And in the end it doesn't even matter (+) NIA

C’est fini. Une sensation de vide profond. Une tristesse sans nom. Un désespoir qui atteint un point de non-retour. Assaillie par des sentiments aussi contradictoires que négatifs, Mia voudrait seulement disparaître. Ou à défaut, dormir, dormir et encore dormir, sans jamais faire de cauchemars. Elle voudrait ne plus rien ressentir du tout, se retrouver avec un coeur anesthésié, un cerveau qui se contente des gestes mécaniques et essentiels. Pour l’heure, elle fixe le plafond blanc. En fait, ça fait un bon moment qu’elle fait ça, plusieurs jours déjà. Allongée sur un lit qui n’est pas le sien, dans une chambre où tout est contrôlé régulièrement, elle ne se sent pas à place. Mais la vérité, c’est qu’elle ne se sent plus vraiment à sa place nulle part. Sans la perfusion qui ne l’a pas quittée depuis quelques jours, ce serait sans doute pire. Elle est souvent un peu groggy à cause des calmants qui lui sont administrés, état largement préférable à la réalité. Elle attend que le temps passe. Elle veut surtout repousser les flashbacks qui menacent d’envahir totalement son esprit. Souvent, elle pose la main sur la peau encore distendue de son ventre. Et elle pense à lui. Joshua. C’était son prénom. Tout ce qui la préoccupait auparavant, la possibilité que son père la retrouve et exige la garde partagée, la possibilité qu’il ait hérité des gènes violents de Donovan, tout ça a disparu. Ces soucis-là se sont envolés. Et pourtant, elle voudrait tellement pouvoir à nouveau s’inquiéter et angoisser pour ce genre de choses. Parce que ça voudrait dire qu’il est encore là. Alors que là, c’est terminé. Pour toujours. Bien sûr, Mia reçoit pas mal de visites. Elle a un peu de mal à parler ; elle se contente d’écouter des paroles de réconfort qui lui semblent souvent vides de sens, voire plates. Mais au moins, elle se sent un tout petit peu moins seule pendant quelques minutes. Ses parents, Gus, Vilde, Alex, ils sont tous passés. Mais s’il y a quelqu’un qu’elle ne s’est pas attendue à voir, c’est Nick. Et pourtant, c’est bel et bien lui qui ouvre la porte de sa chambre. Surprise, elle esquisse un pâle sourire. Elle a un peu honte, parce qu’elle est mal coiffée, parce qu’elle est dans une tenue d’hôpital, parce qu’elle a des cernes à faire peur aux enfants, parce qu’elle ressemble probablement à une folle échappée d’une asile, voire à rien du tout. Elle préfèrerait que personne ne la voit dans cet état, ni sa famille, ni le détective privé. « Salut. » Un mot tellement banal. Mais rien ne pourrait sortir de la banalité, du moins c’est l’impression qu’elle a. « T’étais pas obligé de venir. » Mais il est là quand même et, d’un geste de la main, elle désigne le fauteuil qui est près de son lit.

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{here for you.}
✰ w/mia

Island Bay est une petite ville, alors quand un truc horrible arrive, pratiquement tout le monde est au courant, mais cette fois-ci, Nick est le dernier à l'être, du moins, dans l'entourage de Mia. Habituellement, il ne prête pas vraiment attention, surtout si cela ne requiert pas ses compétences, ce qui aurait été sûrement le cas à Auckland, puisqu'il était enquêteur, mais aujourd'hui, il doit faire abstraction de cela. Enfin, normalement, quand il apprend toute l'histoire, il se précipite à l'hôpital, panier de cadeaux à la main, c'était un conseil de Piper, enfin, c'était ça ou les fleurs, mais les fleurs, la chambre allait sûrement en être bien rempli. Il demande le numéro de la chambre, il est un peu tard pour les visites et il n'est pas un membre de la famille, mais peu importe, il s'y rend, il ne sait pas dans quel état il va la retrouver, sûrement pas dans ses meilleurs jours et surtout, si sa présence ne sera pas de trop, après tout, il n'est pas de la famille, ni même un ami très proche. Nick a l'impression d'avoir échoué, que tout cela est de sa faute, s'il avait été plus présent, s'il n'avait pas relâché sa garde, s'ils n'avaient pas fait la chose, comme si c'était un problème. Il soupire, le plancher craque finalement sous ses pieds, c'est le moment d'entrer en scène, il pousse la porte d'une main, il la voit brièvement sourire, alors, qu'il trouve une place pour déposer le fameux panier. « Tout ce qu'il te faut pour te rétablir, enfin, je crois, c'est la première fois que je fais ça. » Avoue-t-il avant de venir prendre place sur un fauteuil. « Je viens à peine de l'apprendre. » Nick la regarde, il regarde son visage, ses bras, puis son ventre, il se sent mal à l'aise, un sentiment qu'il n'est pas habitué à ressentir, un sentiment qui lui donne envie de crier pour relâcher la pression. Il rit légèrement, le genre de rire nerveux, agaçant, qui sort de la bouche automatiquement sans pouvoir le retenir. « J'ai l'impression que tout ça.. tout ça, c'est de ma faute. Je ne devrais même pas être là. Allez, je te laisse tranquille. » C'est peut-être mieux comme ça, il se relève aussitôt. 

