strange how things turn out sometimes ● celeste & natalie

L'avantage de travailler au café, c'est que mon emploi du temps reste léger comparé à d'autres professions. Il est vrai que parfois, je suis obligée de travailler à des moments où certains se reposent, le midi par exemple, mais cela ne me dérange guère, car à côté de cela je peux avoir mes soirées. Rares sont les journées où un imprévu tombe au point de m'obliger à faire des heures supplémentaires. C'est pour cela que j'ai quitté la vie de bureau, ce travail où je pouvais aussi bien terminer à seize heures qu'à vingt heures. Aujourd'hui, c'est l'une de mes journées de repos, une journée où Elliot n'est pas à l'école. Habituellement, nous passons ces moments ensemble, mais là, ma mère m'a demandé à le garder. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle n'avait pas passé du temps avec lui, alors il était difficile pour moi de refuser : nous nous occuperons à deux une autre fois, ce n'est pas les temps ensemble qui nous manquent. Le petit garçon déposé à la maison où j'ai grandi, il me faut maintenant trouver quoi faire. C'est alors que je me souviens de l'affiche déposée au café pour être affichée sur la porte d'entrée : le nettoyage de la plage. Je repasse rapidement chez nous pour enfiler des vêtements qui craignent moins. Je n'ai jamais été à ce genre de choses, je ne sais pas si des combinaisons sont prêtées et si on se salie facilement ou non. Une fois prête, je me dirige vers le point de rendez-vous, je récupère les affaires qu'ils mettent à disposition : un sac poubelle et une perche pour pouvoir attraper les déchets. Je me mets au boulot, non loin d'un autre groupe de personnes jusqu'à ce qu'on s'adresse à moi. « Celeste ? Quelle heureuse surprise de vous voir ici ! Je ne savais pas que vous aussi vous participiez à ces journées de nettoyages ? » Je reconnais très bien ce petit accent. Il faut dire que dans le coin, ce n'est pas forcément courant d'avoir des Britanniques. Qui plus est, des Britanniques qui connaissent mon prénom. Mais au moins, il ne me faut pas longtemps pour comprendre de qui il s'agit. « Natalie ! Je ne pensais pas vous voir ici ! » Un large sourire se dessine sur mon visage. En réalité, je n'étais même pas sûre de la revoir tout court. Je ne voulais pas être pessimiste, mais cela ne tenait vraiment qu'au destin, que ce soit ici ou au café : elle aurait très bien pu revenir un jour où je n'étais pas là. « Oui, c'est la première fois que je fais cela. » Dis-je en réponse à la question qu'elle m'a posée. « Notre conversation l'autre jour m'a rappelé à quel point j'aimais cette plage et qu'il était important de la préserver. » Les temps ont bien changé depuis mon enfance, depuis le moment où je venais ici presque tous les jours. Les touristes se sont multipliés, les dégradations aussi, sans que cela soit forcément lié. Je me souviens d'une plage où les déchets étaient rares, ou la question de la mise en danger des animaux marins était moins courante. Les choses ont bien changé. Mais si c'est arrivé dans un sens, ça veut aussi dire que c'est possible dans l'autre. Et pour Island Bay, pour mon fils, mais aussi pour moi, je me dois d’agir, au moins à petite échelle. Je suis sûre que tout geste est bon à prendre, même si je ne suis ici que pour quelques minutes, quelques heures au grand max. « L’un des bénévoles est venu déposer une affiche au café, alors j’ai sauté sur l’occasion. » C’est l’un des avantages de travailler dans un endroit public : bien souvent, nous sommes au courant de tout que ce soit des évènements, des recherches d’emplois ou de logements. Cela me permet de trouver quoi faire quand je suis seule et que je m’ennuie, comme aujourd’hui. « Vous allez bien depuis la dernière fois ? Vous avez eu l’occasion de vous balader un peu ? » Si elle est ici, c’est sûrement le cas. Sauf s’il s’agit de sa première sortie, à cause de son travail. Quoiqu’il en soit, ça me fait plaisir de la voir. De voir qu’elle découvre la ville aussi, le tout en faisant une bonne action, c’est clairement quelqu’un de fiable.

