement. Être en couple n’a jamais fait partie de ses priorités, ni même des envies de Reira. Elle a trop peur d’abandonner la personne pour cela, et de la faire souffrir inutilement, alors elle préfère s’amuser. Lorsque son regard rencontre à nouveau cela de Chance, elle est toujours troublée par cette proximité entre eux. Elle sent une chaleur au fond de son ventre. Son visage cherche à s’approcher un peu plus de sien, pendant l’espace d’une fraction de secondes avant de se raviser. Son corps en profite pour s’étirer, quelques articulations craquent au passage. « En tout cas, il va falloir que tu te surpasses demain matin, pour payer toutes ces heures de sommeil que tu me fais perdre. » Elle hausse un sourcil, amusée, histoire de lui montrer qu’elle ne lui en tient définitivement pas rigueur. « La cuisine sera un peu le loyer que tu me dois, pour passer autant de nuits ici. » Elle rigole à nouveau, parce que ça ne sera que la deuxième nuit, et que ce n'est rien du tout. Avec lui sur ce canapé, elle en oublie presqu’elle n’a toujours pas dormi, c’est seulement lorsqu’elle baille que ça lui revient en tête. Elle s’écarte de Chance, pose sa main devant sa bouche, et s'excuse par réflexe de politesse. Soudain une idée lui traverse l’esprit, elle se lève pour se diriger vers son téléphone posé un peu plus loin, près de la télévision. Une mélodie s’élève aussitôt des haut-parleurs de l’appareil. Reira se tourne vers Chance, alors qu’elle est toujours vêtue de son seul t-shirt large. Il a le regard interrogateur, elle un sourire espiègle. Elle s’approche de lui pour lui tendre la main. « Danse avec moi. Tu ne peux pas me sortir d’excuses, je sais que tu sais danser, même si c'était peut-être grâce à l'alcool. » Ses lèvres s’étirent en un large sourire alors qu’elle repense au Cameroun. « Et ne me dis pas que je suis trop fatiguée, je ne suis jamais fatiguée pour la danse. Et puis, tu me dois bien ça. » Elle souffle légèrement de rire, ses paroles faisant écho à celles de Chance pour les pancakes. La fatigue commence à prendre possession d’elle, il est vrai mais elle a envie de partager un peu plus qu’une discussion, de revenir aux sources de leur rencontre, là où tout n'était pas si compliqué pour lui. Et puis à plus de 3h du matin, il n’y a pas grand-chose à faire à part un jeu de société ennuyant, or, elle se voyait mal proposé cela à son partenaire. Elle ne lui laisse pas le temps d’hésiter et s’empare de ses mains pour l’entraîner avec elle au milieu du salon. La musique est plutôt pop aux percussions de sonorité latine, elle ne sait pas réellement ce qu’elle a mis, se contentant d’appuyer sur lecture aléatoire. Ses bras s’enroulent autour de sa nuque. Ça lui rappelle un instant leur précédente étreinte, ses doigts viennent jouer avec ses mèches ondulées alors que ses hanches ondulent au rythme de la musique. Être si proche de lui la perturbe moins maintenant qu’elle peut allier la danse, elle sent un peu moins vulnérable face à lui. Irrésistiblement attirée, elle continue de se sentir troubler, parce qu'après ils n'ont été que des amants d'une nuit. Est-ce suffisant pour continuer à se sentir si électrisée à son contact ? Elle sent les doigts masculines effleurer son épiderme même à travers le t-shirt, son corps s'enflamme instantanément. Son corps semble aimanté au sien, son regard perdu dans l’océan bleu de Chance lui fait tout oublier, comme s’il n’y avait plus lui qui comptait et que tout disparaissait pour les laisser dans une bulle impénétrable. (c) oxymort |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Mar 26 Mai - 0:13 | |