« J’espère que c’est de la bouffe ? » En réalité, Mia n’a pas très faim. Mais elle essaye de donner le change. Même si elle se sent incomplète au fond, même si elle a l’impression que plus rien ne pourra redevenir comme avant, la jeune femme ne veut inquiéter personne. Elle fait particulièrement attention en présence de ses parents - enfin, les premiers jours, c’était difficile de ne pas craquer, mais maintenant elle s’efforce de se contenir quand elle n’est pas seule. Parce que c’est son fardeau. C’est sa responsabilité et elle ne veut faire peser ça sur personne d’autre. « Des cadeaux pour moi… Dis donc, tu te ramollis, Wilson. » Elle dit ça parce qu’elle le connaît suffisamment pour savoir que ce n’est pas son genre de faire ça. D’ailleurs, c’est lui-même qui le dit en avouant que c’est la première fois qu’il fait ça. Et quelque part, ça l’attendrit. Il a beau souligner ses défauts en termes de sociabilité, elle se rend bien compte qu’il y a certaines choses qu’il n’aurait jamais faites pour elle si le tableau était effectivement aussi noir qu’il le dépeignait. « Merci, c’est… C’est gentil de ta part. » Elle n’est pas sûr que ce soit un compliment aux yeux du trentenaire, ceci dit. « Moi qui croyais que toute la ville était au courant et en parlait allègrement depuis le premier soir. » Parce que oui, ça fait partie des joies des petites bourgades. Connaître plus ou moins tout le monde, c’est bien sympa, mais ça facilite largement la propagation des rumeurs et autres nouvelles, qu’elles soient vraies ou pas. « Je suis si horrible que ça à voir ? Maintenant que t’es là, si tu crois que tu vas pouvoir t’échapper tout de suite, tu te mets le doigt dans l’oeil, mon cher. » Elle ne peut pas le laisser partir, pas après ce qu’il vient de dire. Alors elle désigne à nouveau le fauteuil d’un regard impérieux, avant d’attraper sa main. « T’inquiète, y’a aucun risque de brûlure. » Décidément, il faut croire qu’elle utilise l’humour comme arme contre sa tristesse, à l’instant précis du moins, avec lui. Elle n’a pas envie de se répandre en larmes devant lui, elle l’a déjà suffisamment fait. Il ne mérite pas ça. Elle se doute bien qu’il a fait de son mieux. « Je t’interdis de dire que c’est de ta faute. » Elle ne dit pas ça pour le consoler, mais seulement parce que c’est vrai. Elle ne peut pas le laisser croire le contraire. « J’aurais dû aller ailleurs qu’à Island Bay. Je savais qu’il me chercherait. Je savais qu’il était capable de me faire espionner avant de rappliquer. Je savais aussi qu’il pèterait un câble s’il apprenait que… Que j’ai couché avec quelqu’un. » Elle refuse de considérer qu’elle l’a trompé, parce qu’ils n’étaient plus ensemble. Mais elle sait trop comment son cerveau malade voit ça. « C’est pas toi. C’est lui. »