En venant ici, je ne m'attendais pas à grand-chose, ou du moins, je ne m'attendais pas à croiser un visage familier. Si mes proches venaient ici, ils m'en auraient parlé. Mais Natalie, c'est différent. Nous ne sommes pas proches, nous nous sommes vues qu'une seule fois. Rien ne m'aurait permis de savoir qu'elle serait ici. « Je dois vous dire que je ne m'y attendais pas plus que vous ! » À moins de me suivre depuis notre rencontre, je ne trouve pas cela très étonnant. Comme quoi, parfois, le destin fait bien les choses. Je ne sais pas pourquoi, mais au fond de moi, j'avais envie de la revoir. Il faut croire qu'elle m'avait inspiré confiance au café et que la découvrir un peu plus ne me dérangerait pas. Je m'empresse alors de lui expliquer ce qui m'amène ici, la discussion qu'on a eue et la venue d'un bénévole au café. Mon temps libre y est pour beaucoup aussi, mais j'aurais pu faire un bon nombre d'autres choses et pourtant je suis ici, pour nettoyer la plage. « Je suis ravie que ça vous ait donné l'envie. Je suis également du même avis sur ce point. J'en suis présentement à ma troisième fois et je crois que c'est autant bénéfique pour moi que pour cette plage. » Troisième fois ? On ne peut plus considérer cela comme un coup d'essai. Au moins, avec elle j'aurais une certaine base, elle doit sûrement savoir ce qu'il faut vraiment faire ici, les différentes choses à ramasser. «Ah, je vois. Alors c'est vraiment tout un drôle de hasard qu'on s'y trouve au même moment.» Un large sourire se dessine sur mon visage, je ne peux qu'approuver ce qu'elle dit. Le hasard est le seul à l'origine de cela, sinon il faudrait commencer à s'étonner. Pour revenir à notre précédente conversation, je lui demande si elle a eu l'occasion de se balader en ville depuis la dernière fois. « Oui tout à fait ! En étant à Wellington durant mes journées, j'ai eu la chance de faire le tour de quelques petites boutiques et restaurants vraiment sympathiques. Oh et d’ailleurs, comme vous m’aviez proposé le jardin botanique, j’y ai fait un petit tour et j’ai grandement apprécié. Merci beaucoup du conseil. » « Je suis ravie de l’entendre. Et encore plus de savoir que vous avez aussi dégusté aux spécialités de la ville. » C’est une conclusion que je tire, c’est vrai. Elle a peut-être mangé quelque chose qui n’était pas local. Il est vrai que la dernière fois, nous n’avons pas échangé à propos des restaurants de la ville, mais c’est aussi un bon moyen pour découvrir du pays un peu. « Je venais ici quand j’étais petite, avec mon père. » Instinctivement, je me tourne vers la mer, vers cette étendue d’eau. Ça me fait bizarre de parler de cela, surtout avec une personne que je ne connais pas vraiment. « Il m’apprenait à faire du surf ! » Un sport que j’ai toujours aimé faire, même si depuis de nombreuses années, je ne suis plus remontée sur une planche. « Ça fait bien longtemps que je n’en ai pas fait. J’ai arrêté avec mes études, mais je suis sûre que ça me ferait du bien d’en refaire un peu. » En réalité, j’ai arrêté avant cela. Après la mort de mon père, j’ai continué de venir, mais moins souvent. Et au fur et à mesure, j’ai arrêté. Je crois que sa présence sur la plage, alors que j’étais dans la mer, me manquait. Sa simple présence, mais aussi ses conseils. « Je suis désolée. Je n’ai pas envie de vous ennuyer avec mes histoires. » Je reporte mon attention sur elle, réalisant que j’ai commencé à m’étaler un peu sur ma vie, alors que la jeune femme n’avait rien demandé. Elle n’est pas ici pour cela, moi non plus d’ailleurs. Il faudrait d’ailleurs qu’on se mette un peu en action, sinon ce sont les autres qui vont faire tout le boulot.