| La légèreté de vos discussion, c’est probablement l’une des premières raisons pour lesquelles tu t’es retrouvé chez Reira ce soir, et pas chez quelqu’un d’autre. Vous aviez cette facilité pour discuter de tout et de rien, de rire d’un sujet après avoir parlé de quelque chose de plus douloureux. C’est ce qui vous est arrivé au Cameroun, c’est ce qui vous est arrivé il y a deux semaines, et c’est ce qu’il vous arrive ce soir. Il y avait ces sujets qui refermait vos visages sur ces mauvais souvenirs, et en quelques secondes, vous les oubliiez pour sourire, à nouveau. C’est comme si cette conversation n’était faite que de mauvais souvenirs, mais qu’en étant ensemble, vous vous donniez la force de penser à autre chose. De passer à autre chose. Il y a quelques minutes, dehors, tu lui avais avoué pour Medrick. Et maintenant, voilà que vous étiez en train de rire sur la résistance de ta vessie contre les bières qu’elle te mettait au défi de boire. Il te fallait bien un super-pouvoir. Et selon ses dires, celui de Reira était sa résistance à la Vodka. Non, c’est certain que ça ne pouvait pas être le tien. Tu ne le dira jamais assez, mais la vodka ce n’était pas ton fort. T’avais voulu montrer tes muscles au bar la dernière fois, mais au fond, c’est pas les muscles qui assimilent l’alcool. T’avais pas le sang assez chaud pour ce genre d’alcool, visiblement. Mais la belle russe qui te faisait face, elle, l’avait. Mais ça, tu n’en aurais jamais douté -on peut même dire qu’il n’y avait pas que son sang de chaud, mais on va le garder pour nous, ou tu vas te mettre à rougir.- Tu te contente de rire à sa remarque, après tout c’est vrai que vous deux vous faisiez une belle paire de bras cassés. Même si Reira, quand bien même elle te dise le contraire, avait su se relever et se battait tous les jours pour cette vie qu’elle avait choisi de mener. Vos conversations étaient si fluide malgré les sentiments qu’elles laissaient échapper, contre votre gré, que tu ne t’es même pas rendu compte de la bêtise que tu faisais. Tu n’avais pas réussi à dire à tes proches que tu avais été blessé, que t’avais frôlé la mort plus d’une fois en quelques années. Alors le dire à une inconnue ? T’avais laissé échappé un petit détail, mais Reira n’était pas idiote, et tu savais qu’elle pouvait te cerner facilement. T’étais pas dur à cerner, toi. Un peu ours sur les bords dans certaines situations, tu te transforme facilement en nounours quand tu fais confiance. En l'occurrence, tu faisais confiance à Reira. Plus que tu ne l’aurais fais, il y a quelques années. Mais aujourd’hui c’était bien différent. Ta vie avait changé du tout au tout. Alors pourquoi pas les personnes qui t’entourent ? Et avoir Reira dans ta vie, aujourd’hui, c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait t’arriver; tu t’en rendais compte un peu plus à chaque seconde que vous passiez ensemble cette nuit. Et encore plus quand elle t’annonce qu’elle ne relèvera pas cette fameuse maladresse. Elle te laissait prendre ton temps. C’était quelque chose que tu ne voulais pas révéler, et elle l’avait bien comprit. Alors elle te laissait prendre ton temps et ça, c’était plus important pour toi que n’importe quoi d’autre. Non, t’étais pas prêt à le dire. T’avais pas été prêt à l’avouer à tes parents pour ne pas leur faire de mal, t’avais peur qu’ils s’en veulent, qu’ils pensent que ça puisse être de leur faute, et qu’ils cherchent à être encore plus présent. Mais au final, c’est aussi parce que t’avais du mal à te le dire, à toi aussi. T’avais du mal à accepter que t’aurais pu y passer. Mais ça, t’as du mal à l’oublier avec les quelques cicatrices qui décorent ton corps. Celles-ci tu ne pourra pas les oublier, parce qu’elle resterons bien là, elle te marquent à vie. Mais Reira respectait ça. Elle devait connaître ce sentiment elle aussi, et les cicatrices, elle en avait. Tu fronces les sourcils alors qu’elle t’annonce qu’on ne lui a jamais conseillé de consulter des spécialistes post-opération. Mais après tout, elle savait mieux que toi ce que les médecins ont pu lui dire, même si ton médecin à toi n’était clairement pas du même avis. Tu ne remarques pas la mine de Reira, tu préfères la croire sur parole. Pas naïf, non, mais quand tu fais confiance, c’est de A à Z. Tu hausses les épaules à son rajout, un léger sourire sur le coin des lèvres. « Ils ne pensaient sûrement pas être tombés sur une mordue de danse. Mais c’est compliqué d’empêcher quelqu’un de faire ce qui lui permet de vivre. » Reira s’était confiée à toi, elle t’avait expliquée ce qu’elle avait pu vivre, et tu savais que la danse