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✰ w/mia

Nick n'a pas du tout l'habitude de faire des cadeaux, peut-être à part pour sa maman, mais pour les autres, il a beaucoup de mal et cela n'a rien à voir avec l'argent, loin de là, c'est plutôt la signification, offrir un cadeau, c'est souvent synonyme d'affection et de générosité. Quoi qu'il en soit, il espère que Mia sera contente de le recevoir et de trouver quelque chose qui lui plaira dans le panier, sinon elle pourra toujours le donner ou le jeter, il ne va pas s'offusquer, par contre, il aura raison du fait que cela ne sert pas à grand-chose d'offrir, mais bon, il est comme ça, Nick, il aime donner que quand cela lui enchante et là, c'était surtout pour montrer sa bonne foi et aussi, sa compassion. Il se met à rire, de façon sarcastique, quand elle lui dit qu'il se ramollit. « Ne t'habitue pas trop non plus. » Qu'il dit en plaisantant, enfin, un peu, vaut mieux rire que pleurer. Il hoche la tête, il regarde ensuite la chambre, des fleurs, il s'en doutait, cela aurait été trop cliché, mais bon, c'est ce qu'on offre habituellement, une sorte de coutume dont Nick n'a pas pris l'habitude. Il ne dit rien, mais on le voit, il n'est pas à l'aise Nick, il n'aime pas se retrouver dans cette situation, il aurait aussi bien pu rester chez lui, ignorer la nouvelle, faire comme si rien n'était, mais il est là, il se sent bizarre, il ne sait pas vraiment quoi lui dire, désolé ? Désolé de ne pas avoir été là, d'avoir mis ta vie en danger sans le faire exprès, bordel, il préfère partir, d'ailleurs, c'est peut-être préférable. Il secoue la tête, il lui fait relâcher la main. « Donc, si on ne s'était pas envoyé en l'air, tout cela ne serait pas arrivé et tu serais encore enceinte. » Oui, il l'a appris avec le reste de la mauvaise nouvelle, c'est triste, bien qu'il n'inspire pas à devenir papa, c'est sûrement une grande souffrance pour elle d'avoir perdu l'enfant qui grandissait à l'intérieur de son ventre. Il se passe une main dans les cheveux en la regardant. « Qu'est-ce que je peux faire ? » Finalement, il s'assoit à nouveau, après avoir fait les cent pas, il lui prend doucement la main, il la regarde dans les yeux, il ne sait pas trop quoi lui dire de plus, quoi faire pour qu'elle aille mieux. « Tu sors bientôt ? »

« Tant pis pour la fausse joie. » Nick vient de lui dire qu’il ne faut pas qu’elle s’habitue à ce qu’il se « ramollisse » et c’est ce qu’elle a trouvé à répliquer. Parce qu’elle découvre une autre facette de cet homme et que c’est agréable. Mais de toute façon, il lui a déjà montré qu’il est parfaitement capable de prendre soin de quelqu’un sans rien attendre en retour, en dépit de ses dénégations. « Merci d’être venu. » Elle ne s’attendait pas à le voir, mais elle apprécie le geste. Tous ceux qui s’efforcent de la soutenir sont les bienvenus, alors elle s’efforce de le faire rester encore un peu. Même si elle déteste l’image qu’elle renvoie, la vétérinaire sait aussi qu’un peu de compagnie peut être salvateur. Il n’y a peut-être rien de pire que d’être seul avec ses propres pensées quand on se noie dans un sentiment de culpabilité. D’ailleurs, c’est peut-être ce qui la rend maladroite. En tout cas, elle se rend compte trop tard qu’elle s’est mal exprimée. Nick retire sa main en secouant la tête, visiblement dépité. « C’est pas ce que je voulais dire. Encore mieux, c’est pas vrai. Tu sais pourquoi ? Parce qu’il est dérangé. Les gens à peu près normaux ne peuvent pas comprendre, mais à force de vivre avec lui, je sais parfois comment il pense. Et je suis sûre qu’il en serait quand même arrivé… Là, à ce point. C’était loin d’être la première fois qu’il me laissait dans un tel état, parfois pour des trucs aussi débiles qu’un plat pas assez salé ou un sourire adressé à un inconnu. Sauf que cette fois, j’étais pas toute seule dans ce corps. Et que si un adulte peut physiquement y résister, c’était pas son cas à lui… » Elle parle de son bébé bien sûr. Elle se perd un peu dans ses propos parce que ce n’est pas facile, mais elle espère qu’il la comprend quand même.