Tomber face à la jeune femme est une surprise, une bonne surprise même. Je ne pensais pas la recroiser aussi tôt, mais je ne m'en plains pas. J'en profite même pour lui demander si elle a eu l'occasion de découvrir un peu plus le coin. « Tout à fait ! J'ai eu l'occasion de goûter aux poissons pêchés locaux. J'ai vraiment adoré. » Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je l'entends me répondre. Je ne sais pas pourquoi, mais avec elle, je ne me force pas. Ce qu'elle laisse ressortir semble m'inspirer confiance. « Je vous avoue que j'ai déjà hâte d'y passer plus de temps ! » C'est une fierté, en quelques sortes. Même si je ne suis pas la seule dans cette histoire, je joue même qu'une petite partie dans l'équation. Si elle est charmée, c'est par la ville et par les lieux qu'elle a pu visiter. Je l'ai aiguillé, c'est vrai, mais ils ont fait le plus gros du travail. Parler d'Island Bay ou de Wellington, vendre la ville, c'est quelque chose qui me plaît. J'ai grandi ici et j'ai toujours eu du mal de me détacher d'ici, c'est sûrement pour cette raison que je vis toujours dans le coin. Penser à tout cela, ça me ramène quelques années en arrière, ici même sur cette plage et doucement, je me confie à elle, sans vraiment le contrôler. « Ne vous en faites pas, sincèrement. Je suis ravie d'entendre vos histoires.» Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que la fin de mes histoires est tragique. Tout ce qui est lié à mon père en tout cas. « Si un jour vous décidez de remettre les pieds sur une planche, faites-moi signe. Peut-être que je m'y mettrai aussi ? » Je n'y ai jamais vraiment repensé. À la mort de mon père, j'ai mis ce sport de côté et je ne sais pas si j'arriverais à remonter sur une planche sans lui. Même si finalement, c'est peut-être quelque chose qui pourrait me faire du bien, il faudrait que j'y réfléchisse. « Si vous voulez, je vous propose qu'on continue cette conversation en suivant le groupe ? Par la même occasion, je peux vous montrer le fonctionnement ? Même si ce n'est pas bien compliqué, ça nous permettra de continuer de parler ensemble, tout en ramassant les déchets.» « Oui, vous avez raison. On va devenir les cancres du groupe sinon. » Je ne peux m'empêcher de rire, amusée par la situation. Être une cancre, ça ne me ressemble pas. Ni aujourd'hui, ni hier. À l'école, j'étais plutôt du genre à finir première de la classe, à marcher dans le droit chemin. Toutes les deux, nous nous remettons en chemin. Un déchet se présente à côté de la jeune femme et je la regarde faire. En effet, ça ne semble pas compliqué et maintenant, je vois clairement ce que je dois faire. « On devrait peut-être se tutoyer ? Ce sera plus simple et puis, il n'est plus question d'un simple service au café. » Généralement, je vouvoie les clients à mon travail, sauf quand je tombe face à des amis. Mais là, nous ne sommes plus au café et ça pourrait me mettre mal à l'aise de me faire vouvoyer aussi longtemps. Dans le fond, j'ai l'impression de prendre dix ans à chaque fois. « Ça doit te changer de l'Angleterre ici. Ça ne te manque pas trop ? » Le climat et la vie doivent y être différent, il a certainement fallu qu'elle s'habitue.

Finalement, retrouver la jeune femme ici, c’est agréable. Voir une tête connue dans un groupe d’inconnu, ça permet de rendre l’activité plus agréable. Je ne suis pas ici pour cela, c’est vrai, mais je prends tout de même. « Effectivement. Ce serait drôlement dommage surtout que vous aviez l’air tout aussi motivée que moi tout à l’heure. » C’est le moins que l’on puisse dire. Lui parler de ce qu’il était possible de faire en ville m’a amené ici, avec la ferme intention de venir en aide à la ville où j’ai grandi. Chaque jour qui passe, j’arpente les rues d’Island Bay et de Wellington et pourtant, jamais je n’avais donné un coup de main de la sorte. Aujourd’hui, j’ai l’occasion de le faire, ça serait quand même dommage de passer à côté, même si c’est pour partager avec une agréable personne. Une personne avec qui le vouvoiement devient de plus en plus étrange, alors je prends les devants et lui propose d’en finir avec cela. «Tu as bien raison, c’est vraiment une déformation professionnelle chez moi. Je suis désolée. » Je ne peux pas lui reprocher, car avant de travailler au café, j’étais comme elle. Quoique, maintenant ça ne change pas réellement, surtout quand je m’adresse à de nouveaux clients. Pour les plus anciens, il arrive que je les tutoie, c’est toujours plus chaleureux. C’est exactement ce que je veux avec Natalie, j’ai envie de passer au-dessus de ce simple statut professionnel pour se lancer dans ce qui pourrait ressembler à une amitié. Nous reprenons notre chemin, à la poursuite des autres participants, ramassant sur notre passage les déchets qui s’y trouvent. « Je te mentirais en disant que Londres ne me manque pas, mais quand j’ai cette vue devant moi c’est facile d’en dire autrement. » Dit-elle, en réponse à ma question. Pour envisager quelque chose