était bien plus qu’une passion pour elle. C’était bel et bien sa raison de vivre. Elle n’avait pas forcément besoin de la danse pour vivre, économiquement parlant, mais elle en avait besoin pour elle. Son mental devait tenir grâce à la danse. Et c’est pour ça qu’elle s’est elle-même marquée le corps, quand elle pensait ne plus jamais pouvoir danser. Reira, t’aimerais la réconforter. Lui montrer qu’elle est quelqu’un. Que ce n’est pas parce qu’elle ne danse plus devant des millions de gens qu’elle n’est plus rien. Elle mérite d’être une étoile, pour tout ce qu’elle fait. Parce qu’elle continue de briller, alors même que l’obscurité l’entoure. Tu secoues la tête quand elle te retourne ce qui pour toi n’était pas un compliment. Non, toi t’étais pas une étoile. Pas comme elle du moins. C’est toi qui lui avait demandé la raison de ses cicatrices, cette nuit où elle s’est confiée à toi. C’est toi qui l’a fait replonger dans ses souvenirs pour assouvir ta curiosité mal placée. Alors non, si elle avait pu se reposer sur toi ce soir là, c’était uniquement parce que tu l’y avait forcée. « J’en suis pas tout à fait convaincue. J’ai peut-être été là pour toi, même si ça aussi, j’en doute, mais il y a d’autres personnes qui avaient besoin de moi et pour qui j’ai pas été à la hauteur. » Tes amis. Ta famille. D’un certain côté, t’es presque soulagé qu’il ne se soit rien passé de fatal. Tu t’en serais jamais remis. Tu serais peut-être même pas rentré, si ça avait été le cas, trop honteux de ne pas être là. Reira doit sentir que tu n’es pas très à l’aise, alors elle change de sujet pour en venir à la question de cette nuit : vous ne pouvez pas rester comme ça jusqu’au matin. Enfin, toi, tu pourrais, mais ce serait égoïste de penser comme ça alors que la jeune femme à tes côtés revenait d’une soirée à bosser et qu’elle remettait sûrement ça dans quelques heures. « Bah, j’suis venue que pour pioncer et avoir des pancakes demain matin, tu me prends pour qui ? » tu lui demande en exagérant le ton. Tu la rassure en rajoutant que tu n’es pas le meilleur en cuisine et étrangement, ça fait rire la belle brune. Elle connaissait ton éclat de rire particulier, mais toi tu ne l’avais encore jamais entendue rire aux éclats comme ça. Tu souris en la regardant et fais suivre quelques grimaces au sujet de ton don culinaire inexistant. Pour le coup, t’as jamais eu à apprendre à cuisiner. Tu connais les bases, mais tout ce qui est un peu approfondi… T’as bien besoin d’un tutoriel youtube pour y arriver, et encore. T’as pas la patience pour cuisiner. Mais pour le coup, t’avais envie de faire ça pour Reira. « Pour tout te dire, je ne sais pas si je vais autant dormir que la dernière fois. Alors autant me rendre utile le matin pour faire plaisir à l’hôte de mes nuits désespérées. » Ton regard tendre se pose sur la russe qui venait d’accepter ton offre. « On a un deal ! Mais demain ne me dis pas que je ne t’ai pas prévenu. » tu ris en haussant les épaules. T’es un mec plein de bonnes volonté, mais pas forcément doué dans ce que tu entreprend. Tu peux le faire avec le plus de sérieux possible, si tu n’as pas le truc alors ça ne sert à rien de persévérer. Tu verras à ton réveil si la cuisine de Reira réveille en toi le chef étoilé qui sommeille. Tu agite ta main pour rassurer la jeune femme qui venait de s’excuser pour avoir bâiller. « C’est moi qui doit m’excuser, tu dois être crevée et je te garde éveillée depuis plus d’une heure. T’as dû avoir une sacrée soirée au boulot, on devrait... » tu n’as pas le temps de continuer que tu la vois se redresser pour se diriger vers son téléphone et faire tu-ne-sais-quoi dessus. Elle va te demander de rentrer ton numéro dans le sien, cette fois ? Pour le coup, elle aurait bien raison. Mais non, tu entends une musique se lancer. Tu fronces les sourcils, perplexe alors qu’elle arbore un visage angélique en se rapprochant de toi avant de te tendre les mains. Tu secoues la tête. « T’es pas sérieuse ? C’est clair que les quelques verres en trop que j’avais bu ce soir là ont aidé ! » à vrai dire, t’as toujours aimé danser en soirée. Avec