« Au début, j’avais du mal à ne pas penser que c’était parce qu’on a passé une nuit ensemble. Je veux dire, bien sûr, il était encore plus fâché à cause de ça. Mais il m’aurait quand même tabassée un jour ou l’autre en me retrouvant, pour me punir de l’avoir quitté. » C’est ce que le psychiatre qui lui rend visite lui répète. Et même si c’est parfois difficile pour elle d’y croire, notamment dans ses heures les plus sombres, ça l’aide d’essayer d’en convaincre quelqu’un d’autre. « Je suis sûre que celui qui culpabilise le moins, c’est lui. Tu te rends compte de cette ironie ? » Elle secoue la tête, incrédule rien qu’à cette idée. Elle s’est un peu emportée en parlant, mais le fait que Nick revienne près d’elle et lui prenne la main la calme. « Ce que tu peux faire, c’est te répéter et me répéter que c’est uniquement à cause de cette pourriture que j’en suis là aujourd’hui. Et accessoirement, si tu connais des noms d’avocats spécialisés dans le divorce à Wellington, je suis preneuse. J’ai besoin de recevoir les meilleurs conseils et d’être la mieux renseignée possible. » Parce que oui, cette fois, elle a pris sa décision. Même en étant loin de lui, la blonde refuse de rester mariée à celui qui lui a pris son bébé. Quoi qu’il en coûte. Il lui a déjà pris ce qui comptait le plus pour elle, alors qu’est-ce qui pourrait arriver de pire ? « Les médecins m’ont dit que je sortirais dans quelques jours si tout se passe bien. J’ai l’impression que… Ils ont peur que je fasse une bêtise. Sur moi-même, je veux dire. Je crois pourtant pas avoir manifesté des signes inquiétants, mais après tout, je connais mieux les animaux que la psychologie humaine. »

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✰ w/mia

Il hoche la tête, il aurait aussi bien pu rester derrière son bureau, mais il ressentait le besoin de lui rendre visite, de savoir comment elle va et le voilà, le voilà en train de se prendre la tête, de se dire que c'est peut-être de sa faute, s'il n'avait pas baissé la garde, s'il n'avait tout simplement pas accepté sa requête, mais tant pis, le mal avait été causé et il ne pouvait plus rien pour y remédier, puisque personne n'a encore trouvé le moyen de retourner dans le passé. Même si Nick n'est pas le genre à penser au passé et à rester dans les souvenirs sombres de ce qu'il a pu faire, il suppose que cela peut être utile. Quoi qu'il en soit, Mia tente de le rassurer, du moins, c'est l'impression qu'il a, face à ses paroles. Il soupire légèrement, il ne sait pas trop quoi dire, il ne peut rien faire, enfin, si, le retrouver et lui faire payer ce qu'il a fait, mais il ne pense que cela soit une bonne idée, enfin, autrefois, il en avait plus les moyens, il était enquêteur, bien placé dans le commissariat et il se permettait des écarts, genre, régulièrement, certes, c'est ce qui l'a fait virer, mais il pouvait en quelque sorte venger les ordures du même type. « Il ne mérite pas de vivre. » Qu'il dit finalement à la blonde, ses pensées peuvent laisser croire que c'est extrême, mais au fond, son mari a tué un être humain, les choses sont comme elles sont, il le mérite. « J'en connais quelques-uns, mais à Auckland, mais je sais que certains feront le voyage, je te ferais une liste pour que tu puisses regarder. » Ce n'est pas vraiment la porte d'accoté, mais pour l'argent, les avocats crachent rarement là-dessus et puis, il a la chance de connaître plusieurs avocats, surtout parce qu'il a eu affaire à eux, pas seulement pour de la coopération, mais il a connu d'autres cas comme Mia, c'est pourquoi, il les connaît. « Pourquoi tu dis ça ? Tu ne crois pas que ta vie est plus précieuse qu'une déprime ? » Dit comme cela, cela paraît dur et comme s'il n'en avait rien à foutre, mais ce n'est pas vrai, Nick pense seulement que tout est surmontable, même la mort de son père, il le sait, après tout, il avait fait quelques bêtises, qui l'ont conduit à rejoindre la police et il vit aujourd'hui, tout peut se supporter, il suffit de trouver le soutien, le bon entourage ou de défoncer tout ce qui bouge comme le jeune Nick l'avait fait. « Bon, comme tu le sais, je ne suis pas le mieux placé pour comprendre, ni pour te consoler avec les bons mots, mais je suis quand même là, si jamais tu cherches uniquement une oreille attentive. » Il se lève et il va attraper le panier cadeau, histoire de changer de sujet et de sourire un peu. « Allez, ouvre, je ne sais pas trop ce qui se trouve là-dedans, mais si ce sont des trucs que j'aime, je vais peut-être le garder pour moi. » Il dit tout cela pour rire. Il installe le panier sur la table qui est lié au lit.