d’autres entre nous, il est important que j’apprenne à la connaître. « Chaque ville a ses atouts. Je suis sûre que Londres est une belle ville à sa façon. » Même s’il n’y a pas la mer, un élément qui semble lui plaire ici, il doit y avoir un bon nombre d’autres choses. « J’aimerais bien y aller un jour. En réalité, j’irai n’importe où, j’ai juste envie de pouvoir voyager. » Pour moi, mais pour Elliot aussi. Avec le métier de mon père, puis son décès et l’arrivée des jumeaux, nous n’avons pas forcément eu l’occasion de voyager quand j’étais enfant, ou du moins, pas aussi loin. J’aimerais pouvoir offrir cela à mon fils. « Ce sera à ton tour de me donner les bons endroits où aller. » À chacune sa spécialité. Je tourne la tête vers elle pour la regarder, alors qu’un sourire se dessine sur mes lèvres. « Nous allons peut-être finir par nous reconvertir en guides touristiques. » Plaisanter de cela, c’est agréable, ça nous ramène à notre première rencontre. « Mais pas en sauveteuses de plages. » Je ne peux m’empêcher de rigoler, alors que je constate que les autres participants ont encore pris de l’avance sur nous. Nous ne faisons pas mal, mais je pense que nous prenons un peu trop notre temps.

Je m’interroge sur ses origines, sur ce que cela fait de partir pour de nouveaux horizons. Je n’ai jamais eu l’occasion de le faire et de manière définitive, ou presque, je ne sais pas si c’est quelque chose qui m’intéresserait. Je suis bien ici et Island Bay est une belle ville pour y faire grandir mon fils. Mais pour des voyages de courtes durées, pourquoi pas. « Oui, tout à fait. Il y a quelques endroits qui en valent le détour quand même. » Je suis encore jeune, j’aurais sûrement beaucoup d’occasion pour voyager. Je suis en bonne santé aussi, rien qui ne m’oblige à rester sur le sol néo-zélandais. Voilà, à y penser, ça devient maintenant l’un de mes objectifs : voyager avec Elliot et si possible, dans un futur proche. Je suis sûre que le monde a plein de choses à nous offrir. D’aussi loin que je m’en souvienne, le plus grand voyage que j’ai fait en dehors du continent, et sûrement le seul, c’était pour aller aux États-Unis. Ce n’était même pas pour y voir Caleb, quelle sœur indigne je suis, mais c’était pour y retrouver mon premier amour. C’est là-bas que nous nous sommes vues pour la dernière fois, que nous avons fait le choix de mettre un terme à notre relation. C’est sûrement pour cela que depuis, je suis moins enchantée pour prendre l’avion. Mais les choses changent et il ne faut jamais dire jamais : je repartirais un jour. « Je te le souhaite, sincèrement. Et je comprends parfaitement le sentiment. Le monde est tellement grand, ça donne envie de voir des choses différentes et de découvrir surtout. » Ses mots sont justes, alors naturellement je hoche la tête. En lui proposant de me donner des bons plans concernant Londres, je pense bien évidemment à ce que je lui ai proposé pour ici. Ça serait cette fois-ci à son tour de me vendre sa ville natale et je ne peux m’empêcher de nous imaginer travaillant dans le tourisme. « Ce serait avec grand plaisir. Mais avec moi, c’est encore mieux qu’un guide! J’arriverais probablement à te faire découvrir un endroit ou deux, que jamais des simples touristes n’auraient vu ! » Je tourne le visage pour poser mon regard sur elle. C’est une proposition à laquelle je ne m’attendais pas, mais elle est loin de me déplaire. Je ne sais pas, avec elle, ça semble facile et c’est surtout très agréable. « Serait-ce une proposition ? Je garde cela dans un coin de ma tête. Qui sait, je pourrais peut-être poser des congés bientôt. » Je n’aurais peut-être pas dû relever sa phrase, mais c’est plus fort que moi. Et puis, ce n’est pas comme si je me braquais. « Et.. tu es venue vivre ici seule ? » Je crois que mes questions deviennent un peu indiscrète, j’espère néanmoins qu’elle ne le prendra pas mal. Rapidement, je décide d’enchaîner sur autre chose, absorbant presque ainsi la question que je viens de poser. « Si tu me fais visiter Londres un jour, je crois que je vais être obligée de jouer les professeurs de surf. Ça serait la moindre des choses. Mais pour ça, il faudrait que je remonte sur une planche avant, pour savoir si je suis capable de te donner des conseils. » Les années qui me séparent de ma dernière séance sur l’eau sont nombreuses, il faudrait donc que je me dérouille un peu avant de vouloir devenir professeur. Enfin.. professeur est un grand mot. Je ne pense pas être capable d’en arriver là, mais je peux toujours partager une séance avec elle et voir si je peux lui apprendre certaines bases. « En attendant, je peux t’offrir un verre un de ces jours. Enfin, si tu es d’accord bien sûr. » L’excuse de Londres n’est pas vraiment valable, c’est vrai, ce n’était qu’une proposition, quelques mots lâchés comme cela et pourtant, l’envie de trouver une raison pour la revoir est présente. Je dois peut-être être honnête et simplement m’avouer que la jeune femme me plaît bien.