ou sans alcool. Mais la situation était plutôt embarrassante. La timidité jouait pas mal sur ta réponse. Tu t’apprête à lui rappeler sa fatigue mais elle te devance. Tu souffles, déçu avant de prendre sa main. Pour le coup, tu n’avais pas vraiment le choix. Tu la laisse te guider au milieu du salon et prendre les devants sur cette danse que vous alliez partager. Tes mains se glissent au dessus de ses hanches pour les accompagner en douceur sur le rythme chaloupé de la musique. La pression de tes mains sur son T-shirt le faisait remonter et la vue que tu avais à cet instant précis te donnait quelques bouffées de chaleur, t’obligeant à détourner le regard. Reira était dans son élément. Toi, pas vraiment. Et c’était plus simple, il y a cinq ans, de danser avec elle au milieu de tous ces gens que vous ne connaissiez pas. L’ambiance intime de ce moment était bien différent de votre première danse, et bien que ce soit agréable, tu avais du mal à garder les idées claires. Tu repenses à la manière dont s’était terminée votre soirée, au Cameroun, et à l’alchimie qui s’était révélée évidente pour vous deux. Vos deux corps commençaient alors à se rapprocher, peu à peu, sans même que tu t’en rendes comptes. Tu t’étais mis à fixer ses yeux, fatigués mais toujours aussi brillants. Tu laisses alors tes mains glisser un peu plus mains pour arriver à la cambrure de ses fesses. T’avais cette irrépressible envie de l’embrasser, là, tout de suite. Et ça, depuis déjà une bonne partie de la soirée, dès que vous auriez pu en avoir l’occasion. T’en viens même à te demander si t’en avais pas déjà envie, la dernière fois, dans ce bar, puis sur ce trottoir, ou dans sa voiture. Mais ça aurait fait de toi le pire des connards, si ça s’était passé et que tu ne lui avais ensuite plus donné de nouvelles pendant plusieurs jours. Au fond, votre histoire se décuplait. Cette première nuit, au Cameroun. Vous vous êtes quittés, sans un moyen de vous recontacter, juste un « au revoir.». Puis la dernière fois, t’as fais l’effort de lui demander son numéro parce que tu en avais envie. Mais c’était presque pareil. Après cinq ans sans se voir, deux semaines. Est-ce que l’histoire avait encore besoin de se répéter ? Tu rapproches ton visage du sien, le regard déviant sur ses lèvres. Tu souris, quelques souvenirs de vous deux surgissant avant de poser ta bouche sur la sienne. Tes mains rebelles passent sous son t-shirt pour se poser sur son dos, à même sa peau, lorsque tu sens qu’elle te rend ton baiser. Vous avez arrêté de danser, pour vous focaliser sur ce qu’il se passait. Tu ne te demandais même pas si c’était une erreur : vos corps s’appelaient, vous n’attendiez qu’une ouverture. Et c’est ce que Reira avait permit, peut-être malgré elle. Alors qu’une main caresse son dos, tu sors la seconde de sous ce qui lui servait de pyjama pour venir la poser sur l’angle de sa mâchoire. Votre baiser s’achève et tu écartes un peu ton visage du sien pour la regarder. Ton visage avait dû rougir car la chaleur t’étais rapidement montée au nez, mais c’était presque comme si tu ne la sentais pas. La musique s’est achevée pour en laisser tourner une nouvelle, d’un tout autre style, mais tu n’y faisait plus attention, et Reira non plus. Alors tu viens à nouveau poser tes lèvres sur les siennes tandis que tu places tes mains au niveau de la taille de la brune pour la porter et vous ramener sur le canapé, en même temps qu’elle enroule ses jambes fines autours de tes hanches. |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) Mar 26 Mai - 22:10 | |