« Cette fois, on est d’accord. » L’homme qu’elle a épousé est en forme, quelque part, probablement en Australie. Le bébé à qui elle aurait dû donner la vie, lui, n’aura jamais cette chance. Un profond sentiment d’injustice frappe à nouveau Mia de plein fouet. Elle s’efforce néanmoins de se concentrer sur ce qu’elle peut faire, même si c’est difficile. Heureusement, Nick a des contacts pour lui permettre d’aller de l’avant. Elle a vraiment besoin que sa situation soit clarifiée, parce qu’elle ne veut plus rien avoir à faire avec lui. « Merci. Tu pourras m’aider à choisir parmi les meilleurs ? Parce que Nathan est avocat, donc… C’est exactement l’une des raisons pour lesquelles je me suis dit qu’il était intouchable, en plus du fric de sa famille. » Aujourd’hui, elle sait que ce sera difficile, mais elle n’a plus rien à perdre. Elle n’a pas la garde d’un enfant pour laquelle se battre, elle n’a pas de cabinet de vétérinaire qui appartiendrait à moitié à son mari, oui elle a bien quelques ressources financières mais elle est prête à faire des sacrifices. Elle est motivée pour ça, d’ailleurs c’est bien la seule chose qu’elle veut en ce moment et qui est possible. En vrai, elle a soif de vengeance, mais elle se doute bien que ce n’est pas réaliste. Rien de ce que le système judiciaire fera ne pourra lui rendre ce qu’elle a perdu. « C’est pas une déprime. » Elle secoue la tête de gauche à droite comme pour appuyer ses propos. Pour elle, c’est inqualifiable. « Mais c’est clair qu’il mérite pas que je foute ma vie en l’air pour lui. » Il en a déjà bien assez fait. Comment a-t-elle pu passer à côté de tout ça avant de dire oui dans sa robe blanche ? « Tu dois en voir plein, dans ton travail, des femmes battues qui se sont laissé faire jusqu’au bout. Je me sens ridicule. » C’est pitoyable, voilà le mot qui lui vient à l’esprit. « Tu n’as pas besoin de dire quoi que ce soit. Tu es là et c’est bien suffisant. Ça compte pour moi. » Chaque soutien est précieux. « Avec des cadeaux, en plus… » Comme il l’y encourage, elle ouvre le panier pour découvrir ce qu’il y a à l’intérieur. En plus d’une carte souhaitant un prompt rétablissement, il y a d’autres petites choses. « Il y a une rose séchée, ça faisait partie des choses que tu voulais garder ? Oh, du chocolat noir, ça c’est cool… Et un petit ours en peluche. J’ai le droit de l’appeler Nick ? Et une bouteille de vin… Si tu en bois, on peut la déboucher ensemble. »