Plus je passe de temps avec elle et plus je suis curieuse d’en apprendre plus sur elle. Alors naturellement les questions fusent et la discussion se dirige doucement sur l’Europe et particulièrement sur Londres, sur sa ville natale. « Oh et bien, tu sais, Londres n’est pas si exceptionnelle… Je suis certaine qu’il y a plusieurs villes d’Europe qui en valent davantage le coup. » Une nouvelle fois, je ne peux qu’approuver ce qu’elle me dit. Chaque continent a de belles choses à offrir. L’avantage de l’Europe, c’est qu’il est possible de voir de nombreux paysages variés en ne faisant finalement pas beaucoup de kilomètres. « Oui tout à fait. Ma famille est toujours à Londres. » Je ne connais pas grand-chose d’elle, j’ignore donc les relations qu’elle entretient avec sa famille. Je ne sais pas si cela la dérange d’être aussi loin ou si finalement ça lui plaît. Je suis assez proche de ma mère ou de mes frères et sœurs, je l’ai d’ailleurs toujours été, alors je ne sais pas vraiment comment je vivrais le fait de vivre sur un autre continent qu’eux. C’est un peu le cas avec Caleb, ce n’est pas évident, mais je me dis que c’est le seul dans ce cas et que ça rend sûrement les choses un peu moins douloureuses. Sentant que j’ai peut-être touché à un sujet sensible, je passe rapidement à autre chose. « J’en serais réellement ravie. Après, je n’ai jamais été douée dans quelconque sport impliquant une planche… Alors si on en vient là, je croise les doigts pour la chance du débutant. » Je rigole légèrement à ses derniers mots. En plus de la chance du débutant, il faudra espérer que la météo soit clémente. Mais ça encore, ce n’est pas le plus gros des problèmes, il suffira de remettre à un autre jour la séance. « Avec plaisir. Je serais ravie de partager autre chose qu’un sac à déchets, bien entendu ! » Alors que la jeune femme aurait pu simplement refuser ma proposition, elle accepte et finalement, j’en suis presque plus étonnée que si sa réponse aurait été négative. « J’ai des journées bien chargées, dû au travail. Mais si ça te convient, samedi prochain aux alentours de 20 heures? J’habite à quelques pas d’ici, le long de la côte. Ça me ferait grandement plaisir de t’inviter chez moi, si tu le souhaites également. » « Je n’ai rien de prévu, ce sera avec grand plaisir. » Un large sourire se dessine sur mes lèvres, alors que je ramasse une énième ordure que je trouve sur mon chemin. « Ce serait peut-être mieux que tu me donnes ton numéro de téléphone, je pourrais te prévenir facilement si j’ai un empêchement. » Bien sûr, ce n’est pas ce que je souhaite, mais depuis la naissance Elliot, j’ai appris à parfois devoir annuler au dernier moment. Nous nous arrêtons et je sors mon téléphone pour que Natalie puisse s’ajouter en tant que nouveau contact. L’échange effectué, nous reprenons l’activité pour laquelle nous sommes ici. « On devrait accélérer un peu, sinon nos visages vont finir sur la liste rouge des personnes à éviter pour le nettoyage des plages. » Je ne peux m’empêcher de lâcher un petit rire, avant de passer aux choses sérieuses : un peu moins de blabla et plus d’actions. Après plusieurs minutes, nous finissons par rejoindre le groupe et terminons notre mission bénévole avec eux.