| blurry images Chance & Reira Inlassablement, Reira se questionne sur ce que l’ex-soldat a pu vivre. Elle se met aisément à la place des autres, mais lorsqu’elle ne connaît rien au milieu dans lequel la personne a baigné, cela devient tout de suite plus compliqué. Médecine et armée, ça ne peut que signifier qu’il y a une blessure quelque part, autre que celle psychologique. Rien sur le corps de Chance ne le trahit, ou le trahissait, à l’époque du Cameroun. Cela a sûrement dû arriver après. Quoi qu’il en soit, elle peut se poser toutes les questions qu’elle veut, elle les gardera pour elle. De toute façon, le joli brun préfère s’intéresser à la danseuse au destin brisé. Elle sourit, doucement, parce que Chance a raison. Mais elle ne sourit pas plus que ça, parce que les médecins avaient été assez clair sur le sujet, Reira ne devait en aucun cas soumettre son genou à de trop grands traumatismes. Elle a écouté, pendant de longues années. Des années de déni, où elle a préféré se mutiler, puis des années d’évasion avec le voyage. Comme le fait justement remarquer Chance, c’est compliqué d’empêcher quelqu’un de faire ce qu’il veut surtout lorsque la personne est mordue. Les médecins de Wellington l’ont plus que compris. Un faux mouvement, des douleurs atroces, un retour à l’hosto pour entendre le même refrain, avec un prime un sermon pour avoir bravé le premier interdit des médecins russes. Encore une fois, cela n’avait pas arrêté Reira, qui une fois en forme, avait recommencé. Elle flirte avec le danger, comme elle avait pu flirter avec la mort, parce que le bonheur que lui procure la danse est supérieur à toutes les souffrances que cela peut engendrer. Jusqu’au jour où tout cela aura définitivement une fin. Est-ce qu’elle aura un jour le courage d’arrêter par elle-même avant que son corps ne fatigue et ne paye le prix de tout cet entêtement ? À cet instant précis, elle est persuadée que non. Tout est encore trop ancrée en elle : la rancune, la colère, le désespoir, la joie de danser, les souvenirs des paillettes… « J’suis probablement le cauchemar des médecins avec tout mon entêtement. Et pour tout t’avouer… ils sont aussi mon cauchemar. » Elle rigole, nerveusement, parce qu’au fond elle sait qu’elle devrait les adorer, leur vouer un culte pour lui avoir sauvé la vie. Pourtant, impossible. Elle ne voit que le mauvais côté : un sauvetage, mais à quel prix ? Au prix de toute sa vie, tout ce pour quoi elle a travaillé. « Quand j’suis malade tu vois, j’me soigne à la tisane. » Cette fois, elle rigole de bon cœur. Cette tisane magique lui sert véritablement de médicament, en plus des trucs basiques achetables en pharmacie. Heureusement pour elle, ce n’est pas dans son habitude de tomber réellement malade. Vivre loin du corps médical, ça l’aide à rester dans son déni. Ce déni que Chance prend pour quelque chose de beau, de courageux. De l’extérieur, elle comprend sa vision des choses, il est aisé de croire que Reira a réussi à combattre la douleur et les difficultés, alors que de l’intérieur, la seule chose qu’elle a fait c’est d’éviter la question, en s’occupant de manière constante. De re-danser, comme pour crier au monde que rien ne s’est jamais passé, que l’accident n’a jamais eu lieu. Quant à sa bienveillance envers les autres, elle l’a tout simplement appris en faisant le tour du monde, en côtoyant tout un tas de personnes aux parcours différents, aux avenirs mélangés. Elle aide, sans compter lorsqu’elle croise quelqu’un a la lueur brisée dans le regard, parce que c’est ce qu’elle était, ce qu’elle est et ce qu’elle restera sûrement. Ainsi, elle peut venir en aide à ceux en détresse, une détresse qu’elle connaît et qu’elle sait appréhender, non sans difficulté. De là à devenir une étoile, non, elle n’y croit toujours pas, ou alors, comme elle le dit, chaque personne qui aide est une étoile. Comme Chance. Mais celui-ci réfute, sans que cela étonne la brune. Il se confie brièvement, sur le fait qu’il a pu aider certaines personnes, mais pas d’autres. « Personne ne peut aider le monde entier, il y a toujours des gens que l’on laisse de côté, qu’on le veuille ou non. C’est pas ce qui te définit, tant que tu restes attentionné et bienveillant, que t’essayes même de réparer tes fautes. » Ceci dit, elle comprend la vision de Chance parce qu’elle la partage. Elle était l’étoile de son demi-frère, Reira, et elle l’a laissé tomber. Une véritable étoile ferait-elle ça ? Elle soupire, jette un œil à Blacky. Au moins, elle sera toujours là pour lui. Le sujet change rapidement, parce qu’elle n’a pas envie de se perdre dans des souvenirs, plus douloureux que le rêve brisé de