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✰ w/mia

Nick laisse échapper un léger rire, personne n'est intouchable, il l'a appris à ses dépens, c'est ce qu'il croyait à Auckand, après tout, il était bien placé et il était proche des grands patrons, d'autres policiers, pas tous, pas ceux qui n'ont pas digéré la trahison de Nick envers son mentor, mais ça, c'était quelque chose qu'il se fichait, enfin, au départ, c'est vrai qu'avec le recul, il aurait pu suivre ses instructions, mais peut-être qu'au final, il n'aurait jamais pu monter en grade et Nick avait de l'ambition, c'est d'ailleurs toujours le cas, il ignore s'il va rester détective toute sa vie ou s'il va finir par se trouver un poste d'enquêteur dans un commissariat, quoi qu'il en soit, ce n'est pas vraiment le sujet. « Pas de soucis, il va plonger, je vais m'en assurer. » Peut-être pas en tant qu'avocat, car ce n'est pas son métier, mais il peut très bien témoigner pour la cause et tourner l'affaire en faveur de Mia. D'ailleurs, s'il l'avait été, il aurait sûrement été un de ces requins qui ne lâchent pas l'affaire, à défaut de l'être, il fera en sorte que son mari ne gagne pas la cause et surtout, qu'il ne s'en sorte pas aussi facilement. Il ne saurait qualifier cela, il n'est pas dans sa situation et il ne le sera jamais, puisqu'il ne portera jamais d'enfants. « Elles ont toutes eu peur comme toi, peur des représailles, certaines préféraient rester avec le petit ami ou l'époux, mais au final, certaines ne s'en sont jamais sorties. » C'est la triste réalité de la chose, elles n'arrivent pas à s'imaginer être libre et d'être loin d'un confort qu'elles ne connaissent que trop bien, alors, elles restent avec l'homme sans pitié, certaines sont mortes à cause de cela. Quand Nick devait se confronter à un cas du type, face à la femme battue, il faisait toujours en sorte de la ramener à la réalité, malheureusement, cela ne fonctionnait pas toujours et quelques jours plus tard, il était au domicile, à faire enquête sur un décès violent. « Bref, tu devrais penser à toi, pas à lui, il ne mérite pas que tu lui portes attention. » C'est sûrement difficile, mais pour l'heure, il a envie de la voir sourire, alors, il la laisse ouvrir le panier. « Pourquoi pas ? » Il rit légèrement, mais non, elle peut tout garder, évidemment qu'il plaisantait, rien ne l'intéresse, sauf peut-être la bouteille de vin ? Enfin, ce n'est pas comme s'il en salivait non plus. « Nick, rien que ça ? Hum, avec plaisir, mais je ne pense pas que tu aies droit avec tes médicaments. Je peux toujours la boire à ta santé, si tu veux. » Une infirmière entre dans la chambre, elle vient vérifier que tout va bien. « Je crois que je ferais mieux de te laisser te reposer, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à m'appeler. » Il n'a pas envie de s'imposer davantage et de l'épuiser encore plus qu'elle doive l'être.

Il va plonger. Ce sont les mots de Nick et Nia sent qu’ils vont lui rester longtemps en tête. Son assurance est d’autant plus touchante qu’il ne lui doit absolument rien. Après tout, ils ne se connaissent pas depuis si longtemps que ça et leur lien n’est pas très conventionnel. Mais ça n’a pas vraiment d’importance. Tout allié est précieux aux yeux de la jeune femme, qui que ce soit et quoi qu’il puisse faire. Nick a au moins l’avantage d’avoir de l’expérience dans ce genre d’affaires délicates. Quand il affirme que certaines femmes battues ne s’en sont jamais sorties, Nia se contente de hocher la tête en signe d’assentiment. Elle veut bien le croire, mais elle ne trouve rien à répondre. Car même si elle sait qu’il faut toujours voir le côté positif des choses, ce n’est clairement pas chose aisée. Elle aurait largement préféré sacrifier sa vie pour celle de son bébé si ça avait été possible, mais ça, elle le garde pour elle et écoute toutes les paroles réconfortantes qui lui sont données. « Merci de penser à moi. » Heureusement, son attention est temporairement distraite par le panier de cadeaux qu’elle vient de recevoir. En fait, elle a littéralement été inondée de cadeaux ces derniers jours… Chacun fait ce qu’il peut à sa manière. « Oui, comme ça, quand je vais le regarder, je vais penser à toi. » Elle le taquine au sujet de l’ours en peluche, mais en fait, elle a plus ou moins gardé son âme d’enfant. Bien entendu, ça ne l’empêche pas d’apprécier les choses propres à son âge, comme un bon vin. « Ah, mince, j’avais pas pensé à ça… Bon bah tant pis, on se la gardera pour quand les médicaments seront finis pour moi. Hors de question que tu la descendes sans moi. » La blondinette a à peine prononcé ses mots qu’une infirmière entre dans la chambre, le sourire aux lèvres. Elle vient probablement s’assurer que tout va bien. Pour le coup, Nia se sent un peu fatiguée, mais en fait c’est le cas à chaque fois qu’elle reçoit de la visite. Un rien lui donne envie de dormir, probablement un effet secondaire des médicaments. « Merci d’être venu. C’est gentil. » Elle ne pense pas donner suite à sa proposition parce qu’elle ne veut pas le déranger, mais elle apprécie ses attentions et lui sourit en agitant la main. Maintenant qu’elle va se retrouver à nouveau seule, ça va être difficile de ne pas se laisser emporter par des pensées négatives, mais elle ne va probablement pas tarder à sombrer dans un sommeil réparateur.