danseuse. Chance a cette particularité de savoir changer de sujet lorsque les souvenirs deviennent trop difficiles à assumer, aussi bien lorsqu’il s’agit de lui que d’elle. Le voir faire le malin, ça la fait instantanément rire. Ils se chamaillent, comme s’ils étaient complices depuis toujours. Elle ne peut qu’abdiquer face à tant de détermination dans le regard et les mots de son locataire pour deux nuits déjà. Elle en profite pour le taquiner. « Hôte qui va bientôt te faire payer si tu continues à prendre ma maison pour un hôtel. Mais tu fais les pancakes, alors à moins que tu ne m’empoisonnes, tu devrais t’en sortir sans rien payer. » Ce n’est que la deuxième, ou plutôt troisième fois, qu’elle le revoit, mais elle a l’impression que cela fait une éternité. Intimement, au plus profond de ses pensées, elle a hâte de voir Chance aux fourneaux. Et même si le résultat s’avère décevant, quelque part elle sait qu’ils auront bon goût. Ça discute, ça rit, et ça oublie qu’il est tard. Chance relève son bâillement et s’excuse, de venir déranger. En réalité, oui elle devrait être en train de dormir, mais maintenant qu’il est là, ça ne la dérange pas de rester éveillée. Alors elle le regrettera lorsqu’elle devrait aller bosser demain, cependant sur le coup, elle se sent comme une ado qui réveillonne. En plus d’avoir un drôle de sentiment, comme celui d’être proche d’un garçon pour la première fois. Pour combler le trouble et le reste de la nuit, elle s’active pour aller mettre de la musique et entraîner Chance sur la piste de danse improvisé au milieu du salon. Il n’a pas l’air conquis sur le coup, le contraire l’aurait étonnée. Finalement il ne dit pas non. En l’attirant vers elle, elle rigole et glisse à son oreille. « Effet placebo, fais comme si j’avais dissimulé de l’alcool dans ta tisane. » Une fois les corps lancés, c’est comme si la chorégraphie était connue d’avance. Rien de sorcier, simplement des corps pas si inconnus qui se jaugent et se lovent. Des paumes chaudes viennent tout d’abord réchauffer son dos, puis descendent sa chute de rein. Elle frisonne, se demande si Chance capte son trouble. Elle aimerait savoir ce qu’il voit dans ses yeux, ce qu’il y lit. De toute évidence, une lueur d’envie éclaire ses pupilles alors qu’elle se perd dans le regard de son partenaire. La russe a beaucoup côtoyé d’hommes durant son tour du monde, au début c’était pour découvrir de nouvelles sensations, oublier encore et toujours. Puis après ça devenait plus rare, seulement pour ceux qu’elle jugeait dignes, en quelque sorte. Depuis son emménagement, elle ne côtoyait quasiment plus d’hommes. Quelques-uns par-ci par-là, certains qui tentaient de rester un peu plus longtemps. Alors avec Chance, au beau milieu de son salon, elle a l’impression d’avoir 15 ans et de faire son premier slow avec un garçon. Ça la perturbe, de voir que Chance peut encore lui faire ressentir des choses nouvelles, des choses impossibles à contrôler dont on se délecte autant que l’on craint. Cette nuit-là au Cameroun, Reira l’avait vécu comme une redécouverte. Parce qu’elle avait partagé quelque chose d’unique avec lui. Le visage de Reira s’est rapproché du sien, sans même qu’elle s’en rende compte. Et ses lèvres finissent par fondre sur elle, et les souvenirs du passé s’évaporent pour aimer le moment présent. Ses doigts effleurent son épiderme dans une caresse délicate qui la fait vibrer. Sans même y réfléchir, Reira lui rend son baiser, ses mains contre sa nuque, elle se presse un peu plus contre lui, alors que la musique ne semble être qu’une mélodie lointaine. La danse, une chorégraphie passée qui en ouvre une nouvelle, plus intime et sensuelle. Ça s’arrête, sans vraiment s’arrêter quand Chance s’écarte légèrement d’elle. Elle n’a le temps que pour reprendre son souffle, croiser le regard azur de son ancien amant avant que leurs lèvres se scellent à nouveau. Sans une once de difficultés, il la porte pour la guider jusqu’au canapé alors que les jambes fines de la danseuse s’enroulent comme un ruban autour de ses hanches. Ils s’écroulent sur le canapé, sans que leurs lèvres ne soient séparées. Les doigts de Reira s’insinuent à leur tour sous le sweat de Chance, ce même sweat qu’il lui aurait bien prêté s’il n’avait pas été torse nu en dessous. Ça lui fait esquisser un sourire de repenser à cela. Une pensée coquine lui avait déjà traversé l’esprit à ce moment-là. Leurs corps s’attirent comme des aimants, mais elle n’aurait pas imaginé se retrouver ainsi, à laisser ses doigts courir sur les muscles dorsaux de l’ancien militaire. Elle se disperse un peu, gagne du terrain en nageant vers son torse. Elle sent des petites boursouflures çà et là. Ça ne l’interpelle pas plus que ça, parce que sa langue a décidé de jouer les aventurières elle aussi, allant à la rencontre de celle de Chance. Comme s’ils se découvraient pour la première fois, leurs mains se hasardent à découvrir leurs corps qui continuent de se chercher en ondulant. Puis, leurs visages s’écartent pour reprendre de l’art après cet instant, qui a paru comme suspendu pour la russe. Le trouble qui l’habitait a disparu. Peut-être en avait-elle envie depuis le début, de sentir Chance contre elle ? Mais là encore, peut-être qu’elle l’avait nié. Son visage doit être rouge parce qu’elle sent une vague de chaleur la submerger soudainement. Une vague qui lui donne assez de courage pour se montrer entreprenante en glissant sa main contre la nuque de Chance pour l’attirer à nouveau contre elle. Sa bouche s’empare encore de la sienne, l’espace d’un instant avant qu’elle ne se dirige vers son cou. Elle laisse de petites traces humides contre sa peau, hume son odeur délicate avant de lui faire face. Elle se demande si c’est une bonne idée, de se laisser aller à ce qui semble inévitablement entre eux. Et si ça se finissait comme au Cameroun, par un au revoir ? S’il partait demain matin, en lui promettant de l’appeler pour finalement ne jamais le faire. Ça lui ferait mal, terriblement mal, surtout après leurs confessions. Mais le regard de Chance, ce regard dans lequel elle pourrait se noyer, ça lui fait oublier toutes ces craintes. « Et puis merde… » Elle réfléchit toujours trop maintenant, au Cameroun elle n’aurait pas hésité. Alors elle n’hésite pas, l’embrasse une nouvelle fois tandis que ses mains glissent sur le bas de son sweat pour le retirer et l’envoyer quelque part ailleurs dans le salon. Elle ne zieute pas tout de suite sa peau à nue, préférant se délecter de son regard. Puis elle y vient, et ses yeux remarquent les boursouflures sur lesquels ses doigts avaient glissé. Sa bouche s’entrouvre, en silence alors qu’elle observe les cicatrices qui jonchent son torse allant du ventre jusqu’à la poitrine puis l’épaule. Était-ce à cause de ces cicatrices qu’il avait fait référence à ses médecins ? Le bout de ses doigts vienne tâter la peau cicatrisée, à la manière dont Chance avait effleuré les siennes il y a quelques années. « Chance… Qu’est-ce que… ? » Les cicatrices sont assez larges, même si celle de l’épaule est un peu plus petite. Elle aurait envie de lui demander s’il va bien, mais la peau est refermée et il semble en bonne santé alors ce serait probablement débile. Ça aussi, ça avait dû blesser son âme. « Qu’est-ce qui t’a fait ça ? » Ou quoi, d’ailleurs. Malgré ses cicatrices, la brune n’y connaît absolument rien en anatomie, elle ne saurait pas faire la différence entre une cicatrice laissée par une arme blanche et celle laissée par une opération de l’appendice. Peut-être que Chance refusera de répondre, sûrement même, lui qui avait évité le sujet médical. Alors sans véritablement se demander pourquoi, Reira se penche vers son torse et ses lèvres embrassent délicatement chacune de ses cicatrices. Elle espère secrètement lui offrir des bisous magiques, qui guérissent tout, comme pour les enfants. Elle sait bien que ça ne changera rien mais elle le fait et ses lèvres remontent tout doucement, jusqu’aux lèvres de Chance qu’elle attrape dans un baiser doux, orné d’une once de protection. (c) oxymort |
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| Sujet: Re: blurry images (reira) (#) | |
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